00:00Ce qui fait que du coup, peut-être que moi aussi, du coup je le disais.
00:10Alors pour moi, les messages des auditeurs sont extrêmement inspirants.
00:13C'est-à-dire que je vais parfois sur la page de la médiatrice pour voir un petit peu justement ce qui est dit.
00:17Pour moi, ce sont des retours directs en fait et on en manque en radio un petit peu finalement.
00:21C'est-à-dire qu'on est en studio avec nos copains, etc.
00:23Avec les gens qu'on connaît depuis des années, on déconne un peu pour moi en tout cas
00:25parce que mon but c'est d'essayer de faire rire.
00:28Mais on n'a pas de retour direct.
00:30Et là, ce sont des retours directs qui sont pour moi très précieux en l'occurrence.
00:38Évidemment que défendre la culture et la langue française sont des impératifs du service public en règle générale.
00:44Et moi, j'essaie de m'y atteler.
00:45Moi, j'avais un grand-père qui était professeur.
00:47Donc je sais qu'il y a pas mal de profs qui écoutent France Inter.
00:49Il n'y avait que ça bien sûr.
00:50Mais c'est vrai que moi, dès que je suis arrivé à Inter, franchement, j'ai fait d'autres radios avant.
00:53Et j'ai vu cette différence-là qui est que l'auditeur était exigeant, attaché à la langue française.
00:58Et ça, je l'ai senti très très vite.
00:59Donc oui, je trouve qu'il faut respecter ça et même s'en amuser un peu.
01:03Et troubler un petit peu parfois le jeu en justement s'amusant avec la langue.
01:07Il n'y a pas vraiment de tabou là-dessus.
01:09Alors, je ne m'interdis rien à l'antenne.
01:15Il n'y a pas de...
01:16Parfois, justement, je vais dire des choses qui sont un peu à l'inverse de ce que je dirais normalement.
01:20Juste pour justement créer un petit peu de la rupture et m'amuser avec cette langue.
01:25Donc non, il n'y a pas vraiment de règle établie.
01:27Je trouve que justement, quand on a un discours un peu...
01:29Comment dire ? Un peu figé.
01:31Parfois, un mot peut faire vriller le discours.
01:33Donc ça, c'est assez amusant.
01:34Même si c'est des choses qu'on n'entend pas forcément dans la bouche de la personne en question.
01:38Je trouve que justement, ça crée de la surprise.
01:43Alors, je peux avoir un tic de langage parfois qui est ce truc de langage parlé.
01:48On appuie la phrase en faisant un.
01:49Par exemple, je veux dire...
01:51Alors là, Emmanuel Macron, un.
01:52Et là, vous voyez, un.
01:53Et ça, on me le fait souvent remarquer en fait.
01:55Mais ce n'est pas vraiment un tic.
01:56C'est plus pour essayer d'attirer l'attention des gens du studio.
01:59D'essayer de poser le discours.
02:00J'essaie de lutter contre parce que justement, je ne veux pas avoir de choses qui reviennent comme ça dans mes chroniques et qui sont trop récurrentes.
02:08Mais non, j'essaie de ne pas avoir de tic.
02:14Alors, j'aime bien les mots à double sens, concupiscent, nictalope, ce genre de choses.
02:20Parce que les gens qui ne les connaissent pas imaginent qu'il y a beaucoup de vulgarité derrière ces choses-là.
02:24Alors que ça signifie toute autre chose.
02:26Mais le mot que je préfère de la langue française, c'est luxuriant.
02:29J'adore ce mot qui évoque une espèce de végétation totalement débridée, totalement dingue.
02:37J'imagine du verre, des buissons ardents, des choses formidables.
02:41Je ne sais pas, luxuriant.
02:42Il y a à la fois riant, il y a luxure, il y a luxe.
02:45Tout me plaît dans ce mot-là.
02:46Et je trouve qu'il résonne bien en plus.
02:48Alors, les anglicismes, moi, je ne les évite pas forcément.
02:54Il n'y a pas d'autre moyen d'exprimer qu'on est le week-end en disant qu'on est le week-end.
02:58Donc, de toute façon, c'est comme ça.
