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Le Cambodge, un des pays les plus pauvres d'Asie, attire certains touristes venus du monde entier pour des activités illégales. Enquête au cœur des trafics cambodgiens.

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Personnes
Transcription
00:00Nous sommes au Cambodge, dans le couloir d'un petit hôtel bon marché de Phnom Penh, la capitale.
00:17Ces deux hommes sont des policiers en civil.
00:19Dans la chambre, un touriste occidental et une mineure de 15 ans.
00:30Elle est malade. Elle est malade. Elle est malade. Elle est malade. Je lui ai donné des médicaments.
00:44On n'a pas eu de rapport sexuel.
00:52S'il vous plaît, votre passeport. Votre passeport, taisez-vous.
00:58L'homme est un touriste grec. Il a 62 ans.
01:06Dans ses affaires, les policiers découvrent des photos prises avec l'adolescente.
01:11L'homme est immédiatement arrêté.
01:14Je viens avec vous. Je viens avec vous. Il n'y a pas de problème.
01:23Pas comme ça.
01:26S'il vous plaît. Je vais venir. Je n'ai pas besoin de ça.
01:33Il sera jugé trois mois plus tard et condamné à cinq ans de prison ferme.
01:37Le Cambodge a décidé de s'attaquer aux étrangers qui viennent dans le pays pour abuser d'enfants ou d'adolescents.
01:44Aujourd'hui, pour les touristes, c'est tolérance zéro.
01:48Le Cambodge a accueilli près de deux millions de touristes l'année dernière.
01:59Avec ses temples, son palais royal et ses moines bouddhistes, c'est devenu une destination à la mode pour les voyageurs à la recherche d'exotisme.
02:07Mais pendant des années, ce petit pays de 14 millions d'habitants, situé entre la Thaïlande et le Vietnam, a surtout été la destination phare des pays du monde entier.
02:22Le Cambodge est l'un des pays les plus pauvres d'Asie du Sud-Est.
02:28Ici, un tiers des habitants vit avec moins de un euro par jour.
02:33Et dans la capitale, Phnom Penh, on compte près de 2000 enfants des rues.
02:39Un terrain de chasse idéal pour les prédateurs sexuels.
02:45Thierry Darnodet a découvert ce phénomène pour la première fois en 1994.
02:50Presque par hasard lors d'un voyage.
02:54C'était ici, à la piscine municipale de Phnom Penh.
02:57A l'époque, c'est le haut lieu de la piscine.
03:00Les touristes occidentaux viennent ici faire leur marché.
03:04Ils se baignent au milieu des enfants, les choisissent et les ramènent à leur hôtel.
03:10Choqué, Thierry décide alors de mener son enquête et il va découvrir bien pire.
03:16Des bordels où les enfants se...
03:18Ce que j'ai vu, j'ai demandé, j'ai eu une petite fille, on m'en a amené 5 ou 6 là,
03:24qui se sont mises autour de moi comme ça.
03:28Vraiment très petites.
03:30Et c'est avec quel âge ?
03:315, 6 ans, 7 ans.
03:33Pas plus, pas plus.
03:34Autour de moi.
03:37Et le truc fou, c'est qu'elles essayaient de toucher mon piscine.
03:43Donc j'étais un peu sur le recul quand même.
03:47Et elle me disait, me, miam, miam, number one.
03:53Mi, miam, miam, number one.
03:54Miam, miam, ça veut dire...
03:56Ici.
03:57Donc elle me disait, les unes, elles se poussaient parce qu'elles me voulaient en tant que client.
04:03Donc les petites étaient déjà habituées à se battre pour avoir le client.
04:08Et donc elles se poussaient les unes les autres.
04:10Prends-moi, choisis-moi, je suis la meilleure, je suis la meilleure pour les...
04:15Vous avez 6 ans.
04:175 ans, 6 ans, 7 ans.
04:20C'était un truc de fou.
04:25Voici des images de cet endroit.
04:27Elles ont été filmées en 2004 par un caméraman indépendant.
04:34Monsieur, venez ici.
04:36On a des jeunes filles.
04:38Là-bas, des jeunes filles.
04:45Le lieu est tenu secret.
04:47Des macros cambodgiens escortent le client au bout d'un long couloir dans une pièce sordide.
04:54Ok, asseyez-vous.
04:57C'est l'une des chambres du bordel.
