Les mots des voix : Jean-Rémi Baudot

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🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Jean-Rémi Baudot, Présentateur de "Franceinfo Soir" sur Franceinfo, nous parle de son rapport à la langue.

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00:00Là j'ai dit, du coup, peut-être que j'utilise beaucoup, du coup, allez savoir.

00:10Un peu des deux, j'essaie de lire le maximum de messages que je reçois, notamment les mails.

00:15Je pense que dans une grande majorité des cas, c'est souvent constructif, c'est parfois sympathique.

00:20Vraiment je le prends en compte, il m'arrive de répondre quand j'ai le temps.

00:23Parfois je reçois des messages ou des courriers qui tombent un peu à plat.

00:27Je pense par exemple à cette très gentille carte postale que j'ai reçue de quelqu'un qui habite à Amiens,

00:31qui me dit que le 31 octobre à 19h40, j'ai dit le mot consensus et qu'il faut prononcer consensus.

00:39Or j'ai regardé, l'académie française nous permet de dire les deux.

00:42C'était un peu raté mais c'était quand même très sympathique et c'est une très jolie carte postale.

00:46Il arrive aussi qu'on reçoive des mails assez durs, parfois assez violents, assez brutaux.

00:52Et voir des gens qui me disent qu'ils vont me traîner en justice pour avoir utilisé un anglicisme,

00:58ce qui fait que d'un coup j'ai moins envie de répondre.

01:01Mais je pense que c'est important d'être à l'écoute, parfois aussi des tweets,

01:04puisque dans le flot de tout ce qu'on reçoit, il y a parfois des choses très constructives.

01:07Je pense que c'est un impératif parce que si ça n'est pas sur le service public qu'on défend la langue française,

01:16l'utilisation d'une bonne langue, je ne pense pas que d'autres le feront.

01:21Je pense que c'est important de faire attention à son vocabulaire,

01:23à faire attention à la précision des termes qu'on utilise,

01:27à utiliser des termes qui sont précis, qui sont justes.

01:31A l'inverse, il ne faut pas être excluant dans le vocabulaire qu'on utilise.

01:34C'est-à-dire que de temps en temps, il y a des mots qui peuvent être entendus à l'antenne

01:38et qui sont un peu excluants parce que c'est soit des phrases ou des expressions qui sont un peu désuètes

01:45ou des mots qui finalement sont tellement peu utilisés dans le langage courant

01:48que quasiment on ne sait même plus de quoi on parle.

01:51Donc je pense que c'est peut-être la seule limite, c'est de faire attention

01:54de parler à un langage qui est aussi compréhensible pour le plus grand nombre

01:59parce que notre rôle, c'est aussi à la fois, oui, de garder un bon niveau de langage

02:03et de faire en sorte qu'on ait tous dans l'oreille une bonne langue française

02:07mais aussi qu'on soit proche d'un langage qu'on prend aussi par tout le monde.

02:14Alors il y a un mot, et c'est un peu idiot, mais le mot rix,

02:18que là je le dis très bien, mais si je le mets dans une phrase, en général je me plante.

02:22Je ne sais pas pourquoi, donc je préfère utiliser évidemment des synonymes,

02:27une bagarre, un affrontement.

02:28Je pense que j'en ai moins qu'à une époque.

02:32J'ai pu avoir des tics de langage, à une époque je disais beaucoup,

02:35notamment, qui était un petit peu une espèce de béquille que j'utilisais

02:38plus quand je travaillais à la télé d'ailleurs.

02:40J'ai l'impression, mais peut-être est-ce que je me trompe,

02:42et peut-être certains me feront remarquer l'inverse,

02:43que je n'en ai pas beaucoup actuellement.

02:46Aussi peut-être parce que je fais attention à écrire,

02:48notamment dans la séquence du 18-20 dans France Info Soir,

02:52j'écris beaucoup, et du coup ça me permet d'éviter peut-être les relances.

02:59Là j'ai dit du coup, peut-être que j'utilise beaucoup, du coup allez savoir.

03:04C'est évidemment à éviter, la réalité c'est qu'il arrive qu'on en utilise,

03:10il arrive que certains anglicismes soient un peu passés dans le langage courant,

03:13que certains soient d'ailleurs dans le dictionnaire.

03:15Donc je pense qu'il faut être aussi un peu flexible par rapport à cette question.

03:18C'est je pense le point sur lequel je reçois le plus de messages ou de tweets

03:24sur la question des anglicismes.

03:26Oui, on peut dire groupe de réflexion plutôt que think tank, ça c'est vrai.

03:29La réalité aussi c'est que parfois les gens veulent être présentés de cette manière-là.

03:34Ça se discute.

03:38Moi ça m'évoque la musicalité, ça m'évoque le rythme,

03:40ça m'évoque les images qui passent à travers la voix, à travers le son,

03:44et à travers une bonne utilisation aussi de la langue.

03:45Pour moi la radio c'est aussi élever un peu le niveau à travers une musicalité,

03:51à travers une phrase, on l'emmène quelque part,

03:53et à travers cette écriture-là, cette écriture radio,

03:56c'est aussi comme ça qu'on l'appelle, écriture radio,

03:59on peut aussi, on rentre dans la tête des gens, dans leur oreille,

04:03et cette musicalité pour moi elle est fondamentale.

04:07Pour moi j'ai un nom par exemple, parce que j'ai grandi en l'écoutant quand j'étais enfant,

04:10c'était Europe 1 dans la cuisine de mes parents,

04:13et donc c'est Jean-Pierre Elkabach avec son « Répondez, voilà, répondez, posez les questions ».

04:17Et donc c'est cette voix-là qui est un peu particulière,

04:19et qui m'a marqué en tant qu'enfant, et qui pendant très longtemps m'a marqué.

04:24Après je trouve que peut-être plus à la radio qu'à la télé,

04:27je pense qu'on a des timbres de voix qui sont très variés,

04:31et je pense que c'est une vraie richesse.

04:32Rebecca Manzoni, j'aimais beaucoup la manière dont elle jouait,

04:37notamment dans Pop & Co, elle continue évidemment dans d'autres émissions,

04:39mais dans Pop & Co, la manière dont elle jouait avec la voix, la musicalité,

04:44le rythme, les relances des uns et des autres, et ça c'est formidable.

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