Proche du pôle Nord, l'archipel du Svalbard en Arctique subit de plein fouet le dérèglement climatique, se réchauffant six à sept fois plus vite que le reste de la planète. Heïdi Sevestre, scientifique reconnue, y observe le recul des glaciers.
Cette glaciologue qui vit à Longyearbyen partage son temps entre expéditions et conférences, le travail de terrain et la communication. Elle nous transmet son expérience, notamment au sein des expéditions Climate Sentinels et The last tropical glaciers, et nous emmène au plus près des glaciers et de la banquise. Ce film lui donne la parole, dans un parfait équilibre entre émerveillement et conscience, pour sensibiliser à leur infinie beauté autant qu'à leur préoccupante fragilité et aux conséquences de leur fonte sur le monde.
Cette glaciologue qui vit à Longyearbyen partage son temps entre expéditions et conférences, le travail de terrain et la communication. Elle nous transmet son expérience, notamment au sein des expéditions Climate Sentinels et The last tropical glaciers, et nous emmène au plus près des glaciers et de la banquise. Ce film lui donne la parole, dans un parfait équilibre entre émerveillement et conscience, pour sensibiliser à leur infinie beauté autant qu'à leur préoccupante fragilité et aux conséquences de leur fonte sur le monde.
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00:30La voie vers la prospérité
00:33La voie vers la prospérité
00:36C'est la voie vers la prospérité
00:39C'est la voie vers la prospérité
00:42C'est la voie vers la prospérité
00:46C'est trop beau !
00:48T'as vu les nuages qui sont vraiment rouges, super puissants là ?
00:53Je me demande si on voit encore le soleil aujourd'hui.
00:56Peut-être qu'il est déjà trop bas au-dessous de l'horizon.
01:02On va voir.
01:03On va guetter parce que s'il sort, il va sortir juste là.
01:08Mais normalement, d'ici quelques jours, c'est officiellement le début de la nuit polaire,
01:12donc là, on est vraiment à la frontière jour-nuit.
01:16Mais tu comprends ce que je te dis avec ces lumières, ces fameuses lumières du mois d'octobre.
01:21Si je ne le vois pas, dans l'année, j'ai un besoin physique de voir ça.
01:29Il n'y a rien de plus beau.
01:32Là, t'arrives à voir qu'il se dessine tout au fond du feu,
01:35c'est vraiment magnifique.
01:38C'est vraiment magnifique.
01:40C'est beau, quoi.
01:42Là, t'arrives à voir qu'il se dessine tout au fond du fjord.
01:47Ce que je préfère.
01:49Ça, c'est un des plus gros glaciers qu'on a dans la région.
01:53Et on devrait s'en rapprocher dans les prochaines heures.
02:11Donc là, on est en train de se rapprocher de ce glacier de fou, quoi,
02:14qui s'appelle Nordensjøllbren.
02:17Je pense que c'est un de mes glaciers préférés, ici, au Svalbard.
02:22Je n'en reviens pas à quel point on s'approche.
02:28Regarde-moi toutes ces crevasses, quoi.
02:30C'est un des glaciers qui est les plus crevassés par ici.
02:35T'as vraiment l'impression d'être dans un autre monde.
02:37Ici, t'as vraiment l'impression de voir les entrailles du glacier.
02:58Et c'est fou, c'est que le glacier change ultra rapidement ici, comme tu le sais.
03:03Chaque année, en fait, il est différent.
03:05Cette grotte de glace, elle n'y était pas il y a quelques mois à peine.
03:15Ah, c'est trop beau.
03:20Mais tu vois tous ces glaciers-là qui se rapprochent de l'océan,
03:23c'est les glaciers qui se retirent aussi le plus rapidement ici, au Svalbard,
03:27parce que l'océan se réchauffe vachement, aussi bien sur les températures de l'air.
03:32Mais toute cette glace qui est encore en contact avec l'eau,
03:34c'est vraiment la glace qui fond le plus rapidement et qui se retire,
03:37qui remonte en fait sur Terre.
03:39Et là, tu vois, c'est une sorte de mécanisme de protection du glacier
03:42qui recule, recule, recule.
03:44Et une fois qu'il est sur Terre, il fond un petit peu moins rapidement.
03:53Ah là, c'est tellement beau.
03:55D'avoir cette petite couche de neige qui vraiment met les reliefs en valeur,
03:59c'est somptueux.
04:02Et tu vois souvent, là près de ces grottes, il y a plein d'oiseaux.
04:04On les voit, ils sont tout petits, assez lointains.
04:08Mais c'est parce qu'au front des glaciers, tu as une sorte de contraste
04:11entre l'eau douce du glacier et l'eau salée de l'océan.
04:14Et toutes les petites crevettes, tous les petits organismes qui, eux, aiment l'eau salée,
04:18se retrouvent tout d'un coup baignés dans l'eau douce,
04:21ne comprennent pas ce qui se passe, remontent à la surface
04:23et les oiseaux vont les becquer.
04:26On dirait du marbre, presque.
04:28C'est fou, hein ?
04:30Je crois que le bleu de la glace, c'est quelque chose qui nous hypnotise tous.
04:35C'est une grande partie de la raison pour laquelle je suis venue glacer.
04:38C'est voir des trucs comme ça.
04:41C'est vraiment rare, en tout cas, de pouvoir voir la toute basse du glacier.
04:46Et la raison pour laquelle la glace, elle est tout aussi bleue,
04:49c'est parce que la glace qui est en bas,
04:51elle est tellement écrasée sous le poids de la glace au-dessus,
04:56que toutes les petites bulles d'air qui sont prises au piège dans la glace
04:59se sont échappées, en fait, sous la pression.
05:01Et plus il y a de bulles d'air, plus la glace a l'air blanche,
05:04et moins il y a de bulles d'air, plus elle est bleue.
