- 24/06/2025
A l'égal de ses «cousines», la Mafia napolitaine ou la N'drangheta calabraise, Cosa Nostra est l'une des filières les plus violentes du grand banditisme en Italie. Depuis plus de 150 ans, elle contrôle une grande partie de l'économie et de la vie quotidienne de la Sicile, via le «pizzo», un système de racket qui lui rapporte un milliard d'euros par an. Mais la chape de silence que cette organisation criminelle fait peser sur l'île et sa capitale, Palerme, se fissure tout doucement. Depuis 2006, la police a lancé une grande offensive contre la mafia sicilienne. Elle a réussi à interpeller Bernardo Provenzano, le «parrain des parrains». Et une grande partie des habitants, ainsi que des journalistes, font cause commune, parfois au péril de leur vie, pour dénoncer la terreur imposée par Cosa Nostra.
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00:00Notre histoire commence par une arrestation.
00:04Nous sommes le 5 novembre 2007.
00:06Dans cette villa, située à quelques kilomètres à l'ouest de la ville,
00:10va se tenir dans quelques instants une réunion entre plusieurs chefs de Cosa Nostra.
00:15Il est 9h20.
00:17Deux hommes arrivent.
00:19Ils l'ignorent, mais à distance, la police les filme.
00:24Les policiers en sont sûrs.
00:26C'est ici que se cache un très gros poisson, en cavale depuis 24 ans,
00:31Salvatore Lo Piccolo, le chef de la mafia de Palerme.
00:35Avec lui, son fils et son bras droit, Sandro,
00:38ils font partie des 30 fugitifs les plus dangereux d'Italie.
00:489h30, c'est l'assaut.
00:50Plus de 40 policiers interviennent.
00:51Ils savent que les deux hommes piégés dans le garage sont armés.
00:56Les policiers tirent en l'air.
00:58Devant le déploiement de force,
01:00les suspects préfèrent se rendre, sans opposer de résistance.
01:11C'est une énorme victoire pour la police italienne.
01:15Elle va découvrir au passage que cet homme réputé si redoutable
01:18cache dans son jardin 500 000 euros,
01:20dans de simples pots de confiture,
01:23comme un retraité cachant ses économies.
01:26Un retraité très actif qui pèserait plusieurs centaines de millions d'euros.
01:31Les Italiens découvrent le visage vieilli de Lo Piccolo.
01:34Fin de cavale pour celui qui est considéré comme le parrain de Palerme.
01:38Avec 700 000 habitants, Palerme est la plus grande ville de Sicile.
01:47Ancien comptoir phénicien, elle compte un nombre incalculable d'églises,
01:51de monastères, de monuments,
01:53parmi lesquels le Théâtre Massimo, l'un des plus grands théâtres d'Europe.
01:58Palerme accueille en tout 5 millions de touristes chaque année.
02:01Mais Palerme est aussi connue dans le monde entier comme la capitale de Cosa Nostra,
02:06la redoutable mafia sicilienne.
02:08Plus d'un siècle d'existence, une organisation très hiérarchisée avec à sa tête le parrain des parrains.
02:14Une quinzaine de familles mafieuses partagent Palerme.
02:17Elles vivent du trafic de drogue, s'infiltrent dans la politique et dans l'économie,
02:21et raquettent les commerçants.
02:22Selon la police à Palerme, 8 commerces sur 10 versent un impôt à la mafia.
02:27En italien, raquette se dit pizzo, un mot qu'il ne faut pas prononcer en Sicile.
02:33Non, ça ne m'intéresse pas.
02:38Ça n'existe pas le raquette à Palerme.
02:42Non, on n'a pas le pizzo ici, mais on a la pizza.
02:45Ça oui, la pizza sicilienne.
02:47Et le pizzo, ça n'existe pas ?
02:49Non, ici on n'a pas le pizzo.
02:50Moi ça ne me regarde pas, nous commentons.
02:54Et pourtant, les enfants en connaissent parfaitement le fonctionnement.
02:59C'est quand les mafieux veulent l'argent du bar.
03:04Ils demandent le pizzo.
03:06C'est pas bien, parce qu'on donne une date et une somme d'argent
03:10qu'il faut que tu paies avant une certaine date.
03:14Et sinon, qu'est-ce qui se passe ?
03:16Sinon, ils te tuent.
03:17Vraiment ?
03:18Ils tuent.
03:20Ils tuent les enfants et les femmes.
03:22Vraiment, il est.
03:24Ce raquette rapporterait plus d'un milliard d'euros par an à Cosa Nostra.
03:29Et c'est parce que l'on a touché à ce pactole qu'elle se trouve aujourd'hui déstabilisée.
03:34Nous avons rencontré trois hommes qui sont à l'origine de cette nouvelle traque anti-mafia.
03:39Vincenzo Canticello, un restaurateur, vit sous haute protection depuis qu'il a dénoncé devant les juges ceux qui ont tenté de le raqueter.
03:49Nous courons tous le risque d'avoir un accident ou de mourir un jour.
03:57Dans ma situation, il y en a un de plus.
04:01Le risque de mourir dans un accident derrière lequel il y aurait la main de la mafia.
04:05A Palerme, le colonel Manucci et ses hommes n'auront que quelques minutes pour interpeller une douzaine de mafieux qui raquettent les boucheries.
04:13Les arrestations de ces dernières années, et en particulier de ces derniers mois, ont mis en crise tout le système de Cosa Nostra.
04:36Pino Maniaci est journaliste. Sur sa chaîne de télévision locale, il se bat contre une famille mafieuse, celle des Vitale.
04:42Il risque sa vie à chacun de ses reportages.
04:46Ils devront me tuer pour m'arrêter.
04:51Espérons qu'il n'y arrive pas.
04:54Dans la lutte contre le raquette, l'histoire la plus spectaculaire a commencé ici, dans ce restaurant du centre historique de Palerme.
05:01La famille de Vincenzo Canticello possède l'antica focaccia depuis cinq générations.
05:05Singularité sicilienne, les célébrités de la mafia et de l'antimafia s'y sont succédées à la même table, à commencer par les amis d'Al Capel.
05:14Le mafieux Lucilucciano s'asseyait toujours à cette table.
05:20Ensuite, c'est devenu la table des juges Falcone et Borsellino.
05:24Il disait toujours que la table de la mafia était enfin devenue la table de l'antimafia.
05:29En 2005, cet établissement, qui est une institution à Palerme, est dans le collimateur de Cosa Nostra.
05:40Prélude habituel d'une tentative de raquette, il subit des actes de vandalisme.
05:47Les carabiniers le placent alors sous surveillance.
05:49Ils cachent tout autour des micros et des mini-caméras.
05:52Et le 25 novembre 2005, Vincenzo reçoit une étrange visite.
06:03Moi, j'étais assis là et lui en face.
06:07A l'insu de Vincenzo, un carabinier filme la scène.
06:13Il a dit qu'il était venu pour m'aider.
06:15Il avait une drôle de façon de parler, son discours était vague, il parlait à demi-mot, sans finir ses phrases.
06:22Le comportement typique de celui qui ne veut pas vraiment dire, mais plutôt insinué.
06:28Et pendant qu'il parlait, je comprenais que j'avais devant moi un mafieux.
