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Si la famille Touil semble heureuse, la vérité est toute autre. Les insultes et les coups volent sur les enfants et Nadia, la mère. Quand ses voisins la retrouvent agonisante près de chez elle, l'enquête se dirige très vite vers le mari, Menouar.

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Personnes
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00:00:00C'est parti !
00:00:30C'est parti !
00:01:00Il y a des violences physiques par deux coups, il y a des violences verbales, des insultes.
00:01:06Il n'y a jamais un présent, il n'y a jamais une attention, c'est un tyran.
00:01:11Elle va nous expliquer qu'il prend un bout de bois dans le jardin et qu'il lui montre comment il va la tuer.
00:01:16Les services sociaux ont tout fait pour aider cette mère de famille à quitter cet homme violent.
00:01:20Mais Nadia Twill leur cachait un secret.
00:01:23La raison pour laquelle elle avait si peur de divorcer.
00:01:26Et un jour, les voisins l'ont retrouvée sur le trottoir, à moitié morte.
00:01:30Il y avait du sang partout, il y a du sang sur les murs, il y a du sang sur les poteaux.
00:01:34C'est un cadavre, c'est un cadavre baignant dans son sang.
00:01:37Si plaît de multiples fractures du crâne et des séquelles neurologiques toute sa vie, si elle en réchappe.
00:01:44Dans ce contexte, tous les regards se sont évidemment tournés vers le mari violent.
00:01:48Mais comment prouver qu'il avait attenté à la vie de son épouse, sans le moindre indice, sans la moindre preuve ?
00:01:55Et en réalité, le dossier est vide.
00:01:57Pas de preuve, mais un passé.
00:01:59Un passé que Ménoir et Nadia cachaient.
00:02:03Un secret que la justice a exhumé.
00:02:15Bondi, le dimanche 30 décembre 2012.
00:02:19Il est 5h20, le jour ne s'est pas encore levé quand les téléphones du commissariat se mettent à sonner.
00:02:25On a plusieurs témoins qui ont trouvé une femme blessée très grièvement.
00:02:32Certains peinent même à dire si c'est une femme tellement son visage est recouvert de sang.
00:02:40La femme inanimée gît sur le trottoir.
00:02:48Un voisin explique à la police qu'il a entendu un cri, les bruits d'une bagarre et puis des gémissements.
00:02:55Il a ouvert ses volets et il l'a vue à terre.
00:03:04Quand les premiers policiers arrivent sur place, ils découvrent une femme avec de grosses blessures sur le crâne.
00:03:17Une grande quantité de sang aussi sur le sol.
00:03:21Une belle marat de sang.
00:03:23C'est une toute petite ruelle.
00:03:31Il y avait du sang partout.
00:03:32Il y a du sang sur les murs, il y a du sang sur les poteaux.
00:03:40C'est un cadavre.
00:03:41C'est un cadavre baignant dans son sang.
00:03:43Tandis que les urgentistes tentent de sauver la victime, les policiers relèvent déjà les premiers indices.
00:03:55À côté d'elle, une paire de lunettes.
00:04:01Une pince à cheveux.
00:04:0220 centimes.
00:04:06Mais pas de sac à main.
00:04:10Et aucun papier pour l'identifier.
00:04:13Sur le mur qui jouxte la mare de sang, il repère des enfoncements bizarres.
00:04:17Quelle arme a bien pu laisser des empreintes pareilles ?
00:04:24Est-ce qu'elle a résisté ? On ne sait pas.
00:04:27On est simplement choqué par la violence des coups portés sur cette femme.
00:04:36Pendant que les pompiers foncent à l'hôpital, les enquêteurs élargissent leur cercle de recherche.
00:04:46À 30 mètres, un témoin a repéré un cabas blanc et rouge.
00:04:51À l'intérieur, quelques effets pour aller travailler.
00:04:54Et le ticket de caisse d'un magasin casino daté du 27 décembre.
00:04:59Un ticket avec un nom.
00:05:02Nadia Twill.
00:05:06Les policiers consultent le fichier central.
00:05:09Et il y a bien une Nadia Twill qui habite le quartier.
00:05:14Quand on fait des recherches dans les mains courantes du 93,
00:05:17on s'aperçoit que Nadia Twill est victime de violence.
00:05:20Son plus jeune fils est connu pour l'avoir violenté.
00:05:24On se demande du coup s'il n'y a pas une possibilité éventuellement que ce soit lui qui ait pu l'agresser.
00:05:32À 7h moins le quart, les policiers se présentent donc chez elle.
00:05:37À l'Eracine, à seulement quelques centaines de mètres du lieu de l'agression.
00:05:46Il frappe.
00:05:47Il y a un petit peu de temps pour que quelqu'un réponde.
00:05:50Et dans la maison, en fait, il y a deux hommes.
00:05:52Le fils aîné qui est à l'étage et le mari qui est au rez-de-chaussée, qui ouvre la porte.
00:05:57Les policiers expliquent ce qui vient de se passer.
00:06:03Monsieur Twill, il n'est pas très intéressé de savoir quel est l'état de santé de sa femme
00:06:07ou de se rendre à son chevet.
00:06:10Il reste assez froid à l'annonce de l'agression.
00:06:12L'homme leur confirme simplement que sa femme est bien partie travailler à 5h,
00:06:18comme chaque matin, pendant qu'il dormait.
00:06:21Les policiers notent au passage qu'il est en âge.
00:06:25Bizarre pour quelqu'un qui vient de se lever en plein mois de décembre.
00:06:27Mais ils ne sont pas là pour ça.
00:06:31Mais pour le fils, le petit dernier qui a déjà violenté sa mère.
00:06:37Mes collègues demandent du coup, où est le fils cadet ?
00:06:40Le cadet, à la date des faits, est placé à 140 km de Bondy
00:06:46dans un établissement pour enfants difficiles.
00:06:50Mais y était-il cette nuit-là ?
00:06:53On ne pouvait pas se baser uniquement sur les déclarations de la famille.
00:06:56Il fallait de toute façon qu'on vérifie qu'il n'avait pas pu sortir,
00:06:59qu'il ne s'était pas échappé ou quoi que ce soit.
00:07:04En attendant, les policiers demandent au mari
00:07:07de passer au commissariat dans l'après-midi.
00:07:10Il va expliquer que ce n'est pas la première fois
00:07:13que son épouse aurait été agressée,
00:07:15évoquant aussi apparemment une tentative d'agression sexuelle,
00:07:19voire plus, dont elle aurait été victime.
00:07:22Son épouse lui en avait parlé à l'époque.
00:07:26Mais Noir Twill précise que sa femme ne sortait jamais sans son sac,
00:07:31son téléphone, sa carte bleue et sa carte de transport.
00:07:34Tout ce qui a disparu, donc.
00:07:37Et quand les policiers l'interrogent sur sa vie de famille,
00:07:39il se montre rassurant.
00:07:41Avec sa femme, tout va bien.
00:07:46Il nous évoque quand même un petit passage difficile
00:07:47à cause de l'éducation des enfants.
00:07:50Mais il nous dit que maintenant, tout est résolu
00:07:53et qu'ils envisagent même d'acheter un appartement ensemble
00:07:56et de vendre la maison qui est abondie.
00:07:57Pendant ce temps, Nadia Twill est toujours entre la vie et la mort
00:08:06à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière
00:08:09où elle a été plongée dans un coma artificiel.
00:08:11Dominique, quel est le diagnostic des médecins qui suivent Nadia Twill ?
00:08:21Nadia Twill est arrivée à l'hôpital consciente, mais très agitée.
00:08:25Elle a de multiples plaies ici dans le scalp.
00:08:28Deux plaies au front, trois plaies là, dont une de 8 cm
00:08:31et une à l'arrière du crâne.
00:08:33Donc ça fait six plaies en tout, c'est un massacre ?
00:08:35Oui, et elle a de multiples fractures du crâne,
00:08:38un bras cassé, un doigt cassé, un poignet abîmé.
00:08:41On pense à des lésions de défense, elle a voulu se protéger.
00:08:44Elle va être plongée, on l'a dit, dans un coma artificiel
00:08:47pour l'aider à supporter cette douleur, cette souffrance.
00:08:50Est-ce qu'elle a subi des violences sexuelles ?
00:08:52Non, les médecins prescrivent une ITT d'au moins trois mois
00:08:54si elle survit à ses blessures parce que son pronostic vital est engagé.
00:08:59Et il faut avouer que les médecins sont extrêmement pessimistes
00:09:02parce qu'elles risquent de conserver toute sa vie
00:09:06des séquelles de son agression.
00:09:07Est-ce que les médecins ont pu déterminer l'arme
00:09:09qui est à l'origine de ces blessures ?
00:09:11Non, pas précisément.
00:09:12Les plaies sont franches, les plaies sont nettes.
00:09:15On pense à un instrument lourd, métallique, contondant, tranchant.
00:09:21Les coups ont été donnés avec une grande force, une grande violence.
00:09:24Peut-être une machette ou une hache.
00:09:32Je me dis que c'est quasiment des photos d'autopsie.
00:09:39On n'arrive pas à imaginer qu'on l'ait à ce point brutalisé
00:09:43simplement pour lui arracher son sac à main.
00:09:49Quand on voit les photos, quand on voit les constatations,
00:09:53on a l'impression qu'il y a de l'émotionnel en fait
00:09:55dans ces blessures de l'affectif.
00:09:58Et on trouve ça bizarre parce que sur les vols avec violence,
00:10:02en fait, la victime, elle est toujours frappée sur le corps
00:10:05pour lâcher son sac.
00:10:08Et là, en fait, Nadia Twill, elle n'a pas de marque sur le corps.
00:10:11Quand la PJ de Seine-Saint-Denis reprend le dossier,
00:10:28dès le 1er janvier, c'est donc au fils cadet qu'elle s'intéresse.
00:10:32À 15 ans, le gamin a un casier déjà bien rempli.
00:10:38La PJ appelle l'établissement pour mineurs difficiles
00:10:40où il a été placé, ça donne rien.
00:10:43L'ADO n'a pas quitté le centre.
00:10:48Alors qui ?
00:10:50Un déséquilibré ?
00:10:51Une bande de voleurs ?
00:10:53Le téléphone, la carte bleue et le titre de transport de Nadia
00:10:56sont placés sous surveillance
00:10:57et les policiers retournent sur place.
00:11:00Il y a des recherches qui sont faites aux abords
00:11:13pour retrouver l'arme en fouillant les buissons,
00:11:16en fouillant vraiment tout le long du tram
00:11:18pour voir si c'était pas un peu plus loin
00:11:20et on n'a jamais retrouvé l'arme du crime.
00:11:24Nadia a été agressée à quelques mètres seulement
00:11:26de la station de tram.
00:11:30Pas de chance,
00:11:32les caméras de la gare ne fonctionnaient pas ce jour-là.
00:11:36Alors les enquêteurs font et refont le trajet
00:11:39qu'elle emprunte chaque matin
00:11:40et coup de bol.
00:11:43Ils repèrent une caméra
00:11:44à l'angle d'une maison de retraite.
00:11:46À 4h47,
00:11:57on y voit une femme,
00:11:59seule,
00:12:00sur le trottoir de gauche.
00:12:02Nadia.
00:12:04Nadia qui disparaît
00:12:05de l'axe de la caméra
00:12:06et sera agressée
00:12:09une centaine de mètres plus loin.
00:12:11À 4h52,
00:12:15seulement 5 minutes plus tard,
00:12:16un cycliste passe rapidement
00:12:17en sens inverse.
00:12:20Soit c'est l'agresseur,
00:12:22soit il a vu quelque chose.
00:12:26C'est une image
00:12:27qui n'est pas de très bonne qualité.
00:12:29On ne peut pas identifier la personne
00:12:31avec le visage.
00:12:33Néanmoins,
00:12:33c'est une image qui permet
00:12:34de quand même voir une attitude,
00:12:36une silhouette,
00:12:38une taille.