05:06Et le bleu, c'est la seule couleur qui ne passe pas au travers de la glace,
05:10qui est rebondie, en quelque sorte.
05:12Et c'est pour ça qu'on voit par nos yeux que la glace est bleue.
05:16C'est fou, quoi.
05:17Et là, c'est sûrement un endroit qui est très actif,
05:20où on a ce qu'on appelle ces fameux vélages d'icebergs,
05:23donc là où la glace se casse, tombe dans l'océan,
05:27et forme tous ces icebergs qui contribuent à l'augmentation du niveau des océans.
05:32Il est magnifique, et je vois plein de signes de la fonte quoi qu'il y ait eu lieu cet été.
05:37Ça a été un l'été juste désastreux ici pour les Glacéos Balba.
05:41En fait, je suis occupée au
05:57dans le golfe et des crépuscules.
06:00En fait, chaque été est pire que l'été précédent.
06:05Et là, les glaciers ont perdu vraiment un énorme volume de glace ces derniers mois.
06:11Donc là, même si c'est très beau, je ne peux pas m'empêcher de remarquer tous ces petits signes
06:16qui nous montrent que le glacier s'est vraiment aminci, il a perdu beaucoup d'épaisseur.
06:21On ne voyait pas du tout autant de roches l'année dernière.
06:24Et le problème, c'est que c'est un vrai cercle vicieux qui se met en place ici.
06:29Tu vois, déjà, le glacier est en contact avec l'océan et l'océan se réchauffe de façon catastrophique ici dans l'Arctique.
06:36Mais aussi, plus il y a de roches exposées autour du glacier, plus ces roches emmagasinent la chaleur du soleil et plus le glacier se retire.
06:46Et là, tu vois, c'est des lambeaux ce qui reste ici.
06:55Tu vois, même si ça reste un monstre de glace, tu te rends compte qu'ils sont hyper fragiles, hyper sensibles à ce qui se passe.
07:02Ah, un petit oiseau.
07:04Finalement, ces glaciers contribuent directement à tout un écosystème ici.
07:09Ce n'est pas que important pour les glaciologues, c'est sûr.
07:15Mais c'est magique.
07:17Tu vois, les glaciers, c'est comme si tout le monde était ici.
07:21Mais c'est magique.
07:23Tu vois qu'il a quand même un corps de l'énergie, ce glacier.
07:26Franchement, il se bat.
07:28Le fait qu'il soit ultra crevassé, ça nous montre qu'il y a encore énormément de glace qui pousse,
07:33qui essaie de bouger toute cette masse en direction de l'océan.
07:36Donc, il en a un corps sous le pied, nord de le Chaux-de-Brienne.
07:39Il est connecté à une énorme calotte juste derrière les montagnes.
07:44Donc, il a de la chance.
07:46Il a encore pas mal de décennies devant lui.
07:48Mais là, tu vois, en partie basse, tout montre que le glacier est en train de subir un changement climatique catastrophique.
08:00Je ne sais pas si tu arrives à voir, mais on voit ces veines, ces lignes dans la glace.
08:08Et en fait, chaque ligne, c'est une année d'accumulation de neige sur le glacier.
08:14C'est un peu comme les cernes d'un arbre.
08:16En fait, si on le faisait comme il faut, tu peux compter le nombre de ces lignes pour reconstruire l'âge du glacier.
08:26Et donc là, on est en face d'un sacré vieillard quand même.
08:31Cette glace, elle a facilement plusieurs centaines d'années.
08:35Et toute cette mémoire, on est en train de la voir disparaître sous nos yeux.
08:40Il y a toujours un aspect de fou quand tu regardes ces glaciers.
08:43C'est que pour moi, c'est vraiment la pureté absolue.
08:47Il n'y a pas plus beau, je trouve, sur Terre, ou du moins dans l'Arctique, des glaciers pareils.
08:53Mais tu sais que s'il y a un morceau de glace qui se décroche, franchement, on est tellement proche, on est mort.
09:00Et donc, il y a toujours ce contraste où tu te dis, ah ouais, c'est super beau.
09:03Et en même temps, tu sais que c'est deadly.
09:05Des paysages comme ça, ils sont toujours beaucoup, beaucoup plus forts que toi.
09:13Si tout le monde pouvait voir ça sur Terre, t'imagines ?
09:19Je pense que si les gens avaient l'occasion de voir ça, de sentir l'air qui vient des glaciers,
09:24t'as vraiment l'impression de sentir le pouls du glacier.
09:28Je suis sûre qu'on s'intéresserait beaucoup plus à ce qui se passe ici.
09:32Et déjà qu'on comprendrait leur force, c'est quand tu vois ça.
09:37Et ça, c'est un glacier parmi des centaines de milliers d'autres.
09:41Quand tu vois ça, tu comprends la force du truc.
09:45Et c'est ça que j'essaie de partager, c'est de montrer déjà à quel point c'est beau, c'est magnifique, ces monstres de glace.
09:53Mais à quel point, malgré leur beauté, malgré le fait qu'ils soient gigantesques, c'est ultra fragile, un glacier.
10:01Il y a besoin de peu de choses pour que toute cette glace parte.
10:06Et tout ça, ça contribue à l'élévation du niveau des océans.
10:11En plein été, t'imagines des températures assez hautes, énormément d'eau qui ruisselle du glacier.
10:17Et sans arrêt, t'as des vélages, des morceaux de glace qui se décrochent du fond du glacier.
10:27T'as l'impression d'être dans un terrain miné.
10:30T'as l'impression que c'est la guerre, tellement que le glacier est actif, tellement qu'il est vivant et tellement qu'il fond rapidement.
10:37Et maintenant, là que l'hiver arrive, tout se calme un petit peu.
