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François Ruffin, député Debout ! de la 1ʳᵉ circonscription de la Somme, était l'invité de France Inter mercredi 23 juillet pour évoquer le budget, la loi Duplomb et le renvoi en correctionnelle de Rachida Dati.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Simon Le Baron sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Notre invité et député de la Somme, président de Debout, avec un point d'exclamation,
00:05parti qui l'a créé et qui vient de changer de nom en vue de la présidentielle.
00:09François Ruffin, bonjour.
00:10Bonjour.
00:10Nous allons parler des économies demandées par François Bayrou aux Français et de la censure,
00:15puisqu'on ne vous a quasiment pas entendu sur ce sujet depuis une semaine.
00:19Mais d'abord, question sur la ministre de la Culture, Rachida Dati,
00:22renvoyé au correctionnel pour corruption et trafic d'influence.
00:24Vous l'appelez à démissionner ?
00:26Écoutez, jusqu'à Emmanuel Macron, il y avait une tradition dans ce pays
00:29qui était que tout ministre mis en examen démissionnait.
00:33Et je crois que jusqu'alors, la démocratie ne s'en portait pas plus mal.
00:37Et avec sa république irréprochable, Emmanuel Macron est revenu sur cette tradition.
00:43Je pense qu'elle doit s'appliquer.
00:45Et évidemment, il doit se poser des questions, comme il a eu 26 ministres mis en examen,
00:49il doit se poser des questions, s'il applique cette règle-là,
00:51qui a valu quand même pendant des décennies,
00:54comment il va continuer à former des gouvernements.
00:55Mais je pense que là, il y a quand même un grand souci de rapport des gens à la politique.
01:03Ça participe, quand il y a la mise en cause judiciaire,
01:05ça participe à une désagrégation du lien avec les politiques.
01:08Et là, l'argument selon lequel les politiques, justement,
01:10sont de plus en plus sous le feu de plaintes,
01:13de règles de transparence de plus en plus exigeantes,
01:15ça, on ne peut pas l'entendre, d'après vous ?
01:17Dans le cas de là, en l'occurrence,
01:19et puis même quand il y a mise en examen, ce n'est pas juste une plainte.
01:22C'est que ça a déjà été observé par un juge d'instruction,
01:25et qui considère qu'il y a matière à qualification pénale.
01:28Donc, je pense que, oui, irréprochable, personne ne l'est.
01:33Mais en revanche, se dire que quand on est ministre,
01:35on a une responsabilité particulière,
01:36on représente une partie du pays et des citoyens,
01:39et qu'à ce titre-là, quand on est mis en cause,
01:41quand on est mis en examen,
01:42quand on va avoir un passage pour corruption
01:44devant le tribunal correctionnel,
01:47juste la décence voudrait qu'on se mette en retrait
01:50de la vie publique pendant ce temps-là.
01:51– Tout autre sujet, François Ruffin,
01:53on l'entendait dans le journal de 7h30,
01:55il y a quelques minutes, on était avec un betteravier.
01:57Vous savez combien il y a de betteraviers,
01:58en tout cas d'agriculteurs,
01:59qui travaillent dans cette filière en France ?
02:01– Il y en a des 7000…
02:03– C'est 23 000 ?
02:05– 23 000, excusez-moi.
02:06– Il y en a beaucoup chez vous dans la Somme ?
02:06– Il y en a beaucoup dans la Somme, oui.
02:07– Qu'est-ce que vous leur dites,
02:08vous qui vous opposez à la loi Duplon ?
02:10– D'abord, ce que je leur dis,
02:11c'est que moi, je suis conscient
02:13de la difficulté du métier d'agriculteur,
02:17de la difficulté à en tirer un revenu,
02:18et moi, j'en ai beaucoup à péter de leur rentabilité.
02:21– Vous faites référence à votre collègue députée
02:24Sandrine Rousseau,
02:25qui a dit au débouté, au détour d'une réponse,
02:28j'en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs,
02:30je la cite.
02:30– Moi, je pense que la question du revenu des agriculteurs
02:32est une question centrale.
02:33Et ça fait le lien avec la question du libre-échange
02:36qui était discutée auparavant par notre collègue.
02:38– Béatrice Mathieu dans l'édito.
02:40– Tout à fait, parce que,
02:41qu'est-ce qui se passe, en vérité,
02:43aujourd'hui, pour la betterave ?
