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  • 04/07/2025
Les députés de la commission des finances auditionnent Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, sur son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques. Lors du précédent rapport, au début de l'année 2025, la Cour des comptes pointait une « dérive inédite des finances publiques en 2024 », prolongeant et aggravant celle de 2023, et qualifiait 2025 d'année « déterminante pour le redressement des finances publiques ». Retrouvez les questions des députés et les réponses du haut magistrat.

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Transcription
00:00:00Bonjour et bienvenue sur LCP. Il est venu, il est là, Pierre Moscovici, ce 2 juillet 2025, est à nouveau à l'Assemblée nationale.
00:00:16Nouvelle audition sur les sujets qui fâchent, le budget, les impôts, la dette, le déficit.
00:00:21Le premier président de la Cour des Comptes va dire tout ce qu'il pense des choix budgétaires de la France à quelques jours de la présentation de la nouvelle loi de finances.
00:00:31Il est venu expliquer son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques publiées le même jour.
00:00:38Situation, on le sait, très dégradée et ça ne rigole pas. Le constat de Pierre Moscovici est implacable, notamment sur la dette qui commence à s'emballer, nous coûtant de plus en plus cher.
00:00:48On se rend tout de suite en commission des finances pour écouter Pierre Moscovici. A tout à l'heure.
00:00:53Ce rapport que je vous présente aujourd'hui approfondit le premier rapport de l'année sur les finances publiques que je vous ai présenté le 13 février dernier sur la base des premiers résultats de l'exercice 2024.
00:01:06Il prolonge et complète d'autres travaux annuels de la Cour que nous publions et que je présente toujours devant vous en application de la loi organique relative aux lois de finances et aux codes des juridictions financières
00:01:16qui traitent des différents sous-ensembles des finances publiques, les rapports sur l'exécution du budget d'État, sur la certification des comptes de l'État, des comptes de la sécurité sociale publiés en avril,
00:01:25le rapport sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale publié en mai, le premier tome de notre rapport sur les finances locales publié la semaine dernière.
00:01:32Le RSPFP que je vous présente aujourd'hui traite de l'ensemble des administrations publiques, de l'État, des collectivités locales, des administrations de sécurité sociale
00:01:43et des autres organismes publics. Et chaque année, il examine dans une perspective synthétique à la fois les résultats de l'année écoulée et les perspectives pour les années suivantes.
00:01:52Et c'est donc notre rapport annuel, en fait, le plus complet sur les finances publiques. Cette année, sa publication s'inscrit dans un contexte très préoccupant.
00:02:02La France vient de traverser deux années que j'ai qualifiées de noires en matière de finances publiques, d'autant plus problématiques qu'à mes yeux que nous n'avons connu aucun choc économique majeur
00:02:12durant cette période. Et pour autant, comme vous le savez, aussi bien que moi, les premières marches des trois trajectoires pluriannuelles présentées depuis l'automne 2023
00:02:22par les gouvernements successifs ont été successivement et assez largement ratées. La loi de programmation pluriannuelle de finances publiques a été adoptée fin 2023.
00:02:32Elle tablait sur un déficit public de 4,9 points de PIB en 2023, mais in fine, comme vous le savez, celui-ci s'est établi à 5,4.
00:02:39Le programme de stabilité, le dernier du nom, publié en 2024, prévoyait un déficit de 5,1 points en 2024, lequel a en réalité atteint 5,8 points.
00:02:52Et le plan budgétaire et structurel à moyen terme, qui remplace le PESTAB, publié en octobre 2024, prévoyait un déficit de 5 points de PIB en 2025.
00:03:01C'était le PLF, d'ailleurs, qui vous avait été soumis à l'époque, à l'automne. Mais celui-ci a été revu à 5,4 points par loi de finances adoptée par vous en février 2025.
00:03:12Il faut être clair, le pilotage des finances publiques aurait dû, en théorie, dans un univers non pas pur et parfait, mais juste comme il aurait dû être,
00:03:22s'ajuster pour respecter les objectifs nationaux de recettes, de dépenses, de déficits. Et à la place, ce à quoi nous avons cité, c'est au fait que les objectifs ont été constamment modifiés,
00:03:32revus, repoussés, au vu de résultats observés qui n'étaient pas à la hauteur des objectifs. Donc c'est un peu l'inverse de ce qu'il faut faire dans une démarche de programmation tout de même.
00:03:41Et je le dis pour commencer, il n'est plus possible, à mon sens, de procéder la sorte, parce que ça n'est pas bon pour la confiance en nos engagements,
00:03:50en notre crédibilité, et ça va amoindrir notre capacité à agir. Il n'y a rien que les institutions européennes ou les marchés ou les enjeux de notation détestent plus
00:04:00que l'insécurité ou l'instabilité. Le rapport que je vous présente aujourd'hui est divisé en trois parties, trois chapitres.
00:04:08Le premier chapitre analyse la situation des finances publiques au terme de l'exercice 2024. Le deuxième porte sur l'exercice 25 et la trajectoire pluriale de 2026-2029.
00:04:17Et le troisième, comme chaque année thématique, cette année, nous avons décidé de consacrer ce chapitre à l'enjeu incontournable qui doit sous-tendre notre stratégie de finances publiques,
00:04:29qui est la soutenabilité de la dette publique, avec à la clé une condition claire pour garantir cette soutenabilité, qui est qu'il nous faut revenir durablement.
00:04:38Un solde primaire positif, alors que celui-ci était négatif de 3,7 points de PIB en 2024. Je vais revenir sur tout ça.
00:04:47Je fais une dernière précision introductive, qui est que... Je sais que le Premier ministre, vous évoquiez le 16 juillet, M. le Président,
00:04:55va rendre des arbitrages ou présenter des données de finances publiques. Évidemment, tout ça s'inscrit dans un calendrier.
00:05:03Mais ce rapport n'est pas programmé pour préparer ce calendrier gouvernemental. C'est un rapport annuel qui, d'après la loi, doit être présenté autour du 30 juin.
00:05:13Nous sommes le 2 juillet, le premier jour possible pour ce faire. Bon, il pourra peut-être inspirer ou éclairer le débat public, mais il n'est pas un élément de décision politique.
00:05:24Je vais entrer dans le détail de ces trois parties, en commençant par notre premier message, qui est que la France n'a pas su contenir la dépense publique en 2024.
00:05:33Et ça nous conduit à avoir aujourd'hui le déficit public le plus élevé de la zone eau.
00:05:38J'ai déjà, au nom de la Cour, abondamment analysé et commenté l'exécution de l'année 2024, les écarts de programmation initiales.
00:05:46Je ne vais pas m'étendre trop sur cette partie, mais certains éléments sont tout de même à souligner.
00:05:51En 2024, je ne vous l'apprends pas, le déficit public s'est établi à 5,8 points de PIB.
00:05:56C'est une hausse de 0,4 points par rapport à 2023, et c'est surtout 1,4 point de dépassement par rapport à la programmation initiale de l'automne 2023, par rapport au budget que vous avez voté.
00:06:08Coupa. Après une déjà très mauvaise année 2023, cette dérive est encore plus sérieuse que l'année précédente, puisque le dérapage budgétaire l'année 2024 ne doit rien à des circonstances extérieures.
00:06:21Il est la conséquence d'une incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense et à engager des efforts des commis pérennes.
00:06:29Il est aussi la conséquence, et je l'ai dit à de nombreuses reprises, d'hypothèses trop favorables sur la croissance et les recettes.
00:06:37La différence entre ces deux années 2023 et 2024 doit tout de même être relevée.
00:06:42En 2023, il y a eu un creusement de 0,6 points du déficit, qui tenait en très grande partie à la faiblesse des prélèvements obligatoires.
00:06:49En 2024, à l'inverse, ça peut surprendre compte tenu de ce qu'on intuite, c'est la dynamique de la dépense primaire, hors mesure exceptionnelle, qui constitue la principale cause du creusement du déficit.
00:07:02En 2024, la dépense publique totale s'est établie à 1 650 milliards d'euros, en augmentation de 61 milliards d'euros par rapport à 2023.
00:07:11En conséquence, le ratio de dépenses publiques sur PIB a augmenté par rapport à 2023.
00:07:16C'est la première fois depuis 2020 et la crise Covid. Il s'est établit à 56,5 points de PIB.
00:07:22Et là, on observe l'inverse de ce qu'on a vu lors de précédentes crises. Il y a toujours des effets de cliquet.
00:07:28À chaque crise, on voit augmenter le niveau de dépenses publiques. Puis ensuite, il diminue un peu moins vite que ce qu'il avait augmenté.
00:07:35Mais il diminue. Là, non. Et il commence même à réaugmenter hors crise. C'est la leçon de 2024.
00:07:41L'analyse de l'année 2024 révèle surtout ce que nous appelons le cœur de la dépense publique, c'est-à-dire la dépense publique hors charge de la dette et hors mesure exceptionnelle.
00:07:51Celui-ci a progressé beaucoup plus vite que la croissance. Il a augmenté de 2,7 %. C'est la progression la plus importante des 15 dernières années,
00:07:59alors que nous sommes supposés être engagés dans une trajectoire de réduction du déficit.
00:08:04C'est aussi plus de deux fois plus que la croissance du PIB. Cette progression a été le principal facteur de creusement du déficit en 2024 à hauteur de 0,8 points de prix.
00:08:15Si j'entre dans le détail, on constate que l'évolution des dépenses a été particulièrement hétérogène selon les administrations publiques.
00:08:22Et que cette perte de contrôle est essentiellement imputable aux sphères locales et sociales.
00:08:29Les dépenses des administrations locales ont augmenté de 2,7 % en volume, tirées vers le haut par les investissements en lien avec le cycle communal.
00:08:39Là, on peut s'interroger aussi sur certaines prévisions, parce que si on connaît un peu le cycle communal,
00:08:45on peut se douter que l'année N-2 avant les municipales est tout de même celle où les investissements sortent de terre.
00:08:51Pas besoin de faire polytechnique quand même pour le savoir, juste d'avoir un peu les pieds dans l'inglaise.
00:08:56Quant aux dépenses d'administration de sécurité sociale, elles ont augmenté encore davantage, une croissance de 3,3 % en volume,
00:09:04augmentation qui est due en particulier à la hausse des dépenses de prestations sociales,
00:09:08du fait de la revalorisation décalée des pensions sur une inflation 2023 très élevée.
00:09:13Autrement dit, 2024 prend en plein pot une annexation sur une inflation qui avait commencé à décroître.
00:09:20La dynamique de la dépense de l'État, il faut le dire, a été beaucoup plus modérée et elles ont même reculé, ces dépenses de l'État, de 0,5 %.
00:09:28L'État a bénéficié du repli des dépenses exceptionnelles, mais il a aussi réalisé de véritables efforts d'économie en gestion,
00:09:38malgré les dépenses conjoncturelles liées à la situation Nouvelle-Calédonie et à l'organisation des Jeux olympiques.
00:09:43C'est insatisfait, c'est que je ne veux toutefois pas exagérer, car plusieurs de ces mesures de gestion, qui étaient indispensables,
00:09:50constituaient des one-shot ou des one-off qui repoussent la question des économies structurelles à 2025 et surtout 2026.
00:09:57Ainsi, alors même que nous avons assisté à la quasi-extinction des mesures de soutien post-Covid, énergie, etc.,
00:10:06tout ça aurait dû conduire à une réduction de déficit, l'absence de maîtrise du cœur de la dépense publique,
00:10:12c'est-à-dire hors charge de la dette et hors mesure exceptionnelle, a au contraire conduit à creuser le déficit,
00:10:18et ce, dans des proportions deux fois supérieures à la faible dynamique spontanée des prélèves obligatoires.
00:10:23Si les dépenses exceptionnelles sont en quasi-extinction, la charge de la dette, elle, continue d'augmenter,
00:10:29d'une part sous l'effet du déficit pour l'année 2023, d'autre part en raison de l'émission de nouveaux titres de dette publique
00:10:35et des taux nettement supérieurs à ce arrivé à échéance, qu'il remplace.
00:10:41Et ça, ça signifie aussi que c'est une tendance qui peut très bien se poursuivre.
00:10:47Sur ce point, peut-être encore plus que sur les autres développements de notre rapport, la situation est préoccupante.
00:10:53Nous risquons de nous trouver confrontés, si rien n'est fait pour le contrecarré, un véritable effet boule de neige, rien qu'en 2024.
00:11:01La charge de la dette publique a augmenté de 7,3 milliards d'euros, soit 14%.
00:11:07C'est-à-dire que la boule de neige, elle commence déjà, en fait, à rouler.
00:11:11Elle est passée de 52,9 à 60,2 milliards.
00:11:15C'est-à-dire, si on veut être concret, que le coût du service de la dette a plus que doublé depuis 2020.
00:11:21Cette augmentation a un effet direct sur notre déficit, qu'elle creuse de 0,2 point de PIB en 2024.
00:11:29Et ça ne risque d'être que le début d'un emballement.
00:11:33Le refinancement progressif du stock de dette à des taux plus élevés va monter en puissance au cours des prochaines années.
00:11:39Et plus notre ratio de dette publique augmentera, plus nous dépenserons dans cette dépense dont vous savez comme moi
00:11:45quelle est la plus stérile, la plus inutile, la plus paralysante pour le reste de l'action publique.
00:11:51Chaque euro que nous consacrons au service de la dette est un euro en moins pour l'action publique,
00:11:56quelles que soient les préférences que chacun peut exprimer ici et ailleurs.
00:12:00En parallèle de ces dépenses en forte hausse, les prélèvements obligatoires n'ont progressé que modestement.
00:12:05D'abord, en 2024, comme on dit 2023, quoique dans une moindre mesure,
00:12:08leur évolution est en deçà de celle du PIB, ce qui dégrade le déficit de 0,4 point de PIB.
00:12:14Cette atonie s'explique notamment par ce que vous connaissez, c'est-à-dire une diminution des recettes de TVA,
00:12:19d'impôts sur les sociétés, d'impôts sur le revenu, ainsi que par la poursuite de la chute des DMTO,
00:12:25qui affectent essentiellement les départements, comme je l'ai présenté la semaine dernière,
00:12:29dans le rapport sur la situation des finances publiques locales.
00:12:31Par ailleurs, pour la deuxième année consécutive, les prélèvements obligatoires sont nettement inférieurs
00:12:36aux prévisions de la loi de finances initiales de plus de 40 milliards d'euros.
00:12:39Nous avons déjà analysé en détail cet écart très important dans notre rapport de février,
00:12:46et nous en avons tiré une conclusion nette, à savoir que ce dérapage est en partie imputable
00:12:50à des hypothèses de départ trop optimistes.
00:12:54Je ne dis pas que tout était prévisible loin de là, notamment à ce niveau,
00:12:59mais il y a quand même eu trop de volontarisme dans les prévisions,
00:13:02et nous avions posé des alertes. La Cour, comme le HCFP, ont systématiquement appelé à la prudence
00:13:08à partir de l'automne 2023, sur de nombreuses hypothèses relatives aux exercices 2023-2024,
00:13:14avertissements qui se sont révélés rétrospectivement justes, et pourtant qui n'ont donné lieu à aucune action.
00:13:21Cette faiblesse des recettes a été partiellement atténuée en 2024 par des hausses d'impôts,
00:13:26notamment le retour de la TICFE à son niveau d'avant-crise.
00:13:29Ces hausses d'impôts sont en rupture. Avec les baisses mises en oeuvre depuis 2019,
00:13:34elles ont freiné la dégradation du sol public, mais seulement de 6,5 milliards d'euros.
00:13:39Et je rappelle ici un message qui est celui de la Cour, et le mien, à savoir que le débat public
00:13:44sur d'éventuelles hausses d'impôts ciblées est évidemment légitime.
00:13:49Comment pourrait-on l'interdire en démocratie ?
00:13:51Le droit de lever l'impôt, les recettes, c'est la base de la démocratie.
00:13:56Mais il nous semble que des hausses massives en lieu et place d'économie en dépense
00:14:00ne peuvent pas être une situation miracle, une solution miracle.
00:14:03Nous avons, il faut le rappeler, un taux de prélèvement obligatoire encore parmi les plus élevés de l'Union européenne,
00:14:0843,9 points de PIB en 2023, contre 39,2 pour l'Allemagne, 36,6 en Espagne, 41,5 en Italie.
00:14:18Les structures des systèmes de protection sociale ne sont pas les mêmes.
00:14:22Mais tout de même, il y a, il me semble-t-il, un certain nombre de butoirs qu'il faut avoir en tête.
00:14:28La conséquence d'une dépense plus courte de contrôle et de la tonie des prélèvements obligatoires est bien connue de vous.
00:14:34En 2024, le déficit s'est encore creusé pour atteindre près de 170 milliards d'euros.
00:14:38Évidemment, le déficit de l'État est stable en euros courants.
00:14:43Il avait diminué, une fois rapporté au PIB, grâce notamment aux efforts d'économie en gestion que j'ai évoqués.
00:14:48Mais les administrations publiques locales ont vu leur déficit se creuser pour atteindre près de 17 milliards d'euros,
00:14:53soit 0,6 points de PIB en 2024.
00:14:56Les administrations de sécurité sociale ont enregistré une dégradation encore plus importante de leur situation financière,
00:15:01puisque leur excédent, qui atteignait 11,5 milliards d'euros en 2023, s'est quasiment évaporé en 2024.
00:15:09Nous sommes désormais, oui, le pays qui a le déficit le plus élevé de la zone euro.
