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  • 24/06/2025
De 1966 à 1996, la France a procédé, en Polynésie, à 193 essais nucléaires. Afin d'étudier les conséquences sur ce territoire ultramarin qui semble encore payer les conséquences sanitaires, environnementales et politiques de ces essais, une commission d'enquête parlementaire vient de rendre son rapport sur le sujet. Quelles sont ses conclusions ? Que peut nous dire la science sur les répercussions de ces essais ? Selon quels critères l'État doit-il accorder des indemnisations ?

Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit : Mereana Reid Arbelot, députée Gauche Démocrate et Républicaine de Polynésie française, rapporteuse de cette commission d'enquête, Renault Meltz, historien et François-Marie Bréon, Porte-parole de l'Association Française pour l'Information Scientifique (Afis).

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous. Pendant 30 ans, la France a procédé en Polynésie à 193 essais nucléaires
00:00:21et une commission d'enquête parlementaire vient de rendre ses conclusions sur le sujet.
00:00:26Nous allons y revenir aujourd'hui dans ce débat doc, avec pour commencer le documentaire qui suit
00:00:32« Nucléaire en Polynésie, en quête de vérité », film réalisé par Emmanuel Amara
00:00:37où comment ce territoire ultramarin semble encore payer les conséquences sanitaires, environnementales et politiques de ses essais.
00:00:45Quant aux victimes, vous allez le voir, elles demandent réparation.
00:00:48Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau
00:00:52en compagnie de la députée de Polynésie française Méréana Raide-Arbelot,
00:00:58de l'historien Renaud Mels et du porte-parole de l'Association française pour l'information scientifique François-Marie Bréon.
00:01:05Avec eux, nous nous interrogerons sur les séquelles laissées jusqu'à aujourd'hui en Polynésie
00:01:10par les essais nucléaires français.
00:01:12Bon doc.
00:01:13Trois, deux, un, deux.
00:01:29Le 2 juillet 1966, à 5h34, une bombe atomique de 28 kilotonnes, baptisée Aldebaran,
00:01:49explose au-dessus de Mururoa, un atoll des Tuamotu, en Polynésie française.
00:01:53L'explosion qui représente deux fois la puissance d'Hiroshima ne se passe pas comme prévu.
00:02:01Pourtant, entre juillet et octobre 1966, six autres essais nucléaires sont organisés.
00:02:09C'est pour venir assister à l'essai Bethelgeuse que le président de Gaulle arrive à Papette le 7 septembre 1966.
00:02:16La France vient de quitter le commandement intégré de l'OTAN et il s'agit pour de Gaulle d'affirmer l'indépendance de la France grâce à la dissuasion nucléaire.
00:02:26Je tiens à dire à la Polynésie française combien la France apprécie le service qu'elle lui rend.
00:02:36Dans son discours de Papette, de Gaulle promet aux Polynésiens que ces essais ne se feront pas sans contrepartie.
00:02:42Depuis son retour à Matignon, puis à l'Élysée en janvier 1959, le président a fait de la dissuasion nucléaire sa priorité absolue.
00:02:52Au plus haut sommet de l'État et dans le plus grand secret, le programme de maîtrise de l'outil nucléaire militaire est accéléré en Polynésie.
00:03:01Et ça, ça va avoir un impact direct sur la façon dont la Polynésie est gérée par le pouvoir central.
00:03:06On va avoir des conseils restreints à l'Élysée sous l'autorité directe du président de la République,
00:03:12où les grandes orientations de la politique pour la Polynésie sont tracées,
00:03:17les grands arbitrages sont rendus autour du président, en l'occurrence de Charles de Gaulle,
00:03:21dans une configuration restreinte où se trouve autour de lui uniquement le ministre chargé des Dom-Dom,
00:03:27le ministre des Armées et le ministre des Finances.
00:03:31L'homme que le président choisit pour mener à bien cette mission est un général de l'armée de l'air.
00:03:38Jean-Thierry devient, en 1963, le directeur du centre d'expérimentation nucléaire, la DIRSEN,
00:03:46un organisme mixte qui réunit l'armée et le CEA, le Commissariat à l'énergie atomique.
00:03:52C'est quelqu'un qui est persuadé de l'importance de la science.
00:03:55Il est persuadé aussi de l'importance de l'indépendance française par rapport aux Anglais et aux Américains.
00:03:59Il fait partie de tous ceux qui ont été humiliés pendant les fêtes de 40
00:04:02et qui pensent qu'il faut à tout prix doter la France d'autre chose qu'une super-artillerie.
00:04:08Ce n'est pas ça pour lui l'arme atomique.
00:04:09Il fait partie de ceux qui comprennent que l'arme atomique, c'est la clé pour l'indépendance de la France.
00:04:13C'est-à-dire que c'est la dissuasion.
00:04:15Ce n'est pas une arme d'emploi, l'arme atomique, c'est une arme de non-emploi qui permet de ne pas être attaquée.
00:04:21Depuis que la décision a été prise de se retirer d'Algérie,
00:04:24plusieurs possibilités sont envisagées pour l'expérimentation nucléaire.
00:04:28Les îles Kerguelen, la Corse, le massif central, les Landes et dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie.
00:04:37Finalement, les militaires ne proposent qu'une seule option à De Gaulle.
00:04:42Les Anglais, les Américains, depuis les années 46-47, tirent dans le Pacifique.
00:04:47Donc d'une certaine façon, l'endroit a une mémoire.
00:04:50L'opinion publique de la région et mondiale est préparée à l'idée qu'on tire dans un endroit où l'on a déjà tiré.
00:04:56Et faire tirer dans le Pacifique, c'est rappeler que la France est aussi une puissance océanienne
00:05:01et qu'elle ne se couche pas devant les Américains à un moment où ils sont évidemment en pleine affirmation impériale pendant la guerre froide.
00:05:10Outre les militaires, De Gaulle fait mettre en place un dispositif de sécurité et de surveillance de toute la Polynésie et de ses hommes politiques.
00:05:22C'est depuis le ministère des Dom-Toms, rue Oudino, qu'une cellule spéciale coordonne tout le renseignement.
00:05:28A partir de 1962, cette structure, donc depuis Paris, va définir un plan de surveillance
00:05:36que devront suivre l'ensemble des organismes de renseignement français,
00:05:40qu'il s'agisse du ministère des Armées, qu'il s'agisse des organismes relevant de la police ou de la gendarmerie.
00:05:46Et donc un plan annuel de renseignement est élaboré à partir de 1962, spécifiquement pour le territoire polynésien en fait.
00:05:54Il y a eu des cellules d'action psychologique qui ont été mises en place par les armées
00:05:59pour faire accepter le CEP.
00:06:06Il y a eu des carottes qui ont été lancées.
00:06:11Vous avez un mot terrible du général De Gaulle
00:06:13qui a dit au gouverneur de l'époque
00:06:18« Les Polynésiens sont gentils, il ne faudra pas regarder à l'argent ».
00:06:22On ne peut pas plus grand mépris des populations polynésiennes que cette expression
00:06:26« Les Polynésiens sont gentils, on va pouvoir les acheter facilement ».
00:06:30Ça vous donne une idée de l'intensité de ce que l'État a mis en place.
00:06:37En parallèle de cette surveillance institutionnelle,
00:06:40le président s'appuie sur les réseaux d'information d'un homme de l'ombre influent.
00:06:44Ancien résistant, gaulliste historique,
00:06:47Jacques Faucard est notamment le secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches.
00:06:53Il a également des réseaux en Outre-mer.
00:06:56Il a séjourné en Polynésie française, il connaît très bien le territoire.
00:07:00C'est extrêmement précieux pour la présidence de la République, pour l'Élysée,
00:07:03parce que ça permet d'avoir des canaux d'information directs
00:07:06entre le président et l'opinion polynésienne.
00:07:09Et évidemment, c'est un personnage qui est un rouage essentiel
00:07:12dans la relation très directe qui se noue entre la Polynésie et l'Élysée.
00:07:16Les débuts et toute l'organisation de la campagne d'essais nucléaires à venir dans le Pacifique
00:07:24se font dans le plus grand secret, à la limite de la légalité.
00:07:30La commission permanente a accordé un bail à l'État, un bail gratuit,
00:07:36et un bail amphithéotique, c'est-à-dire à très longue durée,
00:07:40pour que l'État puisse s'installer à Vangatofa et à Moreau.
00:07:45Or, la décision était à peine prise par la commission permanente
00:07:50que le gouverneur a publié le texte au journal officiel,
00:07:55sans attendre, comme la loi l'y obligeait, que l'Assemblée ratifie la chose.
00:08:01L'Assemblée n'a pas eu à ratifier, puisque c'était déjà fait.
00:08:06Et donc on a eu comme ça toutes sortes de tours de passe-passe juridiques.
00:08:09Il ne s'agit pas d'être en concertation avec la population ou avec les hésites locales,
00:08:14ni même vraiment de les informer,
00:08:16en considérant qu'il s'agit d'un projet d'intérêt national,
00:08:19impliquant la défense nationale,
00:08:21et que par là même, il n'y a pas à décider du principe de l'installation.
00:08:25La décision est verticale, elle est non seulement asymétrique,
00:08:29mais pas complètement sincère, c'est-à-dire qu'on laisse fuiter quelques informations,
00:08:32on parle d'expérience au Gambier,
00:08:34sans parler forcément d'expérience nucléaire.
00:08:38Les seules discussions qu'il y aura à partir de 1964,
00:08:41quand les choses seront actées, c'est plutôt sur les modalités.
00:08:44Savoir où installer la base, que faire des militaires métropolitains,
00:08:49faut-il qu'ils soient basés à Tahiti ou pas.
00:08:50Là, du coup, il peut avoir une marge de manœuvre.
00:08:52Mais sur l'installation du CEP en tant que tel, non.
00:08:57Au plus haut niveau de l'État, de l'armée et du commissariat à l'énergie atomique,
00:09:03on est conscient de possibles retombées radioactives.
00:09:07On se préoccupe de l'ensemble des retombées très tôt.
00:09:10C'est assez étonnant et finalement contre-intuitif.
00:09:13Les décideurs, et notamment les militaires,
00:09:16pensent aux retombées radiobiologiques et sanitaires,
00:09:19et ils anticipent ce problème très vite.
00:09:22Les ingénieurs ont pris énormément de précautions.
00:09:28Sauf que les essais nucléaires s'étaient faits au Sahara
00:09:31et ils s'étaient faits dans une atmosphère sèche.
00:09:36Et ils n'avaient pas beaucoup prévu les conditions météorologiques des essais nucléaires
00:09:45en climat tropical humide.
00:09:48Mais dans l'immédiat, en juillet 1962, c'est surtout sur l'économie que se focalise la France.
00:09:58Lors du Conseil de défense du 27 juillet 1962,
00:10:01les moyens financiers nécessaires sont alloués par le président de Gaulle.
00:10:05Ils enterrinent la création du CEP, le Centre d'expérimentation du Pacifique,
00:10:10l'administration chargée des essais nucléaires en Polynésie.
00:10:13Sur Tahiti, l'installation du CEP se traduit d'abord par l'arrivée d'un grand nombre de personnels
00:10:21qui vont administrer et faire tourner le CEP depuis cette base arrière.
00:10:26Et donc ça va se traduire sur le plan de l'environnement et du foncier
00:10:30par l'installation de plusieurs bases militaires.
00:10:34Le CEP s'établit sur plusieurs îles.
00:10:36CEP, principalement à Tahiti, où est construit son centre de commandement
00:10:40et où s'installent de nombreux métropolitains, civils et militaires, avec leurs familles.
00:10:46Il bénéficie de l'ouverture de l'aéroport de Tahiti-Fa, inauguré en 1961.
00:10:53Les sites d'expérimentation sont à environ 1200 km au sud-est,
00:10:57dans la partie orientale des Tuamotu,
00:11:00les atolls de Mururoa et de Fangatofa.
00:11:03Ils sont inoccupés et de taille suffisante pour accueillir des infrastructures importantes.
00:11:10À ces deux îles, il faut ajouter la base arrière de Haau,
00:11:13à près de 500 km au nord-ouest.
00:11:19C'est tout de même coup l'industrialisation,
00:11:20même si c'est une industrie très spécifique, des essais nucléaires,
00:11:23mais qui modifie complètement la vie des Polynésiens.
00:11:26Mais les exemples les plus frappants, évidemment, c'est dans les petits atolls.
00:11:30Un atoll comme Haau, c'est 260 habitants avant le CEP,
00:11:34c'est 2600 salariés du CEP quelques années plus tard.
00:11:40On fait des travaux colossaux, par exemple, Fangatofa est un atoll fermé.
00:11:44Ils ne savaient pas comment ils allaient pouvoir ouvrir la passe,
00:11:46ça s'avère extrêmement compliqué.
00:11:47Sur Mururoa et Fangatofa, on construit des pistes d'aviation,
00:11:55des routes, des ouvrages portuaires,
00:11:57avec l'ouverture ou l'approfondissement des passes dans le récif à grands coups d'explosifs.
00:12:03On construit aussi un gigantesque poste de contrôle de tir
00:12:06de plusieurs milliers de tonnes de béton et des zones d'habitation.
00:12:10Celles de Mururoa pouvant accueillir 2500 personnes.
00:12:14La France va en Polynésie pour construire le CEP
00:12:21et ça va être montré par le tour de force,
00:12:26un travail titanesque de construction sur les atolls.
00:12:30Et on remarque que les Polynésiens n'ont pas voix au chapitre.
00:12:37On parle d'eux à la troisième personne.
00:12:38Ça reste des silhouettes qui font de la musique, qui dansent, qui chantent.
00:12:44Et ça remet dans le contexte un peu du folklore,
00:12:47qui est mis en place aussi dans une optique de développer le tourisme,
00:12:50qui est concomitant à l'arrivée du nucléaire en Polynésie.
00:12:55La métropole gère et planifie l'avenir avec un certain mépris pour les Polynésiens,
00:13:00qui n'ont pas voix au chapitre.
00:13:04On voit très bien dans les bulletins de renseignement des barbouzes qui gravitent autour du gouverneur,
00:13:08chez les militaires également,
00:13:10on va moderniser Tahiti.
00:13:12Il va y avoir un processus de modernisation.
00:13:13Et cette idée-là, elle va jusque dans la construction des installations,
00:13:17et notamment des bases-vies dans les différents sites,
00:13:19jusqu'à Mururoa, mais aussi dans la base avancée de Hao,
00:13:21où on construit des paillotes sur le modèle du Club Med,
00:13:25qui est en train de s'imposer depuis les années 50.
00:13:27Et donc on crée déjà, dans les sites nucléarisés,
00:13:31une forme de Polynésie touristique idéale de carte postéalisation.
00:13:35Et ça va passer notamment par la modification du couvert végétal.
00:13:38En fait, à chaque aller-retour entre Tahiti et Mururoa,
00:13:42on ramène des plantes, des graines,
00:13:45soit des fins utilitaires, des fruits de l'ananas par exemple,
00:13:49soit des fins décoratives, comme des bouquin-villées,
00:13:54ce genre de plantes qui sont destinées à améliorer l'ordinaire esthétique,
00:13:59culinaire, pour correspondre à ce qu'on se représente de l'expérience polynésienne.
00:14:04Tout est fait pour que la réalité corresponde au mythe.
00:14:12Qu'il soit appelé ou volontaire, la France a besoin de militaires.
00:14:17Depuis 1964, un véritable débarquement composé de plusieurs dizaines de bâtiments
00:14:23de la Marine nationale assure leur avitaillement en matériaux et en vivres
00:14:27pour les travaux et les personnels de Mururoa.
00:14:31À l'été 1965, la Marine nationale française a créé le groupe aéronaval du Pacifique,
00:14:38dit Force Alpha, de plus de 3500 hommes,
00:14:40comprenant sept bâtiments, le porte-avions Foch, des escorteurs d'escadre,
00:14:46des pétroliers et d'autres bâtiments de soutien.
00:14:50Moi je voyais Tahiti, la belle vie.
00:14:56On n'a pas parlé des essais, on l'a su après,
00:14:59et donc on partait pour une campagne de tir nucléaire.