06:34Pour que cessent les actes de vandalisme contre le restaurant, l'homme demande de l'argent.
06:40Il m'a d'abord demandé 50 000 euros pour toutes les années où je n'avais pas payé.
06:45Et 500 euros par mois à partir de ce jour.
06:48Avec cette somme, le quartier serait à nouveau tranquille.
06:50Je lui ai dit, ici on n'a jamais payé et ce n'est sûrement pas moi qui vais commencer.
06:55Alors il m'a dit, vous ne savez pas ce que vous êtes en train de faire.
07:00Là, je l'ai regardé droit dans les yeux, j'avais très peur.
07:03Et je lui ai répondu, c'est vous qui ne savez pas ce que vous êtes en train de faire.
07:06Et Vincenzo va tenir parole.
07:10Le 18 septembre 2007, lors d'un procès retentissant, Vincenzo devient le premier commerçant de l'histoire de la Sicile
07:17à montrer du doigt en plein tribunal ceux qui ont voulu le racketter.
07:21Mais ce geste l'a mis en danger de mort.
07:26Depuis le procès, le restaurant est gardé 24 heures sur 24.
07:34Et Vincenzo est en permanence entouré de trois gardes du corps comme cet homme en veste beige
07:39qui ne s'éloigne jamais à plus d'un mètre.
07:41Ici, la menace peut venir de partout.
07:45Alors en terrasse, Vincenzo sourit à ses clients, mais la peur au ventre.
07:50Ce soir, il reçoit le juge antimafia Gaetano Pace,
07:54un homme qui est lui aussi escorté par trois colosses.
07:58Que pensez-vous du geste de Vincenzo ?
08:00Que tout le monde devrait faire comme lui.
08:05C'est un exemple dont notre ville a besoin.
08:07C'est un geste qui peut sembler banal dans le reste du monde,
08:11mais qui ici prend des proportions extraordinaires.
08:18Vincenzo ne regrette pas son choix.
08:20Cédé au chantage ne lui aurait pas laissé plus de liberté, bien au contraire.
08:28En payant, je serais devenu esclave de la mafia.
08:32Si tu payes une fois, tu es lié à eux pour toujours.
08:37Ils commencent par te demander de l'argent,
08:39et ensuite ils te demandent un service,
08:41ensuite de cacher une arme,
08:45et de devenir ainsi leur complice.
08:49Alors que comme ça, je suis libre de la mafia,
08:51même si ma liberté est limitée.
08:52Mais je me sens encore un homme libre.
08:58Malgré les risques, à ce jour,
08:59une dizaine de commerçants palermitains ont suivi l'exemple de Vincenzo.
09:03Mais ce changement de climat a d'abord été possible
09:05parce que la police utilise des procédés dignes des meilleurs films d'espionnage.
09:10Quelques 500 mafieux ont été arrêtés au cours des trois dernières années,
09:14confondus par des micros et des caméras cachées.
09:17Nous avons rencontré le patron du service antimafia de la police de Palerme.
09:32Antonino De Santis a accepté de nous emmener
09:34dans un des endroits les plus secrets de Sicile.
09:37Tu coupes la caméra
09:46et tu la caches.
09:50Pourquoi ?
09:51Parce qu'on préfère que l'endroit
09:54où on fait les écoutes ne soit pas localisé.
10:00Nous nous rendons quelque part dans Palerme.
10:03Dans un immeuble résidentiel,
10:04la police occupe tout un étage auquel elle accède par un escalier réservé.
10:10Je vais vous montrer une de nos salles d'écoute.
10:13C'est un centre de surveillance électronique
10:16utilisé par le groupe d'investigation
10:18qui s'occupe du crime organisé
10:19et plus particulièrement du racket à Palerme.
10:24Grâce au micro et aux caméras,
10:25les policiers parviennent aujourd'hui
10:27à capter des conversations entre criminels,
10:29parfois en pleine rue.
10:30Ils arrivent même à savoir
10:32ce que préparent les mafieux
10:34pour mieux les piéger
10:35en flagrant délit.
10:38On a appris qu'un commerçant
10:40avait reçu des demandes d'extorsion.
10:42On a donc installé
10:43des appareils de vidéosurveillance.
10:46Grâce à ces informations,
10:47on a pu intervenir immédiatement
10:48et arrêter les racketteurs
10:50en flagrant délit.
10:52Je répète,
10:53ces moyens sont essentiels
10:54à notre travail au quotidien.
10:56L'histoire la plus incroyable,
10:59c'est celle du racket
10:59dont était victime
11:00le marché de la viande.
11:02Policiers et gendarmes
11:03ont découvert qu'à Palerme,
11:04c'est Cosa Nostra
11:05qui fixait le prix de la viande
11:07à l'étal des bouchers.
11:09Et tout cela pour une raison très simple.
11:11Accroître les bénéfices des bouchers
11:12pour qu'ils puissent payer le racket.
11:15Résultat,
11:16les palermitains paient leur steak
11:17plus cher qu'ailleurs
11:18pour le plus grand profit des mafieux.
11:22Caserne des carabiniers,
11:24les gendarmes italiens.
11:26Dans quelques heures,
11:27ces hommes vont démanteler
11:28un réseau de mafieux
11:29qui raquettent les bouchers de Palerme.
11:32Le colonel Manucci
11:33prépare ce coup de filet
11:34depuis presque deux ans.
11:35Et là aussi,
11:36tout a commencé
11:37par des caméras espions.
11:42À droite,
11:43l'homme à la veste noire,
11:45c'est Piero Tumigna,
11:46le chef de la famille mafieuse
11:48du quartier d'Altarello.
11:51Et face à lui,
11:52un commerçant,
11:53un boucher
11:53qui s'adresse à lui
11:54en parlant
11:56d'un certain Lorenzo.
11:57C'est un autre boucher.
12:00Et ils disent
12:01« Si Lorenzo
12:03continue à vendre
12:04la viande
12:04au prix
12:05qu'il a lui-même fixé,
12:07je serai obligé
12:07de fermer ma boucherie. »
12:11Donc,
12:12le boucher demande
12:13à un membre
12:14de Cosa Nostra
12:15de faire respecter
12:17la règle imposée
12:17par la mafia,
12:18que les prix
12:19de la viande
12:20soient partout
12:21les mêmes.
12:25Écoutez,
12:26voilà ce que
12:26nos micros ont capté.
12:29L'accord
12:30avait fixé
12:30le prix de la viande
12:31entre 10 et 11 euros.
12:34Personne ne doit
12:35descendre en dessous
12:36de la limite
12:36des 10 euros.
12:38C'était l'accord fixé
12:39et tout le monde
12:40doit le respecter.
12:41Cela prouve
12:45que la loi du marché
12:46est une utopie
12:47chez nous.
12:48Et ce sont
12:48les habitants
12:49de Palerme
12:50qui ont paient
12:50les conséquences.
12:54Et voilà
12:54ceux qui sont
12:55soupçonnés
12:56de raqueter
12:56les boucheries.
12:57Ils sont 12.
12:58Leur clan contrôle
12:58tout un quartier
12:59de Palerme.
13:00Dans quelques heures,
13:01si tout se passe bien,
13:03ils auront été
13:03interpellés
13:04par les gendarmes.
