- 21/06/2025
Depuis peu, le CRISPR-Cas9 révolutionne le génie génétique en permettant de modifier l'ADN avec une précision sans précédent, rendant des avancées comme l'éradication du paludisme, du VIH et des maladies génétiques réalisables. Cette technologie ouvre des portes inimaginables, allant de la création d'animaux « programmés » à la manipulation d'embryons humains.
Mais ces avancées soulèvent des interrogations éthiques profondes : sommes-nous prêts à contrôler l'évolution de la vie ? Et à quel prix ? Les implications économiques et morales de cette révolution façonnent l'avenir de l'humanité.
Mais ces avancées soulèvent des interrogations éthiques profondes : sommes-nous prêts à contrôler l'évolution de la vie ? Et à quel prix ? Les implications économiques et morales de cette révolution façonnent l'avenir de l'humanité.
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00:00...
00:00Depuis 2012, le monde de la génétique est entré dans une nouvelle ère.
00:14Grâce à la découverte d'un outil révolutionnaire,
00:17les manipulations de l'ADN sont désormais plus précises,
00:21plus faciles et plus accessibles que jamais.
00:24Le nom de ces ciseaux génétiques est sur toutes les lèvres,
00:27CRISPR-Cas9.
00:30Il permet de cibler, couper, remplacer les gènes
00:33de n'importe quel organisme vivant.
00:38C'est la première fois qu'on peut changer des lettres,
00:43induire des mutations ou corriger des erreurs dans le génome
00:47de manière aussi efficace, rapide et précise.
00:53Des expériences qu'on ne faisait qu'imaginer,
00:56en se disant j'aimerais faire ça un jour,
00:58si j'avais l'argent et l'énergie nécessaires, deviennent possibles
01:01et vous pouvez le faire dès la semaine prochaine.
01:05En seulement quelques années, cette découverte a fait voler en éclat
01:10l'horizon de la recherche et ouvert la porte aux plus grands espoirs.
01:14Avoir accès à l'ADN et au noyau des cellules ouvre la porte
01:19à une approche curative entièrement nouvelle.
01:22Aller là où tout est programmé,
01:24là où les mutations qui sont la cause des maladies résident.
01:29Je crois que ça va changer notre façon de pratiquer la médecine dans l'avenir.
01:32C'est Star Trek, le rêve d'un monde sans chirurgie,
01:39où il n'y a plus de morts à cause d'une chimiothérapie.
01:42Mais à la place, quand le docteur dans Star Trek
01:44vous fait juste une petite injection,
01:46quelque chose dans votre corps se reconstruit tout seul.
01:50Avec CRISPR-Cas9, le rêve de réparer nos gènes,
01:54de soigner les plus grandes maladies,
01:55est aujourd'hui à portée de main.
01:57Cette technologie nous donne un pouvoir d'intervention immense,
02:02tant sur notre propre espèce que sur l'écosystème planétaire.
02:06Jusqu'où irons-nous ?
02:08Il est temps de découvrir ce qui incube dans les tubes à essai des laboratoires
02:11et de décider si nous voulons ou non une humanité sur mesure.
02:27Sur la côte ouest des Etats-Unis,
02:30le vent de renouveau apporté par CRISPR-Cas9
02:33a soufflé plus fort qu'ailleurs.
02:35Capitale mondiale des biotechnologies,
02:37les villes jumelles de Boston et Cambridge
02:39rassemblent les plus grands laboratoires de recherche universitaires,
02:43les meilleurs hôpitaux et les géants de l'industrie pharmaceutique.
02:49Au milieu de cet écosystème,
02:51une start-up médicale un peu différente des autres
02:53a vu le jour en 2017.
02:55Fondée par une association de patients
02:58atteints de la myopathie de Duchesne
03:00qui touche 250 000 personnes dans le monde,
03:02la jeune entreprise mise sur CRISPR-Cas9
03:05pour trouver un traitement à cette maladie incurable.
03:09Aujourd'hui, Jack Maradzo et sa famille
03:11sont accueillis par une responsable de l'association.
03:15Ils veulent mieux comprendre le nouvel horizon thérapeutique
03:17que CRISPR-Cas9 pourrait offrir aux malades.
03:20Ma mère m'a expliqué que cette technologie
03:27aide à arrêter la progression de la maladie.
03:32Mais je ne veux pas attendre l'an 3030
03:34pour qu'un traitement voit le jour.
03:37Je ne veux pas attendre que les plaques tectoniques
03:40aient eu le temps de bouger.
03:41Je suis enthousiasmée par les nouvelles technologies
03:48et les nouveaux espoirs.
03:50Parce que sans espoir, qu'est-ce qu'il reste à une mère ?
03:53Vous savez, quand vous entendez
03:55« myopathie de Duchesne »,
03:56c'est vraiment accablant pour une mère.
03:59C'est moi qui lui ai transmis.
04:00« Donc mon vœu pour Jake,
04:03c'est qu'il n'ait pas de myopathie.
04:07Et je prie pour que toutes les technologies
04:09comme CRISPR soient vite au point.
04:10Nous avons besoin de quelque chose rapidement.
04:13Il a déjà 14 ans.
04:14En attendant, nous profitons de la vie au maximum. »
04:19Jake a été diagnostiqué à l'âge de 8 ans
04:22de la myopathie de Duchesne.
04:24Touchant d'abord les membres inférieurs,
04:25la maladie atteint progressivement
04:27dans l'ensemble des muscles,
04:29y compris respiratoire et cardiaque.
04:31Les personnes atteintes survivent rarement
04:33au-delà de 30 ans.
04:35Cette maladie neuromusculaire
04:37est transmise héréditairement par l'ADN.
04:42Et c'est dans le noyau des cellules
04:44que se trouve l'ADN.
04:46Tout être vivant suit les instructions
04:48qui s'y trouvent pour se développer,
04:50fonctionner et se reproduire.
04:53Dans le noyau d'une cellule humaine,
04:55on trouve 46 filaments d'ADN
04:57condensés à l'extrême.
05:00Ils rassemblent chacun des centaines de segments
05:02d'informations fondamentaux,
05:04les gènes.
05:06Vus de près,
05:07chaque filament forme une double hélice,
05:09constituée de deux chaînes de molécules.
05:15L'ordre dans lequel se succèdent ces molécules,
05:18leur séquence, est essentiel.
05:20Une simple erreur de codage sur un gène
05:22peut suffire à provoquer de graves pathologies.
05:27Dans le cas de la myopathie,
05:31le défaut génétique empêche la fabrication
05:33d'une protéine indispensable
05:35à la santé des fibres musculaires,
05:37la dystrophine.
05:38La mission de Cure Duchenne est d'identifier les recherches
05:46qui pourraient aboutir à un traitement
05:47pour la myopathie de Duchenne.
05:50Et nous avons découvert par hasard
05:51les recherches du docteur Olson avec CRISPR.
05:57Et d'après les premiers résultats,
05:59c'est une des recherches les plus prometteuses
06:00que nous ayons jamais vues.
06:01En résumé, il n'y a eu aucune hésitation
06:05de notre part au moment d'investir
06:075 millions de dollars provenant de nos donateurs
06:09à un stade précoce de la recherche.
06:14Eric Olson dirige le laboratoire
06:16de biologie moléculaire
06:18de l'Université du Texas à Dallas.
06:20Depuis trois ans, avec CRISPR,
06:23il tente de réparer les erreurs génétiques
06:25qui causent la myopathie de Duchenne
06:26en intervenant sur des souris.
06:28La preuve des premiers succès
06:31de cette recherche
06:32réside dans ces deux images.
06:35A gauche, des cellules musculaires du cœur
06:37souffrant d'une production insuffisante
06:39de dystrophine.
06:41A droite, les mêmes cellules
06:42qui ont pu se reconstituer
06:44après correction du gène déficient.
06:47Une réparation complète
06:48qui ouvre un espoir immense.
06:51Avec cette nouvelle méthode,
06:53est-ce que je pourrais être comme tout le monde,
06:56contrairement à ce que je suis aujourd'hui ?