00:12:38À ce moment-là,
00:12:40c'est la seule image
00:12:42qu'on ait
00:12:43où on voit un tiers
00:12:44à proximité
00:12:45de Nadia.
00:12:49Autant dire
00:12:50que ce cycliste du dimanche
00:12:51intéresse bigrement
00:12:53la PJ.
00:12:57L'enquête s'annonce compliquée.
00:13:00La scène de crime
00:13:00ne fournit aucun indice matériel.
00:13:03La vidéo est difficilement exploitable.
00:13:05La carte bancaire
00:13:06et le téléphone
00:13:06restent silencieux.
00:13:07Et la victime
00:13:08est toujours dans le coma.
00:13:10En attendant de retrouver
00:13:11l'homme au vélo,
00:13:12les policiers s'intéressent
00:13:13donc très classiquement
00:13:14à la famille Twill.
00:13:16Une famille déjà connue
00:13:17de la police.
00:13:30À 53 ans,
00:13:31Nadia Twill
00:13:32est la seule
00:13:33à travailler à la maison.
00:13:34Elle dort dans la cuisine.
00:13:41Ménoire occupe
00:13:42la chambre conjugale.
00:13:43Elle s'est organisée
00:13:44un petit espace à elle.
00:13:46Dans la cuisine,
00:13:47elle y a mis son lit.
00:13:48Il y a la salle de bain
00:13:49qui est attenante.
00:13:51Elle se prépare
00:13:52et elle part travailler.
00:13:54Chaque matin,
00:13:59elle quitte
00:14:00sans bruit
00:14:00sa famille endormie
00:14:01pour aller tenir
00:14:02la caisse d'un supermarché
00:14:03dans le 13e arrondissement
00:14:04de Paris.
00:14:12Voilà 30 ans
00:14:13que Nadia partage
00:14:14la vie de Ménoire.
00:14:16Une vie pas drôle.
00:14:18À 66 ans,
00:14:19l'homme n'a rien
00:14:19du retraité tranquille.
00:14:20il est autoritaire,
00:14:22violent.
00:14:24Et il se montre
00:14:25tout aussi tyrannique
00:14:26avec sa femme
00:14:27qu'avec ses trois enfants
00:14:28de 15, 17 et 18 ans.
00:14:30C'est une famille
00:14:40où la violence pregne.
00:14:46Les menaces,
00:14:47les coups
00:14:48dans cette espèce
00:14:49de famille
00:14:50bizarre.
00:14:52Bizarre.
00:14:53Les enfants vont grandir
00:14:59dans un climat
00:15:00d'extrême violence
00:15:01et chacun aura
00:15:03maille à partir
00:15:04excepté l'aîné,
00:15:06maille à partir
00:15:07avec la justice.
00:15:09Celle du milieu
00:15:09va partir
00:15:12à 14 ans
00:15:12et sera placée.
00:15:14Le plus jeune
00:15:15n'aura de cesse
00:15:16que de faire
00:15:16des allers-retours
00:15:17entre la maison
00:15:18et le juge pour enfants
00:15:19et d'aller également
00:15:20en centre de détention
00:15:21pour mineurs.
00:15:22Une famille bien connue
00:15:27des services de police
00:15:28donc.
00:15:29L'assistante sociale
00:15:30du commissariat
00:15:31a d'ailleurs reçu
00:15:32Nadia Twill
00:15:32plusieurs fois
00:15:33au cours
00:15:33de ces deux dernières années
00:15:35et quand l'APJ
00:15:36la convoque,
00:15:38elle en a
00:15:38des choses à raconter.
00:15:42Elle a fait connaissance
00:15:43du couple Twill
00:15:44en 2010,
00:15:45leur fille venait de fuguer
00:15:46et Nadia était pétrifiée.
00:15:52elle était très effacée.
00:15:54Elle était très repliée
00:15:55sur elle-même,
00:15:56elle ne prenait pas la parole.
00:15:58Même à des moments
00:15:59où elle voulait prendre
00:15:59la parole,
00:16:00son mari lui disait
00:16:00« c'est moi qui parle »
00:16:02et on sentait
00:16:03qu'il y avait une atmosphère
00:16:04très anxiosienne
00:16:05entre les deux.
00:16:06Et du coup,
00:16:12quand on a fini
00:16:12l'entretien,
00:16:13je leur dis au revoir
00:16:14et je serre la main
00:16:15très fort de Madame Twill
00:16:17et je lui dis
00:16:18« s'il y a quoi que ce soit,
00:16:20vous n'hésitez pas à m'appeler »
00:16:21et j'insiste
00:16:22en tenant sa main en fait.
00:16:23Et de là,
00:16:24elle part
00:16:25et puis quelques jours
00:16:26après,
00:16:27elle m'appelle
00:16:27et elle me dit
00:16:28« il faut que je vous voie »
00:16:31« en fait,
00:16:31je ne vous ai pas tout dit. »
00:16:34« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:36« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:38« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:40« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:42« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:43« Qu'est-ce qu'il faut ça ? »
00:16:44« Quand elle vient me voir,
00:16:46elle déverse.
00:16:47Elle parle de ses années
00:16:48de violence,
00:16:49d'oppression par son mari.
00:16:52Pendant une heure au moins,
00:16:53celle qui parle.
00:16:54Elle parle,
00:16:54elle raconte.
00:16:58Il y a des violences physiques,
00:17:00elle parle de coups,
00:17:01il y a des violences verbales,
00:17:03des insultes
00:17:03et puis il y a une pression économique aussi
00:17:06parce que madame Thouille travaille
00:17:08et du coup,
00:17:09monsieur lui réclamait sans cesse,
00:17:10sans cesse de l'argent en fait.
00:17:11Il fallait qu'elle lui donne de l'argent
00:17:12parce que sinon,
00:17:13il ne s'énervait pas.
00:17:19Elle a quand même très peur de lui.
00:17:20Elle le dit à plusieurs reprises,
00:17:22« j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur. »
00:17:24Elle veut sortir de cette violence en fait.
00:17:26Elle veut quitter son mari.
00:17:27C'est son objectif.
00:17:27Le 3 janvier 2013,
00:17:36quatre jours après l'agression,
00:17:40les policiers convoquent donc la fille de Nadia.
00:17:45Entre Nadia et sa fille,
00:17:46les relations ne sont pas bonnes.
00:17:48Elle lui en veut,
00:17:49comme tout enfant,
00:17:51de ne pas avoir su les protéger
00:17:52de la violence de leur père.
00:17:53Elle nous explique qu'elle ne parle plus
00:17:59à ses parents,
00:18:00en particulier à son père.
00:18:02Et depuis quelques mois,
00:18:03elle ne parle plus à sa mère non plus
00:18:05parce que sa maman n'a pas mis
00:18:07son papa dehors en fait.
00:18:08Ils devaient se séparer.
00:18:10Elle avait engagé une procédure de divorce
00:18:12et le père devait y quitter le pavillon.
00:18:19La fille va même plus loin.
00:18:21L'agresseur de sa mère,
00:18:24elle croit bien le connaître.
00:18:28Très rapidement,
00:18:29elle nous demande où était son père.
00:18:31Et très rapidement,
00:18:32elle pense que ça pourrait être son père.
00:18:34Elle avait entendu son père
00:18:35dire qu'il allait tuer Nadia.
00:18:44Le discours change
00:18:45quand c'est au tour du fils aîné
00:18:46de s'asseoir devant les policiers.
00:18:48son père,
00:18:50l'agresseur,
00:18:52impossible.
00:18:54C'est un vol à l'arraché.
00:18:58Il évoque aussi
00:18:59un climat familial violent.
00:19:02Mais bon,
00:19:03lui,
00:19:03il arrive à supporter,
00:19:04mais moi,
00:19:05je pense qu'il est resté aussi
00:19:06dans la maison
00:19:07pour protéger sa mère.
00:19:10Ce foyer toxique,
00:19:13le frère de Nadia
00:19:14en parle aussi au policier
00:19:15quand il l'appelle.
00:19:16Mais dans la conversation,
00:19:19le témoin lâche aussi
00:19:20un secret de famille
00:19:22et pas des moindres.
00:19:26Il s'agit de la condamnation
00:19:27de son beau-frère
00:19:28à 20 ans de prison.
00:19:31Cette condamnation,
00:19:32les policiers viennent
00:19:33de la repérer
00:19:33en consultant
00:19:34le casier de Ménoir,
00:19:35mais ils n'en savent pas plus.
00:19:37Le 7 janvier,
00:19:46huit jours après
00:19:47l'agression de Nadia,
00:19:49ils poussent donc
00:19:50la porte des archives
00:19:51de la crime
00:19:52aux 36 quai des Orfèvres.
00:19:54Ils ont un petit dossier
00:19:56à récupérer.
00:19:57Et c'est une histoire
00:20:03vieille de 30 ans
00:20:04dans laquelle se plonge
00:20:05l'APJ de Seine-Saint-Denis.
00:20:16Au printemps 81,
00:20:18toute la France
00:20:18a les yeux rivés
00:20:19sur l'Elysée
00:20:19et la campagne présidentielle.
00:20:21quand un matin,
00:20:23le 7 avril,
00:20:25deux employés communaux
00:20:26font une découverte
00:20:27pendant leur ronde
00:20:28au bois de Vincennes.
00:20:35Posés au pied d'un arbre,
00:20:38une caisse en bois,
00:20:41maculée de sang
00:20:42et un grand sac poubelle.
00:20:51A l'époque,
00:20:56je suis patron
00:20:57du commissariat
00:20:58du 12e arrondissement
00:20:59et là,
00:21:00c'était ma nuit
00:21:00de permanence
00:21:01et donc l'état-major
00:21:03m'appelle
00:21:03sur les coups
00:21:04de 7h,
00:21:057h30 du matin
00:21:06pour me dire
00:21:07qu'ont été découverts
00:21:09au niveau du bois
00:21:10de Vincennes
00:21:11des sacs poubelle
00:21:12pouvant contenir
00:21:14des restes humains.
00:21:19Je me rends sur place
00:21:21donc on a ouvert
00:21:23la caisse en bois.
00:21:30Cette caisse en bois
00:21:31contenait un tronc humain.
00:21:33Tout était sectionné
00:21:34au niveau des épaules
00:21:36donc il n'y avait pas
00:21:36de bras, etc.
00:21:39On remarque quand même,
00:21:40moi ça m'avait frappée,
00:21:41je m'en souviens très très bien,
00:21:43que les mamelons
00:21:44étaient quand même
00:21:45proéminents.
00:21:51On ouvre également
00:21:52les sacs poubelle
00:21:54et là,
00:21:54nous découvrons
00:21:55le reste du corps.
00:21:57Le reste du corps
00:21:58sauf la tête.
00:22:01L'enquête est confiée
00:22:02à la crime.
00:22:03La mort semble récente
00:22:04mais le cadavre
00:22:05ne porte ni bijoux
00:22:06et ni papier
00:22:07pour l'identifier.
00:22:08C'est donc
00:22:12l'Institut Médico-Légal
00:22:14de Paris
00:22:14qui s'attaque au puzzle.
00:22:20Un puzzle
00:22:21entre guillemets
00:22:22macabre,
00:22:23si vous voulez.
00:22:24Il y a les deux jambes
00:22:25qui ont été
00:22:26sectionnées
00:22:27au niveau
00:22:27de l'aine.
00:22:29Il y a les deux pieds.
00:22:29Il y a les deux bras
00:22:31qui ont été aussi
00:22:32sectionnés
00:22:33au niveau
00:22:33des épaules.
00:22:34Alors ce qui est
00:22:35très caractéristique
00:22:35quand on examine
00:22:38ces morceaux de corps,
00:22:40c'est que ça a été
00:22:40coupé vraiment net.
00:22:42Ce n'est pas déchiqueté
00:22:43si vous voulez.
00:22:44Je me souviens
00:22:45que nous nous étions
00:22:46fait la remarque
00:22:47que ça pouvait être
00:22:47un professionnel
00:22:48du type boucher,
00:22:50charcutier,
00:22:51enfin quelqu'un
00:22:52qui a un peu
00:22:52l'habitude
00:22:53d'une découpe propre.