13:05Il est 14 heures.
13:13Depuis plusieurs mois,
13:14les carabiniers
13:15ont piégé
13:16un lavage automatique
13:16de voitures
13:17car ils ont remarqué
13:18que les chefs présumés
13:19de la mafia de la viande
13:21s'y retrouvaient
13:22tous les après-midi.
13:23Ils sont deux.
13:25On attend le troisième.
13:26Les mafieux
13:27n'ont jamais d'habitude.
13:28C'est une règle
13:28de sécurité élémentaire.
13:30Alors ce rendez-vous
13:30quotidien au lavage automatique,
13:32c'est une grave erreur.
13:33Les policiers
13:34vont en profiter
13:35Si on avait essayé
13:38de les arrêter de nuit,
13:39il y en a deux
13:39qui nous auraient échappé
13:40parce qu'ils ne dorment
13:41jamais au même endroit.
13:43Ces gens-là,
13:44ils ne travaillent pas,
13:45ils bougent tout le temps.
13:47Heureusement,
13:47les chefs ont un point
13:48de rassemblement
13:49chaque après-midi.
13:53Là, il joue aux cartes.
13:55Le colonel Manucci
13:56a abandonné l'uniforme.
14:02L'opération va se faire
14:03en deux étapes.
14:04D'abord,
14:05il faut interpeller
14:05les chefs
14:06au lavage automatique.
14:08Ensuite,
14:08il faudra arrêter
14:09leur lieutenant.
14:10Alors,
14:11il faut pister tout le monde
14:12en direct
14:12grâce au micro
14:13et aux caméras.
14:18Non, non,
14:18laisse,
14:19je vais écouter.
14:21L'opération
14:21commence bien.
14:22Sur son portable,
14:24l'un des suspects
14:24se trahit.
14:25Il dit
14:26où il se trouve.
14:26on a localisé
14:30le 3e
14:30dans un bar tabac.
14:34Eh,
14:35les menottes,
14:35tu les as ?
14:36Eh,
14:37Sandro,
14:38tu es toujours
14:39le dernier.
14:4016h50,
14:42c'est parti.
14:44La voiture du capitaine
14:45rejoint le dispositif
14:46déjà en place.
14:48Au total,
14:4860 policiers
14:49répartis dans 15 voitures
14:51sillonnent Palerme.
14:52Nous sommes avec le capitaine.
14:54Nous prenons la direction
14:55du lavage automatique
14:56pour arrêter
14:57ce que les carabiniers
14:58considèrent
14:58comme les chefs du clan.
14:59Ça y est,
15:01il est là,
15:02c'est Castelluccio.
15:04Au PC de surveillance,
15:06grâce aux caméras,
15:06on confirme
15:07la présence
15:08des 3 suspects.
15:10Il monte sur son scooter,
15:11on dirait
15:12qu'il va partir.
15:13C'est le moment
15:13d'intervenir.
15:16Bon,
15:16Schizo,
15:17t'es en place là ?
15:18Mais un problème surgit.
15:22Nous sommes tout prêts,
15:23mais notre voiture
15:24est bloquée
15:24dans une petite rue.
15:27Attention,
15:28ils sont en train
15:28de sortir.
15:29Attention,
15:30ils montent
15:30sur le scooter,
15:31ils vont partir.
15:33Non,
15:34non,
15:34non,
15:34arrêtez tout,
15:35attendez.
15:36Stop !
15:37Stop !
15:39Annule,
15:40annule,
15:40on n'y arrive pas.
15:41Mon colonel,
15:42on ne va pas y arriver.
15:44Mais ils sont
15:45en train de sortir,
15:46ils sont en train
15:46de sortir.
15:49Ah,
15:49ils sont partis ?
15:50Bon, Schizo,
15:51éloigne-toi.
15:52Éloignez-vous tous.
15:56Caméra et micro
15:57n'ont pas suffi.
15:58Un simple bouchon
15:59a fait échouer l'opération.
16:01Pour le moment,
16:01c'est raté.
16:02Mais il reste un espoir.
16:04Les trois chefs
16:05pourraient de nouveau
16:05se réunir dans l'après-midi.
16:08Il faudra juste un peu de chance.
16:10Le dispositif policier
16:12reste en place.
16:14Il est revenu,
16:15celui en voiture ?
16:16Non.
16:17Non.
16:18J'espère qu'il va revenir.
16:20Pour les carabiniers,
16:22une longue attente commence.
16:24Mais ils sont motivés
16:25car ils savent
16:26que les arrestations
16:26de ces derniers mois
16:27à Palerme
16:28ont fait évoluer
16:29les mentalités.
16:31De plus en plus
16:31de commerçants
16:32ont choisi de dire non
16:33aux pizos,
16:34aux raquettes.
16:35Nous allons rencontrer
16:36l'un d'eux.
16:37Il a accepté
16:37de payer l'impôt
16:38de la mafia
16:39pendant 10 ans.
16:40Il va bientôt dénoncer
16:41ses raquetteurs
16:42à la barre.
16:42pour préserver
16:43sa sécurité,
16:44nous devons cacher
16:45son identité.
16:48J'ai pris ma décision
16:50au moment
16:50où il y a eu
16:51des arrestations
16:51importantes à Palerme.
16:53La police
16:54a vraiment donné
16:55le signal
16:56que ce phénomène
16:56pouvait être attaqué
16:57et combattu.
16:59Et à ce moment-là,
17:01j'étais prêt à tout,
17:02même à prendre le risque
17:03de perdre
17:04ma propre entreprise.
17:06Et si cet homme
17:07a décidé
17:07de ne plus subir
17:08la loi de la mafia,
17:09c'est pour garder
17:10la tête haute
17:10devant ses enfants.
17:11J'ai un fils
17:14de 5 ans
17:14et la simple idée
17:16que je devrais lui dire
17:17dans 10, 15, 30 ans
17:18quand il décidera
17:19de reprendre mon activité
17:21que M. X
17:22viendra le voir
17:23tous les mois
17:23alors que j'essaie
17:25de lui transmettre
17:26le sens
17:26de la légalité,
17:28j'aurais honte
17:29de lui dire
17:30on se sent
17:31en quelque sorte
17:32complice.
17:34Petit à petit,
17:35la peur change
17:36de camp en Sicile
17:37grâce aux moyens
17:37impressionnants
17:38déployés par les forces
17:39de l'ordre
17:39et aux vagues
17:40d'arrestations.
17:40Mais il n'y a pas
17:42qu'en ville
17:42que le système
17:43mafieux
17:43est déstabilisé.
17:45Nous nous rendons
17:45au cœur
17:46de la Sicile
17:46dans la région
17:47de Corleone
17:48et de Partinico
17:49où des hommes
17:50aussi atypiques
17:50que courageux
17:51mènent aussi
17:52le combat
17:53contre la mafia.
17:55C'est dans cette
17:55petite ville
17:56de Partinico
17:56qu'est installée
17:57la plus petite chaîne
17:58de télévision
17:58d'Italie.
17:59Grâce à cette antenne,
18:01elle est reçue
18:01par 150 000 personnes.
18:05De Partinico
18:06à Corleone,
18:07elle est au cœur
18:08des terres
18:08de la mafia.
