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  • 23/06/2025
50 ans après la loi de 1975 et 20 ans après celle de 2005, deux grandes lois en faveur de l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées, force est de constater que ces objectifs politiques ne sont pas atteints. Comment expliquer ce recul ? Pourquoi ces lois ne sont-elles pas pleinement appliquées ? Où en sommes-nous quant à l'inclusion des personnes en situation de handicap en France ? Pour en discuter, Jean-Pierre Gratien reçoit : Sébastien Peytavie, député "écologiste et social de Dordogne, Pierre-Yves Baudot, sociologue et Pascale Ribes, présidente de l'association APF France Handicap. LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous dans Débat Doc, c'est sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, voilà 50 ans, qu'est née la première grande loi d'orientation en faveur des personnes handicapées.
00:00:25Le fruit d'un très long combat mené tout au long du siècle dernier et méconnu de beaucoup pour la reconnaissance des droits de ces personnes dans notre société.
00:00:36C'est ce que va vous faire comprendre le documentaire exclusif qui va suivre, Handicap aux origines du combat, réalisé par Laetitia Moller.
00:00:45Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau en compagnie du député Sébastien Pétavi, du sociologue Pierre-Yves Baudot et de la présidente de l'association APF France Handicap, Pascal Ribes.
00:00:59Avec eux, nous nous interrogerons sur la bonne application des lois en faveur des personnes handicapées car elles génèrent bien souvent de la déception.
00:01:09Bon Doc.
00:01:09C'est une histoire inconnue, celle d'une lutte oubliée.
00:01:19On les a appelées invalides, infirmes civiles, diminuées physiques et handicapées moteurs.
00:01:27Des mutilés de guerre aux activistes radicaux des années 70, en passant par les polios,
00:01:33ils sont des milliers à s'être dressés pour revendiquer un droit simple, celui d'exister.
00:01:39De l'action de quelques pionniers, là où rien n'existait, à la première politique nationale du handicap votée en 1975,
00:01:47cette histoire est jalonnée de mobilisations intenses, où s'affrontent des visions opposées.
00:01:53On se retrouve et on se dit, il faut réfléchir, qu'est-ce qu'on veut, qu'est-ce qui nous différencie et qu'est-ce qui nous rapproche.
00:02:01Documenté par de rares chercheurs, la mémoire de ce combat n'a pas été transmise.
00:02:05Je l'ai découvert il y a une dizaine d'années peut-être.
00:02:10Ça a été un réconfort immense parce que je me suis dit, je ne suis pas seul à ressentir ce que je ressens.
00:02:16C'est important pour tout le monde, en fait, qu'on soit valide ou handicapé.
00:02:20Devant des archives méconnues, des militants d'hier et d'aujourd'hui témoignent d'un siècle d'évolution et de freins profonds.
00:02:27Avec eux, ce récit éclaire les racines d'un débat largement actuel.
00:02:33C'est un récit éclaire les racines d'un débat largement actuel.
00:03:03En 1918, lorsque les poilus reviennent massivement des tranchées, des centaines de milliers d'entre eux portent dans leur chair les stigmates du sacrifice qu'ils ont fait pour la nation.
00:03:18La société doit composer avec une nouvelle catégorie, les mutilés de guerre.
00:03:22La première guerre mondiale, c'est un événement effectivement des milliers et des milliers de blessés, des hommes jeunes en âge de travailler qui vont avoir des blessures comme on n'en a jamais vu,
00:03:38qui ont le corps disloqué, qui sont démembrés et pour qui il va falloir inventer des techniques médicales, de prothèses, de rééducation.
00:03:46La question de leur réinsertion se pose très vite.
00:03:53Pour les remettre sur pied, l'État ouvre des centres spécialisés.
00:03:58Exercices physiques, séances de gymnastique synchronisées, appareillages rudimentaires ou ingénieux.
00:04:05L'objectif est de leur permettre de retrouver un métier à leur portée.
00:04:08L'idée de départ, c'est faute d'assistance publique, il faut que les mutilés puissent travailler.
00:04:25Parce que c'est soit le travail, soit l'amendicité.
00:04:28Donc ce n'est pas une question de patriotisme à ce moment-là, c'est encore une question pratique.
00:04:32Organisés dans de puissantes associations, ils sont les premiers à défiler dans la rue pour réclamer des droits
00:04:41et rappeler à la nation sa dette morale envers eux.
00:04:47Contrairement aux mutilés qui ont l'attention de l'État,
00:04:51les handicapés civils, victimes d'accidents ou de maladies, ne bénéficient d'aucune prise en charge.
00:04:58Sans moyens de pression, ils restent des invisibles.
00:05:02La première guerre mondiale fait que les mutilés de guerre se détachent du reste de la population.
00:05:09Mais elle ne va pas faire que les handicapés civils se détachent de la population.
00:05:13Et elle ne va pas lever la peur, le mépris, le déclassement dont sont victimes les handicapés civils.
00:05:22Tout ce qu'on va appeler les infirmes civils, les malades incurables, relève plus du récit de la fatalité,
00:05:27d'un sort qui s'est abattu sur eux et qui peut, pour certains, prendre un sens religieux.
00:05:37Figure de souffrance christique, les infirmes auraient, selon des croyances anciennes,
00:05:42la vertu de racheter les péchés des bien portants.
00:05:44La maison a toujours regardé de pauvres, de pauvres, de tout âge, de toutes conditions.
00:05:53Pourquoi viennent-ils chez eux ? Parce que personne n'en veut plus ?
00:05:55C'est leur dernier recours ?
00:05:56Bien souvent, bien souvent.
00:05:57C'est la question que je pense, lorsque nous n'avons plus de place, je leur dis, mais allez voir ailleurs.
00:06:02On me dit, personne n'en veut.
00:06:03Mise au banc de la société, les infirmes civils sont considérés comme des parias,
00:06:11soumis aux regards gênés et à la curiosité malsaine.
00:06:19On disait à ma mère, quand on a un enfant comme ça, on le cache.
00:06:22Et ça peut encore exister, lire.
00:06:23Ma mère, c'était la pauvre parce qu'elle avait une enfant handicapée
00:06:27et que c'est la honte de la famille.
00:06:30Et vous ressentez cette honte d'être dans cette société.
00:06:32On ne correspondait pas aux canons et aux normes.
00:06:37Et on faisait partie des monstres.
00:06:41On devait nous cacher.
00:06:42Vous avez vu le film Fricks.
00:06:4419e siècle, j'aurais été dans un barnum.
00:06:47Donc, je serais peut-être partie avec le patron du cercle.
00:06:50Mais, on ne sait jamais.
00:06:52Mais voilà, j'aurais été.
00:06:54C'est ça, on devait être caché.
00:06:56Sinon, on était dans le phénomène de foire.
00:07:00Ça, c'est intéressant parce qu'on voit que c'est de la peur, en fait.
00:07:05Ce n'est même pas du rejet.
00:07:07Ce n'est même pas de l'intolérance.
00:07:08C'est de la peur.
00:07:10C'est de la peur de se confronter à la douleur,
00:07:12de se confronter à la mort,
00:07:13de se confronter à tout ce qui terrorise.
00:07:15C'est la peur du noir, en fait.
00:07:17Alors, on dissimule ces indésirables
00:07:24derrière les murs épais des hospices,
00:07:27des établissements réservés aux indigents.
00:07:30Les infirmiers végètent, parfois des années,
00:07:33au milieu des vieillards et des incurables.
00:07:36Il n'y avait pas de traitement médical en hospice.
00:07:40Donc, soit les gens guérissaient seuls,
00:07:43soit les gens passaient le reste de leur vie en hospice.
00:07:45Et donc, ça pouvait être très, très long.
00:07:48Et dans le cas, par exemple, des personnes
00:07:50qui entraient en hospice à 25 ans,
00:07:52ils pouvaient très bien y passer les 40 années suivantes.
00:07:59Ceux qui échappent au dortoir sans intimité
00:08:01vivent souvent reclus dans les familles.
00:08:04Gardés à l'abri des regards,
00:08:06ils sont considérés comme des charges.
00:08:08Certaines personnes étaient, par exemple,
00:08:15attachées sur des chaises
00:08:17pendant l'absence de leurs parents
00:08:18dans les travaux des champs, par exemple,
00:08:21vraisemblablement pour les sécuriser,
00:08:23en tout cas, on l'espère.
00:08:24Mais on voit, au travers de ce type d'exemple,
00:08:27on a une image très négative, effectivement,
00:08:30de la situation des personnes handicapées civiles
00:08:33entre les deux guerres.
00:08:39À l'hécatombe de la Grande Guerre
00:08:41succède le fléau de la tuberculose.
00:08:44Très contagieuse,
00:08:46la maladie fait des ravages dans les classes populaires.
00:08:48Pour endiguer le mal,
00:08:51la France se couvre d'établissements
00:08:53d'un genre nouveau,
00:08:54les sanatoriums.
00:08:56La tuberculose a fait passer
00:08:59les problèmes de maladie et de santé publique
00:09:01à une échelle, j'allais dire, industrielle.
00:09:04C'est-à-dire, elle a vraiment amené
00:09:06à faire des grands équipements médicaux
00:09:09et aussi à mailler le territoire.
00:09:13Au nord de la France,
00:09:15la station balnéaire de Berk-Plage
00:09:17devient une véritable ville sanatorium.
00:09:21Toute l'année,
00:09:22près de 6 000 malades
00:09:23sont répartis dans une soixantaine d'établissements
00:09:25où ils bénéficient de l'air marin
00:09:28et de grands bains de lumière.
00:09:35C'est une ville qui va se consacrer
00:09:37à l'accueil de malades,
00:09:38principalement de tuberculose osseux,
00:09:41d'autres maladies,
00:09:42des os et des articulations également,
00:09:44pour les garder là, immobilisés,
00:09:47en attendant que la croissance se fasse,
00:09:49que l'infection se résorbe,
00:09:52parce qu'on ne sait pas la soigner.
00:09:54Et la meilleure chose à faire
00:09:55pour éviter qu'il y ait des déformations,
00:09:57des scolioses,
00:09:58c'est de garder ces enfants allongés,
00:10:01immobilisés pendant des semaines,
00:10:02des mois, voire des années.
00:10:03On recourt aussi à la mécanothérapie,
00:10:13une méthode héritée du XIXe siècle
00:10:15pour étirer la colonne vertébrale
00:10:17ou, au contraire,
00:10:18éviter le moindre mouvement
00:10:20grâce à un plâtrage du corps.
00:10:21À 5-6 ans, dénudé sur une table,
00:10:31j'étais entouré d'adultes en blouse blanche
00:10:33qui devisaient de mon cas
00:10:34comme si je ne me trouvais pas dans la pièce.
00:10:38Je ne me souviens pas de combien ils étaient,
00:10:39mais ils étaient nombreux.
00:10:41J'avais peur, j'avais honte.
00:10:43Je ne savais pas pourquoi,
00:10:44j'étais tétanisé.
00:10:46Leur visage, avec le temps,
00:10:47est devenu celui d'un monstre unique.
00:10:49C'était presque l'image
00:10:54d'une terreur d'enfance, en fait.
00:10:57C'était terrifiant,
00:10:58c'était orwellien, quoi.
00:11:00Vous vous trouvez dénudé
00:11:02au milieu d'une armée d'adultes.
00:11:05Ça faisait vraiment comme une scène de cauchemar,
00:11:06un peu comme dans le Brasile,
00:11:08de Terry William, quoi.
00:11:10Et j'étais au milieu de ça,
00:11:11et puis ils n'arrêtaient pas de dire
00:11:12Nicolas qui est intelligent,
00:11:14qui est intelligent.
00:11:15Et je me disais,
00:11:16mais je ne suis pas un rat de laboratoire, quoi.
00:11:18Et j'étais petit.
00:11:21Et j'étais petit.
00:11:22Mais je sentais le scandale
00:11:23de cette situation-là.
00:11:25Et cette espèce de dépossession de soi,
00:11:27en fait.
00:11:28Et je ne savais pas
00:11:29que cette dépossession de soi,
00:11:31ça allait être
00:11:32la définition de notre rapport au monde
00:11:35en tant que peuple handicapé.
00:11:36Le peuple handicapé de Berck
00:11:43commence, lui, à se rencontrer.
00:11:46Des intrigues se tissent entre malades,
00:11:48des histoires d'amour,
00:11:49de mort
00:11:49et d'amitié.
00:11:53En ville et sur la plage,
00:11:55c'est un balai incessant.
00:11:57À bord de leur carriole,
00:11:58équipée de miroirs
00:11:59pour se diriger seuls,
00:12:01les plus fortunés
00:12:02vont se balader
00:12:02dans les grandes forêts de pin
00:12:04qui bordent le littoral.
00:12:10Dans les établissements populaires,
00:12:12les plus démunis
00:12:13tentent de déjouer l'ennui
00:12:14et la discipline,
00:12:16souvent sévère,
00:12:16des règlements intérieurs.
00:12:19Ensemble,
00:12:20ils forment une micro-société.
00:12:23Il y a quelque chose
00:12:25de très important
00:12:26qui joue avec les politiques
00:12:27de la tuberculose.
00:12:29C'est cette concentration
00:12:30des malades au même endroit
00:12:31qui va leur permettre
00:12:33de se rencontrer,
00:12:34de discuter,
00:12:35de s'entraider,
00:12:37de constituer un savoir
00:12:39en dehors du savoir
00:12:39des médecins
00:12:40parce qu'ils vont pouvoir
00:12:41s'observer les uns les autres.
00:12:43Mais ce qui est sûr,
00:12:44c'est que BERC a été
00:12:46un des centres de politisation
00:12:48par les personnes handicapées.
00:12:52Ça va susciter des mobilisations
00:12:54d'abord sur la qualité de vie.
00:12:55Et les mobilisations vont naître,
00:12:57par exemple,
00:12:58pour revendiquer
00:12:59une nourriture de meilleure qualité
00:13:00et pour le grand nombre
00:13:02des malades croyants,
00:13:03catholiques,
00:13:04il y a des enjeux
00:13:05autour de l'accessibilité
00:13:06de l'église de BERC,
00:13:07qui n'est pas accessible
00:13:08au chariot plat.
00:13:09Ça va susciter des mobilisations,
00:13:11notamment d'une association
00:13:12qui s'appelle
00:13:12l'Association catholique
00:13:13des malades de BERC,
00:13:15qui va d'abord se constituer
00:13:16pour défendre le droit
00:13:18d'exercer leur religion.
00:13:21Une multitude d'amicales
00:13:23et d'associations de malades
00:13:24se constituent,
00:13:25se réclamant du communisme
00:13:27ou du catholicisme social.
00:13:28Plusieurs femmes issues
00:13:31de la bourgeoisie
00:13:32sont brutalement déclassées
00:13:34par la maladie.
00:13:35Soutenues par leur foi,
00:13:37elles transforment
00:13:38cette épreuve en combat.
00:13:39Parmi elles,
00:13:41Suzanne Fouché,
00:13:42fervente catholique,
00:13:43fonde l'ADAPT,
00:13:45la Ligue pour l'adaptation
00:13:46des diminués physiques
00:13:47au travail.
00:13:50Le sanatorium,
00:13:50ce n'est pas forcément
00:13:51des établissements glamour.
00:13:53Et dans les années 30,
00:13:54on trouve,
00:13:55d'après Suzanne Fouché,
00:13:56des surveillantes
00:13:58de sanatorium
00:13:59qui expliquaient
00:14:00aux femmes atteintes
00:14:00de tuberculose
00:14:01qu'elles valaient moins
00:14:02que les prostituées.
00:14:03Dans un moment de sa vie
00:14:05où elle n'a pas les moyens
00:14:06de se payer une chambre individuelle,
00:14:08où elle va devoir cohabiter
00:14:09avec des femmes
00:14:10moins instruites qu'elles,
00:14:12et vis-à-vis de qui
00:14:13elle va prendre une place
00:14:14un petit peu de leader
00:14:14pour revendiquer
00:14:16la meilleure nourriture,
00:14:17contester certains aspects
00:14:19contraignants du règlement.
00:14:20A la même époque,
00:14:25émerge une autre figure,
00:14:27celle d'André Tranois,
00:14:28frappé par la poliomyélite,
00:14:30une maladie paralysante
00:14:31en passe de relayer
00:14:33la tuberculose.
00:14:34Avec trois amis,
00:14:35ils fondent l'APF,
00:14:37l'Association des Paralysés
00:14:39de France,
00:14:40ainsi qu'un bulletin
00:14:40d'information,
00:14:41Faire Face.
00:14:43Le premier éditorial
00:14:44affiche leur ambition.
00:14:46Être des hommes
00:14:47au sens plein
00:14:48et sublime du mot,
00:14:50malgré ou grâce à
00:14:51notre infériorité physique.
00:15:01La Seconde Guerre mondiale
00:15:03marque un coup d'arrêt
00:15:04brutal à cette effervescence.