10:44Mais tu vois là, toutes ces petites îles, toutes les roches qu'on a juste à côté de nous, il y a quelques années, c'était sous la glace.
10:52C'était complètement sous la glace.
10:59Là tu vois, même le trou là-haut n'y était pas, ça n'y était pas il y a quelques mois.
11:03Mais là tu vois, le glacier, il est en train de se faire attaquer de partout, de partout.
11:09Et ce qui me touche, c'est que ce glacier, ça fait super longtemps que je le connais, je crois que c'était en 2008.
11:15La première fois où je suis allée sur le glacier, c'était le premier glacier que j'ai étudié au Svalbard.
11:20A l'époque, j'étais étudiante en licence, donc je commençais vraiment mes études en glaciologie.
11:25Et on nous avait fait camper juste là sur la gauche, pendant une quinzaine de jours.
11:29Et je me souviens avec mes profs, marcher au milieu des crevasses.
11:32On n'était même pas encordés.
11:34Je crois que je me souviens même plus, on avait des crampons.
11:36Et les profs nous disaient juste, évitez de tomber dans les crevasses quand même, ce serait sympa.
11:41Et à l'époque, je pense qu'on ne se rendait pas du tout compte à quel point le glacier était dangereux.
11:46Et maintenant, ce n'est plus autorisé.
11:48Maintenant, ils ne le font plus comme ça à l'université.
11:51Mais oui, ça fait longtemps que je le crois, ce glacier.
11:54Et ça me désole en tout cas de voir l'état dans lequel il est.
11:56Aujourd'hui.
12:10T'as l'impression d'avoir des écailles de dragon, non?
12:13Qui caressent les rochers.
12:26Je suis tellement contente qu'on voie ces couleurs.
12:57Merci beaucoup d'être là.
12:59Je dois dire que c'est toujours un plaisir de revenir à l'Unis.
13:03Mon nom est Heidi Silvestre.
13:05Mon background est en biologie.
13:07Et laissez-moi vous dire que j'ai passé assez de temps assis dans cette salle.
13:10Que ce soit en tant que étudiante de bachelor,
13:13et ensuite en tant que étudiante de PhD dans le département de géologie.
13:17Et c'est vraiment pendant mon temps ici à l'Unis
13:21que j'ai pu apprendre cet art de géologie.
13:24Cet art d'approvisionnement.
13:27Et chaque un d'entre vous ici
13:30est au bon endroit, à la bonne heure.
13:33Vous devez comprendre que en étant ici,
13:37dans l'un des environnements la plus chaude de la Terre,
13:40vous avez un grand pouvoir.
13:42Vous pouvez passer du temps dans le domaine.
13:45Vous pouvez observer des changements incroyables
13:48d'un an à l'autre.
13:50Vous pouvez collecter les données pour les synthétiser
13:52pour la communauté scientifique.
13:55Mais évidemment, avec ce grand pouvoir de connaissance
13:59vient une grande responsabilité.
14:02Et aujourd'hui, mon discours s'adresse à la responsabilité
14:05que nous avons en tant qu'experts
14:08pour communiquer sur ce que nous voyons dans le domaine.
14:11Pour communiquer sur ce que nous apprenons,
14:13sur ce que nous comprenons.
14:15Et pour dire au monde entier
14:17ce qui se passe dans l'Arctique.
14:18Parce que ce qui se passe ici, à Svalbard,
14:21affecte évidemment le reste du monde.
14:24Et cela m'a permis de créer un projet
14:27qui a eu lieu l'année dernière,
14:29qui s'appelait Climate Sentinels.
14:31Nous avons essayé de complètement changer
14:34la façon dont nous faisons apparaître la science dans l'Arctique.
14:37Tout d'abord, nous avons créé un équipe
14:39de scientifiques femmes.
14:41Nous avons aussi connecté avec des écoles
14:43autour du monde,
14:45du Canada à l'Australie,
14:46en France, aux Etats-Unis.
14:48Et puis, le plus important,
14:50nous avons montré que même dans les environnements
14:52les plus extrêmes,
14:54nous pouvons essayer de réduire
14:56notre empreinte carbone au maximum.
14:58Évidemment, ici, à Svalbard,
15:00vous n'avez pas beaucoup d'options
15:02pour réduire votre empreinte carbone.
15:04C'est principalement lié à la façon
15:06dont nous voyageons dans le domaine.
15:08Et l'unique option que nous avions
15:10c'était de skier,
15:12de porter une polka pendant un mois,
15:13de Hornsund à Nialesund.
15:15Et c'est ce que nous avons fait
15:17pendant 32 jours,
15:19et je peux vous dire que je suis encore
15:21totalement cassée de l'expédition.
15:23C'était dur,
15:25mais nous voulions montrer
15:27que nous pouvons faire mieux,
15:29que nous pouvons faire la science différemment,
15:31même dans les environnements les plus extrêmes.
15:33Nous avons collecté des samples de neige
15:35sur 450 kilomètres
15:37pour mieux comprendre la déposition
15:39de carbone noir sur le neige
15:41ici, à Svalbard.
15:43Le carbone noir,
15:45qui vient de plus loin au sud,
15:47est venu jusqu'ici,
15:49en changeant l'albido de ces environnements,
15:51en les faisant fondre encore plus rapidement.
15:53Et aujourd'hui, nos samples sont
15:55à l'Université de Washington au sud,
15:57et ils nous aideront à comprendre
15:59d'où vient la pollution,
16:01mais aussi ce qui a brûlé
16:03en premier lieu.
16:05Et cela nous aide vraiment
16:07à pointer ces zones dans le monde
16:09qui affectent le plus
16:11la neige et l'eau ici,
16:13et c'est la chose la plus difficile
16:15que j'ai jamais faite.