18:11Et son propriétaire
18:12est une figure locale.
18:15Vieux !
18:17Vieux !
18:20Ne dis pas un mot
18:21sinon je te filme.
18:24Pinault a grandi ici
18:25et il côtoie
18:27depuis des années
18:27tous ceux
18:28qu'il attaque
18:28dans son journal.
18:30Ça y est,
18:30on y est.
18:31Nous sommes à la veille
18:33des élections municipales
18:35et les candidats
18:35sont en campagne.
18:37Politique et mafia
18:38font souvent
18:38bon ménage en Sicile
18:39et Pinault adore
18:41mettre les pieds
18:41dans le plat.
18:44Lui, c'est
18:45monsieur Brigano
18:46du MPA.
18:47Mafia, politique
18:48et appel d'offres.
18:50Et lui,
18:51c'est le candidat
18:52Salvo Lobiundo,
18:53représentant de l'UDC,
18:55l'Union des couillons.
18:56On a aussi un candidat
19:00du PDL,
19:01proche de De Loutri,
19:02condamné à 9 ans
19:03pour association mafieuse.
19:06Comme vous voyez,
19:07on a du beau monde
19:07à Partinico.
19:09Pino,
19:10toi t'envoies des mafieux ici.
19:11Tu la vois la mafia ?
19:12Elle est où la mafia ici ?
19:14Attends, attends, attends.
19:16Laisse-moi les regarder
19:17dans les yeux.
19:21Non, eux,
19:22c'est juste des crétins.
19:23Mais en termes mafieuses,
19:27il n'est pas toujours
19:28facile de savoir
19:29si ceux à qui s'adresse Pino
19:30sont ses amis
19:31ou ses ennemis.
19:33Cet homme en costume sombre,
19:34par exemple.
19:36Que pensez-vous
19:36de Télé-Yatto
19:37et de Pino Magnacci ?
19:38C'est un bon journaliste.
19:40Il y a de la mafia
19:41à Partinico ?
19:43Des gens mauvais,
19:44il y en a
19:44dans toute l'Italie
19:46et dans le monde entier.
19:48Et pas particulièrement
19:49à Partinico.
19:50Oh, Partinico !
19:52Et avec cet homme,
19:54Pino n'a plus du tout
19:55envie de plaisanter.
19:56S'il aime bien
19:58Télé-Yatto,
19:59c'est qu'il a changé
19:59de mentalité.
20:01Si c'est le cas,
20:02ça me fait plaisir.
20:03Mais ici,
20:04on dit que celui
20:05qui naît
20:05avec une tête ronde
20:06ne peut pas mourir
20:08avec une tête carrée.
20:12On ne change pas
20:13comme ça en Sicile.
20:14Mais Pino le salue
20:15quand même,
20:16de loin.
20:16pas de réponse
20:20car en fait,
20:21la tension
20:22est bel et bien
20:23réelle.
20:27Corleone,
20:28au cœur de la Sicile,
20:30à 50 km de Palerme,
20:31une petite ville
20:32de 11 000 habitants
20:33connue dans le monde entier
20:35grâce à un film,
20:36Le Parrain.
20:39Corleone s'amuse
20:40de sa réputation sulfureuse.
20:43Dans ce petit bar,
20:43nous retrouvons
20:44notre journaliste,
20:45Pino Maniaci.
20:55Vous voyez,
20:56à Corleone,
20:57on exploite même
20:57la mafia.
20:59On a le digestif
20:59du parrain,
21:00la musique du parrain
21:01et dès qu'un touriste
21:02rentre,
21:03on lui met
21:03la musique du parrain.
21:05Mais ici,
21:06la réalité dépasse
21:07la fiction.
21:09Les parrains
21:10les plus sanguinaires
21:11de Cosa Nostra
21:11étaient de Corleone,
21:13comme Tottori,
21:13a surnommé le fauve,
21:15l'homme qui,
21:15dans les années 80,
21:16a lancé une guerre ouverte
21:17contre l'État italien.
21:19En 15 ans,
21:20une cinquantaine
21:21de policiers,
21:22une douzaine de magistrats,
21:23des journalistes
21:24sont assassinés.
21:25Des exécutions
21:26de plus en plus violentes,
21:27spectaculaires,
21:28comme l'attentat en 92
21:30contre le fameux
21:31juge Falcone,
21:32un des premiers
21:33à percer
21:34les secrets de la mafia.
21:36Arrêté un an plus tard,
21:37Tottorina déclara
21:38à son procès
21:39que la mafia,
21:40ça n'existe pas.
21:42A Corleone
21:43apparaît alors
21:44un nouveau parrain,
21:45Bernardo Provenzano,
21:46qui change de stratégie.
21:48Avec lui,
21:49Cosa Nostra
21:49doit se faire oublier.
21:51La mafia
21:51n'assassine
21:52qu'en dernier recours.
21:53Sous le règne
21:54de Provenzano,
21:55elle va prospérer
21:55en silence
21:56pendant plus de 10 ans.
21:57Jusqu'au 11 avril 2006,
22:03quant à 2 km de Corleone,
22:05la police fait irruption
22:06dans cette modeste bergerie.
22:08Là encore,
22:09le piège se referme
22:10grâce aux caméras
22:10et aux micros
22:11disposés par les forces
22:12de l'ordre.
22:14Bernardo Provenzano,
22:15si secret insaisissable,
22:16est arrêté
22:17après plus de 40 ans
22:18de cavale.
22:20Aujourd'hui,
22:21à Corleone,
22:21quand on évoque
22:22les parrains mafieux,
22:23les réactions sont étonnantes.
22:24Non,
22:27elle n'existe plus,
22:28la mafia.
22:29C'est fini.
22:30Depuis quand ?
22:31Ils sont tous en prison.
22:35On est seuls,
22:36sans papa.
22:38On disait
22:38que c'était des mafieux,
22:40mais pour nous,
22:40c'était des gens très bien.
22:43C'est tout.
22:45Elle n'existe plus
22:46et pourtant,
22:47il y a quelques mois,
22:48le fils de Totorina,
22:49Giuseppe Erina,
22:50est sorti de prison.
22:51Condamné à 8 ans
22:52pour association mafieuse,
22:54il a été relâché
22:55avant la fin de sa peine
22:56à cause d'une simple
22:57erreur de procédure.
23:00Nous voulons savoir
23:01où il habite
23:02et le rencontrer.
23:03Le sous-préfet
23:04de la région de Corleone,
23:05Carmine Mosca,
23:07accepte de nous emmener
23:07devant sa maison.
23:09Mais bizarrement,
23:10les policiers
23:11préfèrent ne pas s'attarder.
23:17C'est quoi la salle ?
23:18C'est cette rue, non ?
23:19Oui, mais on ne va peut-être
23:21pas s'arrêter.
23:21On ne s'arrête pas devant.
23:23Non, non, non.
23:23Pourquoi ?
23:24Ben, je ne sais pas.
23:25Il risque de nous uriner dessus.
23:28Ah bon ?
23:29C'est déjà arrivé ?
23:29C'est déjà arrivé, non ?
23:32Non, mais...
23:33On ne sait jamais
23:34ce qui peut arriver.
23:37Mais c'est où exactement ?