00:15:06Elle fait planer sur la France
00:15:07une période trouble.
00:15:09Dans les hôpitaux psychiatriques,
00:15:11près de 40 000 aliénés
00:15:12laissés à l'abandon,
00:15:13meurent de faim
00:15:14et d'épuisement.
00:15:16Français,
00:15:18le maréchal vous parle.
00:15:21Riches ou pauvres,
00:15:22bourgeois ou artisans,
00:15:24ouvriers ou paysans,
00:15:25je m'adresse à tous.
00:15:27Si chacun d'entre vous
00:15:28fait un geste,
00:15:30tous les Français
00:15:31seront sauvés.
00:15:33Prônant la famille
00:15:34et le patriotisme,
00:15:36le régime de Pétain
00:15:37en appelle à la générosité
00:15:39des Français.
00:15:40Chacun doit jouer son rôle
00:15:41et des associations,
00:15:42notamment catholiques,
00:15:44sont officiellement mandatées
00:15:45pour prendre en charge
00:15:46les infirmes et les anormaux.
00:15:49En délégant cette question,
00:15:51l'État se désengage.
00:15:52à la fois pour des raisons
00:15:54d'économie
00:15:55et des raisons de proximité
00:15:57idéologiques,
00:15:58religieuses.
00:15:58Il y a un choix politique
00:15:59qui est fait
00:16:00sous le régime de Vichy
00:16:02de sous-traiter
00:16:03la question
00:16:04de l'aide,
00:16:05de la prise en charge
00:16:06des personnes jugées
00:16:08anormales,
00:16:10comme on dit à l'époque,
00:16:11à des associations,
00:16:12souvent des associations
00:16:13confessionnelles.
00:16:14et ce choix
00:16:15n'est pas remis
00:16:16en question
00:16:16à la libération
00:16:17sous la 4e,
00:16:19la 5e république.
00:16:20Il va y avoir
00:16:20une continuation
00:16:21de ce choix
00:16:22dont on hérite
00:16:23encore aujourd'hui
00:16:23dans le secteur médico-social.
00:16:27Cette décision initiale,
00:16:29toujours d'actualité,
00:16:31détermine le sort
00:16:32de millions de personnes.
00:16:34En France,
00:16:35la politique du handicap
00:16:36n'est pas directement
00:16:37mise en œuvre
00:16:38par l'État,
00:16:39mais par des associations
00:16:40subventionnées,
00:16:41qu'on appelle
00:16:41gestionnaires.
00:16:42Renforcées par les dons
00:16:46et les subventions étatiques,
00:16:48ces associations
00:16:49amplifient leur action
00:16:50à l'après-guerre.
00:16:52Grâce au développement
00:16:53des services postaux,
00:16:54elles organisent
00:16:55des réseaux de correspondance
00:16:56qui permettent aux infirmes
00:16:58de partager leurs difficultés.
00:17:00L'Association des Paralysés
00:17:01de France,
00:17:02d'André Tranois,
00:17:03et la Ligue pour l'adaptation
00:17:04des diminués physiques
00:17:05au travail de Suzanne Fouché
00:17:07ouvrent des délégations
00:17:08sur tout le territoire,
00:17:10attirant toujours
00:17:11plus d'adhérents.
00:17:12Lorsque le bulletin
00:17:15de l'APF
00:17:16est lancé en 1933,
00:17:18entre 1933 et 1935,
00:17:19je crois qu'il y a
00:17:20500 adhérents.
00:17:22En 1945,
00:17:23il y a 10 000 adhérents.
00:17:27Dans des centres de formation,
00:17:29à Choisy ou à Etufon,
00:17:31on apprend la couture
00:17:31aux jeunes filles
00:17:32et la cordonnerie
00:17:33aux garçons.
00:17:34Le bulletin Faire Face
00:17:36devient un véritable journal
00:17:38et la devise de l'APF
00:17:39risquer l'impossible,
00:17:41le nouvel esprit des temps.
00:17:48Les 30 glorieuses
00:17:50font souffler sur la France
00:17:51l'espoir de la prospérité.
00:17:55Pendant que le pays
00:17:56fait tourner ses usines
00:17:57à plein régime,
00:17:59le confort moderne
00:18:00fait irruption dans les foyers.
00:18:01Cette obsession du progrès
00:18:06change le quotidien
00:18:07des personnes handicapées.
00:18:11Il va y avoir
00:18:11la possibilité
00:18:12de piloter une voiture
00:18:13pour certaines personnes
00:18:14avec des conduites manuelles.
00:18:15Il va y avoir
00:18:16dans les lieux de soins
00:18:17d'abord les postes
00:18:18de radio individuels
00:18:19puis les télévisions individuelles.
00:18:21Il va y avoir
00:18:22la possibilité
00:18:23qui devienne
00:18:23de plus en plus pensable
00:18:24et réaliste
00:18:25d'avoir un logement
00:18:26individuel,
00:18:27confortable,
00:18:28accessible à soi.
00:18:29Alors que les Français
00:18:31goûtent aux joies
00:18:32des vacances
00:18:33en bord de mer,
00:18:34les associations
00:18:35organisent
00:18:36les premiers séjours
00:18:36au grand air.
00:18:38Des petites cures
00:18:39de liberté
00:18:39qui permettent
00:18:40de se rencontrer
00:18:41et de faire germer
00:18:42des idées nouvelles.
00:18:42Il s'agit, si vous voulez,
00:18:47dans le siècle
00:18:47de la productivité
00:18:49où nous vivons,
00:18:51qui semble si peu
00:18:52fait pour nous,
00:18:53de faire tomber
00:18:55tous les préjugés
00:18:56que 20 siècles
00:18:57ont accumulés
00:18:57d'une part
00:18:58dans l'esprit des valides
00:18:59et d'autre part
00:19:00dans l'esprit
00:19:01des handicapés.
00:19:03Je me suis aperçu
00:19:04que mon handicap
00:19:05était très léger
00:19:06alors qu'avec
00:19:07les bien portants
00:19:08je me croyais
00:19:09très handicapé.
00:19:10et dans ce cas
00:19:12mon handicap
00:19:12disparaît presque.
00:19:15En ville,
00:19:16j'ai l'impression
00:19:16qu'on me regarde
00:19:17tandis qu'ici
00:19:17je passe inaperçu.
00:19:23Les enfants infirmes
00:19:25y sont parfois mêlés
00:19:26à de jeunes
00:19:26sans handicap.
00:19:28Derrière la volonté
00:19:29d'intégration,
00:19:30on veut les mettre
00:19:31en contact
00:19:31avec un idéal
00:19:32à atteindre,
00:19:34ressembler
00:19:34le plus possible
00:19:35aux valides.
00:19:38Avais-tu déjà
00:19:39qu'ils étaient parents ?
00:19:40Oui.
00:19:41pour aller
00:19:42dans un hôpital ?
00:19:44Et nous pensons
00:19:45que si dès l'enfance,
00:19:47si dès l'âge
00:19:47de 10 ans
00:19:48il est mêlé
00:19:49à des valides,
00:19:49il joue comme eux,
00:19:50il travaille comme eux,
00:19:52nous pensons
00:19:52qu'à mesure
00:19:53que son adolescence
00:19:54se fera
00:19:54et qu'il arrivera
00:19:55à l'âge d'homme,
00:19:56à ce moment-là
00:19:56alors il sera
00:19:57tout à fait
00:19:58comme un valide,
00:20:00un être
00:20:00à part entière
00:20:01dans la société.
00:20:02On voit que
00:20:04finalement
00:20:05les personnes handicapées
00:20:06sont jugées
00:20:07par rapport
00:20:08à la norme valide.
00:20:09En fait,
00:20:10le validisme,
00:20:10c'est une notion
00:20:11qui a été inventée
00:20:12par les militants,
00:20:13les militantes handicapées
00:20:15et qui désigne
00:20:15l'oppression
00:20:16des personnes handicapées
00:20:17en fonction
00:20:18d'une norme
00:20:19qui est une norme
00:20:21valido-centrée,
00:20:22c'est-à-dire
00:20:23qui érige
00:20:24le fait d'être valide
00:20:26en idéal
00:20:26universel
00:20:27à atteindre.
00:20:34Alors voilà,
00:20:35je suis dans la poussette
00:20:36parce qu'il n'y avait pas
00:20:36vraiment de fauteuil roulant,
00:20:38c'est juste après la guerre
00:20:39quelque part
00:20:40et ma soeur
00:20:42est à côté de moi
00:20:42et je suis dans la poussette
00:20:44parce que je ne marche pas,
00:20:45je ne m'avais pu rentrer
00:20:45à l'école communale
00:20:47qu'à partir de sept ans
00:20:48parce que je marchais
00:20:48avec des cadres
00:20:49à partir de sept ans.
00:20:50Ça, c'est à côté
00:20:51de mon vélo,
00:20:52c'est toujours 54.
00:20:53J'avais des appareils
00:20:54de marche.
00:20:55Dans les archives,
00:20:57vous avez montré
00:20:57des appareils de marche
00:20:58en cuir et acier.
00:21:00Je peux vous dire
00:21:01que c'était les mêmes.
00:21:02C'est exactement les mêmes.
00:21:03Ça, c'est à Berck-Plage
00:21:04où on est toujours
00:21:05avec ma soeur,
00:21:06toujours avec ma soeur.
00:21:07Et là, j'ai des plâtres
00:21:09parce qu'on allait à Berck
00:21:11et on me faisait des plâtres.
00:21:12Là, je suis sur mon...
00:21:14J'étais très bien sur mon tricycle,
00:21:16je me promenais
00:21:16à Berck-Plage.
00:21:18Alors là, je n'avais rien.
00:21:20Il y a eu des périodes
00:21:21où j'avais des appareils
00:21:22et des périodes
00:21:23où je n'en avais pas.
00:21:28Avec le retour des beaux jours,
00:21:29les parents redoutent
00:21:30la poliomyélite
00:21:31que des agents multiples
00:21:32peuvent propager
00:21:33mais en particulier
00:21:34les eaux polluées.
00:21:36On sait trop
00:21:36que cette maladie
00:21:37peut aboutir
00:21:38à la paralysie
00:21:38avec des séquelles
00:21:39plus ou moins définitives
00:21:40et qui, de toute façon,
00:21:42nécessitent une longue rééducation.
00:21:43dans cette période d'après-guerre,
00:21:49alors que la tuberculose régresse,
00:21:51la poliomyélite,
00:21:52jusque-là peu répandue,
00:21:54connaît un pic.
00:21:57Sur fond de natalisme
00:21:58et d'apologie de la jeunesse,
00:22:00cette nouvelle épidémie
00:22:01fait peur.
00:22:02La poliomyélite
00:22:05touche des enfants.
00:22:06La poliomyélite
00:22:07touche des classes
00:22:10plutôt favorisées.
00:22:11Le cas le plus connu,
00:22:12c'est Roosevelt.
00:22:13Et la poliomyélite
00:22:15va créer des tableaux cliniques
00:22:17avec des séquelles
00:22:18très variées.
00:22:19Séquelles très variées
00:22:20qu'on ne trouve
00:22:21ni chez les tuberculeux
00:22:23ni chez les mutilets de guerre.
00:22:26En plus,
00:22:27ces séquelles
00:22:28vont toucher
00:22:29à la profondeur du corps.
00:22:30Ça va toucher
00:22:32à la fois
00:22:32le système nerveux,
00:22:35les muscles,
00:22:36les articulations,
00:22:37etc.
00:22:38Ça va justifier
00:22:40un intérêt
00:22:40des médecins
00:22:42et un intérêt
00:22:43au niveau
00:22:43des techniques
00:22:44de rééducation.
00:22:46Dans les années 50,
00:22:48quelques centres,
00:22:49dont l'hôpital de Garche,
00:22:51se spécialisent
00:22:51dans la rééducation
00:22:52de ce nouveau public,
00:22:54les polios.
00:22:55Sur des enfants
00:22:56et des adultes,
00:22:58on y pratique
00:22:58l'électrothérapie
00:22:59et des séances
00:23:00d'exercice intensifs
00:23:01pour parvenir
00:23:02coûte que coûte
00:23:03à les faire tenir debout.
00:23:07Monsieur Avergazier,
00:23:08ministre des Affaires sociales,
00:23:10a inauguré
00:23:11le centre
00:23:11de rééducation motrice
00:23:13qu'on pourrait encore mieux
00:23:14appeler
00:23:14le centre du retour
00:23:16à la vie.
00:23:17Les hommes et les enfants
00:23:18au nombre d'une centaine
00:23:19réapprennent
00:23:20à se servir
00:23:21de leurs bras
00:23:22et de leurs jambes.
00:23:23On voit qu'il y a
00:23:35des générations
00:23:36entières
00:23:37qui sont soumises
00:23:38à des gestes
00:23:39qui ont l'air
00:23:40vraiment très douloureux
00:23:41de réadaptation
00:23:43avec une médecine
00:23:44orthopédique.
00:23:46On ne sait pas bien sûr
00:23:46ce qu'ils ressentent,
00:23:47ce qu'elles et ils ressentent,
00:23:48mais qu'elle a l'air
00:23:49très invasive.
00:23:50On voit bien
00:23:52que cette médecine
00:23:52n'a pas pour but
00:23:53d'atténuer les douleurs
00:23:55de ces personnes,
00:23:56mais vraiment
00:23:57de les acheminer,
00:23:58de les conformer
00:23:59à une norme
00:24:00puisque ne pas marcher
00:24:02est considéré
00:24:03véritablement
00:24:03comme une déchéance.
00:24:05L'idéal,
00:24:06c'est le corps valide,
00:24:07c'est le corps
00:24:08qui se tient debout,
00:24:10bipède,
00:24:11à la fois pour des raisons
00:24:13physiologiques,
00:24:14symboliques,
00:24:15pratiques,
00:24:16avec des orthèses
00:24:17lourdes autour des jambes,
00:24:19des béquilles,
00:24:20mais la priorité,
00:24:21c'est se tenir debout.
00:24:23Il y a vraiment cette idée
00:24:24dans la rééducation
00:24:26et puis dans les appareillages,
00:24:28dans la laideur
00:24:30des fauteuils,
00:24:31dans la laideur
00:24:32des grosses chaussures
00:24:33qu'on voit dans l'archive.
00:24:35On devient des espèces
00:24:37de monstres.
00:24:38On devient des espèces
00:24:39de créations,
00:24:41surtout un gamin.
00:24:42Un gamin,
00:24:42il voudrait de la couleur
00:24:43et de la légèreté,
00:24:44il voudrait des baskets,
00:24:45il ne veut pas des espèces
00:24:46de grosses chaussures
00:24:48orthopédiques, quoi.
00:24:49Et je pense qu'il y a
00:24:51cette négation
00:24:52de la sensibilité,
00:24:57aussi,
00:24:58de celui qui est rééduqué,
00:25:00c'est-à-dire
00:25:00qu'on doit le conformer
00:25:02à un modèle.
00:25:07Mon plus grand rêve
00:25:08n'a jamais été de marcher.
00:25:10Ça ne m'a jamais effleuré.
00:25:12On m'a dit
00:25:13qu'il fallait que je marche.
00:25:15Mais moi, profondément,
00:25:17je voulais, je ne sais pas,
00:25:20créer des choses,
00:25:21faire des chansons,
00:25:22faire des films,
00:25:24écrire des livres.
00:25:25Ou alors,
00:25:26quand j'ai perdu mes cheveux,
00:25:27je rêvais d'avoir
00:25:27les cheveux qui repoussent, quoi.
00:25:28Mais j'étais plus complexé
00:25:31par ma calvitie
00:25:32que par le fait
00:25:33de ne pas marcher.
00:25:37Établissement de référence,
00:25:39l'hôpital de Garche
00:25:40ouvre une école
00:25:41de perfectionnement
00:25:42pour handicapés moteurs.
00:25:44Des générations de polio
00:25:45vont s'y succéder,
00:25:47recevant dans le même lieu
00:25:48soins et enseignements.
00:25:51Si vous échangez aujourd'hui
00:25:52avec des personnes
00:25:53qui ont fait des séjours,
00:25:54des longs séjours
00:25:56dans leur enfance
00:25:57à Garche
00:25:57dans les années 50,
00:25:58certains vont vous dire
00:26:00à quel point cet hôpital
00:26:01leur a permis
00:26:02une sorte d'émancipation.
00:26:04Émancipation déjà
00:26:05par rapport à leur famille.
00:26:07C'est des enfants
00:26:08qui parfois
00:26:08n'auraient pas fait d'études
00:26:11s'ils n'avaient pas fait
00:26:12ce long séjour
00:26:12où ils ont été entraînés,
00:26:14motivés,
00:26:15suivis de très près
00:26:16pour réussir physiquement
00:26:17et scolairement.
00:26:19Et chez qui on a un peu
00:26:20inculqué l'idée
00:26:22que si tu veux,
00:26:23tu peux.