16:17Et nous n'avons pas pris des photos
16:19quand les conditions étaient vraiment horribles,
16:21mais elles étaient vraiment horribles.
16:23Je ne sais pas si certains d'entre vous
16:25étaient ici en avril l'année dernière,
16:27mais il y avait littéralement
16:29une tempête après l'autre,
16:31après l'autre, après l'autre.
16:33Nous n'avons jamais vu la fin de tout ça.
16:35Chaque jour, nous risquions
16:37de perdre nos tentes ou notre camp.
16:39Nous devions trouver des trous dans la neige
16:41pour être en mesure
16:43d'être évacués par Sissamanen.
16:45Et cela nous a aidés à continuer
16:47et à réussir à compléter
16:49l'expédition.
16:51Mais ce que nous avons vécu
16:53jour en jour
16:55était directement le résultat
16:57du changement climatique.
16:59Nous avons vu ce que les scientifiques
17:01ont dit pendant des décennies
17:03et des décennies,
17:05c'est qu'avec chaque augmentation du niveau,
17:07ce que nous obtenons dans Svalbard
17:09sont des températures plus élevées,
17:11des conditions plus moides,
17:13et des systèmes plus élevés.
17:15C'était fou pour nous de voir ça.
17:17Je veux dire, j'ai venu à Svalbard
17:19depuis 2008.
17:21J'ai vécu ici depuis 4 ans.
17:23Je n'avais jamais vu
17:25quelque chose comme ça avant.
17:27Et je peux vous dire que nous sommes
17:29revenus de cette expédition
17:31avec tellement de rage
17:33pour dire au monde
17:35ce que nous avions vécu,
17:37pour dire au monde
17:39le fait que ce qui se passe
17:41ici dans l'Arctique
17:43soit sur Twitter,
17:45sur LinkedIn,
17:47sur Facebook, sur Snapchat,
17:49sur Twitter,
17:51sur Instagram, sur TikTok,
17:53vous avez tous les outils
17:55disponibles pour faire
17:57cette science accessible
17:59à autant de gens que possible.
18:01C'est notre devoir
18:03comme des gens de Svalbard
18:05qui ont le privilège d'être ici
18:07pour communiquer sur ces questions.
18:09Et donc, dès que nous sommes revenus
18:11de l'expédition,
18:13nous avons vu ce que nous avions vécu.
18:15Et j'ai commencé à recevoir
18:17des milliers et des milliers de messages
18:19sur cette expédition.
18:21Et encore aujourd'hui,
18:23presque tous les jours,
18:25je reçois des messages
18:27des enfants du monde entier
18:29qui me demandent des questions
18:31sur le changement climatique.
18:33Et il y a quelques années,
18:35j'ai reçu des messages bizarres
18:37sur Instagram,
18:39c'était en 2019.
18:41J'ai vérifié mon Instagram
18:44et j'ai commencé à lire les messages
18:46et il disait
18:48« Chère Heidi,
18:50ce serait génial de vous avoir ici
18:52et de visiter nos glaciers. »
18:54Nous avons tellement à apprendre
18:56sur les glaciers tropiques
18:58et malheureusement,
19:00ces glaciers n'existeront pas
19:02dans les 30 prochaines années.
19:04Les Cumbres Blancas Colombias
19:06sont ces incroyables groupes
19:08de gens qui bougent des montagnes
19:10dans leur pays.
19:11Ils sont des influenceurs, des artistes,
19:13ils travaillent avec des communautés indigènes
19:15et ils ont réalisé
19:17qu'il y avait des glaciers
19:19dans leur pays.
19:21Et ils feront tout ce qu'il faut
19:23pour préserver ces glaciers
19:25pendant le plus longtemps possible.
19:27Et cinq mois après recevoir ce message,
19:29j'étais là,
19:31dans une tente fumée,
19:33pendant un jour et demi,
19:35en parlant à ces communautés indigènes
19:37pour obtenir la permission
19:39d'aller étudier
19:41ces glaciers tropiques.
19:43Aujourd'hui, nous avons 70 petits glaciers
19:45appelés glaciers tropiques.
19:47Ils s'étendent sur l'équateur
19:49et ils se battent pour survivre.
19:51Mais aujourd'hui, malheureusement,
19:53il n'y a rien qu'on peut faire
19:55pour sauver ces glaciers tropiques.
19:57Il n'y a rien qu'on peut faire
19:59pour les empêcher
20:01de disparaître complètement.
20:03Leur threshold de température
20:05est de 1°C.
20:07Si nous allons au-dessus de ça,
20:09ces glaciers vont disparaître
20:11et disparaître.
20:13L'eau va dans
20:15ces écosystèmes fous
20:17appelés paramos.
20:19Les paramos sont remplis
20:21d'espèces endémiques,
20:23et voici une image d'un drone
20:25en regardant en bas.
20:27Les paramos sont ces eaux
20:29qui fonctionnent
20:31comme des épaisseurs naturelles.
20:33Ils récupèrent l'eau des glaciers
20:35et la relâchent
20:37pendant l'année.
20:39Et éventuellement,
20:41ces glaciers disparaissent
20:43à des milliers de kilomètres,
20:45même des centaines de kilomètres
20:47d'où ils sont trouvés.
20:49Ces glaciers soutiennent
20:51toutes les économies
20:53en Colombie-Britannique.
20:55C'est ici que se trouvent
20:57les endroits de café.
20:59C'est ici que le café croît.
21:01C'est pour cela qu'aujourd'hui,
21:03ces glaciers restent
21:05très importants.
21:07Nous devons dire au monde entier
21:09de ces glaciers tropiques.
21:11D'abord, les glaciers de Patagonie,
21:13les glaciers d'Alaska.
21:15Et tous ces glaciers
21:17restent très importants aujourd'hui.
