Deux Français se disputaient un coin de paradis en République dominicaine et, au final, l'un des deux est mort le 15 septembre 2003, abattu de trois balles devant sa villa de Cassis. Un crime presque parfait. Car comment soupçonner l'autre, à 8 000 kilomètres de là ? Un tir de professionnel sur Orlando Capozzi, homme d'affaires aguerri de 39 ans. Pour les policiers marseillais, les pistes sont inexistantes mais, deux jours plus tard, un informateur se présente à eux et leur livre trois noms : Malon, Spadoni et Giustiniani. Le commanditaire, l'assassin et le complice.
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00:00:30Michel Malon, pilote de chasse, ceinture noire, bouddhiste, père de famille,
00:00:36pas du gibier de cour d'assise.
00:00:38Et pourtant.
00:00:39Cette histoire, c'est celle d'un entêtement sur fond de soleil et de cocotier,
00:00:43une rivalité entre deux hommes, deux français,
00:00:46qui se disputaient un coin de paradis en République Dominicaine.
00:00:50Au final, l'un est mort, abattu de trois balles près de Marseille,
00:00:53comment soupçonner l'autre à 8000 kilomètres de là ?
00:00:57Presque un crime parfait.
00:00:58Les policiers ont mis des mois à démêler cette affaire.
00:01:04Cassis, ses falaises, sa vue imprenable, un refuge pour la bourgeoisie marseillaise.
00:01:10C'est là qu'Orlando Capodgie et sa femme Christine
00:01:12se font construire une belle villa dans la Pinède.
00:01:15Un chantier qu'ils suivent régulièrement.
00:01:18Ce lundi 15 septembre 2003, la visite se termine vers 10h,
00:01:22les époux ont affaire, chacun de leur côté.
00:01:25On s'est séparés en se faisant un petit bisou.
00:01:28Et je suis retournée à mon véhicule.
00:01:34Et puis je voyais qu'il démarrait pas et que les feux stop avaient été allumés.
00:01:41J'ai entendu comme un pétard.
00:01:44Donc je pensais que c'était sa voiture parce qu'elle avait un problème d'échappement
00:01:49et puis comme je voyais qu'il reculait pas, il avançait pas,
00:01:52j'ai dit hop, il est en panne.
00:01:54Donc je suis descendue de mon véhicule et je me suis dirigée vers le sien.
00:02:02Je tape à la vitre, il bougeait pas, il était là, les yeux ouverts.
00:02:09J'ai vu qu'il me parlait pas, donc j'ai pensé qu'il avait un problème cardiaque
00:02:13vu qu'il était... il avait un pacemaker.
00:02:17Et c'est quand j'ai posé ma main sur son coeur
00:02:20que j'ai vu tout le sang.
00:02:24Je comprenais pas d'où ça pouvait arriver.
00:02:26Mon regard s'est tourné vers le pare-brise et j'ai vu des impacts de balles.
00:02:35J'ai hurlé, j'ai crié, j'ai entendu des pas partir dans la colline.
00:02:42Ensuite les secours sont arrivés.
00:02:44Ils ont sorti Orlando de la voiture.
00:02:47Ils l'ont allongé, ils ont essayé de le réanimer.
00:02:50Mais c'était trop tard, il avait pris trois balles.
00:02:56Les enquêteurs m'ont dit que ça avait été une exécution,
00:02:59qu'on voulait vraiment pas qu'il s'en sorte.
00:03:03Daniel Capozzi, vous êtes la mère d'Orlando
00:03:06et vous vous êtes rendu sur place dès l'annonce de la mort de votre fils.
00:03:10Oui, ce lundi matin, à dix heures moins le quart,
00:03:14le téléphone sonne, j'étais en train de jardiner.
00:03:17Je vois que c'est Christine, ma belle-fille, qui m'appelle.
00:03:20Je... Je... Je... Je...
00:03:23Je... Je... Je... Je...
00:03:26Je... Je... Je... Je... Je...
00:03:29C'est Christine, ma belle-fille, qui m'appelle.
00:03:32Je réponds et j'entends des hurlements.
00:03:35Dany, au secours, venez vite, on vient de tirer sur Orlando.
00:03:38Il est plein de sang, il me répond plus.
00:03:41Je suis seule, venez vite, venez vite.
00:03:44Je suis pétrifiée, on a tiré sur Orlando.
00:03:47Bon, je prends la voiture.
00:03:50Cinq minutes après, j'arrive à la villa.
00:03:53Je contourne la voiture.
00:03:56En plein soleil, je vois de suite
00:03:59trois trous dans le pare-brise.
00:04:02Je m'approche de mon fils qui est dedans, assis.
00:04:05Je lui parle.
00:04:08Je lui dis Orlando, ça va ?
00:04:11Il a les yeux grands, tout verts, ses beaux yeux verts.
00:04:14Regardez la colline en haut.
00:04:17À ce moment-là, le médecin, qui est une doctoresse,
00:04:20vient à moi.
00:04:23Quand on est arrivé, vous savez, on l'a tué trois fois.
00:04:26Chaque balle l'a tuée.
00:04:29Il n'y en aurait eu qu'une, n'importe laquelle.
00:04:32Il était mort.
00:04:35Et il avait des ennemis, votre fils ?
00:04:38Comment vous expliquez à ce moment-là cette chose-là ?
00:04:41Des envieux, des jaloux, peut-être.
00:04:44C'est un garçon, il avait tellement.
00:04:47Il était beau, il était riche.
00:04:50Il s'est sûrement pas dénommé.
00:05:00Commandant Jean-Pierre Paradisini,
00:05:03à l'époque, vous êtes à la crime de Marseille.
00:05:06Quelles sont vos toutes premières investigations sur place ?
00:05:09Là, c'est un peu particulier.
00:05:12D'une part, vous savez, la criminelle a toujours des doutes.
00:05:15Toute personne est suspecte.
00:05:19Il n'y a pas de témoin.
00:05:22On va écarter par la suite cette hypothèse-là,
00:05:25puisqu'il n'y aura pas de traces de poudre sur les mains de Mme Canuelle.
00:05:28Les vérifications qu'on fera par la suite
00:05:31feront en sorte que cette hypothèse soit écartée.
00:05:34Et la deuxième hypothèse, bien sûr,
00:05:37c'est que le tir vient du haut de la colline.
00:05:40Mais vous parvenez à identifier le lieu du tir ?
00:05:43On n'arrive pas à parvenir.
00:05:46La ballistique, par les 2 ou 3 points
00:05:49de détermination de la trajectoire,
00:05:52délimite un endroit,
00:05:55mais n'arrive pas à délimiter exactement le lieu du tir.
00:05:58De ce fait, on n'arrive pas à retrouver
00:06:01l'emplacement précis où le tireur a fait usage de son arme.
00:06:04Donc, on est un peu dans...
00:06:07On ne trouve pas de munitions sur place.
00:06:10On ne trouve pas, bien sûr, de carabines, etc.
00:06:13On ne sait pas trop où on va aller.
00:06:16Nous avons un tireur.
00:06:23Un tir effectué à distance avec une arme longue,
00:06:26c'est une pratique qui n'est pas courante
00:06:29même dans la région.
00:06:32La façon de tuer, c'est une façon qui est rarissime.
00:06:35Moi, qui exerce depuis des années et des années
00:06:38sur des affaires criminelles dans la région,
00:06:41dans le Midi, en Marseille en particulier,
00:06:44c'était la 1re fois qu'on avait, de toute évidence,
00:06:47quelqu'un qui était abattu au moyen d'une carabine
00:06:50de chasse et à longue distance.
00:06:53Un peu comme dans les films américains.
00:06:56Il y a une part de supputation
00:06:59sur d'éventuelles ramifications peut-être avec l'étranger,
00:07:02d'un contrat avec un tueur professionnel.
00:07:05Un tueur professionnel, une arme longue,
00:07:08un contrat qu'a bien pu faire Orlando Capozzi
00:07:11pour être abattu comme un mafieux.
00:07:14Les policiers plongent dans sa vie.
00:07:17Il découvre qu'Orlando est fils unique.
00:07:20Son père a ouvert plusieurs bijouteries à Marseille.
00:07:23L'une d'elles est même très connue sur la cannebière.
00:07:26Sportif, dynamique, Orlando apparaît tout de suite
00:07:29comme un type sympathique.
00:07:32C'était un garçon très sociable,
00:07:35un homme très joyeux
00:07:38qui avait vraiment le sens de la camaraderie.
00:07:41Il était toujours entouré de pleins d'amis.
00:07:46Après une école de commerce,
00:07:49Orlando s'est orienté vers la gémologie,
00:07:52l'étude des pierres précieuses.
00:07:55Un diplôme qu'il a décroché aux Etats-Unis.
00:07:59Il était vraiment brillant.
00:08:02Ce qu'il faisait, en fin de compte, c'était un défi.
00:08:05Il avait une phrase bien à lui,
00:08:08c'est qu'il n'aimait pas la seconde place.
00:08:12Après quelques années de travail dans la bijouterie,
00:08:15Orlando se lance dans l'immobilier.
00:08:18Il achète et revend des appartements à Marseille.
00:08:21C'est un homme d'affaires ambitieux et pressé.
00:08:24Orlando est atteint d'une myopathie cardiaque héréditaire.
00:08:27Il a vu son père en mourir à 52 ans.
00:08:31Il savait que le temps jouait contre lui aussi,
00:08:34par rapport à sa maladie,
00:08:37donc je pense qu'il était devenu
00:08:40beaucoup plus impatient par rapport à ça.
00:08:43Beaucoup nous le disent, il a une espèce d'agressivité verbale
00:08:46souvent lorsqu'il est en contradiction avec les gens.
00:08:49Un peu trop franc, n'ayant pas peur de dire les choses
00:08:52quand ça fâche ou que ça ne fâche pas.
00:08:55Parfois jusqu'à aller droit dans le mur
00:08:58alors qu'il pouvait avoir tort.
00:09:01Il était entier.
00:09:04Entier jusqu'à chambouler toute sa vie sur un coup de tête.
00:09:07Ou plutôt un coup de cœur.
00:09:11Nous allons partir en vacances,
00:09:14rendre visite à son cousin république dominicaine.
00:09:17Et là, il décide de changer totalement de vie.
00:09:23Il avait cette volonté de réaliser un rêve familial
00:09:26avec son fils.
00:09:29Il avait cette volonté d'avoir une famille
00:09:32et d'avoir des enfants.
00:09:35Il avait cette volonté d'avoir une famille
00:09:38et de réaliser un rêve familial.
00:09:41L'envie de nous créer un petit coin de paradis
00:09:44ailleurs qu'en France.
00:09:47Ce projet, il va le monter de A à Z
00:09:50en mettant tout son cœur.
00:09:53C'était du rêve.
00:09:56Le rêve, c'est Las Terrenas,
00:09:59un village de pêcheurs perdu au nord-est de l'île.
00:10:02On l'appelle le village gaulois
00:10:06À l'époque, il n'y a ni route, ni électricité.
00:10:09Orlando est sous le charme.
00:10:15Alors il monte une société, la Saint-Joseph,
00:10:18et se lance dans la construction.
00:10:21Il achète tous les terrains qu'il trouve,
00:10:24les viabilise pour y bâtir de superbes villas
00:10:27qu'il revend à prix d'or.
00:10:30C'est un an de faire des projets immobiliers.
00:10:33C'est le moment le plus important de la région.
00:10:36Non seulement de Las Terrenas,
00:10:39de la région.
00:10:42Avec 52 terrains de plus de 3000 mètres chacun.
00:10:48Orlando voit les choses en grand.
00:10:51Il veut monter un complexe hôtelier
00:10:54avec des commerces et un casino.
00:10:57Et pour sa famille, il fait construire
00:11:01l'une des plus belles plages du pays.
00:11:04C'est un personnage haut en couleurs,
00:11:07en ayant de l'argent, en l'exposant.
00:11:10Il a une belle voiture, une jolie femme.
00:11:13Il y avait la panoplie complète de la réussite.
00:11:16Villa en France et à l'étranger,
00:11:19piscine, voiture de luxe,
00:11:22tout ça fait jaser.
