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  • il y a 6 jours
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Clément Rochefort , Producteur de l’émission « Générations France Musique » et « le Concert du soir» sur France Musique, nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Si nous, à Radio France, on ne défend pas la langue française, alors qui va le faire ?
00:07Inspirant, évidemment, toutes les remarques sont bonnes à prendre.
00:16Je dois dire que parfois, des auditeurs m'ont rappelé à l'ordre,
00:19notamment sur des expressions que j'utilisais à mauvais escient.
00:22Donc c'est toujours inspirant.
00:24Je n'ai pas envie de dire contraignant, mais ça peut arriver aussi que je réponde à des auditeurs
00:29qui me reprochaient, par exemple, tel ou tel usage.
00:32Et ça m'est arrivé de pouvoir, par mail, leur apprendre un usage qu'eux-mêmes ignoraient.
00:39Donc je dirais que c'est une manière de nouer le contact direct avec eux.
00:43C'est dans les deux sens. On s'apprend des choses mutuellement.
00:45Donc allez, inspirant, évidemment.
00:49Oui, sans aucun doute, je trouve que c'est un impératif.
00:53On est la radio nationale française. On s'appelait quand même avant la radio diffusion française.
00:57Donc je crois que oui, si nous, à Radio France, on ne défend pas la langue française,
01:03alors qui va le faire ? C'est un impératif.
01:05Et puis surtout, c'est une langue qui est d'une telle richesse,
01:08qui permet tant de nuances, tant d'expressions, tant de...
01:11On a un vocabulaire qui est si varié, ce serait quand même dommage de ne pas l'utiliser.
01:15Non. Honnêtement, je crois que je ne m'interdis pas grand-chose.
01:23Bon, évidemment, je ne vais pas... Je ne préfère pas d'insultes, naturellement.
01:28Enfin, je ne vais pas dire des trucs complètement en dehors du cadre, à côté de la plaque.
01:32Mais je crois que non, je ne m'interdis rien.
01:36Tant que c'est correct, tant que c'est respectueux,
01:39tant que ça peut apporter quelque chose au propos,
01:42non, je crois que je ne m'interdis rien.
01:47J'en ai plein.
01:48Je ne sais même pas si on peut faire de la radio sans avoir un tic de langage.
01:51J'aime beaucoup dire dans la foulée.
01:53Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas.
01:55C'est une expression qui revient tout le temps.
01:57Je fais beaucoup de galicisme aussi.
02:00J'aime beaucoup cette formule « c'est que » ou « c'est qui », « c'est lui qui ».
02:04Ou même dans des phrases d'ailleurs, ça, mes réalisatrices me tapent sur les doigts très souvent
02:08parce que je commence des phrases...
02:10Vous savez, comme les commentateurs sportifs qui disent
02:12« un tel qui a composé d'un, un tel qui... »
02:15Et c'est vrai que ce n'est pas très correct d'un point de vue grammatical.
02:19Il faudrait remettre un verbe et une proposition principale.
02:23Moi, je ne fais que la relative parce que parfois on fait ça parce que c'est un raccourci,
02:28parce que c'est plus efficace et que ça donne un petit côté dynamique à la radio.
02:32J'essaye de me corriger.
02:34Je crois que j'oublie parfois la double négation.
02:36J'ai tendance à dire « c'est pas facile » au lieu de « ce n'est pas facile ».
02:41Ça aussi, on essaye de le corriger, mais on ne peut pas tout corriger, évidemment.
02:48Ça, c'est une question très difficile parce qu'il y a tellement de mots magnifiques dans la langue française.
02:52S'il fallait en choisir un, et peut-être un mot que j'utilise souvent à l'antenne,
02:58je dirais « volubile ».
02:59De manière générale, j'aime beaucoup les mots de la langue française dont le signifiant est lié au signifié.
03:06C'est-à-dire quand la musicalité du mot exprime elle aussi le sens du mot.
03:11Et je trouve que dans « volubile », il y a ce côté qui parle avec les mains,
03:15il y a ce côté qui roule, qui tourne, qui est foisonnant, fleurissant.
03:21Voilà, j'aime beaucoup ce mot.
03:22Je trouve à éviter parce que justement, l'anglais a quand même tendance à grignoter toutes les langues,
03:31pas que le français d'ailleurs, parce que dans d'autres pays européens, c'est la même chose.
03:34C'est quand même important d'essayer de défendre notre langue à nous.
03:38Après, il y a des mots, je peux citer le titre de mon émission sur France Musique,
03:42ça s'appelle « Génération France Musique, le live ».
03:44J'ai très souvent des mails d'auditeurs là-dessus,
03:46mais il se trouve que la traduction de « live » en français, ce serait le direct.
03:50Sauf que dans le mot anglais « le live », en un seul mot,
03:54on comprend qu'il y a cette idée à la fois d'être en direct et en plus que c'est un concert public.
03:59Alors que sinon, il faudrait que je dise que l'émission s'appelle « Génération France Musique,
04:02le concert en direct et en public », ce serait beaucoup trop long.
04:05Alors là, effectivement, j'utilise l'anglicisme « le live ».
04:08La magie du direct, c'est vraiment ça.
04:14J'écoute la radio depuis que je suis gamin.
04:15J'ai grandi avec la radio parce que j'ai grandi à la campagne.
04:18Le soir, il n'y avait pas grand-chose à faire puisqu'autour de moi, il y avait des prêts essentiellement.
04:24Grâce à la radio, j'étais à New York depuis ma petite chambre d'enfant.
04:28J'étais à New York, j'étais à Paris dans les grandes salles de concert du monde.
04:31J'étais à l'Opéra de Sydney.
04:32Enfin voilà, c'est ça pour moi la radio.
04:34C'est vraiment être en direct de partout dans le monde.
04:37Une des voix de radio avec lesquelles j'ai grandi, c'était Alain Gerbert.
04:44C'était un grand conteur qui racontait les histoires des grands jazzmen et des grandes jazzwomen de l'histoire du jazz.
04:52Il prenait un personnage et puis racontait son histoire en la faisant parler à la première personne.
04:57Ça durait pendant deux mois, trois mois, on restait avec le même musicien ou la même musicienne.
05:04Et alors lui vraiment, j'aurais pu l'écouter, mais pendant des heures entières, c'était une voix profonde, une voix chaude.
05:10Il jouait les personnages.
05:12C'était un vrai conteur quoi.
05:13Alain Gerbert.

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