00:23:00L'autopsie
00:23:01évaluera son âge
00:23:02autour de 30-35 ans.
00:23:05Ce qu'on remarque aussi,
00:23:12outre la proéminence
00:23:13des mamelons,
00:23:15le médecin légiste
00:23:15nous disant
00:23:16c'est vraisemblablement
00:23:17dû à un traitement
00:23:19hormonal.
00:23:20Et alors,
00:23:21les ongles de la main
00:23:22sont vernis,
00:23:23des ongles longs,
00:23:23bien faits,
00:23:24comme ceux d'une femme,
00:23:25et ceux des pieds
00:23:26aussi sont vernis.
00:23:32Nous, on a compris
00:23:34tout de suite
00:23:34que c'était
00:23:36vraisemblablement
00:23:36un homosexuel travesti.
00:23:39Ça ne faisait pas
00:23:40trop l'ombre d'un doute.
00:23:45Au niveau des empreintes
00:23:46digitales,
00:23:47il n'est pas connu.
00:23:48C'est déjà un souci.
00:23:50Le second,
00:23:51c'est qu'il n'y a pas
00:23:51de tête.
00:23:52Et n'ayant pas
00:23:53de tête,
00:23:54vous ne pouvez pas
00:23:55ensuite représenter
00:23:56la photo
00:23:57dans ce milieu,
00:23:58etc.
00:24:02Les policiers
00:24:02poursuivent donc
00:24:03leur recherche au bois
00:24:04et plus particulièrement
00:24:06dans la zone
00:24:07où le corps
00:24:08a été retrouvé.
00:24:10Un coin
00:24:10où les nuits
00:24:11sont plutôt
00:24:11chaudes.
00:24:15Prostituées,
00:24:15travesties,
00:24:16quand ils ne travaillent pas
00:24:17dans les boîtes
00:24:18de Paris et des environs,
00:24:19c'est au bois de Vincennes
00:24:20et au bois de Boulogne
00:24:21qu'ils partagent
00:24:22leur charme.
00:24:22La crime
00:24:24fait donc appel
00:24:25à celles
00:24:25qui les connaissent
00:24:25le mieux,
00:24:26la fameuse BRP,
00:24:28la brigade de répression
00:24:29du proxénétisme.
00:24:31L'idée,
00:24:31c'était de voir
00:24:32s'ils avaient
00:24:33entendu parler
00:24:34d'une disparition,
00:24:36d'un règlement de compte
00:24:37parce que la BRP,
00:24:39c'est vraiment
00:24:39le service
00:24:40qui est intégralement
00:24:41plongé
00:24:42dans le monde
00:24:42de la prostitution.
00:24:48La mondaine,
00:24:49comme on dit,
00:24:49secoue ses réseaux,
00:24:50active ses tontons.
00:24:53Mais le bois
00:24:54garde son secret.
00:24:59Ça ne donne rien
00:25:00parce que je pense
00:25:01que ce travesti,
00:25:03il est un peu marginal.
00:25:04Voilà,
00:25:05donc rien ne remonte.
00:25:08Et le temps passe.
00:25:15L'élection
00:25:16du premier président socialiste
00:25:18et l'euphorie
00:25:18qui gagne le pays
00:25:19éclipsent le mystère
00:25:20du bois de Vincennes.
00:25:22Le visage de François Mitterrand
00:25:24s'affiche à l'Elysée.
00:25:27Celui du cadavre du bois
00:25:28reste inconnu
00:25:29pendant encore
00:25:31quatre longs mois.
00:25:36On découvre le corps
00:25:37en avril
00:25:39et c'est en août
00:25:40qu'il y a une recherche
00:25:41particulière
00:25:43en provenance
00:25:43de Besançon
00:25:44qui va permettre
00:25:45l'identification
00:25:46de notre homme.
00:25:52Un homme a disparu.
00:25:54Sa soeur jumelle
00:25:55a déclenché une recherche
00:25:56dans l'intérêt des familles.
00:25:58Les empreintes digitales
00:25:59de son frère
00:25:59ont été diffusées
00:26:00à tous les services.
00:26:03Voilà comment la crime
00:26:04a finalement mis un nom
00:26:05sur son cadavre.
00:26:06L'homme sans tête
00:26:11s'appelle Jean-Claude Maire.
00:26:14Il est né
00:26:15le 13 mars 1947
00:26:16à Levier,
00:26:17dans le Doubs.
00:26:23D'après sa soeur,
00:26:24il habitait
00:26:25rue Blondel
00:26:25dans le deuxième
00:26:27arrondissement de Paris.
00:26:28Jean-Claude Maire
00:26:31était un homme
00:26:32qui avait commencé
00:26:33un processus
00:26:34de changement de sexe.
00:26:36Un homme
00:26:36qui avait beaucoup de talent,
00:26:37qui travaillait dans la mode.
00:26:39Il commençait
00:26:39à avoir un bon début
00:26:40de carrière.
00:26:50On comprend
00:26:51que ce monsieur,
00:26:52il est en couple
00:26:53avec un homosexuel
00:26:55et qu'il demeure
00:26:57avec des guillemets
00:26:59rue Blondel
00:27:00et rue Blondel
00:27:01dans le deuxième
00:27:02arrondissement
00:27:03de la capitale
00:27:03à l'époque,
00:27:04c'est un haut lieu
00:27:05de la prostitution parisienne.
00:27:07Comment faites exprès ?
00:27:09Donc là,
00:27:09tout s'enchaîne,
00:27:10si vous voulez.
00:27:14D'abord,
00:27:14il faut entendre
00:27:15bien sûr la famille
00:27:16en priorité.
00:27:17Qu'est-ce qu'ils savent
00:27:18de la vie
00:27:18de ce garçon ?
00:27:20C'est comme ça
00:27:20qu'on apprendra
00:27:21qu'il vit
00:27:22depuis déjà
00:27:23quelques temps
00:27:23avec un individu
00:27:25que les enquêteurs
00:27:27vont pouvoir identifier
00:27:29comme étant
00:27:29Ménoir Twill.
00:27:35Ménoir Twill.
00:27:37Les policiers du 93
00:27:39n'en reviennent pas.
00:27:41Ce mari
00:27:41dont la femme
00:27:42a été laissée pour morte
00:27:43sur un trottoir
00:27:43vivait donc
00:27:44avec un homme
00:27:45en 1981.
00:27:48Un homme
00:27:48qu'on a retrouvé
00:27:49en morceaux
00:27:49dans une caisse.
00:27:52Apparemment,
00:27:52la famille de la victime
00:27:53connaissait bien
00:27:54Ménoir
00:27:54et acceptait
00:27:55parfaitement
00:27:56la situation.
00:27:58Pas banal
00:27:59à l'époque.
00:28:07Dominique,
00:28:08il faut le dire,
00:28:08assumer
00:28:09et vivre
00:28:10une relation
00:28:10homosexuelle
00:28:11en 1980,
00:28:12ce n'est pas banal.
00:28:14C'est même
00:28:14encore interdit,
00:28:15non ?
00:28:15Oui.
00:28:15Alors,
00:28:16ça n'est plus
00:28:16un crime
00:28:17ou un délit
00:28:17en soi,
00:28:19mais la police
00:28:19et la justice
00:28:20disposent
00:28:21de tous les articles
00:28:22nécessaires
00:28:22à réprimer
00:28:23ce que la morale
00:28:24et la culture
00:28:25de l'époque
00:28:25réprouvent encore.
00:28:27Le crime de sodomie
00:28:28a longtemps été passible
00:28:29en France
00:28:29de la peine de mort
00:28:30jusqu'en 1791
00:28:32et la rédaction
00:28:33du Code pénal
00:28:34qui va abroger
00:28:35ce crime.
00:28:36Il n'empêche
00:28:37qu'en 1980,
00:28:39les homosexuels
00:28:40en France
00:28:40peuvent encore
00:28:41être poursuivis
00:28:42sur la base
00:28:43de certains articles,
00:28:44notamment
00:28:44le fameux
00:28:45outrage public
00:28:47à la pudeur.
00:28:48Et puis,
00:28:49la loi établissait
00:28:50une discrimination
00:28:51en termes
00:28:51de majorité
00:28:52sexuelle
00:28:53à l'époque.
00:28:53Pour les hétérosexuels,
00:28:55la majorité sexuelle
00:28:56était à 15 ans
00:28:57et pour les homosexuels
00:28:59à 21 ans.
00:29:01Je peux vous dire
00:29:01que la peine
00:29:01encourue
00:29:02par les contrevenants
00:29:03était passible
00:29:04de fortes amendes
00:29:06et de trois ans
00:29:07de prison.
00:29:08Ainsi,
00:29:08des milliers
00:29:09d'homosexuels
00:29:10ont été emprisonnés
00:29:12et condamnés
00:29:12dans notre pays
00:29:13jusqu'à l'adoption
00:29:15en 1982
00:29:15de la loi Forny.
00:29:17L'un des rapporteurs
00:29:18était Robert Badinter,
00:29:19loi qui a abrogé
00:29:21cette loi discriminatoire
00:29:23et répressive
00:29:24sur la majorité sexuelle.
00:29:26Donc,
00:29:26en 1981,
00:29:27quand Jean-Claude Mer
00:29:28est assassiné,
00:29:30il existe encore
00:29:31en France
00:29:31des fiches de police
00:29:33qui recensent
00:29:33les homosexuels.
00:29:34Pour revenir
00:29:35à Ménoir
00:29:36et à Jean-Claude,
00:29:37ils se sont rencontrés
00:29:37comment ?
00:29:38Alors,
00:29:38Ménoir Thuil
00:29:39est né en Algérie,
00:29:40dans un milieu modeste.
00:29:42En 1963,
00:29:43un an après
00:29:44la fin de la guerre
00:29:44d'Algérie,
00:29:45il vient s'installer
00:29:46en France.
00:29:46Il a 17 ans,
00:29:47sa soeur habite
00:29:48Besançon,
00:29:48donc il s'installe
00:29:49logiquement
00:29:49dans la même ville.
00:29:51Il est d'abord ouvrier.
00:29:53En 1968,
00:29:54il a à peine 21 ans
00:29:56et il rencontre
00:29:56un garçon
00:29:57qui a son âge,
00:29:58c'est Jean-Claude Mer.
00:29:59Ils vont vivre ensemble
00:30:00en Haute-Savoie,
00:30:01puis à Lyon.
00:30:02Et en 1973,
00:30:03ils s'installent
00:30:04tous les deux
00:30:04à Montreuil.
00:30:05Jean-Claude Mer
00:30:06est styliste,
00:30:08danseur.
00:30:09Ménoir,
00:30:09lui,
00:30:10travaille dans un garage,
00:30:11il est peintre
00:30:12et il va ensuite
00:30:13devenir brocanteur
00:30:14aux puces de Montreuil.
00:30:22Ménoir et Jean-Claude
00:30:23formaient un couple
00:30:24moderne pour l'époque.
00:30:26Et c'était un vrai couple,
00:30:27même s'ils étaient
00:30:28très différents.
00:30:31C'est ce que révèle
00:30:31l'enquête de voisinage
00:30:32de la police.
00:30:33Depuis leur installation
00:30:37à Paris en 1973,
00:30:39Jean-Claude se fait
00:30:40appeler Claude
00:30:41et il a entamé
00:30:42sa transition de genre.
00:30:56Il suit un traitement
00:30:57hormonal à base
00:30:58d'oestrogène.
00:31:00Il s'est fait redresser
00:31:01les dents,
00:31:02refaire le nez.
00:31:04Il a pris l'apparence
00:31:05d'une femme
00:31:05au visage fin,
00:31:06aux mains soignées
00:31:08et parait
00:31:09de nombreux bijoux,
00:31:11au point de tromper
00:31:12beaucoup de monde.