00:11:25Et certains disent qu'Orlando Capozzi
00:11:28est la mafia italienne.
00:11:31Une piste que les policiers arrêtent très vite.
00:11:34On a fait des vérifications dans nos archives
00:11:37et il n'a jamais été mêlé à une affaire quelconque.
00:11:40Quand on a fait le tour de ces relations
00:11:43dans la région de Marseille,
00:11:46on s'aperçoit qu'il n'y a pas de motifs
00:11:49qui puissent provoquer une mort pareille.
00:11:53Une exécution à larmes longues.
00:11:56Forcément, ce meurtre fait du bruit à Marseille
00:11:59et les langues se délient.
00:12:02Deux jours après la mort d'Orlando Capozzi,
00:12:05un informateur balance un tuyau aux policiers.
00:12:08Il leur livre même trois noms.
00:12:11Malon, Spadoni et Giustiniani.
00:12:14D'après cet homme, c'est Malon
00:12:17qui serait le commanditaire du crime.
00:12:20Cette information est relativement précise.
00:12:23Sur Michel Malon, il nous dit
00:12:26qu'il est associé avec Orlando Capozzi,
00:12:29qu'il est installé à Saint-Domingue
00:12:32où il a monté une entreprise de construction.
00:12:35Il nous dit qu'il y a un conflit
00:12:38entre Capozzi et Malon sur des intérêts d'argent.
00:12:41Michel Malon serait en guerre
00:12:44contre Capozzi à Las Terrenas.
00:12:47Alors, il aurait décidé de l'éliminer.
00:12:50Pour commettre le crime, Malon aurait fait appel
00:12:53à l'un de ses meilleurs amis marseillais,
00:12:56Christian Spadoni.
00:12:59Il nous dit également qu'il connaît bien un assassin
00:13:02puisqu'il le connaît depuis son enfance.
00:13:05Il nous précise d'ailleurs
00:13:08que cette société de climatisation était en faillite.
00:13:11Ce Spadoni aurait donc accepté
00:13:14de tuer Orlando Capozzi.
00:13:17Et il aurait lui aussi recruté pour commettre le crime.
00:13:20C'est comme ça que l'informateur s'est retrouvé dans le coup.
00:13:23Lui et un autre homme, Yves Justignani.
00:13:26Il nous précise que ce Yves Justignani
00:13:29travaille à la RATM, la Régie des transports marseillais,
00:13:32des bus, et il nous dit
00:13:35qu'il a fait des repérages en compagnie de Spadoni
00:13:38et de Justignani.
00:13:41Il nous indique qu'il a même assisté à des essais
00:13:44qui ont été effectués par Spadoni et par Justignani.
00:13:47Les essais de l'arme, la carabine
00:13:50calibre 222,
00:13:53à part des tirs effectués sur un arbre
00:13:56dans un village du Var.
00:13:59L'informateur accepte même
00:14:02de conduire les policiers sur place.
00:14:05Là, il leur désigne un arbre.
00:14:08L'écorce porte trois impacts de balles.
00:14:11Les policiers en extraient des projectiles
00:14:14qu'ils vont comparer
00:14:17à ceux qui ont été retirés du corps d'Orlando Capozzi.
00:14:22Ces projectiles vont avoir une importance déterminante
00:14:25par la suite, puisque l'expertise va établir
00:14:28que ces projectiles ont bien été tirés
00:14:31par l'arme qui a été utilisée pour tirer sur Orlando Capozzi.
00:14:35Cette fois, les policiers
00:14:38tiennent une piste,
00:14:41même si leur informateur semble de moins en moins sérieux.
00:14:46C'est une personne
00:14:49qui, de prime abord,
00:14:52semblait quelqu'un de tout à fait normal,
00:14:55mais qui,
00:14:58sur du moyen terme, s'est avérée
00:15:01être une personne un peu fantasque, pour le moins.
00:15:04C'est un malade mental.
00:15:07Il est atteint d'une schizophrénie
00:15:10et d'une pathologie très lourde. Il est suivi par des psychiatres.
00:15:13Il a déjà fait l'objet d'internement.
00:15:16Les déclarations d'informateurs, on les prend toujours avec des pincettes.
00:15:19Mais celles-ci, on va les prendre encore plus avec des pincettes
00:15:22en raison de la pathologie psychiatrique
00:15:25dont est atteint cet informateur.
00:15:28L'homme a notamment expliqué aux policiers
00:15:31qu'au départ, il était ravi de participer à un assassinat.
00:15:34Il est enthousiaste parce que Spadoni lui a dépeint
00:15:37la situation d'une telle façon qu'il est persuadé
00:15:40que Capozzi était un personnage vraiment très dangereux.
00:15:43Et en fait, il voit
00:15:46l'action menée contre Capozzi
00:15:49comme une démarche de justice.
00:15:52Et les policiers ne sont pas au bout de leur surprise.
00:15:55Un filigrane, il est persuadé, il semble persuadé
00:15:58que Christian Spadoni fait partie des services secrets
00:16:01et en fait, il a, lui, nourri
00:16:04une espèce d'espoir de pouvoir intégrer les services secrets français
00:16:07et de pouvoir participer à ce genre d'opérations
00:16:10occultes.
00:16:16Elle est en effet un peu obsédée par
00:16:19la théorie, une théorie de complot
00:16:22perpétuel contre lui de la part de certains services secrets
00:16:25illicites, le Mossad,
00:16:28DGSE, enfin bon, il est persuadé
00:16:31d'être en effet pris en filature
00:16:34qu'on veut attenter à sa vie, etc.
00:16:37Cette idée du complot lui est venue 15 jours avant le meurtre.
00:16:40Quand Spadoni lui a présenté sa compagne,
00:16:43il a découvert qu'elle était juive.
00:16:46Et là, il a tout compris.
00:16:49Alors, il a coupé son téléphone et il est parti se planquer
00:16:52à 150 km de là, où on ne risquait pas
00:16:55de le retrouver.
00:16:58La vraie raison qu'ils le font se retirer et aller se cacher
00:17:01dans la gorge du Verdon, c'est qu'à un moment, il est parti dans son délire
00:17:04et il est persuadé que ce que Spadoni est en train d'entreprendre,
00:17:07c'est pas pour éliminer Capozzi, c'est pour l'éliminer lui.
00:17:10L'informateur est donc resté
00:17:13terré dans son refuge, la peur au ventre.
00:17:16Ce n'est que 2 semaines plus tard,
00:17:19quand il a vu dans les journaux le meurtre d'Orlando Capozzi,
00:17:22qu'il est sorti de son trou.
00:17:25Commandant Paravizini s'est indiqué
00:17:28qu'il n'est pas très clair, quand même.
00:17:31Non, effectivement, il est particulier, on va dire.
00:17:34C'est une personne haut en couleur,
00:17:37mystérieux,
00:17:40qui s'entoure d'un tas de précautions
00:17:43pour nous parler, pour se rencontrer.
00:17:46Mais est-ce qu'il vous donne quand même des éléments tangibles ?
00:17:49Il est crédible, il nous parle d'une carabine,
00:17:52on trouve le lieu, on récupère des projectiles
00:17:55et ces projectiles correspondent à ceux que nous avons récupérés
00:17:58lors de l'autopsie sur la victime.
00:18:01Cet indicateur vous donne 3 noms, qu'est-ce que vous décidez de faire ?
00:18:04Vous décidez d'aller les entendre ?
00:18:07Nous décidons de prendre des vérifications
00:18:10concernant de voir à qui on a affaire.
00:18:13Est-ce que ces gens-là se connaissent ?
00:18:16Est-ce que ces gens-là ont des liens entre eux ?
00:18:19Pour cela, on récupère des téléphones,
00:18:22on récupère des facturations détaillées
00:18:25de la ligne téléphonique et on les met sous surveillance téléphonique.
00:18:29Michel Malon, Christian Spadoni, Yves Justignani.
00:18:32L'enquête de la police se concentre maintenant sur ces 3 hommes.
00:18:35Les policiers s'intéressent d'abord à Michel Malon,
00:18:38celui qui aurait commandité le meurtre.
00:18:41C'est un homme qui a vécu plusieurs vies.
00:18:44Ancien pilote de chasse, il aurait résilé son contrat avec l'armée de l'air
00:18:47parce qu'il refusait de porter l'arme nucléaire.
00:18:50C'est un homme qui a vécu plusieurs vies.
00:18:53Ancien pilote de chasse, il aurait résilé son contrat avec l'armée de l'air
00:18:56parce qu'il refusait de porter l'arme nucléaire.
00:18:59Ensuite, il a dirigé de gros travaux pour la SNCF.
00:19:04Intelligent, calme, mesuré,
00:19:07Malon est un adepte des arts martiaux.
00:19:10Il a même ouvert un dojo
00:19:13où il donnait des cours de karaté.
00:19:17C'était quelqu'un de passionné,
00:19:20c'était quelqu'un de patient, de gentil.
00:19:23Un citoyen, on le dit toujours du bien de vie.
00:19:28En 2000, Michel Malon est parti pour la République dominicaine.
00:19:31Orlando Capozzi l'a recruté.
00:19:34Il avait besoin de quelqu'un de confiant sur place
00:19:37pour mener à bien ses projets à Las Terrenas.
00:19:40Malon construisait pour Capozzi
00:19:43et a monté sa propre société.
00:19:46Il avait créé une constructoire et il construisait
00:19:49des maisons, des villas, des routes.
00:19:53Un homme qui ne vivait que pour son travail,
00:19:56que pour ses constructions, surtout pour l'amour de la construction.
00:19:59C'était la 1re personne qui avait des grosses machines
00:20:02ici à Las Terrenas et nous, on commençait des projets
00:20:05avec des routes et les 1res routes qu'on a faites,
00:20:08c'était à la main, les haïtiens.
00:20:11C'est comme ça que j'ai commencé à avoir contact avec Michel.
00:20:14Michel Malon a vite fait son trou en République dominicaine.
00:20:17Là-bas, il se fait appeler Malone.
00:20:21Il travaillait très bien et partout où tu allais,
00:20:24que tu voyais, que tu allais avec lui quelque part,
00:20:27c'était « Hola Michel ! »
00:20:30Je veux dire, il était allégre.
00:20:36Quant à Christian Spadoni, les policiers découvrent
00:20:39que c'est un ancien élève de karaté de Michel Malon.
00:20:42Les 2 hommes se sont rencontrés au dojo.
00:20:45Depuis, ils ne se quittent plus.
00:20:48Christian Spadoni, personnalité complètement différente
00:20:51de Michel Malon, plus marseillais, on va dire,
00:20:54plus impulsif,
00:20:57un peu détendu à la marseillaise,
00:21:00la blague facile.
00:21:04Christian Spadoni, c'est le plombier climatiseur,
00:21:07l'artisan, mais un artisan intello.
00:21:12Homme brillant, cultivé, intelligent.
00:21:15Il s'intéresse par exemple à l'étude du russe.
00:21:18Il a une grande culture pour ce qui concerne
00:21:21tous les arts martiaux,
00:21:24la culture des pays asiatiques.
00:21:27Et sur ce terrain-là, c'est un homme intéressant.
00:21:32Christian Spadoni est aussi quelqu'un qui a le sens des valeurs.
00:21:35Passionné par le Moyen-Âge et la chevalerie,
00:21:38il aime les hommes d'honneur.
00:21:41C'est quelqu'un qui cultive ce sens de l'amitié
00:21:45et qui ferait volontiers sienne
00:21:48cette Maxime de La Fontaine.
00:21:51L'amitié, rien n'est plus commun que le nom,
00:21:54rien n'est plus rare que la chose.
00:21:57Lui, il s'inscrit dans la rareté, mais on peut compter sur lui.
00:22:01Au rang de ses amis, on trouve Yves Justignani.
00:22:04Un homme qui a fait des études de notaire
00:22:07avant d'intégrer la régie des transports marseillais.
00:22:10Sympa, serviable, Justignani est aussi
00:22:13angoissé, car il a déjà fait
00:22:16deux infarctus du myocarde.
00:22:20On sait qu'il est en plus ou moins
00:22:23séparation avec son épouse.