00:15:02On est presque content d'ailleurs, parce que voir une membre atomique,
00:15:07c'est pas permettant de le voir.
00:15:09Moi quand je suis parti, ils m'ont tous dit,
00:15:12bon on va en Polynésie, on va là à Tahiti, mais on va surtout à Mururoa.
00:15:16Et je dis, à Mururoa c'est quoi ?
00:15:17Ils m'ont dit, c'est un endroit où on va faire des expériences nucléaires.
00:15:22Mais rassure-toi, c'est des bombes propres,
00:15:25il n'y a pas de problème quoi.
00:15:26En tant qu'organisme civil public et spécialisé,
00:15:32le Commissariat à l'énergie atomique, le CEA,
00:15:36dispose en Polynésie d'une organisation distincte,
00:15:39mais associée aux armées.
00:15:41Le CEA dispose de nombreuses infrastructures de surveillance de la radioactivité
00:15:45chargées du contrôle biologique dans les deux atolls nucléaires,
00:15:49la zone militaire autour de ces atolls,
00:15:52ainsi que la surveillance du reste de la Polynésie.
00:15:56Dès 1964, à partir du moment où on commence à se poser du côté du CEA
00:16:01et les militaires, en assez bonne intelligence entre eux,
00:16:03même si le montage des services mixtes pose des petits problèmes,
00:16:06mais le CEA est assez malin pour dire aux militaires.
00:16:08Laissez-nous rentrer dans la boucle.
00:16:10Les militaires, on ne vous croira pas.
00:16:11Vous n'êtes pas des scientifiques, vous êtes des militaires,
00:16:12même si vous avez en fait des services scientifiques.
00:16:14Nous serons plus crédibles.
00:16:16Donc ça, vous voyez, il y a une dose de cynisme,
00:16:18en tout cas de logique communicationnelle,
00:16:19chez les ingénieurs de la dame,
00:16:22qui est de dire, laissez-nous la place, les ingénieurs,
00:16:24pour avoir une parole, une expertise plus crédible.
00:16:28Au sein du CEA, on encourage les salariés célibataires
00:16:32à rejoindre la Polynésie.
00:16:35Ils m'ont proposé d'aller sur la toile numéro 1.
00:16:38J'allais toucher trois fois mon salaire
00:16:40et il fallait que je parte là-bas.
00:16:42On voyait bien que la façon de nous emmener là-bas,
00:16:45c'était un petit peu l'argent.
00:16:47J'y allais en toute confiance.
00:16:51Et quand je suis arrivée là-bas,
00:16:53ils m'ont donné quelques consignes de sécurité,
00:16:56ne pas manger les noix de coco,
00:16:58ne pas manger le poisson du lagon.
00:17:01C'est tout ce qu'on m'a donné comme consigne.
00:17:04Donc moi, dans la mesure où je respectais les consignes,
00:17:07c'est un petit peu comme si nos parents nous disaient
00:17:10si tu respectes, il ne t'arrivera rien.
00:17:13Pour moi, je respectais ce que la hiérarchie me disait,
00:17:15je ne risquais rien.
00:17:17Les besoins en main-d'oeuvre du CEP sont énormes.
00:17:22En masse, les hommes des communautés insulaires,
00:17:25la plupart sans qualification professionnelle,
00:17:28sont embauchés pour ces grands travaux
00:17:29par des entreprises sous-traitantes.
00:17:32Taria, natif des Gambiers,
00:17:34se retrouve très vite à Mururoa.
00:17:39Il y avait des Tahitiens,
00:17:41des Autochtones des Marquises,
00:17:43des îles sous le vent,
00:17:45de Riyatea, de Rorutu,
00:17:47de Ouahin,
00:17:49Tuamutu, Rapa.
00:17:52De nombreux adolescents travaillaient là-bas.
00:17:56On travaillait le soir,
00:17:58toute la semaine,
00:17:59durant tout le mois,
00:17:59jour et nuit sur la plateforme.
00:18:01J'ai travaillé en gros pendant une période de 20 ans à Mururoa.
00:18:08C'est comme ça que j'ai appris toutes sortes de choses malsaines sur les atolls.
00:18:13Mais si on osait en parler,
00:18:15on était directement mis en prison.
00:18:18C'est la raison pour laquelle on niait le phénomène de la bombe atomique.
00:18:20Il y a deux grands axes d'argumentation pour ça.
00:18:36Le premier, c'est de se dire,
00:18:37on fait des référendums sous la Ve République,
00:18:40pourquoi n'en ferait-on pas un sur l'installation du CEP ?
00:18:44En disant, après tout,
00:18:45on nous a demandé de voter sur l'autodétermination de l'Algérie,
00:18:47pourquoi ne le ferait-on pas sur quelque chose
00:18:48qui nous concerne beaucoup plus directement ?
00:18:51Et le deuxième aspect,
00:18:52c'est de souligner les dangers sanitaires et environnementaux
00:18:56qui seraient inhérents aux essais nucléaires.
00:19:01Mais pas question de révolte et d'autonomie.
00:19:04Certains leaders polynésiens,
00:19:06comme Pouvana Opa,
00:19:07déjà déchus de son mandat de député depuis 1960,
00:19:10a été exfiltré de Polynésie
00:19:12et placé en résidence surveillée en métropole.
00:19:16Gracié de la peine de prison au début de 1966,
00:19:20il est toujours interdit de séjour à Tahiti.
00:19:25Les principales consignes qui sont adressées sur place
00:19:28au service de renseignement
00:19:29par la section d'études et de recherche
00:19:31et le bureau d'études rattaché au gouverneur
00:19:32orientent l'activité de service
00:19:34vers la surveillance des partis autonomistes.
00:19:36Parce que pour procéder aux essais nucléaires
00:19:38et pour construire le CEP,
00:19:40il convient d'avoir une vie politique locale
00:19:43avec des partis et des individus
00:19:45qui restent fortement attachés à la France.
00:19:50Toute velléité contestataire est rapidement tuée dans l'œuf.
00:19:54Et au printemps 1966,
00:19:57sur le papier, tout est prêt.
00:19:59Après un marathon de deux ans,
00:20:01toutes les installations sont opérationnelles
00:20:03sur les différents atolls,
00:20:05notamment celui de Mururoa,
00:20:07où doit avoir lieu la première campagne d'essais.
00:20:10Jusqu'au dernier conseil de défense,
00:20:12le général Thierry est très optimiste,
00:20:13il dit qu'on a des fenêtres météo très importantes.
00:20:15On pourra faire neuf, dix essais dans une campagne
00:20:18entre le mois de mai et le mois d'octobre-novembre.
00:20:21Il y a les régimes des vents favorables.
00:20:22On met en image aussi que tout est sous contrôle.
00:20:25Dans les films tournés,
00:20:27qui sont diffusés à la télévision française,
00:20:29on met en scène des briefings météo.
00:20:31Donc il ressort de ces images
00:20:32que vraiment c'est une sécurité qui n'est pas prise en compte.
00:20:3780% des moyens mis en place dans le Pacifique
00:20:39sont consacrés à la sécurité.
00:20:41L'État français se prépare à cette série
00:20:44de campagnes d'essais nucléaires
00:20:46en ayant bien à l'esprit
00:20:47toutes les données radiologiques.
00:20:50Chaque explosion comporte des risques
00:20:52qui semblent bien pris en compte
00:20:53pour les personnels militaires et civils du CEP.
00:20:56On a également conscience
00:20:57d'un certain danger pour les Polynésiens.
00:21:01Il y a tout un travail de préparation
00:21:03de la sûreté et de la sécurité
00:21:04qui sont deux notions différentes
00:21:05mais qui à l'époque se regroupent
00:21:07sous le seul vocable de sécurité.
00:21:08On crée un système de normes
00:21:10qui s'aligne sur celui du travailleur nucléaire
00:21:12qui lui-même répond à des normes internationales
00:21:14en disant jusqu'à quelle dose
00:21:16on peut exposer un travailleur ou un riverain
00:21:19à partir de quand il faut considérer
00:21:22que c'est un accident,
00:21:23à partir de quand il faut faire des évacuations.
00:21:24Il y a toute une réflexion sur l'évacuation.
00:21:26Est-ce qu'on fera des évacuations préventives
00:21:27si on craint que la puissance de l'engin
00:21:30aura des retombées pour telle ou telle population
00:21:32ou curatives ?
00:21:33C'est-à-dire si on voit que la retombée arrive
00:21:35et qu'il faut enlever au bout de 24 heures les gens
00:21:37et les éloigner
00:21:38à Rao, par exemple, la base avancée
00:21:40ou sur des bateaux qui s'éloigneront.
00:21:43En revanche, aucun dispositif n'est prévu
00:21:47pour alerter les populations
00:21:48de l'imminence d'un tir
00:21:49ou de possibles retombées dangereuses.
00:21:53Tout est laissé à la discrétion
00:21:54des militaires et des organismes de contrôle.
00:21:58Secret défense oblige.
00:21:59Officiellement, les essais n'étaient pas annoncés à l'avance.
00:22:03Pour autant, il y avait énormément de Polynésiens
00:22:05qui travaillaient sur les sites d'essais
00:22:07et qui téléphonaient à leur famille
00:22:09qui étaient donc rapidement au courant.
00:22:12Certains coupaient le téléphone
00:22:12avant l'essai et donc,
00:22:15quand ils ne pouvaient plus voir leur famille,
00:22:16ils savaient qu'un essai allait avoir lieu.
00:22:18Mais il n'y avait pas de communication officielle.
00:22:20Pas de communication officielle.
00:22:24En revanche, en interne,
00:22:26une date est fixée pour le premier tir.
00:22:36La date du tir, elle est prévue le 1er juillet.
00:22:38Ce n'est pas pour une raison symbolique.
00:22:39C'est que depuis le 18-19 juin,
00:22:41on voit une fenêtre météo s'installer
00:22:43avec des régimes des vents favorables.
00:22:45Et donc, on a considéré,
00:22:46d'après ces deux ans d'accumulation
00:22:50de données statistiques,
00:22:51avec des Boeing qui ont volé dans le ciel,
00:22:52qui ont ramassé des vitesses de vent
00:22:54à différentes altitudes,
00:22:55avec les cartes météo
00:22:55qu'ont pu donner les Américains,
00:22:57avec l'ensemble des stations météo dans la région.
00:22:59On considère qu'avec une quasi-certitude,
00:23:02il y aura cette fameuse zone
00:23:03en bouchon de champagne
00:23:04qui fait que les vents iront dans un sens
00:23:06qui, miraculeusement,
00:23:08va laisser les Gambiers tranquilles d'un côté
00:23:11et les habitants d'Etoimotu,
00:23:13notamment de Réaô et de Touréa,
00:23:14qui sont les deux atolls habités
00:23:15dans la région, tranquilles.
00:23:16Bernard Léchelon,
00:23:21alors jeune appelé,
00:23:22se souvient des procédures
00:23:23mises en place avant le tir.
00:23:26À J-1,
00:23:28on embarquait
00:23:29tout ce qui pouvait naviguer
00:23:31dans le lagon.
00:23:33L'amiral
00:23:34sur le bateau de Grasse
00:23:37qui était voisin
00:23:37donnait le signal
00:23:38au dernier moment.
00:23:40Alors à ce moment-là,
00:23:41c'est un point de non-retour.
00:23:42Et au petit matin,
00:23:45nous quittions le lagon,
00:23:47on allait au large.
00:23:50On est assez serein
00:23:51et donc le tir doit être déclenché
00:23:53à 5h34 de mémoire le matin,
00:23:54le 1er juillet au matin.
00:23:56Patatra,
00:23:56quelques heures avant,
00:23:58le local d'observation du CEA
00:24:01pour la puissance énergétique du tir,
00:24:04la porte ne se ferme plus.
00:24:05Donc il y a une suspension automatique du tir.
00:24:08Et là, il faut prendre la décision,
00:24:09est-ce qu'on repousse le tir ?
00:24:10Parce que la fenêtre météo
00:24:11est toujours aussi assez bonne
00:24:12dans le temps
00:24:12pour qu'on tire le 2 juillet.
00:24:15Této et Téperou
00:24:17a 20 ans ce 1er juillet 1966.
00:24:20Elle travaille alors
00:24:21au Centre d'expérimentation nucléaire du Pacifique.
00:24:24Elle est de garde au standard ce jour-là.
00:24:27J'ai eu la joie
00:24:29de répondre à une communication
00:24:32du général de Gaulle.
00:24:33Parce que le standard
00:24:35que je tenais
00:24:35au Centre d'expérimentation du Pacifique,
00:24:39c'est uniquement
00:24:40pour les personnes plus hautes.
00:24:44Ça s'appelle le LO
00:24:45et je suis sur le code
00:24:47Hibiscus 52 dans le temps.
00:24:49J'avais 20 ans.
00:24:51Alors,
00:24:52j'ai passé
00:24:54parce qu'il voulait avoir
00:24:55le contact
00:24:56avec le porte-avions
00:24:57de Foch
00:24:59qui s'est amarré
00:25:00à Availa O
00:25:01dans le temps.
00:25:03Et j'ai passé
00:25:03sa communication
00:25:04toute heureuse
00:25:05parce que c'est
00:25:05le général de Gaulle.
00:25:07Inquiet de ce premier report,
00:25:11le président de Gaulle
00:25:12vient aux nouvelles.
00:25:13Il ne veut pas
00:25:14que le programme
00:25:15prenne du retard.
00:25:16Et là,
00:25:17on prend en conscience
00:25:18la décision
00:25:19de tirer,
00:25:20sans doute
00:25:21parce qu'il y a
00:25:21une pression politique
00:25:21assez importante.
00:25:22Et donc,
00:25:22Thierry décide
00:25:23de reporter 24 heures
00:25:24donc de tirer
00:25:25le 2 juillet au matin.
00:25:26En fait,
00:25:27les conditions météo,
00:25:28ils le savent,
00:25:28se dégradent.
00:25:30Remise au lendemain matin,
00:25:32Teto et Teperou
00:25:33est invité
00:25:34à venir assister
00:25:35à la retransmission
00:25:36de l'explosion
00:25:36d'Aldébaran
00:25:37depuis le CEP
00:25:38à Papette.
00:25:41Le premier tir
00:25:42de l'essai nucléaire
00:25:45ici en Polynésie française,
00:25:48j'étais de permanence
00:25:49ce jour-là
00:25:50au centre d'expérimentation
00:25:53du Pacifique.
00:25:54Et mes supérieurs,
00:25:55c'est-à-dire
00:25:56le colonel Odo,
00:25:58qui m'a invité
00:25:59à aller avec eux
00:26:00pour regarder
00:26:01le premier tir
00:26:03de l'essai nucléaire
00:26:04à Mourouroua.
00:26:05J'étais toute contente
00:26:06parce que
00:26:07je ne sais pas
00:26:08ce que c'est.
00:26:09J'ai répondu
00:26:10à leur invitation
00:26:12et je suis allée.
00:26:14Et sur l'écran,
00:26:15on a projeté
00:26:16ce fameux
00:26:19essai nucléaire.
00:26:20A 5h34,
00:26:28tout le personnel
00:26:29de Mourouroua,
00:26:30évacué sur les bâtiments
00:26:31du groupe
00:26:31aéronaval français
00:26:32du Pacifique,
00:26:34assiste à l'explosion
00:26:35de la bombe
00:26:35de 28 kilotonnes
00:26:36dans le ciel.
00:26:50On était à 17 kilomètres,
00:26:53on était pas loin.
00:26:55Et donc,
00:26:56on nous disait
00:26:57de tourner le dos
00:26:58et on avait
00:26:58les lunettes anti-flash
00:27:00de façon que
00:27:02lorsqu'on allait
00:27:03se retourner,
00:27:04on nous donnait
00:27:04la possibilité
00:27:06de se retourner.
00:27:07Il fallait avoir
00:27:07surtout les lunettes anti-flash.
00:27:14On était en short
00:27:16et petite chemisette
00:27:18sur le pont.