00:31:17Mais l'économie
00:31:18du ménage repose
00:31:19principalement
00:31:19sur ses revenus.
00:31:21Et en 1980,
00:31:23l'ambiance change
00:31:24à la maison.
00:31:29Claude réalise
00:31:29que Ménoir
00:31:30est en train
00:31:32de le plumer.
00:31:33Il pique les objets
00:31:36et les meubles anciens
00:31:37pour les revendre
00:31:38aux puces.
00:31:41Les disputes
00:31:42sont de plus en plus
00:31:43fréquentes
00:31:43et Ménoir
00:31:45se montre
00:31:45souvent violent.
00:31:46Jacques Lundberg était un homme
00:31:50qui, à la date
00:31:52où il a disparu,
00:31:53on avait assez
00:31:54de faire bouillir
00:31:55la marmite,
00:31:56on avait assez
00:31:57du comportement
00:31:58de Ménoir
00:31:58et avait plus ou moins
00:32:00et avait plus ou moins
00:32:00l'idée de se séparer
00:32:01de lui.
00:32:05La sœur de Claude
00:32:06explique aux policiers
00:32:07qu'elle n'a plus
00:32:07de nouvelles
00:32:08de son frère
00:32:09depuis sa dernière lettre
00:32:10datée du 27 février 1981.
00:32:13C'est une famille
00:32:17aimante
00:32:18où les gens
00:32:19se parlent,
00:32:20s'écrivent,
00:32:20se téléphonent
00:32:21et pendant des mois,
00:32:22pendant des mois
00:32:23et des mois,
00:32:24Ménoir
00:32:24Twill les balade
00:32:25sans leur permettre
00:32:27de vérifier
00:32:27si ce qu'il dit
00:32:28est vrai.
00:32:32Au mois d'avril,
00:32:33le 17 exactement,
00:32:35dix jours
00:32:35après la découverte
00:32:36du corps sans tête
00:32:37au bois de Vincennes,
00:32:39Ménoir Twill
00:32:40s'est présenté à Besançon
00:32:41pour récupérer
00:32:42des meubles
00:32:42appartenant à Claude.
00:32:44Un mois plus tard,
00:32:47il a cessé
00:32:47de répondre
00:32:47aux appels
00:32:48de la famille.
00:32:50La sœur de Jean-Claude
00:32:52lui a alors envoyé
00:32:53un télégramme.
00:32:56La famille de Jean-Claude
00:32:57va réagir
00:32:59lorsque,
00:33:00à l'occasion
00:33:01d'un coup de téléphone,
00:33:02Ménoir va prétendre
00:33:03qu'il a cessé
00:33:04de voir Jean-Claude
00:33:05puisque ce dernier
00:33:07voulait se prostituer.
00:33:09La famille,
00:33:09à ce moment-là,
00:33:10réalise
00:33:10que tout ce qu'il raconte
00:33:11est complètement faux.
00:33:14C'est absolument impossible
00:33:15que Jean-Claude
00:33:15se livre à la prostitution.
00:33:19Au mois de juin,
00:33:21Ménoir vit encore
00:33:22rue Blondel.
00:33:23Mais maintenant,
00:33:25avec une jeune femme
00:33:25qui l'a rencontrée
00:33:27quelques mois plus tôt.
00:33:30Elle arrive d'Algérie.
00:33:32Elle s'appelle
00:33:32Nadia Fates.
00:33:34Elle a 19 ans
00:33:36quand elle le rencontre.
00:33:37On est en 81.
00:33:38Mitterrand vient d'être élue.
00:33:39Il y a un espèce
00:33:41de mouvement
00:33:42un peu de liberté
00:33:43qui court
00:33:44et elle est séduite
00:33:46par Ménoir
00:33:47qui devait être
00:33:48un bel homme.
00:33:50Et c'est elle
00:33:51que l'on retrouvera
00:33:52des années plus tard
00:33:53à l'agonie
00:33:55sur le trottoir.
00:33:58Après 31 ans
00:33:59de mariage.
00:34:00Je crois qu'ils ont
00:34:07leur première relation
00:34:08sexuelle
00:34:09le jour avant
00:34:10ou le jour après
00:34:11le meurtre
00:34:12de Jean-Claude.
00:34:13Et ils vont se parier
00:34:14fin juin 1981.
00:34:17Trois mois plus tard.
00:34:17Et trois mois
00:34:24jour pour jour
00:34:25après ce mariage
00:34:26en 1981,
00:34:27Ménoir Thuil,
00:34:28Nadia et sa mère
00:34:29se retrouvent
00:34:30tous les trois
00:34:30en garde à vue
00:34:31au 36
00:34:32Quai des Orfèvres.
00:34:36La vérité,
00:34:37c'est qu'en 81,
00:34:38Ménoir Thuil
00:34:38a tout fait
00:34:39pour embrouiller
00:34:40les policiers
00:34:41qui enquêtaient
00:34:41sur la mort
00:34:42de Jean-Claude.
00:34:43Pour faire croire
00:34:44que son ex
00:34:45c'était encore vivant,
00:34:46il a demandé
00:34:46à sa jeune épouse
00:34:47et à sa belle-mère
00:34:48de faire
00:34:49un faux témoignage.
00:34:54Soi-disant,
00:34:55elles auraient rencontré
00:34:56Jean-Claude Maire
00:34:57à la gare de Lyon
00:34:58en mai 1981.
00:35:02Alors que la réalité,
00:35:03c'est qu'il a été tué
00:35:04début avril 1981.
00:35:06Mais il ne faudra pas
00:35:07beaucoup de temps
00:35:08à la brigade criminelle
00:35:09pour se rendre compte
00:35:10que c'est complètement bidon.
00:35:12Ménoir a tout nié,
00:35:17y compris sa relation
00:35:18de 12 ans
00:35:18avec Jean-Claude.
00:35:20Très rapidement
00:35:21et très simplement,
00:35:22il va expliquer
00:35:22que oui,
00:35:23c'était un ami,
00:35:24mais un ami sans plus
00:35:26avec qui il cohabitait
00:35:27et qu'il n'y a jamais eu
00:35:28le moindre rapprochement,
00:35:30soit physique,
00:35:31soit amoureux.
00:35:32En tout cas,
00:35:32de la part de Ménoir Thuil,
00:35:33sur ce point,
00:35:34il a toujours été catégorique.
00:35:37Il avouera jamais
00:35:38qu'il vivait avec un homme.
00:35:40Je pense que ce n'est pas admissible
00:35:41dans sa psyché à lui.
00:35:42C'est quand même un homme
00:35:43et le fait qu'il soit algérien,
00:35:47ce n'est pas entendable.
00:35:48Je pense qu'il n'est même
00:35:49pas conscient de ça.
00:35:52C'est Nadia
00:35:52qui a fini par flancher,
00:35:54en avouant à la crime
00:35:55qu'elle n'avait jamais rencontré
00:35:57ce Jean-Claude Mer.
00:35:59Ni à la gare,
00:36:01ni ailleurs.
00:36:02Nadia,
00:36:08qui est complètement innocente
00:36:09à l'époque
00:36:10et qui est déjà manipulée
00:36:12par Ménoir,
00:36:13entendue par les fonctionnaires
00:36:15de la brigade criminelle,
00:36:16et effectivement,
00:36:16elle va se souvenir
00:36:17que Ménoir
00:36:18a déménagé des caisses,
00:36:23a changé la moquette
00:36:24de l'appartement
00:36:24de la rue de Londel
00:36:25et aussi
00:36:26qu'il s'était brûlé
00:36:28les doigts
00:36:28avec de l'alcool à brûler.
00:36:29Sans doute
00:36:34pour faire disparaître
00:36:35ses empreintes digitales.
00:36:39La justice
00:36:40en avait bien assez
00:36:41pour inculper
00:36:42Ménoir Twill d'assassinat
00:36:43et l'envoyer
00:36:44derrière les barreaux.
00:36:55Un an plus tard,
00:36:57le 20 novembre 82,
00:36:58ce sont deux enfants
00:36:59qui ont levé
00:37:00le dernier mystère
00:37:01de l'affaire.
00:37:03En jouant dans les bois,
00:37:05ils ont découvert
00:37:05un paquet
00:37:06qui flottait
00:37:08dans le puits
00:37:08d'une maison en ruine.
00:37:11La tête
00:37:12de Jean-Claude Maire.
00:37:19Dominique Ménoir Twill
00:37:20est donc inculpé
00:37:21d'assassinat,
00:37:22on ne dit pas encore
00:37:23mis en examen.
00:37:24Pour les policiers,
00:37:25le mobile,
00:37:25ce serait quoi ?
00:37:26Ils excluent le crime passionnel,
00:37:28là encore,
00:37:29une vieille expression
00:37:30de l'époque.
00:37:31Pour eux,
00:37:31le mobile,
00:37:32il est clairement crapuleux.
00:37:33En perquisitionnant
00:37:34chez Ménoir Twill,
00:37:35les policiers retrouvent
00:37:36tout un tas d'objets
00:37:37de valeur
00:37:38qui appartiennent
00:37:39à Jean-Claude Maire
00:37:39du mobilier,
00:37:41des bijoux
00:37:41et ils écrivent
00:37:42dans leur procès verbal
00:37:43de synthèse
00:37:44pour Twill,
00:37:45Maire était devenu
00:37:46un obstacle
00:37:47à la réalisation
00:37:48de ces projets.
00:37:49C'est quoi
00:37:50les projets
00:37:50de Ménoir Twill ?
00:37:51Eh bien,
00:37:51c'est de vivre avec Nadia
00:37:53dans l'appartement
00:37:54de la rue Blondel.
00:37:55Il faut se débarrasser
00:37:57de Jean-Claude Maire.
00:37:58Au passage,
00:37:59on le dépouille,
00:38:00mais Twill
00:38:01niera ce crime
00:38:02pendant toute l'instruction.
00:38:03Mais Dominique,
00:38:04c'est un crime
00:38:04particulièrement sordide.
00:38:06On ne sait pas comment
00:38:06Jean-Claude a été tué,
00:38:08mais son corps
00:38:09a été découpé.
00:38:11Est-ce que Ménoir Twill
00:38:12est capable
00:38:12d'une telle violence ?
00:38:14Alors Twill,
00:38:15sur le plan social,
00:38:17c'est un homme
00:38:17qui est décrit
00:38:18comme sympathique,
00:38:19bien élevé,
00:38:20bel homme,
00:38:21agréable.
00:38:22Après,
00:38:23il y a le plan privé.
00:38:24Les mots qui reviennent
00:38:25sont autoritaires,
00:38:26jaloux, possessifs,
00:38:27violents.
00:38:27J'ai ici, là,
00:38:28le procès verbal
00:38:30de Nadia
00:38:31lorsqu'elle est en garde à vue
00:38:32en septembre 1981.
00:38:34C'est dans le cadre
00:38:35de l'enquête
00:38:36sur la mort
00:38:36de Jean-Claude Maire.
00:38:37Les policiers
00:38:38lui posent cette question.
00:38:39Votre époux vous a-t-il
00:38:40déjà frappé ?
00:38:41Réponse de Nadia,
00:38:43oui.
00:38:43Il est très brutal.
00:38:45Il me donne des claques,
00:38:45des coups de poing
00:38:46lorsqu'il croit
00:38:46que je ne veux pas l'écouter.
00:38:48Ma mère m'a conseillé
00:38:49de le quitter.
00:38:50Je ne l'ai pas fait
00:38:50parce que c'est mon mari
00:38:51et je croyais
00:38:52qu'il allait changer.
00:38:53Il m'a encore frappé
00:38:54la semaine dernière.
00:38:55Et ça,
00:38:56c'est pendant
00:38:56les trois premiers mois
00:38:57de mariage ?
00:38:58Oui.
00:38:58Et visiblement,
00:38:59cette femme,
00:39:00elle est déchirée
00:39:01entre l'amour
00:39:02ou la soumission
00:39:03à ce mari violent
00:39:05et le désir
00:39:06de le quitter.