23:39C'était au numéro 24.
23:42C'était au numéro 24.
23:44La police nous prévient,
23:46mais après coup.
23:46Même un policier
23:48ne plaisante pas
23:49avec cet homme-là.
23:50Il l'observe,
23:51mais à distance.
23:52On le voit en ville ?
23:54Oui, il se balade avec sa soeur,
23:57souvent aussi avec son beau-frère.
24:00Sous contrôle judiciaire,
24:02Giuseppe Lina doit se présenter
24:03au commissariat
24:04trois fois par semaine.
24:06C'est à ce moment-là
24:07que nous avons tenté
24:08de lui parler.
24:09Je fais un documentaire
24:13pour la télévision française.
24:14On peut vous poser une question ?
24:17Non.
24:18Non ?
24:21Selon les juges
24:22et les enquêteurs italiens,
24:24Giuseppe Lina prétend devenir
24:25le nouveau parrain
24:26de Cosa Nostra.
24:30C'est une affaire
24:31qui intéresse
24:31au plus haut point
24:32Pinomeniaci.
24:33Il est ici comme chez lui.
24:36On a rendez-vous
24:36avec le maire de Corleone.
24:39Pinomeniaci veut savoir
24:42ce que le maire pense
24:43du retour de Giuseppe Lina.
24:45Comme souvent ici
24:46quand on parle de mafia,
24:47une interview sous escorte.
24:50Comment les habitants
24:53de Corleone vivent-ils
24:53le fait que Giuseppe Lina
24:55soit de retour
24:56et qu'ils se promènent
24:57libre dans les rues de la ville ?
25:00Ils le vivent
25:02comme on le vit tous,
25:04avec beaucoup d'attention.
25:07Heureusement,
25:08les forces de l'ordre
25:08surveillent de près,
25:09M. Rina.
25:12Et pour le moment,
25:13je dois dire
25:13qu'il n'y a pas de raison
25:14de renforcer la surveillance.
25:17Mais c'est sûr
25:18que cette présence
25:19nous préoccupe.
25:27Pinomeniaci
25:28mène une guerre
25:29sans fin
25:29contre l'impunité
25:30dont bénéficient
25:31certains membres
25:32présumés
25:32de Cosa Nostra.
25:33Ce jour-là,
25:36il poursuit une autre enquête
25:37à haut risque
25:38dans la région
25:39de Patinico.
25:48C'est filmé par sa fille
25:49et assisté par son fils
25:51qu'il s'attaque
25:52aux familles mafieuses.
25:54Pino adore en rire.
25:55Oui,
25:58je travaille en famille.
26:00Moi aussi,
26:00j'ai le sens
26:01de la famille.
26:03Famille contre famille,
26:04voici le principal
26:05adversaire du journaliste.
26:07Vito Vitale,
26:08un tueur redoutable.
26:10Il a participé
26:10notamment
26:11à l'assassinat
26:11d'un enfant
26:12de 13 ans,
26:13étranglé
26:14et dissout
26:14dans l'acide.
26:17Le chef mafieux
26:18purge une peine
26:19de prison
26:19à perpétuité.
26:21Mais la famille Vitale
26:22règne encore
26:23sur la région.
26:23Alors Pino Magniacci
26:26a décidé aujourd'hui
26:27de dénoncer
26:27les agissements
26:28du clan.
26:29Ses murs,
26:30encore debout,
26:31étaient ceux
26:31d'une exploitation
26:32agricole.
26:33Les Vitale,
26:33il avait construite
26:34sur un terrain
26:35appartenant
26:36à la commune.
26:40Cette exploitation
26:41était le symbole
26:42du pouvoir mafieux
26:43à Patinico.
26:47Les gens n'osaient pas
26:47s'approcher,
26:49sauf pour venir
26:49faire allégeance
26:50ou pour faire
26:51le fameux
26:52baise-main
26:52aux mafieux.
26:53à les mafioses.
26:57Pino Magniacci
26:57veut que ce symbole
26:58soit complètement rasé.
27:01Son combat
27:02commence il y a deux ans
27:03par une manifestation
27:04anti-mafia
27:05sur place.
27:07Pino mène campagne.
27:14Résultat,
27:15les autorités locales
27:16réagissent
27:17et ordonnent
27:18la démolition.
27:20Mais l'entrepreneur
27:21chargé de détruire
27:22le bâtiment
27:22a reçu des menaces.
27:24Il a donc cessé
27:25les travaux.
27:27Alors aujourd'hui,
27:28pour son journal
27:29de la mi-journée,
27:30Pino relance le dossier
27:31et n'hésite pas
27:32à nommer ses adversaires.
27:33« Comment est-ce possible
27:36qu'un enfant de la mafia
27:38puisse encore
27:38contrôler notre territoire ? »
27:43en se moquant totalement
27:45des institutions.
27:45« Je dénonce
27:48Leonardo Vitale,
27:49fils de Vito,
27:51pour ce nouvel abus. »
27:54Car les deux fils
27:55de Vito Vitale,
27:56âgés de 16 et 21 ans,
27:58auraient repris le flambeau.
28:00L'un d'eux a agressé Pino
28:01il y a quelques mois à peine.
28:04Depuis,
28:05le journaliste
28:05a été placé sous escorte.
28:07Retour à Palerme,
28:10au quartier général
28:11des Carabiniers.
28:13Les hommes du colonel Manucci
28:14n'ont toujours pas lancé
28:15leur coup de filet
28:16contre la mafia de la viande.
28:17Le colonel fait les 100 pas.
28:20Il surveille les écrans.
28:21Il espère que les chefs
28:22mafieux présumés
28:23vont de nouveau se retrouver
28:24dans le lavage automatique
28:25qui est leur point
28:26de rendez-vous habituel.
28:28À l'autre bout de la ville,
28:30ces hommes trompent leur ennui
28:32en essayant de rester
28:33le plus discret possible.
28:34C'est quoi la plus grande difficulté ?
28:39C'est leur territoire ici.
28:41C'est difficile
28:41de ne pas se faire repérer.
28:45Il faut bouger constamment,
28:47sinon,
28:47ils finissent par comprendre.
28:50Il y a des indiques ?
28:53Oui, oui, oui.
28:54Ils se baladent en scooter.
28:56Une information tombe.
28:58À quelques rues d'ici,
28:59les carabiniers viennent d'arrêter
29:00un des complices présumés du gang
29:02en prétextant
29:03un simple contrôle routier.
29:05Ils vont essayer
29:05de le garder au chaud
29:06le plus longtemps possible.
29:08Il a été arrêté
29:09par une patrouille ?
29:10Oui,
29:11il s'émule un simple contrôle
29:12de son deux roues.
29:13Il circulait sans casque,
29:14mais c'est pas pour ça
29:15qu'il nous intéresse, évidemment.
29:2218h44,
29:23enfin, ça bouge.
29:25Deux hommes en scooter
29:26arrivent au lavage automatique.
29:27Ce sont eux,
29:35ce sont eux,
29:35Samson est sur le scooter.
29:37Ils sont en train de parler.
29:39Allez-y,
29:39allez-y vite.
29:41Samson est en train
29:41de s'en aller.
29:43Dépêche-toi,
29:44ils sont à deux sur un scooter.