00:27:20Les consignes,
00:27:21c'était, voilà,
00:27:21on tourne le dos
00:27:22à la bombe,
00:27:23on tourne le dos
00:27:24à la bombe,
00:27:24on s'accroche
00:27:25les deux mains
00:27:26à l'arrière
00:27:26sur les rambardes
00:27:28pour le souffle
00:27:29et puis on attend,
00:27:30on le décompte,
00:27:315, 4, 3, 2, 1, 0.
00:27:34Et là,
00:27:34on sent quelques secondes
00:27:35après un souffle
00:27:36qui nous balaye,
00:27:38ni puis ni moins.
00:27:40Puis après,
00:27:40ce bruit assourdissant
00:27:41et après le souffle,
00:27:43on a le droit
00:27:43de se retourner,
00:27:44on donne l'ordre
00:27:45de nous retourner,
00:27:46vous pouvez vous retourner,
00:27:46regardez.
00:27:47Et là, c'est...
00:27:48Là, c'est sur 180 degrés,
00:27:52c'est le feu.
00:27:54C'est le feu.
00:27:55J'étais toute troublée, quoi,
00:28:06quand je voyais
00:28:06ce feu qui sortait
00:28:08de la terre,
00:28:10qui montait,
00:28:10qui montait,
00:28:11qui montait
00:28:11et qui se transformait
00:28:13en champignon grisâtre.
00:28:16J'étais comme ça.
00:28:19Je ne sais pas quoi dire
00:28:20et une question
00:28:21m'est sortie de ma bouche.
00:28:22J'ai posé la question
00:28:24est-ce que le champignon grisâtre
00:28:28qui est au-dessus de ce feu
00:28:30ne sera pas propagé
00:28:32dans toute la Polynésie ?
00:28:34Et un de mes supérieurs
00:28:36m'a répondu
00:28:37Jacqueline,
00:28:40tu verras dans les années à venir.
00:28:45Dans l'immédiat,
00:28:46sur le plan technique,
00:28:47ce premier essai est concluant.
00:28:50Pour les militaires,
00:28:50c'est une réussite.
00:28:55Au début,
00:28:56il est très joli.
00:28:56C'est un joli champignon.
00:28:58Il est là.
00:28:58Il monte, il monte, il monte, il monte.
00:29:00Tout le monde est enthousiasmé.
00:29:01Le tir a lieu le 2 juillet au matin.
00:29:03Cette fois, pas de problème.
00:29:05Seulement deux variables
00:29:07qui ont été mal envisagées.
00:29:09La puissance,
00:29:10elle est plutôt plus importante
00:29:11que prévue.
00:29:11On est dans une gamme supérieure.
00:29:13Et malgré cela,
00:29:14la taille du nuage
00:29:15est inférieure à ce qui est prévu.
00:29:17Le nuage est plus bas que prévu.
00:29:18À un moment donné,
00:29:19on le voit,
00:29:19il avance, il est là.
00:29:20C'est très impressionnant.
00:29:23On ne nous le disait pas, ça.
00:29:24Bien sûr,
00:29:25on ne savait pas.
00:29:27Ce qui se passe dans les hautes altitudes,
00:29:29ça se déroule comme prévu,
00:29:30mais il y a une brise légère en bas,
00:29:33à un endroit où le nuage est encore présent.
00:29:38Et le nuage est parti.
00:29:39Il avait tendance à partir plutôt vers le sud,
00:29:42vers les Gambiers en particulier.
00:29:43Outre Mururoa qu'il contamine,
00:29:46le nuage radioactif file à 450 km plus à l'est
00:29:51pour passer sur l'ensemble de l'archipel
00:29:54habité des Gambiers.
00:29:58Ils sont peunaux,
00:29:59ils sont morveux.
00:30:00On avait le général Thierry
00:30:01au dernier conseil de défense
00:30:02avant la première campagne
00:30:03qui disait,
00:30:04tout va bien,
00:30:04on a des fenêtres météos magnifiques.
00:30:06Et là,
00:30:06il en rabat un peu
00:30:07et il dit,
00:30:07non,
00:30:08il va falloir changer notre modèle.
00:30:10Après le tir d'Aldébaran,
00:30:12comme tous les autres
00:30:13essais atmosphériques à venir,
00:30:15la décontamination
00:30:16de l'atoll de Mururoa
00:30:17ou celui de Fangatofa
00:30:19prend des proportions titanesques.
00:30:25Après les explosifs atomiques,
00:30:27il y a une remise en état de l'atoll.
00:30:30Et c'était les légionnaires
00:30:30qui s'en chargeaient.
00:30:31Et certainement,
00:30:32les salariés thaïtiens,
00:30:33ils y allaient.
00:30:34C'était l'appel et le saut.
00:30:35On savait que la radioactivité
00:30:38était tombée sur le sol
00:30:39et on les voyait partir,
00:30:42l'appel et le saut.
00:30:43Ils balançaient un espèce
00:30:44de produit blanc,
00:30:45je ne sais pas,
00:30:46comme une lessive dessus.
00:30:47C'était des méthodes
00:30:48extrêmement primitives.
00:30:51Bon,
00:30:52les gens y allaient,
00:30:53ils acceptaient.
00:30:55Mais s'ils avaient été informés
00:30:57de la dangerosité,
00:30:58ils n'auraient jamais fait cela.
00:31:01Nous, on n'y allait pas,
00:31:02on restait au mouillage.
00:31:03Mais ce n'est pas nous
00:31:06qui allions,
00:31:06c'était les thaïtiens.
00:31:09Et tous les fonctionnaires
00:31:10du CEP,
00:31:11ils n'y étaient pas.
00:31:12Ils étaient dans les bateaux
00:31:14qui étaient aussi au mouillage
00:31:15qu'étaient les basses-villes.
00:31:21Au Gambier,
00:31:23sévèrement touché,
00:31:24aucune alerte n'est donnée,
00:31:26aucune évacuation n'est ordonnée.
00:31:28Pourtant,
00:31:30le jour même,
00:31:31un câble secret
00:31:32à diffusion restreinte
00:31:33est envoyé de toute urgence
00:31:35au commandement
00:31:35du groupe aéronaval du Pacifique.
00:31:38Ordre est donné
00:31:39à un navire de surveillance radiologique
00:31:41appelé la coquille
00:31:42de se rendre immédiatement sur place.
00:31:46Ministre informé
00:31:47de radioactivité non négligeable,
00:31:48stop.
00:31:50Décroissance lente,
00:31:51stop.
00:31:52Contamination au sol existante,
00:31:54stop.
00:31:54demande consigne
00:31:56pour décontamination
00:31:57et à tenir nourriture et pêche.
00:32:00Stop et fin.
00:32:04Dès le premier essai,
00:32:06Mangareva,
00:32:07les Gambiers,
00:32:07l'équité,
00:32:08a été atteint
00:32:09de plein fouet.
00:32:12Toutes les recherches
00:32:13effectuées par
00:32:14tous ceux qui sont penchés
00:32:15sur le dossier
00:32:16au niveau des archives
00:32:18qui ont pu être mises
00:32:19à notre disposition
00:32:20ou qu'on a pu avoir
00:32:21l'approuvent,
00:32:22le démontrent.
00:32:24Le drame,
00:32:25c'est que
00:32:26seules les autorités
00:32:29civiles,
00:32:29religieuses et militaires
00:32:31de l'époque
00:32:31de ces archipels,
00:32:33de cet archipel
00:32:34de ces îles touchées
00:32:35étaient au courant.
00:32:37Les populations locales
00:32:38n'ont pas été mises au courant.
00:32:40C'est bien plus tard.
00:32:41Mais elles sont restées
00:32:42dans l'ignorance
00:32:44la plus totale
00:32:45pendant des années.
00:32:46Ils ne prévoyaient pas non plus
00:32:48forcément
00:32:49cette dispersion
00:32:51du nuage radioactif
00:32:53avec en plus
00:32:55des retombées
00:32:56qui allaient provoquer
00:32:58ce qu'on appelle
00:32:59des doses externes
00:33:00et des doses internes.
00:33:01C'est-à-dire que,
00:33:02par exemple,
00:33:03vous habitez au Gambier,
00:33:06vous prenez
00:33:06des doses
00:33:07externes
00:33:09qui viennent de l'atmosphère
00:33:10plus ou moins dangereuses
00:33:13parce qu'il ne faut pas
00:33:13non plus trop exagérer.
00:33:15Quelquefois,
00:33:16il y a des retombées
00:33:17atomiques
00:33:18que l'on subit
00:33:19et qui ne sont pas
00:33:20excessivement dangereuses
00:33:21si on ne se renouvelle
00:33:23pas périodiquement
00:33:24et si,
00:33:26à ces doses
00:33:27plus ou moins
00:33:28importantes,
00:33:30ne viennent pas
00:33:31s'ajouter
00:33:32ce que vous attrapez
00:33:33en buvant l'eau
00:33:34de votre citerne
00:33:38et lorsque vous consommez
00:33:41les noix de coco
00:33:42qui en ont pris
00:33:43elles aussi
00:33:44plein la figure.
00:33:45Dans des documents
00:33:49récemment déclassifiés,
00:33:51le commandant du bateau
00:33:52de surveillance
00:33:52remet son rapport
00:33:53le 10 juillet.
00:33:55Il est notamment
00:33:55clairement écrit que
00:33:57l'eau de boisson
00:33:59présente une radioactivité
00:34:01égale à six fois
00:34:02la radioactivité naturelle.
00:34:04La population tahitienne
00:34:05est parfaitement inconsciente,
00:34:07insouciante
00:34:08et ne manifeste
00:34:09aucune curiosité.
00:34:12Le chef de poste,
00:34:13un gendarme,
00:34:13se doute de quelque chose
00:34:14et multiplie les douches.
00:34:16Nous l'avons rassuré.
00:34:18Les militaires sont au courant
00:34:20sans connaître évidemment
00:34:21pour la plupart
00:34:21les chiffres atteints.
00:34:24Dans les suggestions
00:34:25pour la deuxième campagne,
00:34:26il est écrit
00:34:27« Il sera peut-être nécessaire
00:34:30de minimiser
00:34:30les chiffres réels
00:34:31de façon à ne pas perdre
00:34:33la confiance
00:34:34de la population
00:34:35qui se rendrait compte
00:34:36que quelque chose
00:34:37lui a été caché
00:34:38dès le premier tir. »
00:34:42Les habitants n'ont alors
00:34:43aucune idée
00:34:43de ce qu'ils subissent.
00:34:48« Mangareva a été contaminé
00:34:49par la France.
00:34:52Un mois,
00:34:53voire deux mois
00:34:54après les essais,
00:34:55les poissons
00:34:56ont tous été empoisonnés.
00:34:59Le premier insulaire intoxiqué
00:35:01a été Papapa Tyria.
00:35:04Par la suite,
00:35:05les essais ont recommencé.
00:35:07On entendait de nouveau
00:35:07les échos des bombes
00:35:08comme un hurlement
00:35:09de la bombe.
00:35:10Ça ressemblait
00:35:11à un grondement de tonnerre.
00:35:13On disait que c'était mauvais,
00:35:15la terre était irradiée.
00:35:16C'était néanmoins
00:35:17notre seule terre,
00:35:18notre seule demeure.
00:35:19qui a été évoquée.
00:35:20C'est un peu comme ça.
00:35:24Suite à cette première campagne
00:35:26de tir,
00:35:27lors du Conseil de défense
00:35:28très secret
00:35:29du 10 novembre 1966,
00:35:31qui réunit le président de Gaulle,
00:35:33son ministre de la Défense,
00:35:34Pierre Messmer,
00:35:35et le général Thierry,
00:35:37de Gaulle s'inquiète
00:35:38des trop grandes précautions
00:35:39météorologiques prises.
00:35:41Puis son ministre de la Défense
00:35:43demande au général Thierry.
00:35:44« Nous pourrions peut-être
00:35:46évacuer les Gambiers
00:35:47et Réharo. »
00:35:48Réponse du général Thierry.
00:35:50Le gain serait très faible.
00:35:53Ils savent que les Gambiers
00:35:54ont été contaminés
00:35:54et ils savent
00:35:55qu'ils n'évacueront jamais
00:35:57les Gambiers
00:35:57parce que ça aurait
00:35:58un effet politique
00:36:00désastreux.
00:36:01Donc si vous voulez,
00:36:01il y a une conscience
00:36:02très claire
00:36:04dès l'été 1966
00:36:05qu'on contamine.
00:36:07On considère que c'est
00:36:08dans des proportions
00:36:09suffisamment peu graves
00:36:10pour ne pas prévenir
00:36:11les populations.
00:36:14Sous haute pression politique,
00:36:17les militaires tirent
00:36:18les leçons techniques
00:36:19de cette première campagne
00:36:20de tir.
00:36:22Finies les explosions
00:36:23depuis une barge,
00:36:24on passe au tir
00:36:25sous-ballon aérien.
00:36:27La technique doit permettre
00:36:28de moins contaminer
00:36:29au sol sur les atolls militaires
00:36:30de Mururoa
00:36:31et Fangatofa.
00:36:33Mais en tirant plus haut,
00:36:35on élargit le risque
00:36:36d'étendre les contaminations
00:36:37à d'autres atolls.
00:36:40Tous les essais suivants
00:36:41continuent à contaminer.
00:36:42Le pic de ces contaminations
00:36:44est atteint
00:36:45lors du tir d'essai
00:36:46Centaure
00:36:46du 17 juillet 1974.
00:36:51Le nuage atomique
00:36:52se rabattait sur nous.
00:36:54Alors,
00:36:54on était à une certaine distance,
00:36:56mais allez savoir.
00:36:57D'ailleurs,
00:36:58on était surpris,
00:36:58au lieu de rentrer,
00:36:59tout le monde est confiné à bord.
00:37:01Deux jours,
00:37:02trois jours,
00:37:03et pas question de sortir.
00:37:04On fonctionnait intérieur.
00:37:05Et on savait qu'à l'extérieur,
00:37:08sur le bateau,
00:37:08il y avait ce qu'on appelle
00:37:09un arrosage en pluie.
00:37:10C'était un moyen
00:37:11de nettoyer le bateau.
00:37:14Aux premières loges,
00:37:16les militaires sont frappés
00:37:17de plein fouet.
00:37:18Mais il y a plus grave.
00:37:19Depuis le quartier général
00:37:20des forces françaises,
00:37:22un militaire chargé
00:37:23du suivi du nuage radioactif
00:37:25sonne l'alarme.
00:37:26Il témoigne aujourd'hui,
00:37:28anonymement.
00:37:28Le nuage est passé
00:37:30au-dessus de Tahiti.
00:37:32Ils ont envoyé un avion
00:37:33faire un prélèvement.
00:37:34Je n'ai jamais eu
00:37:35le retour du prélèvement.
00:37:37Par contre,
00:37:37j'ai vu la tête
00:37:38de l'ingénieur général
00:37:39quand il a vu
00:37:40le compte-rendu.
00:37:41Ça, c'est sûr.
00:37:42Ce n'est pas descriptible.
00:37:44Ça, pas content du tout,
00:37:46du tout.
00:37:46Panique à bord, là.
00:37:48Évidemment,
00:37:49si vous voyez
00:37:49que le nuage de Tchernobyl
00:37:51vous passe au-dessus du nez,
00:37:53vous n'êtes forcément
00:37:54pas très de bonne humeur.
00:37:55C'est à peu près pareil.
00:37:57Et puis,
00:37:57ils n'ont prévenu personne.
00:37:59Et puis, voilà.
00:38:02Au nord-ouest,
00:38:03notamment sur Tahiti,
00:38:05rien à signaler.
00:38:07Il n'y a aucune effervescence,
00:38:10aucun remue-ménénage
00:38:11qui laisserait paraître
00:38:12que le nuage est arrivé
00:38:14sur Tahiti.
00:38:16Je pense que c'est une information
00:38:17qui a été gardée
00:38:18bien sous le coude
00:38:19pour éviter justement
00:38:20de faire du gré.
00:38:23Surtout,
00:38:23ne pas créer de panique.
00:38:26L'État et l'armée
00:38:27à travers le centre
00:38:28d'expérimentation du Pacifique
00:38:29n'ont rien organisé.