00:15:14Alors que tous les autres pays très endettés, comme la Grèce, d'où j'arrive ce matin,
00:15:20le Portugal, l'Espagne ou l'Italie ont tiré parti des années d'inflation pour réduire leur ratio de dette publique,
00:15:26la France diverge de plus en plus.
00:15:27En effet, notre ratio de dette publique, ça pour moi c'est un chiffre majeur, augmente lui aussi pour la première fois depuis 2020.
00:15:35Il atteint 113,2 points de PIB, en hausse de plus de 3 points de PIB.
00:15:41Et ça nous éloigne progressivement d'un groupe de pays qui, avec des efforts, sont parvenus à maintenir ou ramener leur endettement
00:15:48nettement en dessous des 110 points de PIB.
00:15:50Je pense par exemple à l'Espagne, au Portugal, à la Belgique.
00:15:54Je prends ici quelques souvenirs du commissaire européen que j'ai été pendant les années 2014-2019 en charge des finances,
00:16:00et notamment de ce sujet.
00:16:01Tout ça a changé.
00:16:07Imaginez que nous soyons nettement au-dessus en termes d'endettement, que ces pays étaient inenvisageables.
00:16:13Plus nous attendons avant d'agir, plus il sera difficile de stabiliser, plus diminuer notre endettement.
00:16:18Ces deux années ont conduit à doubler les efforts d'ajustement nécessaires autour du déficit sous 3 points d'ici 2029,
00:16:23conformément aux obligations européennes.
00:16:25Ces efforts représentaient 50 milliards d'euros il y a deux ans.
00:16:30Maintenant, c'est 105 milliards d'euros à l'horizon 2029.
00:16:34Et après ces années difficiles, il est impératif, je dirais même assez vital, de redresser la barre dès cette année 2025,
00:16:41en respectant notre trajectoire, et ainsi que pour les années suivantes.
00:16:44Et ce qui me mène au deuxième message du rapport, qu'il est justement impératif de rendre crédible,
00:16:49dès 2025, l'objectif de retour du déficit sous les 3% du PIB.
00:16:52Vous aurez compris qu'en choisissant cette formulation, il faut lire un constat,
00:16:59à savoir que la trajectoire de finances publiques que le gouvernement s'est engagé à tenir a besoin d'être crédibilisé.
00:17:04Alors, je vais résumer d'une formule.
00:17:07Les objectifs pour 2025 sont atteignables, ils ne sont pas hors d'atteinte,
00:17:11mais les risques sont plutôt à la baisse.
00:17:15Ce qui est logique pour un risque, mais à Bruxelles, on part de risque à la hausse et de risque à la baisse,
00:17:18donc je reprends cette terminologie.
00:17:20Dans, d'abord, le sénat macroéconomique, à nos yeux, il est encore légèrement optimiste,
00:17:26dans un contexte de fortes incertitudes sur le plan commercial et géopolitique.
00:17:30Et dans ce contexte, la prise de croissance pour 2025, qui a été revue par 3 fois,
00:17:34c'était 1,1, puis 0,9, puis 0,7, est encore, à nos yeux, loin d'être acquise.
00:17:39Je note qu'elle est plus importante que le consensus des prévisionnistes,
00:17:45et le Haut conseil des finances public a souligné, dans son avis sur le rapport d'avancement annuel,
00:17:49l'accumulation de risques à la baisse qui pèse sur cette prévision pour 2025.
00:17:54Au-delà, le gouvernement anticipe une croissance de 1,2% en 2026, 1,4% en 2027, 1,2% en 2029.
00:18:02Il nous semble que ce scénario est, lui aussi, assez optimiste, en vérité.
00:18:07En vrai, personne ne prédit cela pour la France, pour ces 3 années.
00:18:11On peut toujours avoir raison, mais pas toujours contre tout le monde.
00:18:14Mais au-delà du scénario macroéconomique, c'est notre finance publique qui doit être impérativement respecté.
00:18:20En matière de recettes, d'abord, notre estimation, c'est qu'il n'existe aucune marge de prudence
00:18:25dans la prévision pour l'année 2025.
00:18:26Il est prévu, dans le rapport d'avancement annuel, que le montant de prélèvement obligatoire
00:18:33atteigne 1 300 milliards d'euros en 2025, soit 50 milliards de plus qu'en 2024.
00:18:39Une hausse de 50 milliards qui peut être décomposée en 26 milliards de progressions spontanées
00:18:43et 24 milliards de mesures nouvelles.
00:18:46S'agissant des 24 milliards d'hausses d'impôts et cotisations, certaines sont temporaires
00:18:50et ont un rendement assez incertain, je pense notamment près de 10 milliards
00:18:54pour la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises,
00:18:57ainsi que la contribution différentielle sur les revenus.
00:19:00S'agissant de la progression spontanée des recettes fiscales,
00:19:03le gouvernement prévoit une dynamique en ligne avec la croissance du PIB
00:19:06après deux années décevantes.
00:19:08C'est assez cohérent avec le scénario macroéconomique,
00:19:10mais comme celui-ci est un peu optimiste, on peut penser du coup
00:19:12que la prévision spontanée l'est également.
00:19:18Ainsi, le problème, c'est que ces prévisions de recettes sont maintenues,
00:19:21voire en hausse par rapport à celle de l'OE de finances,
00:19:22alors que la croissance pour 2025 a été abaissée depuis.
00:19:27Ils sont vulnérables, mais d'éventuelles mauvaises surprises
00:19:30qui me fait dire en effet qu'il n'y a pas de marge de prudence.
00:19:33J'aimerais passer ici un message,
00:19:35savoir que quels que soient les aléas des prochains mois ou des prochaines années,
00:19:40il nous faudra tenir notre cible de déficit,
00:19:43quitte à prendre des décisions difficiles pour ajuster notre trajectoire.
00:19:46Car des hypothèses surestimées aujourd'hui représentent immanquablement
00:19:49des surcroît d'efforts pour demain.
00:19:53J'ai coutume de dire maintenant que nous avons le choix
00:19:56entre faire des efforts indispensables, inévitables,
00:20:00maintenant, volontairement, en les maîtrisant
00:20:03et en les faisant avec intelligence,
00:20:07plutôt que demain subir l'austérité,
00:20:09après un choc qui nous serait imposé par l'extérieur.
00:20:12Je le pense, je l'ai dit, je le redis devant vous.
00:20:15Ça vaut pour les recettes, ça vaut aussi pour les dépenses,
00:20:17car le cible de dépenses pour 2025 doit aussi être crédibilisé.
00:20:21Selon le rapport annuel d'avancement,
00:20:22les dépenses publiques hors crédit d'impôt augmenteraient de 1,1% en volume en 2025.
00:20:27C'est une dépense qui augmenterait donc plus rapidement que le PIB,
00:20:29ce qui se traduirait par une hausse du ratio de dépenses publiques
00:20:31pour la deuxième année consécutive,
00:20:33de 56,5 à 56,8% du PIB.
00:20:36Mais cette progression de la dépense serait très hétérogène en 2025,
00:20:39à nouveau entre différentes administrations publiques,
00:20:41avec des efforts d'économie essentiellement portés par l'État.
00:20:45Les dépenses de l'État diminueraient en effet de 0,8 points en volume.
00:20:49C'est une cible ambitieuse,
00:20:51d'autant que les dépenses expérimentales sont presque toutes éteintes.
00:20:54Mais les mesures de réduction des dépenses d'État sont pour l'essentiel,
00:20:57vous le savez, des mesures de gestion des crédits,
00:21:00par définition non pérennes.
00:21:02Par ailleurs, comme l'État porte la quasi-totalité
00:21:05des efforts de maîtrise de dépenses,
00:21:07se laisse peu de marge de manœuvre pour répondre aux aléas,
00:21:09ou encore pour augmenter ses crédits d'investissement en 2025,
00:21:12par exemple dans la défense.
00:21:14Et s'ils venaient à augmenter ses crédits pour la défense,
00:21:17il faudrait, de manière conséquente,
00:21:19trouver encore des économies ailleurs,
00:21:21d'où des mesures de gestion supplémentaires.
00:21:22Vu l'effort, ou vu l'ajustement nécessaire,
00:21:26il est impératif que l'ensemble des administrations
00:21:28contribuent à l'effort en réalisant des économies structurelles et pérennes.
00:21:32Pourtant, on le sait,
00:21:32le ralentissement des dépenses locales et sociales
00:21:34est encore très loin d'être acquis.
00:21:37Sur la sphère sociale, il est prévu que l'évolution des dépenses en volume
00:21:41soit divisée par plus de deux en 2025.
00:21:44Mais cette cible est elle aussi soumise à de nombreux aléas,
00:21:46que ce soit le risque d'épassement de l'ONDAM,
00:21:49que le comité d'alerte de l'ONDAM a qualifié de sérieux en juin 25,
00:21:53ou encore le dépassement éventuel des dépenses d'assurance,
00:21:57m'a dit.
00:21:58Et par ailleurs, cette cible de dépenses sur la sphère sociale
00:22:00suppose des commises structurelles significatives
00:22:01qui sont à ce jour, comme on dit dans notre vocabulaire,
00:22:04non-documentées, donc hypothétiques.
00:22:06Pour résumer,
00:22:08la réduction prévue du déficit en 2025
00:22:10repose en fait quasi exclusivement
00:22:13sur d'importantes hausses d'impôts,
00:22:15dont près de la moitié sont annoncées comme temporaires.
00:22:18Au-delà, elle repose sur des prévisions de recettes
00:22:20sous-tendues par des hypothèses un peu moins prudentes
00:22:22que dans les défis.
00:22:24Et parallèlement, les objectifs d'évolution de la dépense publique,
00:22:27déjà insuffisants pour permettre à eux seuls
00:22:29une réduction du déficit,
00:22:30sont partenaires à certains
00:22:31et ne comportent pas grand-chose
00:22:34en matière de réformes structurelles et pérennes.
00:22:36Ce qu'il faut bien comprendre,
00:22:38c'est que même si les prévisions de recettes se réalisaient,
00:22:41même si les objectifs de réduction de dépenses étaient atteints,
00:22:44dans toutes les administrations,
00:22:45ça ne suffirait pas à enrayer la dérive de la dette publique en 2025.
00:22:48Elle continuera d'augmenter.
00:22:50Et chacun doit en être conscient.
00:22:52Personne ne peut se bercer d'illusions.
00:22:54Les objectifs que nous avons tant de peine à atteindre
00:22:56représentent malheureusement le minimum des efforts
00:23:00que nous pouvons, que nous devons faire.
00:23:02La diminution du déficit de 0,4 point de PIB,
00:23:04donc près de 9 milliards,
00:23:06c'est notre objectif pour 2025.
00:23:08Il faut le crédibiliser.
00:23:09Il ramènerait le déficit donc à 5,4 points de PIB.
00:23:12Et en tout état de cause,
00:23:13cette réduction relativement modeste
00:23:15ne permettrait pas, loin s'en faut,
00:23:16de stabiliser le ratio de dette publique.
00:23:18Si on atteignait 5,4,
00:23:20la dette publique augmenterait encore de 3 points en 2025
00:23:22pour atteindre 116,4 points de PIB,
00:23:26soit près de 3 500 milliards d'euros.
00:23:29C'est le chiffre qui est prévu pour la fin de cette année.
00:23:32On fait un calcul de point de table.
00:23:34Compte tenu de la faible croissance du PIB,
00:23:36il aurait fallu viser un déficit public de 2,4 points de PIB.
00:23:39C'est bien entendu 2,4,
00:23:41pour espérer ne serait-ce que stabiliser
00:23:43le ratio d'endettement au niveau de 2024.
00:23:45C'est-à-dire que ce que j'évoquais comme une boule de neige,
00:23:47c'est parti pour un moment.
00:23:50Donc il va bien falloir arrêter de mettre de l'eau.
00:23:54Les efforts structurels d'économie ont une nouvelle fois été reportés.
00:23:58Et pourtant, il faut réaliser de tels efforts structurels.
00:24:01La suite de la trajectoire qui s'est dans le rapport d'avancement annuel
00:24:05du plan scrutin à moyen terme,
00:24:08pré-publié en avril 2025, est tout aussi incertaine.
00:24:10Je vous rappelle que cette trajectoire,
00:24:12qui est, je le rappelle, notre engagement au niveau européen maintenant,
00:24:16suppose un effort d'ajustement,
00:24:18malheureusement après les années 2023 et 2024,
00:24:20de près de 105 milliards à l'horizon 2029,
00:24:23pour ramener le déficit sous le seuil de 3 % du PIB.
00:24:26Là, pour le coup, c'est trapu,
00:24:29parce qu'on voit les efforts qu'on fait
00:24:30pour passer de 5,8 à 5,4.
00:24:32Il faudrait passer, c'est l'équation du budget 2026,
00:24:36que vous allez avoir à examiner,
00:24:38à 4,6 en 2026,
00:24:39et puis ensuite continuer sur cette voie.
00:24:42Au-delà d'hypothèses de croissance encore optimiste,
00:24:46des hausses de dépenses publiques sont prévues
00:24:49dans les prochaines années, par exemple en matière de défense.
00:24:51En outre, aucune précision n'est donnée
00:24:53sur la nature des efforts sous-jacents.
00:24:54Et il faudra bien que tout cela aussi soit crédibilisé.
00:25:00Pour illustrer ce que cette trajectoire,
00:25:04qui est la nôtre, exige,
00:25:06la Cour a simulé 5 scénarios
00:25:09qui modifient certaines hypothèses de cette trajectoire,
00:25:13qui ne sont pas ébouriffantes.
00:25:15Nous avons fait ça dans un sens simplement plus conforme
00:25:18avec les tendances passées et les risques identifiés.
00:25:20Tous ces scénarios conduisent à une hausse continue
00:25:24du ratio de dette jusqu'en 2029.
00:25:25Le premier scénario suppose une croissance un peu inférieure
00:25:29à la prévision gouvernementale,
00:25:30entraînerait un échec des deux principaux objectifs pluriannels.
00:25:33Disons que si on était un peu en dessous de toutes ces cibles,
00:25:36on atteindrait 3,6 points de PIB en 2029,
00:25:39une dette de 121 points en 2029.
00:25:41Le deuxième scénario, c'est un choc macroéconomique.
00:25:44Il illustre une crise économique mondiale en 2025-2026.
00:25:47Dans ce scénario, la dette atteindrait 125,4 points de PIB en 2029
00:25:52avec un déficit de 4,1.
00:25:54Le troisième, c'est l'absence d'efforts globales.
00:25:57On suppose que les efforts budgétaires seraient contrecarrés
00:25:59et annulés par d'autres dépenses.
00:26:01Là, le ratio de dette publique atteindrait 123,2 points de PIB en 2029
00:26:06avec un déficit à 5,3 points.
00:26:08Et ça, c'est sans doute le scénario le plus dangereux pour nos finances publiques
00:26:11qu'est-ce que ce serait une dérive cumulative
00:26:14par rapport à la trajectoire présentée par le gouvernement.
00:26:16Enfin, si on cumule plusieurs scénarios,
00:26:19la dette publique pourrait aller jusqu'à dépasser 130 points de PIB en 2029.
00:26:23Je n'insiste pas sur ces scénarios.
00:26:25Ce ne sont pas des prévisions.
00:26:27Ils illustrent surtout ce qui nous menace
00:26:30et ce dont nous n'avons pas les moyens.
00:26:32Le chemin vers le retour du déficit sous 3%
00:26:35et de stabilisation du ratio de dette publique d'ici la fin de la décennie
00:26:38est un ratio, un chemin étroit.
00:26:41Mais, contrairement aux deux dernières années,
00:26:44il ne peut pas être envisagé de modifier notre trajectoire encore et encore.
00:26:49C'est une question de crédibilité,
00:26:51en premier lieu, à l'égard d'un partenaire européen.
00:26:54Je le dis ici, et je suis celui, vous vous en souvenez peut-être,
00:26:57qui le premier, ça peut paraître surprenant de la part d'un président de la Cour des comptes,
00:27:01a appelé à ce qu'on ne tienne pas l'objectif de 3% en 2027,
00:27:04car là, pour le coup, on était complètement hors du cadre.
00:27:06J'ai le premier proposé d'aller en 2029.
00:27:09Mais, maintenant, ce ne sont plus nos objectifs qu'il faut revoir à la baisse,
00:27:13mais ce sont bien nos efforts pour les atteindre qu'il faut intensifier.
00:27:17On ne peut pas éternellement repousser les cibles.
00:27:19Au bout d'un moment, plus personne ne nous croit.
00:27:21Et donc, il est urgent et même indispensable de crédibiliser notre trajectoire.
00:27:25C'est tout l'enjeu des débats que vous aurez à partir du mois de juillet
00:27:29et surtout à la rentrée.
00:27:31J'en arrive au troisième et dernier chapitre de notre rapport.
00:27:34Vous savez que chaque année, nous avons un chapitre qui est thématique.
00:27:38Et en 2025, nous avons choisi comme thème l'impératif de soutenabilité de la dette.
00:27:42Il en ressort un message que je souhaite porter devant vous,
00:27:44qui est que le retour durable à l'excédent primaire
00:27:46est la condition nécessaire à la soutenabilité de la dette.
00:27:50Alors, cette notion, vous avez un chapitre là qui est assez trapu,
00:27:53mais très intéressant, que je vous invite à lire.
00:27:56Une espèce de thèse.
