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🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Franck Mathevon, Directeur de l'information internationale de Radio France , nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Moi je suis un peu obsessionnel avec la langue française donc je dis ça en
00:04étant assez prudent parce que j'espère ne pas commettre de faute de syntaxe en
00:08m'exprimant ici.
00:17Les messages des auditeurs, ça c'est un vaste sujet quand on travaille à Radio
00:21France. Évidemment c'est inspirant, évidemment on les écoute les auditeurs,
00:24ils ont toujours beaucoup de choses à nous dire et puis ils attirent notre
00:27attention sur des points auxquels on ne penserait pas forcément.
00:30Bon il faut parfois savoir faire le tri parce que généralement les auditeurs les
00:34plus satisfaits nous écrivent peu et ce sont plutôt ceux qui sont mécontents,
00:39qui nous alertent mais évidemment on les écoute.
00:42Oui c'est un impératif sur une antenne publique. Moi je suis un peu obsessionnel avec la langue
00:50française. Je dis ça en étant assez prudent parce que j'espère ne pas commettre de
00:54faute de syntaxe en m'exprimant ici. Je sais combien les auditeurs peuvent être
01:00sensibles à ça. Je pense qu'on a aussi une certaine responsabilité quand on s'exprime
01:04dans des radios nationales, dans des radios publiques. Donc je veille à ne pas
01:10commettre d'erreur et j'espère remplir le contrat.
01:13J'essaye d'éviter les expressions clichés journalistiques du type « le torchon brûle,
01:23le vent dans le dos, le vent tourne ». J'essaie de faire attention à ça parce qu'il me semble
01:28que dans la langue française on a quand même suffisamment de richesse pour trouver autre
01:33chose, pour trouver des alternatives. J'essaye aussi d'éviter les petites béquilles de langage
01:38du style « du coup », « annoté ». Voilà, ça typiquement on l'utilise fréquemment quand on
01:45est journaliste et j'essaie de faire attention à les éviter. D'une manière générale, je pense
01:49qu'il faut éviter toutes les expressions qu'on n'utilise pas en réalité dans la vie quotidienne.
01:54Je ne sais pas si j'ai de tics de langage parce que par définition de tics de langage, les autres
02:01s'en aperçoivent mais pas forcément soi-même. Je sais que j'utilise assez souvent en particulier.
02:06Israël frappe l'Iran, en particulier Téhéran. Voilà, je sais que j'utilise assez souvent ça.
02:12Je n'ai pas trouvé beaucoup mieux. Peut-être que ce n'est pas terrible. Bon, je vais essayer de me soigner.
02:16Celui qui me vient en tête là, c'est « zeugma » parce que j'adore cette figure de style. Donc,
02:25le zeugma, c'est quand on utilise le même verbe pour deux mots différents. Par exemple,
02:32il dévore des livres et des sandwichs. Voilà, donc je m'arrive d'utiliser cette figure de style et
02:39j'aime beaucoup ce mot « zeugma » qui, je crois, était cher à Pierre Desproges.
02:43Alors, j'ai un peu changé d'avis sur la question. À une époque, je me disais, il faut à tout prix éviter
02:50les anglicismes. En réalité, la langue française n'a cessé de s'enrichir de mots venant de langue
02:55étrangère, y compris de l'anglais. Donc, je ne vois pas pourquoi on s'interdirait d'utiliser
03:01des anglicismes de temps en temps. Et puis, la langue anglaise est parfois très très riche,
03:04plus agile que le français. Je me suis fait la remarque récemment pour un mot qu'on utilise
03:10souvent quand on parle du Moyen-Orient, c'est le mot « proxy ». Les proxys de l'Iran au Moyen-Orient,
03:16ce sont tous les groupes qui servent l'influence de l'Iran dans la région. Les Houthis au Yémen,
03:21le Hezbollah au Liban, ainsi de suite. Et je trouve qu'il n'y a pas vraiment de mot plus adapté.
03:27Ce n'est pas une raison pour utiliser « proxy » à tout bout de champ, mais je trouve qu'utiliser
03:31ce mot de temps en temps, en l'explicitant, ça peut valoir le coup.
03:35Le mot « radio », pour moi, ça m'évoque le petit-déjeuner et sans doute un peu l'enfance,
03:45parce que j'écoutais la radio avec mes parents au petit-déjeuner. Et c'est ce que je continue à
03:50faire encore aujourd'hui, sans mes parents, mais avec mes enfants.
03:55Je citerai BBC Radio 4, parce que j'ai été correspondant à Londres. J'ai beaucoup écouté
04:00cette radio qui donne vraiment le « la » de la vie publique au Royaume-Uni. Je trouve qu'il y a une
04:06tonalité particulière.
04:08Je pense à Stéphane Paoli parce que j'ai démarré avec lui à France Inter. Il était déjà à France
04:18Inter avant que j'arrive. J'adorais sa voix. Je trouve qu'il avait une présence formidable à
04:23l'antenne. Donc, petit clin d'œil à Stéphane Paoli aujourd'hui.
04:26Sous-titrage Société Radio-Canada

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