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  • 12/06/2025
🎙️Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?

Dorothée Barba, productrice de l'émission "Carnets de campagne" sur France Inter nous parle de son rapport à la langue.

Une série de portraits proposée par le service de la médiation de Radio France. 📻

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Transcription
00:00Après, ça ne signifie pas qu'il faut parler forcément comme un livre.
00:02La langue française est une langue vivante et elle s'adapte, elle s'ajuste, elle vit.
00:15Alors moi, j'adore les messages d'auditeurs et d'auditrices.
00:18Je les lis toujours.
00:19J'essaye de répondre la plupart du temps.
00:21Je ne peux pas le faire à chaque fois, mais vraiment, j'ai mis à ce train.
00:23Souvent, c'est des messages adorables qui nous disent à quel point ils aiment l'émission
00:27et pour quelle raison.
00:28Et parfois aussi, il y a des messages difficiles qui nous reprochent telle ou telle chose,
00:31notamment sur la langue française.
00:32J'en ai reçu un ce matin qui me reproche, un auditeur, qui me reproche de dire
00:36« bonjour à tous, bonjour à toutes ».
00:38Parce qu'il estime que le « tous » implique aussi bien les hommes que les femmes
00:41et que c'est une faute de français, selon lui, de dire « bonjour à tous, bonjour à toutes ».
00:46Son mail est intitulé « féminisme et grammaire ».
00:49Je crois que ce n'est pas un combat qui va me convaincre.
00:52J'en suis désolée, cher auditeur, mais vraiment, ça me fait plaisir, moi,
00:55d'englober les deux genres dans mon bonjour.
00:59Donc, je vais continuer comme ça.
01:04Évidemment, c'est d'abord pour l'amour des mots que je fais de la radio,
01:08et d'autant plus sur une radio de service public.
01:10C'est très important pour moi de soigner le langage.
01:14Après, ça ne signifie pas qu'il faut parler forcément comme un livre.
01:16La langue française est une langue vivante, elle s'adapte, elle s'ajuste, elle vit.
01:22Toujours faire attention à la forme, soigner son langage,
01:25tout en restant proche de la langue qu'on parle tous les jours.
01:28Non, pas tellement.
01:32Après, la personne que je suis devant le micro, c'est aussi la personne que je suis dans la vie.
01:37Donc, je parle comme je parle d'habitude.
01:40Je ne crois pas que je m'interdise quoi que ce soit.
01:41Je fais attention à la façon dont je parle, ça, c'est certain.
01:44Après, je sais qu'il y a beaucoup d'auditeurs et d'auditrices
01:46qui sont exaspérés par l'emploi de « du coup », le « du coup-tisme ».
01:50Non, le « du coup ».
01:51Je ne sais pas comment on peut appeler ce phénomène qui met des « du coup » partout.
01:54Moi, ça ne me choque pas plus que ça, à vrai dire.
01:57C'est une façon, finalement, de raconter des histoires.
01:59Du coup, ça implique une conséquence.
02:01Et on a envie de mettre des conséquences partout
02:03pour insuffler une forme de narration dans la façon dont on parle, peut-être.
02:08Voilà, il s'est passé ça, du coup, j'ai envie de dire ça.
02:11Je ne comprends pas pourquoi les gens sont exaspérés par « du coup ».
02:14J'essaie d'éviter de trop le dire, bien sûr,
02:17parce qu'il ne faut pas trop abuser d'une formule, quelle qu'elle soit.
02:19Mais du coup, ça ne me dérange pas, moi, le « du coup ».
02:24Un tic de langage à l'antenne, oui, et il est assumé.
02:27Il y a une expression que j'emploie souvent.
02:28Et d'ailleurs, ça me fait plaisir parce que dans les courriels que je reçois,
02:30les auditrices et auditeurs l'ont repéré.
02:32C'est les « gens géniaux ».
02:33Parce que dans les carnets de campagne, je donne la parole à des hommes et des femmes
02:37qui, souvent, n'ont pas l'habitude de s'exprimer sur une antenne
02:40et encore moins nationale.
02:41Donc, pour eux, c'est un sacré événement que de passer dans le carnet de campagne.
02:46Ils sont souvent à l'origine d'une initiative formidable.
02:50Donc, voilà, je les appelle les « gens géniaux » pour les mettre en confiance,
02:53mais aussi parce que je le pense.
02:54Tout ce qu'ils font, tout ce qu'elles font à l'échelle de leur territoire,
02:57c'est souvent des idées géniales.
02:58Donc, ce sont mes « gens géniaux » des carnets de campagne.
03:03Ah, mon mot préféré de la langue française, c'est « pareidolie »,
03:06qui est un mot assez méconnu.
03:07Ça désigne le phénomène selon lequel on a tendance à voir des formes connues
03:12dans ce qui est inconnu.
03:13Et par exemple, dans les nuages.
03:15J'adore les nuages.
03:18Voilà, donc, quand on regarde les nuages et qu'on voit, je ne sais pas,
03:20un visage, un animal, quoi que ce soit,
03:24on expérimente la pareidolie.
03:27Les anglicismes sont très présents dans les courriels que m'envoient
03:33les auditeurs et auditrices.
03:35On me reproche qu'il y ait des mots en anglais dans l'émission.
03:38Alors, de deux choses l'une.
03:39Quand il s'agit du nom de l'entreprise à qui je donne la parole,
03:42pardon, mais voilà, l'entreprise s'appelle comme ça,
03:44je ne vais pas la rebaptiser parce que ça vous dérange,
03:47et j'en suis désolée.
03:48Je comprends que ça en chagrine certains,
03:51certaines, et là, encore une fois, la langue est vivante,
03:53elle s'inspire, elle s'imprègne des autres.
03:57Ce n'est pas quelque chose qui me révolte.
03:58Je respecte ceux et celles qui sont engagées sur ce combat-là,
04:02mais franchement, ce n'est pas le mien.
04:06Le mot radio, ça m'évoque le pouvoir de la voix,
04:09le pouvoir du son qui est finalement capable de véhiculer les images.
04:14On voit ce qu'on entend, et on nous disait souvent,
04:17je me souviens à l'école de journalisme,
04:19le sourire, ça s'entend, et ça, c'est vrai.
04:21Quand je prends l'antenne au début de l'émission,
04:23je fais attention à ça, à sourire quand je prends l'antenne,
04:26et ça s'entend.
04:27Donc voilà, le pouvoir de la radio.
04:28Sous-titrage Société Radio-Canada
04:32Sous-titrage Société Radio-Canada
04:32Sous-titrage Société Radio-Canada

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