21:19C'est essentiel que vous compreniez
21:21la responsabilité que nous avons
21:23en tant que personnes
21:25qui tournent le terrain
21:27ici à Svalbard,
21:29en tant que personnes
21:31qui comprennent la science,
21:33en tant que personnes
21:35qui sont capables
21:37de synthétiser la science.
21:39Parce que si ce n'était pas nous,
21:41qui dirait le secteur privé
21:43à propos de ce qui se passe
21:45ici dans l'Arctique ?
21:47Qui dirait vos parents, vos amis ?
21:49Qui dirait votre cercle d'influence
21:51sur ces changements ?
21:53Bien, personne ne le dirait.
21:55C'est très clair.
21:57N'attendez personne d'autre que vous
21:59à partager votre science,
22:01à faire plus accessible
22:03votre science.
22:05Et aujourd'hui, nous n'avons absolument
22:07pas de temps à perdre
22:09pour commencer la lutte
22:11et nous sommes tous conscients
22:13de cela ici dans cette salle.
22:15Donc, c'est vraiment le moment
22:17de vous parler,
22:19de vous parler,
22:21et j'espère vraiment
22:23pouvoir compter sur
22:25chacun d'entre vous.
22:27Merci beaucoup.
22:29Beaucoup de gens ont
22:31réalisé que
22:33le changement climatique
22:35n'est pas réel.
22:37Et en même temps,
22:39comme quelqu'un
22:41qui a une éducation
22:43scientifique,
22:45vous devez essayer
22:47d'y arriver.
22:49Comment faites-vous ça ?
22:51J'ai fait un expériment
22:53il y a quelques années.
22:55Je ne sais pas
22:57si c'était un bon expériment
22:59ou pas,
23:01mais j'ai été totalement
23:03banquée de Facebook
23:05à cause de ça.
23:07Donc, j'ai voulu
23:09apprendre plus
23:11sur le changement climatique.
23:13En France,
23:15j'ai rejoint deux groupes
23:17sur Facebook
23:19qui s'appellent
23:21Climate Realists
23:23parce qu'ils savent
23:25ce qui se passe.
23:27Nous ne le savons pas.
23:29Mais j'ai vraiment
23:31rejoint ces groupes
23:33avec un bon cœur
23:35et j'ai voulu
23:37comprendre comment
23:39vous pouvez vivre
23:41dans un pays
23:43où il y a
23:45un changement climatique.
23:47J'ai été sur ces pages
23:49pendant deux ans.
23:51Ils avaient tellement de connaissances
23:53sur la science et le changement climatique.
23:55C'était incroyable.
23:57Ça m'a vraiment
23:59améliorée
24:01à connaître les principes.
24:03Ils ont commencé
24:05à partager des choses
24:07sur les glaciers et l'Ishis.
24:09Je n'arrivais pas
24:11à comprendre
24:13que ces gens
24:15ont perdu la confiance
24:17dans les institutions en général.
24:19Ces gens ont perdu la confiance
24:21dans les gouvernements.
24:23Ils ont perdu la confiance
24:25dans la NASA et l'ESA.
24:27Ils n'ont même pas mentionné
24:29l'IPCC.
24:31Ils ont créé
24:33une petite communauté
24:35où ils appartiennent.
24:37Une communauté où,
24:39soudainement,
24:41ces gens,
24:43peu importe ce que j'apporterais,
24:45peu importe les arguments,
24:47les données, les rapports, les publications,
24:49ils n'ont absolument pas intérêt.
24:51Maintenant, je pense
24:53qu'il n'y a pas de point
24:55de perdre le temps
24:57de les renvoyer,
24:59à moins qu'ils soient
25:01les décideurs,
25:03à moins qu'ils aient
25:05un rôle très important
25:07et qu'ils puissent changer tout.
25:09La première chose
25:11et je reçois des messages
25:13comme ça tous les jours
25:15sur les réseaux sociaux,
25:17c'est que nous voulons tous
25:19faire le travail sur le terrain.
25:21Je suis la première
25:23qui a toujours voulu
25:25prendre un avion
25:27et faire le travail sur le terrain
25:29où il se trouve.
25:31Mais il faut vraiment
25:33réfléchir.
25:35Est-ce qu'il y a quelqu'un
25:37dans cette zone
25:39qui peut faire le travail
25:41pour qu'il soit plus développé?
25:43Nous devons donc réfléchir
25:45à l'avance,
25:47avant de se trouver dans le domaine,
25:49pour réduire
25:51le carbone de la recherche.
25:53Si vous voulez être la personne
25:55qui dit aux policiers
25:57qu'il faut être compatible
25:59avec 1.5,
26:01votre recherche doit être
26:03compatible avec 1.5.
26:05Merci, à la prochaine.
26:11Sous-titrage Société Radio-Canada
26:42Mon glacier,
26:45voilà ce que je sais
26:47de la nature.
26:49C'est la nature
26:51qui est capable
26:53de faire
26:55le travail
26:57et de le faire.
26:59C'est l'avenir
27:01de la nature.
27:04C'est l'avenir
27:06de la nature.
27:08C'est l'avenir
27:09Voilà ce que tu es devenu, des éclats de glace partout que tu laisses dans l'océan
27:17glacial arctique.
27:18Regarde-moi ça, éparpillé à droite à gauche, pris au piège dans la banquise.
27:36Le reste de ton corps, ces icebergs ne sont plus du tout connectés à toi.
27:59Dès que l'été sera venu, ils vont fondre, attaqués par le soleil, par les températures.
28:12D'ici quelques mois, il n'y aura plus rien à cet endroit.
28:20Tout cet univers blanc, gigantesque, se fait attaquer de tous les côtés.