06:58Ce que je peux vous dire,
07:01c'est que jusqu'à maintenant,
07:03les résultats vont au-delà de nos espérances.
07:06Ce qui est sûr, c'est que dans les animaux testés,
07:08nous pouvons non seulement restaurer
07:10la protéine manquante,
07:14mais nous pouvons également restaurer
07:15la force musculaire de ces animaux.
07:20Bien sûr, mais notre préoccupation à nous,
07:22ce sont les humains.
07:23Dans combien de temps pensez-vous
07:24qu'on pourrait avoir des essais sur l'homme ?
07:27C'est toujours la question la plus difficile,
07:30et je dois avouer que je n'ai pas de réponse précise.
07:34J'imagine que d'ici quelques années,
07:36si tout se déroule comme prévu,
07:38nous pourrons envisager d'avoir des applications
07:40pour les patients.
07:44Je parle d'années, bien sûr,
07:45pas de mois,
07:46mais pas non plus de décennies.
07:48Vous vous rendez bien compte
07:51qu'il s'agit de la technologie
07:53la plus révolutionnaire en sciences.
07:55Être capable de corriger une erreur
07:57dans le génome humain.
07:59Vous imaginez ?
08:00C'est juste extraordinaire de penser
08:02qu'on puisse faire ça.
08:04C'est presque de la science-fiction.
08:07Oui, c'est vrai que ça y ressemble.
08:08Pour remonter aux origines
08:15de cette découverte révolutionnaire,
08:17il faut se rendre à Berlin
08:18pour rencontrer Emmanuel Charpentier.
08:23Cette biologiste française
08:26s'est fait connaître du monde entier
08:28en dévoilant en 2012
08:29l'outil CRISPR-Cas9.
08:31La publication de son article
08:34bouleverse immédiatement
08:36la communauté scientifique.
08:39C'est avec l'aide
08:40de l'Américaine Jennifer Doudna
08:42qu'elle réussit son coup de génie.
08:44Détourner un mécanisme présent
08:46chez les bactéries
08:47pour en faire un ciseau génétique
08:48à portée de tous.
08:57CRISPR est un système immunitaire
08:59qui existe chez les bactéries
09:00et qui leur permet de se défendre
09:02contre leurs infections
09:03par des virus.
09:05Et ce système consiste
09:07en une petite machinerie
09:09qui peut être utilisée
09:10comme un outil génétique
09:12qui permet de modifier l'ADN
09:14de n'importe quelle cellule
09:15en utilisant un système
09:17de ciseaux moléculaires.
09:20Avec sa structure simple,
09:22CRISPR-Cas9 peut s'introduire
09:23assez facilement dans les cellules
09:25pour intervenir précisément
09:27sur l'ADN.
09:27Pour déterminer sa cible,
09:30il suffit de le programmer
09:31en lui fournissant une copie
09:33de la séquence de code génétique
09:35sur laquelle il doit intervenir.
09:38L'outil pourra alors scanner
09:39tout l'ADN jusqu'à trouver
09:41la portion de gène correspondante.
09:43Puis la protéine Cas9
09:44se charge de séparer
09:46et de couper
09:47les deux brins d'ADN
09:48à l'endroit indiqué.
09:50Le gène est ainsi inactivé.
09:52En plus de ces fonctions
09:54cherchées et coupées
09:55déjà révolutionnaires,
09:57les chercheurs
09:57essaient encore
09:58d'améliorer l'outil.
09:59En embarquant sur CRISPR-Cas9
10:01un segment d'ADN de rechange,
10:04on peut dans certains cas
10:05obtenir une correction génétique
10:07pure et simple.
10:07La technologie CRISPR
10:10peut être comparée
10:11à un logiciel
10:12de traitement de texte,
10:14c'est-à-dire dans un texte
10:16reconnaître un mot
10:16ou une lettre
10:17que l'on veut modifier
10:18et pouvoir utiliser
10:19un système simple
10:20qui permet spécifiquement
10:21de modifier le mot
10:22ou la lettre.
10:26Tout comme les outils informatiques,
10:28CRISPR-Cas9
10:29constitue une technologie
10:30de rupture.
10:32Ses applications sont infinies.
10:34Ses développements
10:34ne font que commencer.
10:35Si vous avez l'intention
10:39de modifier génétiquement
10:40quelque chose,
10:42utilisez CRISPR.
10:42C'est le plus simple.
10:45Il y a d'autres méthodes possibles,
10:47mais CRISPR-Cas9
10:47est beaucoup plus facile.
10:50Donc oui,
10:51CRISPR-Cas9
10:51a révolutionné
10:52la manière
10:53dont on fait
10:53les manipulations génétiques.
10:59Il y a clairement
11:00un avant
11:01et un après CRISPR.
11:02À Cambridge,
11:03le directeur
11:04du Whitehead Institute
11:05Rudolf Janisch
11:06est bien placé
11:07pour le savoir.
11:08C'est lui
11:08qui a fabriqué
11:09en 1974
11:10la première souris
11:12transgénique
11:13pour l'étude
11:13de maladies humaines.
11:20Avant CRISPR,
11:22il fallait avoir
11:23des compétences
11:24très particulières
11:25pour faire
11:25une souris transgénique.
11:27Comment manipuler
11:28des cellules souches
11:29d'embryons,
11:30comment les sélectionner
11:31et ça prenait
11:32du temps ?
11:34Il nous fallait
11:35un à deux ans
11:36pour fabriquer
11:37une souris
11:37porteuse d'une mutation.
11:39Avec CRISPR,
11:40ce qui nécessitait
11:41deux ans
11:42et beaucoup de talent
11:43prend aujourd'hui
11:44trois semaines
11:44et requiert
11:45peu de compétences.
11:47C'est un peu
11:48excessif
11:48de le dire,
11:50mais un idiot
11:51pourrait le faire.
11:54Même si les idiots
11:56en question
11:56possèdent souvent
11:57un doctorat,
11:58il est clair
11:59qu'avec CRISPR,
12:00la manipulation
12:01de l'ADN
12:02est devenue
12:02d'un coup
12:03infiniment
12:03plus accessible.
12:05Avec des animaux
12:06modifiés,
12:07quasiment fabriqués
12:08à la chaîne,
12:09l'étude des gènes
12:10est en train
12:10de faire un bond
12:11de géant.
12:12Mais plus fort encore,
12:14le nouvel outil
12:14permet désormais
12:15de manipuler
12:16directement
12:16des cellules humaines
12:18et ainsi
12:19d'étudier
12:19des phénomènes
12:20jusqu'alors
12:21inaccessibles,
12:22comme le fonctionnement
12:23de notre cerveau.
12:25C'est très excitant.
12:27C'est un nouvel outil
12:29pour étudier
12:30certaines maladies
12:30humaines complexes.
12:35Julien Muffat
12:36travaille sous la direction
12:38de Rudolf Janisch.
12:40Dans son laboratoire,
12:41pousse de drôles
12:42de structures vivantes,
12:43des mini-cerveaux.
12:48Le cerveau est un organe
12:49structuré,
12:50avec des couches,
12:52un cortex,
12:53de nombreux types
12:53de cellules
12:54et nous pouvons en partie
12:55reproduire cela
12:56en laboratoire.
12:59Ces modèles,
13:01obtenus avec des cellules
13:02souches,
13:03sont de formidables
13:04terrains d'expérimentation
13:05pour CRISPR-Cas9.
13:07Pour la première fois,
13:09grâce aux ciseaux génétiques,
13:11des maladies dégénératives
13:12comme Alzheimer
13:13ou Parkinson
13:14peuvent être étudiées
13:15sous un jour
13:16complètement nouveau.
13:17Nous utilisons CRISPR
13:20pour provoquer
13:21la mutation
13:21de certains gènes
13:22et voir comment cela
13:23affecte le développement
13:24normal de ces mini-cerveaux.