00:38:32Pour Tahiti,
00:38:33ses atolls,
00:38:34leurs habitants
00:38:35et l'ensemble
00:38:36des personnels
00:38:36de l'État sur place,
00:38:38il n'existe
00:38:39aucune infrastructure
00:38:40de protection.
00:38:41Vous avez là encore
00:38:43un aléa météo
00:38:44qui est mal maîtrisé
00:38:45et qui va de pair
00:38:46avec un nuage
00:38:46qui est très haut.
00:38:48Et si vous voulez,
00:38:48vous avez une contamination
00:38:49diffuse,
00:38:50pas très importante,
00:38:52mais sur un espace
00:38:54qui lui est beaucoup plus vaste.
00:38:56Et c'est donc finalement
00:38:56les populations
00:38:57les plus nombreuses
00:38:59de Polynésie,
00:38:59à savoir sur la île de Tahiti,
00:39:01qui sont exposées en 1974
00:39:02avec Centaure
00:39:02et non plus seulement
00:39:04les Gambiers
00:39:05ou Réaou
00:39:05ou Torea.
00:39:06En termes de communication,
00:39:22c'est la grande muette.
00:39:23Mais il n'y a pas besoin
00:39:24d'être très malin
00:39:25pour comprendre
00:39:25qu'il y a quand même
00:39:26eu un problème
00:39:26puisque l'amiral
00:39:27qui commandait le CEPS
00:39:28à ce moment-là
00:39:29est rappelé à Paris.
00:39:31On lui promettait
00:39:31les plus hautes fonctions.
00:39:32Il était notamment en lice
00:39:33pour devenir
00:39:34le chef d'état-major
00:39:35de la Marine
00:39:35et il disparaît.
00:39:37Donc, en termes
00:39:37de communication,
00:39:39il y a toujours
00:39:39ce même gouvernement
00:39:41par le secret,
00:39:42du secret et par le secret.
00:39:43C'est-à-dire que les Tahitiens
00:39:44ne sont pas informés
00:39:45de l'amplitude des retombées
00:39:48et des conséquences sanitaires
00:39:49qu'elles peuvent avoir.
00:39:50Mais on le fait quand même
00:39:51en toute connaissance de cause.
00:39:54À Tahiti,
00:39:56toute la partie orientale
00:39:57de l'île
00:39:57a été touchée
00:39:58par des retombées
00:39:59du nuage radioactif.
00:40:02Après enquête interne
00:40:03menée par le CEP,
00:40:04des mesures discrètes
00:40:05sont prises.
00:40:09En 1974,
00:40:11lors de l'essai Centaure,
00:40:12le lait
00:40:13à Tahiti
00:40:14est essentiellement
00:40:15issu
00:40:16d'une zone
00:40:16qu'on appelle
00:40:17le plateau de Taravao
00:40:18qui se trouve
00:40:18à l'est
00:40:19du coup de l'île,
00:40:20donc la partie
00:40:21la plus exposée
00:40:22aux retombées.
00:40:23Donc, ce lait
00:40:24pendant un moment
00:40:25a été acheté
00:40:26directement par le CEP
00:40:27parce qu'il était considéré
00:40:29comme un propre
00:40:29à la consommation.
00:40:30tout est contaminé.
00:40:33Je plains
00:40:34ceux qui sont
00:40:35à côté,
00:40:35les îliens
00:40:36qui sont à côté,
00:40:37Mangareva,
00:40:39Hao,
00:40:41tous ces îliens-là.
00:40:43Teto et Teperou,
00:40:45cette ancienne
00:40:45employée du CEP,
00:40:47habite précisément
00:40:47la côte orientale
00:40:48de Tahiti.
00:40:49Mais pourquoi
00:40:51ils ne disent pas
00:40:52la vérité ?
00:40:53Ils ont reconnu
00:40:54en Algérie,
00:40:55mais pourquoi pas
00:40:56en Polynésie française ?
00:40:59Mais moi,
00:40:59j'habite à 1,7 km
00:41:01seulement
00:41:02de la limite
00:41:02de Travao.
00:41:03Travao n'est pas
00:41:04loin de chez moi.
00:41:06Et ils disent
00:41:06que j'habite
00:41:07à 8 km.
00:41:08J'ai dit non.
00:41:09J'habite à 1,7 km
00:41:10de Travao,
00:41:12ce qui veut dire
00:41:13que la contamination
00:41:16est là aussi.
00:41:169 ans après
00:41:20le début des essais
00:41:21et cette campagne
00:41:22désastreuse
00:41:23de 1974,
00:41:25l'armée change
00:41:26son fusil d'épaule
00:41:27après 46 tirs
00:41:28atmosphériques.
00:41:30Désormais,
00:41:31ils seront souterrains.
00:41:33Sur les atolls
00:41:34de Fangatofa
00:41:34et de Mururoa,
00:41:36les bombes
00:41:36sont enterrées
00:41:37à plus de 200 mètres
00:41:38de profondeur
00:41:39d'où elles sont
00:41:40mises à feu.
00:41:41De 1975
00:41:42à 1996,
00:41:44147 essais
00:41:46sont ainsi réels.
00:41:46mais s'ils sont
00:41:48moins dangereux
00:41:49sur le plan
00:41:49radioactif,
00:41:51d'autres problèmes
00:41:52font surface.
00:41:56Les tirs souterrains
00:41:58qui ont été faits
00:41:59soit au shore
00:42:00soit dans la couronne
00:42:01de l'anneau
00:42:02ont eu tendance
00:42:03à fragiliser
00:42:04les atolls
00:42:05et donc il y a
00:42:05une inquiétude
00:42:06à l'heure actuelle
00:42:07quant à une éventuelle
00:42:08déstabilisation géologique
00:42:09de l'atoll,
00:42:11ce qui pourrait entraîner
00:42:12du coup
00:42:12un effondrement
00:42:13partiel au total
00:42:14et avec des conséquences
00:42:16du type
00:42:16grande marée
00:42:17par exemple.
00:42:18En cas d'affaissement
00:42:19donc de la piste
00:42:22d'aéroport
00:42:22ou de tout
00:42:23l'atoll
00:42:23de Montrouroua,
00:42:26une vague,
00:42:27un tsunami
00:42:28de 20 mètres
00:42:30va se déferler
00:42:32sur tous les atolls
00:42:33environnants
00:42:34autour de Montrouroua
00:42:36dans l'espace
00:42:36de 45 minutes
00:42:38à une heure.
00:42:40Si les sirènes
00:42:41d'alerte
00:42:41ne vont pas sonner
00:42:43ce jour-là,
00:42:44paix à leur âme,
00:42:45toutes ces populations
00:42:46civiles vont disparaître.
00:42:47Top, CRT.
00:42:51Les tirs ont considérablement
00:42:53fragilisé
00:42:53Fangatofa
00:42:54et Mururoa.
00:42:56Pour tenter
00:42:56de prévenir
00:42:57un tsunami meurtrier,
00:42:59les deux atolls
00:43:00ont été placés
00:43:00sous très haute
00:43:01surveillance sismique.
00:43:03Comme l'information
00:43:04est suivie
00:43:05depuis la métropole,
00:43:07donc les informations
00:43:07sont relayées
00:43:08à la métropole
00:43:09puis après renvoyées
00:43:10sur le territoire
00:43:10pour éventuellement
00:43:11mettre en place
00:43:12les systèmes d'alerte.
00:43:13Donc on est dans
00:43:13quelque chose
00:43:13de relativement compliqué
00:43:15en termes d'organisation
00:43:16parce que ce n'est pas
00:43:17simplement faire de l'alerte,
00:43:19derrière il faut faire aussi
00:43:20de l'information
00:43:20des populations
00:43:21de manière à pouvoir
00:43:23évacuer
00:43:24ou mettre en sécurité
00:43:25si besoin
00:43:26de façon relativement rapide
00:43:27puisque là
00:43:28on n'est pas sur
00:43:28des délais très longs,
00:43:29c'est très court,
00:43:30il faut réagir
00:43:30en quelques minutes.
00:43:33Des atolls fragilisés
00:43:34et des milliers
00:43:36de victimes collatérales
00:43:37des essais.
00:43:38Leurs conséquences
00:43:39ont été longtemps
00:43:40mal évaluées.
00:43:42En 2021,
00:43:43une étude
00:43:44de l'université
00:43:45de Princeton
00:43:45a affirmé
00:43:46que les essais
00:43:47avaient touché
00:43:47en Polynésie
00:43:48un territoire grand
00:43:49comme le continent européen
00:43:51et 110 000 habitants
00:43:53sans compter
00:43:54les dizaines
00:43:54de milliers
00:43:54de militaires français.
00:43:55La France a promulgué
00:43:58en 2010
00:43:59une loi
00:43:59qui reconnaît
00:44:00et indemnise
00:44:01des victimes
00:44:01des essais nucléaires.
00:44:03Mais le comité
00:44:04d'indemnisation
00:44:05des victimes
00:44:05d'essais nucléaires,
00:44:06le CIVEN,
00:44:07est très dissuasif.
00:44:09Il indemnise
00:44:10au compte-gouttes.
00:44:11Beaucoup d'anciens militaires
00:44:12n'effectuent
00:44:13aucune démarche,
00:44:14même si nombre
00:44:15d'entre eux
00:44:15ont des problèmes
00:44:16de santé.
00:44:17Sur les trois garçons,
00:44:19j'ai deux garçons
00:44:20qui sont en couple
00:44:21qui donc
00:44:22attendent
00:44:23un heureux événement
00:44:24et là,
00:44:27à la fin de la grossesse,
00:44:28ça se passe moins bien
00:44:28puisque les deux épouses
00:44:31accouchent
00:44:32d'un enfant mort-né
00:44:33et là,
00:44:34le grand-père
00:44:35dans sa tête
00:44:36il se dit
00:44:37quelque part
00:44:37c'est la descendance,
00:44:40c'est la faute
00:44:40du nucléaire.
00:44:43J'ai eu aucun résultat.
00:44:45Ça se passait
00:44:46à l'hôpital Jean-Prince
00:44:47et depuis
00:44:48l'hôpital Jean-Prince
00:44:49c'est fermé.
00:44:50Alors maintenant
00:44:50les archives médicales
00:44:52je ne sais pas du tout
00:44:53à qui s'adresser
00:44:54et est-ce que ça existe toujours.
00:44:57Nombreux sont ceux
00:44:58qui ont vécu directement
00:44:59ou indirectement
00:45:00de possibles maladies
00:45:01radio-induites
00:45:03comme l'épouse décédée
00:45:04de cet ancien militaire.
00:45:06Je rentrais
00:45:07parfois tous les week-ends
00:45:08ou tous les quinze jours
00:45:10et je revenais
00:45:10avec mon linge sale
00:45:13et donc ma femme
00:45:14faisait la lessive
00:45:16et vous savez
00:45:18lorsqu'on se secoue
00:45:19le linge
00:45:21au-dessus de la machine
00:45:22et mon fils
00:45:23qui commençait à marcher
00:45:24lui
00:45:24il était à ses pieds
00:45:26et j'ai certainement
00:45:28dû la contaminer
00:45:29puisqu'elle est décédée
00:45:30d'un cancer
00:45:31de la surrénale.
00:45:34Et j'ai vu
00:45:35récemment
00:45:36que c'est un cancer
00:45:37qui est reconnu
00:45:38qui est dans le...
00:45:40suite aux essais.
00:45:41et mon fils
00:45:44lui
00:45:44il a eu
00:45:45un enfant
00:45:46qui est décédé
00:45:47à dix mois
00:45:48à une malformation
00:45:49du cerveau.
00:45:51Alors est-ce qu'il y a
00:45:52un lien ?
00:45:54Et ceux
00:45:55qui ont entamé
00:45:55des démarches
00:45:56suite à de graves
00:45:57problèmes de santé
00:45:57sont découragés
00:45:58par une guerre
00:45:59de procédure.
00:46:00Depuis mon retour
00:46:01je suis malade.
00:46:03Aucune réaction
00:46:04de la part du CEA.
00:46:07J'ai suivi
00:46:07toutes les règles
00:46:08qu'on m'a données
00:46:09mais en contrepartie
00:46:11le CEA
00:46:12savait
00:46:12ce qui se passait
00:46:15les risques
00:46:16qu'il y avait
00:46:16à être là-bas
00:46:17et pour moi
00:46:19j'ai été
00:46:20trompée.
00:46:23Vous ne risquez rien
00:46:24alors que
00:46:25eux savaient.
00:46:27Moi j'ai fait
00:46:28la démarche
00:46:29d'aller à Meurois
00:46:29mais mes gamines
00:46:31qui n'ont rien demandé
00:46:32mes petits-enfants
00:46:33qui n'ont rien demandé
00:46:34par ricochaient
00:46:36et ça ne va pas
00:46:37s'arrêter là
00:46:38malheureusement.
00:46:39que j'ai pris un risque
00:46:40pour moi
00:46:41bien que le risque
00:46:42il n'y en avait pas
00:46:43puisque je ne savais pas
00:46:44qu'il y avait un risque
00:46:45mais que je l'ai fait prendre
00:46:47pour mes enfants
00:46:48et ma descendance
00:46:49là j'en ai gros
00:46:53sur la patate.
00:46:55Sur les atolls
00:46:56polynésiens
00:46:57des dizaines de dossiers
00:46:59sont en attente
00:46:59de traitement.
00:47:03Nous avons déposé
00:47:05124 dossiers
00:47:06officiellement
00:47:07obtenu réparation
00:47:08que sur 23 dossiers
00:47:10et nous avons
00:47:11en instance
00:47:121000 dossiers.
00:47:14Quand on s'imagine
00:47:15qu'à l'allure où va
00:47:16le
00:47:176-20
00:47:18à savoir
00:47:20entre 10
00:47:22et 20 dossiers
00:47:23par an
00:47:24ne serait-ce qu'au niveau
00:47:26de Meurois et Tantou
00:47:27dans 100 ans
00:47:28avec nos 1000 dossiers
00:47:29en instance
00:47:30on sera toujours là.
00:47:30Colère et attente
00:47:33Této et Téperou
00:47:35se bat contre
00:47:35des maladies radio-induites
00:47:37depuis 1985.
00:47:39Le jour
00:47:40où j'ai eu
00:47:41cette maladie
00:47:43du cancer
00:47:44je me suis dit
00:47:46la voilà la réponse.
00:47:49Dans les années à venir
00:47:5020 ans plus tard
00:47:51j'ai eu
00:47:52ce fameux cancer.
00:47:55C'est pour ça
00:47:55moi je confirme
00:47:56ma maladie
00:47:57c'est pas une maladie
00:47:59comme ça
00:48:00c'est une maladie
00:48:01liée
00:48:02aux essais nucléaires.
00:48:06Son dossier
00:48:07d'indemnisation
00:48:08est en attente
00:48:10depuis de longs mois.
00:48:18En 1985
00:48:20j'ai contracté
00:48:21le cancer du sein
00:48:23gauche
00:48:24puis après
00:48:26on m'a enlevé
00:48:27un rein droit
00:48:28le rein droit aussi.
00:48:30A la suite
00:48:31on m'a fait
00:48:32une opération
00:48:33de la thyroïde
00:48:36et en 2018
00:48:38j'ai contracté
00:48:40encore
00:48:40le cancer du sein droit
00:48:42qu'on m'a enlevé
00:48:44c'est-à-dire
00:48:44tous les deux seins
00:48:45sont enlevés
00:48:46et l'année dernière
00:48:48on a
00:48:49vu quelque chose
00:48:51au niveau du poumon.
00:48:53On a fait
00:48:54un scanner
00:48:55et c'est là
00:48:55qu'on a trouvé
00:48:56il y a encore quelque chose
00:48:57au niveau du poumon
00:48:58droit
00:48:59et on m'a fait
00:49:00la biopsie
00:49:01ça fait deux semaines
00:49:02maintenant
00:49:03et j'attends
00:49:04le résultat.