00:39:07Elle va faire
00:39:08un faux témoignage
00:39:09pour lui
00:39:10et en même temps,
00:39:12elle l'enfonce.
00:39:13Mais Noir Thuil
00:39:13a donc été condamné
00:39:14à 20 ans de prison
00:39:15pour le meurtre
00:39:15de Jean-Claude Maire.
00:39:16Oui,
00:39:17assise de Paris,
00:39:171985.
00:39:19Il va faire comme
00:39:19pendant l'instruction,
00:39:20il va le nier
00:39:21pendant tout le procès.
00:39:22Et après,
00:39:22qu'est-ce qui se passe ?
00:39:23Et bien après,
00:39:24Nadia ne va pas le lâcher.
00:39:26Elle l'aime.
00:39:27Elle est persuadée
00:39:27qu'il a fait l'objet
00:39:28d'une erreur judiciaire.
00:39:30Et pendant 12 ans,
00:39:31fidèlement,
00:39:32elle va aller le voir
00:39:33en prison,
00:39:34au parloir.
00:39:35Elle va rester proche de lui.
00:39:36Elle va attendre
00:39:37sa sortie,
00:39:381993.
00:39:40Et là,
00:39:40ils s'installent ensemble.
00:39:5120 ans plus tard,
00:39:52en janvier 2013,
00:39:53Nadia est dans le coma
00:39:54à l'hôpital.
00:39:56Et ménoir sur la sellette.
00:39:59Ses antécédents
00:40:00et les déclarations
00:40:01de ses enfants
00:40:02l'accablent.
00:40:11La PJ du 93
00:40:13a mis son téléphone
00:40:14sur écoute
00:40:14et le 10 janvier,
00:40:16elle débarque chez lui.
00:40:17Mandat en main.
00:40:19Cette fois,
00:40:19c'est au peigne fin
00:40:20que les policiers
00:40:21vont passer de la maison.
00:40:22ou plutôt
00:40:23au Blue Star.
00:40:27Il n'y a pas de grosse trace
00:40:28de sang.
00:40:29Il y a une toute petite
00:40:30tâche de sang
00:40:31sur une chaussure
00:40:32de ménoir.
00:40:33On va prendre son vélo
00:40:40pour vérifier
00:40:40s'il correspond
00:40:42au vélo
00:40:42qui a été utilisé
00:40:44par l'homme
00:40:45qui est passé
00:40:45juste ce dernier
00:40:46à Nadia,
00:40:47le matin des faits.
00:40:48On va aussi prendre
00:40:52tous les objets
00:40:53qui auraient pu servir
00:40:55comme l'arme du crime.
00:40:57Donc on va saisir
00:40:58une canne
00:40:58avec une tête
00:40:59de chien
00:41:00pour voir si
00:41:01sur cette canne
00:41:02il n'y a pas
00:41:02des traces de sang
00:41:03ou quoi que ce soit.
00:41:05Les retours d'analyse
00:41:06sont tous négatifs.
00:41:08Pas la moindre trace
00:41:09de sang intéressante.
00:41:10Mais les policiers
00:41:12n'ont pas perdu leur temps
00:41:13parce que pendant
00:41:14la perquisition
00:41:15ils ont découvert
00:41:17une pochette
00:41:17bien cachée
00:41:18derrière le lit
00:41:19de Nadia.
00:41:23A l'intérieur
00:41:24plusieurs documents
00:41:25relatifs à son divorce
00:41:27et notamment
00:41:28une ordonnance
00:41:29de non conciliation
00:41:30qui oblige
00:41:31Menoir Twill
00:41:32à quitter
00:41:33le domicile conjugal.
00:41:35Un détail
00:41:36dont il ne s'est pas
00:41:37vanté en audition.
00:41:37L'étau se resserre
00:41:40quand un événement
00:41:43inattendu
00:41:44vient semer le doute.
00:41:50Le 15 janvier
00:41:51Nadia se réveille
00:41:52son fils aîné
00:41:55est à son chevet
00:41:56et elle parvient
00:41:58à lui faire comprendre
00:41:59qu'elle se souvient
00:42:00de l'agression.
00:42:02Nadia ne pouvait pas parler
00:42:03mais elle lui répondait
00:42:04avec des mouvements de tête
00:42:05qui lui demandent
00:42:06si c'est quelqu'un
00:42:07qu'elle connaît.
00:42:08Elle dit non
00:42:08avec la tête.
00:42:11Il lui demande après
00:42:12s'ils étaient plusieurs.
00:42:14Nadia lui dit plusieurs.
00:42:18Plusieurs hommes
00:42:19qu'elle ne connaît pas.
00:42:20L'hypothèse Menoir
00:42:21vient de faire pchit.
00:42:24Les policiers
00:42:24foncent à l'hôpital
00:42:25trop tard.
00:42:28Nadia est de nouveau
00:42:29inconsciente.
00:42:29L'hypothèse d'un vol
00:42:43avec violence
00:42:43est relancée,
00:42:44enfin presque,
00:42:46parce qu'une autre surprise
00:42:48attend les policiers.
00:42:51En analysant
00:42:51les fadettes
00:42:52de Menoir Twill,
00:42:53il découvre
00:42:54que le jour
00:42:54de l'agression
00:42:55de Nadia,
00:42:56dès 9h07 du matin,
00:42:57il s'est mis
00:42:59à téléphoner.
00:43:01Comme un fou.
00:43:03Huit fois
00:43:03à la même personne.
00:43:06Huit fois
00:43:06à une voyante.
00:43:12On se rend compte
00:43:13qu'il y a
00:43:13beaucoup de consultations
00:43:15de voyants
00:43:16avec des numéros
00:43:17qui sont appelés
00:43:18régulièrement.
00:43:19de toute évidence,
00:43:25l'homme est complètement
00:43:25accro.
00:43:28Les policiers
00:43:29entament donc
00:43:29une ronde
00:43:30des plus originales
00:43:31chez les astrologues
00:43:32et autres
00:43:33devins du mari.
00:43:38Il venait tous les mois
00:43:40ou tous les deux mois
00:43:40chez moi
00:43:41et je lui racontais
00:43:42un peu sa vie
00:43:43avec les cartes,
00:43:44etc.
00:43:44parce que
00:43:45c'était quelqu'un
00:43:46qui était
00:43:46complètement dans la voyance,
00:43:47qui était complètement
00:43:48avec les vaudous.
00:43:49Il croyait à tout ça.
00:43:55On avait du mal
00:43:55à le cerner
00:43:56parce que
00:43:57c'est quelqu'un
00:43:58qui pouvait vous faire peur
00:43:59quand même.
00:43:59Mais bon,
00:44:00il a toujours été poli,
00:44:01il a toujours été
00:44:01très correct,
00:44:02etc.
00:44:03Mais c'est vrai
00:44:03qu'il a des attitudes
00:44:04qui pouvaient faire peur.
00:44:05Ça, c'est vrai.
00:44:06Quand il vient
00:44:06chez moi en consultation,
00:44:08pour lui,
00:44:09sa femme,
00:44:09elle va mourir.
00:44:10Elle va décéder.
00:44:11Elle ne va pas
00:44:12s'en sortir
00:44:12en fin de compte.
00:44:13Elle ne va pas
00:44:14s'en sortir.
00:44:19L'obsession,
00:44:20c'était qu'elle meure.
00:44:21Il n'a jamais parlé
00:44:22d'assassinat,
00:44:23de tout ça,
00:44:23attention.
00:44:24Mais qu'elle meure.
00:44:25Pour lui,
00:44:26elle était malade.
00:44:28Elle était malade.
00:44:29Moi, je lui disais non.
00:44:30Elle va mourir
00:44:30comme tout le monde,
00:44:31mais elle ne va pas
00:44:31mourir comme ça.
00:44:32J'en avais marre
00:44:33de toujours répéter
00:44:34la même chose.
00:44:35Il y a un moment,
00:44:36il se fâchait.
00:44:37Il était nerveux.
00:44:39Donc, il repartait
00:44:40un peu fâché.
00:44:43Mais fâchait que Nadia
00:44:44soit toujours en vie ?
00:44:46Mais au fond,
00:44:47pourquoi ?
00:44:49La réponse,
00:44:50la voyante
00:44:50l'a trouvée
00:44:50dans ses cartes
00:44:51et peut-être aussi
00:44:53dans l'agitation
00:44:54de mes noirs.
00:44:55Il voulait récupérer
00:44:57son pavillon.
00:44:58Il ne voulait pas
00:44:59de divorce.
00:44:59Parce qu'elle avait
00:45:00demandé le divorce.
00:45:01Attention,
00:45:01elle avait demandé
00:45:02le divorce.
00:45:02Il était très en colère
00:45:04par rapport à ça.
00:45:05C'était une fixation
00:45:06là-dessus.
00:45:06Il voulait sa maison.
00:45:07Je vous dis honnêtement,
00:45:08c'est un truc de fou.
00:45:10Il venait,
00:45:10je savais que
00:45:11j'allais passer
00:45:12trois quarts d'heure
00:45:13avec ça.
00:45:14Ce divorce,
00:45:27impossible,
00:45:28Nadia aussi
00:45:29en parlait beaucoup,
00:45:30à une association
00:45:31qu'elle avait contactée
00:45:32fin 2010
00:45:33sur les conseils
00:45:34de l'assistante sociale
00:45:35du commissariat.
00:45:38La directrice
00:45:38d'SOS Femmes 93
00:45:40raconte
00:45:41le calvaire
00:45:42de Nadia
00:45:42au policier.
00:45:44En un an et demi,
00:45:46on va la recevoir
00:45:47une quarantaine
00:45:48de fois.
00:45:51Elle nous parle
00:45:51des nombreuses
00:45:53menaces
00:45:53qu'elle subit
00:45:55et notamment
00:45:55des menaces de mort
00:45:56de façon répétée.
00:46:03Les choses vont
00:46:04se dégrader
00:46:05à partir du moment
00:46:06où, effectivement,
00:46:07elle va entamer
00:46:08cette procédure
00:46:09de séparation.
00:46:11Et les menaces
00:46:12de mort
00:46:12qui étaient régulières
00:46:14auparavant
00:46:14vont devenir
00:46:15plus explicites
00:46:16et avec des gestes.
00:46:22Elle va nous expliquer
00:46:23qu'il prend un bout
00:46:24de bois dans le jardin
00:46:25pendant un dimanche
00:46:26et qu'il lui montre
00:46:28comment il va
00:46:29l'agresser
00:46:30et comment il va
00:46:31la tuer.
00:46:32L'association a donc
00:46:36aidé Nadia
00:46:37à obtenir
00:46:37l'aide juridictionnelle.
00:46:39Elle a obtenu
00:46:40une ordonnance
00:46:41de non-conciliation,
00:46:43la décision
00:46:44d'un juge
00:46:44ordonnant le départ
00:46:45de Ménouartouil
00:46:46du domicile
00:46:46conjugal.
00:46:50Mais le mari
00:46:51n'a pas bougé.
00:46:51On n'arrive pas
00:47:00à comprendre
00:47:01pourquoi cette femme
00:47:02qui a une certaine
00:47:04autonomie,
00:47:04qui travaille,
00:47:05qui a peut-être
00:47:06plus d'atouts
00:47:06que d'autres femmes,
00:47:08reste bloquée
00:47:09et n'arrive pas
00:47:10à faire partir
00:47:11cet homme.
00:47:14Il y a ces menaces
00:47:15de mort
00:47:15qui planent
00:47:16en permanence,
00:47:17mais ça ne nous semble
00:47:18pas plus
00:47:19que pour d'autres femmes.
00:47:21Or, Nadia
00:47:22est terrorisée
00:47:24et n'arrive pas
00:47:25à passer le cap.
00:47:29Alors,
00:47:30un crime
00:47:30pour un pavillon ?
00:47:32Ce serait ça
00:47:33le mobile ?
00:47:35Les policiers
00:47:35sont convaincus
00:47:36que Ménouart
00:47:37a agressé sa femme.