13:27Si cela a un rapport
13:29avec la maladie d'Alzheimer
13:30et comment agir
13:32pour que cela soit intéressant
13:34d'un point de vue
13:34thérapeutique.
13:36Nous ne mettons pas
13:37au point de thérapie génique
13:38ou cellulaire
13:39directement pour les patients,
13:41mais c'est toujours
13:42dans un coin
13:43de notre tête.
13:47Grâce à CRISPR-Cas9,
13:49la compréhension du vivant
13:50s'accélère.
13:51Les perspectives de thérapie
13:52se rapprochent.
13:54Pour certaines maladies
13:54comme Alzheimer,
13:56c'est un pari sur l'avenir.
13:58Pour d'autres,
13:58ça se joue maintenant.
14:00L'une des plus grandes maladies
14:01de notre époque
14:02est en tête de liste
14:03des cibles de CRISPR,
14:05le cancer.
14:11À New York,
14:12au centre de recherche
14:13du Memorial Sloan
14:14Catering Cancer Center,
14:16plusieurs équipes
14:17développent une nouvelle génération
14:19de traitements
14:19contre le cancer.
14:24La stratégie consiste
14:26à réarmer directement
14:27notre système immunitaire,
14:29en particulier
14:29nos globules blancs,
14:31appelés lymphocytes T,
14:32qui défendent en permanence
14:33notre organisme
14:34contre les cellules
14:35étrangères ou dangereuses.
14:39La difficulté
14:40avec le cancer,
14:42c'est qu'il trouve son origine
14:43dans nos cellules.
14:45Et le système immunitaire
14:46n'est pas optimisé
14:47pour s'attaquer
14:47à nos propres cellules.
14:50Pour le cancer,
14:51ce que nous espérons,
14:52c'est pouvoir configurer
14:53les cellules du système immunitaire
14:55pour véritablement combattre
14:56et éliminer le cancer.
15:02Avec CRISPR,
15:03les chercheurs modifient
15:04les globules blancs
15:05pour les aider à reconnaître,
15:06cibler et détruirent
15:08les cellules cancéreuses,
15:09aussi efficacement
15:10qu'ils le feraient
15:11pour un virus.
15:12Le traitement passe
15:13par un prélèvement de sang.
15:15Les cellules sont alors
15:16sélectionnées,
15:17modifiées,
15:17puis réinjectées
15:18pour soigner.
15:20Ce qui est vraiment unique
15:22avec ce type de médecine,
15:24c'est qu'elle ne s'appuie pas
15:25sur la chimie,
15:26ni même sur une protéine
15:28comme toute la médecine
15:28aujourd'hui,
15:30mais sur les cellules elles-mêmes.
15:31C'est ce que nous appelons
15:32depuis quelques années
15:33un médicament vivant.
15:37Même si cette stratégie
15:38existe depuis une dizaine d'années,
15:40CRISPR la rend plus efficace,
15:42plus simple,
15:42plus proche.
15:44Les premiers essais cliniques
15:45ont d'ores et déjà débuté.
15:48Et nous n'avions pas imaginé
15:50qu'une technologie
15:51permettant des modifications
15:53aussi précises du génome humain
15:55serait disponible aussi vite.
15:59Et maintenant, c'est là.
16:03Une autre grande maladie
16:05pourrait bien être soignée
16:07en modifiant notre système immunitaire
16:09avec CRISPR,
16:10le sida.
16:15L'infection par le virus HIV
16:17est vraiment dévastatrice.
16:19Le virus infecte certaines cellules
16:21du système immunitaire
16:22et les tue.
16:23C'est ce qui déclenche la maladie.
16:26Mais le virus a besoin
16:27d'un récepteur bien précis
16:28pour pénétrer dans les cellules
16:29et on sait que si l'on modifie
16:31ce récepteur sur des cellules souches
16:33de patients,
16:34le virus ne peut plus y pénétrer.
16:37Ensuite, si l'on réinjecte
16:38ces cellules modifiées au patient,
16:40elles seront résistantes à l'infection.
16:43Au final, on pourra donc soigner
16:44le patient à partir
16:45de ses propres cellules modifiées.
16:51CRISPR-Cas9 ouvre bel et bien
16:53l'air d'une chirurgie de pointe
16:55de l'ADN.
16:57Pourra-t-il tout guérir ?
16:59Au centre de toutes les attentions,
17:02le couteau suisse de la génétique
17:03s'affiche partout.
17:05Les médias racontent
17:05ses dernières prouesses
17:06et s'interrogent.
17:08L'invention de CRISPR
17:09a-t-elle déjà changé la nature
17:11et l'avenir de l'humanité ?
17:14L'emballement est aussi financier.
17:16Tandis que la liste de maladies
17:18qui pourraient être éradiquées
17:19par CRISPR s'allonge,
17:21les montants investis
17:22dans les start-up
17:22et la recherche s'envolent.
17:24Dans cette phase,
17:27riches en expectatives,
17:28certains restent prudents.
17:30D'autres n'hésitent pas
17:31à laisser entrevoir
17:31un monde sans maladie.
17:40Professeur à l'université d'Harvard,
17:42George Church
17:43est un des généticiens
17:44les plus réputés
17:45et les plus sulfureux
17:46de la planète.
17:48Pionnier du séquençage,
17:49chouchou des médias
17:50pour son look,
17:51ses idées avant-gardistes
17:52et ses propos tranchés,
17:54il a également participé
17:55au développement
17:56de la technologie
17:56CRISPR-Cas9.
17:58Grâce au ciseau génétique,
18:00il envisage de s'attaquer
18:01au mécanisme
18:02le plus inexorable
18:03et le plus complexe
18:04de notre organisme,
18:06le vieillissement.
18:0790% des gens
18:10meurent de maladies
18:11qui n'affectent pas
18:12les personnes jeunes.
18:12Donc ce sont des maladies
18:14liées à l'âge
18:15et elles sont liées
18:16à des programmes
18:17dans notre corps
18:18qui se dégradent
18:19naturellement avec le temps.
18:22Certains animaux
18:24vivent 200 ans,
18:25d'autres seulement
18:262 ans
18:26et cela est dû
18:28à l'ADN.
18:28Donc nous travaillons
18:30sur l'inversion
18:30du processus
18:31de vieillissement
18:31dans mon laboratoire.
18:33Vous pouvez prendre
18:34une très vieille cellule
18:35et la transformer
18:36en une cellule embryonnaire.
18:38Vous pouvez aller
18:39aussi loin que cela.
18:43C'est donc une véritable
18:44cure de jouvence
18:45que George Church
18:46se dit prêt
18:47à mettre au point.
18:48A ses côtés,
18:53Bobby Dadoire
18:54remonte patiemment
18:55à l'origine
18:56de nos cellules.
18:58La manière
18:59dont nous menons
19:00cette recherche
19:00est assez excitante.
19:02Nous ne travaillons pas
19:03sur des animaux,
19:04on ne fait pas ça
19:05sur des souris,
19:05des vers
19:06ou des mouches drosophiles
19:07comme on le ferait
19:08habituellement.
19:09Nous travaillons directement
19:10sur des cellules humaines.
19:11J'ai les échantillons
19:21de cellules
19:22d'un même patient
19:23prélevé à 20 ans
19:24d'intervalle
19:25et j'étudie
19:26les cellules
19:27les plus âgées
19:27pour voir ce que je peux faire
19:29pour les ramener
19:29à un état plus jeune.
19:31Vos gènes sont les mêmes
19:32que vous ayez
19:3390 ou 20 ans.
19:35La différence,
19:36c'est la manière
19:37dont ces gènes
19:37sont régulés.
19:40Avec CRISPR,
19:40nous pouvons activer
19:42et tester
19:42les principaux régulateurs
19:44de la cellule
19:44pour trouver
19:45lesquels sont
19:46les plus utiles
19:47pour pouvoir inverser
19:48le processus
19:49de vieillissement.
