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🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?
Aurélie Charon, Productrice de "L'experience" et de "Tous en Scène" sur France Culture , nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Alors, je pense que c'est ça, c'est de faire « eux ».
00:05Je dirais inspirant, exigeant, souvent, parce que souvent, c'est des questions auxquelles
00:16on n'a pas forcément pensé.
00:18Et ce que j'aime bien aussi dans les messages des auditeurs, c'est que parfois, tout à
00:22coup, ils ont écouté une émission qui a un an ou plusieurs mois.
00:26Évidemment, on reçoit beaucoup de messages sur l'émission du moment, mais c'est assez
00:29génial aussi de se replonger grâce à leur écoute et leur chemin à eux sur le site
00:35de la radio, dans des émissions qu'on a parfois oubliées.
00:38Et donc, parfois, il y a des questions sur une émission qui date et on est obligé d'aller
00:42réécouter.
00:43Et donc, j'aime bien aussi cette mémoire-là, parce que finalement, leur écoute, elle n'est
00:47pas que instantanée et on sent qu'ils vont chercher dans les archives aussi et dans les
00:52émissions qui sont passées.
00:54Donc, je redécouvre des choses grâce à l'écoute des auditeurs.
00:59Oui, évidemment, je pense.
01:02En plus, la radio, évidemment, c'est du son, mais c'est quand même beaucoup de paroles.
01:05Donc, l'art de la parole et du récit est quand même au centre de la radio.
01:08La richesse de notre langue, c'est à la fois la richesse des mots, du vocabulaire.
01:14C'est aussi la richesse des accents.
01:15Peut-être qu'il y a encore du travail à faire là-dessus pour entendre le plus d'accent
01:19possible.
01:19Donc, je pense que oui, c'est en tout cas la richesse de la parole, de la langue et de
01:25la façon de la parler.
01:26C'est vrai que j'essaie de faire un peu la chasse aux phrases toutes faites et aux formules
01:34toutes faites.
01:35En fait, on ne s'en rend pas compte, mais il y en a beaucoup.
01:37Quand on a moins le temps ou quand on est un peu plus fatigué, on va plus vers des
01:40phrases qu'on a déjà entendues ou des choses.
01:44Donc, c'est plus ça.
01:44C'est plus se dire comment à chaque fois on réinvente une façon de dire, de raconter,
01:48de parler, de poser une question pour essayer de dire et d'entendre des choses qu'on n'a
01:54pas encore entendues.
01:57Alors, je pense que c'est ça, c'est de faire « eux ». Je me réécoute peu parce que sinon
02:04je ne supporte pas vraiment, je pense, de me réécouter.
02:07Comme j'essaie justement d'être vraiment dans le présent et dans l'écoute et de penser
02:11sur le moment, j'ai évidemment mes notes, mais que j'essaie de regarder le moins possible.
02:15En tout cas, je ne lis pas des choses qui sont écrites.
02:17Et donc, je me rends compte quand je réécoute que je fais parfois des questions un peu
02:23à rallonge et pas mal de « eux » qui m'exaspèrent quand je réécoute.
02:29C'est vraiment dur de choisir un mot, mais je ne sais pas pourquoi j'aime bien le mot
02:34« tendresse ». C'est dans un titre d'un film d'Alice Diop que j'aimais beaucoup,
02:38la réalisatrice Alice Diop, qui s'appelle « Vers la tendresse ». Et j'aime beaucoup
02:42ce titre « vers la tendresse ». Et j'aime beaucoup ce mot.
02:45Peut-être parce qu'il n'y en a pas beaucoup en ce moment dans le monde qui nous entoure
02:50et dans l'actualité.
02:51Donc, ça fait du bien d'y penser et rien que de le prononcer.
02:54En fait, il y a des mots, c'est agréable de les prononcer.
02:57J'aime bien le mot « tendresse ».
03:01Je pense que j'utilise malheureusement du coup et j'essaie de ne pas le faire, mais
03:08je crois que je n'échappe pas à ça.
03:11Mais j'essaie de le faire de moins en moins.
03:14Pour moi, c'est vraiment un art du présent, de l'instant et un art très vivant qui colle
03:21le plus à la vie, même quand on est à l'extérieur, le micro, c'est tellement
03:25souple d'avoir un micro, de se balader dans une voiture, un salon, sur un canapé et de
03:31l'oublier.
03:32C'est vrai que c'est un outil que j'aime beaucoup.
03:34Et par exemple, là, avec la caméra que vous avez, ça va aller pas trop impressionnante,
03:38mais le fait de devoir régler un cadre, une lumière, pour moi, c'est déjà trop
03:42de distance avec la vie.
03:47Il y a beaucoup de voix de radio que j'aime, mais il y a aussi des génériques, parce que
03:52les génériques, c'est important aussi.
03:54Il y a un générique que j'adore, c'était celui de « L'humeur vagabonde » de Kathleen
03:59Évin sur « France Inter ». C'est un générique magnifique.
04:02Vraiment, quand je le réécoute, j'ai des frissons.
04:06Et il y a une voix que j'aime beaucoup, c'est la voix de Laura Dler, qui n'est plus
04:09à l'antenne en ce moment, mais qu'on entend par ailleurs.
04:13Et en fait, j'aime beaucoup sa voix, parce qu'elle m'a toujours semblé, justement,
04:17quand on parle de l'art du présent, du vivant et de l'instant à la radio, j'ai
04:22l'impression qu'elle a une voix tellement vivante et tellement qui se plante comme une
04:28flèche sur une cible quand elle pose une question, à la fois légère et en même
04:33temps comme une flèche.
04:36Et j'aime beaucoup cette voix.
04:39Sous-titrage Société Radio-Canada

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