00:27:57Monsieur Gessua, merci de l'avoir produite.
00:28:00La notion de soutenabilité de la dette fait référence à la capacité pour la puissance publique
00:28:04à honorer les obligations liées à son endettement à tout moment dans le futur.
00:28:09Dans ce troisième chapitre, nous avons cherché à clarifier ce concept
00:28:11et les paramètres qu'il conditionne.
00:28:12Alors, c'est les paramètres financiers, comme les taux d'intérêt,
00:28:15c'est les paramètres de nature macroéconomique, comme la croissance du PIB,
00:28:18c'est les paramètres de finances publiques, comme le sol public primaire,
00:28:21sol public primaire, c'est-à-dire hors charge de la dette.
00:28:23Je suis très heureux que nous ayons réalisé ce chapitre,
00:28:27parce que ça fait longtemps que le HCFP appelle à des études de soutenabilité de la dette
00:28:30produites à l'échelon national.
00:28:33Je ne vais pas entrer dans les détails néanmoins passionnants
00:28:34des parties comparatives de ce chapitre sur la soutenabilité de la dette,
00:28:39qui montrent à quel point la France s'est singularisée
00:28:40par rapport à ses principaux partenaires ces dernières années.
00:28:43Mais je vous invite à le parcourir.
00:28:44Depuis plus de décennies, deux décennies,
00:28:47à la différence notamment de l'Allemagne et l'Italie,
00:28:48la dynamique de l'endettement en France a été principalement nourrie
00:28:52par l'accumulation de déficits primaires.
00:28:55L'Italie a plus de dettes que nous, mais elle a un excédent primaire.
00:28:59Dans le même temps, la croissance s'érodait progressivement.
00:29:02Nous constatons que le rôle des taux d'intérêt et des phénomènes de marché
00:29:05a été finalement secondaire dans cette dynamique.
00:29:09Nous n'avons pas eu de problème sur le taux d'intérêt.
00:29:11En outre, ces déficits et cette croissance n'ont pas eu,
00:29:14comme principale contrepartie chez nous,
00:29:15des investissements et des dépenses d'avenir de nature
00:29:19à augmenter le potentiel de croissance future.
00:29:20Ils ont d'abord financé la hausse des dépenses courantes,
00:29:24notamment liée à notre modèle social
00:29:25et le vieillissement de la population.
00:29:29Cette évolution-là, je me parle du point de vue financier,
00:29:31je ne fais pas de commentaire de nature politique ou sociale,
00:29:34n'est pas soutenable.
00:29:35La stratégie de finances publiques doit permettre
00:29:37de reprendre le contrôle de la limite de la dette
00:29:39dans un contexte où elle ne peut plus compter
00:29:40sur un retour de la croissance des décennies passées
00:29:43ni sur des taux d'intérêt très bas.
00:29:46La décennie de Raghi, pour utiliser ce terme rapide,
00:29:49à partir de 2012, est une parenthèse qui est refermée.
00:29:53Aujourd'hui, la dette française est une bonne dette.
00:29:56Elle trouve des acquéreurs sans difficulté.
00:29:58Pourquoi ? Parce que nous avons un marché liquide,
00:30:00apprécié par les investisseurs.
00:30:02Nous avons une très bonne qualité de la gestion du marché primaire
00:30:05par l'agence France Résor.
00:30:07Je l'ai fait d'ici à nouveau.
00:30:07L'appartenance à la zone euro est un atout.
00:30:11Et on regarde aussi notre système politique qui est stable.
00:30:16Mais ces acquéreurs achètent la dette française
00:30:18à un taux de plus en plus élevé.
00:30:21Dans ce contexte, le message que je souhaite porter
00:30:23à votre intention est le suivant.
00:30:25Si on veut garantir réellement la soutenabilité
00:30:27de la dette française, il est indispensable
00:30:29de revenir comme nos partenaires à un excédent primaire,
00:30:33qui en est la condition sine qua non.
00:30:35Les projections réalisées par la Cour montrent
00:30:37que, compte tenu du poids de la dette
00:30:38et de l'augmentation de son coût,
00:30:40le retour du déficit public total sous les 3 %
00:30:43ne suffira pas en lui-même
00:30:45à garantir la soutenabilité de la dette.
00:30:47L'impératif de soutenabilité de la dette publique
00:30:49commande de stabiliser, puis de faire refluer
00:30:52le ratio de redettement.
00:30:54Et ça nécessitera de renouer durablement
00:30:56avec un solde primaire, c'est-à-dire un solde
00:30:59hors charge de la dette qui soit positif,
00:31:01comme l'illustre les scénarios stimulés par la Cour.
00:31:03Pour le moment, notre solde primaire
00:31:05est un déficit primaire,
00:31:07donc il est négatif de 3,7 points de PIB.
00:31:10Il faudra donc prolonger l'effort d'ajustement
00:31:12jusqu'à obtenir un excédent primaire durable,
00:31:15si on veut que notre dette reflue,
00:31:16d'environ 1,1 point de PIB,
00:31:18sous des hypothèses raisonnables
00:31:19de croissance et taux d'intérêt,
00:31:22ce qui n'empêcherait pas d'ailleurs la France
00:31:23de rester en déficit à plus de 2 points de PIB.
00:31:25Et nous ne sommes pas parvenus
00:31:27à réaliser un excédent primaire
00:31:29depuis, mesdames et messieurs les députés,
00:31:3125 ans.
00:31:33Et donc il faut prendre la mesure de cette situation,
00:31:35alors que l'équation peut à tout moment
00:31:37brutalement se compliquer.
00:31:38C'est ce que montrent les scénarios alternatifs
00:31:40à la trajectoire du moment simulée par la Cour.
00:31:43Pour prévenir toute spirale de la dette,
00:31:45nous devons absolument, j'y insiste,
00:31:47revenir à des excédents primaires.
00:31:49C'est incontournable.
00:31:50Des ajustements budgétaires très exigeants
00:31:53sont dès à présent nécessaires
00:31:54à réaliser dès 2026,
00:31:56comme le prévoit notre trajectoire pluriannuelle,
00:31:59ajustements qui seront difficiles,
00:32:01je le sais,
00:32:02d'autant plus qu'ils doivent être
00:32:03socialement acceptables,
00:32:04c'est-à-dire naturellement,
00:32:05politiquement soutenables,
00:32:07ça vous regarde,
00:32:08et ne pas porter atteinte
00:32:09au potentiel de croissance future.
00:32:11Mais ils sont indispensables
00:32:13pour remettre durablement en cohérence
00:32:15nos choix collectifs
00:32:15avec l'impératif de soutenabilité
00:32:17de la dette publique.
00:32:18Je sais que cette équation
00:32:19est devenue extrêmement difficile,
00:32:21pourtant c'est bien celle-là
00:32:22qu'il faut peser et poser
00:32:24en toute objectivité.
00:32:25J'ajoute,
00:32:26et je vais terminer sur cette note d'optimisme,
00:32:28que ce n'est pas impossible,
00:32:31c'est tout à fait possible.
00:32:32Je vous disais,
00:32:32j'arrive ce matin d'Athènes,
00:32:34où j'ai rencontré tous ceux
00:32:36qui furent mes interlocuteurs
00:32:38tout au long de la crise grecque,
00:32:40gouvernant de gauche comme de droite.
00:32:43Ce pays a aujourd'hui redressé
00:32:44ses finances publiques,
00:32:45et sa dette se réduit très vite.
00:32:48Elle est soutenable,
00:32:49elle est peu coûteuse,
00:32:50et même légèrement moins coûteuse
00:32:52que la nôtre maintenant.
00:32:53Et surtout, la Grèce dégage
00:32:54un excédent primaire de 4% du PIB.
00:32:57Alors vous me direz,
00:32:58oui, mais ça s'est fait
00:32:58dans des conditions très brutales,
00:32:59ce qui n'est pas faux.
00:33:01Mais il n'est pas nécessaire,
00:33:04il n'est pas besoin
00:33:05d'en passer par la sévère cure
00:33:07d'ajustement qu'a connue la Grèce,
00:33:09parce que nous ne sommes pas du tout
00:33:10dans cette situation,
00:33:11tout simplement pour en arriver là.
00:33:12Il faut surtout la lucidité,
00:33:16la pédagogie,
00:33:17la volonté indispensable
00:33:18pour comprendre,
00:33:19pour faire comprendre
00:33:19la nécessité d'un effort partagé.
00:33:22Voilà, M. le Président,
00:33:22Mesdames et Messieurs les députés.
00:33:24Je le redis,
00:33:25nous sommes aujourd'hui
00:33:26au pied du mur,
00:33:28et il est temps de reprendre
00:33:29le contrôle de nos finances publiques.
00:33:30Nous n'aurons pas le choix.
00:33:32Si nous ne le faisons pas,
00:33:34par idéologie, complaisance,
00:33:36absence de lucidité,
00:33:37et que sais-je,
00:33:38nous perdrons toute capacité
00:33:40à faire face
00:33:42aux défis climatiques
00:33:44et géopolitiques
00:33:45dans un monde
00:33:46de plus en plus trouble
00:33:47et incertain.
00:33:47Merci pour votre attention
00:33:48et je me tiens à votre disposition
00:33:50ainsi que l'équipe en charge
00:33:51de ce très bon rapport
00:33:52pour répondre à vos questions.
00:33:54Voilà pour ce diagnostic sévère
00:33:56de Pierre Moscovici
00:33:57sur les choix budgétaires
00:34:00alors que l'on attend
00:34:01le projet de loi de finances
00:34:03pour 2026.
00:34:04Pierre Moscovici
00:34:05qui fustige sans embâche
00:34:07certains choix
00:34:08de politique économique
00:34:09et fiscale.
00:34:10C'est son rôle
00:34:10de premier président
00:34:11de la Cour des comptes.
00:34:13Mais vous allez le voir
00:34:13lors de cette audition,
00:34:14il y a des échanges
00:34:16très tendus
00:34:17avec le président
00:34:18de la commission des finances,
00:34:19Éric Coquerel.
00:34:20Les deux hommes
00:34:21se renvoient la balle
00:34:22dans une ambiance électrique.
00:34:24Le débat est très politique.
00:34:26Reprise de la séance.
00:34:27A tout à l'heure.
00:34:28La présentation
00:34:28que vous avez faite
00:34:29a fait en sorte
00:34:31en tout cas
00:34:31qu'à travers mes questions,
00:34:33c'est finalement un débat
00:34:35avec la logique économique
00:34:37que vos arguments
00:34:39sous-tendent
00:34:40et défendent
00:34:41que je vais ouvrir
00:34:42tout en ayant conscience
00:34:44qu'on aurait peut-être
00:34:44besoin de beaucoup plus de temps
00:34:45mais au moins
00:34:46quelques éléments.
00:34:47D'abord parce que
00:34:47au fond,
00:34:49vous avez dit tout à l'heure
00:34:50que ce rapport
00:34:51n'avait pas pour but
00:34:52de préparer le terrain
00:34:54pour le prochain projet
00:34:56de loi de finances
00:34:57et les propositions gouvernementales.
00:34:59Mais ce que j'observe,
00:34:59c'est que c'est quand même
00:35:00un ensemble d'arguments
00:35:02pour poursuivre
00:35:04une politique d'offres
00:35:04et de compétitivité
00:35:05et de baisse de dépenses publiques
00:35:07afin de réduire la dette
00:35:09qui a été la marque
00:35:10des gouvernements
00:35:11successifs depuis 2017
00:35:13hors la période Covid.
00:35:15Bon,
00:35:15et de ce point de vue-là,
00:35:17déjà en termes de bilan,
00:35:19parce qu'on va bientôt
00:35:20en être au bilan,
00:35:20constatons que
00:35:21cette politique
00:35:22qui visait à réduire
00:35:23les déficits
00:35:24n'a pas réduit les déficits.
00:35:25Au contraire,
00:35:25vous l'avez dit,
00:35:26cette politique
00:35:27qui visait
00:35:28à attirer les capitaux
00:35:30en espérant
00:35:31que ça rejaillisse
00:35:33sur l'économie
00:35:34à travers notamment
00:35:35des cadeaux fiscaux,
00:35:38le moins qu'on puisse dire,
00:35:39c'est qu'aujourd'hui,
00:35:40le bilan-là,
00:35:41depuis le début de l'année,
00:35:42est mauvais,
00:35:43que ce soit
00:35:44le retour du chômage,
00:35:45que ce soit
00:35:45la baisse du commerce extérieur,
00:35:47que ce soit
00:35:48la part de l'industrie
00:35:48qui baisse
00:35:49en dessous de 10%
00:35:50au premier trimestre
00:35:51pour la première fois
00:35:52depuis la Ve République,
00:35:54et même une productivité
00:35:55qui est en baisse,
00:35:56qui est un autre problème majeur.
00:35:58Donc, pour moi,
00:35:58tous les feux passent au rouge,
00:36:00y compris,
00:36:01donc, j'allais dire,
00:36:01l'objectif
00:36:02de questions difficiles.
00:36:06Et au fond,
00:36:06finalement,
00:36:06vous proposez
00:36:07de faire la même chose.
00:36:08Et vous proposez
00:36:09de faire la même chose
00:36:10dans un contexte
00:36:12qui me semble
00:36:12radicalement différent
00:36:13de celui que nous avons vécu
00:36:15depuis des années,
00:36:15qui était l'idée
00:36:17que l'économie capitaliste
00:36:19était sous-tendue
00:36:19par la question
00:36:20du libre-échange.
00:36:21C'était comme ça,
00:36:21à travers le libre-échange,
00:36:23que se basaient
00:36:24des taux de profit historiques
00:36:25etc.
00:36:26Sauf que nous ne sommes plus
00:36:27dans cette situation-là.
00:36:28C'est-à-dire que
00:36:29les mesures prises
00:36:30par Donald Trump
00:36:31font que nous rentrons
00:36:32dans une autre période
00:36:33qu'on a connue par le passé,
00:36:34qui est celle
00:36:35d'une guerre commerciale,
00:36:36d'un affrontement,
00:36:37avec des mesures prises
00:36:39par les États-Unis
00:36:40qui, évidemment,
00:36:40ont un impact.
00:36:41que ce soit les mesures
00:36:43d'imposer plus de 5%
00:36:44de budget de la défense,
00:36:47y compris pour acheter
00:36:48ses propres productions
00:36:50d'armement
00:36:50qui vont évidemment
00:36:52en désimportance,
00:36:53que ce soit
00:36:54la dénonciation
00:36:55du pilier 2
00:36:55de l'impôt
00:36:57sur les sociétés minimales
00:36:58dont on nous a dit
00:36:59pendant des années ici
00:37:00que cela remplaçait
00:37:02finalement la nécessité
00:37:03de légiférer nationalement
00:37:06parce qu'on avait ça
00:37:06au niveau international.
00:37:07Là, on ne l'a plus,
00:37:08moins qu'on puisse dire.
00:37:09Et puis que ce soit aussi
00:37:11finalement une politique
00:37:13qui va influer
00:37:14et ça influe déjà
00:37:15sur les consommations populaires
00:37:17qui est chez nous
00:37:18un des moteurs principaux
00:37:19qui nous a permis
00:37:20d'éviter notamment
00:37:21la récession
00:37:23contrairement aux Allemands
00:37:23depuis quelques années
00:37:24et le commerce extérieur.
00:37:27Et là, force est de constater
00:37:28que les pays européens,
00:37:29notamment les deux pays majeurs,
00:37:31réagissent de manière différente.
00:37:32Voilà.
00:37:32Alors je sais que vous allez me dire
00:37:34que du côté allemand,
00:37:36quelque part,
00:37:36ils peuvent le faire
00:37:37parce qu'ils ont moins de dettes,
00:37:38etc.
00:37:39Mais moi, je regarde
00:37:39les conséquences de ce qu'elle va...
00:37:41Avant de regarder
00:37:41si c'est possible ou pas,
00:37:43je regarde les conséquences
00:37:44de ce qui va se passer.
00:37:45Les Allemands, cette année,
00:37:46vont investir 82 milliards d'euros
00:37:48en termes d'emprunts,
00:37:50à la fois pour leur défense,
00:37:52mais aussi pour un certain nombre
00:37:54de politiques industrielles.
00:37:56Ça va monter à 129 milliards d'euros
00:37:58d'ici 2029.
00:38:00Et c'est sans compter
00:38:01le fonds d'investissement
00:38:02de 500 milliards
00:38:02qui est mis en place.
00:38:03Nous, par rapport à ça,
00:38:04nous allons produire un budget
00:38:07de baisse des dépenses publiques
00:38:08dont, à part la défense,
00:38:10peut-être plus 3 milliards,
00:38:11nous n'aurons pas d'efforts
00:38:13sur l'investissement.
00:38:14Et donc, je crains fort
00:38:16que le décrochage
00:38:17auquel on a vécu
00:38:18ces dernières années
00:38:19ne fasse que revenir
00:38:20à la surface
00:38:21et notamment nous mettre
00:38:22en grande difficulté,
00:38:24encore plus en termes
00:38:25de souveraineté industrielle.
00:38:26Et donc, la politique
00:38:27qui est mise en place là,
00:38:28ce que vous proposez,
00:38:29c'est quelque chose
00:38:29qui, à mon avis,
00:38:31ne nous permet pas
00:38:32de faire face.
00:38:33Donc, à cette situation,
00:38:35en gros,
00:38:37je reprends la phrase
00:38:38de François Béroux
00:38:40il y a quelques temps
00:38:41lors du premier comité d'alerte,
00:38:43nous disant avec justesse
00:38:44qu'on affronte un tsunami.