19:50Quand on parle aux gens
19:52de vivre plus longtemps,
19:53quand j'en parle
19:54à mes parents par exemple,
19:55ma mère en particulier,
19:57elle ne veut pas
19:58vivre très longtemps,
19:59elle ne veut pas vivre
20:00au-delà de 100 ans
20:01si elle n'est pas capable
20:02de s'occuper d'elle-même.
20:03Donc,
20:04c'est très important
20:05de le dire,
20:06il ne s'agit pas
20:07que de vivre plus longtemps,
20:08il s'agit de vivre
20:09plus longtemps
20:10et en meilleure santé.
20:14Nous régénérer,
20:15voilà l'objectif
20:16que semble poursuivre
20:18le professeur Church
20:19et ses collaborateurs.
20:22Il utilise aussi
20:23CRISPR-Cas9
20:24pour répondre
20:25à un problème
20:26bien concret,
20:27le manque d'organes
20:28pour les gens
20:28en attente de greffe.
20:30Suite à des premiers travaux
20:35menés dans le laboratoire
20:36du professeur Church,
20:38la jeune chercheuse
20:39Luan Yang
20:40a pris la tête
20:41d'une start-up
20:42visant à développer
20:43la commercialisation
20:44d'organes
20:45issus de porcs
20:46génétiquement modifiés.
20:47A son lancement,
20:49la société
20:49a levé 38 millions
20:50de dollars.
20:52E-Genesis
20:53a été fondée
20:55en 2015
20:55par le docteur
20:56George Church
20:57et moi.
20:58Et la mission
20:59de E-Genesis
20:59est de créer
21:00un monde
21:01où il n'y a pas
21:01de pénurie d'organes.
21:04Il y a des millions
21:05de patients
21:05dans le monde
21:06qui attendent
21:06des organes
21:07et il n'y a
21:08aucune solution
21:09médicale.
21:11Mais Luan Yang
21:12fait le pari
21:13de relancer
21:13une solution
21:14dans l'impasse
21:15depuis longtemps,
21:16la xénotransplantation.
21:18Le principe ?
21:19Utiliser des organes
21:20d'animaux
21:20comme ressources
21:21alternatives
21:22pour faire face
21:23au manque de dons.
21:26Les gens ont cherché
21:27à mettre en œuvre
21:28la xénotransplantation
21:29pendant des décennies
21:30sans succès.
21:32Cela est dû
21:33à deux obstacles techniques,
21:35un problème immunologique
21:36et un problème de rejet.
21:38C'est pourquoi
21:38l'industrie a abandonné
21:40la xénotransplantation.
21:42Et c'est là
21:43que nous avons pensé
21:43que CRISPR-Cas9
21:45pouvait entrer en jeu.
21:48Le porc
21:49est l'un des meilleurs
21:50candidats
21:50pour nous fournir
21:51des pièces de rechange.
21:53Il a des organes
21:54d'une taille
21:55très similaire
21:55aux nôtres
21:56et une forte proximité
21:57biologique
21:58avec l'humain.
22:00Mais il est aussi
22:00porteur de plusieurs virus
22:02inoffensifs pour lui
22:03mais qui pourraient
22:04infecter l'homme.
22:05Un problème
22:06dont Luan Yang
22:08est venu à bout
22:09d'un coup de ciseau génétique.
22:11La beauté de CRISPR
22:12comparée aux outils
22:13précédents,
22:14c'est son côté
22:14multitâche.
22:16En injectant
22:17une seule protéine
22:17Cas9
22:18avec plusieurs séquences
22:19guides,
22:20on peut attaquer
22:20plusieurs cibles
22:21dans le génome
22:22en même temps.
22:24En 2015,
22:25un membre de notre équipe
22:26a publié une étude
22:27démontrant
22:27qu'il est possible
22:28d'éliminer l'ensemble
22:29des 16 virus présents
22:31dans le génome
22:31du cochon.
22:32Et tout le monde
22:33a été très excité
22:34par cette nouvelle.
22:35Notamment pour une raison,
22:37nous avions battu
22:37le record du nombre
22:38des modifications
22:39que l'on peut faire
22:40en une seule fois.
22:40De ses premiers succès
22:43en laboratoire,
22:44George Church
22:45et Luan Yang
22:46sont passés
22:47à l'étape supérieure,
22:48créer une lignée
22:49de porcs génétiquement
22:50modifiée.
22:52C'est dans une animalerie
22:54comme celle-ci,
22:55en Chine,
22:55que sont nés
22:56en 2017
22:57leurs premiers porcelets.
22:59Les bébés
22:59sont en parfaite santé.
23:01Ici,
23:02dans une annexe
23:03de l'Institut
23:04de biomédecine
23:04de Canton,
23:05se poursuivent
23:06des travaux identiques
23:07à ceux
23:07de eGenesis.
23:09Cet élevage
23:10n'est pas destiné
23:11à la consommation
23:12alimentaire,
23:13mais bel et bien
23:14à la création
23:15d'une race porcine,
23:16adaptée à la production
23:17de reins,
23:18de poumons
23:18ou de cœurs
23:19pour notre espèce.
23:21Grâce aux techniques
23:22d'édition du génome
23:23comme CRISPR-Cas9
23:25combinées
23:26aux techniques
23:27de clonage,
23:28nous pouvons éliminer
23:29les gènes
23:30qui posent problème
23:30chez le porc
23:31et y ajouter
23:32les gènes
23:33qui lui manquent.
23:33Nous espérons ainsi
23:36rendre possible
23:37la transplantation
23:38d'organes
23:38du porc
23:39à l'homme.
23:41Pour parvenir
23:41à une parfaite
23:42compatibilité,
23:44le challenge
23:44de eGenesis
23:45est maintenant
23:46d'introduire
23:47dans le génome
23:48du porc
23:48des gènes
23:49qui le rapprochent
23:50de nous,
23:50en d'autres termes
23:51d'humaniser
23:52le cochon.
23:54Nous tentons
23:54de réaliser
23:55plusieurs types
23:56de modifications
23:57pour imiter
23:57le système immunitaire
23:59de l'espèce humaine.
24:00Et une fois
24:00que l'efficacité
24:01et la sécurité
24:02seront garanties,
24:03nous pourrons
24:03implanter
24:04les organes
24:04dans des patients.
24:09L'humanisation
24:11des organes
24:12animaux
24:13peut être
24:13généralisée
24:14comme on lancerait
24:15une ligne
24:16de produits
24:16sur le marché.
24:20Les organes
24:21d'un même porc
24:22génétiquement modifié
24:23pourraient ainsi
24:24être attribués
24:25à différents patients.
24:26En Chine,
24:29actuellement,
24:29nos recherches
24:30s'orientent
24:31surtout vers
24:32la production
24:32de quelque chose
24:33d'utile.
24:35Cela correspond
24:36à l'exigence
24:37de l'opinion publique.
24:42Principal partenaire
24:44mais aussi
24:44premier compétiteur
24:45des États-Unis
24:46dans ces recherches
24:47novatrices,
24:48la Chine est déterminée
24:49à devenir
24:49le leader mondial
24:50dans les sciences
24:51du vivant
24:52et les biotechnologies.
24:53Et elles comptent
24:54bien être prises
24:55au sérieux.
24:58Il faut voir
24:59qu'aujourd'hui,
24:59la Chine investit
25:00en recherche
25:01à aider
25:01autant que l'Europe.
25:03Ils ont décidé
25:04d'être concurrentiels
25:05par rapport
25:06aux Américains
25:07sur les questions
25:08de sciences de la vie
25:09parce que le marché
25:10de la santé,
25:10c'est quand même
25:11à l'horizon 2025,
25:13c'est 20%
25:14du PIB
25:14des pays développés.
25:16Donc,
25:17ce n'est pas
25:17en vendant des voitures
25:18que les Chinois
25:19pensent
25:19qu'ils vont passer
25:20le cap de 2025.
25:21C'est en vendant
25:22des médicaments
25:23ou des produits
25:24de santé
25:24comme les Américains.
25:27Vitrine éclatante
25:28de ce décollage,
25:29Shenzhen affiche
25:30l'une des plus
25:31fortes croissances
25:32au monde.