05:01Quelques instants plus tard, une enfant entre dans la chambre.
05:06Vous en avez de plus petites ?
05:08Non, non, elle peut rester.
05:13Il veut d'abord les voir toutes avant de choisir.
05:1512 ans, 11, 11, 11.
05:39Les petites...
05:43Les petites...
05:43Les petites...
05:44Les petites...
05:44Les petites...
05:49Celles-là, c'est pour...
05:54À l'époque, les autorités ferment les yeux.
06:03Les personnes agissent en toute impunité.
06:07Thierry veut réagir.
06:09Il travaille dans l'humanitaire depuis des années.
06:11Il a commencé en Inde, aux côtés de Mère Thérésa,
06:14et fondé des centres d'accueil pour enfants des rues à Calcutta.
06:18Il va alors créer au Cambodge une ONG unique au monde.
06:22Action pour les enfants.
06:23Son but, traquer les personnes.
06:27En 6 ans, il a réussi à rassembler autour de lui
06:29une équipe d'une trentaine de détectives.
06:33Tous sont cambodgiens.
06:35Et chaque matin, c'est le même rituel,
06:37le briefing sur les affaires en cours.
06:41Cet homme est vraiment suspect.
06:44Il a donné rendez-vous à ces 2 gamines.
06:47À ton avis, elles ont quel âge ?
06:50Elles ont 12 ans ?
06:53Oui, pareil.
06:57Ensuite, les détectives partent en chasse,
07:01équipés de petites caméras numériques et d'appareils photos.
07:04Ils ont été formés aux enquêtes et à l'art de la filature
07:09par la police anglaise et le FBI américain.
07:15Sur leur mobilette, ils se fondent dans la masse.
07:19Impossible de les identifier.
07:20Leur but, repérer et filmer les touristes occidentaux
07:29qui se comportent de manière suspecte avec les enfants.
07:32Très pour le recognise.
07:34C'est fini.
07:36Tu pourrais avoir besoin d'as factors ?
07:37Musique douce
08:07En fin, Thierry est justement en train de regarder une vidéo suspecte.
08:11C'est l'un de ses enquêteurs qui l'a tourné la nuit dernière dans le centre-ville de Phnom Penh.
08:16Sur l'image, un touriste d'une trentaine d'années qui joue avec une fillette.
08:21C'est un étranger qui s'intéresse a priori à une jeune fille.
08:28Ils ont échangé un peu de nourriture, peut-être des chips, je crois qu'il lui a passé sa bouteille d'eau.
08:33Ça peut être aussi bien quelqu'un de sympathique et puis qu'il s'intéresse comme ça à cet enfant et il a envie de lui donner deux, trois trucs à manger.
08:42C'est fort possible aussi.
08:44A priori, rien de suspect.
08:47Là, je vois que l'étranger et la petite sont en train de jouer.
08:52Elles lui donnent des coups de bouteille en plastique comme ça.
08:56Ils se comportent presque comme un gosse.
08:58Et c'est justement ce comportement qui alerte Thierry.
09:03Un adulte peut jouer avec un enfant, c'est clair, c'est pas un crime.
09:07Un père va jouer avec sa fille, avec son fils, ils vont se rouler dans l'herbe, dans leur jardin.
09:13Mais là, dans un contexte, un étranger qui est au Cambodge et qui, tard le soir, est en train de jouer avec une bouteille en plastique avec une gamine.
09:21Je suis désolé de le dire, mais c'est tellement typique de certaines attitudes de certains...
09:29Tim, on a quelqu'un qui s'en charge.
09:39On n'a pas encore été capables de repérer là où il habite.
09:45Car hier, il est allé au bordel et il y est resté très longtemps.
09:52Et à une heure du matin, notre agent a dû rentrer chez lui.
09:56Mais on a parlé à la fillette et on sait qu'il lui a donné rendez-vous ce soir pour la revoir.
10:02Le rendez-vous doit avoir lieu sur ce quai.
10:09En plein cœur de Phnom Penh, c'est l'un des terrains de chasse des personnes.
10:16C'est ici que sont concentrés les restaurants et cafés pour touristes.
10:20Et c'est donc naturellement le lieu de ralliement des petits mendiants et des vendeurs à la sauver.
10:27Des proies faciles pour les étrangers.
10:29La plupart de ses enfants n'ont aucun domicile.
10:35Ils dorment sur une petite place située à quelques centaines de mètres des lieux touristiques.