00:49:08Et ça m'a fait mal
00:49:10de penser
00:49:14à tous ces mauvais souvenirs
00:49:17qui m'est arrivé
00:49:19et jusqu'à présent
00:49:22et jusqu'à présent
00:49:22je continue
00:49:23encore
00:49:23sans savoir
00:49:25ce que j'ai.
00:49:29Mais
00:49:30je vais lutter
00:49:35il n'y a aucun problème
00:49:37pour ça.
00:49:38au-delà de la santé
00:49:43et des inquiétudes
00:49:44sur le plan sismique
00:49:45d'autres questions
00:49:46restent aujourd'hui
00:49:47en suspens
00:49:47les installations
00:49:49leur usage
00:49:51puis les conditions
00:49:51de leur démantèlement
00:49:52interrogent.
00:49:56Les déchets nucléaires
00:49:57produits par les essais nucléaires
00:49:58on va en avoir
00:49:59trois types
00:49:59on va avoir
00:50:00les résidus
00:50:01des essais
00:50:02donc
00:50:02les laves
00:50:03qui ont été produites
00:50:04les rejets
00:50:06les retombées
00:50:07qui sont immédiates
00:50:08autour du site
00:50:09d'explosion
00:50:10sur Moroja
00:50:11et sur Stangatofa
00:50:12ça on est
00:50:14sur des déchets
00:50:14qui sont au plutonium
00:50:15et qui sont gérés
00:50:16soit dans des puits
00:50:18qui ont été
00:50:18soit creusés
00:50:19soit on a récupéré
00:50:20les puits d'explosion
00:50:21pour mettre les déchets
00:50:22et on va retrouver aussi
00:50:23ces déchets
00:50:24au fond des lagons
00:50:25qui ont été sédimentés
00:50:26à cause des explosions
00:50:27lagonaires.
00:50:28Ensuite on a
00:50:28toutes les infrastructures
00:50:29qui ont été contaminées
00:50:31ou irradiées
00:50:31et on va déconstruire
00:50:33et qu'on va océaniser.
00:50:34Et enfin
00:50:38on va avoir
00:50:39des déchets technologiques
00:50:40les avions
00:50:41qu'on a utilisés
00:50:41pour passer
00:50:42dans les nuages
00:50:43les bateaux
00:50:43qui ont été contaminés
00:50:44les voitures
00:50:45qui ont été contaminées
00:50:46et de manière
00:50:48moins spectaculaire
00:50:49les gants
00:50:49les blouses
00:50:50les plastiques
00:50:51qui ont été contaminés
00:50:52tous ces éléments-là
00:50:53ont été lagonisés
00:50:54océanisés.
00:50:57Ces déchets
00:50:58qui sont océanisés
00:50:59ils sont à des profondeurs
00:51:00telles que
00:51:00on ne pourra pas
00:51:01les récupérer.
00:51:02On pourra les récupérer
00:51:02mais à des coûts
00:51:03qui sont beaucoup trop importants
00:51:04donc ce ne sera jamais récupéré
00:51:05ces déchets-là.
00:51:08En plus des principaux sites
00:51:10d'essais nucléaires
00:51:11de Fangatofa
00:51:12et Mururoa
00:51:12l'atoll de Hao
00:51:14dans l'archipel
00:51:15des Tuamotu
00:51:15la base arrière
00:51:17du dispositif français
00:51:18a elle aussi été touchée
00:51:19de plein fouet.
00:51:20Ce qu'il y a eu à Hao
00:51:23notamment
00:51:24c'est la décontamination
00:51:25de ce qu'on appelait
00:51:26les vautours
00:51:26donc ces avions
00:51:27qui devaient passer
00:51:28dans le nuage radioactif
00:51:30pour faire des mesures
00:51:31et qui ensuite
00:51:33atterrissaient à Hao
00:51:34et donc il fallait
00:51:35les lessiver.
00:51:37Donc il y avait
00:51:37justement ces radio-éléments
00:51:38qui pouvaient rester
00:51:39sur l'endroit
00:51:40où ce qu'on appelle
00:51:41à l'heure actuelle
00:51:42la dalle vautour
00:51:43puisqu'on a coulé
00:51:44ensuite du béton dessus
00:51:45pour essayer
00:51:46de figer
00:51:46ces radio-éléments.
00:51:48C'est à l'heure actuelle
00:51:54une source d'inquiétude
00:51:55pour une partie
00:51:56de la population
00:51:56qui se dit
00:51:57si jamais par exemple
00:51:58il y a un cyclone
00:51:59comme il arrive
00:52:00de temps en temps
00:52:01en Polynésie
00:52:01est-ce que justement
00:52:02ça ne va pas fracturer
00:52:03ce béton
00:52:03et laisser se disperser
00:52:05ces radio-éléments
00:52:06qui se trouvent
00:52:07à l'intérieur par exemple.
00:52:13Depuis la signature
00:52:14en 1996
00:52:15du traité d'interdiction
00:52:16complète
00:52:17des essais nucléaires
00:52:18la France a d'ores
00:52:19et déjà accompli
00:52:20un travail titanesque
00:52:21dans la décontamination
00:52:23des nombreux sites
00:52:23utilisés
00:52:24pour ces essais nucléaires.
00:52:26Pourtant
00:52:27beaucoup reste à faire.
00:52:29Penser les plaies
00:52:30d'une société polynésienne
00:52:31que cette industrie
00:52:32a bouleversé
00:52:33indemniser les victimes
00:52:35dans un cadre plus humain
00:52:36dépolluer
00:52:37et surveiller
00:52:38dans la transparence
00:52:39les risques sismiques
00:52:40conséquences
00:52:41des explosions
00:52:42souterraines.
00:52:43Enfin
00:52:44offrir à ce pays
00:52:46d'outre-mer
00:52:46au sein de la République
00:52:48française
00:52:48un avenir digne
00:52:50de l'importance géographique
00:52:52qu'il occupe déjà
00:52:52dans la géostratégie
00:52:54du Pacifique.
00:52:55Nucléaire en Polynésie
00:53:05en quête de vérité
00:53:07documentaire réalisé
00:53:08par Emmanuel Amara
00:53:09car après l'Algérie
00:53:10c'est donc en Polynésie
00:53:11à plus de 15 000 kilomètres
00:53:13de Paris
00:53:14que se sont déroulés
00:53:15jusqu'en 1996
00:53:17les essais nucléaires français
00:53:19avec quelles conséquences
00:53:20sanitaires et environnementales
00:53:22une commission d'enquête
00:53:24parlementaire
00:53:24vient de rendre
00:53:25ses conclusions
00:53:26sur le sujet
00:53:26et nous allons maintenant
00:53:28y revenir
00:53:28avec nos invités
00:53:29présents aujourd'hui
00:53:30sur ce plateau
00:53:31de débats d'oc
00:53:32Méréana Red
00:53:33Arbelot
00:53:34pour commencer
00:53:35est avec nous
00:53:36bienvenue à vous
00:53:37vous êtes députée
00:53:38gauche démocrate
00:53:39et républicaine
00:53:40de Polynésie française
00:53:41vous êtes la rapporteure
00:53:42de cette commission
00:53:43d'enquête
00:53:43qui a rendu
00:53:45publiques
00:53:45ses conclusions
00:53:47c'était le 18
00:53:48juin dernier
00:53:50le président
00:53:51cette commission d'enquête
00:53:52n'avait pas la même étiquette
00:53:53que vous
00:53:53c'est la coutume
00:53:54lorsqu'on fait une commission
00:53:55d'enquête parlementaire
00:53:56il s'agissait de Didier Legac
00:53:58qui est lui
00:53:58député Renaissance
00:54:00nous allons revenir
00:54:01bien entendu avec vous
00:54:02sur ce que sont
00:54:03les conclusions
00:54:03de ces travaux
00:54:04ils ont duré
00:54:056 mois
00:54:06120 personnes auditionnées
00:54:0840 auditions
00:54:09autour donc
00:54:10de ces essais nucléaires
00:54:11en Polynésie
00:54:12nous allons en parler
00:54:13aussi avec vous
00:54:13Renaud Mels
00:54:14bienvenue à vous
00:54:15vous êtes directeur de recherche
00:54:16au CNRS
00:54:17et vous avez co-dirigé
00:54:18ce livre
00:54:19des bombes en Polynésie
00:54:20les essais nucléaires français
00:54:21dans le Pacifique
00:54:23publié aux éditions
00:54:24Vendémières
00:54:26vous avez été auditionné
00:54:27dans le cadre
00:54:28de cette commission d'enquête
00:54:30et on vous a vu
00:54:31également témoigner
00:54:32dans le film
00:54:33que nous venons de voir
00:54:33à l'instant
00:54:34et puis enfin avec nous
00:54:35François-Marie Bréon
00:54:36bienvenue à vous
00:54:37vous êtes climatologue
00:54:39et porte-parole
00:54:40de l'association française
00:54:42pour l'information
00:54:44scientifique
00:54:45on va commencer
00:54:46cette émission
00:54:47après ce film
00:54:48par une carte
00:54:50pour resituer
00:54:50peut-être
00:54:51pour ceux
00:54:51qui ne connaissent pas bien
00:54:53cette région du monde
00:54:54la Polynésie française
00:54:55avec notamment
00:54:57vous voyez en rouge
00:54:58Tahiti
00:54:58puisque c'est là
00:54:59que s'est installé
00:54:59le centre d'expérimentation
00:55:01du Pacifique
00:55:02créé par le général
00:55:04de Gaulle
00:55:05en 1962
00:55:06les essais nucléaires
00:55:08proprement dit
00:55:09ont eu lieu
00:55:10à plus de 1000 kilomètres
00:55:12au sud-est
00:55:13de Tahiti
00:55:141893 essais au total
00:55:16alors cette commission
00:55:18d'enquête
00:55:18elle n'arrive pas
00:55:19tout à fait par hasard
00:55:19il y a tout de même
00:55:20un historique
00:55:21et on va dire
00:55:22que l'omerta
00:55:22qui régnait
00:55:23autour de ces essais nucléaires
00:55:25en Polynésie française
00:55:26a été révélé
00:55:27par la presse
00:55:27qui pour le coup
00:55:28a plutôt bien fait son travail
00:55:29et par un site
00:55:31qui s'appelle
00:55:32Disclose
00:55:32c'était au début
00:55:33de l'année 2021
00:55:34et quelques mois plus tard
00:55:36le chef de l'état
00:55:38Emmanuel Macron
00:55:38s'est rendu sur place
00:55:40vous y étiez d'ailleurs
00:55:41en Polynésie française
00:55:42et il a eu ces mots
00:55:44je veux ici vous dire
00:55:45que la nation
00:55:45a une dette
00:55:46à l'égard de la Polynésie française
00:55:47cette dette
00:55:48est le fait d'avoir
00:55:49en effet
00:55:49abrité ces essais
00:55:51dont on ne peut
00:55:52absolument pas dire
00:55:53qu'ils étaient propres
00:55:55et il a ensuite déclaré
00:55:57vouloir la vérité
00:55:58et la transparence
00:56:00et pour obtenir
00:56:01la vérité
00:56:01et la transparence
00:56:02comme le souhaitait
00:56:03à l'époque
00:56:04le chef de l'état
00:56:04il faut commencer
00:56:05par la déclassification
00:56:07pleine et entière
00:56:08de toutes les archives
00:56:10évidemment sur le sujet
00:56:12ça fait parler d'ailleurs
00:56:14des premières préconisations
00:56:16de la conclusion
00:56:18de cette commission d'enquête
00:56:20des classifications
00:56:22parce que
00:56:22ce n'est pas le cas
00:56:24aujourd'hui
00:56:25cette déclassification
00:56:26n'est pas pleine et entière
00:56:27la création de cette commission
00:56:28d'enquête
00:56:29venait justement
00:56:30suite
00:56:31notamment
00:56:31au discours du président
00:56:33en 2021
00:56:34et ensuite
00:56:35donc
00:56:35en accession
00:56:36au mandat de député
00:56:37où j'ai voulu
00:56:38que la représentation nationale
00:56:39s'intéresse
00:56:40à ce sujet
00:56:41puisque ça ne s'était
00:56:42jamais fait auparavant
00:56:43dans le cadre
00:56:44d'une commission d'enquête
00:56:45et un des premiers aspects
00:56:47était
00:56:47pas la déclassification
00:56:50en elle-même
00:56:51mais plutôt
00:56:51l'accès aux archives
00:56:52puisqu'il faut avouer
00:56:53qu'il y a eu un effort
00:56:54de fait en 2013
00:56:55et ensuite en 2021
00:56:57mais il reste encore
00:56:58du travail à ce sujet
00:56:59Qu'est-ce qu'il reste
00:57:01à faire comme travail
00:57:02à ce sujet
00:57:03très précisément
00:57:04quelles sont les données
00:57:04dont on ne dispose pas
00:57:06aujourd'hui pour avoir
00:57:07un jugement très précis
00:57:08de ce qu'ont été
00:57:09les conséquences
00:57:10de ces essais nucléaires
00:57:11Alors certaines archives
00:57:12sont déclassifiées
00:57:13mais restent inaccessibles
00:57:15donc c'est travailler
00:57:16sur l'accessibilité
00:57:17de ces archives
00:57:18et aussi par exemple
00:57:19pour le CEA d'âme
00:57:20il y a des archives
00:57:22qui sont là-bas
00:57:23mais il n'y a pas
00:57:24d'inventaire
00:57:25donc c'est difficile
00:57:25pour les chercheurs
00:57:26de travailler
00:57:27sur des archives
00:57:28dont ils n'ont pas
00:57:29les inventaires
00:57:30ne sachant pas
00:57:31où aller
00:57:31enfin ce qu'ils veulent
00:57:32vraiment chercher
00:57:33et il reste encore
00:57:34mais je crois
00:57:35quelques documents
00:57:35à déclassifier
00:57:37Vous êtes l'un
00:57:38et l'autre intéressé
00:57:39évidemment
00:57:39ça fournit vos travaux
00:57:40ces fameuses archives
00:57:41alors Renaud Metz
00:57:42vous avez une appréciation
00:57:44très directe
00:57:45sur ce qui s'est passé
00:57:48et sur le secret
00:57:49entretenu sur place
00:57:50à l'occasion
00:57:50de ces essais
00:57:51vous déclarez
00:57:52la politique de gestion
00:57:53des risques
00:57:53a reposé sur le secret
00:57:55puis la dissimulation
00:57:57alors là expliquez-nous
00:57:59parce que ça expliquerait
00:58:00évidemment beaucoup de choses
00:58:02c'est-à-dire que la première
00:58:03campagne en 1966
00:58:05repose sur
00:58:06on va dire
00:58:06pour être poli
00:58:07une euphémisation
00:58:07du danger
00:58:08le danger
00:58:09est non pas nié
00:58:10mais on considère
00:58:11qu'il est maîtrisé
00:58:13et qu'on a
00:58:13un gouvernement du risque
00:58:14une administration
00:58:15par la technique du risque
00:58:16qui permet
00:58:17de limiter ce danger
00:58:18mais les choses évoluent
00:58:19dans le temps
00:58:20c'est-à-dire que
00:58:20le premier essai
00:58:21à le débarrant
00:58:22montre que ce danger
00:58:23n'est pas malheureusement
00:58:24complètement écarté
00:58:25et on va changer
00:58:26notamment le dispositif
00:58:27en passant des essais
00:58:28on l'a entendu
00:58:29dans le film
00:58:29sur barge
00:58:30à des essais en altitude
00:58:31qui seront moins contaminants
00:58:32pour les zones proches
00:58:33mais effectivement
00:58:35la dissimulation
00:58:36étant la règle
00:58:37pour la fabrication
00:58:39d'une arme atomique
00:58:39et l'occultation
00:58:41l'euphémisation du danger
00:58:42étant la règle
00:58:43pour rassurer
00:58:43les opinions publiques
00:58:44mais à toutes les échelles
00:58:45locales
00:58:46pour les polynésiens
00:58:46les îles les plus proches
00:58:47régionales
00:58:48pour les pays riverains
00:58:50et internationales
00:58:50parce qu'en fait
00:58:51les retombées
00:58:51elles font le temps du monde