00:26:24Que si tu n'as pas de jambes,
00:26:26tu as une tête.
00:26:27que si tu as un handicap physique,
00:26:29tu peux performer
00:26:30cette situation
00:26:32par la réussite scolaire.
00:26:35Ces années d'éveil
00:26:36passées ensemble
00:26:37cimentent une expérience collective
00:26:38et constituent le socle
00:26:40d'une contestation.
00:26:42Le diktat de la performance
00:26:43est remis en question.
00:26:44Les difficultés
00:26:52qui se posent
00:26:53pour ces enfants
00:26:53qui grandissent
00:26:54en rééducation
00:26:56qui vont être contestées
00:26:58progressivement
00:26:59par certains jeunes
00:27:00qui trouvent
00:27:01un petit peu absurde
00:27:02cette sorte d'acharnement
00:27:04à vouloir
00:27:05les faire marcher.
00:27:06d'autant plus
00:27:09qu'avec l'arrivée
00:27:11de nouveaux fauteuils roulants
00:27:12plus légers,
00:27:13pliables
00:27:13à autopropulsion
00:27:14américains,
00:27:15la possibilité
00:27:16de se déplacer
00:27:17en fauteuil
00:27:18devient beaucoup plus intéressante.
00:27:20Offre plus d'autonomie,
00:27:22plus de sécurité
00:27:23pour peu
00:27:23que l'espace public
00:27:24soit accessible
00:27:25et qu'il n'y ait pas partout
00:27:26des marches
00:27:27et des portes
00:27:28qui empêchent
00:27:28de se déplacer.
00:27:29En s'opposant
00:27:34à l'injonction
00:27:35à marcher,
00:27:36la jeune génération
00:27:37d'handicapés
00:27:37fait un constat amer.
00:27:39Alors que la société
00:27:40prétend les intégrer,
00:27:42rien dans l'espace public
00:27:43n'est pensé pour eux.
00:27:45L'accessibilité
00:27:47qui n'est toujours
00:27:47pas atteinte aujourd'hui
00:27:48devient une revendication
00:27:50centrale.
00:27:52Évidemment,
00:27:52quand on vous dit
00:27:53que votre seule chance
00:27:55d'être intégrée
00:27:56c'est de marcher,
00:27:58de monter les essais,
00:27:59et c'est une façon
00:28:01de faire méconnaître
00:28:04qu'une société
00:28:05peut être aussi organisée
00:28:06sans escalier,
00:28:08qu'une société
00:28:08peut être aussi organisée
00:28:10en enseignant
00:28:10la langue des signes
00:28:11dans les écoles.
00:28:12Et ça,
00:28:13c'est des choix politiques.
00:28:16À l'époque,
00:28:17les choix politiques
00:28:18sont entièrement guidés
00:28:19par l'enjeu
00:28:20de la reconstruction
00:28:21et sa valeur cardinale,
00:28:23le travail.
00:28:24Toutes les énergies
00:28:25sont mobilisées
00:28:26et les infirmes
00:28:27sont incitées
00:28:28à participer
00:28:29à l'effort national.
00:28:31On va avoir recours
00:28:32à la main-d'oeuvre immigrée
00:28:33dans cette période,
00:28:34mais il va aussi avoir l'idée
00:28:35que les diminués physiques,
00:28:37les personnes diminuées physiques,
00:28:39pourraient,
00:28:39elles aussi,
00:28:40être optimisées,
00:28:41être récupérées,
00:28:42comme on dit à l'époque,
00:28:43pour être une force de travail
00:28:44utile pour le pays.
00:28:46L'essentiel,
00:28:47c'est de savoir
00:28:48que le diminué physique
00:28:51n'est pas un diminué professionnel
00:28:53et qu'il peut être
00:28:54un ouvrier parfaitement rentable
00:28:56pour un industriel,
00:28:57quel qu'il soit.
00:28:58On affirme
00:28:59que tout le monde
00:29:01est pareil,
00:29:02que tout le monde
00:29:03peut participer
00:29:03à la construction
00:29:04du pays
00:29:05et du système
00:29:06de la sécu.
00:29:07Donc,
00:29:07on va dire,
00:29:08vous vous mettez au travail,
00:29:10vous allez par ce biais-là
00:29:11payer vos soins
00:29:11et même payer le soin
00:29:12des autres.
00:29:13Et donc,
00:29:13vous gagnez
00:29:14sur tous les tableaux.
00:29:14Depuis l'invention
00:29:17de la sécurité sociale
00:29:18en 1945,
00:29:20ceux qu'on appelle
00:29:21les diminués physiques
00:29:22peuvent progressivement
00:29:23se former,
00:29:25travailler
00:29:25et cotiser
00:29:26pour financer
00:29:27le système de santé.
00:29:29C'est l'âge d'or
00:29:29d'une nouvelle philosophie,
00:29:31la réadaptation.
00:29:35Sous la houlette
00:29:36des grandes associations,
00:29:38des ateliers
00:29:38dits protégés
00:29:39couvrent l'hexagone,
00:29:41vantant les performances
00:29:42de ces travailleurs
00:29:43qu'on veut bien intégrer
00:29:45tant qu'ils font tourner
00:29:46l'industrie.
00:29:48Monsieur Bernard Chenot,
00:29:49ministre de la Santé publique,
00:29:50a inauguré à Kissigny
00:29:52dans l'heure
00:29:52le centre Joseph Arditi
00:29:54qui est le premier
00:29:54du genre en France.
00:29:56Tout en poursuivant
00:29:57leur rééducation,
00:29:58les paraplégiques
00:29:59peuvent ici
00:29:59se réadapter
00:30:00au travail industriel
00:30:01et redevenir
00:30:02des citoyens
00:30:03par entière.
00:30:05Nous venons en tête
00:30:06avec une productivité
00:30:07de 130%
00:30:09parmi les usines
00:30:10de la télémécanique
00:30:11de Nanterre
00:30:12avec exclusivement
00:30:13des paraplégiques
00:30:13traumatiques dans l'usine.
00:30:15C'est dire l'utilité
00:30:16de votre usine
00:30:17dans l'écologie nationale.
00:30:18C'est à quel point
00:30:19un diminué physique
00:30:20même gravement atteint
00:30:21comme l'est un paraplégique
00:30:22peut travailler
00:30:23mieux qu'un autre
00:30:24s'il a évidemment
00:30:26le grand désir
00:30:27de reprendre sa place.
00:30:30Il travaille automatiquement
00:30:31mieux qu'un autre
00:30:32parce qu'il n'a aucune
00:30:34distraction physique
00:30:35possible.
00:30:37Il est tout près
00:30:38de son travail
00:30:39et il n'en sort pas.
00:30:41En 1957,
00:30:44le vote de la loi gazier
00:30:45couronne cette logique
00:30:46productiviste.
00:30:48Les entreprises
00:30:48doivent désormais
00:30:49recruter un quota
00:30:50d'infirmes civils,
00:30:52un dispositif jusque-là
00:30:53réservé aux mutilés
00:30:54de guerre.
00:30:58La loi de 1957,
00:31:00elle est très importante
00:31:02pour l'histoire du handicap
00:31:04ne serait-ce que parce que
00:31:05pour la première fois
00:31:05dans un texte de loi,
00:31:06le mot handicap apparaît.
00:31:09Il arrive en France
00:31:09dans les valises
00:31:10du plan Marshall,
00:31:12dans une période
00:31:12d'influence nord-américaine
00:31:15très importante
00:31:16où utiliser un terme anglais
00:31:17à la place des termes
00:31:19d'infirme,
00:31:20de diminué physique,
00:31:21comme cela court
00:31:22dans la période,
00:31:24paraît plus moderne
00:31:25et vient euphémiser
00:31:26un petit peu
00:31:26le regard qu'on porte
00:31:28sur les personnes handicapées.
00:31:30Mais le texte de loi
00:31:31ne définit pas
00:31:32précisément le quota
00:31:33qui ne sera donc
00:31:34jamais respecté.
00:31:36Ce défaut d'application
00:31:37concrète des lois
00:31:38sur le handicap
00:31:39va devenir un leitmotif.
00:31:42Tout le monde patronal
00:31:44a toujours eu tendance
00:31:45à dire,
00:31:45bon, ok,
00:31:46on veut bien dire
00:31:47que les handicapés
00:31:48sont comme les valides,
00:31:49mais quand même,
00:31:50vous n'allez pas nous obliger
00:31:52à embaucher
00:31:53des personnes handicapées.
00:31:55Elles travaillent moins vite,
00:31:56elles travaillent moins bien,
00:31:57elles tombent malades.
00:31:58bon.
00:32:04Est-ce que tu crois
00:32:04qu'on donne du travail
00:32:06facilement
00:32:06à un handicapé comme toi ?
00:32:08Non, non.
00:32:12Non, parce que si moi,
00:32:13j'ai ma place
00:32:13et puis que le patron,
00:32:16il me donne du boulot
00:32:17qui ne m'intéresse pas
00:32:18parce qu'en disant,
00:32:19tu lui donnais ça,
00:32:20ça ne va pas être
00:32:20trop dur pour lui,
00:32:22je ne suis plus d'accord.
00:32:23Je voudrais faire du boulot
00:32:23comme les autres.
00:32:25Ce serait trop facile.
00:32:29Et tu crois
00:32:30que ça va être possible,
00:32:31ça ?
00:32:32À côté de ces ateliers
00:32:38protégés,
00:32:39aux métiers souvent répétitifs
00:32:40et subalternes,
00:32:42les associations gestionnaires
00:32:43multiplient les foyers
00:32:44d'hébergement.
00:32:46Présentés comme une heureuse
00:32:48alternative à l'hospice,
00:32:50ils sont bientôt dénoncés
00:32:51comme des lieux
00:32:51de ségrégation.
00:33:04Dans les années 60 et 70,
00:33:06une nouvelle génération
00:33:08accède à l'âge adulte
00:33:09au moment même
00:33:10où la société se transforme.
00:33:12Sous l'impulsion d'une jeunesse
00:33:13qui conteste l'ordre social,
00:33:15de nouvelles aspirations
00:33:16grandissent chez les jeunes
00:33:18handicapés.
00:33:20Celles de faire des études,
00:33:21de mener une vie autonome
00:33:23et surtout
00:33:23d'être traité en égale.
00:33:29Il aime bien Patrick
00:33:30quand quelqu'un
00:33:31essaye de l'aider
00:33:32par exemple dans la rue ?
00:33:33Ah non, absolument pas, non.
00:33:35Il a horreur de ça.
00:33:36Lui, comme les autres du reste.
00:33:39Il a horreur de tout ce qui est charité,
00:33:40il a horreur de tout ce qui est pitié.
00:33:43Et moi aussi, du reste,
00:33:44je trouve ça abominable.
00:33:45C'est scandaleux.
00:33:46Il y a des gens qui trouvent ça
00:33:47très bien, la pitié.
00:33:50Peut-être, pas moi.
00:33:52On a là l'indice
00:33:54d'une vraie rupture générationnelle,
00:33:56d'une vraie rupture politique
00:33:58et peut-être aussi
00:33:59d'une espèce de rupture sociale.
00:34:01C'est des années,
00:34:02les années 60,
00:34:03où de plus en plus
00:34:04cette humeur contestataire
00:34:05qui va se politiser
00:34:06va se diffuser,
00:34:08y compris chez ces jeunes
00:34:10personnes handicapées moteurs
00:34:12qui vont, pour certains,
00:34:14accéder au baccalauréat général,
00:34:17rentrer à l'université
00:34:19dans ces années 60
00:34:20de politisation
00:34:21à tout va du monde étudiant.
00:34:28Dans les amphis,
00:34:30l'ébullition militante
00:34:31infuse les têtes bien faites
00:34:33de cette nouvelle génération
00:34:34d'handicapés.
00:34:35Au centre des paralysés étudiants
00:34:38ou au groupement
00:34:39des intellectuels handicapés
00:34:40physiques,
00:34:41on se rassemble
00:34:42et on dénonce
00:34:43les obstacles rencontrés
00:34:44tous les jours
00:34:45pour accéder aux examens
00:34:46et aux cours.
00:34:50Ce mouvement est en train
00:34:51de s'aimer à travers
00:34:52toute la France
00:34:53dans de nombreuses universités.
00:34:55Saint-Épéry a écrit
00:34:57« L'homme se révèle
00:34:58face à l'obstacle.
00:35:00C'est une évidence,
00:35:01pour nous c'est un peu plus.
00:35:03C'est une réalité
00:35:04de tous les jours. »
00:35:08Entre les jeunes
00:35:09et les anciens,
00:35:10un débat cristallise
00:35:12tous les désaccords,
00:35:13la quête.
00:35:15Sur ce majeur
00:35:15de financement,
00:35:17elle est organisée
00:35:18chaque année
00:35:18par les associations
00:35:19à grand renfort
00:35:21d'appel aux dons.
00:35:25Rompant avec ce vestige
00:35:27du passé,
00:35:28la nouvelle génération
00:35:29s'insurge
00:35:29contre ce symbole
00:35:30ultime
00:35:31et humiliant
00:35:32du regard de pitié
00:35:33porté sur eux.
00:35:34Refuser de donner,
00:35:38c'est ce que demande
00:35:39aux valides
00:35:39ce groupe de handicapés.
00:35:41Cette année encore,
00:35:41des associations
00:35:42organisent la quête,
00:35:43d'autres la contestent.
00:35:44D'aucuns appellent ça
00:35:45mendicité, pitié, etc.
00:35:48Nous, nous appelons ça
00:35:48la solidarité.
00:35:50On peut,
00:35:51selon son appérament,
00:35:52selon sa mentalité,
00:35:54selon aussi
00:35:55certaines opinions politiques,
00:35:57appeler ça
00:35:57d'une façon
00:35:58ou de l'autre.
00:35:58La quête,
00:35:59je suis tout à fait contre.
00:36:01Ça véhicule
00:36:02un sentiment
00:36:03tout à fait déplorable
00:36:04par rapport
00:36:05à l'assistant,
00:36:06la charité,
00:36:07la condescendance.
00:36:11On abandonne
00:36:12la compassion
00:36:12et on abandonne
00:36:14la charité
00:36:15parce que
00:36:17c'est le rapport
00:36:18du dominant
00:36:18à dominer.
00:36:21C'est une volonté
00:36:23de sortir
00:36:23de ce champ
00:36:25de l'assistance
00:36:25pour vraiment
00:36:27se diriger,
00:36:30s'orienter
00:36:30sur le terrain politique.
00:36:32C'est-à-dire que
00:36:32il faut changer
00:36:34le rapport
00:36:34de force.
00:36:35Et pour ça,
00:36:36il faut militer,
00:36:37il faut lutter
00:36:38politiquement.
00:36:39Et bon,
00:36:39on en est toujours là
00:36:40en fait.
00:36:53En mai 68,
00:36:55le contexte
00:36:55de crise sociale
00:36:56généralisée
00:36:57et de remise en cause
00:36:58de toutes les autorités
00:36:59radicalise ce mouvement
00:37:01déjà en marche.
00:37:06À la cité universitaire
00:37:07d'Anthony,
00:37:08devenu un foyer activiste,
00:37:10une dizaine de chambres
00:37:11ont été aménagées
00:37:12pour les étudiants
00:37:13handicapés.
00:37:14Sur ce terreau militant
00:37:16pousse un nouveau mot d'ordre,
00:37:18rompre avec la tiédeur
00:37:19des associations
00:37:20et le paternalisme
00:37:21des valides.
00:37:22« J'ai une chambre
00:37:27à la cité universitaire
00:37:28d'Anthony,
00:37:29alors adaptée,
00:37:30il y avait un ascenseur
00:37:31pour aller à la chambre.
00:37:33On était un petit groupe,
00:37:35on mangeait,
00:37:35bon voilà,
00:37:36on disait que c'était
00:37:37la fosse au Lyon,
00:37:38mais c'est pas grave
00:37:38parce qu'il y avait des étudiants
00:37:39qui refusaient de venir
00:37:40manger avec nous.
00:37:42Ben non,
00:37:42on va pas avec eux quand même.
00:37:43et puis on voulait aller
00:37:46à la cafétéria,
00:37:47boire un café
00:37:47puis qu'on continue
00:37:48de discuter avec des copains.
00:37:50Et là, trois marches.
00:37:52Ah ben oui,
00:37:53on a le droit de manger
00:37:53mais on n'a pas le droit
00:37:54de s'amuser quand même,
00:37:55faut pas exagérer.
00:37:57Et donc,
00:37:57c'est là où on a pris conscience
00:37:59que ça allait pas du tout.
00:38:01Donc on a fait une manif...
00:38:02On n'a pas fait sauter les marches
00:38:03mais on s'est battus
00:38:05pour qu'on puisse rentrer
00:38:07dans la cafétéria.