00:47:38Mais comment
00:47:38le coincer
00:47:39sans témoin,
00:47:40sans preuves matérielles,
00:47:41sans aveu ?
00:47:43L'enquête
00:47:47fait une nouvelle pause
00:47:49quand une semaine
00:47:50plus tard,
00:47:51l'hôpital appelle.
00:47:53Nadia va mieux.
00:47:54Elle peut répondre
00:47:55aux policiers.
00:47:58Elle est encore
00:47:59en service
00:48:00de réanimation
00:48:00parce qu'elle est
00:48:01quand même fatiguée.
00:48:05On rentre dans la pièce,
00:48:06on lui explique
00:48:07pourquoi on vient
00:48:08la voir,
00:48:09on lui explique
00:48:10qui on est
00:48:10pour aussi
00:48:11la mettre en confiance,
00:48:12la rassurer.
00:48:15Et on commence
00:48:16l'audition,
00:48:17elle est tout de suite
00:48:19assez claire
00:48:20et assez précise
00:48:21et finalement,
00:48:22elle se souvient
00:48:23du jour de l'agression.
00:48:26Elle se souvient
00:48:27de l'heure,
00:48:28elle se souvient
00:48:28de la date,
00:48:29ce qui montre aussi
00:48:30qu'il y a quand même
00:48:32une précision
00:48:32dans les souvenirs.
00:48:33elle part.
00:48:43Elle marchait
00:48:44en fait sur le chemin.
00:48:46Elle me dit
00:48:46qu'elle voit son mari
00:48:47en fait,
00:48:48qu'il a rejoint
00:48:48en vélo.
00:48:52Arrivé à son niveau,
00:48:53il lui dit
00:48:54« tu m'as appelée ? »
00:48:55Elle lui répond
00:48:55« ben non,
00:48:56je ne t'ai pas appelée. »
00:48:57Elle lui dit
00:48:58« en gros,
00:48:58tu peux partir. »
00:48:59Elle a poursuivi
00:49:05son chemin.
00:49:10Là,
00:49:11elle est un peu
00:49:11plus hésitante
00:49:12mais on sent
00:49:13qu'elle a peut-être
00:49:13un moment de stress
00:49:14parce que là,
00:49:15elle nous raconte ça
00:49:15et après,
00:49:16elle met comme une pause.
00:49:19Je pense qu'elle a peur
00:49:20en fait.
00:49:21Je lui montre,
00:49:21je lui dis
00:49:22« regardez,
00:49:22il y a des policiers
00:49:23devant votre porte,
00:49:23personne ne peut venir
00:49:24porter atteinte à vos jours. »
00:49:26Et là,
00:49:26elle se sent plus en confiance.
00:49:29Elle me dit
00:49:31qu'elle continue
00:49:31à marcher.
00:49:40Et là,
00:49:40« il m'a frappée. »
00:49:42Et elle parle au singulier,
00:49:44elle ne parle pas au pluriel.
00:49:45Elle ne dit pas
00:49:45« il m'a frappée. »
00:49:46Elle dit
00:49:46« il m'a frappée. »
00:49:49Est-ce que vous connaissez
00:49:50la personne
00:49:51qui vous a frappée ?
00:49:52Elle me dit
00:49:53« oui. »
00:49:53Mais elle ne me dit
00:49:54pas tout de suite
00:49:54qui c'est.
00:49:55Elle me dit
00:49:55« oui, mais j'ai peur. »
00:49:56Je la remets en confiance
00:49:58et là,
00:49:58elle me dit
00:49:59que c'est son mari.
00:50:03Enfin,
00:50:07les policiers retiennent
00:50:07leur souffle.
00:50:09Nadia fatigue.
00:50:12Valérie Bouvard
00:50:12va à l'essentiel.
00:50:15Elle évoque
00:50:16un grand bateau en bois.
00:50:20Il la frappe encore.
00:50:21Il la frappe plusieurs fois.
00:50:22Elle le dit bien.
00:50:23Et elle cherche
00:50:33de secours
00:50:34auprès d'une maison
00:50:35mais ne répandent pas.
00:50:39Finalement,
00:50:40elle tombe au sol
00:50:41et vu les coups
00:50:42qu'il lui a porté,
00:50:43je pense qu'il croyait
00:50:44l'avoir tué.
00:50:45Mais pas de chance
00:50:52pour son agresseur,
00:50:53Nadia survit.
00:50:54Et ce qu'elle a raconté
00:50:55aux policiers
00:50:55les conduites immédiatement
00:50:56chez elle.
00:50:58Ou ils vont,
00:50:58une fois de plus,
00:51:00réveiller le pauvre
00:51:01ménoir.
00:51:02Il est 7h du matin
00:51:03quand il l'interpelle,
00:51:04le 28 janvier 2013.
00:51:05Ménoir Thouil
00:51:15est maintenant
00:51:16en garde à vue
00:51:16et les policiers
00:51:19se préparent
00:51:19à un face-à-face coriace.
00:51:23Moi, ménoir,
00:51:24je pense que c'est
00:51:24un des pires personnages
00:51:27que j'ai rencontré
00:51:28dans ma carrière.
00:51:29Il est vraiment hautain,
00:51:31il n'exprime
00:51:32aucune émotion,
00:51:33il est un peu méprisant
00:51:34dans ses réponses.
00:51:35On sait que ça sera difficile
00:51:39et probablement
00:51:40qu'il ne reconnaîtra pas
00:51:41les faits.
00:51:48Des faits dont
00:51:49personne ne doute,
00:51:50tant la peur de Nadia
00:51:51a marqué
00:51:52tous ceux
00:51:52qui l'ont écouté.
00:51:57Quand elle parlait
00:51:58des menaces
00:51:59qu'il lui faisait,
00:52:00quand elle parlait
00:52:00des gestes
00:52:01qu'il mimait
00:52:01ou il faisait
00:52:03semblant de la tuer,
00:52:04elle était réellement terrorisée.
00:52:07Réellement.
00:52:10Les policiers
00:52:11abordent donc
00:52:12ménoir
00:52:12en cachant leur jeu.
00:52:17On ne lui dit pas
00:52:18que Nadia
00:52:18est sortie du commun.
00:52:20Et c'est pour ça
00:52:20qu'en fait,
00:52:21il continue
00:52:22à nous dire
00:52:23que tout va bien
00:52:24dans son couple,
00:52:25qu'ils vont vendre
00:52:25le pavillon,
00:52:26que Nadia a renoncé
00:52:28au divorce,
00:52:28qu'elle ne veut plus divorcer.
00:52:30ce que dit
00:52:36Menor Twill,
00:52:37c'est qu'en réalité,
00:52:38cette procédure
00:52:39de divorce,
00:52:39elle a été mise
00:52:40entre parenthèses,
00:52:42d'un commun accord
00:52:42et il va
00:52:44systématiquement
00:52:45opposer
00:52:46une contestation
00:52:47à ces accusations
00:52:48en expliquant
00:52:49qu'il n'était pas
00:52:50sur le lieu
00:52:51de l'agression,
00:52:52mais qu'il était
00:52:52chez lui
00:52:53en train de dormir.
00:52:54Sûr de lui,
00:52:57est très susceptible
00:52:59quand il s'agit
00:53:00de son ancienne
00:53:01condamnation.
00:53:04Sa garde à vue
00:53:05n'est pas simple.
00:53:06Il est calme,
00:53:07mais ses phrases
00:53:08sont assez courtes,
00:53:09il est toujours
00:53:09un peu laconique.
00:53:11Souvent,
00:53:11il ne répond pas,
00:53:12il dit
00:53:12vous n'avez pas
00:53:12à me demander ça.
00:53:18Mais Noir Twill
00:53:19ne supporte pas
00:53:20non plus
00:53:20qu'on lui rapporte
00:53:21les mots
00:53:22de ses enfants.
00:53:24sur son ambiance familiale,
00:53:26il est assez agacé.
00:53:28Il souffle souvent
00:53:29d'ailleurs en audition
00:53:30avant de répondre.
00:53:31Il souffle souvent
00:53:32en disant
00:53:32pfff.
00:53:34Et quand on lui parle
00:53:35même des déclarations
00:53:36des enfants,
00:53:37etc.,
00:53:38il rejette plutôt
00:53:39la faute sur eux
00:53:40en disant que c'est eux
00:53:40qui sont violents
00:53:41avec leur mère
00:53:42et pas lui.
00:53:46Nadia,
00:53:47ce n'est pas une femme battue.
00:53:49Si elle fréquentait
00:53:50SOS Femmes 93,
00:53:52c'était pour faire
00:53:53des activités,
00:53:55des voyages.
00:54:02Une envie de vacances
00:54:03très éloignée
00:54:04du souvenir
00:54:05que la directrice
00:54:06garde de Nadia.
00:54:09Nadia a toujours
00:54:10été persuadée
00:54:11qu'elle mourrait
00:54:13sous les coups
00:54:14de son mari.
00:54:15En tout cas,
00:54:15que ça ne pouvait pas
00:54:16se terminer autrement
00:54:17que par son décès.
00:54:18Il avait un certain confort,
00:54:20mais Noir Twill,
00:54:21il ne faisait rien,
00:54:22il ne travaillait pas,
00:54:23il faisait beaucoup de sport,
00:54:24il allait voir ses voyantes,
00:54:26il faisait du vélo.
00:54:28Son confort
00:54:29allait être menacé
00:54:30et il y avait quand même
00:54:32des intérêts économiques
00:54:33d'argent en jeu
00:54:34dans cette affaire.
00:54:35à partir du moment
00:54:40où elle a commencé
00:54:41à s'émanciper,
00:54:43à engager la procédure
00:54:44du divorce,
00:54:45à prendre un compte bancaire
00:54:46sur lequel il n'avait pas
00:54:47de procuration,
00:54:49à récupérer
00:54:49les versements
00:54:50de la CAF
00:54:51qui lui revenait de droit
00:54:52puisqu'elle s'occupait
00:54:53des enfants.
00:54:54Je pense qu'il a compris
00:54:55qu'elle était quand même
00:54:56déterminée
00:54:57à partir.
00:54:59Du coup,
00:55:00pour lui,
00:55:00ce n'était pas possible
00:55:01en fait.
00:55:01Mais Noir,
00:55:02on ne le quitte pas.
00:55:09Jean-Claude Maire
00:55:10voulait le quitter,
00:55:12il est mort.
00:55:13Nadia
00:55:14voulait le quitter,
00:55:16il attendait
00:55:17de la tuer.
00:55:31Face à un ménoir
00:55:32Twill complètement buté,
00:55:35les policiers
00:55:35reconvoquent ses enfants.
00:55:37Sa fille,
00:55:38d'abord convaincue
00:55:39depuis le début
00:55:40que c'est lui
00:55:40qui a agressé sa mère.
00:55:43Et elle commence
00:55:44par une révélation
00:55:44fracassante
00:55:45son père
00:55:47a abusé d'elle.
00:55:50Elle le décrit
00:55:51comme quelqu'un
00:55:52de méchant,
00:55:53d'autoritaire,
00:55:54avec lequel
00:55:55aucun dialogue
00:55:56n'est possible.
00:55:57Il n'y a jamais
00:55:57dans sa mémoire
00:55:58d'enfant
00:55:59un geste d'affection
00:56:00à son endroit.
00:56:01Il n'y a jamais
00:56:02un présent,
00:56:03il n'y a jamais
00:56:04une attention.
00:56:05C'est un tyran.
00:56:07Point.
00:56:11On lui présente
00:56:12la photo
00:56:13de l'homme au vélo.
00:56:14Elle,
00:56:14elle reconnaît
00:56:15son père
00:56:15sur le vélo
00:56:17avec son attitude.
00:56:19La parquet
00:56:19qu'il portait
00:56:20habituellement,
00:56:21elle est formelle.
00:56:28Comme sa soeur,
00:56:30le fils aîné
00:56:30qui croit
00:56:31reconnaître
00:56:32la parquet
00:56:32de ménoir,
00:56:34pense maintenant
00:56:35que c'est son père
00:56:36qui passe à vélo.