00:58:52il y a eu une culture
00:58:53du secret
00:58:54qui s'est installée
00:58:54et c'est vrai
00:58:55qu'il y a
00:58:56vous l'avez dit
00:58:56un tournant
00:58:57avec l'enquête des discourses
00:58:58il y en a eu plusieurs
00:58:58en fait Vincent Jauvert
00:58:59en 1998
00:59:00a eu brutalement accès
00:59:02à des sources
00:59:02qui étaient totalement
00:59:03inaccessibles jusqu'à présent
00:59:04il a fait des papiers
00:59:05dans l'observateur
00:59:06qui ont éveillé
00:59:06la curiosité des historiens
00:59:07c'était sous le gouvernement
00:59:09Jospin
00:59:09les choses se sont refermées
00:59:10de façon très brutale
00:59:11puis au début du XXIe siècle
00:59:13les deux principales associations
00:59:14celle de Vétéran, Lavenne
00:59:16et celle d'ancien
00:59:16travailleur polynésien
00:59:17Morroa et Tatou
00:59:18ont engagé
00:59:19en prenant conscience
00:59:21de l'existence
00:59:21de ces sources
00:59:22qui changeaient
00:59:22tous leurs rapports
00:59:23à ce passé
00:59:24incontentieux avec l'Etat
00:59:27obtenir les déclassifications
00:59:28et en 2012-2013
00:59:29un premier corpus
00:59:31de documents très important
00:59:32a permis de comprendre
00:59:33effectivement
00:59:33ce qu'il y avait eu
00:59:34comme retombée
00:59:35qui avait été dissimulée
00:59:37et effectivement
00:59:37à partir de là
00:59:39on avait un premier corpus
00:59:40de connaissances
00:59:41et quand le président
00:59:42François Hollande
00:59:43est venu en Polynésie
00:59:44en 2016
00:59:45en disant
00:59:45il faut regarder
00:59:46en face ce passé
00:59:46on va ouvrir les archives
00:59:48le pays
00:59:49la Polynésie française
00:59:50a dit très bien
00:59:50mais qu'est-ce qu'on va
00:59:51avoir comme accès
00:59:53d'Emmanuel Macron
00:59:53non non je parlais
00:59:54pardon
00:59:55je parlais de François Hollande
00:59:56le président de la République
00:59:57française qui vient en 2016
00:59:58et à l'époque
00:59:58le président du gouvernement
01:00:00de la Polynésie française
01:00:00Edouard Fritsch
01:00:02dit très bien
01:00:02à son interlocuteur
01:00:03mais il nous faudra
01:00:04des documents
01:00:04et donc le pays
01:00:05Polynésie française
01:00:06a engagé des programmes
01:00:07de recherche
01:00:08et les archives
01:00:09et c'est cela qu'il faut
01:00:10comprendre la subtilité
01:00:10n'étaient pas accessibles
01:00:12à l'époque
01:00:12au titre d'un argument
01:00:13qui reste valable
01:00:14et que personne ne conteste
01:00:15qui était le risque
01:00:16de faire proliférer
01:00:17des secrets nucléaires
01:00:18et donc entre la fin 2018
01:00:20au moment où on commence
01:00:21les historiens
01:00:22à travailler sur ce sujet
01:00:22jusqu'en 21
01:00:23le moment où Emmanuel Macron
01:00:25décide de déclassifier
01:00:26quasiment tout
01:00:27et interdit la consultation
01:00:29au titre de la prolifération
01:00:30et la rupture de 21
01:00:32qu'évoquait Madame la députée
01:00:34c'est le fait
01:00:35qu'on reprend
01:00:36à nouveau frais
01:00:37toutes les archives
01:00:37qui étaient refusées
01:00:38aux historiens
01:00:38au titre de la prolifération
01:00:39des secrets nucléaires
01:00:40et on fait désormais
01:00:42la distinction
01:00:42entre des choses
01:00:43qui peuvent être gênantes
01:00:44en termes de conséquences
01:00:45sanitaires
01:00:46ou socio-économiques
01:00:46et culturelles
01:00:47et là on déclassifie massivement
01:00:48et on ne garde secrètes
01:00:50que les informations
01:00:51qui doivent effectivement
01:00:51rester secrètes
01:00:52à savoir les documents proliférants
01:00:53Alors si j'ai bien compris
01:00:55173 000 documents
01:00:58ont été déclassifiés
01:01:00du côté du ministère des armées
01:01:02mais seulement 380 documents
01:01:04du côté du commissariat
01:01:07à l'énergie atomique
01:01:08et là on touche très clairement
01:01:10à votre domaine
01:01:11aux scientifiques
01:01:12parce que le CEA fait foi
01:01:15en la matière
01:01:16alors ils n'auraient pas tout à fait
01:01:17le jeu
01:01:18joué le jeu de la déclassification
01:01:19pour l'instant
01:01:20c'est aussi vos constats
01:01:21ou vous considérez
01:01:21que vous travaillez aujourd'hui
01:01:22vous sur des données
01:01:24et analysez
01:01:25des données complètes
01:01:27et entières ?
01:01:28La présentation
01:01:28oublie quand même
01:01:29qu'en 2006
01:01:30donc ça fait pratiquement 20 ans
01:01:31le CEA a sorti
01:01:33un rapport extrêmement complet
01:01:34qui fait plusieurs centaines de pages
01:01:36et qui décrit
01:01:37l'ensemble des contaminations
01:01:39sur les différentes îles
01:01:40avec les doses reçues
01:01:44par l'alimentation
01:01:45par la radioactivité externe
01:01:47essai par essai
01:01:48pour les essais
01:01:49qui ont été contaminants
01:01:50donc dire que tout a changé
01:01:51au moment de la sortie
01:01:52de l'étudition
01:01:53je ne suis absolument pas d'accord
01:01:54je veux dire
01:01:55tout a changé
01:01:56à partir de la sortie
01:01:57de ce rapport en 2006
01:01:58qui je le répète
01:01:59est largement suffisant
01:02:00pour faire une évaluation
01:02:02des conséquences
01:02:03des sanitaires
01:02:03de ces essais
01:02:04donc les données
01:02:06alors on peut dire
01:02:07que ce ne sont pas des données
01:02:07pour les chercheurs
01:02:08mais en tout cas
01:02:09des données pour le public
01:02:10pour se faire une idée
01:02:11de quelles ont été réellement
01:02:13les contaminations
01:02:13du fait des essais
01:02:14ça existe
01:02:15dès 2006
01:02:16alors vous pouvez peut-être
01:02:18répondre à ce qui vient
01:02:19d'être dit
01:02:20puisque j'ai vu
01:02:20que devant votre commission
01:02:23d'enquête
01:02:23le ministre de la défense
01:02:24Sébastien Lecornu
01:02:25a justifié ce retard
01:02:27du côté du CEA
01:02:28par je cite
01:02:29le fait que le CEA
01:02:30n'a absolument pas
01:02:31les ressources humaines
01:02:32pour traiter correctement
01:02:34leur système d'archives
01:02:35Effectivement 2006
01:02:37c'est peut-être il y a 20 ans
01:02:38mais c'est aussi
01:02:3920 ans après
01:02:4010 ans après
01:02:41la fin des essais nucléaires
01:02:42soit 40 ans
01:02:43après le début
01:02:44des essais nucléaires
01:02:45donc ce document
01:02:47de 2006 du CEA
01:02:49est important
01:02:50mais toutes les données
01:02:51ne viennent que
01:02:52de l'opérateur
01:02:53en fait
01:02:54des essais nucléaires
01:02:54il n'y a aucune
01:02:55entité contradictoire
01:02:57qui peut apporter
01:02:59soit une affirmation
01:03:01ou soit une contradiction
01:03:03à ces données
01:03:03voilà
01:03:04Pour réagir un instant
01:03:07c'est peut-être la petite différence
01:03:08qu'il y a entre un climatologue
01:03:09et un historien
01:03:09c'est-à-dire que le rapport
01:03:10de 2006
01:03:11il produit des données
01:03:13et il est extrêmement précieux
01:03:14parce qu'on n'a pas de raison
01:03:15a priori de contester
01:03:16la validité de ces données
01:03:18mais on n'a pas
01:03:19les données brutes
01:03:20si vous voulez
01:03:20on a un organisme d'État
01:03:22qui ne donne pas
01:03:23ces archives
01:03:23mais qui fait un rapport
01:03:24les historiens
01:03:25ils travaillent à partir
01:03:25de sources brutes
01:03:26et là c'est vrai
01:03:28qu'il y a une asymétrie
01:03:29considérable entre les armées
01:03:30qui jouent le jeu
01:03:31et la direction
01:03:33des applications militaires
01:03:34des CEA
01:03:34qui ne nous ouvrent pas
01:03:35les portes
01:03:36de ces archives
01:03:36donc on n'a pas
01:03:38un rapport symétrique
01:03:39entre les sources militaires
01:03:41et les sources civiles
01:03:43On va voir un extrait
01:03:44du film
01:03:45pour essayer de comprendre
01:03:47l'enjeu
01:03:49d'une question centrale
01:03:50qui est bien évidemment
01:03:52les conséquences sanitaires
01:03:54de ces essais
01:03:54sur place
01:03:55en Polynésie française
01:03:56En 2021
01:03:58une étude de l'université
01:04:00de Princeton
01:04:01a affirmé
01:04:02que les essais
01:04:02avaient touché
01:04:03en Polynésie
01:04:03un territoire grand
01:04:04comme le continent européen
01:04:06et 110 000 habitants
01:04:08sans compter
01:04:09les dizaines de milliers
01:04:10de militaires français
01:04:11La France a promulgué
01:04:13en 2010
01:04:14une loi qui reconnaît
01:04:15et indemnise
01:04:16des victimes
01:04:17des essais nucléaires
01:04:18Mais le comité
01:04:19d'indemnisation
01:04:20des victimes
01:04:21d'essais nucléaires
01:04:21le CIVEN
01:04:22est très dissuasif
01:04:24Il indemnise
01:04:25au compte-gouttes
01:04:26Beaucoup d'anciens militaires
01:04:28n'effectuent
01:04:28aucune démarche
01:04:29même si nombre d'entre eux
01:04:31ont des problèmes
01:04:31de santé
01:04:32Alors ce qui pose
01:04:33réellement problème
01:04:34sur les conséquences sanitaires
01:04:36c'est cette fameuse période
01:04:381966
01:04:391975
01:04:41et surtout
01:04:42un essai
01:04:43celui de 1974
01:04:45ça a d'ailleurs
01:04:45été très bien dit
01:04:46dans le documentaire
01:04:47que nous avons vu ensemble
01:04:48qui aurait pu
01:04:49contaminer
01:04:51jusqu'à 110 000 personnes
01:04:53c'est ce que dit
01:04:54en tout cas
01:04:54Disclose
01:04:56ça a toujours été
01:04:58une conclusion
01:04:58qui a été contestée
01:04:59par le commissariat
01:05:00à l'énergie atomique
01:05:01mais en revanche
01:05:02qui a été confirmée
01:05:03par l'autorité
01:05:06de sûreté nucléaire
01:05:07et de radioprotection
01:05:08la SNR
01:05:09devant votre commission
01:05:11d'enquête parlementaire
01:05:12Simplement aujourd'hui
01:05:13et là vous allez pouvoir
01:05:14engager l'échange
01:05:15que peut-on dire
01:05:17de ces fameuses
01:05:18conséquences sanitaires
01:05:19sur place
01:05:20suite à ces essais
01:05:22et que conclut
01:05:23votre commission
01:05:24d'enquête
01:05:24sur le sujet
01:05:25Alors ce qui est important
01:05:26de noter
01:05:27c'est la lenteur
01:05:29aussi
01:05:29de la communication
01:05:31des informations
01:05:32et une fois
01:05:33qu'elles ont été
01:05:34communiquées
01:05:34comme je le disais
01:05:35plus tôt
01:05:36elles ne proviennent
01:05:37que d'une seule source
01:05:38et on n'a pas moyen
01:05:39de trouver
01:05:40d'autres données
01:05:41donc elles sont
01:05:42à la fois
01:05:43le CEP
01:05:44le CEA
01:05:45a le monopole
01:05:46de ces données
01:05:47il est le seul
01:05:48à avoir des données
01:05:50et ça peut
01:05:51emmener de la défiance
01:05:52parce que moi
01:05:52je suis à l'écoute
01:05:53en fait des populations
01:05:54qu'elles soient
01:05:55polynésiennes
01:05:56ou celles des vétérans
01:05:57parce qu'on a
01:05:57beaucoup de retours
01:05:58de vétérans
01:05:58qui ne se sentent pas
01:06:00représentés
01:06:03ou en tout cas
01:06:04reconnus
01:06:05par les textes
01:06:06aujourd'hui
01:06:06qui régissent
01:06:07ne serait-ce que
01:06:08le dispositif
01:06:09d'internisation
01:06:09des victimes
01:06:10des essais nucléaires
01:06:11donc voilà
01:06:13le CEA
01:06:15affirme
01:06:17que 6 ou 7 tirs
01:06:18auraient été problématiques
01:06:20donc 6 ou 7 tirs
01:06:21d'autres disent
01:06:22un peu plus
01:06:23voilà
01:06:23tout ça fait
01:06:24apporter
01:06:26un manque de confiance
01:06:27parce que
01:06:28cette affirmation
01:06:29arrive plusieurs
01:06:30dizaines d'années
01:06:31après les tirs eux-mêmes
01:06:32la période
01:06:33dite atmosphérique
01:06:34donc
01:06:35on peut
01:06:36comprendre aussi
01:06:37le sentiment
01:06:38des populations
01:06:39vis-à-vis
01:06:39de ces affirmations
01:06:41et il est vrai
01:06:42que l'essai
01:06:43sans tort
01:06:43le panache
01:06:45est passé
01:06:45sur toute la Polynésie
01:06:46et notamment
01:06:47sur les zones
01:06:47les plus habitées
01:06:48alors très concrètement
01:06:49votre rapport
01:06:50en tout cas
01:06:50ses conclusions
01:06:51que j'ai sous les yeux
01:06:52lui préconise
01:06:54la suppression
01:06:54du seuil
01:06:55de 1 millisier verte
01:06:56et ce seuil
01:06:57ne permet pas
01:06:58dites-vous
01:06:59de déterminer
01:07:00le lien
01:07:00ou l'absence
01:07:01de lien
01:07:02entre les maladies
01:07:03radioinduites
01:07:03et les essais nucléaires
01:07:04réalisés en Polynésie française
01:07:06expliquez-nous ça
01:07:06c'est pas moi
01:07:07qui le dit
01:07:08c'est la science
01:07:09avec un grand S
01:07:10et M. Laurier
01:07:11par exemple
01:07:12le directeur adjoint
01:07:13de la SNR
01:07:14le dit bien
01:07:15dans son audition
01:07:16que le seuil
01:07:18du millisier verte
01:07:19est un seuil
01:07:19a priori
01:07:20à ne pas atteindre
01:07:21en termes
01:07:22de radioprotection
01:07:23pour protéger
01:07:24la population civile
01:07:25et là on applique
01:07:26ce seuil
01:07:26dans un dispositif
01:07:28d'anonymisation
01:07:28qui parle d'individus
01:07:30qui ont vécu
01:07:31une situation
01:07:31il y a plus de 40 ans
01:07:33avec des données
01:07:34des problèmes
01:07:35sur les mesures
01:07:35je vais passer
01:07:36sur le monopole
01:07:37des données du CEP
01:07:38mais je vais vous parler
01:07:39de dosimètres
01:07:40on applique à des individus
01:07:42alors qu'ils n'ont même pas
01:07:43eux-mêmes porté
01:07:44de dosimètres individuels
01:07:46et pas seulement
01:07:47les populations
01:07:48les populations
01:07:48n'en avaient pas
01:07:49mais sur les travailleurs