00:22:26Il est pas mal aidé par sa mère financièrement parce que
00:22:29il est en arrêt de maladie, il a des problèmes cardiaques
00:22:32assez graves, assez sérieux.
00:22:35Un prof de karaté zen, un plombier intello
00:22:38et un malade du cœur,
00:22:41ce sont donc les trois hommes que l'informateur balance.
00:22:44Trois hommes sans casier judiciaire.
00:22:49Commandant Paradizini, vous avez donc trois noms,
00:22:52Malon, Spadoni, Justignani.
00:22:55Trois hommes qui n'ont pas du tout le profil.
00:22:58Est-ce que, sans la dénonciation de l'informateur,
00:23:01vous aviez une chance de remonter jusqu'à eux ?
00:23:05Dans l'immédiat, je ne pense pas.
00:23:08Je ne pense pas qu'on puisse remonter tout de suite jusqu'à eux.
00:23:11Il aurait fallu d'abord examiner
00:23:14l'entourage de la victime
00:23:17et tout ça, ça aurait pris du temps.
00:23:20Et vous décidez donc de les surveiller plutôt que de les entendre ?
00:23:23Tout à fait, on décide de les surveiller parce que nous n'avons pas
00:23:26tous les éléments d'enquête, nous n'avons pas les retours
00:23:29des facturations détaillées, nous n'avons pas les retours
00:23:32de la balistique, nous n'avons pas
00:23:35les filatures sur les intéressés qui vont nous dire
00:23:38s'ils sont en relation directement ou pas.
00:23:41Tout ça, il y a un travail à faire et il ne suffit pas
00:23:44d'aller interpeller tout de suite les présumés auteurs
00:23:47et puis de les interroger. Non, il faut construire le dossier
00:23:50pour avoir toutes les chances de notre côté.
00:23:53C'est ce que nous décidons de faire.
00:23:56Les policiers marseillais s'envolent pour la République dominicaine
00:23:59où ils découvrent une drôle d'ambiance.
00:24:03Lorsqu'on arrive à l'Astérinas, on rencontre les gens.
00:24:06Moi qui ai travaillé sur le banditisme dans la région marseillaise.
00:24:09Et là, on rencontre des gens qu'on a connus,
00:24:12mais qu'on a connus dans le domaine du banditisme marseillais.
00:24:16Et ce qui est assez original, c'est qu'on va
00:24:19aux côtés de ces gens-là et on va rencontrer des gens qui sont, eux,
00:24:22issus de la bourgeoisie française.
00:24:25C'est encore le Far West, il faut se replacer dans le contexte.
00:24:28On est dans les années entre 1998 et 2003.
00:24:31Les gens se promènent avec le colt à la ceinture.
00:24:34C'est des choses qu'il faut intégrer.
00:24:36Le pays offre aussi quelques facilités
00:24:39pour des gens peu scrupuleux.
00:24:42Il existe une législation qui est très précise en République dominicaine.
00:24:45Et cette législation est adaptée
00:24:48en fonction des magistrats, des policiers
00:24:51et de chacune de chacune des personnes qui y tiennent le parcelle du pouvoir.
00:24:54En fait, on est dans le domaine complet de la corruption.
00:24:58C'est dans ce contexte qu'Orlando Capodi et Michel Malon
00:25:01se sont lancés dans les affaires.
00:25:04Pendant deux ans, ils ont travaillé main dans la main.
00:25:07Et les affaires marchaient bien.
00:25:12Il faut savoir que les terrains
00:25:15qui ont été achetés par Orlando Capodi,
00:25:18ce sont des terrains qui valent
00:25:21plusieurs millions de dollars US.
00:25:24Les affaires marchaient bien
00:25:27puisque, si vous voulez, c'est un projet.
00:25:30Vous avez un projet, vous avez des milliers de mètres carrés.
00:25:33Vous avez les moyens de le faire vivre,
00:25:36de construire, d'avoir un projet de 55 villas d'un côté.
00:25:39Après, il y allait avoir une partie résidentielle.
00:25:42Il y avait même un projet, un troisième projet
00:25:45de casinos, de supermarchés.
00:25:48Je veux dire, c'était des gros moyens.
00:25:52Tout roulait jusqu'au jour où Orlando a commencé
00:25:55à soupçonner Michel de l'arnaquer,
00:25:58de lui surfacturer du caliche,
00:26:01une sorte de remblée pour soutenir les routes.
00:26:04Disons que si Michel facturait 100 camions
00:26:07de caliche à la Saint-Joseph,
00:26:10des fois, il n'en passait que 40.
00:26:13Donc, 60...
00:26:17Ça fait un petit manque.
00:26:20Répéter sur plusieurs jours, sur plusieurs mois,
00:26:23ça a vraiment été le début
00:26:26de leurs problèmes à tous les deux.
00:26:35Je me souviens d'une forte dispute
00:26:38entre eux, justement,
00:26:41où Orlando Capeozzi m'a téléphoné.
00:26:44Il est sorti du bureau, fâché.
00:26:47Et il est sorti, il m'a rappelé 10 minutes après
00:26:50en me disant, tu vas dire
00:26:53à ton enculé de Malone
00:26:56que c'est terminé, il est mort ici,
00:26:59il ne travaillera plus jamais
00:27:02et je lui donne quelques jours
00:27:05pour sortir de mon projet.
00:27:08La surfacturation n'est qu'une partie des problèmes.
00:27:11Entre Malone et Capeozzi,
00:27:14il y a un autre enjeu, la parcelle numéro 18.
00:27:17C'était un échange de bons procédés.
00:27:20Je te donne la parcelle 18,
00:27:23tu construis ta maison
00:27:26qui sera la maison de témoin pour le projet
00:27:29puisqu'il n'y avait rien
00:27:32et à la fin du projet,
00:27:35je te donne le titre du terrain.
00:27:41Mais après l'histoire du caliche,
00:27:44Orlando Capeozzi a refusé de donner à Malone son titre de propriété.
00:27:47Il lui a dit, maintenant, tu n'auras rien.
00:27:50Tu n'as plus de maison, tu n'as plus rien,
00:27:53puisque le titre, c'est encore moi qui l'ai,
00:27:56donc je ne te le donnerai jamais.
00:27:59Petit à petit, la situation s'est envenimée.
00:28:02Quand Michel s'est rendu compte qu'il le menaçait
00:28:05de ne pas lui donner son titre,
00:28:09donc il a dit, non, attends, là, j'ai un problème,
00:28:12un très gros problème, donc on va aller devant la justice.
00:28:15L'embargo, un système juridique particulier
00:28:18utilisé fréquemment en République dominicaine.
00:28:21Il suffit de se rendre chez un juge
00:28:24avec une facture impayée,
00:28:27qui lui permet d'obtenir son titre de propriété.
00:28:30C'est un système juridique particulier
00:28:33utilisé fréquemment en République dominicaine.
00:28:36C'est un système juridique particulier
00:28:39utilisé fréquemment en République dominicaine.
00:28:42Il suffit de se rendre chez un juge
00:28:45avec une facture impayée pour demander une hypothèque provisoire
00:28:48sur les biens de son débiteur.
00:28:51C'est ce que Malon a fait.
00:28:54Il a ainsi obtenu plusieurs hypothèques
00:28:57sur les terrains d'Orlando Capozzi.
00:29:00On se retrouve dans une situation, à ce moment-là,
00:29:03où, en fait, les deux parties sont bloquées complètement.
00:29:06Il n'y a plus de marge de manœuvre.
00:29:10Il y a une énorme tension parce que je me souviens
00:29:13que Michel avait très, très peur. Il me disait toujours
00:29:16« Je ne peux pas sortir de chez moi, je suis obligé de me mettre sous ma voiture,
00:29:19d'ouvrir toutes les portes », parce qu'il avait peur
00:29:22qu'on lui mette des choses dans sa voiture,
00:29:25que la drogue, pour le faire tomber en prison,
00:29:28c'est très, très grave. Donc il y avait des pressions dans ce sens-là,
00:29:31des angoisses de se dire « Comment est-ce que l'autre va pléger l'autre ?
00:29:34De quelle façon ? »
00:29:37Michel se sentait menacé, d'autant plus qu'Orlando lui aurait dit
00:29:40qu'il allait le tuer.
00:29:43Et donc, malheureusement, on va déposer plainte à l'Asterenas,
00:29:46à la République dominicaine, à l'encontre d'Orlando Capozzi
00:29:49pour menace de mort.
00:29:52Et la législation dominicaine fait que, systématiquement,
00:29:55à partir du moment où une plainte est déposée au pénal,
00:29:58la personne qui est mise en accusation est incarcérée.
00:30:01Et donc Capozzi va se retrouver en prison.
00:30:04Depuis 15 ans, Orlando Capozzi a dû payer une caution.
00:30:07Mais ce n'est pas tout.
00:30:10Les policiers découvrent que, de son côté,
00:30:13Orlando Capozzi menait aussi la vie dure à Michel Malon.
00:30:18Orlando Capozzi est allé dénoncer Michel Malon à l'ambassade
00:30:21en disant qu'il l'utilisait,
00:30:24qu'il était à l'origine d'un trafic
00:30:27d'ingènes de chantier volés.
00:30:31Du trafic d'engins volés.
00:30:34Non, non, Michel, il a fait venir ces engins,
00:30:37il y a eu la douane,
00:30:40les impôts ont été payés en douane, il y a des reçus.
00:30:43Orlando Capozzi nie avoir proféré des menaces de mort.
00:30:46Michel Malon nie avoir trafiqué
00:30:49ou surfacturé quoi que ce soit.
00:30:52Chacun accuse l'autre de lui devoir de l'argent,
00:30:55chacun est sûr d'être dans son bon droit
00:30:58et aucun ne veut céder.
00:31:01On a en face de nous des hommes
00:31:04qui sont très têtus,
00:31:07très acharnés, très têtus.
00:31:10C'était vraiment une guerre,
00:31:13la guerre Capozzi-Malon.
00:31:19C'est dans ce climat qu'un nouvel événement
00:31:22vient exacerber la haine entre les deux hommes.
00:31:26Le 16 mai 2003,
00:31:29Michel Malon prend sa moto pour rentrer chez lui à Las Terrenas.
00:31:32Sans casque, comme d'habitude.
00:31:38Il conduisait toujours une moto assez haute,
00:31:41assez grande, il conduisait assez vite d'ailleurs.
00:31:44Une centaine de mètres avant d'arriver chez lui,
00:31:47il y a une voiture qui a démoulé d'un tout petit chemin
00:31:50et qui l'a choquée.
00:31:56Blessé,
00:31:59Michel Malon se retrouve à l'hôpital.
00:32:05Il a été touché à la tête
00:32:08et il a eu beaucoup de séquelles,
00:32:11il a eu beaucoup de mal à s'en remettre.
00:32:16Il a été persuadé que c'était un coup monté,
00:32:19que c'est Capozzi ou sa bande
00:32:22qui lui a envoyé le...
00:32:26Une idée qui n'a jamais quitté Michel Malon.
00:32:30Quatre mois plus tard,
00:32:33Orlando Capozzi est assassiné à Cassis dans sa voiture.
00:32:38Orlando Capozzi et Michel Malon étaient donc rivaux,
00:32:41deux coques.
00:32:44Mais de là à dire que l'un a fait tuer l'autre, il faut des preuves.
00:32:47C'est en France que les policiers les cherchent maintenant.
00:32:50On commence par examiner les communications téléphoniques
00:32:53de Spadoni et de Giustiniani.
00:32:56Grâce aux fadettes, les policiers découvrent
00:32:59que Christian Spadoni, l'ami de Michel Malon,
00:33:02a passé plusieurs coups de fil à une armerie dans le centre-ville de Marseille.
00:33:05Les policiers s'y rendent
00:33:08pour apprendre qu'Yves Giustiniani, le copain de Spadoni,
00:33:11a acheté une carabine de calibre 222 Remington.
00:33:14Lorsqu'on découvre qu'ils achètent cette arme,
00:33:17on va s'intéresser
00:33:20aux conditions de rechange
00:33:23et on s'aperçoit que la commande de la carabine
00:33:26a lieu le 20 mai
00:33:29et que le 20 mai se situe uniquement quelques jours
00:33:32après la pseudo tentative d'assassinat en moto
00:33:35commise sur Michel Malon.