00:38:09Et à partir de là,
00:38:10il y a un copain
00:38:11qui dit
00:38:12« Mais il y a une fille
00:38:12qui est en grève de la faim
00:38:13qui s'appelle Aïcha
00:38:14qui a des revendications. »
00:38:16Aïcha,
00:38:17marginale,
00:38:18n'a plus d'un titre.
00:38:19Je demande pas moi
00:38:19à vivre mieux
00:38:20que les autres travailleurs.
00:38:21Je demande à vivre comme eux
00:38:21et pouvoir me battre comme eux.
00:38:23C'est-à-dire que les chinois
00:38:24dans une usine
00:38:25qu'on ne me prenne pas par faveur
00:38:26que je puisse me syndiquer comme eux.
00:38:28Me battre et lever le poing comme eux.
00:38:29Me foutre en grève comme eux.
00:38:31On n'a que la charité.
00:38:32Voilà,
00:38:33c'est tout ce qu'on nous offre.
00:38:34Les OS de Renault
00:38:35ont pu imposer leur volonté
00:38:37parce qu'ils ont arrêté les machines.
00:38:38Qu'est-ce que tu veux
00:38:38qu'on arrête, nous ?
00:38:40Alors, rien du tout.
00:38:42Alors, on est de la merde.
00:38:44Et aujourd'hui,
00:38:44nos revendications
00:38:45comme on les pose,
00:38:46il est bien certain
00:38:46pour que des Dienesch
00:38:47ou pour des Pompidou
00:38:48ou des Mitterrand même,
00:38:50on ait des caractériels.
00:38:52Bon, parce que, évidemment,
00:38:53quelqu'un qui rouspète
00:38:54quand même,
00:38:54ça se fait pas.
00:38:56Il faudrait qu'on aille
00:38:57autour d'une table ronde,
00:38:58un tapis vert, etc.
00:38:59Quoi qu'on pourrait discuter
00:38:59de la forme de la table,
00:39:01ça serait bien aussi.
00:39:02Alors, voilà.
00:39:03Ces militants,
00:39:04considérés comme des agitateurs,
00:39:06sont écartés
00:39:07des discussions
00:39:07qui se trament
00:39:08dans les coulisses du pouvoir.
00:39:10Car, dans ces années
00:39:11de refonte sociale,
00:39:13la question des handicapés
00:39:14fait surface
00:39:15dans l'agenda du gouvernement
00:39:16qui semble découvrir
00:39:17tout d'un coup
00:39:18l'ampleur du problème.
00:39:21Il y a une volonté de l'État
00:39:23de rationaliser
00:39:24tout le monde
00:39:25du sanitaire et social.
00:39:27Il y a une volonté
00:39:27de réorganiser ce secteur.
00:39:29Dès l'après-mai 68,
00:39:31le discours
00:39:32de politique générale
00:39:33de Jacques Chabandé-Helmas
00:39:35sur la nouvelle société
00:39:36contient un paragraphe
00:39:37sur le handicap.
00:39:38Un rapport
00:39:39d'un haut fonctionnaire,
00:39:40François Bloch-Lenet,
00:39:41va porter sur la question générale
00:39:43des personnes inadaptées
00:39:44et handicapées.
00:39:45Il y a un livre à succès
00:39:46qui les exclut
00:39:47d'un haut fonctionnaire,
00:39:49le noir,
00:39:50qui va porter
00:39:50sur le grand problème public
00:39:52que représenterait
00:39:52les personnes handicapées.
00:39:54Il y a une agitation
00:39:54dans le monde
00:39:56de la haute fonction publique
00:39:57autour de l'idée
00:39:58qu'il faut apporter
00:39:59une grande réforme
00:40:00sur la question
00:40:02des personnes
00:40:02dites inadaptées
00:40:03et handicapées.
00:40:04Mais pour l'heure,
00:40:07le discours porté
00:40:08par la secrétaire d'État
00:40:09à l'action sociale
00:40:10reste celui
00:40:11d'une administration
00:40:12qui vise moins
00:40:13à émanciper
00:40:14qu'à rationaliser.
00:40:16C'est donc
00:40:16un problème national.
00:40:17Actuellement,
00:40:18madame,
00:40:18quelles mesures
00:40:19ont été prises
00:40:19d'une part
00:40:20sur le plan scolaire
00:40:22et d'autre part
00:40:23sur le plan professionnel ?
00:40:24Eh bien là,
00:40:25nous avons à distinguer
00:40:26les différentes catégories
00:40:28d'enfants
00:40:28selon leur handicap.
00:40:30Certains sont d'abord
00:40:31des débiles légers,
00:40:32heureusement,
00:40:33et ceux-là peuvent être
00:40:34très vite récupérés
00:40:36pour la société
00:40:36s'ils osent dire
00:40:37et amener à avoir
00:40:38une scolarité normale.
00:40:39Pour les autres,
00:40:40débiles moyens,
00:40:41débiles profonds,
00:40:42arriérés profonds,
00:40:44débiles handicapés,
00:40:47sensoriels ou moteurs,
00:40:49nous avons des institutions
00:40:50qui leur sont propres.
00:40:53Face à ces propos
00:40:54d'un autre temps,
00:40:56la riposte s'organise.
00:40:58Proche de l'extrême gauche,
00:40:59plusieurs groupes contestataires
00:41:01apparaissent.
00:41:01C'est le cas
00:41:03du mouvement
00:41:03de défense des handicapés
00:41:05et du côté
00:41:06de la cité U d'Anthony,
00:41:08du CLH,
00:41:09le comité de lutte
00:41:10des handicapés
00:41:11qui naît en 1973.
00:41:13Alors,
00:41:14on se retrouve
00:41:15avec Aïcha
00:41:16et d'autres copains
00:41:17et on se dit
00:41:18qu'il faut réfléchir.
00:41:20Qu'est-ce qu'on veut ?
00:41:22Qu'est-ce qui nous différencie
00:41:23et qu'est-ce qui nous rapproche ?
00:41:25Et c'est comme ça
00:41:26que notre réflexion
00:41:26a cheminé
00:41:27et que comme c'était
00:41:29toujours
00:41:30les bons petits handicapés,
00:41:31ça l'est toujours d'ailleurs,
00:41:32les bons petits handicapés,
00:41:34eh bien,
00:41:34on a dit
00:41:34handicapés méchants.
00:41:36Voilà,
00:41:36c'est le slogan.
00:41:39Handicapés méchants,
00:41:41un titre
00:41:41qui peut faire sourire,
00:41:43qu'on peut percevoir
00:41:44comme une plaisanterie,
00:41:45mais qu'il faut bien entendre
00:41:46aussi comme un avertissement.
00:41:48Ces personnes
00:41:48ne sont pas là
00:41:50pour être aimables,
00:41:51gentilles,
00:41:52polies.
00:41:52Elles sont là
00:41:53pour que les choses changent
00:41:54et que les choses changent
00:41:56immédiatement.
00:42:03En faisant irruption
00:42:04sur un champ de course
00:42:05en direct du tiercé
00:42:06ou en prenant le micro
00:42:08en pleine soirée mondaine,
00:42:09les handicapés méchants
00:42:10rompent avec les méthodes
00:42:12respectables de leurs aînés.
00:42:14Et nous qui représentons
00:42:15un groupe d'handicapés
00:42:16en lutte,
00:42:17nous tenons à vous informer
00:42:18qu'il y a...
00:42:19Voilà une intervention
00:42:20qui n'était pas prévue.
00:42:21Mon cher ami,
00:42:22en direct,
00:42:22les interventions
00:42:23ne sont jamais prévues.
00:42:25Cultivant la contre-culture
00:42:26dans des happening
00:42:27provocateurs et joyeux,
00:42:29ils sortent de l'invisibilité.
00:42:32Je pense que l'action
00:42:33de démonstration
00:42:35est un peu combattante,
00:42:37c'est pour démontrer
00:42:37quelque chose.
00:42:39Que la rue était à nous,
00:42:41que nous aussi,
00:42:41on était dans l'espèce lumineuse.
00:42:43Ce qui est frappant
00:42:49sur ces images,
00:42:49c'est qu'on voit
00:42:50des handicapés malpolis.
00:42:52On voit des handicapés
00:42:53qui ne restent pas
00:42:54à leur place.
00:42:55Et ça, c'est précieux.
00:42:57Parce qu'on a tellement
00:42:58été éduqués
00:42:59et rééduqués même
00:43:01à être des bonnes consciences,
00:43:04à ne pas faire de vagues.
00:43:06Et d'un seul coup,
00:43:06on assiste à une espèce
00:43:08de saine vengeance, en fait.
00:43:10C'est cette figure
00:43:11de l'handicapé en action
00:43:13qui ment cruellement.
00:43:28C'est un côté réjouissant
00:43:29de voir ces archives.
00:43:32Déjà, ça me paraît
00:43:32d'une grande actualité
00:43:34parce que les usines hospice
00:43:35et les ghettos d'handicapés
00:43:36dont ils parlent,
00:43:38il s'agit en fait
00:43:38des CAT
00:43:39qui sont devenus
00:43:40des ESAT
00:43:41où les ouvrières
00:43:42et les ouvriers
00:43:42n'avaient pas de droit
00:43:44du travail,
00:43:44n'étaient pas justiciables
00:43:45du droit du travail
00:43:46et ne le sont toujours pas.
00:43:52Ces groupes minoritaires
00:43:54représentent une avant-garde.
00:43:56Âgés de 18 à 25 ans,
00:43:58ils dénoncent leur ségrégation
00:44:00dans les établissements
00:44:00spécialisés
00:44:01et rejoignent les luttes
00:44:03des minorités opprimées.
00:44:08Pour certains,
00:44:09c'est aussi défendre l'idée
00:44:10que les personnes handicapées
00:44:11appartiennent
00:44:12au combat ouvrier.
00:44:14Leur combat
00:44:15n'est pas coupé
00:44:16du combat
00:44:17d'autres minorités.
00:44:18Les personnes,
00:44:19les travailleurs immigrés
00:44:20qui se mobilisent
00:44:21dans la même période,
00:44:22les femmes et les féministes
00:44:23avec qui il va y avoir
00:44:24des liens,
00:44:25avec les personnes psychiatrisées,
00:44:27avec les prisonniers,
00:44:28il va y avoir une idée
00:44:30qu'on appellera bien plus tard
00:44:32l'intersectionnalité
00:44:34et qu'il faut s'organiser
00:44:35pour lutter ensemble.
00:44:39Et en plus,
00:44:39quand tu es une bonne femme,
00:44:41parce que moi,
00:44:42quand je cherche du boulot,
00:44:43pourquoi est-ce qu'on me dit
00:44:44« Mais madame,
00:44:45pourquoi vous voulez travailler
00:44:46et que vous êtes mariée ? »
00:44:48Ça, c'est la main d'œuvre.
00:44:50Alors, comme toutes les femmes,
00:44:51même normales,
00:44:52disons non-handicapées,
00:44:53déjà, une femme
00:44:54a beaucoup moins de droits
00:44:55à la formation professionnelle.
00:44:56Mais quand tu es handicapée,
00:44:57alors là,
00:44:58tu n'as plus que le métro
00:44:58à faire et la quête.
00:45:00Ça, c'est le problème.
00:45:01En plus,
00:45:02moi, ce que je trouve ignoble,
00:45:03c'est qu'à partir du moment
00:45:04où on voit un handicapé,
00:45:06il n'est pas comme les autres.
00:45:08Il n'a pas de vie sexuelle.
00:45:10Personne ne pense
00:45:11qu'un handicapé
00:45:11peut avoir une vie sexuelle,
00:45:13qu'il peut avoir un clitoris
00:45:14qui lui fasse du bien
00:45:14de temps en temps,
00:45:15qu'on le caresse.
00:45:17Personne ne veut nous voir
00:45:18comme des personnes en entier.
00:45:20Personne.
00:45:20Lorsque j'ai découvert
00:45:21ces archives,
00:45:23ça m'a fait vraiment
00:45:24l'effet d'un,
00:45:25comment dire,
00:45:26d'un immense soulagement
00:45:27de se dire
00:45:29« Mais en fait,
00:45:30il y a eu des luttes
00:45:31qui ont fait tout un travail
00:45:33de mobilisation collective
00:45:35de la condition handicapée. »
00:45:38Et tant qu'on n'a pas
00:45:39accès à l'héritage théorique,
00:45:42l'héritage des expériences,
00:45:45des luttes collectives du passé,
00:45:47il faut qu'on refasse tout
00:45:48à chaque génération.
00:45:49C'est dans ce climat contestataire
00:45:52que l'État fait
00:45:53de la prise en charge
00:45:54des personnes handicapées
00:45:55une obligation nationale.
00:45:58Votée le 30 juin 1975,
00:46:01une nouvelle loi
00:46:01réaffirme leurs droits.
00:46:03À l'emploi,
00:46:05à l'éducation,
00:46:06à l'insertion sociale.
00:46:08Le discours officiel
00:46:09se félicite
00:46:10d'une avancée majeure.
00:46:11L'essentiel me paraît être
00:46:13qu'elle permet de sortir
00:46:15du cadre de l'assistance.
00:46:18Elle reconnaît des droits,
00:46:19des droits sociaux
00:46:20comme aux autres Français
00:46:21ou aux handicapés.
00:46:23Et je pense que pour les familles,
00:46:25c'est un aspect psychologique
00:46:26essentiel.
00:46:27Il y a des choses
00:46:28qui se détachent
00:46:29et qui apparaissent
00:46:30pour la première fois
00:46:31et qui sont incontestablement
00:46:34neuves et très positives.
00:46:36Donc il y a la mention
00:46:37de l'accessibilité
00:46:38qui n'existait pas
00:46:39dans les lois antérieures.
00:46:41Alors c'est une accessibilité
00:46:42qui prend une forme limitée,
00:46:44très limitée.
00:46:46C'est les lieux publics
00:46:47en milieu urbain.
00:46:48Donc par exemple,
00:46:48ça ne concerne pas
00:46:49les mairies en milieu rural
00:46:50pour être très concret.
00:46:52On voit un peu l'absurdité
00:46:53et le problème que ça pose
00:46:54mais c'est un début.
00:46:55C'est une loi
00:46:55qui promet beaucoup de choses
00:46:57et qui a suscité
00:46:57beaucoup de déceptions
00:46:58sur son effectivité.
00:47:01Et il y a eu des choses
00:47:02qui se sont transformées
00:47:03en bien
00:47:04pour les personnes handicapées
00:47:05dans la suite de l'histoire
00:47:06mais qui ne sont pas seulement
00:47:07liées à cette loi bien sûr,
00:47:08qui sont aussi liées
00:47:09à des progrétés
00:47:09techniques par exemple.
00:47:11Il y a des changements sociaux
00:47:12plus généraux
00:47:12dans lesquels
00:47:13la loi de 1975
00:47:14joue comme un facteur
00:47:15parmi d'autres.
00:47:17Les militants de l'époque
00:47:18dénoncent un projet de loi
00:47:20construit main dans la main
00:47:21avec les associations
00:47:22qui se limitent
00:47:23à renforcer
00:47:24le secteur médico-social.
00:47:26En prétendant les intégrer,
00:47:28la loi consolide selon eux
00:47:29une filière spécialisée
00:47:30qui les met à l'écart.
00:47:33Elle renforce
00:47:34le placement en institution.
00:47:36Elle le pérennise
00:47:37et donc ça va tout à fait
00:47:39à l'encontre
00:47:40des droits
00:47:40des personnes handicapées
00:47:42malgré effectivement
00:47:43cette appellation
00:47:44loi en faveur
00:47:45des personnes handicapées.
00:47:48Et cette loi
00:47:48effectivement
00:47:49vient confirmer
00:47:50et instituer
00:47:51l'existence
00:47:52de certains secteurs,
00:47:53de certaines institutions
00:47:54parallèles
00:47:55pour les personnes handicapées
00:47:56à l'exemple
00:47:57de celle
00:47:58qui est la plus onie
00:47:58par certains militants
00:47:59parmi les plus radicaux,
00:48:01les centres d'aide
00:48:02par le travail,
00:48:03institués comme étant
00:48:04dérogatoires
00:48:04aux droits du travail.
00:48:06Naturellement,
00:48:06le bon compassionnel
00:48:07trouvait ça absolument
00:48:08merveilleux
00:48:09parce qu'on parlait
00:48:10des handicapés,
00:48:11on faisait une loi.
00:48:12Bon d'accord,
00:48:13on fait une loi
00:48:13mais si la loi
00:48:14elle ne sert à rien,
00:48:15elle a cadré un peu
00:48:17les associations gestionnaires,
00:48:18c'est tout.
00:48:20Elle n'a absolument pas
00:48:21mis en avant
00:48:22la place de la personne
00:48:24handicapée
00:48:24alors que nous
00:48:25au CLH
00:48:26on y pensait déjà.
00:48:29Deux ans après son vote,
00:48:30même ses partisans
00:48:31comme les adhérents
00:48:32de l'Association
00:48:33des Paralysés de France
00:48:34expriment leur désillusion.