25:34Aux côtés
25:34des industries
25:35de pointe
25:35dans le domaine
25:36de l'énergie
25:37et de l'informatique,
25:38les biotechnologies
25:39ont pris
25:40une place prépondérante.
25:42Née à la fin
25:43des années 90
25:44pour participer
25:45à la grande aventure
25:46du décodage
25:47du génome humain,
25:49la firme BGI
25:50est devenue
25:51en moins de 20 ans
25:52le plus important
25:53centre de séquençage
25:54de la planète.
25:55Le monde entier
25:56envoie ses échantillons
25:58d'ADN
25:58pour obtenir
25:59le décodage
26:00de l'ensemble
26:01des informations génétiques
26:02qu'il contient.
26:04Fort de cette puissance
26:05de feu unique,
26:06en 2016,
26:07le gouvernement chinois
26:08décide de lancer
26:10un projet colossal,
26:11la China National
26:12Gene Bank,
26:14véritable arche
26:15de Noé génétique.
26:16Il confie à BGI
26:18et à son flamboyant président
26:20le soin
26:21de superviser
26:21le projet.
26:23Mes collègues
26:23et moi-même
26:25avons un rêve
26:26qui se compose
26:27de deux parties.
26:28La première
26:28est de séquencer
26:29toute l'humanité
26:31et la seconde partie
26:34de ce rêve
26:35est de séquencer
26:36absolument tout
26:38sur Terre.
26:44Aussitôt dit
26:44et presque aussitôt fait,
26:46la China National
26:47Gene Bank
26:48sort de Terre
26:49en 2016.
26:51Ces 47 500 mètres carrés
26:52accueillent
26:53une gigantesque
26:54plateforme d'édition génétique
26:55pour transformer
26:56le monceau de données
26:57obtenu grâce au séquençage
26:59en bénéfices médicaux
27:01sonnants
27:01et trébuchants.
27:02Si nous voulons savoir
27:05pourquoi un humain
27:06est un humain,
27:07si nous voulons savoir
27:08d'où nous venons,
27:10tout cela est lié
27:11à notre génome.
27:13Donc,
27:13connaître la séquence
27:14du génome,
27:15c'est essentiel.
27:17C'est la première étape
27:18pour décoder
27:19le livre de la vie.
27:22Une fois le livre en main,
27:23bien sûr,
27:24c'est un très long chemin
27:25pour pouvoir vraiment
27:26le lire et le comprendre.
27:27Dans cette salle,
27:33chaque appareil est capable
27:34de séquencer
27:35environ 50 000 génomes humains
27:37par an.
27:38Pour décrypter
27:39le premier génome humain,
27:40en 2003,
27:42il avait fallu
27:4213 ans
27:43et 3 milliards de dollars.
27:45Ici,
27:45on le fait en quelques jours
27:46pour moins de 1 000 dollars.
27:50Soigneusement conservé
27:51à moins 80 degrés,
27:52la Banque de Gènes
27:53possède déjà
27:54le plus grand nombre
27:55au monde
27:55de patrimoine génétique
27:57de plantes et d'animaux,
27:58dont 70 %
27:59de l'ensemble
28:00des plantes agricoles.
28:08Une armée de chercheurs
28:09et de laborantins,
28:10dont la moyenne d'âge
28:11est de 27 ans,
28:13s'attelle chaque jour
28:14à décrypter,
28:15comprendre,
28:15recopier
28:16et modifier
28:17avec CRISPR
28:17le matériel génétique
28:19à leur disposition
28:20et décoder
28:21le grand livre
28:22de la vie
28:22pour soigner
28:23et créer
28:24de nouvelles espèces.
28:28L'ensemble
28:29est classé
28:29dans un super-ordinateur
28:30de 60 pétaoctets,
28:32un stockage numérique
28:33équivalent
28:34à 120 millions
28:35de films.
28:41La compilation,
28:43l'analyse
28:43et l'interprétation
28:44des données
28:45issues de ces machines
28:46constituent
28:47un véritable trésor
28:48scientifique
28:49et commercial.
28:52Pourquoi devons-nous
28:54en savoir plus
28:54sur le vivant ?
28:55Pourquoi voulons-nous
28:57essayer de le changer ?
28:58La première raison,
29:00sans aucun doute,
29:01les maladies.
29:02En particulier,
29:03les maladies génétiques
29:05et les maladies infectieuses.
29:07Tout connaître,
29:08tout cibler,
29:09tout guérir,
29:11voilà l'ambition
29:11qui anime
29:12les nouveaux héros
29:13de la génétique,
29:14à l'heure
29:15où le séquençage
29:16et la modification
29:17ciblée du génome
29:18ouvrent des voies
29:19jusqu'à présent
29:20inaccessibles.
29:22Alors,
29:22pourquoi attendre
29:23que les maladies
29:24se développent
29:25avant d'essayer
29:26de les soigner ?
29:27Pourquoi ne pas
29:28traiter le mal
29:28à la racine ?
29:30Le corps humain
29:32contient 100 000 milliards
29:34de cellules,
29:35avec chacune
29:35une copie de l'ADN.
29:37Pour soigner une maladie
29:39par modification génétique,
29:41il faut cibler
29:41toutes les cellules
29:42de l'organe concerné.
29:44Même avec CRISPR,
29:45c'est un défi
29:46des techniques complexes
29:47avec de gros risques
29:48d'erreurs
29:49ou de réactions inattendues.
29:51La tentation est donc
29:52grande de corriger
29:53un problème
29:54en modifiant l'ADN
29:55lorsqu'il est encore
29:57contenu dans une seule
29:58cellule,
29:58l'embryon.
30:02C'est à Canton
30:04qu'en 2015,
30:05le pas a été franchi.
30:07Moins de trois ans
30:08après l'invention
30:09de CRISPR,
30:10une équipe annonçait
30:11qu'elle avait procédé
30:12à une modification
30:13sur un embryon humain.
30:15Tandis que la communauté
30:16internationale débat encore
30:18sur les questions
30:19qu'un tel événement soulève,
30:21un nouvel article
30:22sort en 2016.
30:23Le docteur Yong Fan,
30:25chercheur dans un
30:26des plus grands hôpitaux
30:27universitaires de Canton,
30:29dévoile à son tour
30:30sa tentative d'intervention
30:31dans un œuf humain fécondé.
30:33Bien sûr,
30:36nous étions conscients
30:37des questions éthiques
30:38qui pouvaient se poser.
30:40Les gens nous disaient
30:41« Vous, les scientifiques,
30:42vous allez faire
30:43des bébés sur mesure,
30:45n'est-ce pas ? »
30:46Mais cela n'a rien à voir
30:47avec la réalité.
30:50Nous travaillons
30:51dans un laboratoire
30:52de recherche
30:53en milieu hospitalier.
30:56Nous respectons
30:57scrupuleusement
30:58les lois de ce pays
30:58et la déontologie commune
31:00à toute la recherche
31:01scientifique.
31:02Il ne faut pas
31:04que le public
31:04ait peur de nos travaux.
31:18Par exemple,
31:21en Chine,
31:22nous avons une forme
31:22fréquente
31:23de maladie héréditaire
31:24du sang,
31:25la bêta-talacémie.
31:27C'est pour cette raison
31:28que les chercheurs chinois
31:29travaillent beaucoup
31:30sur cette maladie.
31:32Dans la région
31:33du Guangdong,
31:35cela concerne
31:3613% de la population,
31:38soit plus de
31:3810 millions de personnes.
31:40Actuellement,
31:41les gens ne peuvent
31:42être soignés
31:42qu'une fois
31:43la maladie déclarée.
31:44Ce que nous cherchons
31:45à faire,
31:46c'est prévenir
31:47la maladie
31:47au niveau du gène,
31:48avant la naissance.
31:50C'est notre devoir
31:58de nous préoccuper
31:59de la souffrance
32:00des gens
32:01et de trouver
32:02une solution radicale
32:03de guérison.