10:42Certains sont avec leur famille.
10:46D'autres survivent seuls.
10:51C'est le cas de Chatra.
10:54Il a 15 ans.
10:57Il s'est enfui de chez lui.
10:59En avant, c'est moi le chef.
11:04Cela fait 3 ans qu'il vit dans la rue.
11:08Qu'est-ce que tu fais tous les jours ?
11:11Tous les jours ?
11:15Je m'en dis sur le quai.
11:18Je vais voir les gens qui sont assis sur les bancs.
11:21Ou ceux qui vont prier au temple.
11:23Allez, la voiture, par ici.
11:28Madame, vous gênez la circulation.
11:32Chatra fait ce qu'il peut.
11:34Mais les quelques centimes qu'il gagne chaque jour ne lui suffisent pas toujours pour survivre.
11:38Alors parfois, pour quelques dollars de plus, ils se vantent aux touristes.
11:43Quand tu veux rencontrer un étranger, tu vas où ?
11:49Que penses-tu de ces étrangers ?
11:56Je n'ai pas d'argent, sinon je n'irai jamais avec eux.
12:00Je sors avec eux pour qu'ils me donnent de l'argent.
12:02Combien d'argent ?
12:045 ou 6 dollars.
12:06Et tu n'as pas peur d'eux ?
12:08Si.
12:09Tu as peur, mais tu y vas quand même.
12:11Parce que j'ai trop faim.
12:14Et aujourd'hui, c'est quoi ton rêve ?
12:16Mon rêve, c'est d'avoir une maison pour faire venir ma mère à Phnom Penh.
12:27Les p********* savent qu'ici, ils peuvent s'acheter un enfant pour une poignée de dollars.
12:31Et c'est pour ça que les enquêteurs de Thierry surveillent régulièrement le quartier.
12:36Ce soir, ils sont sur la piste de l'homme qui jouait avec la fillette.
12:41Ils devraient arriver d'un instant à l'autre.
12:43Le dispositif est en place.
12:50La fille est en train de marcher le long du quai.
12:56Oui, elle est seule.
12:59Elle a un panier dans les mains.
13:01Et elle porte un pantalon rouge.
13:05Hier, il est venu de là.
13:16Oui, je pense.
13:20Hier, quand on l'a interrogé,
13:22elle a dit que l'homme devait la retrouver au même endroit.
13:24L'attente commence.
13:32Elle va durer plus d'une heure.
13:38Les agents ne lâchent pas des yeux la gamine qui joue sur le quai.
13:41Enfin, l'homme apparaît.
13:49Thierry le suit à distance.
13:54L'homme se dirige directement vers la fillette
13:57et commence à jouer avec elle.
13:58Thierry est aux aguets.
14:07Il attend le moment propice
14:09pour engager la conversation avec le suspect.
14:11« J'y vais, je vais voir comment ça se passe. »
14:20« Oui, c'est génial. »
14:25« Ça fait cinq fois que je viens ici. »
14:32Après les banalités d'usage,
14:40Thierry oriente peu à peu la conversation
14:42sur le sexe et la part en Asie du Sud-Est.
14:46Il joue les naïfs.
14:47« Oui, j'en ai peur.
15:05On ne peut pas en être sûr.
15:08Certaines sont vraiment gentilles.
15:10Elles ne sont pas comme ça.
15:11Mais vous savez,
15:16la population dans les pays asiatiques
15:18n'a pas le même statut que chez nous.
15:24Ici, ce n'est pas aussi interdit.
15:27Ce n'est pas un péché si terrible. »
15:31C'est le discours classique
15:32des touristes sexuels.
15:34Mais après une heure de conversation,
15:36Thierry n'est pas persuadé pour autant
15:38que l'homme est un peu plus.
15:41Il me dit que le Cambodge,
15:43c'est grosso modo un gros bordel.
15:45C'est un gros bordel.
15:47Un *** partout, etc.
15:48Il me dit « Moi, j'aime les filles. »
15:50Je dis « Oui, tout à fait normal. »
15:52Et là, il me dit « Mais bon,
15:54moi, je n'aime pas les filles comme... »
15:55Et il me montre la petite.
15:56« Je n'aime pas les filles comme la petite là. »
15:59Il me dit « Je ne suis pas comme les autres débiles. »
16:03« Je ne suis pas comme les autres débiles
16:05qui stagent des gamines, etc. »
16:07Vous allez continuer à le surveiller ?