00:38:45J'ai l'impression
00:38:46que finalement,
00:38:47on l'affronte
00:38:47avec les mêmes barques
00:38:48et les mêmes rames.
00:38:49Donc, 3 questions.
00:38:50Que ce soit pour 2024
00:38:51ou 2025,
00:38:52vous indiquez
00:38:53que le niveau élevé
00:38:53du déficit
00:38:54s'explique principalement
00:38:56par une hausse des dépenses.
00:38:56Alors, je suppose
00:38:57que c'est écrire
00:38:59en tenant compte quand même
00:39:00que, tendanciellement,
00:39:01c'est d'abord la baisse
00:39:01des recettes depuis 2017
00:39:03qui explique
00:39:05cette augmentation
00:39:06du déficit.
00:39:07Ça, tous les économistes
00:39:08sont à peu près d'accord.
00:39:09Et c'est de toute façon
00:39:10le pourcentage
00:39:10par rapport au PIB
00:39:11qui le montre
00:39:12puisqu'il y a moins 3 points
00:39:13de recettes
00:39:14depuis 2017
00:39:16par rapport au PIB.
00:39:17C'est à peu près
00:39:17les 60 milliards
00:39:18qui manquent par an
00:39:18et que les dépenses publiques
00:39:20en termes de pourcentage
00:39:21sont à peu près stables.
00:39:22elles.
00:39:24Mais vous prenez 2024-2025
00:39:27et vous précisez
00:39:28notamment
00:39:29que c'est la hausse
00:39:29des dépenses locales.
00:39:31Je fais remarquer
00:39:31que les dépenses locales,
00:39:32c'est notamment
00:39:33les investissements
00:39:33qui se maintiennent
00:39:34et que les investissements
00:39:35des collectivités locales
00:39:37sous-tendent
00:39:38les investissements
00:39:39des collectivités
00:39:40de l'État
00:39:40et du public
00:39:41qui, lui-même,
00:39:42est le seul
00:39:43qui est en augmentation
00:39:43en termes d'investissement
00:39:46depuis 2017
00:39:47par rapport
00:39:48à l'investissement privé.
00:39:49Donc,
00:39:50cette hausse
00:39:51des dépenses locales
00:39:51s'explique par ça
00:39:52et s'il y a baisse,
00:39:53ça se jouera évidemment
00:39:54sur la part des investissements
00:39:55et les dépenses sociales.
00:39:58Pour autant,
00:39:59l'augmentation
00:39:59reste bien en deçà
00:40:00des besoins.
00:40:01Je rappelle par exemple
00:40:02que pour 2025,
00:40:03la loi de finances
00:40:03prévoit 35 milliards
00:40:04de dépenses en moins
00:40:05par rapport
00:40:06à l'évolution
00:40:06tendancielle des dépenses
00:40:07ou à le niveau nécessaire
00:40:08pour maintenir
00:40:09un niveau de service public
00:40:10similaire à celui de 2024.
00:40:12Et depuis le vote du budget,
00:40:13ces économies ont été aggravées
00:40:14puisque,
00:40:15on le sait,
00:40:153 milliards de crédits
00:40:16ont été annulés en avril,
00:40:17presque 4 milliards
00:40:18ont fait l'objet d'un surgel
00:40:19et au fond,
00:40:20les 5 milliards d'économies
00:40:21viennent d'être annoncées
00:40:22la semaine dernière
00:40:22si on tient compte
00:40:23des économies
00:40:24également sur le budget social.
00:40:25C'est donc un coup de rabot
00:40:26qui a été prévu pour 2025
00:40:28qui va être coûteux
00:40:29en termes de croissance,
00:40:30d'inégalité,
00:40:31mais aussi,
00:40:32l'étude de l'Institut
00:40:33des politiques macroéconomiques
00:40:35et internationales
00:40:36qui vient de sortir
00:40:36est très claire là-dessus
00:40:37en termes d'effet récessif
00:40:40au vu de la situation internationale.
00:40:42Donc ma première question
00:40:43est la suivante.
00:40:44Est-ce que les orientations
00:40:45budgétaires actuelles
00:40:46du gouvernement
00:40:46sont-elles à la hauteur
00:40:47justement du tsunami
00:40:49qui nous arrive ?
00:40:51N'est-ce pas,
00:40:52à force de répéter
00:40:53que,
00:40:53de ramener que le déficit
00:40:54sous les 3%
00:40:55est une nécessité absolue,
00:40:57que finalement,
00:40:58les gouvernements successifs
00:40:58ont fait plonger les comptes
00:41:00en ne réduisant rien
00:41:01au niveau des déficits,
00:41:02mais par contre,
00:41:03en ayant un aspect récessif
00:41:05sur l'économie ?
00:41:06Ma deuxième question
00:41:07porte sur la méthode
00:41:07de redressement de comptes publics.
00:41:09Vous préconisez,
00:41:10vous venez de le redire,
00:41:11de parvenir
00:41:11un excédent primaire durable
00:41:12d'environ 1,1 point de PIB,
00:41:15soit un niveau
00:41:15qui n'a pas été observé
00:41:16depuis 25 ans,
00:41:17c'est ce que vous avez dit,
00:41:18pour y parvenir,
00:41:19vous évoquez des ajustements
00:41:20budgétaires très exigeants,
00:41:21autrement dit,
00:41:22en réalité irréalistes
00:41:23ou inacceptables
00:41:24puisqu'ils agréveraient
00:41:24les inégalités sociales
00:41:26et nueraient finalement
00:41:27la consommation populaire.
00:41:29On s'inscrit donc,
00:41:30mais il ne va pas aussi loin
00:41:31dans la ligne
00:41:31que propose le gouvernement,
00:41:33c'est-à-dire,
00:41:34je l'ai dit tout à l'heure,
00:41:35celle d'une politique de l'offre,
00:41:36et qui a fait porter,
00:41:37qui refuse finalement
00:41:38de faire porter l'effort
00:41:40et notamment la recherche de recettes
00:41:41sur ceux qui ont le plus gagné
00:41:43depuis 2017,
00:41:44je parle notamment
00:41:45des ultra-riches
00:41:46et des multinationales.
00:41:47Est-ce que vous ne croyez pas
00:41:48qu'au lieu d'appeler
00:41:49à des mesures massives d'économie,
00:41:52il ne faudrait pas plutôt
00:41:52qu'il y ait un choc massif
00:41:53de recettes prélevées
00:41:54sur les plus riches,
00:41:55notamment les plus riches
00:41:56détenteurs de capitaux,
00:41:58ou par exemple,
00:41:59sur le patrimoine
00:42:00des milliardaires,
00:42:01ou par exemple,
00:42:02sur, et le haut est un mauvais signe,
00:42:04c'est plutôt haut,
00:42:05sur notamment
00:42:05les couches fiscales coûteuses,
00:42:07vous avez vu,
00:42:08la Cour des comptes
00:42:09a fait un excellent rapport
00:42:10sur le pacte d'Utreil,
00:42:12où on voit que
00:42:13le coût est plutôt
00:42:14entre 4 et 5 milliards
00:42:15que les 500 millions
00:42:16qui étaient avancés
00:42:17traditionnellement,
00:42:18ou le crédit à impôt recherche,
00:42:19c'est-à-dire que vous ne croyez pas
00:42:20que là,
00:42:21il y a des gisements
00:42:21de recettes
00:42:22qui pourraient être,
00:42:25de manière intéressante,
00:42:27envisagées.
00:42:27Et enfin, troisième question,
00:42:29c'est sur ce qui sous-tend
00:42:29votre débat,
00:42:30c'est la question
00:42:30de la soutenabilité
00:42:31de la dette publique
00:42:32et votre conclusion
00:42:33que le maintien du déficit public
00:42:35à son niveau actuel
00:42:35n'est pas soutenable.
00:42:36Alors d'abord,
00:42:38moi, je récuse,
00:42:38vous le savez,
00:42:39on a souvent ce débat,
00:42:40l'idée que quelque part,
00:42:41on serait finalement
00:42:43sur une situation telle
00:42:45que l'objectif absolu
00:42:47de redresser la dette publique
00:42:48à travers la baisse des dépenses,
00:42:51outre le fait
00:42:51que vous avez compris
00:42:52que je pense
00:42:52que ce n'est pas efficace
00:42:53de faire comme ça,
00:42:54parce qu'il y a un aspect récessif
00:42:56qui fait qu'on réduit
00:42:57les recettes,
00:42:58on réduit la TVA,
00:42:59on réduit les cotisations
00:43:00et donc à la fin,
00:43:01on n'arrive pas à l'objectif.
00:43:02Mais en plus de ça,
00:43:03je ne suis pas sûr
00:43:04que ça doit aujourd'hui être...
00:43:06Enfin, en tout cas,
00:43:06je pense que se donner ça
00:43:08comme objectif
00:43:09pratiquement principal
00:43:10nous fait passer à côté
00:43:12de bien d'autres objectifs prioritaires.
00:43:14Alors je remarque avec plaisir
00:43:16que la Cour des comptes
00:43:17ne me fait pas le coup
00:43:19de nous alarmer
00:43:20en disant qu'on est à la veille
00:43:21que le FMI s'intéresse
00:43:22à la France.
00:43:23comme c'est fait
00:43:24par certains membres
00:43:24du gouvernement
00:43:25parce que tout ça
00:43:25n'a pas de sens.
00:43:26Mais par contre,
00:43:27la comparaison avec la Grèce,
00:43:28excusez-moi,
00:43:29mais la Grèce s'est appauvrie
00:43:31considérablement.
00:43:32C'est-à-dire que
00:43:32la population grecque
00:43:34a payé ce retour
00:43:36à moins de déficit,
00:43:37etc.
00:43:38Et je ne nous souhaite pas,
00:43:40je ne nous souhaite pas
00:43:41la même situation
00:43:41de ce qui est arrivé
00:43:42à la Grèce depuis 2015.
00:43:44Voilà.
00:43:44Donc je trouve
00:43:45que la comparaison
00:43:46avec la Grèce
00:43:47dont le PIB, je rappelle,
00:43:48est à peu près
00:43:48à la hauteur
00:43:48de la région Île-de-France
00:43:49juste par comparaison
00:43:51avec ce que nous produisons,
00:43:52à mon avis,
00:43:52est là aussi
00:43:53une comparaison
00:43:54un peu alarmiste
00:43:55en termes d'exemplarité.
00:43:57Vous le dites aussi,
00:43:58d'ailleurs,
00:43:59là-dessus,
00:43:59je vous en suis gré,
00:44:00vous dites que les prêteurs
00:44:02se précipitent
00:44:02pour financer la dette française.
00:44:03Vous l'avez dit vous-même,
00:44:04c'est une bonne dette,
00:44:06notamment parce qu'en réalité,
00:44:08elle reste modérée
00:44:08en comparaison
00:44:09du patrimoine
00:44:10économique national
00:44:11qui est de 20 000 milliards.
00:44:13Quant à la charge
00:44:13de la dette,
00:44:14cette année encore,
00:44:15elle est pourtant inférieure
00:44:16à l'inflation.
00:44:17Alors si je dis ça,
00:44:18je ne dis pas
00:44:18qu'il faut cultiver
00:44:19la dette pour la dette,
00:44:20que la dette est bonne
00:44:21par soi.
00:44:22Et je pense notamment
00:44:23qu'une dette
00:44:24qui s'explique
00:44:25par des cadeaux fiscaux
00:44:26aux plus riches
00:44:26est une mauvaise dette.
00:44:27Mais par ailleurs,
00:44:29si on mettait le paquet
00:44:30sur ce qui est nécessaire,
00:44:31notamment la bifurcation écologique,
00:44:33je pense qu'on aurait tort
00:44:35de estimer
00:44:37qu'à 0,1 ou 0,2 point près,
00:44:40la question de revenir
00:44:42à 3 % forcément
00:44:43en 2029
00:44:44est la priorité.
00:44:45Vous le savez,
00:44:46je pense que la dette écologique
00:44:47est bien plus prioritaire.
00:44:48Et en plus de ça,
00:44:49je pense que la meilleure manière
00:44:50de réduire les déficits
00:44:52et de relancer
00:44:52l'activité économique
00:44:54et y compris
00:44:55l'investissement nécessaire
00:44:56est plutôt à chercher
00:44:57du côté des recettes
00:44:58et du coût du capital.
00:45:00Voilà mes remarques
00:45:01et du coup,
00:45:02autant de questions.
00:45:02Je vous donne la parole,
00:45:03monsieur.
00:45:03Merci, monsieur le président.
00:45:07Vous avez présenté vos remarques
00:45:10comme s'il y avait un débat politique
00:45:12entre nous
00:45:13et comme si la Cour des comptes
00:45:14se prononçait pour ou contre
00:45:16telle ou telle politique,
00:45:17pour la politique suivie depuis 2017,
00:45:19pour celle suivie par le gouvernement.
00:45:21Ça n'est pas son rôle
00:45:22et c'est pas ce que j'ai fait.
00:45:23Et c'est pas ce que fait la Cour.
00:45:25Je me permets de vous le dire
00:45:26avec beaucoup de tranquillité,
00:45:28beaucoup de calme,
00:45:29mais une extrême fermeté.
00:45:30parce que je ne veux pas
00:45:31qu'on laisse cette institution
00:45:33comme ça rouler
00:45:35au fil du débat public.
00:45:36Premièrement,
00:45:37ce rapport vient maintenant,
00:45:38pas parce que le Premier ministre
00:45:39a décidé d'annoncer
00:45:40ses mesures le 15 ou 16 juillet,
00:45:42mais parce qu'il vient
00:45:43tous les ans le 30 juin.
00:45:44Si François Bayrou
00:45:45avait décidé d'annoncer
00:45:46ses mesures le 15 juin,
00:45:47nous serions arrivés
00:45:47après la bataille.
00:45:49Nous sommes là
00:45:49à notre place,
00:45:50tout simplement.
00:45:52Ça, c'est le premier point.
00:45:53Je ne veux pas
00:45:54qu'on laisse peser
00:45:54une quelconque suspicion.
00:45:56Nous ne sommes pas un élément
00:45:57de la décision publique.
00:45:58Nous ne sommes pas une chaîne.
00:45:59Nous ne sommes pas dans la chaîne.
00:46:01Deuxième chose,
00:46:03je dis avec beaucoup de fermeté,
00:46:05également,
00:46:06M. le Président,
00:46:06que nous ne proposons pas
00:46:08de poursuivre une politique
00:46:10ou de la changer.
00:46:12Il y a une chose
00:46:12que nous proposons,
00:46:14une chose que nous constatons.
00:46:16Nous proposons d'inverser
00:46:18le cours récent
00:46:20des mesures
00:46:22ou des politiques
00:46:23qui ont conduit
00:46:23à l'accumulation
00:46:24de la dette publique
00:46:26et des déficits publics.
00:46:28et je n'ai pas
00:46:29à me prononcer
00:46:29sur comment on y est arrivé,
00:46:30etc.
00:46:31Ça, c'est votre travail à vous.
00:46:33Je dis une chose
00:46:34et là,
00:46:34je suis en désaccord avec vous,
00:46:36que nous ne pouvons pas
00:46:37nous permettre
00:46:38de continuer
00:46:39à rester
00:46:40dans une accumulation
00:46:41continue
00:46:42de dettes publiques.
00:46:43Je pense que c'est
00:46:44quelque chose
00:46:46qui amènerait
00:46:47la France
00:46:47non plus au pied du mur,
00:46:48mais dans le mur.
00:46:50Et c'est en ceci
00:46:51que vous devriez lire
00:46:52tous
00:46:52le chapitre
00:46:53sur la soutenabilité
00:46:55de la dette publique.
00:46:56Parce qu'au fond,
00:46:57que montre-t-il
00:46:58de manière très claire ?
00:47:00Nous ne sommes pas
00:47:01dans la situation
00:47:01de la Grèce.
00:47:03Pas du tout.
00:47:03Et effectivement,
00:47:04je ne suis pas en train
00:47:05de menacer
00:47:06de l'arrivée
00:47:07du FMI
00:47:09ou de la Troïka
00:47:10ou de sanctions.
00:47:13Je souligne au contraire
00:47:14que notre dette
00:47:15se finance bien.
00:47:16Mais je constate
00:47:17qu'elle se finance
00:47:17de moins en moins bien.
00:47:19Et je dis
00:47:20que nous ne sommes pas
00:47:20à l'abri
00:47:21de problèmes de liquidité
00:47:22ou de problèmes de financement.
00:47:24Ce n'est pas parce que
00:47:25nous sommes la France
00:47:25que nous ne rencontrerons
00:47:26jamais ce type de problème.
00:47:28Ce qui se passe
00:47:29quand on diverge
00:47:30comme nous le faisons,
00:47:31c'est qu'à un moment donné,
00:47:32je ne sais pas
00:47:33quand est ce moment,
00:47:33je ne sais pas
00:47:34dans quelles conditions,
00:47:35à ce moment-là,
00:47:36pardon de le dire,
00:47:38M. le Président,
00:47:38je vais prononcer un mot
00:47:39qui peut-être comme ça
00:47:40vous aurait un gros mot,
00:47:41notre dette,
00:47:42elle se finance
00:47:42sur des marchés,
00:47:43les marchés sont non créanciers.
00:47:45Et que regarde-t-il ?