01:07:50sur place
01:07:51sur site
01:07:52tous les travailleurs
01:07:53n'en avaient pas
01:07:54donc on applique
01:07:55des mesures d'ambiance
01:07:58des mesures
01:07:58on va dire
01:07:59globales
01:08:00pour des individus
01:08:01et ça
01:08:02ce n'est pas
01:08:03ce n'est pas
01:08:03entendable
01:08:04je vous donne la parole
01:08:06sur ce sujet
01:08:06parce que là
01:08:07c'est vraiment votre domaine
01:08:08et je crois que vous le contestez
01:08:09je voudrais revenir
01:08:10un tout petit peu en arrière
01:08:11quand vous avez dit
01:08:11que c'était l'excuse
01:08:12Disclose
01:08:13qui avait montré
01:08:14qu'il y avait eu
01:08:15des contaminations
01:08:16sur Tahiti
01:08:17ce n'est pas vrai du tout
01:08:18dans le rapport de 2006
01:08:19c'est écrit très clairement
01:08:21le rapport est écrit
01:08:22très clairement
01:08:23que effectivement
01:08:24l'essai Centaure
01:08:24a contaminé
01:08:25l'île de Tahiti
01:08:26donc arrêtons de dire
01:08:27que c'est grâce à Disclose
01:08:28qu'on sait ça
01:08:29ensuite
01:08:30ce que disait
01:08:31le rapport de 2006
01:08:33et ce qui est confirmé
01:08:34par l'étude Disclose
01:08:35c'est que la contamination
01:08:36a été de l'ordre
01:08:37de 1 millisieverte
01:08:39et on sait
01:08:41la science sait
01:08:42que la dose
01:08:44de 1 millisieverte
01:08:44c'est tout petit
01:08:45c'est à dire que
01:08:46chaque année
01:08:47la radioactivité naturelle
01:08:49c'est plus que ça
01:08:50quand on fait
01:08:52un examen médical
01:08:53de type scanner
01:08:54on se prend
01:08:5410 millisieverte
01:08:55il y a des régions du monde
01:08:57où la radioactivité naturelle
01:08:58est 20 millisieverte par an
01:09:00donc 1 millisieverte
01:09:01c'est rien du tout
01:09:02alors madame
01:09:04a cité Dominique Laurier
01:09:06effectivement
01:09:06qui est quelqu'un
01:09:07particulièrement compétent
01:09:08qui travaille en France
01:09:10à la SNR
01:09:11qui est responsable
01:09:11qui est dans l'équipe
01:09:12de direction
01:09:13du département santé
01:09:14et qui a très clairement
01:09:16expliqué au cours
01:09:17de vos éditions
01:09:17que pour ces contaminations-là
01:09:20l'immense majorité
01:09:22plus de 99%
01:09:24des cancers
01:09:24qui sont en Polynésie
01:09:25ne sont pas dus
01:09:26aux essais nucléaires
01:09:27il le dit
01:09:28très clairement
01:09:29si vous voulez
01:09:30je vous cite un petit peu
01:09:30son passage
01:09:31je l'ai sous les yeux
01:09:32il y a
01:09:33l'augmentation
01:09:34des cancers
01:09:35pour une exposition
01:09:37à la radioactivité
01:09:37de 1 millisieverte
01:09:39va être de moins de 1%
01:09:41nettement de moins de 1%
01:09:42c'est lui
01:09:43qui l'a dit
01:09:44très explicitement
01:09:45alors
01:09:46juste pour qu'on comprenne bien
01:09:47pourquoi il y a
01:09:48une controverse scientifique
01:09:49les données
01:09:50apportées par le rapport
01:09:51du CEA
01:09:52qui a été évoqué
01:09:52à plusieurs reprises
01:09:53concernent les retombées
01:09:55qui ont été mesurées
01:09:56par des appareils
01:09:56dont personne ne remet
01:09:57en question la fiabilité
01:09:59donc on sait
01:09:59ce qu'il y a effectivement
01:10:00dans l'atmosphère
01:10:02et qui retombe
01:10:03là où ça devient
01:10:03un peu plus compliqué
01:10:04c'est évaluer
01:10:05non pas le jour J
01:10:07ce que vous recevez
01:10:09en l'inhalant
01:10:09mais pendant toute votre vie
01:10:11quand vous êtes
01:10:12un habitant des Gambiers
01:10:13de Réaô
01:10:14de Touréa
01:10:14voire de Tahiti
01:10:16ce que vous ingérez
01:10:17à travers l'eau des citernes
01:10:18à travers l'eau des cocos
01:10:20ça a été rappelé
01:10:21et à travers
01:10:22ce que vous mangez
01:10:23et ça c'est des évaluations
01:10:24que le CEA a fait sans doute
01:10:25plus ou moins de bonne foi
01:10:26à l'époque en essayant
01:10:27de faire des calculs
01:10:29sur la réalité
01:10:29des rations alimentaires
01:10:30mais là
01:10:31c'est là que le travail
01:10:31de l'historien
01:10:32qui ne connaît rien
01:10:33à l'épidémiologie
01:10:34qui ne va pas vous expliquer
01:10:34quelle est la part
01:10:36des cancers qui sont radio-induits
01:10:37et ceux qui viennent
01:10:37d'autres facteurs
01:10:38l'historien peut apporter des choses
01:10:40d'abord parce qu'il va voir
01:10:41justement dans les sources
01:10:41quand elles lui sont données
01:10:42le CEA ne le fait pas
01:10:43mais les militaires
01:10:44permettent de le voir
01:10:44parfois les citernes
01:10:46n'étaient pas neutralisées
01:10:47parfois on n'avait pas
01:10:47les moyens pour le faire
01:10:48parfois les consignes
01:10:49de ne pas manger les cocos
01:10:50n'étaient pas suivies
01:10:51ça arrivait même souvent
01:10:52parfois les consignes
01:10:52de ne pas pêcher
01:10:53n'étaient pas suivies
01:10:54ça arrivait souvent
01:10:55donc les évaluations
01:10:56sur ce que
01:10:56non pas ce qui est retombé
01:10:58mais ce qui a été ingéré
01:10:59après les retombées
01:11:00dans le temps long
01:11:00ça, ça prête à discussion
01:11:02c'est compliqué
01:11:03et c'est d'autant plus compliqué
01:11:05que effectivement
01:11:07comme l'a dit madame la députée
01:11:08tout le monde n'avait pas
01:11:09des dosimètres
01:11:09mais quand il y a eu
01:11:10des examens
01:11:11il y en a eu beaucoup
01:11:11les populations
01:11:12n'avaient pas le résultat
01:11:13de ces examens
01:11:14et la science du coup
01:11:16a mis beaucoup de temps
01:11:17à se faire
01:11:17y compris en épidémiologie
01:11:18Florent Devater a isolé
01:11:20à peu près une trentaine
01:11:21de cas de cancers
01:11:22de la thyroïde
01:11:22imputables aux radiations
01:11:24mais il a commencé
01:11:25ce travail en 1994
01:11:26c'est en 2023
01:11:27qu'il a rendu ses conclusions
01:11:27parce qu'il n'avait pas accès
01:11:28justement à ces résultats
01:11:29des dosimètres
01:11:30il n'avait pas accès
01:11:30à ces données
01:11:31et ça nourrit forcément
01:11:32la suspicion
01:11:33ou la défiance
01:11:34de la population
01:11:35polynésienne
01:11:35ou des vétérans
01:11:36Je vous préconise
01:11:38la suppression
01:11:39de ce critère
01:11:41à ce niveau
01:11:42parce qu'il conditionne
01:11:43les indemnisations
01:11:44ce critère
01:11:45pour les 23 cancers
01:11:46je crois
01:11:46qui sont à ce stade
01:11:48les 23 pathologies
01:11:49qu'on espère pouvoir
01:11:51élargir
01:11:52au niveau
01:11:54du nombre de pathologies
01:11:55mais c'est vrai
01:11:56que le seuil
01:11:57du millisie verte
01:11:57n'a pas de scientificité
01:11:58en l'état
01:11:59d'application
01:12:00dans cette situation
01:12:01je voudrais rebondir
01:12:03mais vous avez entendu
01:12:03ce qui a été dit
01:12:04en fait
01:12:05ça n'a pas de lien
01:12:07le seuil
01:12:08être en dessous du seuil
01:12:09ne garantit pas
01:12:12un non lien
01:12:12et être au dessus du seuil
01:12:13ne garantit pas
01:12:14un lien
01:12:14donc il n'est pas du tout
01:12:16approprié
01:12:16à la situation
01:12:17et c'est pour ça
01:12:18que nous législateurs
01:12:19on veut apporter
01:12:21un autre regard
01:12:22au texte
01:12:24parce qu'on a vu
01:12:25par retour
01:12:26des associations
01:12:27par retour
01:12:28des populations
01:12:28et aussi
01:12:29des vétérans
01:12:31que la loi
01:12:32ne répond pas
01:12:33à l'attente
01:12:34des gens
01:12:35donc on souhaite
01:12:37supprimer
01:12:39tout simplement
01:12:39ce seuil
01:12:40parce qu'en plus
01:12:41il y a
01:12:43une grande incertitude
01:12:44sur l'exposition
01:12:45interne
01:12:46comme disait
01:12:47monsieur Meltz
01:12:47comment on peut
01:12:49juger
01:12:49de ce qu'a ingéré
01:12:51un individu
01:12:52alors qu'il n'y avait
01:12:53pas forcément
01:12:54de préconisation
01:12:55à l'époque
01:12:56on ne disait pas
01:12:56aux gens
01:12:57ne mangez pas
01:12:58de légumes
01:12:59ne buvez pas
01:13:00de lait
01:13:01du plateau
01:13:01de Taravao
01:13:02et ça
01:13:03c'est avéré
01:13:04il n'y a pas eu
01:13:05de protection
01:13:06à l'époque
01:13:07des populations
01:13:07alors que le nuage
01:13:09toxique de Centaure
01:13:10a mis 48 heures
01:13:11pour arriver
01:13:12sur Tahiti
01:13:12il n'y a eu
01:13:13aucune consigne
01:13:15de protection
01:13:16de la population
01:13:17donc aujourd'hui
01:13:18on leur attribue
01:13:19une dose
01:13:20externe
01:13:21donc par les données
01:13:22monopolisées
01:13:23par le CEA
01:13:24et une dose
01:13:25interne
01:13:26une moyenne
01:13:27qu'on donne
01:13:27à chaque Polynésien
01:13:28mais qui dit
01:13:29que c'est la bonne
01:13:30personne
01:13:31alors c'est difficile
01:13:32d'y voir clair
01:13:33lorsqu'on se plonge
01:13:34dans ce dossier
01:13:35avant de vous donner
01:13:36la parole
01:13:36je vais tout de même
01:13:37citer
01:13:37parce que je l'ai trouvé
01:13:38une étude présentée
01:13:39par l'Inserm
01:13:40cette fois
01:13:40à l'Institut National
01:13:41de la Santé
01:13:42et de la Recherche Médicale
01:13:44étude en 2023
01:13:46qui révélait
01:13:46que les exercices
01:13:47nucléaires français
01:13:48pourraient être responsables
01:13:50il y a tout de même
01:13:51l'utilisation du conditionnel
01:13:52de 0,6
01:13:53à 7,7%
01:13:55des cas de cancer
01:13:56de la thyroïde
01:13:56par exemple
01:13:57en Polynésie
01:13:58donc il y aurait bien
01:13:59tout de même
01:14:00des conséquences sanitaires
01:14:01détectables
01:14:02notables
01:14:02et estampillées
01:14:04non non
01:14:04pas détectables
01:14:05notables
01:14:06ça c'est sur la base
01:14:07d'un calcul
01:14:08effectivement
01:14:08mais une augmentation
01:14:09des cancers
01:14:10de 2%
01:14:11des cancers
01:14:11de la thyroïde
01:14:12c'est dans le bruit statistique
01:14:13donc ce n'est pas
01:14:14observable
01:14:15statistiquement
01:14:16dans le cadre
01:14:16d'une étude épidémiologique
01:14:18d'accord
01:14:18mais à aucun moment
01:14:20je vous ai dit
01:14:20qu'il y avait
01:14:20zéro impact
01:14:22j'ai dit que
01:14:23ces impacts
01:14:24étaient particulièrement faibles
01:14:25donc là
01:14:26le rapport
01:14:28qui a été fait
01:14:28suggère que
01:14:29finalement
01:14:30tous les cancers
01:14:31de Polynésie
01:14:32soient considérés
01:14:33comme de nature
01:14:34radioinduite
01:14:35c'est ça qui va se passer
01:14:36si vous faites sauter
01:14:37le seuil
01:14:38d'un millisie verte
01:14:39alors que
01:14:40la science
01:14:40nous dit
01:14:41il permettrait
01:14:41d'augmenter
01:14:42le nombre d'indemnisés
01:14:43pour dire les choses
01:14:44concrètement
01:14:44c'est tout ce que voit
01:14:46en fait
01:14:47c'est tout ce que voit
01:14:48c'est ouvrir les vannes
01:14:49il l'a dit
01:14:51sur une tribune
01:14:52donc c'est pas du tout
01:14:53l'approche
01:14:54que nous souhaitons faire
01:14:55puisque la science
01:14:56ne sait pas dire
01:14:57aujourd'hui
01:14:57ne sait pas dire
01:14:58si un cancer
01:15:00ou un autre
01:15:01est lié ou pas
01:15:02au rayonnement ionisant
01:15:03donc quel que soit le seuil
01:15:05même pour un seuil
01:15:06très très bas
01:15:07on pourrait diviser
01:15:08par 100
01:15:08le seuil du millisie verte
01:15:10on ne sait pas encore
01:15:11on ne saura pas
01:15:12la science ne le dit pas
01:15:13donc moi
01:15:13monsieur
01:15:14je ne souhaite pas
01:15:15faire dire au droit
01:15:16ce que la science
01:15:17ne sait pas dire
01:15:18alors indemnisation
01:15:19s'il vous plaît
01:15:20alors vous répondez
01:15:21allez-y
01:15:21la proposition
01:15:23que vous faites
01:15:24dans le rapport
01:15:24dit que
01:15:25pour être indemnisé
01:15:26donc pour être reconnu
01:15:28victime des essais nucléaires
01:15:29il faudra simplement
01:15:30avoir vécu sur place
01:15:32au moment des essais nucléaires
01:15:33et avoir un cancer
01:15:35dans la liste
01:15:36donc ça veut bien dire
01:15:37que tous les cancers
01:15:39de polydésie
01:15:39pour les gens
01:15:40qui ont vécu là-bas
01:15:41à cette époque
01:15:42seront considérés
01:15:43comme étant
01:15:43de nature radioinduite
01:15:44alors que
01:15:45toutes les études
01:15:46scientifiques du sujet
01:15:47vous disent que
01:15:48c'est moins de 1%
01:15:49de ceux-là
01:15:50qui sont effectivement
01:15:51de nature radioinduite
01:15:52on ne sait pas dire
01:15:53la science ne sait pas dire
01:15:54lui c'est de nature radioinduite
01:15:56lui c'est le départ
01:15:57exactement
01:15:58donc peut-être
01:15:59qu'on peut faire le choix
01:16:01d'indemniser tout le monde
01:16:03comme ça on est sûr
01:16:04de rater personne
01:16:04par contre
01:16:05de faire croire aux gens
01:16:06qu'il y a eu
01:16:07plusieurs centaines
01:16:08de cancers
01:16:09qui sont effectivement
01:16:10radioinduit
01:16:11ça c'est contraire
01:16:12à la science
01:16:13alors ce n'est pas du tout
01:16:14ce qu'on veut faire croire
01:16:15justement l'approche
01:16:16est différente
01:16:16nous on est législateur
01:16:18donc on ne peut pas aller
01:16:20sur une présomption
01:16:20de causalité
01:16:21puisque le lien de causalité
01:16:23n'est pas démontrable
01:16:24par la science
01:16:25il faut faire autre chose
01:16:27il faut avoir une autre approche
01:16:28et c'est l'approche
01:16:29de la présomption
01:16:30d'exposition
01:16:30c'est ça
01:16:31et c'est toute la différence
01:16:34on n'est pas en train
01:16:35de dire que tous les cancers
01:16:36en Polynésie