29:45Ils sont en train de sortir,
29:46dépêche-toi.
29:48Vas-y,
29:49vas-y.
29:51Vas-y.
29:51Des carabiniers en embuscade
29:54vont arrêter l'amo-scooter,
29:55puis entrer pour interpeller
29:57ses deux complices.
29:58Vous l'avez eu,
29:59Samson ?
30:00En chemise blanche,
30:01l'un des suspects
30:02met les mains en l'air.
30:04Il a 33 ans,
30:05c'est sa première arrestation.
30:12Et voici ses deux comparses,
30:13âgés de 21 et 38 ans.
30:15Il a dit de faire
30:16de l'océrente
30:17si tu as prévu.
30:21C'est bon ?
30:26On les a tous ?
30:27Ok, super.
30:28On envoie la suite.
30:31On peut passer
30:32à la deuxième phase,
30:33l'interpellation
30:34des lieutenants.
30:38L'ordre est donné
30:39à la deuxième équipe
30:39d'arrêter le motard
30:40retenu depuis deux heures
30:41par des carabiniers
30:42en uniforme.
30:43L'homme ne se doutait
30:44de rien.
30:45Jusqu'à ce que
30:45les carabiniers cagoulaient,
30:47les hommes de la lutte
30:48anti-mafia,
30:49arrivent.
30:51Mais il reste
31:00une autre interpellation,
31:01plus compliquée celle-là.
31:04C'est une zone dangereuse ?
31:06Oui, c'est dangereux
31:09parce que c'est un quartier
31:10où la criminalité organisée
31:12est très présente.
31:13Il y en a qui peuvent
31:17venir prêter main-forte
31:18aux mafieux.
31:20Les voisins,
31:21la famille,
31:22ils peuvent essayer
31:23de s'interposer
31:24pour nous empêcher
31:25de l'embarquer.
31:29Deux voitures
31:29de carabiniers
31:30sont venues en renfort.
31:32Ici,
31:33les rues étroites
31:33peuvent se refermer
31:34comme un piège.
31:35Comme toujours,
31:40lors des arrestations
31:41de mafieux,
31:42la situation est vécue
31:43de manière presque théâtrale.
31:44Ils étaient sous le choc
32:08et ils ne s'y attendaient
32:09pas du tout.
32:10A Palerme,
32:13quand les carabiniens
32:14ont interpellé
32:14des mafieux,
32:15ils doivent rentrer
32:16le plus vite possible
32:17au quartier général.
32:18Une embuscade
32:19est toujours possible.
32:20...
32:21...
32:22...
32:25...
32:27...
32:29...
32:31...
32:33...
32:35...
32:36...
32:38Il va dire
33:08à son frère
33:08à son frère
33:08de s'enfuir.
33:10Oui.
33:11Moi, ça s'est passé
33:12comme prévu,
33:13mais ils nous ont fait suer
33:15toute la journée.
33:16Les présumés
33:17racketteurs
33:18des boucheries de Palerme
33:19sont maintenant auditionnés.
33:21Dans leur acte d'accusation,
33:22le résultat de deux ans
33:23d'enquête.
33:24Ils risquent jusqu'à
33:2515 ans de prison
33:26car l'argent du racket
33:27finançait un trafic
33:27de cocaïne.
33:29Suspects et policiers
33:30ne se sont jamais rencontrés,
33:31mais entre eux,
33:32nous découvrons
33:32une étonnante relation.
33:34Un des chefs s'étonnent
33:35que son frère
33:35ne fasse pas partie
33:36des interpellés.
33:38Et mon frère, alors ?
33:42Ah, ça t'a surpris ?
33:43Eh bien, moi aussi,
33:44figure-toi.
33:46Pourtant,
33:46j'ai vu son nom
33:47dans le dossier.
33:49Oui, au début,
33:50mais pas à la fin.
33:51Le juge l'a bien aimé.
33:53Et moi,
33:53il m'aime pas ?
33:54Non.
33:54Et non.
33:59Allez, sois sage.
34:00Cette nuit,
34:01les 12 mafieux présumés
34:03dormiront en cellule.
34:04Dans la cour,
34:05tout le monde est prêt
34:05pour le transfert.
34:07C'est une tradition
34:07de Cosa Nostra.
34:09Les proches viennent saluer
34:10ceux qui partent en prison.
34:11Sans sirène.
34:14Oh, j'ai dit sans sirène.
34:17Mais entre la caserne
34:18et la prison,
34:19le parcours risque
34:20d'être périlleux.
34:21Les familles provoquent
34:22les gendarmes.
34:22Et ce soir-là,
34:24on va frôler l'incident.
34:44Si les arrestations
34:46se multiplient
34:46depuis un an en Sicile,
34:48c'est parce que
34:48les forces de l'ordre
34:49ont mis la main
34:49sur d'incroyables documents
34:51appartenant à l'Opicolo.
34:52le dernier parrain de Palerme.
34:54Nous retrouvons
34:55le commissaire Descentis,
34:56chef de la brigade anti-mafia.
34:58Grâce aux archives
34:59de l'Opicolo
35:00arrêtés à l'automne 2007,
35:02ce policier a pu comprendre
35:03comment le parrain
35:04dirigeait son organisation.
35:06Tous les secrets de la mafia
35:07sur de minuscules bouts de papier,
35:09on les appelle les pizzini.
35:15Quand ils sont envoyés,
35:17les pizzini ressemblent
35:18à de petits cylindres.
35:22Je vais vous montrer
35:25comment on les trouve
35:25en général.
35:31Ici,
35:32on écrit le message.
35:35Ensuite,
35:36on l'enroule
35:36le plus serré possible.
35:41On le plie.
35:42aussi bien
35:48l'Opicolo
35:49que Provenzano
35:50écrivait sur l'extérieur
35:53un chiffre
35:54ou un nom
35:54correspondant au destinataire
35:55avant de fixer
35:58le billet
35:58avec du scotch.
36:03Ce moyen de communication
36:05est très archaïque,
36:06mais il est très efficace
36:08parce qu'il permet
36:09au destinataire
36:10d'être sûr
36:10que personne avant lui
36:11n'avait pu lire
36:13le message.
36:17Ces images
36:18de reconstitution
36:19montrent comment
36:20les membres
36:20de la mafia
36:21se passent
36:21des pizzini
36:22de main en main.
36:22Inventés
36:24il y a une dizaine
36:24d'années,
36:25ils sont le meilleur
36:26moyen de déjouer
36:26les écoutes
36:27de la police
36:27même s'ils peuvent
36:28mettre jusqu'à 15 jours
36:29pour parvenir
36:30à leur destinataire.
36:31Dans ces missives,
36:32on parle de tout,
36:33de raquettes bien sûr,
36:34mais aussi de recettes
36:34de cuisine,
36:35de futurs mariages
36:36ou de meurtres
36:37ou encore
36:38des règles à respecter.
36:44C'est incroyable
36:45qu'en 2008,
36:46le rite d'affiliation
36:47à Cosa Nostra
36:48soit encore
36:49exactement le même
36:50qu'il y a 30,
36:5140 ou 50 ans.
36:52Et puis qu'il existe
36:55encore le code
36:56du parfait mafieux.