00:33:39L'armurier explique que début août,
00:33:42un mois et demi avant l'assassinat d'Orlando Capozzi,
00:33:45Christian Spadoni est revenu.
00:33:48Il lui a acheté des accessoires pour la carabine.
00:33:51Dominique, c'est ça, le matériel que les suspects ont acheté ?
00:33:54Oui, c'est ça, Frédéric.
00:33:57Une carabine de chasse Remington calibre 222,
00:34:00répétition manuelle, plusieurs coups
00:34:03et tout un tas d'accessoires qui vont avec.
00:34:06Une lunette de visée,
00:34:09une lunette de précision,
00:34:12un télémètre, c'est un appareil qui sert à lire
00:34:15la distance entre le tireur et la cible,
00:34:18un réducteur de son
00:34:21qui vient se visser au bout du canon de la carabine,
00:34:24donc c'est un silencieux,
00:34:27une visée point rouge, on connaît ça,
00:34:30ça c'est pour pointer la cible,
00:34:33et puis ensuite, ils ont bien choisi
00:34:36le type de munition qu'ils ont tiré.
00:34:39Le 222, c'est un calibre, mais il y a plusieurs types de munitions 222.
00:34:42Eux, ils ont choisi de tirer de la subsonique,
00:34:45ça pèse 2,30g, subsonique blindée.
00:34:48Le tireur a utilisé 3 balles,
00:34:51les 3 balles ont été mortelles,
00:34:54dont une qui a explosé le pacemaker d'Orlando Caposi.
00:34:57Que dit la balistique, Dominique ?
00:35:00La balistique dit, Frédéric, que les 3 balles
00:35:03qui ont été retrouvées dans l'arbre
00:35:06après les essais de tir
00:35:09sont bien des balles de calibre 222 Remington
00:35:12qui peuvent avoir été tirées par le type d'arme
00:35:15qu'ont acheté Justiniani et Spadoni.
00:35:18Est-ce qu'il fallait être bon tireur
00:35:21avec ce matériel pour ne pas louper sa cible ?
00:35:24Frédéric, il faut savoir utiliser une arme, c'est certain,
00:35:27mais il ne faut pas forcément être un très bon tireur
00:35:31En examinant encore la téléphonie,
00:35:34les policiers s'aperçoivent que Spadoni et Justiniani
00:35:37ont des petites manies.
00:35:40Ces gens-là utilisent des téléphones qui ne coupent jamais.
00:35:43On présume même que lorsqu'ils mettent leur téléphone à charger,
00:35:46ils le laissent en marche. Le téléphone n'est jamais coupé,
00:35:49autant pour Spadoni que pour Justiniani.
00:35:52Et qu'est-ce qu'on fait comme constatation
00:35:55qui est beaucoup plus intéressante, c'est que le jour des faits,
00:35:58on constate que leur téléphone a été coupé un peu avant 7h du matin,
00:36:01quasiment en même temps,
00:36:04après une dernière conversation entre eux d'ailleurs,
00:36:07et que ces téléphones vont être remis en marche vers 13h.
00:36:10Donc pour nous, il est évident que c'est un élément subjectif,
00:36:13mais c'est quand même un élément essentiel.
00:36:16Ça veut dire que ce jour-là, il s'est passé quelque chose de particulier dans leur vie.
00:36:19Ils ont coupé leur portable,
00:36:22mais ils n'ont pas arrêté de s'appeler.
00:36:25Ils ont téléphoné avec des appareils anonymes.
00:36:28Des téléphones qui n'auraient pas dû être repérés,
00:36:31mais Justiniani a fait une erreur.
00:36:34Il a glissé sa puce anonyme dans son téléphone personnel,
00:36:37et ça, ça n'échappe pas aux policiers.
00:36:40Car de nos jours, on peut remonter tous les appels
00:36:43passés depuis un portable grâce au code e-mail,
00:36:46un numéro de série unique pour chaque téléphone,
00:36:49une sorte d'ADN.
00:36:53Quand on va s'intéresser à ce numéro de téléphone-là,
00:36:56on va s'apercevoir qu'en fait, ce téléphone-là fonctionne
00:36:59et est en relation uniquement avec un autre numéro de téléphone
00:37:02non identifié.
00:37:05Ces 2 numéros de téléphone anonymes,
00:37:08en fait, lorsqu'ils fonctionnent,
00:37:11transitent uniquement sur les relais qui sont situés
00:37:14autour du domicile d'Orlando Capozzi.
00:37:17Les policiers découvrent que ces 2 téléphones
00:37:21On va s'apercevoir que c'est à l'époque
00:37:24où Orlando Capozzi rentre de Saint-Domingue
00:37:27et vient séjourner en France
00:37:30que, comme par hasard, les téléphones se mettent à fonctionner.
00:37:33Comment Spadoni et Justiniani
00:37:36ont-ils pu être informés des allées et venues d'Orlando Capozzi ?
00:37:39Là aussi, les téléphones vont parler.
00:37:42On s'aperçoit que chaque fois,
00:37:45au période quelques jours ou quelques heures
00:37:48avant qu'Orlando Capozzi ne rentre en France,
00:37:51il y a des appels qui viennent de Michel Malon,
00:37:54République dominicaine, à destination du téléphone de Christian Spadoni.
00:37:57On en vient à la déduction que
00:38:00Michel Malon va informer Christian Spadoni
00:38:03de l'arrivée d'Orlando Capozzi
00:38:06et lui permettre, de cette façon-là, de mettre en place une surveillance
00:38:09et, éventuellement, peut-être de l'éliminer.
00:38:12D'ailleurs, Spadoni et Malon, qui avaient l'habitude de s'appeler très régulièrement,
00:38:16ont brutalement cessé de le faire depuis le 15 septembre.
00:38:19Le jour de la mort d'Orlando Capozzi.
00:38:22Ça aussi, c'est bizarre.
00:38:25Il n'y a plus de communication
00:38:28entre les téléphones de Michel Malon et le téléphone de Christian Spadoni.
00:38:31Si ce n'est qu'on s'aperçoit que
00:38:34Christian Spadoni reçoit un appel
00:38:37qui émane d'une cabine téléphonique qui se situe à Saint-Martin-le-Gros.
00:38:40Saint-Martin-le-Gros, c'est le domicile de Michel Malon
00:38:43qui, à ce moment-là, est séjournant en France.
00:38:49Pourquoi Michel Malon prend-il autant de précautions
00:38:52pour se rendre à une cabine téléphonique
00:38:55pour appeler son ami Christian Spadoni ?
00:39:01De quoi a-t-il pu lui parler ce jour-là ?
00:39:05Commandant Paravizzini, si on récapitule,
00:39:08qu'est-ce que vous avez exactement contre les suspects ?
00:39:11Contre les suspects, nous avons leurs relations.
00:39:14Ils se connaissent.
00:39:17Il y a un mobile.
00:39:20Malon a un différend important avec Capozzi.
00:39:23Malon est en relation intime avec Spadoni.
00:39:26Nous avons l'achat de l'arme.
00:39:29Nous avons l'achat de l'arme.
00:39:32Nous avons l'achat de l'arme.
00:39:35Nous avons les munitions récupérées dans l'arbre
00:39:38correspondantes avec celles récupérées dans le corps de la victime.
00:39:41Tout cela, ce sont des preuves.
00:39:46Et donc vous arrivez à écrire un premier scénario ?
00:39:49Nous arrivons à écrire un premier scénario.
00:39:52Le scénario qui, d'ailleurs, nous avait été donné par l'informateur.
00:39:55L'informateur, qu'est-ce qu'il nous dit ?
00:39:58Il nous dit que Spadoni a agi pour le compte de Michel Malon
00:40:02pour un différend avec un homme nommé Capozzi.
00:40:05Problème financier.
00:40:08Justine Agny n'a fait que aider Spadoni
00:40:11dans le repérage de la villa à Cassis.
00:40:14Pourquoi vous décidez de ne pas les interpeller
00:40:17alors que vous avez justement la certitude
00:40:20de tenir vraiment le bon trio ?
00:40:23Parce qu'on préfère. Nous sommes à la fin de l'année.
00:40:26On sait que Spadoni va partir à Saint-Domingue
00:40:29qui va revenir.
00:40:32On préfère avoir encore un peu plus d'éléments sur place.
00:40:35On le fait suivre. On écoute ses lignes téléphoniques.
00:40:38On essaie d'avoir les réactions,
00:40:41de savoir comment il va réagir.
00:40:44Et on préfère le prendre au retour en janvier
00:40:47plutôt que de les interpeller tout de suite
00:40:50sans savoir réellement ce qui peut venir de l'enquête.
00:40:54À l'Astérénas, la vie suit son cours.
00:40:57Michel Malon travaille désormais avec Christian Spadoni
00:41:00qui supervise les chantiers,
00:41:03trouve de nouveaux acheteurs,
00:41:06se comporte comme son nouvel associé.
00:41:09On apprend que Malon lui a donné de l'argent,
00:41:12que Malon lui a acheté un 4x4.
00:41:15Lorsqu'on va entendre par la suite des témoignages des gens de l'Astérénas,
00:41:18certains vont nous dire que c'est une surprise.
00:41:21Certains vont nous dire que c'est une surprise de voir que Malon
00:41:24a donné par exemple de l'argent à Spadoni
00:41:27alors que Malon est connu pour être quelqu'un
00:41:30de très près de son argent.
00:41:33Michel Malon s'est donc relancé dans les affaires
00:41:36en attendant l'issue de ses procès contre Orlando Capozzi.
00:41:39Mais la veuve d'Orlando, elle, ne peut pas attendre.
00:41:42Depuis la mort de son mari, elle veut rompre
00:41:45avec la République Dominicaine et vendre tous les terrains
00:41:48qu'il possédait sur place.
00:41:51Le problème, c'est que ces terrains sont toujours gelés
00:41:54par les embargos de Malon.
00:41:57Elle est donc obligée d'aller là-bas pour négocier.
00:42:00Nous allons essayer, je dis bien essayer,
00:42:03de trouver Michel Malon, qui me fuit.
00:42:06Tant bien que mal, on y tombe dessus par surprise.
00:42:09Et là, mon avocat lui dit
00:42:12que je me suis déplacée,
00:42:15que je suis là que pour quelques jours
00:42:18et que ça serait bien que nous ayons une conversation,
00:42:21une discussion pour essayer de comprendre
00:42:24et de trouver un terrain d'entente.
00:42:27Le rendez-vous est pris le 5 décembre 2003,
00:42:30près de 3 mois après la mort d'Orlando.
00:42:33Lorsqu'elle arrive chez l'avocat, Christine croise
00:42:36un homme qu'elle ne connaît pas.
00:42:39Arrive un homme d'apparence très bien,
00:42:42très poli, très courtois,
00:42:45qui me présente ses condoléances en me disant
00:42:48je suis un ami, je me présente, je suis Christian Spadoni,
00:42:51je suis un ami de Michel Malon
00:42:54et je viens vous présenter mes condoléances
00:42:57parce que ce qui est arrivé à votre mari, c'est horrible.
00:43:00Mais à la table des négociations,
00:43:03l'ambiance n'est plus à la compassion.
00:43:06Je me retrouve dans un contexte un peu semi-western,
00:43:09avec Michel Malon, armé,
00:43:12un garde du corps de Michel Malon
00:43:15qui reste devant la porte.
00:43:18Et là, l'avocate de Michel Malon
00:43:21nous sort une pile énorme
00:43:24de procédures à l'encontre d'Orlando,
00:43:272 ans de prison ferme,
00:43:303 millions de dollars d'amende,
00:43:33enfin un truc énorme.
00:43:39Michel Malon n'en démord pas.
00:43:42Capozzi ne lui a jamais payé la construction de sa villa avec piscine,
00:43:45ni plusieurs routes.
00:43:48Et il n'est pas prêt à effacer la dette.
00:43:51Et là, je me retrouve face à Michel Malon,
00:43:54froid comme un serpent.
00:43:57Je n'ai pas la possibilité de payer 3 millions de dollars
00:44:00à Michel Malon, vu que les terrains de la société sont gelés.