32:05C'est pourquoi
32:06nous menons des recherches
32:07sur des embryons humains
32:08pour trouver un moyen
32:10d'éliminer la maladie
32:11sur le plan génétique.
32:14Grâce aux techniques
32:15de fécondation in vitro,
32:17nous pourrons ensuite
32:18éradiquer la maladie
32:19et ce sera un immense
32:20progrès pour la santé publique
32:22et la qualité de vie
32:23des populations en Chine.
32:26La perspective
32:27donne le vertige
32:28car agir sur l'ADN
32:30d'un embryon,
32:31c'est créer un humain
32:32modifié génétiquement
32:33jusque dans ses cellules
32:34reproductives
32:35et apporter une mutation
32:37qui pourrait être transmise
32:38aux générations suivantes.
32:41Bien qu'on soit encore
32:41au stade de recherche fondamentale,
32:44avec des embryons détruits
32:45au bout de quelques jours,
32:46l'annonce des premiers travaux
32:48chinois sur un bébé
32:49en devenir
32:49provoque immédiatement
32:51un branle-bas de combat
32:52dans le milieu scientifique.
32:55Devons-nous faire cela ?
32:57Devons-nous ne serait-ce
32:57qu'envisager de changer
32:58le génome humain
32:59les générations futures ?
33:02Devant le fait accompli,
33:03il est grand temps
33:04de se poser ces questions.
33:06Mais il semble déjà trop tard
33:07pour appuyer sur le bouton pause.
33:10Là où on a été pris de vitesse
33:13par l'évolution des choses
33:14et où on a conclu
33:16à une évidence
33:17dès l'automne 2015,
33:19c'est l'impossibilité
33:20d'arrêter la machine.
33:23L'idée qu'on aurait pu réunir
33:25en un seul endroit
33:27toutes les personnes
33:28capables d'utiliser
33:29la technique CRISPR
33:30et leur demander
33:31de s'arrêter pendant un an
33:33est apparue immédiatement
33:35à tout le monde
33:35comme juste impossible.
33:37L'électrochoc provoqué
34:02par les travaux chinois
34:03sur les embryons
34:04pousse les scientifiques
34:05à réagir.
34:06Fin 2015,
34:08les académies des sciences
34:09chinoises et américaines
34:10convoquent ensemble
34:11un grand sommet.
34:12La question des lignes rouges
34:14est posée.
34:14Car dans les deux pays leaders,
34:16aucune législation
34:17n'empêche de procéder
34:19à des recherches
34:20sur l'embryon
34:20ni même en principe
34:21de faire naître
34:22un bébé modifié.
34:24Sur la question de l'embryon,
34:26il est clair
34:26qu'on est dans une tour
34:28de Babel juridique.
34:31Vous avez des pays
34:32avec une totale prohibition
34:34et puis des pays
34:36avec un total libéralisme.
34:38Le sommet de 2015
34:42était le résultat
34:43des préoccupations
34:44de la communauté scientifique.
34:47Comment utiliser
34:49la technologie CRISPR
34:50sur l'homme
34:51et dans quelles conditions
34:53on pourrait permettre
34:54ou interdire
34:55les manipulations génétiques
34:57sur les embryons humains.
34:58L'un des objectifs
35:03du sommet
35:03était de voir
35:04dans quelles mesures
35:05on pourrait harmoniser
35:06au niveau mondial
35:06les politiques nationales
35:08sur ce qu'on doit faire,
35:09ce qui pourrait être fait
35:10et ce qui ne devrait
35:11jamais être fait.
35:12À l'issue de longues discussions,
35:14les scientifiques
35:15semblent unanimes.
35:16La recherche doit continuer.
35:18L'opportunité
35:18de pouvoir un jour
35:19éradiquer une maladie
35:20au niveau de l'embryon
35:21est trop belle.
35:22Il n'est pas en soi
35:24immoral d'imaginer
35:26utiliser cette technologie
35:27pour ce qu'on appelle
35:28la modification
35:29de la lignée germinale
35:30qui changera vos enfants.
35:32Il ne s'agit pas
35:33de dire
35:33que vous devriez le faire
35:35mais nous disons
35:36que c'est un choix
35:37qui revient
35:37à chaque gouvernement.
35:38Nous ne considérons pas
35:40que cela doit absolument
35:41être interdit.
35:45On ne peut pas faire
35:47marche arrière.
35:48On ne peut pas dire
35:49« Hey, on va tout arrêter. »
35:51Un scientifique
35:52a la liberté
35:53d'explorer l'inconnu,
35:54n'est-ce pas ?
35:58À notre avis,
36:00les modifications
36:01ciblées du génome
36:02devraient être autorisées,
36:04même à des fins reproductives,
36:06s'il n'y a pas
36:06d'alternative
36:07pour les maladies concernées.
36:10Mais dire
36:11si une technologie
36:12sera bénéfique
36:12ou néfaste,
36:14c'est à la société
36:15d'en décider.
36:17Ça ne peut pas être
36:19une décision scientifique.
36:21En donnant ce feu vert
36:24à la poursuite
36:25des recherches
36:25sur les modifications
36:26d'embryons,
36:27les scientifiques
36:28réunis en 2015
36:29sont bien conscients
36:30d'une chose.
36:31Leur décision
36:32concerne la planète entière.
36:34L'enjeu est écrit
36:34noir sur blanc
36:35dans les conclusions
36:36finales du sommet.
36:39Une fois introduite
36:40dans la population humaine,
36:41les altérations génétiques
36:42seraient difficiles
36:43à retirer
36:44et ne resteraient pas
36:45cantonnées
36:45à une seule communauté
36:46ou un seul pays.
36:47La discussion
36:49ne doit pas rester
36:50dans les mains
36:51des scientifiques,
36:51mais il ne faut pas
36:52s'attendre
36:53à ce qu'elle concerne
36:547,5 milliards de personnes.
36:57La vérité se situe
36:58au milieu,
36:58il faut engager
36:59le dialogue
36:59avec des gens
37:00exprimant différentes opinions.
37:01Vous n'arriverez pas
37:02à avoir tout le monde,
37:03mais vous pouvez au moins essayer.
37:05La révolution CRISPR
37:06est arrivée si vite
37:07qu'elle a pris tout le monde
37:08par surprise.
37:09Mais pour permettre
37:10aux citoyens
37:11de s'approprier le débat,
37:12un nouveau courant
37:13de sciences populaires
37:14propose de démocratiser
37:15la recherche.
37:17Brooklyn,
37:24emblématique quartier
37:25de New York.
37:26En marge du monde académique,
37:28c'est ici qu'est né
37:28le premier laboratoire communautaire
37:30il y a une dizaine d'années.
37:35Vous devez ramasser
37:36le plus de cellules possible.
37:39Puis ouvrez ça
37:41et tournez-le doucement
37:42à l'intérieur.
37:44Ça devrait suffire
37:45comme ça.
37:47Dans ces lieux
37:48de pratiques
37:48ouverts et participatifs,
37:51des biologistes amateurs
37:52ou de simples curieux
37:53viennent se frotter
37:54aux enjeux de la recherche.
37:59Vous voyez au fond
38:00cette chose blanche ?
38:01Regardez si vous en avez une.
38:05C'est là qu'on voit
38:07si vous êtes des robots
38:07ou non.
38:08Les laboratoires communautaires
38:14existent indépendamment
38:15de toute autre organisation.
38:16C'est une initiative citoyenne.
38:21Ça veut dire que vous pouvez
38:23y faire ce que vous voulez.
38:25Vous n'avez pas besoin
38:26de financement,
38:27vous pouvez travailler
38:28sur quelque chose
38:28qui ne rapportera jamais rien
38:30mais qui pourrait s'avérer utile
38:31pour l'humanité
38:32ou juste pour vos voisins.
38:39Quand nous avons lancé
38:43le mouvement
38:44de la science citoyenne,
38:45CRISPR n'existait pas.