01:16:37ou des vétérans
01:16:38sont dus aux expositions
01:16:39mais
01:16:40pardon
01:16:41aux radiations
01:16:42mais il y a eu
01:16:43un risque d'exposition
01:16:44qui a été pris
01:16:44et c'est tout le chapitre 1
01:16:46du rapport
01:16:47c'est le choix du site
01:16:48si le choix du site
01:16:49s'est porté
01:16:49sur le désert saharien
01:16:50et sur la Polynésie
01:16:52c'est bien parce qu'il y avait
01:16:53très peu de population
01:16:54dans ces contrées
01:16:55et je renvoie bien sûr
01:16:56à tous ceux et celles
01:16:57qui nous regardent
01:16:58à aller consulter ce rapport
01:16:59elle est en ligne
01:17:00sur le site
01:17:00de l'Assemblée nationale
01:17:02deuxième extrait
01:17:02du documentaire
01:17:04sur place
01:17:04sur place chez vous
01:17:05en Polynésie française
01:17:06et bien on demande des comptes
01:17:08et
01:17:08notamment concernant
01:17:10les indemnisations
01:17:11nous avons déposé
01:17:14124 dossiers
01:17:16officiellement
01:17:17obtenus réparations
01:17:18que sur 23 dossiers
01:17:20et nous avons en instance
01:17:221000 dossiers
01:17:22quand on s'imagine
01:17:25qu'à l'allure où va
01:17:26le SIVEN
01:17:28à savoir
01:17:30entre 10
01:17:32et 20 dossiers
01:17:33par an
01:17:34ne serait-ce qu'au niveau
01:17:35de Moruru et Tantou
01:17:37dans 100 ans
01:17:37avec nos 1000 dossiers
01:17:39en instance
01:17:39on sera toujours là
01:17:40donc c'est le comité
01:17:43d'indemnisation
01:17:44des victimes
01:17:44des essais nucléaires
01:17:45le SIVEN
01:17:46qui est chargé
01:17:46de gérer
01:17:48ces fameuses indemnisations
01:17:50suite à la loi Morin
01:17:52du nom d'Hervé Morin
01:17:53qui était à l'époque
01:17:53ministre de la Défense
01:17:55c'était en 2010
01:17:56cette loi Morin
01:17:57qui vise à indemniser
01:17:59les victimes
01:18:00des essais nucléaires
01:18:00pas seulement d'ailleurs
01:18:01en Polynésie française
01:18:02qu'est-ce qu'on peut dire
01:18:03de l'avancée
01:18:05des indemnisations
01:18:07de la prise en compte
01:18:08ça semble compliqué
01:18:09tout de même
01:18:10alors déjà on peut dire
01:18:10que la loi Morin
01:18:11en soi fait bouger les lignes
01:18:13c'est une pression politique
01:18:14qui vient d'en bas
01:18:15qui est relayée
01:18:16par les députés
01:18:17que ce soit les députés
01:18:18beaucoup de l'ouest
01:18:19de la France
01:18:19où il y a beaucoup
01:18:20de vétérans
01:18:20et les députés de Polynésie
01:18:22les élus de Polynésie
01:18:22et les associations
01:18:24et l'historien que je suis
01:18:26quand je vais voir
01:18:26dans les archives
01:18:26à partir de 2010
01:18:27j'arrive à avoir
01:18:28quelques archives
01:18:29aussi récentes que ça
01:18:30et on voit bien
01:18:31que le ministre
01:18:32que le cabinet du ministre
01:18:33demande des éléments
01:18:34de langage
01:18:34et on voit bien
01:18:35que le service de suivi
01:18:37des centres d'essais nucléaires
01:18:38est assez réticent
01:18:39et assez partagé
01:18:40on a par exemple
01:18:41toute une note
01:18:42qui donne des précisions
01:18:44sur le raté
01:18:45d'un essai
01:18:46qui cette fois
01:18:46s'est fait en Algérie
01:18:47le 1er mai 1962
01:18:48Beryl
01:18:48et on a des chiffres
01:18:50très précis
01:18:51qui sont donnés au cabinet
01:18:52par le département
01:18:53de suivi
01:18:53des centres d'essais nucléaires
01:18:55et qui donnent
01:18:56322 cas
01:18:58de personnel
01:18:59de la défense
01:18:59qui sont entre
01:19:005 et 300
01:19:01mini-sivert
01:19:01d'exposition
01:19:02et 437 agents
01:19:05du CEA
01:19:05et on a des débats
01:19:07au sein même
01:19:07de ce département
01:19:09pour savoir
01:19:09est-ce qu'on peut communiquer
01:19:10est-ce que c'est du proliférant
01:19:11et il y a un médecin
01:19:12qui dit de bonne foi
01:19:12ben non on n'est pas
01:19:13dans la prolifération
01:19:13du secret nucléaire
01:19:14on est dans le sanitaire
01:19:15donc il faut communiquer
01:19:16et on voit un autre médecin
01:19:16qui dit
01:19:17non non
01:19:17on ne communique pas
01:19:18ces sources
01:19:19et c'est là
01:19:20si vous voulez
01:19:21qu'il y a cette suspicion
01:19:21qui demeure
01:19:22et l'État a quand même
01:19:23fait un vrai progrès
01:19:25ces dernières années
01:19:26après la décision
01:19:27et la venue
01:19:28d'Emmanuel Macron
01:19:29de déclassifier les archives
01:19:30avec une politique du aller vers
01:19:32qui fait que l'État
01:19:33maintenant facilite
01:19:34les démarches
01:19:34pour que les Polynésiens
01:19:35qui sont dans un atoll
01:19:36très reculé
01:19:36n'aient pas à constituer
01:19:38sans photocopie
01:19:39sans éléments
01:19:40clairs administratifs
01:19:41un dossier
01:19:42qui est très difficile
01:19:42à constituer
01:19:44Alors suite à cette loi
01:19:4580 millions d'euros
01:19:46tout de même
01:19:47ont été versés
01:19:47aux témoins
01:19:48des essais atomiques
01:19:49de la France
01:19:51Alors en 2023
01:19:52du côté de la Polynésie française
01:19:53c'est les chiffres
01:19:54dont je dispose
01:19:55sur 2846 dossiers
01:19:57déposés devant le CIVEN
01:19:59moins de la moitié
01:20:00avaient été jugés
01:20:00recevables à ce stade
01:20:02Vous avez des chiffres
01:20:03peut-être plus actualisés
01:20:05aujourd'hui ?
01:20:06Oui alors il y a eu
01:20:063661 demandes
01:20:09de déposés
01:20:10et à l'heure d'aujourd'hui
01:20:121206 dossiers favorables
01:20:16ont été prononcés
01:20:17par le CIVEN
01:20:18et le rapport en fait
01:20:21préconise pas mal
01:20:22d'améliorations
01:20:24dans les pratiques administratives
01:20:26donc des choses
01:20:27qu'on peut tout de suite
01:20:28appliquer
01:20:29pour le CIVEN
01:20:31qui est
01:20:31une entité
01:20:33centrale
01:20:34dans l'application
01:20:35et l'indemnisation
01:20:36des malades
01:20:38on préconise
01:20:40qu'il soit plus proche
01:20:41en fait du malade
01:20:42aujourd'hui par exemple
01:20:43je vous cite un exemple
01:20:44si un malade
01:20:45est déclaré victime
01:20:47ou non victime
01:20:48d'ailleurs
01:20:48il ne peut pas avoir accès
01:20:50à sa dose efficace
01:20:51le CIVEN
01:20:52ne lui donnait pas
01:20:53et la commission d'enquête
01:20:54lors des auditions
01:20:55on a demandé au CIVEN
01:20:56mais enfin quelque chose
01:20:57qui décide
01:20:58pour le statut
01:21:00d'une personne
01:21:01d'un individu
01:21:01il a droit quand même
01:21:03c'est l'application du droit
01:21:04et il a droit quand même
01:21:05à savoir
01:21:05s'il est à 0,9
01:21:06ou 0,1
01:21:07ou 1,5
01:21:08et ça ne l'était pas
01:21:09et ça ne facilitait pas
01:21:12le rapprochement
01:21:13et puis la confiance
01:21:14des demandeurs
01:21:16des populations
01:21:16et du CIVEN
01:21:18donc on a fait
01:21:19cette préconisation
01:21:20c'est un exemple
01:21:20parmi d'autres
01:21:21Oui donc
01:21:22aujourd'hui
01:21:23il y a déjà
01:21:241200 personnes
01:21:24qui sont légalement
01:21:26déclarées
01:21:27comme étant victimes
01:21:28des essais nucléaires
01:21:28légalement
01:21:29alors que la science
01:21:30nous dit
01:21:30que le vrai nombre
01:21:32de gens
01:21:32qui ont développé
01:21:33un cancer
01:21:34du fait des essais nucléaires
01:21:35est au moins
01:21:3610 fois inférieur
01:21:36au moins 10 fois inférieur
01:21:38et en ouvrant
01:21:39je dis bien
01:21:39ouvrant les vannes
01:21:40effectivement
01:21:40en supprimant
01:21:41le seuil de l'inmissifère
01:21:42ça va permettre
01:21:43à des gens
01:21:44de déposer à nouveau
01:21:45des dossiers
01:21:46ça va permettre
01:21:47à plus de gens
01:21:48d'avoir leur dossier
01:21:49accepté
01:21:49parce qu'aujourd'hui
01:21:50il était refusé
01:21:51sur la base
01:21:52de ce critère
01:21:52de Amélie Sivert
01:21:53et donc on va avoir
01:21:54une différence
01:21:56encore plus importante
01:21:58entre ce que dit la science
01:21:59une évaluation
01:22:00du nombre de cancers
01:22:01supplémentaires
01:22:01du fait de radioactivité
01:22:03et puis
01:22:04ce qui est déclaré
01:22:05légalement
01:22:06victime des essais nucléaires
01:22:07on a parlé évidemment
01:22:07bien entendu
01:22:08des conséquences sanitaires
01:22:10parlons aussi
01:22:11des conséquences
01:22:12environnementales
01:22:13on n'a pas le temps
01:22:14de parler des conséquences
01:22:15économiques
01:22:15mais environnementales
01:22:16parce qu'on voit
01:22:17des images tout de même
01:22:18qui font peur
01:22:18dans ce documentaire
01:22:21notamment après
01:22:22les tout premiers essais
01:22:23en 1966
01:22:23on se dit
01:22:24mais dans quel état
01:22:25aujourd'hui
01:22:25est la faune
01:22:26la flore en Polynésie française
01:22:27à la suite de ces essais
01:22:28dans les zones concernées
01:22:29on parle de risques
01:22:32de tsunamis
01:22:33du côté
01:22:34des zones concernées
01:22:35qu'en est-il exactement
01:22:37est-ce qu'on a
01:22:37un peu de recul
01:22:38par rapport à ça
01:22:39moi je reviens
01:22:40de Toureya
01:22:40j'y étais
01:22:41l'automne dernier
01:22:42et je peux dire
01:22:43que la totalité
01:22:44de la population
01:22:45craint
01:22:46un rein de marée
01:22:47et la totalité
01:22:48de la population
01:22:49n'écoute pas
01:22:50ne croit pas
01:22:51aux explications
01:22:52qui lui sont faites
01:22:52données par les autorités
01:22:54à propos
01:22:55de l'ampleur
01:22:56de la vague
01:22:56qui arriverait
01:22:57sur ces rives
01:22:58en cas d'effondrement
01:22:59d'une partie
01:23:00de l'atoll de Morura
01:23:01et pour moi
01:23:02c'est l'illustration parfaite
01:23:03de cette occultation
01:23:04pendant trop longtemps
01:23:05des archives
01:23:06de la vérité
01:23:07des connaissances
01:23:08de ce qui était à disposition
01:23:09alors la science
01:23:10est un front pionnier
01:23:11on avance
01:23:12au fur et à mesure
01:23:12il ne savait pas tout
01:23:13en 1966
01:23:14mais il y a des choses
01:23:14qui ont été dissimulées
01:23:15et du coup
01:23:16le résultat
01:23:17c'est qu'aujourd'hui
01:23:17quand l'État a dit
01:23:18non
01:23:18un interprésentant de l'État
01:23:20a dit
01:23:20ça sera un pédiluve
01:23:21la vague qui arrivera
01:23:22ça vous lavera les pieds
01:23:23et rien de plus
01:23:24moi j'ai entendu des mamies
01:23:25qui disaient
01:23:25j'aimerais avoir
01:23:26une bouée géante
01:23:27pour le jour
01:23:27où la vague arrivera
01:23:28j'ai entendu des papiers
01:23:29qui disaient
01:23:29j'ai conseillé
01:23:30à mes petits-enfants
01:23:30de s'exiler à Tahiti
01:23:32pour ne pas être là
01:23:33le jour où la vague arrivera
01:23:34donc si vous voulez
01:23:34c'est tout le problème
01:23:36et c'est la même chose
01:23:38que finalement
01:23:39l'enjeu sanitaire
01:23:40l'enjeu environnemental
01:23:41c'est qu'il y a des experts
01:23:42qui disent
01:23:43tout va bien
01:23:43nous savons
01:23:44et puis il y a des populations
01:23:45qui disent
01:23:46associez-nous vraiment
01:23:47aux connaissances
01:23:48qu'est-ce que vous savez
01:23:49vraiment de ce risque sismique
01:23:50alors vous êtes climatologue
01:23:51vous avez un avis
01:23:52sur ce sujet
01:23:53très rapidement
01:23:54parce que c'est vraiment
01:23:54la toute fin de l'émission
01:23:55enfin moi je ne suis pas géologue
01:23:57donc je n'ai pas d'avis
01:23:57sur l'ampleur de la vague
01:23:58par contre
01:23:59vous oubliez
01:24:00dans la description générale
01:24:01c'est qu'il y a un certain nombre
01:24:02de gens qui agitent les peurs
01:24:04et ils sont là aussi
01:24:05pour façonner l'opinion publique
01:24:08ils sont là aussi
01:24:08il ne faut pas l'occulter
01:24:09et d'ailleurs
01:24:10il me semble qu'on le voit
01:24:11dans ce reportage
01:24:12ou peut-être dans un autre
01:24:12quelqu'un qui dit
01:24:13mais non ça va faire une vague
01:24:14de 20 mètres
01:24:15ben voilà
01:24:15le problème c'est aussi
01:24:17qu'il y a des gens
01:24:17qui mentent là-dessus
01:24:18et sur les effets sanitaires
01:24:20je pense que c'est la même chose
01:24:21il y a des gens
01:24:22qui mentent sur
01:24:23qu'est-ce que ça veut dire
01:24:24vraiment une exposition
01:24:25à un ministère
01:24:25on va vous laisser
01:24:26le mot de la fin
01:24:27oui je voulais juste réagir
01:24:29n'est-il pas la réponse
01:24:31justement
01:24:31à cette dissimulation
01:24:32de tant d'années
01:24:33ces réactions
01:24:35que vous
01:24:36critiquez
01:24:38aujourd'hui
01:24:39qui peuvent paraître
01:24:40démesurées
01:24:40mais on peut parler aussi
01:24:41de la dissimulation
01:24:42qui a fait naître
01:24:43aussi ces réactions
01:24:44merci vraiment
01:24:46un grand merci
01:24:47à tous les trois
01:24:48d'avoir participé
01:24:49à cette émission
01:24:50après ce documentaire
01:24:52que nous vous proposons
01:24:53aujourd'hui
01:24:53dans ce débat doc
01:24:54un grand merci aussi
01:24:56à Yasmine Benahissa
01:24:57et félicité Gavalda
01:24:58qui édite cette émission
01:24:59comme à l'accoutumée
01:25:01aujourd'hui
01:25:02vos réactions
01:25:02hashtag
01:25:03débat doc
01:25:04nos invités
01:25:05pourront d'ailleurs réagir
01:25:06à ce que seront
01:25:06vos réactions
01:25:08je vous retrouverai
01:25:08pour un prochain débat doc
01:25:09ça sera bien sûr
01:25:10à la même place
01:25:10la même heure
01:25:11et toujours
01:25:12avec son documentaire
01:25:13et son débat
01:25:14à bientôt

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