00:44:03Donc je décide
00:44:06de faire une négociation.
00:44:14Ça a duré 2 jours, jusqu'à ce moment
00:44:17où j'en peux plus.
00:44:20Moi, ce que je veux, c'est rentrer chez moi, retrouver mes enfants.
00:44:23Donc je lui accorde les terrains qu'il demande.
00:44:28Christine lâche 4 terrains en compensation de la dette.
00:44:31En échange,
00:44:34Malon accepte d'arrêter toutes les procédures.
00:44:37Ça a choqué toute la communauté française
00:44:40de l'Astérenas, qui ne voulait pas prendre parti.
00:44:43Mais simplement, les gens ont dit qu'ils ne lui devaient rien.
00:44:46Ils lui devaient une somme tout à fait médiocre
00:44:49dans le cadre de relations entre entrepreneurs.
00:44:52Et il va avoir les 4 plus beaux terrains
00:44:55de la concession de l'Astérenas, en première ligne,
00:44:58et les 4 plus beaux côtiers.
00:45:01800 valeurs du terrain lui-même, 800 000 dollars.
00:45:04La construction derrière, c'est la fortune pour Michel Malon.
00:45:07C'est la fortune.
00:45:10Michel Malon ne cache pas sa joie,
00:45:13sans savoir que les policiers suivent au téléphone
00:45:16tous ses commentaires de satisfaction.
00:45:20Pour les policiers, tout est clair.
00:45:23Malon a commandité le crime
00:45:26et Spadoni l'a exécuté avec Justignani.
00:45:29Mais lors de la garde à vue, ils vont avoir une surprise.
00:45:32Dès la mi-janvier 2004,
00:45:35les policiers passent à l'action.
00:45:38Ils profitent du retour de Spadoni en France pour l'interpeller
00:45:41et ils arrêtent aussi Justignani.
00:45:44Dans l'appartement de Spadoni,
00:45:47les enquêteurs trouvent un pistolet automatique,
00:45:50des jumelles et plusieurs téléphones,
00:45:53mais pas de carabine 222.
00:45:59En garde à vue, Christian Spadoni nie être impliqué
00:46:02en quoi que ce soit dans la mort d'Orlando Capozzi.
00:46:05Les policiers le laissent causer
00:46:08avant de lui mettre sous le nez petit à petit
00:46:11les éléments qu'ils ont accumulés contre lui.
00:46:14On commence à parler de l'arme,
00:46:17l'achat, pourquoi, à quoi cette arme devait servir,
00:46:20à qui elle était destinée.
00:46:23C'était à priori une arme pour aller chasser ou braconner.
00:46:26Pourquoi un réducteur de son ?
00:46:29Pour ne pas déranger.
00:46:32On était censés s'en servir chez la mère d'Idylle Justignani
00:46:35pour ne pas déranger.
00:46:38Et le télémètre laser ? Pas de réponse.
00:46:41Spadoni n'est pas beaucoup plus bavard
00:46:44sur son emploi du temps le jour du meurtre.
00:46:47A partir de là, ça commence à devenir un peu moins précis,
00:46:50un peu plus vague.
00:46:53On est partis faire une balade en forêt, on voulait être tranquille.
00:46:56Bon, petite faille.
00:46:59Au bout de quelques heures, Spadoni ne peut plus nier.
00:47:02Il craque.
00:47:05À un moment donné, il dit,
00:47:09et il nous explique qu'il est l'auteur
00:47:12du tir sur Orlando Capozzi.
00:47:15Et il raconte.
00:47:18Ce lundi 15 septembre, Justignani l'a déposée
00:47:21à côté de la maison d'Orlando Capozzi.
00:47:24Calmement, il est allé se poster sur la colline.
00:47:29Il nous explique comment il arrive
00:47:32à positionner son arme.
00:47:35Il se sert d'un morceau de bois
00:47:38qui se termine par une fourche.
00:47:41À un moment donné, Orlando Capozzi sort de sa maison,
00:47:44rentre dans son véhicule.
00:47:47Christian Spadoni nous explique qu'il attend
00:47:50que sa femme ne soit pas dans le champ,
00:47:53à portée de tir. Et là, il fait feu.
00:47:57Il nous explique qu'il est dans un état un peu second.
00:48:00Il ne sait plus s'il ramasse ou pas les douilles.
00:48:03Il s'éloigne du pas de tir.
00:48:06Et ensuite, il reprend le chemin inverse.
00:48:09Il nous explique qu'il ne veut pas garder l'arme avec lui,
00:48:12qu'il s'en débarrasse en la cachant
00:48:15dans un trou débouli.
00:48:18Et pour prouver sa bonne foi,
00:48:21Christian Spadoni accepte de conduire les policiers
00:48:24à l'endroit où il a tiré,
00:48:27à plus de 100 mètres de sa silhouette.
00:48:30Sur place, les policiers retrouvent
00:48:33trois douilles de calibre 222,
00:48:36mais pas l'arme.
00:48:42Pendant ce temps-là, en garde à vue,
00:48:45Yves Justignani ne reconnaît qu'une seule chose.
00:48:48Il a bien conduit son ami Spadoni à Cassis.
00:48:52Justignani, lui, explique qu'il n'était pas au courant
00:48:55que Christian Spadoni allait tuer Orlando Capozzi.
00:48:59Il lui avait en effet parlé d'une correction,
00:49:02il lui avait parlé des problèmes qu'il avait rencontrés avec lui,
00:49:06ses menaces, etc.
00:49:09Ce jour-là, il a donc déposé Christian Spadoni
00:49:12près de chez Capozzi sans savoir ce qu'il allait faire.
00:49:16Après l'avoir déposé, il est allé faire un tour sur le port de Cassis,
00:49:20il avait bu un café, et il était allé récupérer Spadoni
00:49:23après que celui-ci l'ait appelé pour venir le chercher.
00:49:28Dans la voiture, Spadoni lui aurait dit
00:49:31ça y est, les problèmes sont finis.
00:49:34Et c'est à ce moment-là seulement qu'il a compris
00:49:37qu'Orlando Capozzi était mort.
00:49:40Quand les policiers lui demandent pourquoi avoir acheté l'arme
00:49:43s'il n'était au courant de rien, Justignani a une réponse toute prête.
00:49:47Quand Spadoni va nous dire que la carabine, lui, c'est un passionné des armes,
00:49:50qu'il les course comme tous les courses, il aime les armes,
00:49:53et que cette arme-là, elle était uniquement destinée
00:49:56à aller tuer du sanglier à Regno sans que ça attire l'attention du voisinage.
00:50:04Jusque-là, les policiers avaient vu juste.
00:50:07Mais contre toute attente, Spadoni vient bousculer la fin de leur scénario.
00:50:11Michel Malon n'est pas le commanditaire.
00:50:15Sa ligne de conduite, c'est je prends, c'est moi,
00:50:18je prends tout sur moi.
00:50:21L'ensemble des faits,
00:50:24l'achat de l'arme,
00:50:27les repérages,
00:50:30il agit à la demande ou sur les ordres de personne.
00:50:35Spadoni explique que s'il a tué,
00:50:38c'est par amitié.
00:50:41Parce qu'il était persuadé que son ami Malon était en danger.
00:50:46Et là, les bruits qui lui reviennent de l'Asterenas,
00:50:49où ça se passe mal,
00:50:52où ce contentieux a pris une dimension terrible.
00:50:55Procès, histoire d'argent,
00:50:58menaces, accidents.
00:51:01Alors il dit qu'il a essayé d'arranger la situation.
00:51:04Il est même allé trois fois essayer de revenir.
00:51:07Orlando Capozzi.
00:51:10Il nous explique, j'ai essayé d'avoir des explications avec lui,
00:51:13mais il n'y avait pas moyen.
00:51:16Et à un moment donné, il m'a menacé, moi et mes enfants.
00:51:19Ça se passe très mal entre les deux hommes.
00:51:22Christian Spadoni dira, j'ai été menacé,
00:51:25mes filles sont la prunelle de mes yeux, j'ai eu peur pour elles.
00:51:28Capozzi a même dit que ses enfants finiraient sur le trottoir.
00:51:31Donc il nous explique qu'à un moment donné,
00:51:34il n'avait plus le choix.
00:51:37C'était lui ou Orlando Capozzi.
00:51:46Commandant Paravizzini, à votre avis,
00:51:49pourquoi Spadoni prend-il tout sur lui ?
00:51:52Spadoni prend tout sur lui pour plusieurs raisons.
00:51:55La première, Spadoni,
00:51:58il est ami avec Malone.
00:52:01Et quand on procède à son interrogatoire,
00:52:04il revient, rapidement, il reconnaît les faits.
00:52:07Il se rend compte qu'il est piégé.
00:52:10Et il se dit,
00:52:13à monter en prison, autant que je monte tout seul,
00:52:16que je dédouane les autres,
00:52:19d'une part parce qu'il a sa fierté,
00:52:22parce que c'est un gars qui a une certaine forme d'honneur, entre guillemets.
00:52:25Donc il se dit, je préfère en prendre tout ça.
00:52:28Ce n'est pas en disant que le commanditaire, c'était Malone,
00:52:31que je vais prendre au moins de prison.
00:52:34Il sait très bien qu'il va prendre le maximum.
00:52:37Et il se dit, au moins, peut-être qu'en sortant de prison,
00:52:40je pourrais négocier certaines choses avec Malone.
00:52:43Donc il se dit, à monter,
00:52:46je suis pris, je monte seul.
00:52:49Un grand seigneur.
00:52:58À l'issue de leur garde à vue, Spadoni et Justiniani
00:53:01sont mis en examen pour assassinat et incarcéré.
00:53:04Quant à Malone, c'est une question d'heure.
00:53:07Spadoni a beau le mettre hors de cause, les policiers sont en route
00:53:10pour la République dominicaine.
00:53:13À Las Terrenas, les policiers marseillais n'ont aucun pouvoir.
00:53:16Ce sont donc les policiers dominicains
00:53:19qui prennent les choses en main.
00:53:22C'était un peu une chevauchée, une course aux poursuites dans l'éloman.
00:53:28On a vu arriver tout un tas d'auxiliaires.
00:53:31En fait, ce sont des Dominicains, tous armés jusqu'aux dents
00:53:34et qui sont partis à la chasse, en quelque sorte,
00:53:37pour retrouver Michel Malone qui, fort heureusement, n'a pas été trouvé par ces gens-là
00:53:40mais est revenu à son bureau pendant qu'on y était.
00:53:43Parce que je ne sais pas ce qui lui serait arrivé.
00:53:46Je ne sais pas s'ils avaient bien compris ce qu'on leur demandait
00:53:49mais ils devaient penser peut-être qu'il fallait l'éliminer.
00:53:53Waouh ! L'arrestation de Michel, ça a été dur.
00:53:58À 9h du matin, j'ai eu 30...
00:54:01une trentaine de policiers, de toutes sortes,
00:54:04armés jusqu'aux dents, qui sont entrés dans mon bureau
00:54:07et qui m'ont enfermée,
00:54:10et qui m'ont demandé de ne plus toucher à rien.
00:54:13Michel Malone est emmené dans les locaux d'Interpol à Saint-Domingue.
00:54:16Immédiatement, il nie toute implication dans la police.
00:54:19Il avait bien des problèmes avec Orlando Capozzi
00:54:22mais c'est devant la justice qu'il comptait les régler.
00:54:25Le commandant lui apprend que son ami Spadoni
00:54:28vient d'avouer à Marseille.
00:54:31Mais ça ne l'émeut pas.
00:54:34Il va dire que moi je ne suis au courant de rien.
00:54:37Je n'ai jamais rien demandé à personne.
00:54:40Je n'ai surtout pas commandité Christian Spadoni
00:54:43pour assassiner Orlando Capozzi.
00:54:46J'avais aucune raison.
00:54:49Michel Malone est inébranlable.
00:54:52Il est arrivé devant nous plutôt sûr de lui.
00:54:55J'ai essayé de discuter avec lui, de lui expliquer
00:54:58les éléments que nous avions dans notre position,
00:55:01notamment les éléments sur la téléphonie,
00:55:04sur la préparation de l'assassinat de Capozzi.