37:00Nous l'avons retrouvé
37:01parmi les pizzini
37:02de Sandro
37:03et Salvatore
37:04Lopiccolo.
37:09On ne regarde pas
37:09les femmes
37:10de nos amis,
37:11on ne fait jamais
37:11de comparaison
37:12avec les poulets,
37:13on ne fréquente
37:13ni les tavernes
37:14ni les cercles.
37:15On doit toujours
37:16être disponible
37:16pour l'organisation
37:17même si notre femme
37:18accouche.
37:19c'est ainsi
37:21que pour la police,
37:22les secrets
37:23de Cosa Nostra
37:24tombent les uns
37:25après les autres.
37:26Mais la mafia
37:27n'a pas dit
37:28son dernier mot.
37:29Bienvenue au journal
37:32de Téléato.
37:34Malgré les coups de pied,
37:36les coups de poing
37:36et l'agression,
37:38Pino Magnacci
37:39est toujours là,
37:39en direct,
37:40à l'antenne,
37:41malgré les bleus.
37:44Un œil au beurre noir,
37:45Pino Magnacci
37:46a été roué de coups
37:47par l'un des fils
37:48de Vitale,
37:49le tueur de la mafia.
37:50« Quoi qu'il arrive,
37:52nous continuerons
37:53tous les jours
37:54de vous informer. »
37:57Malgré les risques,
37:58il poursuit son combat
37:59contre le clan.
38:03Une voiture de carabinier
38:04le suit
38:05dans tous ses déplacements.
38:12Ici,
38:12on entre dans une zone chaude,
38:14très très chaude.
38:16Pino est une cible
38:17pour la mafia,
38:18mais il est aussi
38:19dans la peau du chasseur.
38:20À quelques kilomètres de là,
38:21il a repéré
38:22une nouvelle construction
38:23illégale des Vitale,
38:24l'occasion pour lui
38:25d'enfoncer le clou.
38:28« Ici,
38:28ça s'appelle
38:29le canton de Vernazza.
38:32C'est encore une ferme
38:33bâtie sur un terrain
38:34qui n'appartient pas
38:35au clan des Vitale. »
38:39« Les propriétaires
38:43sont deux personnes âgées
38:44d'environ 80 ans.
38:47Ils vivent à Palerme
38:48et peut-être
38:49qu'ils ne savent
38:50même pas
38:50qu'une exploitation
38:51a été construite
38:52sur leur terrain.
38:53Imaginez un peu,
38:55ils avaient installé
38:55700 mètres de câbles
38:56pour voler l'électricité. »
39:00Pino voudrait secouer
39:03la passivité des Siciliens.
39:04À travers ses reportages,
39:06il tente de faire partager
39:07son indignation,
39:09de réveiller leur fierté.
39:12« Est-il possible
39:14qu'un jour,
39:15on se libère
39:15de ce poids
39:16qui pèse encore
39:17sur notre territoire ?
39:19Comment un garçon
39:20de 20 ans,
39:2121 ans,
39:24peut-il imposer
39:25tant de terreurs ? »
39:28C'est la réponse.
39:29« Mais si nous continuons
39:30ainsi,
39:31sur notre terre,
39:33c'est que rien n'a changé
39:34et rien ne changera. »
39:38« Vous avez entendu
39:39ce que me dit Giovanni ?
39:40Mon fils me dit
39:41qu'il faut que je me prépare
39:42à recevoir
39:43de nouveaux coups de poing.
39:44Parce qu'aujourd'hui,
39:45avec ce reportage,
39:47on va clairement
39:47les mettre en rogne. »
39:50Toujours escorté
39:51par la police,
39:52Pino rentre
39:53à la rédaction.
39:54Il est 12h35
39:55et le journal
39:56commence à 14h.
39:58« Ouais,
39:59ça s'est bien passé.
40:00Maintenant,
40:00espérons que ça va
40:01bien se passer. »
40:02Son escorte
40:03l'accompagne
40:03jusqu'à sa petite télévision.
40:11Le journal de téléyat
40:13au dur deux heures.
40:14On dit que c'est
40:14le plus long du monde.
40:16Rédaction,
40:16salle de montage,
40:17studio d'enregistrement,
40:19tout tient dans un
40:20trois pièces.
40:21Et c'est le royaume
40:22de la bricole.
40:22Il y en a qui disent
40:27qu'à chaque fois
40:27que le journal
40:28de téléyat au commence,
40:29c'est un miracle.
40:31Et c'est toute la famille
40:32qui participe
40:33à ce petit miracle
40:34au quotidien.
40:34Son fils Giovanni,
40:3620 ans,
40:36et sa fille Laetitia,
40:3723 ans.
40:40« J'avais 15 ans
40:41quand j'ai commencé.
40:44Et je m'y suis mise
40:45petit à petit. »
40:48« Et travailler avec papa,
40:49c'est difficile ? »
40:51« Ce n'est pas toujours facile.
40:52Il a un caractère
40:55un petit peu difficile. »
40:58« Bon,
40:59tu l'as corrigé,
41:00le texte,
41:00sur le cinquième repenti ? »
41:03« C'est fait ? »
41:04« Parfait. »
41:06« Télé Yato
41:07est une télévision associative
41:08qui vit grâce
41:09à la générosité
41:10de ses téléspectateurs.
41:11Pino s'est lancé
41:12dans l'aventure
41:13un peu par hasard.
41:14Moi, je l'ai reprise
41:17en 1999.
41:20C'était une télé
41:21d'un parti politique.
41:24Et comme ça,
41:25presque par jeu,
41:27cette andouille de Pino
41:28a repris la télévision.
41:31Et ensuite,
41:31presque par jeu,
41:32on a commencé
41:33la lutte contre la mafia. »
41:36« Et ce jeu,
41:37c'est aujourd'hui
41:37toute sa vie. »
41:40« Laetit,
41:41ça ne me plaît pas. »
41:44« Mais la plus au centre. »
41:47« Parfait. »
41:50« Ok. »
41:52« Attends,
41:53que je me fasse beau. »
41:55« Les cheveux,
41:57la cravate. »
41:59« On se remet la cravate en place. »
42:03« Parce que certains disent
42:04que quand le journal
42:05de Téléato commence,
42:07c'est l'antimafia
42:07qui passe à l'antenne. »
42:10« C'est parti ! »
42:1414h15,
42:15le journal commence.
42:18« Vous venez de l'entendre
42:20dans les titres.
42:20Aujourd'hui,
42:21en exclusivité,
42:22les images
42:22de la nouvelle exploitation
42:24des vitales. »
42:26Ce reportage
42:27l'expose davantage encore
42:28que les autres
42:29à des représailles.
42:30Ses enfants le savent,
42:31ils sont inquiets
42:31même si papa
42:32continue de crâner.
42:34« Qu'est-ce que t'as ? »
42:36« T'as peur ? »
42:37« Mais t'es malade. »
42:38« Allez, lâche-moi. »
42:43« Elle s'inquiète
42:47pour son papa. »
42:49Laetitia a raison
42:50d'avoir peur
42:51car Pino et sa famille
42:52vont encore subir
42:53en menace et représailles.
42:56Mais le journaliste
42:56va finalement avoir
42:57gain de cause.