16:08Je pense qu'on va quand même continuer
16:10parce que, comme l'expérience nous l'a montré,
16:15on ne sait jamais qui se cache derrière, etc.
16:17Donc on va quand même continuer.
16:21Mais le lendemain, l'homme va quitter la ville
16:23et les enquêteurs vont perdre sa trace.
16:26Cela arrive souvent.
16:28Il faut parfois des mois et même des années
16:30pour réunir les preuves
16:31qui permettent l'arrestation d'un prédateur sexuel.
16:33Un cas a particulièrement marqué Thierry
16:37et ses collaborateurs.
16:41C'est celui de cet Allemand.
16:43Ils l'ont traqué pendant plus d'un an
16:45avant de réussir à mettre la main
16:47sur cette vidéo.
16:51On y voit des petites filles
16:53amenées par des adultes
16:54entrer et sortir du domicile du suspect.
16:57C'est ce document
17:00qui va convaincre la police
17:02d'intervenir.
17:06L'homme est arrêté.
17:08Sa maison est fouillée
17:09en présence de ses petites victimes.
17:11Les policiers
17:15découvrent l'horreur.
17:18Dans ces mâles,
17:20l'homme collectionne
17:21tout un attirail sadomasochiste.
17:24Et surtout,
17:25il a des disques durs
17:26remplis de photos
17:28et de films.
17:29Pendant la fouille,
17:42l'homme prétexte soudain un malaise.
17:45Il sort sur le balcon
17:46et se fout dans le vide.
17:55L'homme est grièvement blessé,
17:57mais il survit.
17:59Il sera condamné
18:00à 28 années de prison.
18:06Dans leur bureau,
18:08chaque jour,
18:09les enquêteurs voient défiler
18:10des images et des vidéos
18:11souvent difficiles à regarder,
18:14parfois insoutenables.
18:16Certaines restent gravées
18:17dans leur mémoire,
18:19comme ces images
18:19d'une perquisition
18:20réalisée l'année dernière
18:22au domicile
18:23d'un pays français.
18:25Des photos
18:26et au milieu
18:29d'une multitude
18:29de gadgets sexuels.
18:32Deux poupées d'enfants.
18:34La première fois,
18:38moi,
18:40je ne pouvais pas croire
18:41que l'on pouvait réellement
18:42avoir des relations
18:43avec des tout petits enfants,
18:47des enfants de 5 ans,
18:49de 6 ans,
18:50des petits garçons.
18:52Je ne pouvais pas y croire.
18:53mais cas après cas,
18:55j'ai découvert
18:57que c'était vrai.
18:59Alors,
18:59comment vous dire,
19:01ça m'a fait mal.
19:04Ça m'a mis
19:04très en colère
19:05contre tous ces
19:07qui commettent ces crimes.
19:09en 6 ans,
19:18les détectives
19:18ont permis
19:19l'arrestation
19:19de plus de 100
19:20pays
19:21au Cambodge.
19:23La plupart
19:24en flagrant délit.
19:27Et s'il y a
19:27quelques années encore,
19:29la police hésitait
19:30à s'en prendre
19:30aux touristes,
19:32aujourd'hui,
19:33tout a changé.
19:34Les arrestations
19:35sont réalisées
19:36par une unité
19:37de policiers
19:38spécialisées
19:39dans la lutte
19:40contre le trafic
19:40d'êtres humains.
19:48Désolé.
19:50Désolé.
19:51Ce jour-là,
19:52c'est un Français
19:53surpris avec une mineure.
19:57Je dois donner
19:57de l'argent ?
20:00Asseyez-vous.
20:04Je dois payer maintenant ?
20:05Non, non, non.
20:06Quelle est votre nationalité ?
20:11Je suis Français.
20:13J'ai un avion
20:14à prendre.
20:16Quel âge avez-vous ?
20:1863 ans.
20:22Les méthodes
20:23de l'association
20:23ont fait leur preuve.
20:25Alors aujourd'hui,
20:26les pays se méfient.
20:27Ils essaient
20:28de trouver des parades.
20:31Les équipes
20:31de Thierry
20:32sont ainsi confrontées
20:33à un nouveau phénomène,
20:35beaucoup plus pervers
20:36et beaucoup plus difficiles
20:37à combattre,
20:38ce sont les fausses adoptions.