00:55:07Mais non, il était persuadé
00:55:10que ça ne marcherait pas.
00:55:13Malgré son assurance et ses dénégations,
00:55:16Michel Malone est incarcéré dans les locaux
00:55:19Haute Sécurité d'Interpol en attendant son extradition.
00:55:22Mais très rapidement,
00:55:25il est transféré dans une autre prison,
00:55:28à Narayo,
00:55:31où grâce à ses relations et à son argent,
00:55:34il se retrouve dans le carré VIP.
00:55:37Cour de témoignage,
00:55:41cours de tennis,
00:55:44chambre individuelle avec matériel IFI,
00:55:47cuisine, salle de bain,
00:55:50et même un petit jardin.
00:55:53Dominique, les policiers surprennent
00:55:56une conversation téléphonique entre Malone
00:55:59et sa femme depuis sa prison dominicaine.
00:56:02Il est dans son quartier VIP de la prison dominicaine
00:56:05et Michel Malone reçoit un appel de sa femme
00:56:09de France sur un téléphone écouté par la police.
00:56:12Et leur conversation va sacrément intéresser les enquêteurs.
00:56:15Pourquoi ? Parce que jusqu'ici,
00:56:18Michel Malone a toujours dit « Je ne sais rien du meurtre d'Orlando Capozzi ».
00:56:21Et là, il dit le contraire à sa femme.
00:56:24Voilà ce qu'il lui dit. C'est la retranscription de l'écoute téléphonique.
00:56:27« Je ne sais pas s'il faut que je leur dise aux policiers
00:56:30que Spadoni s'était confié à moi après.
00:56:33Un jour, il était venu à la maison, il était effondré, il me l'avait dit.
00:56:36Je ne pouvais quand même pas aller le dire à la police.
00:56:39Bon, écoutez, je sais ce qui s'est passé, mon meilleur ami vient de tuer machin.
00:56:42Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? » Et sa femme lui répond
00:56:45« Ben oui, mon trésor, c'est défendable ».
00:56:48Et Malone continue « Mon souci, c'est qu'aujourd'hui,
00:56:51on risque de me reprocher de ne pas être allé le balancer.
00:56:54Mais enfin, je ne savais pas les détails ».
00:56:57Alors les policiers en tirent quelle conclusion ?
00:57:00Il y a deux hypothèses, Frédéric. Soit Malone dit la vérité à sa femme,
00:57:04Spadoni a lui-même décidé d'aller tuer Orlando Capozzi,
00:57:07et il lui a dit « Après ».
00:57:10Ça fait de Malone même pas un complice.
00:57:13Bon, non-dénonciation de crime,
00:57:16ou recel de malfaiteur puisqu'il l'a hébergé chez lui,
00:57:19ça ne va pas chercher très très loin.
00:57:22Soit il y a une deuxième hypothèse, Malone sait pertinemment que la conversation
00:57:25qu'il a avec sa femme est écoutée par les policiers,
00:57:28donc il leur donne un os à ronger.
00:57:31Je savais, Spadoni me l'avait dit,
00:57:34mais je ne pouvais quand même pas dénoncer un ami.
00:57:37Et dans les deux cas de figure, première et deuxième hypothèse, de toute façon il est innocent.
00:57:42Première hypothèse de travail, celle du chevalier blanc.
00:57:45C'est Spadoni seul qui aurait eu l'idée du crime
00:57:48et qui aurait tout organisé.
00:57:51Il y a, dans le profil psychologique
00:57:54de Christian Spadoni,
00:57:57quelque chose un petit peu, vous savez, du bandit d'honneur.
00:58:00Un peu à la Corse.
00:58:03Quelqu'un qui prend tout sur lui.
00:58:06Il y a une histoire de fierté, il y a une histoire d'homme.
00:58:09Il s'est cru un personnage du début du siècle, quoi.
00:58:15Servant dans les troupes de Mémé Yérini,
00:58:18avec fidélité totale
00:58:21à la parole donnée quand on est Corse.
00:58:24Il se croit le Luchino de Cassis.
00:58:28Pour les policiers, cette hypothèse ne tient pas.
00:58:31Car contrairement à ce qu'il prétend,
00:58:34Spadoni n'a probablement jamais rencontré Orlando Capozzi.
00:58:38Aucun lien téléphonique entre Capozzi et Spadoni.
00:58:42Aucun témoin très proche de Spadoni.
00:58:45Aucun n'est en mesure d'attester d'une quelconque rencontre.
00:58:50Spadoni affirme qu'il voulait réconcilier Capozzi et Malon.
00:58:53Dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir fait au grand jour ?
00:58:58Si on dit qu'on va essayer de rencontrer ce type-là,
00:59:01on va essayer peut-être de le secouer un peu,
00:59:04ou de lui parler, ou de lui demander des comptes,
00:59:07ou de l'amadouer, ou de négocier,
00:59:10pourquoi utiliser un téléphone anonyme ?
00:59:13On va utiliser le téléphone anonyme comme le font les voyous,
00:59:16parce qu'on sait qu'il va y avoir un acte gravissime au bout
00:59:19et qu'on ne veut pas être identifié.
00:59:22Quant à son mobile, les menaces que Capozzi lui aurait faites,
00:59:25les policiers n'y croient pas non plus.
00:59:28Reste la deuxième hypothèse.
00:59:32Spadoni n'a pas de raison personnelle de tuer Capozzi.
00:59:36Celui qui va retirer quelque chose de la disparition de Capozzi,
00:59:39c'est Malon.
00:59:42Et si on s'en tient à cette logique, tout s'imbrique.
00:59:45Vous savez ce que c'est le crime parfait ?
00:59:48C'est le crime dans lequel l'assassin n'a aucun rapport avec la victime.
00:59:52C'est le crime parfait.
00:59:54Parce qu'on cherche toujours le lien entre la victime et l'assassin.
00:59:57Là, on aurait pu être dans le cas du crime parfait.
01:00:00Pourquoi ? Parce que Spadoni n'a aucun rapport avec Capozzi.
01:00:03Vous savez, dans la stratégie et dans l'architecture criminelle
01:00:06qu'avait calculée Malon,
01:00:09il y avait aussi l'éloignement.
01:00:12Celui-ci s'est dit finalement que le mobile pourrait peut-être se perdre
01:00:15à la faveur d'un océan.
01:00:18Ça n'a pas été le cas.
01:00:22À ce stade de l'enquête, le juge d'instruction a donc
01:00:25beaucoup de questions à poser à Michel Malon.
01:00:28Le problème, c'est qu'il est toujours dans sa prison dorée
01:00:31en République dominicaine.
01:00:42Dominique, Michel Malon va être finalement extradé,
01:00:45mais son extradition, elle est digne d'un polar.
01:00:48C'est presque Malon plus fort que Malon.
01:00:51Il sait déjà qu'il est dans sa prison VIP et va réussir à en sortir.
01:00:54Alors, la version officielle, c'est
01:00:57qu'il a bénéficié d'un principe qui s'appelle l'habeas corpus,
01:01:00là-bas, en République dominicaine, qui dit, ce principe,
01:01:03qu'on ne peut pas maintenir une personne en détention
01:01:06sans qu'elle ait été jugée.
01:01:09La version officieuse, on est au conditionnel,
01:01:12il aurait payé et il aurait payé cher, 750 000 dollars.
01:01:15Malon est dehors, sorti de sa prison
01:01:18et il fête sa liberté recouvrée
01:01:21dans les restaurants de l'Astérenas.
01:01:24Sauf que l'Astérenas, c'est à peine grand comme un confetti,
01:01:27que tout se sait et que les policiers français
01:01:30qui sont au Stips, le service de coopération internationale
01:01:33en poste à l'ambassade, apprennent qu'il est dehors.
01:01:36Ça les énerve un peu, donc ils vont aller prévenir l'ambassadeur
01:01:39en lui disant, excellence, on a un problème.
01:01:42Il est sorti, la rumeur dit qu'il essaie de vendre ses terrains
01:01:45encore plus loin, il faut faire quelque chose.
01:01:48Donc l'ambassadeur de France appelle le président dominicain
01:01:51et à partir de ce moment-là, on pense que
01:01:54l'escorte présidentielle ou les services secrets dominicains
01:01:57vont se charger d'enlever et d'extrader Malon
01:02:02qui va être livré en Martinique.
01:02:05Si on continue toujours dans le conditionnel,
01:02:08il serait arrivé en hélicoptère sur une plage de Martinique.
01:02:12La version officielle française, c'est celle-ci.
01:02:15Les policiers vont le chercher à l'aéroport de Fort-de-France en Martinique
01:02:18et écrivent dans leur procès verbal
01:02:21« Nous présentons aux portes de l'avion Air Caraïbe TX78-63,
01:02:24constatons la descente de l'avion du capitaine de police
01:02:27Guillermo González de la République dominicaine,
01:02:30escortant l'intéressé »
01:02:33L'intéressé, c'est Michel Malon, on l'a bien compris.
01:02:36À partir de là, la Martinique, c'est la France,
01:02:39c'est la prison des bomettes à Marseille.
01:02:42Devant le juge d'instruction,
01:02:44Michel Malon démonte d'emblée l'accusation.
01:02:47Elle repose selon lui sur une construction intellectuelle qui n'a aucun sens.
01:02:50Pourquoi aurait-il fait tuer un homme qui lui devait de l'argent ?
01:02:54Et il balance. Le voyou, c'est pas lui, c'est Capozzi,
01:02:57un escroc qui flouait ses associés.
01:03:03Capozzi ne pouvait pas accuser Michel Malon de surfacturer
01:03:07puisque c'est lui qui demandait à ce que ça soit surfacturé.
01:03:10Mais il s'est arrêté, ils se sont fâchés,
01:03:13ils se sont brouillés le jour où Michel lui a dit « stop ».
01:03:18Dans cette affaire, on a dit tout et n'importe quoi à son sujet.
01:03:21Par exemple, qu'il était bloqué à cause de ses procès
01:03:24contre Orlando Capozzi.
01:03:28Michel avait un tas d'autres clients.
01:03:30On construisait des villas en Loma, partout, des routes,
01:03:34puisque les seuls engins qui existaient à l'époque sur la Serena,
01:03:37ce sont les engins de Michel.
01:03:39Donc à chaque fois qu'il y avait une route à faire, on faisait appel à Michel, bien sûr.
01:03:43Michel Malon le dit et le répète,
01:03:45il n'a rien à voir avec la mort d'Orlando Capozzi.
01:03:50Il n'y a pas de preuve directe ou indirecte
01:03:55d'implication de M. Malon,
01:03:58et les mobiles étaient inexistantes.
01:04:02Dans cette affaire, la seule chose qu'on peut lui reprocher,
01:04:05c'est d'avoir su et de n'avoir rien dit.
01:04:28C'est ce qui peut être reproché à Michel Malon,
01:04:30après avoir eu la réaction d'aller immédiatement dénoncer Christian Spadoni à la police
01:04:36et dire que c'est lui qui avait tué Orlando Capozzi.
01:04:39Mais on est loin d'un communitaire de crime.
01:04:43Et ce qu'on lui fait, c'est un scandale.
01:04:45Pendant qu'on le retient injustement en France,
01:04:48il se fait piller en République dominicaine.
01:04:54Il y a eu des mouvements sur ses terrains,
01:04:58sur son business, de personnes qui en profitaient
01:05:01parce qu'ils se disaient que de toute façon,
01:05:03Michel n'allait plus jamais revenir,
01:05:05donc ils allaient en profiter de la situation.
01:05:14M. Bruno Rebstock, vous êtes l'avocat de Michel Malon.
01:05:17Que vous dit votre client dans cette affaire ?
01:05:21Il est très... Il est innocent, bien entendu.
01:05:23Il est très anxieux dans la perspective du procès.
01:05:26Toute l'instruction, à son sens, est en fait à charge
01:05:29et cristallisée autour de documents financiers
01:05:32et à essayer d'établir un mobile
01:05:34qui, pour lui, évidemment, n'existe pas.
01:05:36Il n'y a pas de preuve matérielle.
01:05:38Comment, vous, vous faites pour démonter l'accusation ?