38:47Puis,
38:49quand nous avons pensé
38:50faire des ateliers
38:51sur CRISPR,
38:52nous avons d'abord hésité
38:54parce que nous étions
38:55en permanence sollicités
38:56par des journalistes
38:57qui voulaient raconter
38:58des histoires effrayantes
38:59sur les scientifiques amateurs
39:00qui manipulent CRISPR.
39:05Finalement,
39:05nous avons décidé
39:06que nous allions faire
39:07des ateliers
39:08pour le grand public
39:08et que nous serions
39:10les gens raisonnables
39:11à propos de CRISPR.
39:13Dans nos ateliers,
39:15nous essayons de remettre
39:16la technologie
39:17dans son contexte.
39:20Nous parlons des controverses
39:22à propos des modifications
39:23génétiques
39:24autour des questions
39:25qu'elles posent.
39:28Le génome humain
39:29devrait-il être modifié
39:30ou pas ?
39:32Les gens qui viennent
39:36dans ces labos
39:37adorent en discuter.
39:40Ils sont là
39:41parce qu'ils sont curieux
39:42des possibilités
39:43de la technologie
39:44et ils veulent participer
39:46au débat.
39:51Les scientifiques
39:52ont l'obligation
39:53d'expliquer
39:54ce qu'ils font
39:55au public.
39:56quels sont
39:58les débouchés
39:58et quels sont
40:00les risques
40:00de ce que nous faisons.
40:02Et il y a
40:03beaucoup de malentendus
40:04sur ces sujets.
40:06Nous devons donc
40:07expliquer la recherche
40:08scientifique
40:09aux législateurs
40:10mais aussi
40:11au grand public
40:12pour que les gens
40:16soient vraiment informés.
40:19Pour permettre
40:20aux citoyens
40:20de débattre,
40:21les scientifiques
40:22devront d'abord
40:23répondre à une question
40:24primordiale,
40:25la sécurité.
40:26Pour l'instant,
40:29les essais
40:29aboutissent
40:30principalement
40:30à des échecs.
40:32Mais la recherche
40:32s'intensifie
40:33et tôt ou tard,
40:34on y sera.
40:36Sans s'interdire
40:37sur le principe
40:38de pouvoir guérir
40:39des embryons
40:40un jour,
40:41il faut se donner
40:42les moyens
40:43de le faire
40:43dans des conditions
40:45de sécurité
40:46et d'efficacité
40:47qui permettent
40:49d'en faire
40:49un traitement
40:50et pas seulement
40:51un jeu
40:51pour laboratoire.
40:53là,
40:53il faut que ce soit
40:54du 100%.
40:54Il faut que ça marche
40:55à tous les coups.
40:56Tout changement
40:57de l'ADN
40:57d'un embryon,
40:58bénéfique comme accidentel,
41:00sera transmis
41:01aux générations futures.
41:03On en frémit d'avance.
41:04Quel seuil de sécurité
41:06sera exigé ?
41:07Et même si un jour,
41:08une garantie complète
41:09est apportée,
41:10le débat n'est pas clos.
41:12Car la technique
41:13ouvre une autre perspective,
41:15celle de l'amélioration
41:16de l'être humain.
41:18Cela ouvre la porte
41:20à la question
41:21que pouvons-nous modifier ?
41:25Plus cela deviendra commun,
41:26plus on peut se demander
41:27où cela s'arrêtera.
41:29Comment,
41:31au fil du temps,
41:32on passe du nécessaire
41:33au souhaitable,
41:35puis à ce que l'on aimerait avoir
41:37en dehors
41:37de toute considération
41:38de santé ?
41:40Donc,
41:42quand on parle
41:42de modifier
41:43des embryons humains,
41:45il y a toujours
41:45le spectre de l'eugénisme
41:47à l'horizon.
41:54Modifier un individu
41:56pour l'améliorer,
41:57par exemple,
41:59pour qu'il soit plus grand,
42:00plus fort,
42:02plus intelligent,
42:03ou pour qu'il ait
42:04les yeux bleus,
42:05nos règles éthiques
42:06nous disent que non,
42:08on ne doit pas
42:08permettre cela.
42:10Le fantasme
42:12qui consiste à penser
42:13que nous pourrions
42:13nous améliorer
42:14avec ça est exagéré.
42:15nous ne pouvons définir
42:17l'intelligence
42:17et encore moins
42:18la changer.
42:19Même votre taille,
42:20ce qui pourrait sembler
42:21plus simple,
42:22est le résultat
42:22de centaines de gènes
42:23différents
42:24et de votre environnement.
42:28Dans certains cas,
42:29la technologie peut être
42:30lente à se développer
42:31ou même ne jamais aboutir.
42:34On aura peut-être
42:34alors débattu pour rien.
42:37Mais il vaut toujours mieux
42:38discuter en amont
42:39d'un sujet d'éthique
42:40importants plutôt que
42:41de le rater complètement
42:42et être pris de court
42:43ensuite.
42:45CRISPR nous pousse
42:46à réfléchir
42:47à ce que nous voulons
42:48individuellement
42:49et collectivement.
42:51Mais l'impact
42:52des ciseaux génétiques
42:53va bien au-delà
42:54de notre propre espèce.
42:56On envisage aujourd'hui
42:57de modifier
42:58des écosystèmes entiers
42:59pour combattre
43:00certaines de nos maladies.
43:02A Terni,
43:07au centre de l'Italie,
43:09le pôle d'innovation
43:10en génétique
43:10abrite une installation
43:12hautement sécurisée.
43:15Dans ce laboratoire
43:16de confinement écologique,
43:17des chambres climatiques
43:18ont été aménagées
43:20pour reproduire l'habitat
43:21des moustiques africains
43:22Anopheles gambiae.
43:25Cette espèce
43:26est le principal vecteur
43:27du paludisme
43:28qui tue près de 450 000 personnes
43:30chaque année.
43:32L'expérimentation
43:33qui se déroule ici
43:34vise à attester
43:35une stratégie radicale,
43:37l'élimination complète
43:38de l'espèce.
43:40Dans la tête des chercheurs,
43:42l'équation est simple.
43:43Sans moustique
43:44pour la transmettre,
43:45la maladie pourra être
43:46éradiquée en quelques années.
43:50Toutes les technologies
43:52disponibles,
43:53combinées aux insecticides,
43:55à l'assèchement des marais
43:56et au contrôle
43:56de la reproduction,
43:58sont souvent au-delà
43:59des possibilités
44:00des pays pauvres,
44:01car cela requiert
44:01beaucoup d'argent.
44:05Nous avons donc imaginé
44:07de faire des moustiques
44:08génétiquement modifiés
44:09dont la capacité
44:10de reproduction
44:11serait réduite.
44:13Ainsi,
44:14nous pourrions surmonter
44:15le plus grand problème,
44:16la durabilité.
44:17mais ces modifications génétiques
44:21ne peuvent pas se transmettre.
44:23Il faudrait pouvoir relâcher
44:24dix fois plus de moustiques
44:25modifiés que ceux
44:26qui sont dans la nature,
44:27ce qui n'est pas possible,
44:29à moins de trouver le moyen
44:30de contourner les lois
44:31de l'hérédité
44:31pour répandre
44:33la modification génétique.
44:34C'est là que le gene drive
44:35intervient.
44:36C'est là que le gene drive
44:36intervient.
44:41Le gene drive,
44:42qu'on peut traduire en français
44:44par forçage génétique,
44:45est une modification programmée
44:47pour se répandre
44:48de façon accélérée
44:49au sein de toute une population.
44:51En temps normal,
44:55un gene porté par un parent
44:57n'a qu'une chance
44:58sur deux d'être transmis.
45:01Grâce au gene drive,
45:02dès qu'un individu
45:03modifié se reproduit,
45:05il impose son gene trafiqué
45:06à l'ensemble
45:07de sa descendance.
45:09La stratégie équivaut
45:11à un piratage,
45:12car tel un cheval de Troie,
45:14le gene modifié
45:15contient lui-même
45:16le matériel
45:16et les instructions
45:17nécessaires
45:18pour transmettre CRISPR
45:19et répliquer
45:20cette modification
45:21à l'infini.