00:47:46Il regarde effectivement
00:47:47la qualité de notre gestion
00:47:49de finances publiques
00:47:50qui se manifeste
00:47:52notamment à travers
00:47:53la notation
00:47:53qui en est faite.
00:47:55Il regarde
00:47:56la stabilité politique,
00:47:57il regarde la capacité
00:47:58d'action du pays.
00:48:00Et au final,
00:48:01soit il constate
00:48:02que les choses
00:48:02se déroulent bien,
00:48:03ce qu'elle est,
00:48:05le spread n'augmente pas trop,
00:48:07les taux d'intérêt
00:48:07n'augmentent pas trop,
00:48:08soit à un moment donné,
00:48:09ça décroche.
00:48:10Et ça peut se passer,
00:48:11pardon de le dire,
00:48:12à peu près n'importe comment.
00:48:14Et c'est pour ça
00:48:14que vos débats,
00:48:15je ne parle pas de nos rapports,
00:48:16je parle de vos débats,
00:48:17sont si cruciaux
00:48:18et leurs résultats aussi.
00:48:21Et si vous pensez
00:48:22qu'on peut comme ça
00:48:23indéfiniment augmenter
00:48:24la dette publique,
00:48:25là, je manifeste
00:48:26un désaccord radical,
00:48:27non pas sur les choix
00:48:28politiques qui sont faits,
00:48:29mais sur la base
00:48:30de constats.
00:48:31Je dis,
00:48:32et la Cour dit,
00:48:34que les déficits publics
00:48:35accumulés,
00:48:36notamment ces deux dernières années,
00:48:38nous mettent
00:48:39dans une situation compliquée
00:48:40parce que nous devons faire
00:48:41un effort deux fois plus important
00:48:42que ce qui était prévu initialement.
00:48:44Je pense que nous ne pouvons pas
00:48:45nous permettre
00:48:46de différer
00:48:47ou d'ignorer cet effort.
00:48:48Je dis que si on ignore l'effort,
00:48:50alors pour le coup,
00:48:51vous parliez de la Grèce,
00:48:52on risque à un moment donné
00:48:53de voir si l'effort
00:48:55n'est pas fait maintenant,
00:48:56l'austérité
00:48:56nous être imposée
00:48:57par l'extérieur.
00:48:58Et l'effort
00:48:59et l'austérité,
00:48:59ce n'est pas pareil.
00:49:00Quand on a 56,5 points
00:49:02de dépense publique
00:49:03dans le PIB
00:49:03ou 56,8,
00:49:06quand on a
00:49:06un certain
00:49:07dysfonctionnement
00:49:08qui se manifeste,
00:49:10quand on a
00:49:10tous les niveaux de collectivité
00:49:11qui ne participent pas
00:49:12à l'effort
00:49:12de réduction de la dépense,
00:49:14on a tout de même
00:49:14des marges de manœuvre.
00:49:15Ce n'est pas à moi
00:49:15de dire lesquels.
00:49:16C'est au gouvernement
00:49:17de faire ses propositions
00:49:18et c'est à vous
00:49:18de les examiner.
00:49:19Il y a plusieurs chemins.
00:49:21Il y a le chemin
00:49:21des économies,
00:49:22le chemin de la fiscalité.
00:49:24J'ai dit en gros
00:49:24ce que nous pensions,
00:49:25c'est-à-dire qu'on pouvait faire
00:49:26quelque chose sur la fiscalité
00:49:27mais qui n'était pas bon,
00:49:28que l'ajustement se fasse
00:49:29essentiellement par la fiscalité
00:49:30mais qu'il fallait
00:49:31faire des économies en dépense
00:49:32qui soient équilibrées
00:49:33et partagées par tous.
00:49:34Mais si on ne fait pas
00:49:35cet effort,
00:49:36si on ne donne pas
00:49:37un signal clair
00:49:38de crédibilité,
00:49:39de constance,
00:49:39de respect de nos trajectoires,
00:49:41alors à ce moment-là,
00:49:42à un moment donné,
00:49:42nous aurons un problème
00:49:42de crédibilité
00:49:43et un problème
00:49:44de soutenabilité.
00:49:46Et du coup,
00:49:47à ce moment-là,
00:49:48l'austérité,
00:49:49ça battra sur nous.
00:49:49Ce n'est pas l'effort,
00:49:50l'austérité.
00:49:51L'austérité,
00:49:51c'est effectivement
00:49:52ce qu'a connu la Grèce
00:49:53et d'autres pays.
00:49:55C'est tout à coup
00:49:55les prestations
00:49:56qui ne sont plus versées.
00:49:57C'est tout à coup
00:49:58des réformes extrêmement brutales.
00:49:59C'est tout à coup
00:50:00un choc économique majeur.
00:50:02Et la dette
00:50:03ne peut être ignorée
00:50:03par personne.
00:50:04Il y a ici
00:50:04des parlementaires.
00:50:05J'ai siégé parmi vous
00:50:06qui sont de gauche,
00:50:07qui sont de droite,
00:50:08qui sont d'ailleurs
00:50:08et qui sont du centre.
00:50:11Eh bien,
00:50:12cette nécessité,
00:50:13cette nécessité
00:50:14de réduire la dette publique,
00:50:16elle s'impose à tous.
00:50:18Tous.
00:50:19Quelles que soient vos préférences,
00:50:20si vous voulez agir,
00:50:22je ne vais pas nommer
00:50:23ces préférences
00:50:24pour telle ou telle
00:50:25politique publique,
00:50:26il faut que la dette baisse.
00:50:27Car quand on a
00:50:28100 milliards d'euros,
00:50:29ce qui nous menace
00:50:30en 2029
00:50:31de remboursement annuel
00:50:33de la dette,
00:50:34j'aimerais bien
00:50:34qu'on m'explique
00:50:34comment on finance
00:50:35la défense
00:50:36ou la transformation
00:50:37écologique
00:50:38ou l'innovation
00:50:38et la recherche,
00:50:39tous les objectifs
00:50:39qui sont fixés
00:50:40par le rapport Draghi
00:50:40sont inatteignables
00:50:42pour la France
00:50:43avec ce niveau de dette
00:50:43et en plus,
00:50:44ça nous coûte plus cher.
00:50:45Alors,
00:50:46vous avez évoqué
00:50:46la situation allemande.
00:50:50Il y a quand même
00:50:50une différence majeure.
00:50:51Vous avez dit
00:50:51oui, je sais bien que...
00:50:53Mais c'est que
00:50:53quand nous sommes entrés
00:50:55dans l'euro en 2001,
00:50:56je m'en souviens,
00:50:56je suis ministre
00:50:57des Affaires européennes
00:50:57à l'époque,
00:50:58la France avait
00:50:5958,9 points
00:51:01de dette sur PIB.
00:51:02L'Allemagne,
00:51:04sur PIB,
00:51:05nous avions 1,5%
00:51:06de déficit.
00:51:07L'Allemagne avait
00:51:07un chouï à moins.
00:51:09Nous avions un solde
00:51:10excédentaire commercial
00:51:11qui était plus important
00:51:12que celui de l'Allemagne.
00:51:13Nous sommes 24 ans après.
00:51:16La dette publique allemande
00:51:17a augmenté
00:51:18de 7,9 points de PIB.
00:51:20C'est pas rien.
00:51:21La note de 54,4 points de PIB.
00:51:24Quand on a la même monnaie,
00:51:25pardon,
00:51:25ça crée quand même
00:51:26des divergences.
00:51:27Je ne vais pas reprendre
00:51:28la fable de la cigale
00:51:29et de la fourmi,
00:51:29mais enfin,
00:51:30voilà,
00:51:31eux, ils ont stocké
00:51:31de quoi s'endetter.
00:51:33Si, M. le Président,
00:51:34ils ont levé
00:51:35leur frein à l'endettement,
00:51:36ils ont des moyens
00:51:37pour s'endetter considérables.
00:51:39Ils ont d'ailleurs
00:51:39un équilibre budgétaire.
00:51:42Nous nous sommes à 5,8.
00:51:43Nous ne pouvons pas
00:51:44nous permettre
00:51:44de faire ce que fait l'Allemagne.
00:51:45Peut-être malheureusement,
00:51:46mais parce que justement,
00:51:48au contraire de stocker,
00:51:50au contraire de gagner
00:51:51les marges de manœuvre,
00:51:52nous les avons égarés
00:51:54quelque part en route.
00:51:55Et donc,
00:51:56nous devons en retrouver.
00:51:57Si nous voulons investir demain,
00:51:58il faut être capable,
00:51:59là aussi,
00:51:59de se désendetter maintenant
00:52:01et de rayon de déficit tout de suite.
00:52:03Je pense que c'est
00:52:04cette équation-là
00:52:04que la Cour pose.
00:52:06Et je vous assure
00:52:06qu'il n'y a en rien
00:52:07ni un consentement
00:52:08ni une critique
00:52:09à telle ou telle politique économique.
00:52:10Elle est l'équation de base
00:52:12que, me semble-t-il,
00:52:13tous les politiques
00:52:13qui sont réunis ici,
00:52:15tous ceux qui prétendent
00:52:16à gouverner ce pays,
00:52:18doivent avoir en tête
00:52:19parce que ça s'imposera à eux.
00:52:22Et je préfère que ça s'impose
00:52:23de l'intérieur
00:52:24par un effort consenti,
00:52:25volontaire,
00:52:26pensé,
00:52:27maîtrisé,
00:52:28réfléchi,
00:52:28plutôt que ça s'impose
00:52:29de l'extérieur
00:52:29par une dégradation
00:52:31de la situation financière
00:52:32qui finit par nous imposer
00:52:33des punitions.
00:52:35L'effort, ça me va.
00:52:37L'austérité, ça me va pas.
00:52:38Et je souhaite qu'on l'évite.
00:52:40De même,
00:52:40quand vous parliez de la Grèce,
00:52:42je suis pas mal placé pour ça.
00:52:43J'étais ministre des Finances
00:52:44de 2012 à 2014
00:52:45et commissaire européen
00:52:46en charge de ce dossier
00:52:47de 2014 à 2019.
00:52:49Monsieur le Président,
00:52:49je vous le dis,
00:52:50là aussi très posément.
00:52:52Il y a une grande question
00:52:52entre la crise
00:52:53et l'austérité.
00:52:54Qu'est-ce qui a créé ?
00:52:55Certains pensent
00:52:55que l'austérité
00:52:56a créé la crise.
00:52:57Mais non.
00:52:58En vérité,
00:52:58ce pays que j'ai connu
00:53:00au début des années 2010,
00:53:01c'est un pays
00:53:01dont les comptes publics
00:53:02étaient falsifiés,
00:53:03dont la dette était insoutenable,
00:53:04qui n'avait plus accès
00:53:05au marché,
00:53:06qui n'avait un marché
00:53:07du travail fictif
00:53:08et un système social
00:53:11qui était tellement coûteux
00:53:13qu'il n'était plus tenable
00:53:15en rien.
00:53:16Et du coup,
00:53:17il y a eu en effet
00:53:17une austérité exagérée
00:53:18qui a été ensuite corrigée.
00:53:20Mais ce n'est pas
00:53:21l'austérité
00:53:21qui a créé la crise.
00:53:22C'est la crise
00:53:22qui a créé l'austérité.
00:53:24Et les cicatrices
00:53:25qui sont là,
00:53:26en Grèce,
00:53:26qui sont tout de même
00:53:27en train de se résorber,
00:53:27c'est pour ça que j'évoquais
00:53:28cet exemple,
00:53:29pas en pensant
00:53:29au cœur d'austérité
00:53:30ou au cœur d'ajustement,
00:53:32parce qu'il y a aussi
00:53:33en Grèce
00:53:33une croissance à 2,3%,
00:53:34parce qu'il y a
00:53:36des créations d'emplois
00:53:37qui sont très importantes,
00:53:39eh bien,
00:53:39ces cicatrices-là,
00:53:40elles viennent
00:53:41de cette combinaison
00:53:43dans cet ordre-là
00:53:44entre la crise.
00:53:45Alors,
00:53:45je reviens aux questions
00:53:46après avoir répondu.
00:53:48Je voudrais qu'on arrête
00:53:49de penser
00:53:50que la Cour
00:53:50est l'instrument
00:53:51des uns contre les autres.
00:53:53La Cour des comptes,
00:53:53n'est-ce pas,
00:53:54monsieur le rapporteur général ?
00:53:55Elle n'est pas dans ce jeu-là.
00:53:57On ne fait pas de politique
00:53:58ni pour les uns
00:53:59ni contre les autres.
00:54:01Alors,
00:54:01pourquoi est-ce que je dis
00:54:02que la nouvelle année noire 2024
00:54:03est d'abord imputable
00:54:04à la dépense ?
00:54:06Parce que le ratio
00:54:07de dépense publique
00:54:07n'a effectivement augmenté
00:54:08que de 0,3 points de PIB.
00:54:11Il faut distinguer
00:54:11toutefois trois composantes.
00:54:12D'abord,
00:54:13les mesures exceptionnelles
00:54:13de soutien
00:54:14qui ont fortement diminué.
00:54:18Elles contribuent
00:54:19à réduire le déficit
00:54:19à hauteur de 0,7 points de PIB.
00:54:21La charge de la dette
00:54:21qui a poussé le déficit
00:54:22à la hausse de 0,2 points de PIB.
00:54:24Et le cœur
00:54:24de la dépense publique,
00:54:25c'est de ça dont j'ai parlé,
00:54:26qui a augmenté de 2,7 %
00:54:29et a contribué
00:54:29à creuser le déficit public
00:54:30à hauteur de 0,8 points de PIB.
00:54:33Et l'absence
00:54:34de cette maîtrise
00:54:34du cœur de la dépense publique
00:54:35a conduit
00:54:36à creuser le déficit
00:54:37dans des proportions
00:54:37deux fois supérieures
00:54:38à la faible dynamique
00:54:39spontanée
00:54:41des prélements obligatoires.
00:54:43Pour les collectivités locales,
00:54:45il ne me viendrait jamais
00:54:46à l'esprit
00:54:47de les décrire
00:54:48comme découpables.
00:54:49Il faut aussi avoir
00:54:49quand même les chiffres.
00:54:51Oui,
00:54:51je vous le dis ici
00:54:52très posément toujours,
00:54:53l'État a en effet
00:54:55maîtrisé sa dépense
00:54:56fusse à coups
00:54:57de mesures de gestion
00:54:57qui sont essentiellement
00:54:59conjoncturelles
00:55:00ou qui ne peuvent être
00:55:01réalisées qu'une fois.
00:55:03Mais la dépense publique
00:55:04totale,
00:55:06publique,
00:55:06a augmenté de 0,1,7 points
00:55:09en volume
00:55:09et le cœur de dépense
00:55:12de 2,7 %,
00:55:13la dépense de l'État
00:55:14baisse de 0,5,
00:55:15les dépenses
00:55:16de protection sociale
00:55:17augmentent de 3,3 %
00:55:18et les dépenses locales
00:55:19augmentent de 2,7 %.
00:55:21Et donc,
00:55:22je ne fais pas de commentaire
00:55:22sur les raisons.
00:55:23D'ailleurs,
00:55:23un certain nombre de facteurs
00:55:24sont exogènes aux collectivités locales,
00:55:26notamment l'augmentation
00:55:27du point d'indice,
00:55:27etc.
00:55:28Mais,
00:55:30de facto,
00:55:31ce sont les dépenses
00:55:31des sphères sociales et locales
00:55:32qui tirent la dépense vers le haut.
00:55:33Je ne suis pas du tout
00:55:34en train, là aussi,
00:55:34de proposer une austérité
00:55:36pour la Sécu
00:55:37ou les colloques.
00:55:38Je dis simplement
00:55:38que si on fait un effort,
00:55:39il faudra qu'il soit partagé
00:55:40entre les trois niveaux
00:55:41d'administration publique.
00:55:43Sur l'ajustement budgétaire 2025,
00:55:45oui,
00:55:46je dis qu'au final,
00:55:48et en solde,
00:55:48bien sûr,
00:55:49il repose quasi exclusivement
00:55:50sur l'austé d'impôt
00:55:51parce que le rapport annuel 2025
00:55:55prévoit une réduction
00:55:56du déficit public
00:55:57de 0,4 points de PIB
00:55:58par rapport à 2024
00:55:58qui s'explique
00:56:00à hauteur de 0,8 points
00:56:02par les 23,5 milliards d'euros
00:56:04de prélèvements obligatoires décidés.
00:56:05Et en revanche,
00:56:07la dynamique prévue
00:56:08de la dépense publique,
00:56:091,1% en volume,
00:56:10excéderait celle du PIB
00:56:11de sorte que le ratio
00:56:12de dette publique
00:56:13et de dépense publique
00:56:14augmenterait.
00:56:15Et donc,
00:56:15il n'y a pas d'effort global
00:56:16d'économie
00:56:17alors qu'il y a,
00:56:19sans aucun doute,
00:56:19une augmentation des impôts.
00:56:22Ça, c'est une réflexion
00:56:23que vous devez avoir
00:56:24au moment de faire les choix
00:56:26pour 2026.
00:56:28Voilà à la fois
00:56:29mon commentaire
00:56:30et mes réponses
00:56:31à vos questions,
00:56:32M. le Président.
00:56:33Oui, je maintiens
00:56:34que la maîtrise
00:56:36de nos déficits
00:56:36et de nos dettes,
00:56:37je ne serai pas dans mon rôle.
00:56:39On n'a aucun point de vue.