01:05:41L'important, c'est de mettre en avant, d'une part,
01:05:44l'absence totale d'éléments de preuve,
01:05:47téléphonie et autres éléments habituels.
01:05:49Deuxièmement, la personnalité, Michel Malon,
01:05:51qui est en contradiction totale avec ce crime.
01:05:53Et troisièmement, parce que nous avons quelqu'un
01:05:55qui revendique la réalisation et l'idée de ce crime.
01:05:58Vous parlez de la personnalité de Michel Malon.
01:06:01Comment vous la définiriez ?
01:06:03C'est évidemment quelqu'un dont la sérénité,
01:06:06le calme dénotent totalement, évidemment,
01:06:10avec la violence d'un assassinat
01:06:12et avec la violence de ce crime.
01:06:14Il va quand même un peu spolier la veuve de M. Capodgie.
01:06:18Spolier, je rappelle quand même que la veuve de M. Capodgie
01:06:23va négocier avec Michel Malon,
01:06:25mais assister de plusieurs avocats
01:06:28de grandes réputations en la matière.
01:06:30Et ça n'est donc pas un face-à-face entre Michel Malon
01:06:33et Mme Capodgie, évidemment,
01:06:36éplorée à la suite de l'assassinat de son mari.
01:06:39Si Michel Malon était vraiment le commanditaire,
01:06:42est-ce qu'il aurait eu intérêt
01:06:44à le faire depuis la République dominicaine ?
01:06:49On comprend très vite, compte tenu de l'ambiance,
01:06:52de la distance, qu'il aurait été dix fois plus simple
01:06:55de réaliser ou de faire réaliser ce crime
01:06:57en République dominicaine, évidemment,
01:06:59que sur le territoire français.
01:07:01Parce que ?
01:07:02Parce qu'on a très vite compris
01:07:04qu'il était sans doute très facile
01:07:06de recruter sur place des hommes de main
01:07:09pour réaliser cet assassinat
01:07:11sans prendre le risque de le commettre
01:07:13sur le territoire français,
01:07:15comme cela a été commis.
01:07:19L'argent.
01:07:20Pour l'accusation, c'est le nerf de la guerre.
01:07:23Pour la défense, un mobile qui ne tient pas.
01:07:26Le juge a besoin de savoir
01:07:28si Malon avait un intérêt financier
01:07:30à éliminer Capodgie.
01:07:32Pour avoir la réponse,
01:07:34le juge d'instruction fait appel
01:07:36à un expert financier.
01:07:38Mais son travail ne va pas être une mince affaire.
01:07:41En République dominicaine, c'est très difficile.
01:07:45En République dominicaine, c'est très difficile.
01:07:47Parce que, par ailleurs,
01:07:49il y a énormément d'offauts qui sont faits.
01:07:51Il y a, du fait de la corruption,
01:07:53aussi des documents officiels
01:07:55qui sont obtenus de façon illégale,
01:07:58en quelque sorte.
01:08:00Et c'est vrai que ça rend les investigations
01:08:03d'autant plus difficiles.
01:08:05Mais après des mois de travail
01:08:07et plusieurs rapports,
01:08:09l'expert parvient quand même
01:08:11à se faire une religion.
01:08:13Après les rapports que m'ont été donnés
01:08:15par les deux parties,
01:08:17j'ai conclu que M. Capodgie
01:08:19devait une somme très minime
01:08:21par rapport à ce que réclamait M. Malon.
01:08:24En tout cas, pas le montant, je crois,
01:08:26de 500 000 $
01:08:28qu'il réclamait jamais de la vie.
01:08:30Moi, j'ai chiffré, disons, en gros,
01:08:33la dette à environ 100 000 $.
01:08:36Et l'expert enfonce le clou.
01:08:38M. Capodgie est une étudiante financière
01:08:40tout à fait aisée
01:08:43Ce qui n'était pas le cas
01:08:45de Michel Malon.
01:08:47Car même s'il avait des terrains,
01:08:49il n'avait plus de liquidités
01:08:51et donc pas les moyens
01:08:53de les faire fructifier.
01:08:55Malon avait une situation financière
01:08:57pour les besoins de son entreprise
01:08:59qui était assez préoccupante.
01:09:01Autrement dit,
01:09:03pour répondre à la question
01:09:05du juge d'instruction,
01:09:07Malon pouvait avoir un intérêt
01:09:09à ce qu'Orlando Capodgie disparaisse.
01:09:11Il a pu négocier avec sa veuve
01:09:13et obtenir d'elle ce qu'Orlando
01:09:15n'aurait jamais cédé.
01:09:17Cette expertise financière
01:09:19vient sceller le sort
01:09:21de Michel Malon.
01:09:23Malgré ses dénégations,
01:09:25il est renvoyé devant la Cour d'assises
01:09:27pour assassinat.
01:09:29Ce sont donc trois hommes
01:09:31qui se retrouvent devant la Cour d'assises
01:09:33d'Aix-en-Provence en septembre 2008.
01:09:35Yves-Justine Yannick
01:09:37a obtenu une libération
01:09:39de raison médicale,
01:09:41comparé libre pour complicité.
01:09:45Derrière lui, dans le box,
01:09:47Michel Malon et Christian Spadeny
01:09:49répondent, eux, d'assassinat.
01:09:51Et dès le départ,
01:09:53le procès vire au règlement de compte.
01:09:55C'est horrible parce que là,
01:09:57je me retrouve dans une situation
01:09:59totalement inversée,
01:10:01c'est-à-dire que
01:10:03ce n'est plus les accusés
01:10:05qui sont montrés comme des monstres,
01:10:07c'est mon mari.
01:10:11Donc là, bien sûr,
01:10:13les rumeurs de voyous,
01:10:15de grandes gueules,
01:10:17mais des horreurs,
01:10:19c'est-à-dire qu'on fait le procès
01:10:21d'un mort.
01:10:25Côté accusé, en revanche,
01:10:27Michel Malon s'en sort plutôt bien.
01:10:31Car il a pour lui
01:10:33une ribambelle de témoins
01:10:35et, dès le départ,
01:10:37chanter ses louanges.
01:10:41Christian Spadeny est égal à lui-même,
01:10:43il assume tout
01:10:45et il le dit.
01:10:47Je suis le seul responsable,
01:10:49le seul coupable.
01:10:53C'est moi et c'est personne d'autre
01:10:55très déterminé,
01:10:57très, très déterminé.
01:10:59C'est le chevalier des temps modernes.
01:11:01Quant à Yves Justignani,
01:11:03l'impression qu'il fait est désastreuse.
01:11:05C'est quelque chose
01:11:07de phénoménal parce qu'il ne sait rien.
01:11:09Il a mené
01:11:11Christian Spadeny
01:11:13pour tuer Orlando,
01:11:15mais il sait pas qu'il va tuer Orlando.
01:11:17Il va rentrer vraiment
01:11:19dans le rôle du malade,
01:11:21c'est-à-dire qu'il faut qu'il s'allonge
01:11:23dans le tribunal,
01:11:25il est pas bien.
01:11:27Mais ce n'est ni le chevalier des temps modernes
01:11:29ni le grand malade
01:11:31qui préoccupe l'avocat général.
01:11:33C'est Michel Malon,
01:11:35celui qui serait le cerveau du crime
01:11:37mais contre lequel il n'a aucune preuve.
01:11:43Le dossier était difficile
01:11:45à tenir pour l'accusation, d'autant plus
01:11:47que nous n'avions pas des témoins
01:11:49dominicains
01:11:51et nous n'avions pas, surtout,
01:11:53c'était un élément important, absolument important,
01:11:55nous n'avions pas la présence
01:11:57de l'expert financier.
01:11:59On va regretter tous ensemble que
01:12:01des témoins aient fait défaut.
01:12:03Mais c'est, quelque part, c'est l'astérénas.
01:12:05Il n'y a pas que
01:12:07des gens
01:12:09qui ont forcément envie d'être confrontés
01:12:11à la justice pénale,
01:12:13même en qualité de témoin.
01:12:15Et ça va donner une dimension un petit peu chaotique
01:12:17à cette procédure.
01:12:19Astucieusement, Bruno Rebstock
01:12:21et Eric Dupond-Moretti, les avocats de Malon,
01:12:23s'engouffrent dans la brèche.
01:12:25Pour eux, le litige entre Malon
01:12:27et Capozzi portait sur
01:12:29des queues de cerises.
01:12:31Et s'il n'y a plus de litige, il n'y a plus de mobile.
01:12:33Donc, plus rien contre Malon.
01:12:35Mais ils n'arrivent pas
01:12:37à convaincre l'avocat général.
01:12:41J'ai requis des peines lourdes.
01:12:43J'ai requis des peines de 25 ans,
01:12:45à la fois contre Michel Malon
01:12:47et contre
01:12:49Christian Spadoni.
01:12:51Parce que j'ai considéré
01:12:53qu'ils étaient associés dans ce projet criminel.
01:12:55Et j'avais demandé une peine
01:12:57moins forte, de 20 ans,
01:12:59pour Justignani.
01:13:01Mais les jurés ne l'ont pas vraiment suivi.
01:13:03Christian Spadoni est condamné
01:13:05à 20 ans de réclusion criminelle.
01:13:07Yves Justignani prend
01:13:098 ans.
01:13:11Quant à Michel Malon, c'est la surprise.
01:13:13Il est acquitté.
01:13:15Catastrophe, écœuré.
01:13:17L'injustice
01:13:19est la plus poignante.
01:13:21On s'est accentué sur la personnalité d'Orlando
01:13:23et on a complètement minimisé le rôle de Malon.
01:13:25Et Malon s'en est tiré.
01:13:29Beaucoup, beaucoup de déceptions
01:13:31parce que ce n'était pas du tout ce qu'on attendait.
01:13:33Ça a été horrible.
01:13:35Cette décision
01:13:37de voir d'un coup ces gens
01:13:39hurler de bonheur, que vous, vous savez
01:13:41que c'est...
01:13:43C'est lui.
01:13:47Mais il n'a même pas exulté.
01:13:49C'est comme s'il le savait.
01:13:55De fait, c'est un Michel Malon
01:13:57encore sidéré qui sort
01:13:59le soir même de prison.
01:14:03On a vu cet homme sortir
01:14:05de la maison d'arrêt
01:14:07avec ses deux gros sacs,
01:14:09embrassé par sa compagne
01:14:11et soutenu
01:14:13par elle. Donc après,
01:14:15il a rencontré des gens qui sont venus
01:14:17à sa rencontre au fur et à mesure.
01:14:21Alors, acquittement,
01:14:23sortie de prison, ça vous fait quoi ?
01:14:25Je ne reviens pas encore.
01:14:27Je suis tellement ému que je ne reviens pas encore.
01:14:29Je n'arrive pas
01:14:31à m'exprimer.
01:14:33Sinon, les cinq années,
01:14:35je suis bouddhiste, donc je considère
01:14:37ça comme une retraite de cinq ans.
01:14:47Putain !
01:14:55Je n'arrive pas encore.
01:15:01Maître Repstock,
01:15:03j'imagine que cet acquittement est un véritable
01:15:05soulagement pour vous. C'est un soulagement,
01:15:07mais on sait que ce sera un soulagement de courte durée
01:15:09dans la mesure où le
01:15:11parquet fera nécessairement
01:15:13appel de cet acquittement.
01:15:15C'est un soulagement aussi quand même
01:15:17parce que cette décision est intervenue
01:15:19au terme d'un délibéré relativement
01:15:21rapide, ce qui
01:15:23nous laisse à penser, du côté de la défense de
01:15:25Michel Malon, que l'évidence est
01:15:27rapidement imposée à une majorité
01:15:29des jurés et de la Cour.
01:15:31Malon reste libre pendant deux ans.
01:15:33Que fait-il ?
01:15:35Il réapprend à revivre
01:15:37en famille, à réinstaurer des liens sociaux
01:15:39et puis il va ensuite, évidemment,
01:15:41chercher à faire le bilan
01:15:43pour rendre ses affaires telles qu'il les avait
01:15:45laissées et il va donc, à ce moment-là,
01:15:47après de grandes hésitations,
01:15:49se rendre en République dominicaine.
01:15:51Il va y passer ses deux années de liberté ?