02:45L'Union européenne a dérégulé complètement
02:48le secteur de la betterave,
02:49elle a fait exploser les quotas de production,
02:51elle a fait exploser les quotas d'importation,
02:53là, on va avoir une multiplication par 5
02:55du sucre importé d'Ukraine
02:58par rapport à avant la guerre,
03:01et évidemment, dans ce contexte-là,
03:03dans un contexte de libre-échange,
03:04qu'est-ce qui se passe ?
03:05Il y a une pression au dumping,
03:07il y a une pression au dumping environnemental,
03:08et donc j'entends, moi, très bien
03:09la voix des agriculteurs qui viennent dire
03:11mais attendez, c'est pas juste par rapport à la Belgique,
03:13c'est pas juste par rapport à l'Allemagne,
03:15c'est pas juste par rapport à l'Italie,
03:16et c'est pas juste par rapport à l'Ukraine,
03:18ou à demain, par rapport au Brésil ou au Mercosur.
03:20Maintenant, quelle doit être notre attitude à nous ?
03:23Elle doit pas être une attitude de venir baisser
03:25les normes environnementales,
03:26les normes de protection des Français,
03:29de la santé des Français.
03:30Ça doit être de tout faire
03:31pour qu'en Europe, on relève ces normes.
03:33– Mais eux disent, on a besoin de ce pesticide
03:37qui est réautorisé par cette loi,
03:38parce que c'est le seul qui est efficace
03:40contre les ravageurs de culture.
03:41– Dans la betterave, en l'occurrence,
03:43et je connais moins la cerise ou la noisette,
03:47mais dans la betterave, ils ont fait face.
03:49Par contre, en effet, ça a un coût comparé
03:52à les produits qui peuvent être importés.
03:54Donc il faut se dire que le libre-échange
03:56est une machine à dumping environnemental,
03:59à dumping fiscal,
04:00on va en venir sur le terrain du budget,
04:01et donc il doit y avoir un moyen
04:03de protéger cela.
04:04Maintenant, ce dont on parle quand même,
04:08c'est d'une part de la santé des gens.
04:10Je veux dire, il est prouvé que l'acitamipride,
04:12maintenant…
04:13– Et on était avec des scientifiques hier,
04:14on en parlait justement.
04:15– L'acitamipride entre dans le plasma du fœtus,
04:19entre dans le cerveau des enfants.
04:20On le retrouve à cet endroit-là.
04:22Il doit y avoir un principe qui est de dire,
04:25quel est le rôle d'un gouvernement ?
04:26C'est de protéger.
04:27Son premier rôle, c'est de protéger.
04:28Je l'ai dit, de protéger les agriculteurs
04:30contre le dumping,
04:31mais surtout de protéger la santé des Français.
04:34Aussi de protéger la démocratie.
04:35Parce qu'on a quand même eu dans un premier temps
04:37un vote sans débat.
04:39Là, ce qu'on nous promet pour la rentrée,
04:40c'est un débat sans vote.
04:42Ce n'est pas possible que ça fonctionne comme ça.
04:44Donc d'une part, on peut faire confiance.
04:45Moi, j'ai l'imité dans le Président de la République
04:48pour dire qu'il doit y avoir une nouvelle délibération.
04:50Mais moi, j'aimerais qu'on ait de nouveaux outils démocratiques.
04:52Quand il y a un million de personnes
04:53qui prennent leur carte d'identité,
04:55qui font cet effort-là en ligne,
04:56il doit y avoir un référendum d'initiative citoyenne.
04:59Le budget, donc, François Ruffin,
05:01dernière piste lancée par le gouvernement,
05:02l'allongement du délai de carence
05:04pour les arrêts maladie de 3 à 6 jours.
05:07Inacceptable pour vous, comme le reste ?
05:08D'abord, vous dire à quel point cette mesure est nulle,
05:10mais on va venir sur quelque chose de plus général.
05:13J'ai rendu un rapport, moi,
05:15sur le plan de financement de la Sécurité sociale.
05:1880% des frais de l'assurance maladie,
05:21ce sont sur des arrêts longs.
05:23Ce n'est pas sur des arrêts de quelques jours,
05:25ce sont sur des arrêts de plus d'un mois.
05:26C'est 12 milliards par an, l'arrêt maladie.
05:28Donc, vraiment, ce sont des économies de bout de chandelle
05:31et qui ne traitent pas la question centrale,
05:33qui est la question du mal-travail.
05:35Quand on a 100 000 personnes qui, en France,
05:37partent pour inaptitude,
05:38c'est-à-dire sont éveillées de leur métier,
05:41mais vont avoir bien du mal à en retrouver un derrière
05:43parce qu'ils sont brisés,
05:44brisés psychiquement ou brisés physiquement.