00:56:40C'est un impératif
00:56:41catégorique pour la France
00:56:42et pour toutes les forces politiques
00:56:43qui s'y représentent.
00:56:44Moi, je maintiens
00:56:45que la présentation
00:56:46que vous avez faite,
00:56:46il y a quand même
00:56:47une orientation macroéconomique
00:56:48qu'on a le droit
00:56:48de contester
00:56:49et qui ne vaut pas
00:56:51position pour une autre chose.
00:56:54Mais il suffit
00:56:55de regarder la vidéo
00:56:56pour le vérifier.
00:56:58Mais ce n'est pas
00:56:58un problème en soi,
00:56:59d'ailleurs.
00:57:00Pardon, je ne vais pas
00:57:01vous interrompre,
00:57:01M. le Président.
00:57:02Non, mais je n'ai pas fait
00:57:03la moindre préconisation
00:57:04de politique économique.
00:57:05Pas la moindre.
00:57:06On peut regarder la vidéo.
00:57:07Je suis désolé.
00:57:09Désolé.
00:57:09Rien.
00:57:10Rien.
00:57:11Si, j'en ai fait une.
00:57:12On peut faire
00:57:12des hausses d'impôts,
00:57:13mais il ne faut pas
00:57:14oublier les dépenses.
00:57:16Et comme toujours,
00:57:17dans ce type d'audition,
00:57:19les députés ont
00:57:20beaucoup de questions
00:57:21à poser à Pierre Moscovici,
00:57:23beaucoup de préoccupations,
00:57:24à commencer par Charles de Courson,
00:57:26député chevronné,
00:57:28membre depuis des années
00:57:29de la Commission des finances.
00:57:30Il y a aussi des questions
00:57:31du Rassemblement national
00:57:33qui réclame à corps et à cri
00:57:35des coupes budgétaires.
00:57:36Et puis la gauche
00:57:36qui dénonce une cure d'austérité,
00:57:39ce que rejette fermement
00:57:40Pierre Moscovici.
00:57:41Place aux questions.
00:57:42Ce n'est que cinq modestes questions
00:57:44à vous poser.
00:57:46La première est la suivante.
00:57:48Afin de respecter la trajectoire
00:57:49d'évolution du déficit public
00:57:50présenté dans le rapport
00:57:52d'avancement annuel pour 2025,
00:57:54la Cour des comptes calcule
00:57:55un ajustement,
00:57:56dès 2026,
00:57:57d'environ 25 milliards.
00:57:58Alors que le gouvernement
00:58:00évalue cet effort
00:58:01à 40 milliards.
00:58:03Il est vrai
00:58:04par rapport
00:58:05à un tendanciel.
00:58:07Alors cet écart
00:58:07entre les deux estimations
00:58:08dont les méthodologies
00:58:09respectives sont décrites
00:58:11d'ailleurs dans votre rapport
00:58:12est quand même important.
00:58:15Sur quel calcul
00:58:16devrions-nous nous fonder
00:58:17en perspective
00:58:19du projet de loi de finances
00:58:21initial pour 2026 ?
00:58:23Deuxième question.
00:58:25Votre rapport
00:58:26évoque l'impératif,
00:58:28je cite,
00:58:28d'un effort structurel
00:58:29portant sur les dépenses
00:58:30de l'ensemble
00:58:31des administrations publiques
00:58:32pour conjurer
00:58:33la répétition
00:58:33d'une dérive.
00:58:35En vous appuyant
00:58:36sur les nombreuses
00:58:37évaluations politiques publiques
00:58:38que vous avez conduites
00:58:39par la Cour,
00:58:41quelles sont pour vous
00:58:41les principales pistes
00:58:43d'économie structurelle
00:58:44possibles
00:58:44qui permettraient
00:58:45de contribuer
00:58:46à cet effort ?
00:58:48Troisième question.
00:58:49La Cour des comptes
00:58:50a publié vendredi dernier
00:58:51le fascicule 1
00:58:53de son rapport
00:58:53sur la situation
00:58:54des finances publiques
00:58:55locales en 2024.
00:58:57Elle y confirme
00:58:58la mauvaise santé financière
00:58:59des départements
00:59:00qu'elle qualifie
00:59:01de dégradée.
00:59:03Elle rappelle très justement
00:59:03que la composition
00:59:04des recettes des départements
00:59:05est inadaptée
00:59:06à celle de leurs dépenses.
00:59:08Dès lors,
00:59:09que pensez-vous
00:59:10de l'octroi
00:59:10d'une fraction de CG
00:59:12transférée au département
00:59:15avec un pouvoir
00:59:16de modulation du taux ?
00:59:18Je précise d'ailleurs
00:59:19que ces recettes pilotables
00:59:20devraient être accompagnées
00:59:22d'un mécanisme
00:59:22de péréquation horizontale
00:59:24entre les départements
00:59:25pour éviter
00:59:26des écarts
00:59:28territoriaux importants.
00:59:30Quatrième question.
00:59:32Votre rapport souligne
00:59:34avec raison
00:59:35la différence existante
00:59:36entre les situations
00:59:36financières de chaque strat.
00:59:38La situation
00:59:39du bloc communal
00:59:41y est présentée
00:59:42comme favorable
00:59:43tandis que celle
00:59:45des départements
00:59:45se dégrade
00:59:46et celle des régions
00:59:46s'érode.
00:59:47Pourtant,
00:59:48les efforts consentis
00:59:49par les collectivités
00:59:49territoriales
00:59:50au sein de la loi
00:59:51de finances
00:59:51pour 2025
00:59:52n'ont pas fait l'objet
00:59:53de telles distinctions
00:59:54à l'instar du gel
00:59:55des fractions de TVA
00:59:56qui touchent particulièrement
00:59:57les départements
00:59:58et les régions.
00:59:59Que préconise
01:00:00la Cour des comptes
01:00:01pour faire contribuer
01:00:02de manière différenciée
01:00:03les collectivités
01:00:04territoriales
01:00:05à la résorption
01:00:05des déficits publics ?
01:00:08Et puis,
01:00:08j'ai une petite question
01:00:09subsidiaire.
01:00:10La cinquième,
01:00:11je vous rassure,
01:00:11la dernière.
01:00:12Pour l'exécution 2025,
01:00:17pensez-vous,
01:00:18en l'état actuel
01:00:18de vos informations,
01:00:20que l'objectif
01:00:20de ramener
01:00:21à 5,4%
01:00:23du PIB
01:00:23les déficits publics
01:00:25contre 5,8%
01:00:26en 2024
01:00:27est crédible ?
01:00:29Merci,
01:00:31M. le rapporteur général.
01:00:32Je vais commencer
01:00:32par la dernière question
01:00:33parce que, en fait,
01:00:34je croyais avoir
01:00:34déjà répondu.
01:00:35Je maintiens
01:00:36que cet objectif,
01:00:37il est atteignable.
01:00:40Il y a un an,
01:00:41nous étions en juillet
01:00:42donc 2024,
01:00:45nous savions
01:00:46que nous allions
01:00:47dans le mur.
01:00:49Nous savions
01:00:49que les recettes
01:00:50avaient très largement
01:00:51dérapé.
01:00:52Nous savions
01:00:53que les dépenses
01:00:54étaient contenues
01:00:55en gestion
01:00:55mais pas
01:00:56pour les tailles
01:00:57que les récales
01:00:57et nous savions
01:00:58que la prévision
01:00:59de croissance
01:00:59ne serait pas du tout
01:01:00retenue
01:01:01pour l'année de 2024.
01:01:04Nous ne sommes pas
01:01:04du tout
01:01:04dans cette situation.
01:01:06Heureusement.
01:01:07Ce qui veut dire
01:01:07que, je reprends
01:01:08ma formule,
01:01:09l'objectif 2025,
01:01:10il est atteignable.
01:01:13Les risques
01:01:14sont plutôt
01:01:15à la baisse,
01:01:16ils ne sont pas massifs
01:01:17mais ils existent.
01:01:19Et donc,
01:01:19la seule question
01:01:19qui est posée
01:01:20c'est de savoir
01:01:20si cet objectif
01:01:21de 5,4%
01:01:21sera tenu
01:01:22avec ou sans mesure
01:01:23structurelle.
01:01:25À ce stade de l'année,
01:01:25je crois qu'il est
01:01:26trop tôt pour le dire.
01:01:27Ce que j'observe,
01:01:28c'est que les prévisions
01:01:29de croissance
01:01:29sont sans doute
01:01:31un peu optimistes
01:01:31mais très légèrement.
01:01:33On a 0,7%
01:01:34par rapport
01:01:34au consensus
01:01:34à 0,6%.
01:01:37Du coup,
01:01:37les prévisions
01:01:38de recettes
01:01:38sont aussi
01:01:39très légèrement
01:01:40supérieures.
01:01:42Et enfin,
01:01:43les prévisions
01:01:44de dépenses
01:01:44doivent être documentées.
01:01:46Mais on n'est pas
01:01:47du tout
01:01:48dans la même situation.
01:01:48C'est-à-dire,
01:01:48vous avez vu
01:01:49un dérapage
01:01:51entre ce que vous avez voté
01:01:52le déficit réalisé
01:01:53de 1,4 point de PIB.
01:01:54On n'est pas dans
01:01:55ces ordres de grandeur
01:01:56du tout.
01:01:57Et il est encore possible
01:01:58d'avoir de bonnes surprises.
01:01:58Qui sait ?
01:01:59Sur la croissance,
01:02:00je ne veux pas du tout
01:02:01la...
01:02:02L'exercice de la prévision
01:02:03est un exercice
01:02:04très compliqué.
01:02:04Donc ma formule,
01:02:06c'est atteignable,
01:02:08mais avec des risques
01:02:09à la baisse.
01:02:10Peut-être un peu optimiste.
01:02:11Voilà.
01:02:12C'est ce que je peux dire
01:02:12aujourd'hui.
01:02:13Sur vos autres questions,
01:02:17je vais d'abord répondre
01:02:18aux questions
01:02:18sur les forces culturelles
01:02:19et les finances publiques locales
01:02:20parce que je suis embarrassé,
01:02:22monsieur le rapporteur général.
01:02:23Je ne voudrais pas,
01:02:23en vous répondant
01:02:24par des suggestions,
01:02:25donner prise aux critiques,
01:02:27à mon avis,
01:02:27infondées du président,
01:02:29en donnant l'impression
01:02:30que je suis en train
01:02:30de faire la politique
01:02:31du gouvernement
01:02:31à la place du gouvernement.
01:02:32Ce n'est pas notre rôle.
01:02:35Et donc,
01:02:35nous ne sommes pas en train
01:02:36de faire des préconisations
01:02:37particulières.
01:02:38Alors évidemment,
01:02:39dans les nombreuses évaluations
01:02:40que vous évoquez,
01:02:41il y en a.
01:02:42Je le rappellerai notamment
01:02:43être venu il n'y a pas si longtemps
01:02:45dans la salle d'à côté
01:02:46à la Commission des affaires sociales
01:02:48pour présenter
01:02:48un excellent rapport
01:02:50annexé au RALF
01:02:51sur la sécurité sociale
01:02:54où je pense que la Cour
01:02:55a bien démontré
01:02:56comment,
01:02:57sans frapper
01:02:57de la juge sujet
01:02:58en quoi que ce soit,
01:02:59on pouvait faire
01:02:5920 milliards de cours d'économie
01:03:00en 5 ans
01:03:01sur l'assurance maladie.
01:03:03Je pense que si on lit
01:03:04aussi nos rapports
01:03:05sur la retraite,
01:03:05on comprend l'impératif
01:03:07d'équilibrer financièrement
01:03:09la retraite
01:03:09et de respecter
01:03:11une trajectoire
01:03:11qui passe notamment
01:03:13par 6 milliards
01:03:14d'euros d'économie
01:03:15d'ici à 2030
01:03:16puisqu'il y a bien
01:03:176 milliards de déficit
01:03:18aujourd'hui.
01:03:19Donc il y a
01:03:20toute une série de pistes
01:03:21mais avant tout,
01:03:22c'est au gouvernement
01:03:22de faire ses propositions,
01:03:24de se saisir du dossier,
01:03:25de prendre ses arbitrages
01:03:26et je ne voudrais
01:03:27en rien
01:03:28sembler pour le coup
01:03:29les préempter.
01:03:30et pour les finances publiques
01:03:32locales,
01:03:32c'est vrai que j'ai présenté
01:03:33il y a une semaine
01:03:34le rapport
01:03:35fascicule 1
01:03:36sur les fibulogies.
01:03:38Tiens,
01:03:38fascicule 1,
01:03:39pourquoi ?
01:03:39Je vais y venir un peu plus tard.
01:03:41Ce rapport a un message
01:03:42qui en réalité
01:03:42est extrêmement contrasté.
01:03:43Donc 1,
01:03:44les collectivités locales
01:03:45ne sont pas coupables.
01:03:472,
01:03:47les collectivités locales
01:03:49ont aussi augmenté
01:03:52leurs dépenses
01:03:52parce qu'il y a eu
01:03:53un certain nombre
01:03:53de choses
01:03:54qui leur ont été imposées
01:03:55comme par exemple
01:03:56l'augmentation
01:03:57du point d'indice.
01:03:583,
01:03:59la situation
01:04:00entre les 3 blocs
01:04:01n'est pas du tout la même.
01:04:02La situation du bloc communal
01:04:03globalement
01:04:04est plutôt très favorable.
01:04:06Même si à l'intérieur
01:04:07du bloc communal,
01:04:08il y a des communes
01:04:09notamment petites
01:04:09qui sont en grande difficulté.
01:04:12Le bloc régional,
01:04:13là encore avec des différences
01:04:14dans le bloc régional.
01:04:16Nouvelle-Aquitaine
01:04:16et PACA
01:04:17c'est un peu moins bon
01:04:18que les autres.
01:04:19Le bloc régional
01:04:20est en situation...
01:04:23De toute façon,
01:04:24les ratios d'endettement
01:04:25sont tenus.
01:04:26On est nettement en dessous
01:04:27des codes d'alerte
01:04:28qui sont prévus
01:04:29en la matière de 7 ans.
01:04:31Pour les départements,
01:04:32alors pour le coup,
01:04:33on est à la code d'alerte.
01:04:34Pour tous.
01:04:35Le ratio est à 6,6.
01:04:38C'est cette année
01:04:38qu'il faut viser.
01:04:40Et à l'intérieur
01:04:41des départements,
01:04:41alors comme vous le savez très bien,
01:04:43il y a des situations
01:04:44qui sont totalement dissymétriques
01:04:46entre un certain département
01:04:47qui se porte extrêmement bien
01:04:49et d'autres départements
01:04:50qui,
01:04:51du fait de chocs économiques,
01:04:53de chocs sociaux,
01:04:53d'un affaissement des recettes,
01:04:56notamment des DMTO,
01:04:57même si les DMTO remontent un peu
01:04:59en ce début d'année 2025,
01:05:01elles sont en grande souffrance.
01:05:03Ce qui veut dire
01:05:03qu'assurément,
01:05:05il faudra mettre en oeuvre
01:05:05pour le moins
01:05:06des mécanismes
01:05:07de transfert et de péréquation.
01:05:09C'est vital.
01:05:10Sinon, nous allons avoir
01:05:11un choix qui, pour le coup,
01:05:13est tout à fait dramatique.
01:05:14Vous êtes conseiller départemental,
01:05:16monsieur le rapporteur général,
01:05:19depuis un certain temps,
01:05:20je crois.
01:05:21Voilà.
01:05:22Pardon ?
01:05:23Il y a 14 départements.
01:05:25Oui, mais vous,
01:05:26vous êtes...
01:05:27Absolument.
01:05:28Il y a 14.
01:05:28Et il y en a beaucoup
01:05:29qui le deviendront
01:05:30dès l'année prochaine.
01:05:31Et donc,
01:05:32le choix ne peut pas être
01:05:34pour les départements
01:05:35entre arrêter les prestations
01:05:38ou bien entrer dans une situation
01:05:40d'endettement excessif.
01:05:41Et c'est là où les mécanismes
01:05:42de péréquation sont indispensables
01:05:44pour ces 14 départements
01:05:45et, en réalité,
01:05:45pour beaucoup d'autres.
01:05:47Après, nous n'avons pas fait
01:05:48de proposition
01:05:49parce que ces préconisations,
01:05:51elles viennent au moment
01:05:51du fascicule 2 de FIPULO
01:05:53que je présenterai
01:05:54au début octobre,
01:05:56ce qui sera au moment
01:05:58de vos propres délibérations.
01:06:01Enfin, pourquoi le gouvernement
01:06:02dit 40 milliards d'economie
01:06:03alors que la Cour dit 25 ?
01:06:05Évaluer un effort d'économie
01:06:07suppose de calculer
01:06:08la moindre évolution
01:06:09prévue de la dépense
01:06:10par rapport à une évolution
01:06:11normale de référence.
01:06:13Et là, le gouvernement,
01:06:14ça, c'est un point méthodologique
01:06:15qui doit être posé au gouvernement,
01:06:16calcule les économies prévues
01:06:18par rapport à une évolution
01:06:19tendancielle.
01:06:21La politique a changé.
01:06:23Et cette notion de tendancielle
01:06:25est assez difficile à identifier.
01:06:28Et la méthode du gouvernement,
01:06:29qui aboutit à 40 milliards d'euros,
01:06:30en vérité, n'est pas explicite.
01:06:32On a...