28:51Pourtant, ça fait longtemps que tu es là, si longtemps, que tu façonnes ce paysage,
29:05que tu amènes ton eau dans l'océan arctique, c'est aussi riche qu'y fertilise les fjords
29:12et l'océan tout autour.
29:13C'est fou de se sentir comme à la maison.
29:44Alors que tout est froid, tout est blanc, tout est glacé, mais entouré par tes icebergs,
30:02c'est là où je me sens bien.
30:03Il y a quelque chose de magique ici, quelque chose d'indescriptible.
30:30C'est jamais pareil, il y a toujours quelque chose qui s'y passe, que ce soit le vent
30:41qui caresse ces dunes de neige, ces icebergs qui se décrochent pour être pris au pied
30:49de leurs monkeys, les sons, le manque d'odeur, le froid qui nous paralyse mais qui aussi
31:07nous remet bien les idées en place.
31:34C'est vraiment un des environnements les plus puissants, un des environnements les
32:03plus mortels aussi.
32:04Je me demande si tu te rends compte que chaque iceberg, chaque fjord, chaque fjord, chaque
32:34iceberg qui se décroche de toi a des conséquences partout ailleurs sur Terre.
32:39Chaque graine, chaque bloc de glace que tu perds affecte des milliers voire des millions
32:53de personnes bien au-delà de l'Arctique.
32:56Est-ce que tu sais aussi que ton eau, elle permet à des millions voire carrément des
33:08milliards de personnes de boire, d'avoir une agriculture, de produire de l'hydroélectricité.
33:15Alors aujourd'hui, pour te remercier, on est carrément en train de te faire disparaître.
33:26Je crois qu'on a vraiment rien compris.
33:31T'en as tellement besoin toi, de ton eau, de tes couleurs, de ta glace.
33:50Si tu pouvais parler, je me demande ce que tu nous dirais.
34:19Je me demande si tu nous demanderais de nous battre pour toi, ou juste d'accepter les
34:27choses telles qu'elles sont.
34:28Je me demande si tu souffres, si tu ressens ce qu'il se passe.
34:37Alors qu'aujourd'hui, regarde-toi, tes entrailles complètement exposées, tes crevasses qui
34:53te traversent.
34:54J'ai bien conscience que, quand je te regarde aujourd'hui, je ne sais plus jamais je te
35:13reverrai aussi gros, aussi beau, aussi majestueux, qu'année après année, tu ne fais que reculer,
35:24tu ne fais que partir.
35:25C'est vraiment une mort à petit feu, c'est une agonie qui continue et qui n'en finit pas.
35:38Moi, c'est impossible d'imaginer ces paysages sans toi, sans toi qui les couronne, sans
35:52toi qui les domine.
35:53Je te vois vraiment comme un sage, comme un ancêtre, comme celui qui a toujours été
36:06là.
36:07Quoi qu'il arrive, moi, je te regarde et j'aimerais que tu tiennes.
36:36Et hop, sur la plage, sur la plage de Advenfjorden, qui est le fjord qui est directement connecté
36:54à la capitale du Svalbard, Longyearbyen, et là, on est début mai, et comme vous pouvez
37:03le voir, il n'y a pas du tout, du tout de banquise dans le fjord, et ce fjord est connecté
37:10à un fjord encore plus grand, qui est juste ici sur la droite, qui s'appelle Isfjorden.
37:17Alors cette année, ça a été super compliqué pour la banquise, en fait, ça fait des mois
37:24ici que les scientifiques de l'université prévoient que ça va être presque un point
37:30de non-retour pour les fjords ici au Svalbard.
37:34Dès le mois de novembre, ils nous annonçaient qu'en fait que la température de l'eau était
37:38beaucoup, beaucoup trop chaude.
37:39Alors là, je suis sûre que si je mets les doigts dedans, ça ne va pas être à 20 degrés.
37:44Elle est quand même bien fraîche.
37:47Mais ce qui se passe, c'est que ces fjords, en fait, ils reçoivent de l'eau qui vient
37:52du Gull Stream, et cette eau, malheureusement, elle est de plus en plus chaude.
37:57Donc on a de l'eau qui est beaucoup trop chaude ici, au Svalbard, dans ce fjord-là
38:03en particulier, pour que la banquise se forme.
38:06C'est fou de voir que tout est lié, que la perte de cette banquise au nord, elle impacte
38:11directement notre population, nos écosystèmes, notre économie, beaucoup plus au sud, en
38:17Europe et en France.
38:18Donc ça dépend vraiment que de nous, ce qu'on veut faire de cette banquise, chaque
38:25tonne d'énergie fossile que l'on brûle, que ce soit du gaz naturel, du pétrole ou
38:30du charbon, tout ça, ça participe activement à la disparition de la banquise.
38:36Donc très clairement, l'avenir de la banquise, il est entre nos mains, et notre avenir est
38:41directement lié à celui de la banquise, donc son avenir et notre avenir ne tient plus
38:47qu'à nous aujourd'hui.
38:55C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça,
39:02c'est ça.
39:25C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça.
39:55Ce qu'on est en train de voir là, c'est un énorme méandre qui a été créé par
40:10l'eau au contact de la glace, et on a du mal à imaginer à quel point cette glace peut
40:15complètement changer le comportement du glacier.
40:17D'avoir de l'eau liquide ici, déjà ça réchauffe le glacier de l'intérieur, et
40:22plutôt au bout d'un moment, elle arrive toujours à trouver le moyen d'aller à la base du
40:27glacier.
40:28Et lorsqu'elle arrive à la base du glacier, elle peut lubrifier le mouvement du glacier
40:32sur un socle rocheux et en accélérer le mouvement.
40:35Donc d'étudier ces cavernes de glace, ces cathédrales de glace, c'est ultra important
40:40pour comprendre l'interaction entre l'eau et la glace et la dynamique du glacier.