01:15:53Il ne passera pas ses deux années.
01:15:55Il va et vient entre
01:15:57sa famille en France et ses affaires
01:15:59en République dominicaine.
01:16:01Il n'a jamais pensé prendre la fuite ?
01:16:03Jamais. Michel Malon
01:16:05n'a jamais pensé à prendre la fuite.
01:16:07Il est convaincu, évidemment, de son innocence
01:16:09et il veut qu'à nouveau, devant la Cour
01:16:11d'assises d'appel, cette innocence soit
01:16:13définitivement reconnue.
01:16:15Novembre 2010.
01:16:17Retour aux assises pour
01:16:19Michel Malon. Ses avocats
01:16:21Bruno Rebstock et Eric Dupond-Moretti
01:16:23sont confiants,
01:16:25prêts au combat.
01:16:27Le parquet veut jouer
01:16:29jusqu'au bout
01:16:31mais
01:16:35cet appel, il a été interjeté.
01:16:37Nous ne craignons pas cet appel
01:16:39parce que le dossier n'est pas plus
01:16:41rempli qu'il ne l'était en première
01:16:43instance. Côté parti civil,
01:16:45il y a du changement.
01:16:47La famille d'Orlando Capozzi a fait appel
01:16:49à un nouvel avocat, Maître Gilbert
01:16:51Quellard.
01:16:53De son côté, Michel Malon
01:16:55lui semble plus angoissé qu'en première
01:16:57instance, même s'il comparaît libre.
01:17:01L'arrive, il est
01:17:03libre. C'est-à-dire que le soir,
01:17:05il va dormir à l'hôtel, il va et il vient.
01:17:07Ce qui est très dur
01:17:09pour nous, quand vous êtes
01:17:11dans une salle
01:17:13où vous attendez que la porte du
01:17:15tribunal s'ouvre et que vous l'avez à côté de vous
01:17:17à la machine à café.
01:17:19À ses côtés,
01:17:21il y a Yves Justignani
01:17:23qui a fait appel de ses 8 ans de prison
01:17:25et qui continue de se dire
01:17:27totalement innocent.
01:17:29Lui,
01:17:31c'est un somnambule.
01:17:33C'est le somnambule
01:17:35du boulevard du crime.
01:17:37Il ne sait pas.
01:17:39Il déambule dans toute cette histoire
01:17:41comme s'il avait les yeux bandés,
01:17:43les oreilles bouchées, les mains ligotées.
01:17:45C'est vraiment le
01:17:47somnambule du crime.
01:17:49Le seul qui n'est pas rejugé,
01:17:51c'est Christian Spadoni.
01:17:53La cour l'a extrait de sa prison pour témoigner.
01:17:55Il est donc venu prêter main forte
01:17:57à ses amis et redire
01:17:59qu'il est le seul coupable.
01:18:01La déposition
01:18:03de Spadoni
01:18:05n'était pas un numéro,
01:18:07c'était un sketch.
01:18:09Spadoni,
01:18:11c'est le prototype
01:18:13du meilleur
01:18:15ami qu'on préférerait avoir
01:18:17comme meilleur ennemi.
01:18:19Il va tellement en faire
01:18:21pour dédouaner
01:18:23ses deux complices
01:18:25que tout son jeu va sonner faux.
01:18:27La défense
01:18:29a du mal à remonter la pente.
01:18:31D'autant qu'entre
01:18:33Gilbert Collard et
01:18:35Eric Dupond-Moretti,
01:18:37c'est une guerre de ténors
01:18:39qui se joue devant les assises du bar.
01:18:43Qu'on a Eric Dupond-Moretti,
01:18:45dont le talent est indiscutable,
01:18:47et que je suis là,
01:18:49c'est l'affrontement
01:18:51de bêtes
01:18:53de prétoires.
01:18:57Donc ça a été un procès
01:18:59très violent,
01:19:01physiquement violent même.
01:19:03Il ne faut pas céder.
01:19:05Il ne faut pas avoir peur d'intervenir,
01:19:07de s'interposer.
01:19:13Ces cris, ces disputes...
01:19:15Ah oui, parce que c'était
01:19:17la comédie à l'art.
01:19:19Quand vous avez Collard d'un côté,
01:19:21Dupond-Moretti de l'autre,
01:19:23oui,
01:19:25on sent une certaine animosité
01:19:27dans l'intérêt de la défense
01:19:29de leurs clients.
01:19:31Et les coups pleuvent.
01:19:33Gilbert Collard a une nouvelle cartouche.
01:19:37Il a déniché un PV
01:19:39dans lequel un témoin affirme
01:19:41qu'il faut avoir lu
01:19:43L'art de la guerre de Sun Tzu
01:19:45pour comprendre Malon.
01:19:51Je me fais apporter le livre
01:19:53et je retrouve dans le livre
01:19:55transposée
01:19:57toute la stratégie
01:19:59mise en place par Malon
01:20:01pour éliminer M. Capozzi.
01:20:03Se tenir à distance par exemple.
01:20:05Or lui,
01:20:07il est merveilleusement à distance
01:20:09de la scène de crime.
01:20:11Mettre des intermédiaires entre
01:20:13soi et sa victime, il a des intermédiaires.
01:20:15Vraiment, on a retrouvé
01:20:17la méthode
01:20:19transcrite
01:20:21d'une manière sanguinaire
01:20:23dans la réalité.
01:20:25Mais pour les proches de Michel Malon,
01:20:27cet argument ne vaut rien.
01:20:29Ça montre vraiment
01:20:31que l'accusation cherche
01:20:33vraiment
01:20:35la moindre petite bête pour essayer
01:20:37de l'enfoncer et de l'accuser.
01:20:41C'est tellement petit
01:20:43mais c'est vraiment n'importe quoi.
01:20:45En revanche,
01:20:47ce que l'accusation a de solide,
01:20:49ce sont les témoins dominicains.
01:20:51On a beaucoup de mal
01:20:53à faire dire
01:20:55les choses aux témoins.
01:20:57Contrairement à ce qui s'est passé en première instance,
01:20:59ils sont là.
01:21:01On sent
01:21:03qu'ils ont peur
01:21:05et qu'ils sont intéressés.
01:21:07On sent que
01:21:09le marché de l'immobilier là-bas
01:21:11est une immense entreprise
01:21:13dans laquelle tout le monde se gave.
01:21:15Avec ces témoins,
01:21:17les jurés découvrent un visage différent de Michel Malon.
01:21:19Le portrait de l'homme zen
01:21:21se fissure encore plus
01:21:23quand arrive son avocate dominicaine.
01:21:25C'était une tigresse
01:21:27qui était prête à tout
01:21:29pour faire triompher
01:21:31son client.
01:21:33Je lui ai quand même fait faire dire
01:21:35qu'elle avait fait des faux,
01:21:37qu'elle avait égaré des documents volontairement.
01:21:39C'est quelque chose d'assez extraordinaire.
01:21:41Le coup de grâce pour Michel Malon
01:21:43qui tente quand même de faire bonne figure
01:21:45pendant que les jurés délibèrent.
01:21:47La cour d'assises, vous pouvez rentrer.
01:21:53Il est très très zen.
01:21:55Il va passer devant moi,
01:21:57il va me regarder avec un petit rictus
01:21:59mais du style...
01:22:01C'est comme la première fois.
01:22:09Mais ça ne se passe pas comme la première fois.
01:22:13Yves-Justine Yannier est condamné à 10 ans
01:22:15de réclusion criminelle,
01:22:17soit deux ans de plus qu'en première instance.
01:22:23Quant à Michel Malon,
01:22:25il prend 15 ans.
01:22:27Ça nous est tombé dessus
01:22:29comme un coup près,
01:22:31comme un rideau
01:22:33qui tombe.
01:22:39On n'a pas compris ce qui s'est passé.
01:22:41Quand on passe en deux ans,
01:22:43en deux procès,
01:22:45on passe d'innocent
01:22:47à accusé
01:22:49sans preuve supplémentaire.
01:22:51Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:22:53Dans la tête des gens ?
01:22:55Comment a été mené le procès ?
01:22:57Je ne sais pas.
01:22:59Non, je ne comprends pas.
01:23:03Michel Malon, lui,
01:23:05encaisse sa condamnation
01:23:07sans rien dire.
01:23:09Très zen, résigné.
01:23:13Il a mis tout seul les mains
01:23:15derrière le dos
01:23:17et les policiers n'ont plus qu'à
01:23:19fermer les menottes sur ses poignets.
01:23:21Ça m'a étonné.
01:23:25Lui, comme son camarade,
01:23:27son co-accusé Yves-Justine Yannier,
01:23:29ils se sont laissés faire.
01:23:31Pas un mot, pas un bruit.
01:23:33J'ai trouvé ça très étonnant.
01:23:39Mon progrès final,
01:23:41c'est pourquoi ces deux hommes
01:23:43ne se sont pas mis autour d'une table.
01:23:45Ils ne se sont pas mis d'accord.
01:23:47C'est le drame de ce procès.
01:23:49Ce n'est pas des gibiers.
01:23:51Michel Malon, ce n'est pas un gibier de cour d'assise.
01:24:01Maître Rebstock, quelle est votre réaction
01:24:03à la condamnation de Malon ?
01:24:05C'est évidemment une immense déception.
01:24:09Humaine et une immense déception
01:24:11sur le plan judiciaire.
01:24:13J'en reste encore convaincu.
01:24:15Aujourd'hui, une erreur judiciaire.
01:24:17Cette condamnation intervient
01:24:19en l'absence totale d'éléments de preuve.
01:24:21J'ai le sentiment que les arguments
01:24:23qui l'ont emporté sont des arguments
01:24:25qui sont à la périphérie du dossier.
01:24:27Ces arguments ont dû toucher
01:24:29une certaine sensibilité
01:24:31des jurés.
01:24:33Mais on est loin de la raison,
01:24:35de la rigueur, de la preuve.
01:24:37J'espère que les décisions de cour d'assise
01:24:39ne soient pas motivées.
01:24:41Car si les partis civils n'ont pas pu savoir
01:24:43pourquoi Michel Malon avait été acquitté
01:24:45par la cour d'assise des Bouches-du-Rhône
01:24:47deux ans plus tôt,
01:24:49Michel Malon et sa défense ne savent pas plus
01:24:51pourquoi il a été condamné
01:24:53par la cour d'assise du Var en appel.
01:25:01Daniel Capozzi,
01:25:03après cet acquittement,
01:25:05est condamné à 15 ans
01:25:07en appel. Quelle est votre réaction,
01:25:09à ce moment-là ?
01:25:11Pas le bonheur,
01:25:13mais un soulagement
01:25:15que cet homme
01:25:17aille en prison
01:25:19où il mérite d'être,
01:25:21même si c'est pour une courte durée.
01:25:23La commandité
01:25:25de l'assassinat de mon fils,
01:25:27l'assassin a pris 20 ans,
01:25:29il doit prendre 30 ans.
01:25:31Sans lui, il n'y aurait jamais eu d'assassin
01:25:33dans la vie d'assassiné.
01:25:35Les deux années
01:25:37qui se sont passées
01:25:39entre le premier procès
01:25:41et l'appel,
01:25:43j'ai su qu'il était retourné
01:25:45à Saint-Domingue, vivre à Saint-Domingue
01:25:47pendant
01:25:49deux ans.
01:25:51Je l'ai imaginé chaque jour
01:25:53sur les plages qu'il a estorquées
01:25:55en faisant assassiner à mon fils
01:25:57à vivre là-bas sur ces plages de rêve.
01:25:59Ça a été dur.
01:26:01Je suis soulagée
01:26:03même si je sais qu'il ne va pas rester
01:26:05longtemps en prison.
01:26:07Vous avez toujours cru à la culpabilité
01:26:09de Malon, vous n'avez jamais eu le doute ?
01:26:11Jamais.
01:26:19Michel Malon et Christian Spadoni
01:26:21ont donc gagné quelques années à l'ombre.
01:26:23En prison, Malon se serait mis
01:26:25à la peinture.
01:26:27Pas sûr qu'à leur sortie, les deux hommes
01:26:29n'aient pas encore envie de goûter au soleil des tropiques.