01:06:32Vous vous souvenez
01:06:32qu'au moment du PLF,
01:06:33vous parliez de 60.
01:06:34Et alors, il y avait
01:06:35des évaluations différentes
01:06:36entre le gouvernement et nous.
01:06:37On disait, on fait 60,
01:06:39dont les deux tiers
01:06:39des commis en dépenses.
01:06:40Nous disions, c'était 40,
01:06:42dont les deux tiers,
01:06:43une dose d'impôt.
01:06:44Donc, si vous voulez,
01:06:45moi, je me méfie un peu
01:06:46du tendancielle, quand même,
01:06:47pour dire assez brutalement.
01:06:50Nous retrouvons une méthode
01:06:51qui est plus simple
01:06:52qu'on appelle une méthode historique.
01:06:53C'est-à-dire,
01:06:53nous calculons l'effort d'économie
01:06:55sur le cœur de la dépense
01:06:56par rapport à l'évolution moyenne
01:06:58en volume des dépenses primaires
01:06:59avant crise,
01:07:00période pendant laquelle
01:07:00les efforts d'économie
01:07:01avaient déjà été produits.
01:07:03Et c'est cette méthode
01:07:04qui mesure le surcoût d'efforts
01:07:06par rapport à ce que nous avons pu faire
01:07:08dans un passé récent.
01:07:10Donc, il y a un effort,
01:07:11ça cumule un autre effort,
01:07:12qui conduit à 25 milliards
01:07:14d'euros d'économie.
01:07:14Mais nous aurons l'occasion
01:07:15de reprendre ce débat-là
01:07:17au moment de la présentation du PLF,
01:07:19dont toutefois, quand même,
01:07:20la présentation n'est pas
01:07:21totalement indifférente.
01:07:22Ces chiffres frappent l'opinion.
01:07:25Après, le tendanciel
01:07:27est une notion assez compliquée
01:07:30à manier, en fait.
01:07:30Bien, on va passer aux orateurs
01:07:33de groupe.
01:07:34Madame Marébeuil
01:07:35pour l'Oration nationale.
01:07:41Oui, merci, M. le Président.
01:07:43M. le Président de la Cour des comptes.
01:07:45Chaque année, dans ses rapports,
01:07:47la Cour des comptes
01:07:48ne cesse de rappeler
01:07:48avec constance et gravité
01:07:50l'impérieuse nécessité
01:07:51de conduire les réformes
01:07:52structurelles d'ampleur
01:07:53pour assurer la soutenabilité
01:07:55de nos finances publiques.
01:07:57Depuis 2017,
01:07:57cette exigence n'a cessé
01:07:59d'être réaffirmée par votre institution
01:08:01avec un ton de plus en plus alarmant
01:08:03au fil du temps.
01:08:04Pourtant, force est de constater,
01:08:06et je crois que c'est aussi
01:08:07le constat lucide que dresse la Cour,
01:08:10qu'aucune véritable réforme structurelle
01:08:12n'a été engagée à ce jour.
01:08:14Les dépenses publiques
01:08:15continuent de croître,
01:08:16les déficits se creusent
01:08:17et l'endettement poursuit
01:08:18sa trajectoire ascendante,
01:08:20sans qu'aucune stratégie cohérente
01:08:21et lisible de redressement
01:08:23n'émerge.
01:08:24Lors des débats autour du PLF 2025,
01:08:26le groupe Rassemblement national
01:08:28avait proposé de nombreuses pistes
01:08:30concrètes de réformes budgétaires.
01:08:32Aucune de ces réformes
01:08:33n'a été reprise par le gouvernement.
01:08:35Dans ce contexte,
01:08:36où règne aujourd'hui
01:08:37une grande confusion institutionnelle
01:08:38et politique,
01:08:40avez-vous perçu de la part du gouvernement
01:08:41des signaux clairs,
01:08:43une orientation crédible
01:08:44ou même simplement
01:08:45une volonté réelle
01:08:46d'engager une réforme budgétaire
01:08:48digne de ce nom ?
01:08:49Avez-vous entendu
01:08:50dans les annonces de l'exécutif
01:08:52ne serait-ce que les prémices
01:08:53d'une réforme structurelle
01:08:54à la hauteur des enjeux
01:08:56que vous ne cessez de souligner
01:08:57depuis sept ans ?
01:08:59Monsieur le Président,
01:09:00au regard de la situation actuelle,
01:09:01quelle vous semble être aujourd'hui
01:09:02la priorité absolue
01:09:03pour engager enfin
01:09:05la remise en ordre
01:09:05de nos finances publiques ?
01:09:07Et enfin,
01:09:08l'Allemagne vient d'annoncer
01:09:09qu'elle allait lever
01:09:10850 milliards d'euros de dettes.
01:09:13Quelle va être la répercussion
01:09:14sur les pays de la zone euro
01:09:16et donc la France ?
01:09:18Monsieur le Président.
01:09:21Bon, d'abord,
01:09:22je ne peux évidemment pas commenter
01:09:24ce que le gouvernement a fait
01:09:27ou fera.
01:09:28Je suis comme tout le monde.
01:09:30Je découvrirai cela le 16 juillet,
01:09:33peut-être si on est gentil la veille.
01:09:35Mais bon, pas forcément d'ailleurs.
01:09:38Je vais rendez-vous avec le Premier ministre,
01:09:39mais plutôt après.
01:09:40Sur les réformes structurelles,
01:09:45nous constatons globalement
01:09:46qu'il y a eu peu de réformes structurelles
01:09:48qui ont modifié la nature des dépenses
01:09:51et que c'est vrai que si, par exemple,
01:09:53les dépenses de l'État ont été tenues,
01:09:54c'est plus par des mesures de gestion
01:09:55qui, par définition,
01:09:57ne sont pas reproductibles pour l'éternité
01:09:59et qui figent un certain nombre
01:10:01de politiques publiques.
01:10:03Sur les priorités de finances publiques,
01:10:05de la même façon,
01:10:06je me garderai d'en fournir ici,
01:10:08car non seulement je ne commande pas
01:10:10le gouvernement,
01:10:10mais je ne suis pas là pour l'inspirer,
01:10:12même s'il peut toujours se nourrir,
01:10:14bien sûr, de nos rapports,
01:10:15comme chacune d'entre vous.
01:10:18Je dirais simplement
01:10:18que le message que je passe,
01:10:20il est très ferme,
01:10:22c'est que, justement,
01:10:23nous ne pouvons pas continuer
01:10:24comme ces dernières années.
01:10:26Nous ne pouvons pas continuer comme ça.
01:10:27que nous avons maintenant doublé
01:10:29l'effort nécessaire
01:10:30et que, du coup,
01:10:32cet effort ne peut plus être différé,
01:10:34qu'il est important,
01:10:34qu'il faut crédibiliser
01:10:35notre trajectoire de finances publiques,
01:10:37le faire, en effet, dès 2025,
01:10:39mais le faire pour les années suivantes,
01:10:41et éviter tout problème
01:10:42de soutenabilité de la dette publique.
01:10:44Et pour cela,
01:10:45effectivement,
01:10:45faire des efforts partagés
01:10:46entre tous les niveaux
01:10:47d'administration publique.
01:10:49Ensuite,
01:10:50au gouvernement,
01:10:51de mettre ça en musique,
01:10:51qu'il y a à vous,
01:10:52mesdames et messieurs les parlementaires,
01:10:53de proposer, voter,
01:10:55c'est comme ça
01:10:55que fonctionne la démocratie.
01:10:57Le cours des comptes,
01:10:58elle est à son rôle,
01:10:59à sa place,
01:11:00c'est une vigie
01:11:01qui fait un certain nombre
01:11:02de constats
01:11:02qui, ensuite,
01:11:03doivent être alimentés,
01:11:04nourris, développés
01:11:05par le débat public,
01:11:07politique,
01:11:07auquel nous ne participons pas.
01:11:09Ça, j'y insiste beaucoup.
01:11:12Enfin,
01:11:12sur les milliards d'euros,
01:11:16mais les centaines de milliards d'euros
01:11:17que l'endettement
01:11:18de l'Allemagne
01:11:20va lui permettre de déployer,
01:11:21je relis malheureusement
01:11:22ce que j'ai répondu
01:11:23au président
01:11:24de la commission des finances,
01:11:25à savoir qu'ils ont
01:11:26les moyens de le faire,
01:11:28pas nous.
01:11:29On ne peut pas ajouter
01:11:30850 milliards d'euros,
01:11:33par exemple,
01:11:33je prends ce chiffre,
01:11:34mais même la moitié,
01:11:35aux 3500
01:11:36qu'elles nous seront
01:11:36à la fin de l'année 2025.
01:11:38Nous sommes à 114 points de PIB,
01:11:42ils sont à 65.
01:11:45Ils ont donc des marges de manœuvre
01:11:46que nous n'aurons pas.
01:11:46Ils ont un déficit
01:11:47qui est quasi nul,
01:11:48nous sommes à 5,8.
01:11:50Malheureusement,
01:11:50ces marges de manœuvre
01:11:51nous ne les avons pas eus
01:11:52beaucoup,
01:11:53mais nous les avons perdus.
01:11:55Nous devons réduire
01:11:55nos déficits
01:11:56là où ils peuvent se permettre,
01:11:57eux,
01:11:57d'augmenter les leurs.
01:11:58Alors,
01:11:59ça aura sans doute
01:11:59des effets induits,
01:12:00parce que nos économies
01:12:01sont très interpénétrées.
01:12:03Ça aura sans doute
01:12:03des effets pas négatifs
01:12:04sur les taux d'intérêt,
01:12:05parce que, du coup,
01:12:07les spreads,
01:12:07c'est-à-dire l'écart
01:12:08de taux d'intérêt
01:12:08entre la France et l'Allemagne,
01:12:09qui avaient beaucoup grandi,
01:12:11a cessé de grandir,
01:12:12parce que, justement,
01:12:13les marchés constatent
01:12:14qu'il y a maintenant
01:12:15des émissions de dette allemandes
01:12:16qui sont déjà importantes
01:12:17et qui vont l'être
01:12:18dans le futur.
01:12:19Donc, ça détend un peu
01:12:20la pression qui repose
01:12:21sur les autres,
01:12:22même si,
01:12:23il faut le dire quand même,
01:12:24si vous comparez
01:12:25les grandes économies
01:12:27de la zone euro,
01:12:28nous sommes très écartés
01:12:30par l'Allemagne,
01:12:31nous voyons l'Italie
01:12:31se rapprocher de nous,
01:12:32alors qu'elle était
01:12:33nettement au-dessus,
01:12:34et toutes les autres
01:12:34sont en dessous
01:12:36en termes de taux d'intérêt.
01:12:38Voilà ce que je vois
01:12:38comme conséquence.
01:12:39Il y en a
01:12:39qui sont positives,
01:12:41des retombées économiques
01:12:42éventuelles,
01:12:43des taux d'intérêt
01:12:44qui sont un peu moins
01:12:45sous pression dans le court terme.
01:12:47Il y en a d'autres
01:12:47qui sont surtout positives
01:12:49à l'économie allemande,
01:12:50et nous n'avons pas
01:12:51les moyens de faire
01:12:52ce que fait l'Allemagne
01:12:53aujourd'hui, je le dis,
01:12:53nous ne les avons pas.
01:12:55Alors, ce qui est possible,
01:12:56c'est peut-être
01:12:57de convaincre
01:12:57nos partenaires européens
01:12:58de faire un effort
01:12:59de mutualisation de la dette,
01:13:01mais,
01:13:01petite expérience là,
01:13:03pour convaincre les autres
01:13:03de mutualiser la dette,
01:13:04il faut d'abord
01:13:05montrer que soi-même,
01:13:06on fait son travail
01:13:08à domicile.
01:13:10David Amiel,
01:13:10pour EPR.
01:13:15Merci,
01:13:18M. le Président,
01:13:20M. le Premier Président
01:13:21de la Cour des comptes
01:13:22pour cet exposé très clair.
01:13:24Moi, je retiens
01:13:24notamment, évidemment,
01:13:26pour l'année 2024,
01:13:28que la hausse des dépenses
01:13:29a été beaucoup tirée
01:13:30par les dépenses sociales
01:13:31et les dépenses locales.
01:13:33C'est ce que montre
01:13:33très clairement votre rapport.
01:13:34Et donc, ça doit évidemment
01:13:35aussi nous guider
01:13:36dans les choix
01:13:37qui seront bientôt les nôtres
01:13:39pour le PLF 2026
01:13:40et pour la suite.
01:13:41On a un des grands arbitrages
01:13:43à effectuer
01:13:44dans les économies
01:13:45qui seront proposées
01:13:47entre, évidemment,
01:13:47leur ampleur
01:13:48pour la réduction du déficit
01:13:49et leur impact
01:13:50sur l'activité a fortiori
01:13:52vu l'objectif pluriannuel
01:13:55pour revenir
01:13:56à un excédent primaire
01:13:57que vous chiffrez
01:13:58un peu plus de 1%.
01:13:59On a des économistes
01:14:01de l'Institut
01:14:02des politiques macroéconomiques
01:14:04et internationales
01:14:05de l'École d'économie de Paris
01:14:06qui estiment que cibler
01:14:08un certain nombre d'économies
01:14:09sur la réforme
01:14:10de l'assurance chômage
01:14:10d'une part
01:14:11et sur les règles
01:14:12d'indexation des retraites
01:14:13de l'autre
01:14:14auraient un effet
01:14:15moins négatif
01:14:16sur l'activité
01:14:17de l'assurance chômage
01:14:18parce que ça incite
01:14:18à la reprise à l'emploi
01:14:20et les règles
01:14:22d'indexation des retraites
01:14:22parce qu'on a un taux d'épargne
01:14:24des retraités
01:14:25qui est extrêmement élevé.
01:14:26Est-ce que ça fait partie
01:14:27aussi des constats
01:14:29que formule
01:14:30la Cour des comptes ?
01:14:31C'était ma première question.
01:14:32Et bien plus généralement,
01:14:33est-ce que vous identifiez
01:14:34les pistes de réduction
01:14:34des dépenses
01:14:35qui auraient un effet
01:14:36moins négatif
01:14:39sur l'activité
01:14:40à court terme ?
01:14:42Deuxième question
01:14:44sur les spreads.
01:14:45Vous êtes revenu
01:14:46sur la hausse
01:14:47et le coût
01:14:47que ça représente
01:14:48depuis plusieurs mois.
01:14:51Est-ce qu'on arrive
01:14:52à faire la part des choses
01:14:53entre cette part
01:14:54qui vient de l'instabilité politique,
01:14:58des censures,
01:14:59de la menace de la censure,
01:15:00la part qui vient
01:15:01du niveau du déficit,
01:15:04la part qui vient
01:15:04de l'attente de réformes
01:15:05et donc de leur impact
01:15:06sur l'activité économique future ?
01:15:08Est-ce qu'on arrive
01:15:08à décomposer
01:15:09les raisons
01:15:10qui président
01:15:11à cette augmentation
01:15:12de l'état d'intérêt
01:15:12et qu'il y ait une taxe
01:15:13très importante
01:15:13sur l'économie française
01:15:15par rapport
01:15:16aux autres pays ?
01:15:17Et puis troisième question,
01:15:19c'était...
01:15:20Pardon, je vois le président
01:15:21qui...
01:15:22Je me regarde,
01:15:23mais troisième question
01:15:23portait sur l'objectif
01:15:25de moyen terme.
01:15:28Cet objectif
01:15:28que vous dessinez,
01:15:29c'est un objectif
01:15:30très ambitieux,
01:15:31ça se rapproche d'ailleurs
01:15:31des travaux
01:15:31du Conseil d'analyse économique,
01:15:33ça me paraît très souhaitable,
01:15:33mais est-ce que vous arrivez
01:15:34à distinguer
01:15:35quels pourraient être
01:15:36les très grands leviers
01:15:36sans rentrer dans
01:15:37des recommandations précises
01:15:38de politique publique
01:15:39pour parvenir
01:15:40à cet excédent primaire
01:15:41que vous appelez
01:15:42de vos voeux ?
01:15:43Alors,
01:15:47je n'ai pas du tout
01:15:49mes compétences
01:15:51à titre personnel,
01:15:52je ne sais pas
01:15:52tout à fait notre rôle
01:15:53pour commenter
01:15:54les travaux
01:15:54de l'École d'économie
01:15:55de Paris.
01:15:57Je parle depuis assez longtemps
01:15:58avec des économistes,
01:15:59je ne prétendrai pas
01:15:59être moi-même
01:16:00un économiste,
01:16:01en tout cas pas du niveau
01:16:02de ces économistes-là.
01:16:03Je vous reverrai plutôt
01:16:05à notre rapport
01:16:06sur les retraites
01:16:07ou nos rapports
01:16:07sur les retraites
01:16:08qui montrent assez bien
01:16:10ce que sont
01:16:10les leviers utilisables,
01:16:12c'est-à-dire d'abord
01:16:13l'âge légal
01:16:15de départ en retraite,
01:16:16ensuite la durée
01:16:16de cotisation,
01:16:18troisièmement le montant
01:16:19des cotisations
01:16:20et quatrièmement
01:16:21l'indexation des retraites,
01:16:23totale ou partielle,
01:16:24qui montrent aussi
01:16:25que les effets emploi
01:16:27sont assez distincts
01:16:28selon les différentes catégories.
01:16:30Là encore,
01:16:31c'est soumis à débat
01:16:32et en réalité,
01:16:32tout ça,
01:16:33c'est le débat
01:16:34qui vous attend.