20:40Les pays
20:41achètent purement
20:42et simplement
20:43des enfants
20:43à des familles pauvres
20:44et ensuite,
20:46ils se font passer
20:47pour le père adoptif
20:48en toute illégalité.
20:49C'est le cas
20:52de cet Australien.
20:54L'homme
20:54vit avec une fillette
20:55de 4 ans.
20:59On a appris
21:00que cet homme
21:01a acheté
21:02cet enfant
21:03pour 800 dollars,
21:04qu'il a payé
21:07à sa mère.
21:08Et aujourd'hui,
21:09sa mère vit
21:10au Vietnam.
21:11C'est un achat.
21:12On s'achète
21:12une famille
21:13et notamment
21:14son silence
21:15et notamment
21:16on s'achète
21:18une salle
21:19avec un enfant,
21:21ce qu'on ne peut pas
21:22faire en Europe.
21:25Thierry a dû traiter
21:26une affaire
21:26comme celle-ci
21:27récemment.
21:28Elle concerne
21:28un Français.
21:31Nous avons voulu
21:32le rencontrer.
21:34L'homme
21:34a adopté
21:35une fillette
21:35de 8 ans.
21:36Il est accusé
21:37de pédagogie.
21:38Aujourd'hui,
21:38la police
21:39cambodgienne
21:40veut l'expulser
21:41du pays.
21:43Nous l'avons retrouvé
21:44dans sa prison.
21:48Nous tournons
21:48en caméra cachée
21:49car les autorités
21:51cambodgiennes
21:51refusent
21:52de nous laisser
21:53le rencontrer
21:54officiellement.
22:00L'homme sait
22:00que nous sommes
22:01journalistes.
22:02Dans le sac,
22:03il y a une caméra.
22:04Il accepte
22:05d'être filmé
22:06et interviewé.
22:08Pourquoi vous voulez
22:09l'adopter ?
22:10C'est ça qui est surprenant.
22:11Il y a des gens
22:12qui viennent ici
22:13qui adoptent.
22:13Ça fait 20 ans
22:14que je veux un môme.
22:15Je rencontre une gamine
22:15qui me dit
22:16que je veux devenir
22:16un môme.
22:17J'ai eu un coup de cœur.
22:19Tout simplement.
22:20Ma relation,
22:21putain,
22:21t'as pas de fille,
22:22t'as pas d'enfant.
22:22C'est ma fille,
22:23basta.
22:24C'est ma fille.
22:24Il n'y a pas besoin
22:25d'être un môme
22:26pour pouvoir
22:27arrêter de chercher
22:28midi à 14 heures.
22:30C'est ma fille,
22:30je l'aime comme ma vie,
22:31je l'aime comme un malade.
22:33C'est ma fille,
22:34putain,
22:35c'est ma fille.
22:40C'est 20 ans,
22:41je veux un môme,
22:42putain,
22:42je l'ai rencontré,
22:43elle m'a demandé
22:44si c'était un garçon,
22:45ça aurait été pareil.
22:50Après,
22:51oui,
22:51je me suis rendu compte
22:52en prison
22:53que je suis tombé
22:53amoureux de ma fille.
22:56Et alors,
22:57je la touche pas,
22:58je la touche pas.
23:02Je me suis rendu compte
23:03qu'elle m'était indispensable.
23:04ça, c'est tout.
23:09Je suis de son mère
23:09et elle a besoin de moi.
23:16Voici Srey,
23:18la petite fille
23:19que cet homme a adoptée
23:20il y a deux ans.
23:22Aujourd'hui,
23:23elle vit dans un centre d'accueil
23:24sous la protection d'une ONG.
23:25nous sommes allés
23:28à la rencontre
23:29de sa famille.
23:32Elle vit
23:33dans l'un des bidonvilles
23:34de Phnom Penh.
23:37Sur le vélo,
23:39sa soeur jumelle.
23:43Et voici sa famille.
23:44En rose,
23:47sa mère.
23:49Et en t-shirt oreillé,
23:51sa tante.
23:55Ces femmes
23:55vivent au bout
23:56de cette petite allée,
23:58dans un baraquement en bois,
24:01leur maison.
24:05Une pièce
24:06de 4 mètres carrés.
24:11Combien de personnes
24:12vivent ici ?
24:14On est 6 personnes
24:18et on dort tous côte à côte.
24:20Comme ça.