40:52Ici, on voit un truc qui est assez rare dans ce genre de glacier, qui a l'air complètement
41:03statique, qui ne bouge plus du tout aujourd'hui.
41:05Ce qu'on voit, c'est l'indication qu'il y a un sacré petit bout de temps, probablement
41:10il y a 100-150 ans, le glacier était au contraire ultra actif, ultra dynamique.
41:17Et là, on voit bien la différence dans la couleur de la glace.
41:21De part et d'autre de cet endroit très sombre, on a de la glace de glacier normale.
41:26Alors c'est quoi de la glace de glacier normale ? En fait, c'est tout simplement de la glace
41:31qui est remplie de petites bulles d'air, qui s'est créée par l'accumulation de neige
41:36sur des dizaines, voire des centaines d'années.
41:38Et ça, on s'attend à voir ça dans tous les glaciers, c'est complètement normal.
41:42Et tout d'un coup, on a cette veine ici, où on a certes de la glace, mais on voit
41:49qu'elle est complètement transparente, et qu'il n'y a plus une seule bulle d'air
41:53à l'intérieur.
41:54Ce qui est assez fou.
41:56Et de part et d'autre de cette zone toute noire, on a des sédiments.
42:00Et en fait, ce qu'on est en train de regarder ici, c'est une ancienne crevasse, une ancienne
42:04fracture qui s'est formée à un moment où le glacier était hyper actif.
42:09Hyper actif dans le sens où le glacier bougeait très vite à l'époque.
42:13Le glacier s'étirait dans tous les sens.
42:16Ça formait ces fameux cracks, ces fameuses fractures.
42:19Et ce qu'on voit aussi, c'est cette zone sans bulles d'air, qui est faite de glace,
42:23mais pas de glace de glacier cette fois-ci.
42:25C'est tout simplement de l'eau qui a dû remplir ce crack à la fin de la période
42:30de dynamique de la glace.
42:32Et ce qui est génial, c'est que cette énorme fracture, on la retrouve tout du long.
42:36Donc on voit que la fracture continue vraiment de part et d'autre ici, du tunnel.
42:41Et elle continue.
42:43Et ça, si on n'avait pas ça, on aurait vraiment du mal à reconstruire l'histoire du glacier.
42:48Donc ça nous permet de comprendre que finalement, les glaciers peuvent changer très vite de comportement.
43:07Si on était venus ici il y a un an, le sol de la grotte de glace, il serait juste ici.
43:13Ce qu'on a ici, c'est l'ancien sol sur lequel les gens marchaient au printemps de l'année dernière.
43:19Ce qui se passe, c'est que l'eau de fonte, elle creuse ces galeries qui sont monumentales,
43:24ces canyons en fait, dans le glacier.
43:27Et l'eau est vraiment capable de couper dans la glace comme dans du beurre.
43:32C'est vraiment ultra puissant.
43:34Avec des canyons gigantesques comme celui qu'on a au-dessus de notre tête.
43:38Et là maintenant, on doit avoir bien 20, 30 mètres de glace.
43:42Et ce qui se passe, c'est que ce canyon, le glacier en fait, il faut comprendre qu'il essaye toujours de le refermer.
43:49Donc pendant l'hiver, lorsqu'il n'y a plus du tout d'eau qui va continuer à creuser,
43:55lorsqu'il n'y a plus rien en fait qui maintient ces canyons ouverts,
43:58la glace naturellement de glacier va essayer de boucher tous ces trous.
44:03La glace, elle a l'air dure comme ça, mais elle est quand même un petit peu visqueuse.
44:07Et ainsi, on trouve ces canyons qui petit à petit vont se refermer.
44:21Symphonie pour un glacier.
44:33Symphonie pour un glacier.
44:35Symphonie pour un glacier.
44:37Symphonie pour un glacier.
44:59Ce glacier, c'est de loin un des glaciers que je connais le plus sur Terre.
45:04J'y ai passé mes 10 jours, des semaines, des mois à mesurer sa taille,
45:10à mesurer à quelle vitesse ce glacier réagit aux dérèglements climatiques.
45:14Et en revenant ici aujourd'hui, que je remarque déjà, rien qu'en regardant le front du glacier là où on est,
45:19à quel point il a reculé ces dernières années.
45:22C'est un glacier qui s'est complètement métamorphosé en réagissant aux dérèglements climatiques.
45:27Et il faut dire qu'ici, au Svalbard, on est à l'endroit sur Terre qui se réchauffe le plus vite aujourd'hui.
45:33On mesure que le Svalbard se réchauffe 6 à 7 fois plus vite que le reste de la planète.
45:40Je pense que le petit oiseau qui est dans la falaise est d'accord avec moi.
45:45Mais les changements qu'on observe ici sont juste hallucinants.
45:49Ce glacier là, c'est ce qu'on appelle un petit glacier, il fait 4-5 km de long.
45:54Mais c'est un glacier parmi les 200 000 glaciers dans le monde.
45:58Et on sait qu'aujourd'hui tous ces glaciers réagissent aux dérèglements climatiques.
46:02Et une des conséquences de leur perte de glace, de leur perte de volume,
46:08c'est notamment l'élévation du niveau des océans.
46:11Même si tu as un glacier ici au Svalbard qui perd de la glace,
46:15cette glace va faire augmenter le niveau des océans partout sur Terre.
46:20Et on sait que tous les océans sont connectés.
46:22Que l'on habite dans les Philippines, que l'on habite à Miami ou que l'on habite au Havre,
46:29on remarque déjà aujourd'hui que le niveau des océans augmente.
46:33Et que cette augmentation, et c'est ça qui est vraiment terrible, s'accélère.
46:37Aujourd'hui, on est en train de suivre le pire scénario possible au niveau du dérèglement climatique.