01:16:35Ce sont des choix politiques
01:16:36derrière ça.
01:16:38Je ne pense pas
01:16:38qu'il y ait des faits
01:16:39indiscutables.
01:16:40Je pense qu'il y a aussi
01:16:41des choix qui sont
01:16:42des choix,
01:16:42des préférences collectives.
01:16:44Simplement,
01:16:45ce que nous soulignons,
01:16:46c'est qu'en effet,
01:16:49mais c'est un constat
01:16:49encore une fois,
01:16:50ce n'est pas un jugement,
01:16:52la croissance de la dépense
01:16:54ces dernières années
01:16:54n'est pas plus tirée
01:16:56par les dépenses locales
01:16:58pour des raisons
01:16:58à la fois conjoncturelles
01:16:59et structurelles
01:17:00et par les dépenses sociales
01:17:01qui sont essentiellement
01:17:04des dépenses liées
01:17:06au vieillissement
01:17:07et à des prestations sociales
01:17:09que par les dépenses
01:17:11de l'État.
01:17:12Je n'en tire pas
01:17:13de conclusion politique.
01:17:15Je constate simplement
01:17:16que,
01:17:17alors que d'autres
01:17:18ont vu leurs dépenses
01:17:19augmentées
01:17:19pour faire des dépenses
01:17:20d'investissement et d'avenir,
01:17:21ce n'est pas le cas
01:17:21de la France.
01:17:22On a essentiellement
01:17:23développé des transferts.
01:17:25à vous,
01:17:25mesdames et messieurs
01:17:26les députés,
01:17:27d'y réfléchir
01:17:28dans un sens
01:17:28ou dans un autre.
01:17:30Pour ce qui est
01:17:31des spreads,
01:17:34les marchés,
01:17:35je ne suis pas non plus
01:17:36un économiste de marché.
01:17:37Je les ai connus un peu,
01:17:39je les fréquentes,
01:17:40je vois ce qu'ils sont.
01:17:41Disons qu'ils vont regarder
01:17:42un certain nombre de facteurs
01:17:43pour définir
01:17:44le taux d'intérêt.
01:17:44Ils vont d'abord regarder
01:17:45la situation
01:17:46des finances publiques.
01:17:48Ensuite,
01:17:48ils vont regarder
01:17:49l'état de notre marché
01:17:50qui est très liquide.
01:17:52Ils vont regarder
01:17:53la qualité de notre dette.
01:17:55Ils vont regarder
01:17:56la solidité
01:17:57de notre appartenance
01:17:58à la zone euro
01:17:58et donc le respect
01:17:59de nos engagements
01:17:59envers les autres.
01:18:01Ils vont considérer,
01:18:01pardon de le dire ici,
01:18:03mais c'est ce qu'ils font tous,
01:18:04la stabilité politique
01:18:05et la crédibilité
01:18:06de la parole publique.
01:18:07Et donc,
01:18:09tout cela fait
01:18:11que finalement,
01:18:12nos taux d'intérêt
01:18:13ne sont pas particulièrement bas.
01:18:15Ils ne sont plus haut
01:18:16que les autres
01:18:16et ils se dégradent un peu,
01:18:18mais ne sont pas non plus
01:18:18très élevés.
01:18:20Et que nous bénéficions
01:18:21finalement,
01:18:22si le critère,
01:18:23c'est la qualité
01:18:24de nos finances publiques,
01:18:24de taux d'intérêt plus bas
01:18:25que si ce critère seul
01:18:27privilégierait.
01:18:29Néanmoins,
01:18:30je ne suis pas un grand clair,
01:18:32je ne suis pas
01:18:32une commission de marché,
01:18:33je n'ai pas l'aspiration
01:18:33à le faire.
01:18:34j'ai quand même l'impression
01:18:36que les choix que nous ferons
01:18:37collectivement
01:18:39et que vous ferez
01:18:39à votre place en 26
01:18:40sont très importants
01:18:41à cet égard.
01:18:43Des agents de notation
01:18:44nous ont placés
01:18:45sous une évolution négative
01:18:46qui n'est pas insatisfait,
01:18:48mais qui est une attente.
01:18:50La Commission européenne
01:18:51a mis la procédure
01:18:52de déficit exclusive
01:18:53en suspens.
01:18:55Elle n'a pas suspendu.
01:18:56Nous ne pensons pas
01:18:57qu'elle est terminée.
01:18:58On attend simplement
01:18:59ce que sont les choix français.
01:19:01Donc voilà l'ensemble
01:19:02faisceau,
01:19:03si vous voulez,
01:19:03d'analyses
01:19:04que font sans doute
01:19:05ces économistes
01:19:06qui, finalement,
01:19:09je ne dis pas
01:19:10qu'ils sont rudimentaires,
01:19:10mais ils sont assez intuitifs.
01:19:12Au fond,
01:19:13ce n'est pas de la science,
01:19:14pour le coup,
01:19:14ce n'est pas l'école d'économie
01:19:15de Paris.
01:19:17Quant au grand mécanisme
01:19:19à faire pour aller à 3%,
01:19:21c'est aussi à vous
01:19:22de détailler simplement
01:19:23ce que nous avons
01:19:24voulu souvenir
01:19:24dans ce chapitre
01:19:25sur la soute
01:19:25de la vie des finances publiques
01:19:26qui, pour le coup,
01:19:27est tout à fait nouveau,
01:19:29c'est que,
01:19:29contrairement à d'autres pays,
01:19:31ce qui s'est passé chez nous,
01:19:32c'est une dérive
01:19:33des déficits primaires,
01:19:36c'est-à-dire hors charge
01:19:36de la dette.
01:19:37Ce qui n'est pas le cas
01:19:38dans d'autres pays.
01:19:38Prenez le cas de l'Italie.
01:19:40L'Italie a une dette
01:19:41plus importante que la nôtre,
01:19:43encore assez substantiellement
01:19:44plus importante,
01:19:45mais elle a un excédent primaire.
01:19:48Et c'est ce qui permet
01:19:48à cette dette
01:19:49d'être finalement
01:19:50assez soutenable.
01:19:51Il y a aussi la question
01:19:52de qui détient la dette.
01:19:53C'est un autre sujet.
01:19:54Est-ce que c'est les nationaux ?
01:19:55C'est le cas en Italie ?
01:19:56C'est le cas au Japon.
01:19:57Est-ce que c'est plus diffus
01:19:59comme c'est le cas chez nous ?
01:20:00Ce qui est à la fois confortable
01:20:01et nous rend aussi
01:20:02un peu plus vulnérables.
01:20:03Le jour où les investisseurs
01:20:04japonais diront
01:20:05finalement, là,
01:20:07on sera embêté.
01:20:09Pas au sens
01:20:10où on ne pourra plus
01:20:10placer notre dette,
01:20:11mais où elle commencera
01:20:11à coûter de plus en plus cher.
01:20:14Donc, c'est ça,
01:20:15le message central.
01:20:16C'est qu'il faut revenir
01:20:17à l'extérieur privé.
01:20:18Après, le chemin
01:20:18est assez exigeant
01:20:19et compliqué.
01:20:20Et encore une fois,
01:20:21c'est un débat collectif
01:20:22que nous devons avoir.
01:20:22La Cour des comptes
01:20:23ne prétend jamais
01:20:25détenir une vérité révélée.
01:20:27Elle part de facts and figures,
01:20:30des faits et des chiffres.
01:20:31Elle vous les présente.
01:20:32Ensuite,
01:20:33à vous de faire
01:20:34les choix politiques.
01:20:36Nous ne décidons jamais.
01:20:37Nous ne sommes ni une partie
01:20:38de l'exécutif,
01:20:38ni une partie de l'exécutif.
01:20:39Merci.
01:20:40Aurélien Lecoq,
01:20:40pour la France nationale.
01:20:48Merci, M. le Président.
01:20:51Bon, nous sommes au bord du gouffre.
01:20:52Et puis, nous avons l'impression
01:20:53que la Macronie a décidé
01:20:54d'y plonger le pays tout entier.
01:20:57Les années 2023 et 2024
01:20:58ont entraîné la France
01:21:00dans le chaos budgétaire.
01:21:01Même la Cour des comptes
01:21:02parle d'année noire.
01:21:03Et nous avions lancé
01:21:04un signal d'alerte.
01:21:05Nous avions dit
01:21:06qu'ils vont recommencer.
01:21:07Visiblement,
01:21:08prévenir ne suffit pas.
01:21:10Le gouvernement aime
01:21:11la constance dans l'échec.
01:21:12Le budget 2025
01:21:13a ainsi ajouté
01:21:1433 milliards
01:21:15de saignés budgétaires.
01:21:16Nous avions prévenu
01:21:17que cela va détruire
01:21:18la croissance.
01:21:19Les recettes ne suivront pas.
01:21:21Et ils vont nous expliquer
01:21:22ensuite qu'il faut encore
01:21:23augmenter l'austérité.
01:21:25Les économistes annonçaient
01:21:26qu'une austérité de cet ordre
01:21:27pourrait coûter 0,4 points
01:21:29à minima de croissance.
01:21:31On y est.
01:21:33Ils n'ont écouté personne
01:21:34et construit un budget
01:21:35sur une prévision de croissance
01:21:36de 1,1%.
01:21:37Aujourd'hui,
01:21:38on est à 0,6% réel.
01:21:41Conséquence,
01:21:42on manque de recettes.
01:21:43La Cour des comptes
01:21:44dit qu'on manque de prudence
01:21:45sur les prévisions des recettes.
01:21:47Les macronistes
01:21:47font payer l'addition
01:21:48des cadeaux
01:21:49aux plus riches
01:21:49aux plus pauvres
01:21:50en passant notamment
01:21:50par la TVA.
01:21:51Sauf que les pauvres
01:21:52s'appauvrissent
01:21:53et consomment moins.
01:21:54Résultat,
01:21:55les recettes de TVA
01:21:56sont déjà inférieures
01:21:57de 1,3 milliard
01:21:58à l'objectif
01:21:59et ça crée un trou.
01:22:00Et ce n'est pas terminé
01:22:01puisqu'ils vont encore recommencer.
01:22:03Vous soulignez justement
01:22:04dans votre rapport
01:22:05le scénario pluriannuel
01:22:06de croissance du gouvernement
01:22:07demeure toutefois
01:22:08encore optimiste.
01:22:10La croissance sera donc
01:22:11encore surestimée,
01:22:12l'austérité encore renforcée
01:22:13qui fera encore chuter
01:22:14la croissance,
01:22:15les recettes,
01:22:15etc.
01:22:16C'est le cercle vicieux
01:22:18de l'austérité illimitée.
01:22:20On devait être sauvé
01:22:21par la contribution
01:22:22sur les hauts revenus.
01:22:23Là encore,
01:22:24nous avions prévenu
01:22:24c'était un gadget,
01:22:25un écran de fumée
01:22:26qu'elle serait facilement
01:22:28contournable
01:22:28parce que temporaire,
01:22:29elle devait rapporter
01:22:302 milliards.
01:22:31Si elle en rapporte 1,
01:22:32ce sera déjà énorme.
01:22:34Et à la fin,
01:22:34qui paye pour éponger
01:22:35les plates des erreurs
01:22:36gouvernementales,
01:22:37nous sommes déjà
01:22:38à 8 milliards
01:22:38d'austérité supplémentaire
01:22:40en cours d'année.
01:22:40Alors mes questions
01:22:41sont les suivantes.
01:22:42Pensez-vous possible
01:22:43que la cible de déficit
01:22:45du gouvernement
01:22:45ne soit pas atteinte
01:22:47cette année ?
01:22:48Pensez-vous
01:22:48que le gouvernement
01:22:49peut être amené
01:22:50à de nouveau
01:22:50annoncer des coupes
01:22:52budgétaires
01:22:52d'ici fin 2025
01:22:54pour tenir cette cible
01:22:56puisqu'il ne passe
01:22:56que par l'austérité
01:22:58et les coupes budgétaires ?
01:22:59Pensez-vous
01:22:59que les coupes budgétaires
01:23:00en cours d'année 2025
01:23:01sont le résultat
01:23:03des mauvaises prévisions
01:23:04de croissance
01:23:04et de recettes
01:23:05et que donc
01:23:06le gouvernement
01:23:06a encore fait imposer
01:23:08un budget peu sincère ?
01:23:09Et dernière question,
01:23:10pensez-vous raisonnable
01:23:11d'appliquer une nouvelle
01:23:12cure d'austérité
01:23:13de 40 milliards
01:23:13l'année prochaine
01:23:14sans aucune hausse
01:23:15ciblée sur les plus riches
01:23:16alors même que la part
01:23:17de recettes dans le PIB
01:23:18passait de 45%
01:23:19à 42 entre 2027
01:23:21et 2024
01:23:23soit une France
01:23:23de 75 milliards ?
01:23:25M. le Président.
01:23:27M. le député,
01:23:29j'ai encore
01:23:29beaucoup de commentaires
01:23:31politiques
01:23:31dans lesquels
01:23:32je ne veux pas m'engager
01:23:33mais je voudrais
01:23:34quand même reprendre
01:23:34un fait
01:23:35qui est
01:23:36cette notion
01:23:37d'austérité.
01:23:40Mais qui pense ici
01:23:41que la France
01:23:41est en austérité ?
01:23:43Ce que nous avons montré
01:23:46dans ce rapport,
01:23:47j'invite chacun à lire,
01:23:48c'est que nous sommes passés
01:23:52en montant en dépenses publiques
01:23:55de 1589 en 2023
01:23:59à 1650 en 2024
01:24:02et nous serons en 1693 en 2025.
01:24:06Autrement dit,
01:24:06nous avons 43 milliards d'euros
01:24:07de plus en PIB.
01:24:10Alors, en termes,
01:24:11vous me susurrez,
01:24:13M. le Président,
01:24:14en volume,
01:24:14la dépense publique
01:24:15augmente de 1,1 point
01:24:17en 2025.
01:24:19Et je maintiens
01:24:20qu'en effet,
01:24:20c'est plutôt
01:24:21sur la partie recette
01:24:22que les améliorations
01:24:25éventuelles sont à trouver.
01:24:27Et donc,
01:24:27d'austérité,
01:24:28pardon,
01:24:28je ne vois point.
01:24:30Ça, c'est la première chose.
01:24:31Et à telle enseigne
01:24:33que si je me rapporte
01:24:34au ratio de dépenses publiques
01:24:35en points de PIB,
01:24:36il est de 56,2%
01:24:38en 2023,
01:24:39c'est considérable.
01:24:40Il passe à 56,5%
01:24:41en 2024,
01:24:42il passera à 56,8%
01:24:43en 2025.
01:24:45D'austérité,
01:24:47toujours pas beaucoup.
01:24:48Alors après,
01:24:49pour des questions
01:24:50plus factuelles,
01:24:51j'ai répondu
01:24:52au rapporteur général
01:24:54que je pensais
01:24:55que la cible 2025
01:24:56était atteignable,
01:24:57mais qu'elle était à risque.
01:25:00S'il y a des risques
01:25:01et si ces risques
01:25:02se matérialisent,
01:25:03ce sera au gouvernement
01:25:03de proposer des mesures
01:25:05et à vous,
01:25:06éventuellement,
01:25:07d'avoir à les examiner.
01:25:08Mais je ne suis pas
01:25:09en mesure aujourd'hui
01:25:10de dire exactement
01:25:11ce qu'il en est
01:25:12pour 2025.
01:25:13en tout cas,
01:25:14nous ne sommes pas
01:25:15et nous ne serons pas
01:25:15dans l'austérité
01:25:17qui suppose,
01:25:18je leur ai dit,
01:25:19que des prestations
01:25:19cessent d'être versées
01:25:20et que des coups
01:25:21pour le coup
01:25:22extraordinairement massifs
01:25:23soient opérés.
01:25:24Ça n'a pas été le cas,
01:25:25ça n'est pas le cas.
01:25:26Je ne sais pas
01:25:26ce qu'il en sera
01:25:27pour 2026,
01:25:28mais même si les chiffres
01:25:29qu'on annonce
01:25:29de 40 milliards
01:25:30ou 25,
01:25:31si vous voulez,
01:25:32c'est toujours par rapport
01:25:33à une croissance
01:25:34en volume,
01:25:35on n'y sera pas.
01:25:38Ne confondons pas
01:25:39l'effort et l'austérité,
01:25:39ce sont deux notions
01:25:40en effet extrêmement différentes.
01:25:43Et c'est terminé
01:25:43pour cette audition
01:25:44de Pierre Moscovici
01:25:45devant la Commission
01:25:46des finances
01:25:47de l'Assemblée nationale.
01:25:48Vous pouvez revoir
01:25:48cette séance
01:25:49si cela vous intéresse
01:25:50sur lcp.fr
01:25:52en replay.
01:25:53Et on va résumer
01:25:55cette audition
01:25:55avec cette phrase
01:25:56de Pierre Moscovici
01:25:57« Nous ne pouvons pas
01:25:59nous permettre
01:25:59de rester
01:26:00dans une accumulation
01:26:01continue
01:26:02de dettes publiques ».
01:26:04C'est le mot de la fin.
01:26:05A bientôt
01:26:05pour un nouvel épisode.
01:26:06Ciao, ciao !
01:26:07Sous-titrage Société Radio-Canada
01:26:12Sous-titrage Société Radio-Canada
01:26:13Sous-titrage Société Radio-Canada

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