00:56:38Une parquet
00:56:38qui a qui ?
00:56:39Apparemment,
00:56:40il lui mettait tout le temps
00:56:40et là,
00:56:41cette parquet
00:56:42elle a disparu,
00:56:43on ne l'a jamais retrouvée.
00:56:43Mais Noir Twill
00:56:47expliquera tranquillement
00:56:48qu'il l'avait donné
00:56:49à Emmaüs
00:56:50plusieurs mois auparavant.
00:56:57Le 30 janvier 2013,
00:56:59la juge d'instruction
00:57:00le met en examen
00:57:01pour tentative
00:57:02d'homicide volontaire.
00:57:04Mais quand un an plus tard,
00:57:06la magistrate
00:57:07le confronte
00:57:07enfin à son épouse,
00:57:08Ménoir Twill
00:57:10est toujours
00:57:11sur la même position.
00:57:16Le seul discours
00:57:17qui tient
00:57:18de manière constante,
00:57:20il n'a jamais
00:57:20agressé sa femme.
00:57:28Visiblement, Dominique,
00:57:29Ménoir a du mal
00:57:30à reconnaître
00:57:30qu'il peut être violent.
00:57:31exactement comme dans
00:57:32l'affaire Jean-Claude Mer.
00:57:34C'est sa mécanique
00:57:35intellectuelle,
00:57:36il fonctionne comme ça,
00:57:37il ne reconnaît
00:57:37jamais ce qui le dérange.
00:57:39Il ne reconnaît pas
00:57:40qu'il est un homme violent,
00:57:41il ne reconnaît pas
00:57:42qu'il est homosexuel,
00:57:43même si tout le monde
00:57:44sait qu'ils avaient
00:57:45Jean-Claude Mer et lui
00:57:46une histoire,
00:57:47ensemble,
00:57:48il ne reconnaît
00:57:49rien de ce qui le dérange.
00:57:51Mais est-ce que les experts
00:57:52ont réussi à percer ?
00:57:53Pourquoi ?
00:57:53Il est resté bloqué
00:57:54sur sa sexualité,
00:57:56sa violence ?
00:57:57Non, parce qu'il a refusé
00:57:58par deux fois
00:57:59de parler aux experts psychiatres.
00:58:01Vous savez que
00:58:02moins de 5% des personnes
00:58:04qui sont mises en cause
00:58:05refusent l'entretien
00:58:06avec le psychiatre.
00:58:08Et ça,
00:58:08ça complique sacrément
00:58:09le boulot des avocats
00:58:10parce qu'arriver à l'audience
00:58:12sans avoir le dossier psy,
00:58:14ce n'est pas facile à plaider.
00:58:16Mais avec la naissance
00:58:17de ses enfants,
00:58:18auprès d'une femme dévouée,
00:58:20ça ne l'a pas apaisé ?
00:58:21Non.
00:58:22Et pourtant,
00:58:22il a eu de la chance
00:58:23dans sa vie.
00:58:23Vous savez qu'il a gagné
00:58:25au loto.
00:58:26Ah bon ?
00:58:26Oui, 430 000 euros.
00:58:28C'est avec ça
00:58:28qu'il a acheté la maison ?
00:58:29C'est avec ça
00:58:30qu'il a acheté la maison
00:58:30dans la vallée de Chevreuse.
00:58:32Il l'a revendue
00:58:33en faisant une plus-value.
00:58:34Il a acheté
00:58:35la maison de Bondy,
00:58:36cette maison
00:58:37qu'il ne voulait pas perdre.
00:58:43Au terme de l'instruction,
00:58:45Menou Artuil
00:58:46est renvoyé
00:58:46devant les assises de Bobigny
00:58:47pour tentative
00:58:48d'homicide sur conjoint.
00:58:50Et c'est un procès
00:58:51à haut risque
00:58:51qui s'ouvre
00:58:52le 11 octobre 2016.
00:58:54D'abord pour l'accusé
00:58:55qui comparaît
00:58:56en état de récidive légale
00:58:57et qui risque la perpétuité,
00:58:59mais aussi pour la victime.
00:59:01Car si Menou Artuil
00:59:02ressort libre,
00:59:03Nadia qui l'accuse
00:59:04sait que sa vie
00:59:04deviendra un enfer.
00:59:07Or, il n'y a aucune preuve
00:59:08dans le dossier.
00:59:09Et évidemment,
00:59:10la défense
00:59:10compte bien jouer
00:59:11cette carte.
00:59:24L'enjeu, il est énorme.
00:59:26Il est énorme parce que
00:59:27on lui reproche
00:59:28une tentative de meurtre
00:59:30sur conjoint,
00:59:31qui est une des infractions
00:59:32les plus sévèrement
00:59:33sanctionnées par le droit pénal français,
00:59:35aggravée par l'état de récidive
00:59:37puisqu'il y a un précédent
00:59:39sur son casier judiciaire.
00:59:40Mais au-delà, encore une fois,
00:59:42d'un casier judiciaire
00:59:43et d'une accusation
00:59:44portée par son épouse,
00:59:45en réalité,
00:59:46le dossier est vide.
00:59:48Le couple s'installe
00:59:49et dans le boxe,
00:59:51on a un homme de 69 ans,
00:59:54le visage émacié
00:59:55et l'air sévère.
00:59:58Quand je le découvre
01:00:00dans le boxe des accusés,
01:00:02c'est un sentiment
01:00:03très paradoxal.
01:00:05C'est-à-dire,
01:00:05on a face à soi
01:00:06un petit vieux monsieur
01:00:07et en même temps,
01:00:09se dégage de ce petit vieux monsieur
01:00:11une espèce de force.
01:00:13Il est impressionnant.
01:00:14Il met mal à l'aise.
01:00:16Sur le banc des parties civiles,
01:00:20une Nadia affligée.
01:00:22Tout le monde se demande
01:00:23si elle aura le courage
01:00:24et la force physique
01:00:25d'affronter son mari.
01:00:30Nadia, elle est inquiète.
01:00:31Elle est fébrile.
01:00:33Elle n'est pas heureuse
01:00:34d'être là.
01:00:35C'est difficile pour elle
01:00:36d'avoir à revivre tout ça.
01:00:38Et puis,
01:00:39il y a une autre réalité,
01:00:40c'est que sur le plan cognitif,
01:00:41ce n'est pas la même personne.
01:00:43Elle fatigue rapidement.
01:00:45Elle est marquée physiquement.
01:00:46Elle a une cicatrice énorme
01:00:48sur le crâne
01:00:49où elle a le crâne
01:00:50littéralement défoncé.
01:00:54Face à cette femme diminuée,
01:00:56à un accusé
01:00:56qui dévoile
01:00:57dès l'ouverture du procès
01:00:58sa ligne de défense,
01:01:00il dormait
01:01:01quand Nadia a été agressée.
01:01:12Il n'y a pas d'esclandre.
01:01:14Il a un comportement
01:01:14ni outrageant,
01:01:16ni vexant,
01:01:17ni vindicatif.
01:01:18Je pense qu'au fond de lui,
01:01:20il espérait peut-être
01:01:21que son épouse
01:01:22revienne peut-être
01:01:23sur ses accusations.
01:01:25Il n'est pas forcément surpris,
01:01:26il n'est pas forcément abattu.
01:01:28Il explique simplement,
01:01:29encore une fois,
01:01:30qu'il est innocent.
01:01:33Et des preuves
01:01:34de sa culpabilité,
01:01:36l'accusation n'en a pas.
01:01:37On a évoqué notamment
01:01:40le vélo.
01:01:40Le vélo,
01:01:41il a été expertisé
01:01:42dans tous les sens
01:01:43pour voir si on pouvait
01:01:44trouver du sang.
01:01:45On s'est posé la question
01:01:46de savoir s'il avait été lavé,
01:01:47il n'avait pas été lavé.
01:01:49Quand on a retourné
01:01:50l'établi de Menward-Wheel,
01:01:52on s'est dit
01:01:52qu'on allait retrouver,
01:01:54grâce au Blue Star,
01:01:54une infime trace de sang
01:01:56qui permettrait,
01:01:57encore une fois,
01:01:58d'établir sa responsabilité.
01:01:59La maison a été passée
01:02:00au peigne fin.
01:02:01Il n'y a strictement
01:02:02aucune preuve matérielle.
01:02:03Quant aux déclarations
01:02:07de sa fille,
01:02:08qui prétend reconnaître
01:02:09son père sur le vélo,
01:02:10la défense les met en doute.
01:02:12D'ailleurs,
01:02:13comme toutes les accusations
01:02:14qu'elle a formulées
01:02:15contre son père.
01:02:17Il faut prendre avec
01:02:18une grande mesure
01:02:19ce qui a été dit
01:02:20par cette jeune fille,
01:02:21parce qu'encore une fois,
01:02:22une posture qui est indiquée
01:02:23par cette jeune fille
01:02:24avec en filigrane
01:02:26des accusations mensongères
01:02:27gravissimes,
01:02:28d'agressions sexuelles
01:02:29et de viols
01:02:29à l'égard de son père,
01:02:31ça ne fait, je ne dirais,
01:02:32pas grand-chose.
01:02:33Et pour ce qui est
01:02:34des accusations
01:02:34de la victime,
01:02:36là encore,
01:02:37pour la défense,
01:02:39elles sont à prendre
01:02:40avec des pincettes.
01:02:41Il n'a jamais parlé
01:02:42de son épouse
01:02:43en mauvais terme.
01:02:44Il n'a jamais eu
01:02:45un mot déplacé
01:02:46à son égard.
01:02:47Il n'a jamais eu
01:02:48de procédure de violence
01:02:50de Menoir Twill
01:02:51sur son épouse.
01:02:52Elle avait porté
01:02:53des accusations
01:02:54en expliquant
01:02:55qu'elle avait été victime
01:02:56ce jour-là
01:02:57d'une agression
01:02:58par une bande de jeunes.
01:03:00Donc effectivement,
01:03:01c'est un élément
01:03:01que Menoir Twill
01:03:02souhaite faire valoir
01:03:04dans le cadre
01:03:04du débat
01:03:05devant la cour d'assises.
01:03:11Ce qui m'a marquée
01:03:12chez cet accusé,
01:03:13c'est la constance
01:03:13avec laquelle
01:03:14il niait les évidences.
01:03:17À l'entendre,
01:03:18il était un père parfait,
01:03:20il était le mari
01:03:21dont toute épouse
01:03:22pouvait rêver
01:03:22et que vraiment,
01:03:24il n'a rien à faire
01:03:25dans le box.
01:03:29Pas de plainte
01:03:30pour violence conjugale,
01:03:32pas de preuve
01:03:32de la présence
01:03:33de l'accusé
01:03:34sur la scène de crime.
01:03:36Sur les faits,
01:03:36les débats
01:03:37risquent de tourner court.
01:03:39Pour élargir le sujet
01:03:40et avant même
01:03:41d'entendre la victime,
01:03:43le président
01:03:44convoque donc l'histoire.
01:03:45Et pour ambiancer
01:03:47la cour,
01:03:49il revient sur le passé
01:03:50d'un homme
01:03:50qui a déjà tué
01:03:51au grand dame
01:03:53de la défense.
01:03:56Vous avez des fonctionnaires
01:03:57de police
01:03:57qui viennent à la barre
01:03:58et qui vont réexpliquer
01:04:00à la cour d'assises
01:04:01les conditions
01:04:01dans lesquelles
01:04:02Jean-Claude Maire
01:04:03va disparaître,
01:04:04les conditions
01:04:05dans lesquelles
01:04:05on va le retrouver.
01:04:07C'est un crime sordide,
01:04:09il n'y a aucune
01:04:09contestation possible.
01:04:11Les jurés,
01:04:11ils imprègnent cela.
01:04:13On sait très bien
01:04:14que ça va tourner
01:04:14aussi autour
01:04:15de ce débat-là.