46:43Et toute cette glace, on sait que si elle fondait aujourd'hui,
46:47elle pourrait augmenter le niveau des océans de 65 m.
46:51Et sur Terre, juste entre 0 et 10 m d'altitude, il y a 700 millions de personnes.
46:58Et c'est vraiment ces espaces littoraux, ces espaces économiques qui sont extrêmement riches,
47:03c'est là où il y a le plus de croissance,
47:05c'est là aussi où il y a le plus de croissance au niveau des populations.
47:08Et on sait que ces populations, si ça continue comme ça,
47:11elles commencent déjà à se déplacer, mais il y aura des déplacements de plus en plus importants
47:15qui vont toucher non pas que ces populations-là, mais tous les autres territoires sur Terre.
47:20Puisque ces populations-là, il faudra bien qu'elles aillent quelque part.
47:23Ces activités économiques, il faudra bien qu'elles se déplacent.
47:26Et donc, que l'on habite au Svalbard ou pas,
47:29on va tous être touchés par la fonte de ces glaciers et par l'augmentation du niveau des océans.
47:34AIMAP, l'Arctique Monitoring Assessment Programme
47:54Je travaille pour AIMAP, l'Arctique Monitoring Assessment Programme,
47:57qui est un des groupes de travail du conseil de l'Arctique.
48:00Et on a un rôle vraiment clé dans la transmission des connaissances scientifiques.
48:04En fait, on est l'intermédiaire entre les scientifiques, le monde académique, et les gouvernements.
48:10C'est les gouvernements qui nous approchent avec une liste de questions.
48:15Et c'est à nous d'organiser le travail scientifique pour pouvoir répondre à ces questions.
48:19Donc nous, non seulement on leur produit des connaissances,
48:21mais aussi, ce qui est vraiment très très important, c'est qu'on produit des recommandations.
48:25Après, une fois qu'on partage cette science avec les gouvernements,
48:29nous, ce qu'on souhaite voir, évidemment, et ce que le reste de la planète souhaite voir aussi,
48:33ce sont des réactions, des décisions prises le plus rapidement possible.
48:37Et on voit qu'il y a certains sujets où les gouvernements réagissent très très vite.
48:41Notamment au niveau de l'Arctique, tout ce qui touche la santé humaine,
48:45tout ce qui touche la dégradation des écosystèmes, les pays sont en train de réagir très vite.
48:49C'est de mettre en place vraiment des solutions très concrètes
48:54pour leur population qui habite au nord du cercle polaire.
48:58Il y a d'autres sujets qui sont super touchy, où là, ça avance beaucoup moins vite.
49:03C'est tout ce qui touche aux énergies fossiles.
49:05Parce que pour l'instant, c'est clair que l'Arctique est une des dernières régions
49:10où il y a encore énormément d'énergies fossiles.
49:13Que ce soit ici du charbon, à Osvalbard, il y a du charbon de partout.
49:17Du gaz et du pétrole.
49:19Il y a beaucoup de terres rares, de minerais rares, au niveau du Groenland notamment.
49:23Et là, on se rend compte que malheureusement, comme partout ailleurs sur Terre,
49:27ça n'avance pas assez vite.
49:29Quitte, au niveau de la Norvège notamment, à ouvrir de plus en plus de champs de pétrole.
49:54C'est quoi, Heidi's Ice ?
49:59C'est ma plus grande histoire d'amour, je crois, ces glaciers.
50:03C'est mes ex qui ne vont pas être très contents d'entendre ça.
50:08Mais pour moi, c'est tout mon être, quoi.
50:13Et habité par ces glaciers.
50:15Et c'est vraiment...
50:18Pour moi, c'est toute ma vie, quoi.
50:20Je ne vois pas comment je peux me désolidariser, me détacher de ces environnements-là.
50:26Et pour moi, c'est extrêmement important aussi
50:30de faire en sorte que ce ne soit pas que ma glace,
50:33mais que ce soit la glace de tout le monde, quoi.
50:36C'est ce que j'essaie de faire tous les jours,
50:38c'est de faire en sorte que toutes les personnes auxquelles je m'adresse,
50:42elles aussi prennent un petit bout de cette glace.
50:45et comprennent à quel point cette glace est majestueuse,
50:48à quel point c'est magique quand tu regardes des paysages pareils,
50:52mais surtout à quel point cette glace est importante.
50:55Et qu'aujourd'hui, chaque mètre cube de glace qui disparaît
50:59est en train de tous nous impacter,
51:01et d'impacter nos enfants, leurs enfants, etc.
51:05sur des générations entières.
51:07Et pour moi, d'arriver à partager ce message,
51:10ça passe avant tout par les émotions, quoi.
51:13Au-delà des connaissances scientifiques,
51:15il faut que ça passe par le cœur,
51:17et c'est ce que j'espère que les personnes qui regarderont,
51:21en tout cas, ces documentaires-là,
51:23comprendront à quel point on a de la chance, quoi.
51:27C'est un privilège pour nous, encore aujourd'hui,
51:30d'avoir des glacés sur Terre,
51:32et qu'il faut tous ensemble tout faire
51:34pour les préserver le plus possible.
51:36Ha c'est trop beau là, je suis en train de me renverser.
51:39Ah ça
51:42c'est super, je t'aime.
51:44Je t'aime trop.
51:46C'est chaud et j'ai envie de prendre une rafale.
51:49Je suis sûre que tu ne vas pas te laisser te brancher comme ça.
51:52Ouais, c'est très chaud et vous allez se brancher.
51:55Oh, j'ai peur.
51:57Ouais, c'est chaud et on va se brancher dans la forêt.
52:00Ah, c'est chaud, c'est chaud, c'est chaud.
52:02C'est chaud, c'est chaud, c'est chaud, c'est chaud.
52:04C'est trop beau la pierre !