00:48:38Nous avons appuyé
00:48:39très fort
00:48:40le préambule
00:48:41de la loi d'orientation.
00:48:42Nous sommes toujours
00:48:43partie prenante
00:48:44pour ce préambule
00:48:44mais les décrets
00:48:45qui paraissent
00:48:46nous font déchanter
00:48:47et en certaines mesures
00:48:50ne nous permettent pas
00:48:51d'espérer
00:48:52un grand changement.
00:48:55Mais ces décennies
00:48:56de mobilisation
00:48:57auront permis
00:48:58un changement
00:48:59de paradigme majeur.
00:49:00l'idée que c'est
00:49:01à la société entière
00:49:02de se transformer.
00:49:06On les appelle inadaptés.
00:49:07Nous pensons
00:49:08qu'il y a bien des égards
00:49:09sur la société
00:49:09qui est très adaptée
00:49:11qui ne permet pas
00:49:12que nous nous exprimions.
00:49:14Nous espérons
00:49:14que dans l'esprit
00:49:15au moins des jeunes
00:49:16handicapés
00:49:17il y a une certaine
00:49:18évolution
00:49:18de leur mentalité
00:49:20c'est-à-dire
00:49:21qu'ils cessent
00:49:22d'être passifs
00:49:22pour s'intégrer
00:49:23totalement à la société.
00:49:25Archivez !
00:49:26En beauté !
00:49:27Archivez !
00:49:28En beauté !
00:49:28Il faudra 30 ans
00:49:29pour que la loi de 2005
00:49:31pour l'égalité
00:49:31des droits
00:49:32et des chances
00:49:32réponde enfin
00:49:33à ses attentes.
00:49:35Elle renforce
00:49:36l'accessibilité
00:49:36l'obligation d'emploi
00:49:38et pose les premières pierres
00:49:40de la société inclusive.
00:49:42La loi de 2005
00:49:44elle est le produit
00:49:45de toute l'histoire antérieure
00:49:46des mobilisations
00:49:47en France
00:49:48et à l'international
00:49:49autour de la question
00:49:52du handicap
00:49:52du droit
00:49:53à l'inclusion
00:49:55des revendications
00:49:57d'accessibilité généralisée
00:49:58qui ne se réduisent pas
00:50:00à l'installation
00:50:01d'une rampe
00:50:01à la place d'escalier
00:50:02mais qui soit
00:50:03une pensée
00:50:04de tout le cadre bâti
00:50:05des logiciels
00:50:07du symbolique
00:50:08du scolaire
00:50:09pour être accessible
00:50:10à tous les corps
00:50:12et à tous les modes
00:50:14de fonctionnement individuels.
00:50:16La loi de 2005
00:50:17elle est intéressante.
00:50:19Alors c'est un peu
00:50:20l'aboutissement
00:50:21de ce qu'on voulait.
00:50:23Le seul petit problème
00:50:25c'est qu'elle est
00:50:25très mal appliquée.
00:50:27Mais c'est à travers
00:50:28leurs revendications
00:50:29pour la fermeture
00:50:30de ce qu'ils appelaient
00:50:31les ghettos d'handicapés
00:50:33que les militants
00:50:34des années 70
00:50:35ont été
00:50:35les plus précurseurs.
00:50:37Anticipant
00:50:38il y a 50 ans
00:50:39une question
00:50:40largement actuelle.
00:50:41Combien de temps
00:50:42passez-vous
00:50:43à faire votre lit ?
00:50:45Une heure
00:50:45à le recouvrir.
00:50:49Votre indépendance
00:50:50vous hésitez ?
00:50:50Votre indépendance
00:50:51Votre indépendance
00:50:51Même si on faisait
00:50:52un centre hospitalier
00:50:54spécialisé ?
00:50:55Non.
00:50:56Avec peu.
00:50:57Tant que je reviens
00:50:58sous le devis
00:50:59je resterai dans mon studio.
00:51:02Il faut savoir
00:51:03faire part
00:51:05c'est tout.
00:51:06On peut sans doute
00:51:07voir
00:51:08à la fin des années 70
00:51:09le début
00:51:11de ce qu'on appelle
00:51:11aujourd'hui
00:51:12le mouvement
00:51:12des institutionnalisations.
00:51:15C'est-à-dire
00:51:15la volonté
00:51:16de ne plus avoir
00:51:18de bâtiments
00:51:20de dispositifs
00:51:22distincts
00:51:23pour les personnes
00:51:23handicapées
00:51:24et les personnes
00:51:24valides.
00:51:27Mettre fin
00:51:27aux institutions
00:51:28planifier la vie
00:51:29autonome
00:51:30sont des perspectives
00:51:30fortement débattues
00:51:32en France.
00:51:33Si l'ONU
00:51:34appelle à la fermeture
00:51:35des établissements
00:51:36spécialisés
00:51:36le sujet
00:51:38est loin
00:51:38de faire consensus
00:51:39et réactive
00:51:40l'affrontement
00:51:41entre militants
00:51:41et associations.
00:51:42En fait
00:51:45ce qu'il faudrait
00:51:46c'est appliquer
00:51:47le droit international
00:51:48notamment
00:51:49la convention
00:51:50de l'ONU
00:51:51sur les droits
00:51:52des personnes
00:51:53handicapées
00:51:53qu'a ratifié
00:51:55la France
00:51:55en 2010
00:51:56et qui doit
00:51:57entrer
00:51:57en fait
00:51:58en application
00:51:59qui ne consiste pas
00:52:00en fait
00:52:00à renvoyer
00:52:01les gens
00:52:01chez eux
00:52:02ou à les mettre
00:52:02à la rue
00:52:03comme le disent
00:52:04les associations
00:52:04gestionnaires
00:52:05d'établissements
00:52:06mais à simplement
00:52:07affecter
00:52:08les fonds
00:52:09les moyens
00:52:10aux personnes
00:52:11elles-mêmes
00:52:11ce qui veut dire
00:52:12que les personnes
00:52:13elles vivent
00:52:14chez elles
00:52:15avec toutes les aides
00:52:17humaines
00:52:18techniques
00:52:18dont elles ont besoin
00:52:20pour décider.
00:52:27C'est l'avantage
00:52:28aussi qu'on a
00:52:29quand on est handicapé
00:52:30c'est comme on ne correspond
00:52:31pas à la normalité
00:52:32on peut inventer
00:52:33notre normalité
00:52:34on peut inventer
00:52:35notre rapport
00:52:36à la réalité
00:52:37on ne ressemble
00:52:38pas aux autres
00:52:39mais on ressemblera
00:52:41rien d'autre
00:52:41qu'à soi
00:52:42ça permet
00:52:44d'avoir
00:52:45une trajectoire
00:52:45de vie
00:52:46intéressante
00:52:46aussi
00:52:47les handicapés
00:52:48c'est le combat
00:52:48qui n'a jamais été mené
00:52:50ou du moins
00:52:51amené à la lumière
00:52:52en fait
00:52:52parce qu'on a vu
00:52:54des tentatives
00:52:55on a vu
00:52:55des accès de colère
00:52:56on a vu tout ça
00:52:57mais dans les yeux
00:52:58du grand public
00:52:59ça reste
00:53:00et dans les yeux
00:53:01des politiques
00:53:01du coup
00:53:01parce que les politiques
00:53:02sont la version aggravée
00:53:04du grand public
00:53:04c'est vraiment
00:53:06le sujet
00:53:08qu'on remettra
00:53:08toujours à plus tard
00:53:09ça urge pas
00:53:11voilà 50 ans
00:53:19était donc votée
00:53:20la première
00:53:20grande loi
00:53:21d'orientation
00:53:22en faveur
00:53:22des personnes
00:53:23handicapées
00:53:23le fruit
00:53:24d'un long
00:53:24d'un très long
00:53:25combat
00:53:26mené tout au long
00:53:26du siècle dernier
00:53:27pour la reconnaissance
00:53:29des droits
00:53:30de ces personnes
00:53:31dans notre société
00:53:32voilà ce que vient
00:53:33donc de nous remémorer
00:53:35ce documentaire
00:53:36réalisé par
00:53:36Laetitia Moller
00:53:37et aujourd'hui
00:53:38où en est-on
00:53:39réellement
00:53:40concernant
00:53:40l'application
00:53:41des lois
00:53:41en faveur
00:53:42des personnes
00:53:42handicapées
00:53:43nous allons en débattre
00:53:44maintenant
00:53:44avec nos invités
00:53:45présents maintenant
00:53:45sur ce plateau
00:53:47de débat doc
00:53:48Sébastien Pétavi
00:53:49pour commencer
00:53:50bienvenue à vous
00:53:50vous êtes député
00:53:52écologiste
00:53:52de la Dordogne
00:53:53vous êtes par ailleurs
00:53:55psychologue
00:53:56clinicien
00:53:56vous avez été élu
00:53:57pour la première fois
00:53:58en 2022
00:53:58et donc réélu
00:53:59à l'issue
00:54:00de la dissolution
00:54:01en 2024
00:54:02également avec nous
00:54:03Pascal Rib
00:54:04bienvenue à vous
00:54:05Pascal Rib
00:54:05vous êtes la présidente
00:54:06de l'association
00:54:07APF France
00:54:08Handicap
00:54:08Association Historique
00:54:10s'il en est
00:54:10puisqu'on l'a vu
00:54:11dans ce documentaire
00:54:121933
00:54:13c'est la date
00:54:14de la création
00:54:14de l'association
00:54:16que vous présidez
00:54:18concernant la défense
00:54:19des droits
00:54:19des personnes handicapées
00:54:20et dont vous êtes
00:54:21adhérente
00:54:23depuis maintenant
00:54:23plus de 20 ans
00:54:24et nous allons
00:54:25évidemment revenir
00:54:26sur le contenu
00:54:27de ce documentaire
00:54:27et voir avec vous
00:54:29aujourd'hui
00:54:29ce qu'il en est
00:54:30sur la bonne application
00:54:31de ces lois
00:54:32et nous allons faire
00:54:32également avec vous
00:54:33Pierre-Yves Baudot
00:54:34bienvenue à vous
00:54:35vous êtes sociologue
00:54:36vos recherches portent
00:54:37notamment sur la gouvernance
00:54:39des politiques du handicap
00:54:40en France
00:54:40et vous êtes l'auteur
00:54:41de ce livre
00:54:42Le handicap
00:54:43cause politique
00:54:44un ouvrage publié
00:54:45aux presses universitaires
00:54:46de France
00:54:47il y a en France
00:54:4911 millions
00:54:49de personnes
00:54:51qui vivent
00:54:52avec un handicap
00:54:53on pourrait y ajouter
00:54:549 millions d'aidants
00:54:55environ
00:54:56eux aussi sont souvent
00:54:57invisibilisés
00:54:58dans notre société
00:55:00aujourd'hui
00:55:01vous êtes le premier
00:55:03député
00:55:04français
00:55:05à avoir
00:55:07débarqué
00:55:08si on peut dire
00:55:09les choses comme ça
00:55:09dans l'hémicycle
00:55:10de l'Assemblée nationale
00:55:11en fauteuil roulant
00:55:12est-ce que ça a créé
00:55:13des problèmes particuliers
00:55:14ou est-ce que l'Assemblée
00:55:15était prête
00:55:16à vous accueillir
00:55:17ah ça vous fait sourire
00:55:19non ça me fait sourire
00:55:21j'ai été élu
00:55:23donc le dimanche soir
00:55:24le lundi matin
00:55:25j'avais un appel
00:55:25des services
00:55:26de l'Assemblée
00:55:27pour me dire
00:55:28qu'il savait que j'arrivais
00:55:29avec mon fauteuil roulant
00:55:30et que l'Assemblée
00:55:31n'était absolument pas prête
00:55:32et adaptée pour
00:55:35mais qu'il voulait savoir
00:55:37de quoi j'avais besoin
00:55:37pour pouvoir être bien accueilli
00:55:39il y avait déjà cette attention
00:55:40mais effectivement
00:55:41l'hémicycle
00:55:42n'était absolument pas adapté
00:55:43alors j'ai eu un petit souci
00:55:45de santé
00:55:45j'étais hospitalisé
00:55:46pendant six mois
00:55:46ce qui leur a laissé le temps
00:55:48de pouvoir faire les travaux
00:55:50dans l'hémicycle
00:55:50et aujourd'hui
00:55:51il y a une place
00:55:52à côté du banc des ministres
00:55:54mais qui est adaptée
00:55:54juste pour mon fauteuil
00:55:55quelqu'un serait élu
00:55:57aujourd'hui
00:55:57avec un fauteuil électrique
00:55:58il n'aurait pas de place
00:55:59nous serions deux ou trois
00:56:01en fauteuil roulant
00:56:01aujourd'hui dans l'hémicycle
00:56:03il n'y aurait pas de place
00:56:03donc on voit qu'il y a
00:56:05voilà
00:56:05ça a commencé
00:56:06le chemin est lancé
00:56:08comme quoi il y a encore
00:56:08beaucoup à faire
00:56:09y compris à l'Assemblée nationale
00:56:10oui oui
00:56:11puis il faut prendre la mesure
00:56:12parce que vous avez parlé
00:56:12des chiffres
00:56:13alors vous parlez de 11 millions
00:56:1412 millions
00:56:14enfin c'est très difficile
00:56:15de savoir combien
00:56:16il y a aujourd'hui
00:56:17en fait on dit que c'est
00:56:19entre 5 et 16 millions
00:56:20en fait c'est assez difficile
00:56:21de savoir
00:56:22vivant avec un handicap
00:56:23voilà
00:56:23sur quoi on se base
00:56:24c'est à peu près 16%
00:56:25de la population
00:56:26et on est 0,001%
00:56:30d'élus
00:56:31en situation de handicap
00:56:32en tout cas reconnus
00:56:33donc on voit
00:56:34qu'il y a un écart important
00:56:35et que très certainement
00:56:36pour faire bouger les choses
00:56:37on a besoin
00:56:38d'une bonne représentativité
00:56:39nous l'avons vu ensemble
00:56:42ce documentaire
00:56:43il est dit
00:56:44dans ce documentaire
00:56:44que cette mémoire
00:56:46que nous a fait visiter
00:56:48ce film
00:56:48n'est pas connue
00:56:49de la plupart
00:56:50des personnes vivant
00:56:51avec un handicap
00:56:52aujourd'hui en France
00:56:52vous avez découvert
00:56:54des choses
00:56:54que vous ignoriez
00:56:55vous-même
00:56:55dans ce qu'a été
00:56:56ce long combat
00:56:57du siècle dernier
00:56:58dans ce film
00:56:59j'ai effectivement
00:57:00enfin
00:57:01plutôt prendre
00:57:03dans la mesure
00:57:04du vécu
00:57:05en fait
00:57:05des personnes
00:57:06en situation de handicap
00:57:07à cette époque-là
00:57:08et de manière très concrète
00:57:09je trouve que le film
00:57:10est très bien fait
00:57:10de ce point de vue-là
00:57:11vraiment
00:57:13je trouve que
00:57:15c'est quand même
00:57:16les personnes
00:57:17on les résume
00:57:18à des objets de soins
00:57:20le côté
00:57:22de comment dire
00:57:23ressort également
00:57:24de en gros
00:57:25on évoque
00:57:26par leur maladie
00:57:28c'est vrai
00:57:28qu'il y a eu
00:57:30pas mal d'épidémies
00:57:31notamment
00:57:32la polio
00:57:33la tuberculose
00:57:34on l'a vu dans ce film
00:57:35et donc
00:57:35l'idée
00:57:37première
00:57:38c'était
00:57:38il faut d'abord
00:57:39soigner les gens
00:57:40et en soignant les gens
00:57:41on les oublie
00:57:42en fait
00:57:42on les met
00:57:43dans des grands
00:57:43dans des grands
00:57:45établissements
00:57:47à l'écart
00:57:48tout ça
00:57:49donc pour les soigner
00:57:49et les soigner
00:57:50et du coup
00:57:51c'est plus des sujets de droit
00:57:51c'est des objets de soins
00:57:52en fait
00:57:53et ça
00:57:54ça s'apparaît
00:57:55très très clairement
00:57:55je trouve dans le film
00:57:56et vous-même
00:57:57vous la connaissiez
00:57:58cette lutte
00:57:59en faveur des droits
00:58:00concernant les personnes
00:58:01vivant avec un handicap
00:58:02vous avez découvert
00:58:04beaucoup de choses
00:58:04l'histoire française
00:58:06est peu connue
00:58:07on fait souvent référence
00:58:08au combat
00:58:08qu'il y a pu y avoir
00:58:09notamment aux Etats-Unis
00:58:10et je trouve que là
00:58:11ce documentaire
00:58:12est vraiment très précieux
00:58:13de montrer que finalement
00:58:15dans plusieurs endroits
00:58:16dans le monde
00:58:17sur la même période
00:58:18il y a eu des combats
00:58:19similaires
00:58:20et qui sont
00:58:20qui sont importants
00:58:21et je pense que dans
00:58:22l'histoire par exemple
00:58:23aujourd'hui
00:58:24des mouvements antivalidistes
00:58:26je pense que c'est
00:58:26quelque chose
00:58:27qui vraiment va donner
00:58:28une force
00:58:29une perspective
00:58:30parce qu'on voit que
00:58:31la question
00:58:32de la place
00:58:33dans la société
00:58:34la question
00:58:35de l'institution
00:58:36et de la désinstitutionnalisation
00:58:38en fait se pose
00:58:39depuis quasiment un siècle
00:58:40le mouvement antivalidiste
00:58:42il faut peut-être
00:58:42nous expliquer
00:58:43il y a plusieurs courants
00:58:45qui s'affronteraient
00:58:45autour de ces questions
00:58:47il y a différentes lectures
00:58:48du handicap
00:58:48il y a effectivement
00:58:49différentes lectures
00:58:49il y a une lecture
00:58:50qui est davantage orientée
00:58:52sur la prise en charge médicale
00:58:54sur la prise en charge sociale
00:58:55donc qui va notamment
00:58:56prendre la forme
00:58:57de l'établissement
00:58:58l'institut médico-éducatif
00:59:00l'établissement
00:59:01et services
00:59:01d'accompagnement
00:59:02par le travail
00:59:02les ESAT
00:59:03et puis on a une lecture
00:59:05plus politique
00:59:05du handicap
00:59:06qui envisage le handicap
00:59:07comme une oppression
00:59:08oppression qui serait comparable
00:59:10par exemple
00:59:10à une oppression raciste
00:59:11ou à une oppression
00:59:12genrée
00:59:13masculiniste
00:59:14sur les femmes
00:59:15là on aurait une oppression
00:59:16des valides
00:59:17sur les personnes non valides
00:59:19c'est-à-dire
00:59:19sur toutes les personnes
00:59:20qui en réalité
00:59:21ne correspondent pas
00:59:22aux normes
00:59:23normes de production
00:59:24par le travail
00:59:25et normes de reproduction
00:59:26notamment pour les femmes
00:59:28en situation de handicap
00:59:29et cette oppression
00:59:32elle est comparable
00:59:32à d'autres formes
00:59:33d'oppression
00:59:34c'est ce qu'on va appeler
00:59:34intersectionnalité
00:59:35aujourd'hui
00:59:36et elle s'exerce
00:59:38à partir du moment
00:59:39où d'une façon
00:59:40ou d'une autre
00:59:40vous avez été évalué
00:59:42par le monde social
00:59:42comme ne correspondant plus
00:59:44aux normes
00:59:45et là l'intérêt
00:59:45c'est que
00:59:46c'est la société en entier
00:59:47qu'il faut changer
00:59:48c'est-à-dire
00:59:48c'est la norme
00:59:49qu'il faut modifier
00:59:50pas les corps
00:59:51des personnes handicapées
00:59:52mais la norme
00:59:53de la société
00:59:53mettre des rampes
00:59:54à la place des marches
00:59:55transformer la façon
00:59:56dont on apprend
00:59:57dont on écrit
00:59:58etc.