01:04:18Les témoins
01:04:18sont sous le choc.
01:04:20Le voilà le secret
01:04:21de Nadia.
01:04:22Voilà pourquoi
01:04:23elle n'a jamais pu aller
01:04:24au bout
01:04:24de la procédure
01:04:25de divorce.
01:04:27On va enfin
01:04:29comprendre
01:04:29qu'effectivement
01:04:31une femme
01:04:32qui vit avec
01:04:33un homme
01:04:33qui a déjà
01:04:34été condamné
01:04:35pour un meurtre
01:04:36et un meurtre
01:04:37horrible
01:04:38a toutes les raisons
01:04:39d'être terrorisée
01:04:40et a toutes les raisons
01:04:41de penser
01:04:42qu'il est capable
01:04:43de passer à l'acte.
01:04:44vient enfin
01:04:47le moment
01:04:48tant redouté
01:04:49par Nadia
01:04:49et courageusement
01:04:52elle s'avance
01:04:54à la barre.
01:04:56C'est compliqué
01:04:56pour elle,
01:04:57elle est fatiguée,
01:04:58il faut se tenir debout,
01:04:59elle avait encore
01:05:00du mal
01:05:00à s'exprimer
01:05:01de façon fluide
01:05:02et puis
01:05:03il y avait
01:05:03ce visage
01:05:04très abîmé.
01:05:07il faut surtout
01:05:10affronter
01:05:10le regard
01:05:10de celui
01:05:11qui l'a terrorisé
01:05:12pendant 30 ans
01:05:13mais pour la première fois
01:05:15face à mes noirs
01:05:16et en public
01:05:17Nadia raconte tout.
01:05:23L'oisiveté
01:05:24et la cupidité
01:05:25de son mari
01:05:26l'emprise
01:05:27les insultes
01:05:28les coups
01:05:29les menaces
01:05:29de mort.
01:05:35Puis elle décrit
01:05:36son agression
01:05:36avec un objet
01:05:39tranchant
01:05:40qu'elle ne s'est
01:05:40même pas nommée.
01:05:41Au procès
01:05:48on a retrouvé
01:05:49cette femme
01:05:51à la fois
01:05:51forte et fragile
01:05:52je dirais
01:05:52parce que
01:05:53se retrouver au procès
01:05:54c'est aussi
01:05:55se retrouver
01:05:55face au tyran domestique
01:05:57et à cet homme
01:05:58ultra-violent
01:05:58qu'on nous a décrit.
01:06:02Après la victime
01:06:03c'est aux policiers
01:06:04du 93
01:06:05d'exposer à la barre
01:06:06le résultat
01:06:07de leur enquête
01:06:08sur ce mari violent.
01:06:11Je n'ai pas posé
01:06:12les questions
01:06:12je ne voulais pas
01:06:13les mettre à mal
01:06:13mais pourquoi
01:06:14à un moment donné
01:06:15ils ne sont pas intervenus
01:06:16pour le fiche à la porte.
01:06:21Si les décisions
01:06:22de justice
01:06:23quand on a
01:06:24des violences
01:06:24intrafamiliales
01:06:25aussi importantes
01:06:27étaient respectées
01:06:28il y aurait probablement
01:06:29moins de féminicides
01:06:31en France.
01:06:32Quand vient l'heure
01:06:33du réquisitoire
01:06:34l'avocate générale
01:06:35réclame une peine sévère
01:06:37pour une tentative
01:06:38de meurtre.
01:06:40La perpétuité
01:06:40avec 22 ans
01:06:41de sûreté.
01:06:43Alors la défense
01:06:44revient à la charge
01:06:45sur les faits
01:06:45de ce dimanche matin
01:06:46parce que sur les faits
01:06:49le dossier
01:06:50est toujours
01:06:51aussi vide.
01:06:54Je plaide l'acquittement
01:06:56parce qu'on ne peut pas
01:06:57se contenter
01:06:58d'une image furtive
01:07:00tirée d'une caméra
01:07:02de surveillance
01:07:02comme étant la démonstration
01:07:04de Xeménoir Thuil.
01:07:05Je plaide l'acquittement
01:07:06parce que
01:07:07M. Thuil
01:07:08a un alibi
01:07:09c'est-à-dire
01:07:10qu'il est chez lui
01:07:10et que ça s'est acté
01:07:11et constaté
01:07:12par les fonctionnaires
01:07:13de police
01:07:13primo intervenants.
01:07:14Et puis
01:07:15je plaide
01:07:16cette tentation
01:07:17qui pourrait être
01:07:18naturelle
01:07:19au café du commerce
01:07:20mais qui n'est
01:07:21absolument pas acceptable
01:07:23dans le cadre
01:07:23d'une cour d'assises
01:07:24qui serait finalement
01:07:26un raisonnement
01:07:27en disant
01:07:27il a déjà tué
01:07:29ou en tout cas
01:07:30il a déjà été condamné
01:07:31donc c'est forcément lui.
01:07:32La cour se retire
01:07:36pour délibérer
01:07:37et le verdict tombe.
01:07:41Les jurés ont cru Nadia
01:07:42M. Thuil
01:07:45est condamné
01:07:45à 30 ans de prison.
01:07:52Un camouflet
01:07:53pour M. Thuil
01:07:54le si fier
01:07:55M. Thuil
01:07:56qui fait aussitôt appel.
01:07:57Et sans surprise
01:08:11Thuil clame
01:08:12encore son innocence
01:08:14aux assises d'Evry
01:08:15le 7 décembre 2017.
01:08:18Une occasion de plus
01:08:19pour Nadia
01:08:19de trembler
01:08:20sur les bons
01:08:21de la partie civile.
01:08:25Le temps avait passé
01:08:26elle ne comprenait pas
01:08:27pourquoi il fallait redéposer.
01:08:29Il y avait une grande lassitude
01:08:30chez elle
01:08:30et une envie
01:08:31qu'on passe à autre chose.
01:08:33Et puis je pense
01:08:34qu'elle craignait
01:08:34au fond d'elle aussi
01:08:35que peut-être
01:08:36il soit acquitté
01:08:36parce qu'elle m'a posé
01:08:38la question.
01:08:38Elle m'a dit
01:08:38mais s'il est acquitté
01:08:39il revient ce soir
01:08:40à la maison.
01:08:41J'essayais de la rassurer
01:08:42en lui disant
01:08:43que ça n'arriverait pas.
01:08:46Bien décidée
01:08:46à sauver sa peau
01:08:47l'accusé passe à l'attaque.
01:08:51M. Thuil
01:08:52prend beaucoup plus
01:08:53la parole
01:08:53de façon beaucoup
01:08:54plus incisive.
01:08:55il est beaucoup
01:08:56plus vindicatif.
01:08:58Il sait que c'est
01:08:58sa dernière chance
01:08:59de convaincre
01:09:00et il tente
01:09:02de mettre
01:09:03toutes les chances
01:09:04de son côté
01:09:04et je pense
01:09:05qu'il fait
01:09:05tout le contraire
01:09:07comme souvent.
01:09:12Nadia prend
01:09:13une nouvelle fois
01:09:14son courage
01:09:14à deux mains
01:09:15pour raconter
01:09:16la violence
01:09:16de ce mari
01:09:17prêt à tout
01:09:18pour ne pas quitter
01:09:18la maison.
01:09:19je la trouve
01:09:24étonnamment
01:09:25calme
01:09:25elle s'exprime
01:09:27bien
01:09:27elle ne laisse
01:09:28pas de doute
01:09:29elle ne pleure
01:09:30pas sur elle-même
01:09:31alors qu'elle a
01:09:32une existence
01:09:32extrêmement difficile.
01:09:37Sans surprise
01:09:38la défense
01:09:38attaque l'enquête
01:09:39et une fois de plus
01:09:43le verdict
01:09:43va reposer
01:09:44sur la parole
01:09:45de Nadia.
01:09:47Est-ce que
01:09:48la parole
01:09:48de la victime
01:09:49doit être
01:09:49entendue
01:09:50de façon
01:09:50sacrée
01:09:51ou pas ?
01:09:52C'est toute la question.
01:09:55Mais à la surprise
01:09:56de la salle
01:09:57l'avocate générale
01:09:58va plus loin
01:09:59qu'en première instance.
01:10:00Ce qui m'a surpris
01:10:03c'est le caractère
01:10:04prémédité
01:10:05prémédité
01:10:07il a vérifié
01:10:08qu'elle travaillait
01:10:09bien ce jour-là
01:10:10il connaît
01:10:11parfaitement
01:10:12son itinéraire
01:10:13il va prendre
01:10:14à vélo
01:10:15un itinéraire
01:10:16différent
01:10:17à l'aller
01:10:18de celui
01:10:19du retour
01:10:20puisque la fameuse
01:10:22caméra vidéo
01:10:22ne le filmera
01:10:24à vélo
01:10:25qu'après l'agression
01:10:26et pas
01:10:27en s'y rendant
01:10:28il l'attend
01:10:29à 5h
01:10:32moins le quart
01:10:33du matin
01:10:335h
01:10:34il l'attend
01:10:35Un mois auparavant
01:10:42il avait paré
01:10:44la porte du garage
01:10:45qui grinçait
01:10:46c'est ce que dit
01:10:47son fils aîné
01:10:47il avait remarqué
01:10:48que la porte du garage
01:10:49ne grinçait plus
01:10:50vous comprenez pourquoi
01:10:52parce qu'il va falloir
01:10:54l'ouvrir
01:10:54pour extraire le vélo
01:10:55c'est
01:10:56ce qu'on appelle
01:10:58en temps ordinaire
01:10:58un assassinat
01:10:59ou une tentative
01:11:00d'assassinat
01:11:00Un assassinat
01:11:06pour l'argent
01:11:07l'argent
01:11:09qu'il avait déjà poussé
01:11:10à tuer un homme
01:11:11avant de le découper
01:11:12en morceaux
01:11:13l'avocate générale
01:11:15rappelle cette violence
01:11:16extrême
01:11:16une violence
01:11:18qu'elle va même
01:11:19montrer
01:11:19au juré
01:11:21le président
01:11:24le président avait hésité
01:11:25à faire circuler
01:11:26entre les mains
01:11:27des jurés
01:11:27les photos
01:11:28prises
01:11:29de Nadia
01:11:30sur son lit d'hôpital
01:11:32parce que c'était
01:11:33difficilement soutenable
01:11:34tellement elle avait été frappée
01:11:37mais quand j'ai pris
01:11:38mes réquisitions
01:11:39j'ai pas voulu faire
01:11:40l'économie
01:11:41de montrer au juré
01:11:42à quel point
01:11:44elle avait été violentée
01:11:46J'ai brandi la photo
01:11:53du scalp
01:11:55de Nadia
01:11:57puisqu'on avait été obligé
01:11:58de la raser
01:11:59pour l'opérer
01:12:00ça n'était qu'une plaie
01:12:03ça n'était qu'une plaie
01:12:04c'était
01:12:04pour moi
01:12:06un élément primordial
01:12:08pour établir
01:12:10la violence
01:12:11l'acharnement
01:12:12la sauvagerie
01:12:14de mes Noirs Twins
01:12:15une stratégie
01:12:19qui visiblement
01:12:20touche la cour
01:12:21la peine
01:12:23de mes Noirs Twins
01:12:24est aggravée
01:12:25en appel
01:12:25cette fois
01:12:28ce n'est plus
01:12:29à 30 ans
01:12:30mais à la perpétuité
01:12:32qu'il est condamné
01:12:32avec 22 ans
01:12:34de sûreté
01:12:35l'affaire aurait pu
01:12:44en rester là
01:12:45Nadia et Nadia Twill
01:12:46jouirent enfin
01:12:47d'une vie tranquille
01:12:48mais la violence
01:12:49l'a encore rattrapée
01:12:50Nadia est morte
01:12:51en juillet 2023
01:12:52sous les coups
01:12:54de son fils Cadet
01:12:55qui s'est déroulé
01:12:57qui s'est déroulé
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À suivre