45:26Ainsi,
45:26à chaque génération,
45:28la modification génétique
45:29se répand
45:29par effet domino.
45:31Nous introduisons CRISPR
45:32de telle sorte
45:33que progressivement,
45:34il détruit les gènes
45:35importants
45:36pour la reproduction
45:36des moustiques.
45:38Le résultat,
45:39au bout du compte,
45:40c'est que la population
45:40s'effondre.
45:43Le forçage génétique
45:45fournit un moyen
45:46d'action inédit
45:47et puissant.
45:48Son potentiel
45:49pour l'éradication
45:50d'une maladie
45:51est énorme.
45:52Les risques
45:52pour l'environnement
45:53aussi.
45:55D'un côté,
45:56vous avez
45:56des centaines
45:58de milliers
45:58de vies humaines
45:59qui peuvent être épargnées.
46:02438 000 morts
46:03l'année dernière.
46:04Et de l'autre côté,
46:06un impact
46:06potentiel
46:08sur la biodiversité
46:10qu'on ne serait
46:10pas forcément capable
46:12d'arrêter,
46:13une espèce de réaction
46:14en chaîne
46:14qu'on déclencherait.
46:15Et donc,
46:16là,
46:16on met en évidence
46:17tout un questionnement éthique,
46:20toute une nécessité
46:21de réponse
46:22à un grand nombre
46:23d'interrogations
46:24qui sont liées
46:25à la santé humaine
46:26mais qui impactent
46:27différents éléments
46:28de l'environnement.
46:29En termes de risques,
46:32notre capacité
46:33à évaluer
46:34sur le long terme
46:35les conséquences
46:36de nos interventions
46:37sur l'environnement
46:38est extrêmement limitée.
46:42Ce sont des procédés complexes
46:44dont les effets
46:44se développent
46:45sur de nombreuses années.
46:48Comment réagir à cela ?
46:51De combien d'informations
46:52avons-nous vraiment besoin
46:53avant de décider
46:54de le faire ?
46:55Parce que,
46:56en fait,
46:57nous n'avons aucune idée
46:58de l'impact
46:58que cela aura
46:59sur les écosystèmes.
47:02Nous serons en mesure
47:06de fournir
47:06beaucoup d'informations.
47:09Combien de temps
47:09il faudra
47:10à la modification génétique
47:11pour se répandre ?
47:13Est-ce qu'elle se transmet
47:15à des espèces proches ?
47:18On pourra vérifier
47:19s'il y a des traces d'ADN
47:21de ces moustiques
47:21chez leurs prédateurs.
47:25On pourra évaluer
47:26les paramètres écologiques
47:28évaluer la sécurité
47:29et produire ce qu'il faut
47:31pour passer à la phase 3.
47:33Une installation
47:34confinée sur le terrain
47:35avant de pouvoir
47:36relâcher les moustiques
47:37dans la nature.
47:41La suite de cette histoire
47:42n'est pas encore écrite.
47:44Quels moyens seront trouvés
47:45pour étudier encore plus finement
47:46les conséquences possibles
47:48avant de procéder
47:49à des tests grandeur nature ?
47:51Et qui décidera
47:52de procéder à ces tests ?
47:54Il y a une urgence
47:56à ce que la décision
47:58ne soit pas limitée
47:59à quelques laboratoires
48:00des pays développés,
48:03mais qu'on implique
48:04des populations.
48:05Parce que
48:06où est-ce qu'on va faire
48:07ce genre de manipulation ?
48:09On va les faire en Afrique
48:10ou on va les faire
48:11en Asie du Sud-Est ?
48:13Et c'est peut-être
48:14quand même aux Africains
48:15du Cameroun,
48:17du Gabon
48:17ou aux Vietnamiens
48:19de choisir
48:19s'ils veulent ou non
48:21qu'on teste
48:23ce genre de stratégie
48:25pour la promesse
48:26de les débarrasser
48:27du paludisme
48:28ou de la malaria,
48:29mais qui aujourd'hui
48:30n'est qu'une promesse.
48:32Nous devons convaincre
48:35les gens
48:35que la technologie
48:37est sans danger
48:37et faire en sorte
48:40qu'ils l'acceptent.
48:42Pour cela,
48:42il faut bâtir
48:43un cadre international
48:44dans lequel l'ensemble
48:45des pays
48:46admettent que leurs voisins
48:47peuvent utiliser
48:48le GeneDrive
48:48parce que malheureusement
48:50la technologie
48:52ne reconnaît pas
48:52les frontières politiques.
48:57CRISPR
48:58ouvre donc la voie
48:59à une véritable
49:00bio-ingénierie planétaire.
49:02Toutes les cartes
49:03sont rebattues,
49:04tous les domaines
49:04sont concernés.
49:06D'ailleurs,
49:07grâce aux formidables
49:08perspectives évoquées
49:09pour la santé humaine,
49:11on en aurait presque oublié
49:12un autre domaine majeur
49:13d'application
49:14de ces nouvelles techniques
49:15l'agriculture.
49:19Et là encore,
49:20les nouveaux outils
49:21de la génétique
49:22changent radicalement
49:23la donne
49:23en rendant carrément caduque
49:25la réglementation
49:26en place
49:27sur les OGM.
49:31Aujourd'hui,
49:33la définition
49:33d'un OGM,
49:35c'est
49:35une plante
49:37au sein de laquelle
49:39on a apporté
49:40un gène étranger.
49:41donc on a apporté
49:42un gène étranger
49:43pour lui conférer
49:44une propriété particulière.
49:46Par exemple,
49:47résister à une bactérie,
49:48résister à un virus,
49:50résister à un champignon.
49:52On peut aujourd'hui
49:53faire la même chose
49:53sans avoir besoin
49:54d'apporter
49:55un gène étranger
49:57et sans laisser de traces.
49:59Donc nous avons
50:01et nous commençons
50:02à avoir
50:02des plantes
50:03qui ont fait
50:04l'objet
50:05d'une modification
50:06génétique.
50:08Donc c'est
50:09des organismes
50:10modifiés
50:11par ingénierie
50:12du génome,
50:13on appelle ça
50:13maintenant
50:14des moges,
50:15mais qui ne répondent
50:17plus à la définition
50:18des OGM.
50:18Aux Etats-Unis,
50:22un universitaire
50:23a créé
50:23des champignons blancs
50:24génétiquement modifiés
50:25avec CRISPR
50:26pour qu'ils ne brunissent
50:30pas sur les étalages
50:31quand ils sont abîmés.
50:33Bien sûr,
50:35c'est formidable
50:36pour les distributeurs
50:37et les supermarchés
50:38parce qu'ils peuvent
50:38conserver les champignons
50:39indéfiniment.
50:41Et l'autorité
50:46de régulation américaine
50:47a dit que ce n'était
50:48pas un organisme
50:49génétiquement modifié
50:50parce qu'il n'y a pas
50:51d'ADN étranger.
50:54En Europe,
50:55il y a un débat
50:56pour savoir
50:56si un organisme
50:57génétiquement édité
50:59avec CRISPR
50:59c'est la même chose
51:00qu'un organisme transgénique
51:02en matière d'alimentation.
51:03Et il est possible
51:04que l'Europe autorise
51:05bientôt ces aliments
51:06édités
51:07même si elle interdit
51:08la vente
51:08d'organismes transgéniques.
51:11Là encore,
51:13la controverse
51:14bat son plein
51:14alimenté par
51:15d'énormes enjeux
51:16sanitaires,
51:17éthiques et financiers.
51:19Qu'il s'agisse
51:19de notre santé
51:20ou de notre alimentation,
51:22CRISPR repousse
51:23notre capacité
51:24à modifier le vivant
51:25et soulève
51:26autant d'espoir
51:27que d'inquiétude.
51:29Entre les deux extrêmes,
51:30nous ne sommes pas
51:31obligés de choisir
51:32mais de réfléchir.
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