00:59:58Alors nous sommes là
00:59:59bien entendu
00:59:59pour commémorer
01:00:00on va dire
01:00:00les choses comme ça aussi
01:00:01le cinquantenaire
01:00:03de cette fameuse loi
01:00:04de 1975
01:00:05c'est la présidence
01:00:06Valéry Giscard d'Estaing
01:00:07grande loi d'orientation
01:00:08la première grande loi
01:00:09d'orientation nationale
01:00:10mais nous sommes aussi là
01:00:11pour commémorer
01:00:12une autre loi
01:00:12qui a marqué
01:00:14cette histoire
01:00:14qui est celle de 2005
01:00:16et là nous sommes
01:00:17sous la présidence
01:00:17de Jacques Chirac
01:00:192005
01:00:19c'est vraiment
01:00:20la prise en compte
01:00:21de ce que vous venez
01:00:22de nous dire précédemment
01:00:23c'est ça la vraie loi
01:00:26qui a fait bouger les choses
01:00:27ça a beaucoup été raconté
01:00:28comme un énorme tournant
01:00:29comme une rupture
01:00:31un changement de paradigme
01:00:32la France tout d'un coup
01:00:33aurait radicalement
01:00:34changé sa façon de faire
01:00:35quand on regarde
01:00:36les choses plus en détail
01:00:37je vais juste citer
01:00:37son intitulé
01:00:38loi pour l'égalité
01:00:39des droits
01:00:40et des chances
01:00:40la participation
01:00:41et la citoyenneté
01:00:42des personnes handicapées
01:00:44la loi du 11 février
01:00:44en fait il y a certainement
01:00:47des choses
01:00:48qui sont en rupture
01:00:50mais il y a aussi
01:00:50beaucoup de continuité
01:00:51notamment la continuité
01:00:53dans l'idée
01:00:53que c'est par les institutions
01:00:55les établissements spécialisés
01:00:56que la quasi-totalité
01:00:58du travail
01:00:59d'action publique
01:01:00à destination
01:01:00des personnes handicapées
01:01:01va se faire
01:01:01c'est aussi une loi
01:01:04qui est très en décalage
01:01:05et presque déjà en retard
01:01:07au moment où elle est adoptée
01:01:08par rapport aux transformations
01:01:09du droit international
01:01:10et notamment
01:01:11ce qui va déboucher
01:01:12l'année suivante
01:01:12en 2006
01:01:13sur l'adoption
01:01:14de la convention internationale
01:01:15des droits des personnes handicapées
01:01:17que la France va ratifier
01:01:18en 2010
01:01:18et on est sur
01:01:20le charte de l'ONU
01:01:21dont il est question
01:01:23dans le film
01:01:24et qui constitue aujourd'hui
01:01:25un peu
01:01:25le guide
01:01:27vers lequel
01:01:29on doit aller
01:01:30ce qui doit normalement
01:01:31driver l'action publique
01:01:32pour arriver
01:01:33à produire
01:01:34une société
01:01:35inclusive
01:01:36c'est-à-dire
01:01:36une société dans laquelle
01:01:37pas simplement
01:01:38on a fait un petit peu
01:01:39de place aux personnes handicapées
01:01:40mais dans laquelle
01:01:41le monde social
01:01:43a globalement évolué
01:01:44de telle sorte
01:01:45que les personnes handicapées
01:01:46y trouvent leur place
01:01:47sans qu'on ait besoin
01:01:48ni de faire de la charité
01:01:50ni de faire de la quête
01:01:52mais qu'elles puissent
01:01:52en fait vivre
01:01:53la vie de n'importe qui
01:01:54sans avoir besoin
01:01:55de demander
01:01:56quoi que ce soit
01:01:56à qui que ce soit
01:01:57Alors cette loi
01:01:58a instauré une obligation
01:01:59d'accessibilité
01:02:00des bâtiments
01:02:00et des transports
01:02:01entre autres
01:02:02évidemment
01:02:04ce qui ressort aussi
01:02:05beaucoup de ce film
01:02:06certes
01:02:07ces lois ont marqué
01:02:08leur époque
01:02:08ont fait avancer les choses
01:02:10et dans le sens
01:02:11dont on en a parlé
01:02:13à l'instant
01:02:14c'est-à-dire
01:02:14de ne pas séparer
01:02:16invalides et invalides
01:02:17voilà
01:02:18invalides et valides
01:02:20pardon
01:02:20néanmoins
01:02:22tout le monde
01:02:22semble d'accord
01:02:23du côté des associations
01:02:24pour dire que
01:02:25le compte n'y est pas
01:02:26en matière d'application
01:02:28de ces lois
01:02:28alors j'ai noté
01:02:29trois chiffres
01:02:30un établissement
01:02:31recevant du public
01:02:32sur deux
01:02:33n'est pas accessible
01:02:34aujourd'hui
01:02:34alors que l'objectif
01:02:35était de 100%
01:02:36dans cette fameuse loi
01:02:37de 2005
01:02:38Il faut préciser
01:02:38que dans ce 1 sur 2
01:02:40il y en a la moitié
01:02:41qui ont des dérogations
01:02:42alors oui
01:02:42donc ça veut dire
01:02:43qu'il n'y en a que 20%
01:02:44en fait
01:02:44qui se sont mis en ordre
01:02:45et la loi de 2005
01:02:46ne prévoyait pas
01:02:47une accessibilité de 100%
01:02:48l'accessibilité
01:02:49c'était uniquement
01:02:49sur les bâtiments
01:02:50qui avaient plus de 4 étages
01:02:52donc en fait
01:02:53il y avait
01:02:53la plupart des bâtiments
01:02:54construits
01:02:55à partir de 2005
01:02:56ont été des bâtiments
01:02:56à 3 étages
01:02:57et donc en fait
01:02:58les normes d'accessibilité
01:02:59ne s'y appliquaient pas
01:03:0086% des personnes handicapées
01:03:02ont des difficultés
01:03:04aujourd'hui
01:03:05pour se déplacer
01:03:06alors évidemment
01:03:07on parle du quotidien
01:03:09là des personnes
01:03:10se rentrent dans la rue
01:03:11dans les transports
01:03:13voilà
01:03:13et puis enfin
01:03:15troisième chiffre
01:03:15que j'ai retenu
01:03:16plus d'une personne handicapée
01:03:17sur deux
01:03:18est confrontée
01:03:18à des difficultés
01:03:20d'accès
01:03:20aux logements
01:03:21alors notamment
01:03:22la loi de 2005
01:03:24avait entériné
01:03:25l'idée
01:03:25d'une accessibilité
01:03:27intégrale
01:03:28concernant
01:03:28tous les logements neufs
01:03:30et puis alors
01:03:30il y a une loi
01:03:31qui n'est pas
01:03:32si ancienne que ça
01:03:33qui date de 2018
01:03:34qui a déjà fait passer
01:03:35ce quota
01:03:37on va dire
01:03:37et cet objectif
01:03:38à 20%
01:03:39et non plus
01:03:39100%
01:03:40sur ces trois grands chiffres
01:03:42ces trois grands thèmes
01:03:43de préoccupation
01:03:44qu'est-ce qui vous préoccupe
01:03:45le plus
01:03:46concernant
01:03:47la non-application
01:03:49ou l'application
01:03:49partielle
01:03:50on va dire
01:03:50de ce que prévoyait la loi
01:03:52alors je voudrais
01:03:54justement
01:03:55attirer l'attention
01:03:56sur le fait
01:03:56qu'au-delà
01:03:57de ces chiffres
01:03:58et au-delà
01:03:58des sujets
01:03:59comme l'accessibilité
01:04:00pour moi ça démontre
01:04:01il y a 20 ans
01:04:02donc la loi
01:04:04du 11 février 2005
01:04:05on est quand même
01:04:0620 ans après
01:04:07vous l'avez dit
01:04:07le titre de la loi
01:04:08il était très prometteur
01:04:09loi pour l'égalité
01:04:11des droits
01:04:11et des chances
01:04:12la participation
01:04:13et la citoyenneté
01:04:1420 ans après
01:04:16et il y avait
01:04:17des dispositions
01:04:18pour le permettre
01:04:19et elle reposait
01:04:20sur deux
01:04:20et les moyens financiers
01:04:21qui étaient promis
01:04:22oui oui
01:04:22et elle reposait
01:04:24sur deux
01:04:24comment on faisait
01:04:25pour arriver à cette équation
01:04:26participation
01:04:27égalité des droits
01:04:28et des chambres
01:04:29et bien il y avait d'abord
01:04:30première équation
01:04:31c'est l'accessibilité
01:04:34universelle
01:04:34pour tous
01:04:35et la deuxième
01:04:36c'est la compensation
01:04:37individualisée
01:04:37à hauteur des besoins
01:04:38pour chaque personne
01:04:39qui en a besoin
01:04:40ça veut dire
01:04:41des aides humaines
01:04:42des aides techniques
01:04:42à la hauteur des besoins
01:04:43donc là
01:04:44cette équation-là
01:04:47était possible
01:04:48à partir du moment
01:04:49où on allait
01:04:50vers l'accessibilité
01:04:51universelle
01:04:52qu'est-ce qui s'est passé ?