05:46La moitié, c'est des trous musculosquelettiques,
05:48l'autre moitié, c'est des burn-out.
05:49Que ça a doublé en 10 ans et qu'on est sur un record d'Europe.
05:53On est dans la queue de peloton pour ce qui s'agit du mal-travail,
05:57accident du travail, maladie professionnelle et ainsi de suite.
06:00Là, il y a un énorme sujet qui pourrait rapporter...
06:02Vous savez, c'est Xavier Bertrand qui était ministre du Travail de droite
06:05et qui disait que ça représentait 4% du PIB.
06:07Donc, ça se chiffre à 50 milliards d'euros,
06:09le coût de ce mal-travail chaque année.
06:11Évidemment, le gouvernement n'a aucune intention de s'y attaquer.
06:14Ça, ce sont des réformes structurelles.
06:15Dans l'urgence, comment vous trouvez des milliards ?
06:19Alors, 44 milliards, c'est le chiffre donné par François Bayrouk.
06:22Où est-ce que vous trouvez les économies
06:24si vous n'acceptez pas les mesures proposées par le gouvernement ?
06:28D'abord, la question n'est pas celle des économies.
06:30La question est celle des recettes.
06:32Qu'est-ce qui s'est passé ces 8 dernières années ?
06:33Pourquoi ? On a un déficit qui est abyssal.
06:35Et je le dis, il est grave.
06:37Si la gauche avait fait ce déficit public,
06:40on parlerait tous les jours de Titanic.
06:41Il y aurait mille idotérioristes qui se raleraient là-dessus.
06:44Pourquoi ?
06:44Parce qu'Emmanuel Macron a baissé de 56 milliards d'euros les impôts.
06:49Les impôts notamment pour les grandes sociétés,
06:51notamment pour les grandes fortunes de ce pays.
06:53Donc, il faut faire la taxe Zuckman ?
06:55Il y a un impératif aujourd'hui,
06:57c'est d'aller chercher de l'argent là où il se trouve.
06:59Dans le dernier classement de challenge, là,
07:01des 500 fortunes françaises,
07:03il est montré que sur 30 ans,
07:05elles ont été multipliées par 14.
07:07Quand le SMIC, lui, ne doublait pas dans le même temps.
07:09On a eu une explosion de ce côté-là.
07:11Ils appellent ça les 30 prodigieuses.
07:13On a eu les 30 glorieuses, c'était pour les salariés.
07:15Les 30 prodigieuses, c'est désormais pour les actionnaires et les grandes fortunes.
07:20Comment on doit répliquer aux Etats-Unis ?
07:22Mais que Jeff Bezos, Amazon, paye des impôts en France,
07:25comment ça se fait que le président...
07:27Ça, ça se fait au niveau européen, la taxe sur les multinationales ?
07:30Écoutez, aujourd'hui, l'impôt sur les sociétés,
07:33c'est un principe qui est un principe français.
07:35Quels efforts sont faits pour que Amazon et tous les GAFAM payent des impôts en France ?
07:39Il n'y a aucun effort.
07:41Et comment ça se fait qu'on a un chef de gouvernement
07:43qui intervise à la télévision sur les questions fiscales
07:47et qui ne pose pas ça au cœur de la table ?
07:49En disant, oui, les GAFAM vont avoir à payer des impôts
07:52et ils auront à payer des impôts sur les sociétés de notre pays.
07:54Mais de la même manière que McDonald's, que tous les franchisés
07:56et évidemment que les grandes fortunes.
07:58Et les 1800 ménages les plus riches,
08:00à partir de 100 millions d'euros de patrimoine,
08:02c'est donc cette taxe Zuckman, 2% d'impôts planchers.
08:06Vous la remettez sur la table.
08:07Est-ce que c'est bien pertinent, de la part de la gauche,
08:10d'en faire une sorte de totem à partir du moment où le gouvernement a dit
08:14on n'en veut pas, on ne le fera jamais ?
08:15Vous savez, le gouvernement a décidé de protéger une chose.
08:18Il n'a pas décidé de protéger la santé des Français.
08:20Il n'a pas décidé de protéger nos intérêts économiques.
08:23Il a décidé de protéger les intérêts très particuliers
08:25qui sont les intérêts des grandes fortunes de ce pays.
08:27Donc maintenant, à un moment, il faut aller chercher l'argent là où il se trouve.