42:58Un mois après
42:59notre tournage,
43:00la ferme illégale
43:01des Vitale
43:02sera enfin
43:03complètement rasée.
43:05Il aura fallu
43:05pour cela
43:06l'intervention
43:06de l'armée.
43:08Une armée,
43:08c'est un comble
43:09protégé par la police.
43:11En Sicile,
43:12deux précautions
43:13valent mieux qu'une.
43:15Car pour préserver
43:16leur ferme,
43:17les mafieux
43:17sont capables du pire.
43:19Pour un membre
43:19de Cosa Nostra,
43:20rien de plus important
43:21que la terre.
43:22Ils, peut-être
43:23à la tête
43:23d'un empire
43:24ramassés des fortunes,
43:25sont bien le plus précieux,
43:26le symbole de sa puissance,
43:28c'est la terre.
43:29Depuis dix ans,
43:30Salvatore cultive
43:31des terrains agricoles
43:32confisqués
43:33à des mafieux.
43:34Une centaine
43:35d'hectares en tout
43:35et ce n'est pas
43:37sans risque.
43:40Il y a quelques semaines,
43:43quelqu'un a encore une fois
43:44essayé de mettre
43:44le feu à ce champ.
43:46Mais des voisins
43:48l'ont vu
43:48et on a pu
43:48l'éteindre à temps.
43:49S'il n'y avait eu
43:52personne,
43:52tout aurait brûlé
43:53à nouveau.
43:56Les membres
43:57de sa coopérative
43:57n'ont jamais reçu
43:58de menace de mort.
43:59Alors la police
44:00ne juge pas nécessaire
44:01de leur consacrer
44:02une protection.
44:03Mais la situation
44:04n'est pas facile.
44:08Nous ne sommes pas
44:09une entreprise
44:10comme les autres.
44:11Nous sommes une coopérative
44:12qui travaille
44:13sur les biens confisqués
44:14et donc on a
44:16des millions
44:16de difficultés
44:17à gérer nos terres.
44:19Tout peut nous arriver
44:22à nous
44:23et à nos terres.
44:29Drôle d'ambiance,
44:30surtout quand
44:30les anciens propriétaires
44:31de ces champs,
44:32de grands chefs mafieux
44:33habitent encore
44:34juste à côté.
44:40Nous allons
44:40sur un de nos champs.
44:43C'est un champ
44:44qui est encerclé
44:44par les terrains
44:45de l'ancien propriétaire.
44:46Il est à l'intérieur
44:48de son exploitation.
44:52On y est.
44:56À chaque fois
44:56qu'on va travailler,
44:57on passe par chez lui.
44:59On a l'usufruit
45:00de la route
45:00et quand on le croise,
45:02on se salue.
45:03pour cultiver ces terres,
45:09la coopérative
45:09de Salvatore
45:10qui a peu de moyens
45:11reçoit l'aide
45:12de volontaires
45:12venus de toute l'Italie.
45:14Ce sont des étudiants,
45:16parfois même
45:16des lycéens.
45:17Aller, on prend les pioches.
45:23On vient d'arriver
45:25et on mange déjà.
45:28Chiara est une des volontaires.
45:30Elle vit à Florence
45:31et elle a 17 ans.
45:35Je suis venue
45:35car à Florence,
45:36on parle beaucoup
45:37de la situation de la Sicile.
45:38Mais personne ne fait jamais rien.
45:42Alors je me suis dit
45:43allons-y voir
45:44comment c'est vraiment.
45:44et puis c'est une manière active
45:48de combattre la mafia.
45:51Malgré leur bonne volonté,
45:52ces jeunes militants
45:53sont des citadins.
45:54Deux fois plus de travail
45:55pour Salvatore.
45:58Là, c'est des tomates.
46:00Quoi ?
46:01Tu ne les vois pas ?
46:02Oh, ouvre les yeux.
46:08Et parmi ces volontaires,
46:10il n'y a aucun Sicilien.
46:12Pas facile de faire évoluer
46:14les mentalités.
46:16On y travaille.
46:19Mais la culture sicilienne
46:21est encore arriérée.
46:22Il y a encore beaucoup de peur.
46:26Et donc,
46:27ils n'osent pas montrer
46:28qu'ils sont avec nous.
46:31Et même si quelques jeunes
46:32aimeraient venir,
46:33les parents, eux,
46:35ne les laissent pas.
46:36Il y a trois coopératives
46:41comme celle-ci
46:41autour de Corleone.
46:43Toutes sont confrontées
46:44aux mêmes difficultés.
46:51Nous retrouvons Vincenzo,
46:53le restaurateur palermitain
46:54qui a désigné ses racketteurs
46:56devant un tribunal.
46:57depuis plus de deux ans,
46:5824 heures sur 24,
46:59il est escorté
47:00par des carabiniens civils.
47:03En italien,
47:04on appelle cela
47:05una vita blindata,
47:06une vie blindée.
47:07Le restaurateur
47:19aurait largement
47:20les moyens
47:20de refaire sa vie ailleurs,
47:22d'oublier Palerme.
47:23Mais il ne veut pas partir
47:24car il aime cette ville.
47:34Voici la cathédrale de Palerme.
47:35C'est une des cathédrales
47:37les plus belles d'Europe.
47:39J'aime beaucoup ma ville.
47:42C'est une ville magnifique
47:43avec un charme très particulier
47:45grâce à toutes les dominations
47:48étrangères qu'elle a connues.
47:52Dans un mois,
47:53Vincenzo doit témoigner
47:54dans un nouveau procès
47:55anti-mafia.
47:57Aujourd'hui,
47:57cinq policiers
47:58assurent sa protection quotidienne.
48:02Quant à Pino Magnacci,
48:04il a encore subi
48:04des représailles.
48:05Sa voiture a été incendiée.
48:08Bien plus grave,
48:09un inconnu a tenté
48:10de renverser Giovanni,
48:11le fils de Pino,
48:12alors qu'il circulait à moto.
48:15Il en a réchappé de justesse.
48:22Huit journalistes
48:23ont été tués
48:23par Cosa Nostra
48:24depuis 40 ans.
48:27Elle a une jeunesse horrible.
48:29Toujours travailler,
48:30toujours courir
48:31derrière son papa.
48:32Elle n'en peut plus.
48:33Mais la famille Magnacci
48:38continue son combat,
48:39d'ores et déjà exemplaire.
48:41Pour preuve,
48:41l'histoire récente
48:42d'un téléspectateur
48:43de Télé Yato,
48:44victime d'une agression
48:45mafieuse
48:46qui a brisé l'omerta
48:47en citant Pino.
48:48Cet homme est allé
48:52directement au commissariat
48:54et il a dit
48:55« Je suis venu dénoncer
48:56le boss Antonio Nania
48:58qui a essayé de me tuer
49:00car Télé Yato m'a appris
49:02qu'il fallait faire ainsi.
49:04Ce sont des choses
49:06qui émeuvent.
49:07Ça veut dire
49:10qu'on est sur la bonne voie.
49:14Ils devront me tuer
49:15pour m'arrêter.
49:19Espérons que ça n'arrive pas.
49:24T'as réussi
49:27à me faire pleurer.
49:28Bon, allez.
49:33Bon, allez.
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