01:04:54très vite
01:04:56l'accessibilité
01:04:57n'a pas été
01:04:58comment dire
01:04:59au rendez-vous
01:05:00enfin appliquée
01:05:01donc on a
01:05:02commencé à essayer
01:05:03de déroger
01:05:05à l'obligation
01:05:05qui était quand même
01:05:06dans la loi
01:05:07ou de la proroger
01:05:08on a sorti
01:05:09les fameux
01:05:10agendas d'accessibilité
01:05:11programmée
01:05:11finalement ça veut dire
01:05:12c'est pas pour tout de suite
01:05:13l'accessibilité
01:05:14en fonction de la catégorie
01:05:16des établissements
01:05:16en recevant du public
01:05:17vous pouvez y avoir
01:05:18un délai supplémentaire
01:05:20de 3, 6 ou 9 ans
01:05:22on a sorti
01:05:23vous l'avez dit aussi
01:05:24la loi Elan
01:05:25qui alors elle
01:05:25est venue détruire
01:05:26l'obligation d'accessibilité
01:05:28parce que
01:05:29et monsieur Toubon
01:05:30à l'époque
01:05:30défenseur des droits
01:05:31disait que c'était
01:05:32vraiment une machine
01:05:33à déroger
01:05:35et à
01:05:36comment dire
01:05:36et à empêcher
01:05:38l'application
01:05:39de la convention internationale
01:05:41notamment
01:05:42à laquelle la France
01:05:43doit se conformer
01:05:44puisque
01:05:45ça instaurait
01:05:47un permis
01:05:48de discriminer
01:05:49en fait
01:05:50c'est un permis
01:05:51de discriminer
01:05:52que cette loi
01:05:53a instauré
01:05:54donc
01:05:55l'obligation
01:05:57en gros
01:05:57de rendre
01:05:59qui était dans la loi
01:06:00de 2005
01:06:00qui était de rendre
01:06:01y compris les établissements
01:06:02recevant du public
01:06:03anciens
01:06:04donc accessibles
01:06:05elle a
01:06:06disparu
01:06:08quasiment
01:06:09votre avis
01:06:10sur le sujet
01:06:11ces trois chiffres
01:06:12l'accessibilité
01:06:13ça a l'air
01:06:13c'est effectivement
01:06:14un problème central
01:06:15en fait il y a
01:06:16ce qui est intéressant
01:06:17avec la loi
01:06:18de 2005
01:06:19est déjà
01:06:21la définition
01:06:22du handicap
01:06:23qui a été
01:06:23quelque chose
01:06:24de nouveau
01:06:24à partir de là
01:06:25où on est venu
01:06:26parler de personnes
01:06:28en situation
01:06:28de handicap
01:06:29alors même si ça vient
01:06:30complexifier
01:06:32peut-être éloigner
01:06:33du sujet
01:06:34dont on parle
01:06:35mais c'est intéressant
01:06:36parce que ça vient
01:06:36parler d'une situation
01:06:37qui vient
01:06:38handicaper
01:06:39que si on vient
01:06:39répondre
01:06:40soit par l'accessibilité
01:06:42soit par une aide
01:06:42humaine technique
01:06:43on peut répondre
01:06:44à cette question là
01:06:45vous portez des lunettes
01:06:46quand vous mettez
01:06:47vos lunettes
01:06:48votre situation
01:06:49d'empêchement
01:06:49de handicap
01:06:50est complètement
01:06:51atténuée
01:06:51ou enlevée
01:06:53et vous pouvez
01:06:54pratiquer votre activité
01:06:56donc il y a cette question là
01:06:57mais on voit
01:06:57qu'au moment
01:06:58et c'est ce que
01:06:59vous évoquiez
01:07:00au moment
01:07:01où on écrit ça
01:07:01l'ONU
01:07:03est en train
01:07:04de travailler
01:07:04sur une autre
01:07:05définition
01:07:06qui va encore
01:07:07plus loin
01:07:07c'est-à-dire que
01:07:08la question est
01:07:08qu'une société
01:07:09qui ne s'est pas
01:07:11adaptée
01:07:12génère un handicap
01:07:13et donc
01:07:15on voit bien
01:07:15qu'avec la création
01:07:17des maisons départementales
01:07:18pour les personnes
01:07:19handicapées
01:07:19et les plans
01:07:20de compensation
01:07:21du handicap
01:07:21on voit
01:07:22qu'on a eu
01:07:22une approche
01:07:23individuelle
01:07:24de la manière
01:07:25dont on a pu
01:07:25accompagner
01:07:26dans le quotidien
01:07:28et notamment
01:07:28à l'école
01:07:29en mettant de côté
01:07:30finalement
01:07:31l'accessibilité universelle
01:07:33et en fait
01:07:33à partir de là
01:07:34l'égalité de droit
01:07:35est rompue
01:07:36et effectivement
01:07:37on fabrique
01:07:38de la discrimination
01:07:39c'est-à-dire que
01:07:40toute personne
01:07:40toute élue
01:07:41qui se dit que
01:07:42parce que ça coûte cher
01:07:43parce que son bâtiment
01:07:45est un vieux bâtiment
01:07:46classé
01:07:47décide de ne pas le faire
01:07:48vient dire que
01:07:5016% de la population
01:07:51sera interdit
01:07:53d'accès
01:07:54à ce bâtiment
01:07:54et bon
01:07:55il faut
01:07:56vous avez parlé
01:07:57de tout bon
01:07:57mais le
01:07:58défenseur des droits
01:07:59la défenseur des droits
01:08:00précise
01:08:02chaque année
01:08:03que le handicap
01:08:03est la première cause
01:08:04de discrimination
01:08:05en France
01:08:06comment on l'explique
01:08:08cette déception
01:08:10récurrente
01:08:11des associations
01:08:12entre la loi
01:08:13et sa bonne application
01:08:14sa bonne déclinaison
01:08:15concrète
01:08:16pour les personnes
01:08:17concernées
01:08:18manque de moyens
01:08:19manque de volonté politique
01:08:21un manque de volonté politique
01:08:22ou plutôt
01:08:22la volonté politique
01:08:24de détricoter
01:08:24c'est-à-dire
01:08:25de reculer
01:08:26sur trois domaines
01:08:28clés
01:08:29le logement
01:08:30l'emploi
01:08:31l'école
01:08:32on assiste quand même
01:08:33à des formes de recul
01:08:34assez significatives
01:08:35sur les questions
01:08:38d'accessibilité
01:08:38donc l'article 64
01:08:40de la loi
01:08:40qui revient sur cette
01:08:41obligation d'accessibilité
01:08:42en matière d'emploi
01:08:44l'un des éléments
01:08:45il y a deux fois plus
01:08:46de personnes au chômage
01:08:48et surtout
01:08:49il y a un décrochage
01:08:50entre le taux d'emploi
01:08:52et le taux d'activité
01:08:53de la population générale
01:08:55et de la population handicapée
01:08:56ça veut dire que
01:08:56dès qu'on est handicapé
01:08:57nos chances d'accéder à l'emploi
01:08:59sont beaucoup plus faibles
01:09:00l'un des éléments clés
01:09:03dans la définition
01:09:04il y a aussi ce quota
01:09:04puisqu'on en est au chapitre
01:09:05de l'emploi
01:09:06c'est 6% pour les entreprises
01:09:08embauchant plus de 20 personnes
01:09:10un quota qui est très peu respecté
01:09:11à la fois dans le public
01:09:12et dans le privé
01:09:13ou le public montre l'exemple
01:09:14à la fois dans le public
01:09:15et dans le privé
01:09:15le public est un peu meilleur
01:09:18que le privé
01:09:19et donc on recule
01:09:21par exemple
01:09:21l'un des éléments clés
01:09:22de la définition du handicap
01:09:23en fait c'est
01:09:24le droit au non-travail
01:09:25ça ne veut pas dire
01:09:25que les personnes handicapées
01:09:26ne veulent pas travailler
01:09:27mais ce qui a défini
01:09:29historiquement le handicap
01:09:30c'est le droit au non-travail
01:09:31si la personne veut travailler
01:09:32on doit l'amener
01:09:34et permettre
01:09:36qu'elle accède à un travail
01:09:38mais on doit aussi lui permettre
01:09:39de ne pas se marchandiser
01:09:40et de vivre une vie digne
01:09:42hors du travail
01:09:43ce droit au non-travail
01:09:44il a été partiellement
01:09:45remis en cause
01:09:45par la loi plein emploi
01:09:47qui considère
01:09:47c'est ce que disait
01:09:48la ministre Sophie Cluzel
01:09:50qui considère
01:09:50que toute personne handicapée
01:09:52a vocation à travailler
01:09:53et c'est une remise en cause
01:09:55très forte
01:09:55de ce droit au non-travail
01:09:56et en matière d'école
01:09:58on assiste aujourd'hui
01:09:58à des formes
01:09:59de détricotage
01:10:00de l'obligation
01:10:01d'inclusion scolaire
01:10:02puisque là
01:10:03dans un rapport parlementaire
01:10:04qui date de 2020
01:10:05ou 2021
01:10:06on parle d'inclusion inversée
01:10:08on parle d'emmener
01:10:09les enfants
01:10:10des écoles ordinaires
01:10:12visiter
01:10:12un peu comme on visiterait
01:10:13un zoo
01:10:14d'aller visiter
01:10:15un IME
01:10:16sur une journée
01:10:16on parle donc
01:10:17d'inclusion inversée
01:10:18et donc en fait
01:10:19je suis tout de même
01:10:20un peu surpris
01:10:20ce que vous me dites
01:10:21sur la scolarisation
01:10:22parce que
01:10:22en tout cas
01:10:23en termes de
01:10:23si on en juge
01:10:25par les chiffres quantitatifs
01:10:26il y a aujourd'hui
01:10:27plus de 470 000
01:10:29personnes concernées
01:10:30qui fréquentent désormais
01:10:32par exemple
01:10:32l'école ordinée
01:10:33c'est 2,5 fois plus
01:10:34qu'en 2004
01:10:35tout de même
01:10:36il semblerait
01:10:37qu'il y ait tout de même
01:10:38eu un progrès
01:10:38il y a deux choses
01:10:39il y a un
01:10:40la progression
01:10:40du nombre d'enfants
01:10:41handicapés
01:10:41ce qui ne signifie pas
01:10:43que dans cette progression
01:10:45il y a certainement
01:10:46effectivement
01:10:46des enfants handicapés
01:10:47qui n'auraient pas été
01:10:48à l'école
01:10:48avant 2005
01:10:49qui peuvent aller à l'école
01:10:50c'est une marge
01:10:51c'est une partie de cette marge
01:10:52mais on a aussi
01:10:52des enfants
01:10:53qui posaient des problèmes
01:10:54à l'école
01:10:54et qui vont être labellisés
01:10:56comme handicapés
01:10:57je pense par exemple
01:10:57à tout ce qui est
01:10:58trouble 10
01:10:58qui vont pouvoir
01:11:00de ce fait
01:11:00avoir un soutien
01:11:01sous forme
01:11:01d'auxiliaires
01:11:03de vie scolaire
01:11:04sur cette question là
01:11:08quand on voit
01:11:08le nombre de places
01:11:10dans les établissements
01:11:11il y a 20 ans
01:11:12il y a autant d'enfants
01:11:14qui sont dans les établissements
01:11:15il y a 84 000 enfants
01:11:16dans les établissements
01:11:18en 2006
01:11:19et il y en a 84 000
01:11:20en 2020
01:11:20et en fait
01:11:21ça n'a pas bougé
01:11:21donc s'il y avait eu
01:11:22une réussite là-dedans
01:11:23on aurait eu une baisse
01:11:25des enfants
01:11:26dans les établissements
01:11:27spécialisés
01:11:27et ils seraient à l'école
01:11:28aujourd'hui
01:11:29en fait ça n'a pas bougé
01:11:30donc on voit
01:11:30qu'il y a de nouveaux enfants
01:11:31qui n'étaient pas considérés
01:11:33parce que dans la définition
01:11:34du handicap
01:11:34il y a d'autres éléments
01:11:35il y a notamment
01:11:36le handicap psychique
01:11:37qui ne faisait pas partie
01:11:38de la définition
01:11:39qui est rentrée
01:11:39et donc à partir de là
01:11:41est venue aussi
01:11:42dans cette définition
01:11:44et donc à l'école
01:11:45des enfants
01:11:46qui n'étaient pas considérés
01:11:47et qui viennent rentrer
01:11:48dans ces chiffres
01:11:48donc là-dedans
01:11:49en fait
01:11:50on a quand même un sujet
01:11:51on peut le regarder
01:11:52au niveau quantitatif
01:11:53et effectivement
01:11:54on voit
01:11:55cette question là
01:11:56maintenant on se pose
01:11:57la question
01:11:57de combien d'heures
01:11:58sont scolarisés
01:11:59ces enfants
01:11:59parce qu'il y a
01:12:00énormément d'enfants
01:12:01qui sont scolarisés
01:12:02deux heures par semaine
01:12:03et en fait
01:12:03à deux heures par semaine
01:12:04on ne peut pas parler
01:12:05de scolarité
01:12:06et là
01:12:07on a une véritable question
01:12:10et puis après
01:12:11on a fait le choix
01:12:11et un choix
01:12:13je crois qu'il faut
01:12:13il faut arriver
01:12:14à prendre la mesure
01:12:15aujourd'hui
01:12:15c'est-à-dire que
01:12:16un enfant
01:12:17qu'on peut considérer
01:12:18comme vulnérable
01:12:19se retrouve
01:12:20accompagné
01:12:21par une personne
01:12:22qui souvent
01:12:23n'a pas de formation
01:12:24n'a pas de statut
01:12:25est très mal payé
01:12:26avec les AESH
01:12:27donc en fait
01:12:28on donne
01:12:28les conditions
01:12:30de l'accueil
01:12:30dans l'école
01:12:32à quand même
01:12:34des personnes
01:12:35dont aujourd'hui
01:12:35il va falloir arriver
01:12:36à poser les choses
01:12:37parce que c'est quand même
01:12:38le deuxième corps de métier
01:12:40le plus important
01:12:40de l'éducation nationale
01:12:41qui sont payés
01:12:42en moyenne
01:12:43800 euros
01:12:44qui n'ont pas de statut
01:12:45et qui sont formés
01:12:46quelques heures
01:12:47souvent
01:12:48quelques mois
01:12:48après avoir commencé
01:12:50à travailler
01:12:50donc voilà les conditions
01:12:51il faut prendre la mesure
01:12:52par exemple en Italie
01:12:53quand il y a un enfant
01:12:54en situation de handicap
01:12:55il n'y a pas plus de 20 gamins
01:12:56dans une classe
01:12:57et il y a un enseignant
01:12:58et un enseignant spécialisé
01:13:00donc on voit
01:13:00qu'il y a une approche
01:13:01toute autre
01:13:02et on a fait l'économie
01:13:04l'Italie est souvent citée
01:13:06comme étant particulièrement
01:13:08intéressant
01:13:08oui mais on a oublié
01:13:09d'avoir des programmes
01:13:10universels
01:13:12de la pédagogie universelle
01:13:14un enfant qui est dyslexique
01:13:15aujourd'hui
01:13:16on va lui imprimer
01:13:17un document à part
01:13:19c'est à dire qu'on voit
01:13:19qu'on a l'école
01:13:20votre enfant va à l'école
01:13:21et votre enfant handicapé
01:13:23va à l'école inclusive
01:13:24et donc on voit
01:13:24que tant qu'il y aura
01:13:25cette question là
01:13:26ça ne fonctionnera pas
01:13:27c'est intéressant sur l'Italie
01:13:28parce que l'Italie
01:13:28a commencé ce système
01:13:30de double enseignant
01:13:31dans les classes
01:13:32au moment où nous
01:13:33en France
01:13:33en 1975
01:13:34on était en train
01:13:35de faire passer une loi
01:13:36la deuxième loi
01:13:37du 30 juin 1975
01:13:38qui est la loi
01:13:39sur les établissements spécialisés
01:13:40donc quand eux
01:13:41s'engageaient
01:13:42dans une dynamique
01:13:43d'inclusion
01:13:43nous on était
01:13:44dans une dynamique
01:13:44de sérégation
01:13:45absolument
01:13:46juste bon
01:13:47j'abonde évidemment
01:13:47sur ce que viennent
01:13:48de dire mes collègues
01:13:49mais le système éducatif
01:13:51est absolument pas du tout
01:13:53inclusif en France
01:13:54au niveau
01:13:55pourtant tout part de là
01:13:56on a dit
01:13:57tout part de là
01:13:57tout part de là
01:13:58c'est vrai qu'au niveau
01:13:59des chiffres
01:14:00d'un point de vue quantitatif
01:14:01bon on a progressé
01:14:02enfin on va dire
01:14:03en tout cas
01:14:04quand on regarde les chiffres
01:14:05seulement d'un point de vue quantitatif
01:14:06mais d'un point de vue qualitatif
01:14:08pas du tout en vrai
01:14:10pourquoi ?
01:14:10parce que finalement
01:14:11le système
01:14:12aujourd'hui on a toujours
01:14:13on a
01:14:14je crois que c'est plus
01:14:15d'un élève sur deux
01:14:15bon
01:14:16il y a l'obligation
01:14:17d'être inscrit
01:14:18à l'école ordinaire
01:14:19on inscrit
01:14:21les enfants
01:14:21à l'école ordinaire
01:14:22mais il n'y a plus
01:14:22d'un élève sur deux
01:14:23qu'on éjecte
01:14:25à l'âge de 10 ans
01:14:26il n'y a plus
01:14:26d'un élève sur deux
01:14:27qui est sorti
01:14:28du système ordinaire
01:14:29à 10 ans
01:14:30ça veut dire
01:14:31que le système
01:14:32n'est pas inclusif
01:14:33ne lui permet pas
01:14:34d'avoir
01:14:35donc
01:14:36des programmes
01:14:37adaptés
01:14:38de s'adapter
01:14:39à l'élève
01:14:40tout simplement
01:14:40on est plutôt
01:14:41dans un système
01:14:41où encore
01:14:42en fait
01:14:42c'est à l'élève
01:14:43de s'adapter
01:14:44à l'éducation nationale
01:14:45au programme
01:14:46etc
01:14:47et s'ils ne peuvent pas
01:14:47ils sont éjectés
01:14:49l'accès aux soins
01:14:50semble-t-il
01:14:51un domaine
01:14:52où on aurait
01:14:53également progressé
01:14:54alors toujours
01:14:54au regard
01:14:55d'un certain nombre
01:14:55de chiffres
01:14:56vous devez les connaître
01:14:57c'est une réalité
01:14:59on a progressé
01:15:00en matière d'accès aux soins
01:15:01et elle est
01:15:01d'autant plus importante
01:15:03qu'on vient d'adopter
01:15:04en France
01:15:04donc un texte
01:15:05sur le droit
01:15:06à mourir
01:15:06dans la dignité
01:15:06et que
01:15:08on ne l'a pas
01:15:09encore tout à fait adopté
01:15:10en première lecture
01:15:11on est ce qu'on appelle
01:15:12en navette
01:15:13entre les deux assemblées
01:15:15du Parlement
01:15:15il y a un décalage
01:15:15entre la progression
01:15:17de ce droit-là
01:15:18le droit à mourir
01:15:18et la progression
01:15:20du droit aux soins
01:15:21la crise de l'hôpital
01:15:22les difficultés
01:15:23de recrutement
01:15:24de professionnels
01:15:25de santé
01:15:26sur les territoires
01:15:26et notamment
01:15:27dans les territoires ruraux
01:15:28tous ces éléments-là
01:15:29ralentissent considérablement
01:15:31l'accès aux soins
01:15:32plus
01:15:32tout ce qui va être
01:15:34de l'ordre du reste à charge
01:15:35dans la comptabilité
01:15:36d'une personne handicapée
01:15:38on compte à peu près
01:15:3933%
01:15:40de coûts supplémentaires
01:15:41liés au handicap
01:15:42coûts qui ne sont pas compensés
01:15:43ça veut dire que pour maintenir
01:15:45un niveau de vie équivalent
01:15:46à une personne valide
01:15:47il faut 33% de ressources en plus
01:15:49un tiers de ressources en plus
01:15:50donc le handicap coûte très cher
01:15:52et on a des phases
01:15:53des séquences
01:15:55de refus de soins
01:15:56pour des raisons
01:15:57qui sont des raisons
01:15:58basiquement financières
01:15:59et d'insuffisante compensation
01:16:02des coûts de santé
01:16:03donc sur l'accès aux soins
01:16:04qui est un sujet
01:16:05absolument crucial
01:16:06il y a énormément
01:16:06de travail à faire
01:16:07et je dirais même
01:16:08que les réformes de l'hôpital
01:16:10de ces dernières années
01:16:11vont quand même
01:16:11dans un sens qui n'est pas le bon
01:16:13oui allez-y
01:16:15si je peux me permettre
01:16:15sur ce sujet
01:16:16j'ajouterais
01:16:16qu'il y a aussi
01:16:17une dimension
01:16:18quand même genrée
01:16:19à penser
01:16:20pourquoi ?
01:16:21parce que les femmes
01:16:22en situation de handicap
01:16:23particulièrement
01:16:24et bien donc
01:16:25ne sont
01:16:26comment dire
01:16:27sont vraiment
01:16:27beaucoup plus exposées
01:16:29évidemment
01:16:29que les autres
01:16:30femmes en situation
01:16:31qui ne sont pas
01:16:32en situation de handicap
01:16:32pourquoi ?