08:31Donc évidemment, cette proposition qui est une proposition mesurée.
08:34Et moi, je veux dire que je ne mets pas tous les entrepreneurs,
08:37tous les start-upers, tous ceux qui réussissent dans la vie,
08:40tous les millionnaires dans le même panier.
08:42Est intervenu à l'Assemblée nationale Marc Batty,
08:45qui est l'un des co-signataires avec 100 trésor,
08:47d'une tribune qui est parue dans Les Echos pour dire
08:50« Taxez-nous, taxez-nous sur nos héritages,
08:52taxez-nous sur nos patrimoines ».
08:54Simplement qu'on ait le souci dans notre pays
08:55que les petits payent petits et que les gros payent gros.
08:58Le chemin de la justice est là.
09:00Est-ce qu'on va résoudre la crise fiscale ?
09:02C'est une crise fiscale profonde dans laquelle se trouve notre pays.
09:05Est-ce qu'on va les résoudre par deux années de retraite en plus ?
09:08Est-ce qu'on va les résoudre par deux jours fériés à travailler en plus ?
09:12Ou est-ce qu'on va les résoudre par 2% sur les patrimoines ?
09:14Il est évident que tout le monde devra à la fin faire des efforts,
09:17mais qu'on commence quand même par ceux qui se sont le plus enrichis ces dernières années.
09:21Et oui, cette mesure de 2% du patrimoine me paraît autre chose que symbolique.
09:25Ça représente 20 à 25 milliards d'euros par an.
09:27Vous venez, je le disais, de renommer votre mouvement de Picarty Debout à Debout tout court,
09:32avec plutôt la présidentielle en ligne de mire.
09:34Est-ce que vous êtes prêt, en cas de censure, à repartir en campagne législative dès l'automne ?
09:38Je suis toujours prêt à me présenter devant le peuple, vous savez.
09:40Donc, ce n'est vraiment pas le souci aujourd'hui.
09:43Mais je veux dire le moment dans lequel on se trouve.
09:47Vous savez, normalement, l'été, on part en vacances, on est sur le transat, on pense à autre chose.
09:51On voit là comment il y a un dérèglement, et y compris un dérèglement politique.
09:55Au cœur de l'été, on a deux sujets qui agitent profondément le pays.
09:59Les jours fériés, comment ça se fait qu'un chef de gouvernement peut imaginer d'écraser et sacraliser le 8 mai,
10:06le jour où on a vaincu la barbarie nazie ?
10:08Et en même temps, la loi Duplomb, avec une pétition qui va atteindre sans doute les 2 millions.
10:13Je pense qu'il y a là un sujet profond, qu'il y a un désaccord avec l'orientation choisie pour notre pays.
10:20Et moi, ce que je souhaite, je ne viens pas là pour préparer la présidentielle,
10:23je viens là pour préparer une rentrée, où je souhaite qu'avant une censure parlementaire,
10:27il y ait une censure populaire, il y ait les gens qui viennent exprimer dans la rue leur colère.
10:33Puisque vous parlez du peuple, tout dernièrement, en quelques secondes, François Ruffin,
10:36vous avez dit au moment de lancer ce parti, en tout cas de le renommer,
10:40que vous vouliez représenter la France qui pue un peu sous les bras.
10:42Je vous cite, est-ce que vous regrettez ces termes qui vous ont valu des accusations de mépris de classe ?
10:47Ce que j'ai dit, c'est que je veux représenter la France de la sueur et du labeur,
10:51et tant pis si parfois elle puce un peu sous les bras.
10:53Voilà ce que j'ai dit.
10:53Et oui, je veux représenter la France du travail, je veux représenter la France des Français qui se lèvent tôt,
10:59la France des Français qui vont au boulot, et la France des Français qui, aujourd'hui, tiennent notre pays debout.
11:03Parce que vous savez, notre pays ne tient pas par le haut, il ne tient pas par le gouvernement,
11:07il ne tient pas par les ministres aujourd'hui, il tient par le bas, il tient par les agents des collectivités,
11:11il tient par les auxiliaires de vie, il tient par les gens dans les hôpitaux et à la rentrée dans les écoles.
11:17Notre pays tient profondément par le travail, le travail, le travail qui est fait par en bas.
11:21Je définis notre parti comme étant un parti travailliste, et un parti travailliste climatique,
11:25parce que le changement climatique impose qu'on fasse beaucoup d'efforts et beaucoup de travail dans notre pays.
11:30Merci beaucoup François Ruffin.
11:32Merci beaucoup.

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