03:00Moi, je m'amuse aussi un petit peu avec.
03:02C'est-à-dire que, par exemple, un date, on peut dire que c'est un rendez-vous.
03:07Mais je trouve ça amusant dans une chronique d'exprimer les choses un petit peu comme les gens le font dans un sens.
03:12Même si ça ne me ressemble pas tellement à l'âge que j'ai, avec peut-être le parcours que j'ai.
03:16Je trouve justement, là aussi, que ça casse un peu le schéma existant en disant, tiens, là, Bruno Retailleau a fait un date, par exemple.
03:24Et je trouve que ce genre de petits mots qui est très employés par les gens aujourd'hui, il ne faut pas non plus s'en priver.
03:29Parce qu'il y a un côté amusant, finalement, à reprendre le langage d'aujourd'hui et s'amuser avec ces codes-là.
03:36Moi, j'ai mis du temps à repérer le fait que les gens le disaient.
03:40Je ne m'en étais pas réellement rendu compte.
03:43Ce qui fait que du coup, peut-être que moi aussi, du coup, je le disais.
03:46Dans mon spectacle, par exemple, il y a un moment où je dis du coup.
03:48Et j'ai cherché vraiment le moyen d'éviter cette formule-là, parce que je me disais, les gens vont le repérer.
03:52Et en fait, il n'y avait pas d'autre moyen réellement de le dire.
03:54De manière aussi simple, la phrase n'allait plus quand j'enlevais le du coup.
03:58Donc voilà, parfois, je les laisse et non, je trouve qu'on ne s'interdit rien.
04:02Moi, je m'amuse avec les genres, avec les frérots, avec les trucs qui ne me correspondent pas encore.
04:07Mais que les gens utilisent beaucoup.
04:11Donc voilà, j'aime bien ce genre de truc.
04:13Genre, en mode, frérot, wesh, tout ça.
04:16J'aime bien ces langages-là.
04:17Le mot radio, ça évoque ma passion d'enfance.
04:23Parce que moi, j'écoutais la radio depuis mes premiers jours, quasiment.
04:28Pour moi, qui ai grandi dans les années 90, c'était un peu le réseau social de l'époque.
04:32C'est-à-dire que les émissions de libre-antenne que les jeunes écoutaient.
04:34On se rendait compte qu'il y avait d'autres jeunes à l'autre bout de la France qui écoutaient la même chose que nous,
04:38qui avaient les mêmes problématiques.
04:40Donc pour moi, la radio, ça a été un lien social très fort.
04:42Et j'espère qu'elle le reste.
04:45Je pense qu'elle le reste.
04:47Mais voilà, c'est mon souhait.
04:49C'est-à-dire qu'on reste lié par la radio en quelque sorte, malgré nos différences.
04:55Oh là là, il y en a tellement.
04:57Si ce sont des souvenirs, pour France Inter, je parlerais de Macha Béranger,
05:02qui faisait La Nuit pendant longtemps, justement avec les auditeurs,
05:05qui avait une voix très, très particulière.
05:06J'ai beaucoup aimé aussi, il y a 20 ou 30 ans, Maurice sur Skyrock,
05:10qui est un animateur un peu spécial, qui envoyait beaucoup les gens balader comme ça,
05:15en disant « Non, toi, tu ne me plais pas, tu dégages, etc. »
05:16Il y avait un côté un peu rustre.
05:18Mais en fait, il fallait comprendre le personnage et rentrer dedans aussi.
05:21Moi, j'aime bien toutes ces voix.
05:22Bernard Poiret, avec qui j'ai travaillé pendant longtemps à RTL.
05:24Et puis, les voix ici, auxquelles on est habitué,
05:28celles de Claude Ascolovitch, par exemple, sur la revue de presse,
05:30ce sont des voix familières, en fait, qu'on entend tous les matins.
05:32Et on reconnaît ces gens à la voix, même si vraiment, physiquement, je ne vois pas ce qu'ils sont.
05:38Si j'étais dans un couloir, je sais qui sont ces personnes.
05:42Donc la base de la radio, c'est ça, c'est la voix.