01:16:34et en deux fois plus
01:16:35de cancer du sein
01:16:36déclare deux fois plus
01:16:37de cancer du sein
01:16:38que les femmes
01:16:40qui ne sont pas
01:16:42en situation de handicap
01:16:43pourquoi ?
01:16:43parce que la prévention
01:16:44elles ne peuvent pas la faire
01:16:46donc les appareils
01:16:47de mammographie
01:16:48etc.
01:16:48ne sont pas accessibles
01:16:49parce qu'elles ne sont
01:16:51pas prises en compte
01:16:53sous le prisme
01:16:53de leur situation
01:16:54de femme
01:16:55en fait
01:16:55d'abord
01:16:57et donc du coup
01:16:57on passe à côté
01:16:58et on a un problème
01:16:59selon moi d'ailleurs
01:17:00de santé publique
01:17:01parce qu'on a vraiment
01:17:02notamment en tout cas
01:17:04en termes de
01:17:05de cancer
01:17:07et c'est établi
01:17:07le taux
01:17:08c'est hallucinant
01:17:10c'est deux fois plus
01:17:11de chances
01:17:11d'avoir un cancer du sein
01:17:13quand vous êtes
01:17:13en situation de handicap
01:17:14quand vous ne l'êtes pas
01:17:15c'est révélateur quand même
01:17:17un mot tout de même
01:17:19sur l'allocation
01:17:20aux adultes handicapés
01:17:21parce que cette allocation
01:17:22justement était mise en place
01:17:23et créée
01:17:25en 1975
01:17:26il y a maintenant
01:17:2650 ans
01:17:27je crois que son montant
01:17:30est de l'ordre
01:17:30de 1016 euros par mois
01:17:32pour une personne seule
01:17:33soit en dessous
01:17:35du seuil de pauvreté
01:17:36fixé à 1216 euros
01:17:38voilà
01:17:39néanmoins
01:17:41on a avancé aussi
01:17:42sur ce sujet
01:17:43c'est un peu technique
01:17:44mais j'aimerais
01:17:44que vous nous expliquiez
01:17:45parce qu'on a déconjugalisé
01:17:47cette aide
01:17:48mais vous dites
01:17:50parce que vous l'avez écrit
01:17:51quelque part
01:17:52ou dit quelque part
01:17:53qu'il faut tout de même
01:17:54rester vigilant
01:17:55sur ce sujet
01:17:56déjà vous avez parlé
01:17:58de la question
01:17:58du seuil de pauvreté
01:17:59c'est à dire que
01:18:00il faut arriver
01:18:01à prendre la mesure
01:18:03que quelqu'un
01:18:03qui ne pourra pas travailler
01:18:04qui a le droit
01:18:04de ne pas travailler
01:18:05aura donc
01:18:07un revenu
01:18:07en dessous
01:18:08du seuil de pauvreté
01:18:09avec toutes les conséquences
01:18:09comment fait-on
01:18:10pour vivre avec
01:18:111016 euros par mois
01:18:13et avec ce qui a été dit
01:18:15qu'il faudrait
01:18:15un tiers de revenu
01:18:17en plus
01:18:18pour pouvoir
01:18:18compenser le coût
01:18:20du handicap
01:18:20et vivre dignement
01:18:21donc on voit bien
01:18:22qu'il y a quelque chose
01:18:23là-dedans
01:18:23qui ne peut pas fonctionner
01:18:24et on voit bien
01:18:25qu'il y a également
01:18:26pour les personnes
01:18:27qui travaillent
01:18:28les seuils
01:18:29à partir duquel
01:18:30on commence à travailler
01:18:31en fait on vient diminuer
01:18:33la location adulte handicapé
01:18:34et qui vient poser
01:18:35des problèmes
01:18:35donc en fait
01:18:36on a un grand sujet
01:18:39là-dessus
01:18:40mais la question
01:18:41de pouvoir vivre
01:18:41dignement
01:18:42et avoir un logement
01:18:44accessible
01:18:44on voit tous
01:18:46les autres coûts
01:18:47aujourd'hui
01:18:47vous l'avez évoqué
01:18:48avec la loi Elan
01:18:50mais la question
01:18:51de la mobilité
01:18:52et puis là
01:18:53on peut parler
01:18:54par exemple
01:18:55de Paris
01:18:56et d'un métro
01:18:57qui n'est qu'à
01:18:5810% accessible
01:18:59mais moi je suis
01:19:00dans un territoire rural
01:19:01qu'elle n'a pas été
01:19:02la surprise d'ailleurs
01:19:03d'un certain nombre
01:19:04d'étrangers
01:19:05qui sont venus
01:19:06aux Jeux Paralympiques
01:19:07en pensant que
01:19:08toute la ville
01:19:09était au diapason
01:19:09et que l'accessibilité
01:19:12dans notre métro parisien
01:19:13était catastrophique
01:19:15elle est catastrophique
01:19:16et puis on a
01:19:17dans le cadre
01:19:18de ma mission
01:19:20d'évaluation
01:19:20sur la loi
01:19:21du 11 février 2005
01:19:22on a reçu
01:19:22la RATP
01:19:23ils nous expliquent
01:19:24que 100%
01:19:25des lignes de bus
01:19:26sont accessibles
01:19:27mais ils nous disent
01:19:28que quand une ligne de bus
01:19:30est accessible
01:19:30à 70%
01:19:31elle est considérée
01:19:32comme accessible
01:19:33à 100%
01:19:33donc on voit
01:19:34que déjà
01:19:34dans les chiffres
01:19:35ils viennent tordre
01:19:36les chiffres
01:19:37donc un arrêt de bus
01:19:38qui est accessible
01:19:39d'un côté de la voie
01:19:40si de l'autre côté
01:19:41de la voie
01:19:41il n'est pas accessible
01:19:42il est considéré
01:19:42comme accessible
01:19:43voilà comment ça fonctionne
01:19:44ils ont mis 20 ans
01:19:46pour arriver
01:19:47à évaluer
01:19:47le coût
01:19:48de la mise en accessibilité
01:19:49de la ligne 6
01:19:50à peu près 1 milliard
01:19:52ils ne l'ont fait
01:19:53sur aucune autre ligne
01:19:54il a fallu 20 ans
01:19:55juste pour voir
01:19:56le coût de l'accessibilité
01:19:57d'une ligne
01:19:57donc en fait
01:19:58on a là-dedans
01:19:59quand même
01:20:00un sérieux problème
01:20:01et effectivement
01:20:01comment on peut avoir
01:20:02une vie digne
01:20:02si on n'a pas accès
01:20:04au transport
01:20:05si on ne peut pas se loger
01:20:06et donc sur l'accès
01:20:08au travail
01:20:08à l'école
01:20:09ça pose des questions
01:20:10et je voulais revenir
01:20:11sur la question
01:20:11parce que là on parle
01:20:12de la ville
01:20:12moi je viens
01:20:13d'un milieu rural
01:20:14et quand on est
01:20:15en situation
01:20:16de handicap
01:20:17dans un milieu rural
01:20:18comment on a accès
01:20:20à tous les services
01:20:21il y a une fracture
01:20:23totale
01:20:25ça veut dire que
01:20:26si on veut avoir
01:20:27une autodétermination
01:20:28choisir le lieu
01:20:29où on veut vivre
01:20:30quand on est en situation
01:20:31de handicap
01:20:32à la campagne
01:20:32ça pose de nombreuses questions
01:20:34j'imagine que
01:20:35on a énuméré
01:20:36un certain nombre
01:20:37de soucis
01:20:38de programmes
01:20:38de champs
01:20:39où il faut véritablement
01:20:40se mettre en face
01:20:41avec ce que prévoit la loi
01:20:42puisque c'est le cas
01:20:43cette fameuse loi de 2005
01:20:44notamment
01:20:45s'il fallait hiérarchiser
01:20:46les choses
01:20:47quand même
01:20:47s'il y a un combat
01:20:48à mener aujourd'hui
01:20:49concernant votre association
01:20:51ça serait lequel
01:20:51s'il fallait en garder un
01:20:52pour les années à venir
01:20:54alors moi je n'aime pas
01:20:55le principe de hiérarchie
01:20:56on parle de droit fondamental
01:20:59donc du coup
01:21:00hiérarchie
01:21:00c'est un peu compliqué
01:21:01par contre
01:21:01il y a une chose
01:21:02qui est tout à fait évidente
01:21:04c'est que
01:21:05l'accessibilité
01:21:06est la première condition
01:21:09en fait
01:21:10pour pouvoir accéder
01:21:11à tous les autres droits
01:21:12donc
01:21:13évidemment
01:21:14je vous dirais
01:21:14donc c'est l'accessibilité
01:21:16non seulement
01:21:16en plus on n'a pas avancé
01:21:17depuis la loi de 2005
01:21:18l'inclusivité
01:21:19en passe en grande partie
01:21:20par l'accessibilité
01:21:21c'est la condition
01:21:22sine qua non
01:21:23de l'accès à tous
01:21:24les autres droits
01:21:25et de l'accès à tout
01:21:26dans la vie
01:21:27enfin dans votre vie
01:21:28de tous les jours
01:21:28donc voilà
01:21:29effectivement
01:21:31on a parlé
01:21:32très peu
01:21:32d'argent
01:21:33il faut peut-être
01:21:34en dire un mot
01:21:35est-ce qu'on a mis
01:21:35les moyens suffisants
01:21:36pour
01:21:37justement
01:21:39bien appliquer
01:21:40ces lois
01:21:41jusqu'à maintenant
01:21:41il y a des sommes
01:21:42tout de même
01:21:42qui ont été mises
01:21:44sur la table
01:21:46notamment par
01:21:47Emmanuel Macron
01:21:47qui en avait fait
01:21:48une de ses priorités
01:21:49lors de son premier
01:21:50quinquennat
01:21:51on parle d'un
01:21:521,5 milliard d'euros
01:21:53tout de même
01:21:54qu'en est-il exactement ?
01:21:571,5 milliard
01:21:57dans un fonds territorial
01:21:58d'accessibilité
01:21:59qui n'est pas mobilisé
01:22:00donc pour l'instant
01:22:01ce milliard 5
01:22:03il est virtuel
01:22:04discursif
01:22:06il n'est pas utilisé
01:22:08des moyens
01:22:09le fait que
01:22:10parce que là
01:22:11c'est la collectivité
01:22:12qui doit augmenter
01:22:13pour accompagner
01:22:14les enfants à l'école
01:22:14des moyens
01:22:16il y en a eu
01:22:16la question c'est
01:22:17dans quel sens
01:22:18ils vont
01:22:18où est-ce qu'on les met
01:22:19et à quoi
01:22:20ils doivent servir
01:22:21dépenser de l'argent
01:22:23sur la question
01:22:24du handicap
01:22:25à la rigueur
01:22:26c'est presque pas un sujet
01:22:27il y en a
01:22:27la question c'est
01:22:28la réorientation
01:22:29de ces financements
01:22:30sur des objets
01:22:32qui seraient
01:22:33plus directement
01:22:34pertinents
01:22:35je pense
01:22:35ma prime adapte
01:22:37sur l'aménagement
01:22:38intérieur du logement
01:22:39ça c'est une condition
01:22:40particulière
01:22:41il y a un lieu de dépense
01:22:42qui pourrait être intéressant
01:22:43ce serait de créer
01:22:44une prestation
01:22:44c'est en débat
01:22:45mais créer une prestation
01:22:46sur l'accompagnement
01:22:48sur les missions politiques
01:22:50je pense qu'il y a
01:22:50un enjeu crucial
01:22:51Sébastien Pétavi
01:22:52est le seul
01:22:53député en fauteuil
01:22:55à l'Assemblée
01:22:55ça représente
01:22:56un pourcentage infime
01:22:57il y a une enquête
01:22:58actuelle
01:22:58sur les personnes
01:23:00handicapées
01:23:00qui ont des mandats
01:23:01électifs
01:23:02on découvre
01:23:03que c'est un nombre
01:23:04absolument ridicule
01:23:05au niveau français
01:23:06je pense qu'un des enjeux
01:23:07c'est de permettre
01:23:08aux personnes handicapées
01:23:09d'accéder à la représentation
01:23:10politique
01:23:10ça va conduire
01:23:12à accessibiliser
01:23:13tout un tas
01:23:13de lieux
01:23:14et d'événements
01:23:15ça va conduire
01:23:16aussi à rendre visible
01:23:17cette question du handicap
01:23:18qui est finalement
01:23:19ce que nous disent
01:23:20documentaires
01:23:20c'est quoi ?
01:23:21c'est que cette lutte là
01:23:22qui a été extrêmement importante
01:23:23extrêmement vigoureuse
01:23:24en fait elle a complètement
01:23:25disparu des radars
01:23:26elle a été invisibilisée
01:23:28elle a été oubliée
01:23:29c'est pour ça qu'on ne la connaît plus
01:23:29aujourd'hui
01:23:30parce que les personnes handicapées
01:23:31n'ont pas été en mesure
01:23:33c'est à dire on ne leur a pas donné
01:23:34les moyens d'entretenir
01:23:35cette mémoire là
01:23:35la mémoire de ces luttes
01:23:36et de faire triompher
01:23:37leurs revendications
01:23:38et donc accéder à la vie politique
01:23:40accéder à la parole
01:23:41ce serait une des conditions
01:23:43du changement
01:23:44et de transformation
01:23:45systémique
01:23:46ça sera le mot de la fin
01:23:48quand on regarde cette question là
01:23:49c'est une question importante
01:23:50évidemment
01:23:50quand on regarde cette question là
01:23:52comment on peut devenir élu
01:23:55et on voit que souvent
01:23:56il faut être dans une association
01:23:57comment on a les moyens
01:23:58en fait d'avoir un accès
01:24:00à une citoyenneté
01:24:01à une vie associative
01:24:02à pouvoir être candidat
01:24:03parce qu'en fait
01:24:04quand on est candidat
01:24:04il faut pouvoir être candidat
01:24:05et quand on a un handicap
01:24:06on a besoin d'une aide humaine
01:24:08en fait les plafonds
01:24:09de campagne
01:24:10il y a énormément de choses
01:24:11et je pense que là dessus
01:24:12on a un volet très très important
01:24:14il y a les élections municipales
01:24:15qui arrivent
01:24:15ce serait essentiel
01:24:17qu'il puisse y avoir
01:24:17énormément de candidats
01:24:19et qu'ils puissent être
01:24:20comme par exemple
01:24:21à Lyon
01:24:21première adjointe
01:24:23sur une ville importante
01:24:25et en fait
01:24:26il y a quand même
01:24:26de grandes questions
01:24:27et puis on voit qu'aujourd'hui
01:24:28ça dépend
01:24:28de la municipalité
01:24:30de la volonté
01:24:30de la municipalité
01:24:31d'accorder des aides
01:24:33il y a Odile Morin
01:24:34par exemple à Toulouse
01:24:35dont l'opposition
01:24:36enfin la majorité
01:24:37ne veut pas lui accorder d'aide
01:24:39donc elle est obligée
01:24:40de prendre sur son aide humaine
01:24:41pour pouvoir exercer son mandat
01:24:43ce qui fait qu'elle a été
01:24:44en burn out
01:24:45et qu'elle a dû
01:24:45suspendre son mandat
01:24:47et la question
01:24:47de la représentativité
01:24:48est très importante
01:24:51parce que vous le disiez
01:24:51tout à l'heure
01:24:5216% de la population
01:24:53vit avec un handicap
01:24:54c'est le chiffre
01:24:55que vous nous avez donné
01:24:55et vous êtes le seul
01:24:570,001%
01:24:59d'élus
01:24:59en situation de handicap
01:25:00voilà
01:25:01tout est dit
01:25:01merci beaucoup
01:25:02à tous les trois
01:25:03vraiment
01:25:04d'avoir été avec nous
01:25:05pour cette émission
01:25:05des Badocs
01:25:06après ce
01:25:06on peut le dire je crois
01:25:07ce formidable documentaire
01:25:09qui va faire
01:25:10date je pense
01:25:11vraiment
01:25:12on vous en remercie
01:25:13on a eu un grand plaisir
01:25:14à vous recevoir
01:25:14en tout cas pour cette émission
01:25:15après ce film
01:25:16merci aussi à féliciter
01:25:18Gavalda
01:25:19Yasmine Benahissa
01:25:20qui comme à l'accoutumée
01:25:20m'ont aidé à préparer
01:25:22cette émission
01:25:22vos réactions
01:25:23ça sera sur
01:25:23hashtag
01:25:24des Badocs
01:25:24nos invités pourront
01:25:25répondre à ce que seront
01:25:27vos réactions
01:25:27sur cette adresse
01:25:28et quant à moi
01:25:29je vous retrouve
01:25:29pour un prochain
01:25:30des Badocs
01:25:31ça sera bien sûr
01:25:31avec son documentaire
01:25:33et son débat
01:25:34à très bientôt

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