24:24L'homme en prison
24:26reconnaît avoir donné
24:27environ 500 dollars
24:28à la famille
24:29pour pouvoir,
24:29soi-disant,
24:30adopter la petite fille.
24:32C'est l'équivalent
24:33de plus d'une année
24:33de salaire moyen
24:34au Cambodge.
24:35Une somme providentielle
24:36pour cette famille.
24:40Je ne suis pas d'accord
24:41avec ceux qui l'accusent
24:42parce qu'il est généreux
24:43avec ma famille
24:44et avec ma nièce.
24:46S'il avait commis
24:47des choses pas bien,
24:48je l'aurais accusé
24:49moi aussi.
24:51Il était correct
24:51avec ma nièce.
24:55Mon enfant faisait
24:56la manche.
24:57Il l'a remarqué
24:58et il a eu pitié.
25:00Il lui a donné
25:01de l'argent
25:01pour qu'elle puisse
25:02aller à l'école,
25:05pour qu'elle ne fasse
25:05plus la mendicité.
25:08Car je suis pauvre.
25:09Vous pensez
25:11qu'il a eu
25:11des relations sexuelles
25:12avec la petite ?
25:14Non,
25:15il n'a pas eu
25:16de relations sexuelles.
25:17Ceux qui l'accusent
25:18se sont trompés.
25:19Il l'aime
25:20comme son enfant.
25:22La famille fait bloc.
25:25Pourtant,
25:26l'homme a été arrêté
25:27quelques mois
25:27après cette pseudo-adoption.
25:30Il a même été condamné
25:31à un an et demi
25:32de prison
25:33pour acte indécent
25:34sur la fillette
25:35qui a reconnu
25:36des attouchements
25:37et des jeux sexuels.
25:40Nous décidons
25:41de retourner
25:42le voir en prison.
25:46Est-ce que vous auriez
25:46pu avoir un enfant
25:47comme ça
25:48ailleurs qu'au Cambodge ?
25:49Bien sûr.
25:49Il y a plusieurs petites filles
25:50qui sont tombées
25:51amoureuses de moi.
25:51Seulement,
25:52je fuyais avant.
25:53C'est tout.
25:53Des petites filles
25:54qui tombaient
25:54amoureuses de vous ?
25:55Oui, oui.
25:55J'ai même travaillé
25:56dans un...
25:57Je ne suis resté
25:58que deux semaines
25:59parce que...
26:00Ça m'avait marqué.
26:02J'ai fait maître
26:03d'internat
26:04dans un internat.
26:05Je ne suis resté
26:05que deux semaines
26:06puisqu'il y avait
26:06une petite...
26:07Chaque jour,
26:07elle se mettait devant moi
26:08à croiser les bras,
26:09à commencer à me questionner,
26:10à une copine,
26:11etc.
26:12Chaque fois.
26:12Et à partir du moment,
26:13je me suis sauvé
26:13parce que ça me travaillait.
26:15Ça me travaillait.
26:16Je refusais
26:17ce que j'étais.
26:18Et aujourd'hui,
26:19est-ce que vous refusez
26:20toujours ce que vous êtes ?
26:21J'accepte.
26:22Peut-être que...
26:22Oui, je suis...
26:23Vous reconnaissez,
26:24vous dites,
26:25je suis...
26:25Et vous adoptez
26:26un enfant au Cambodge.
26:28Est-ce que vous comprenez
26:28que les gens s'inquiètent ?
26:30Ce n'est pas incompatible.
26:32C'est...
26:33C'est une identité.
26:35Voilà.
26:37Une identité sexuelle
26:37sans être forcément
26:38une sexualité.
26:40C'est quelque chose
26:41qu'on ne choisit pas,
26:42qui arrive dès la naissance.
26:43On peut dire ce qu'on veut.
26:44On dit qu'ils sont malades,
26:44etc.
26:45Qui a trouvé un remède ?
26:47C'est une identité sexuelle.
26:48On ne peut rien y faire.
26:49C'est comme ça.
26:50Ça n'empêche pas
26:50d'aimer des enfants.
26:52Ça n'empêche pas...
26:53Un hétérosexuel
26:53est-il forcément un...
26:54Un homosexuel
26:56est-il forcément un pervers ?
26:58Donc un...
26:59est-il forcément un...
27:00des enfants ?
27:01Et le consentement des enfants ?
27:03Qu'est-ce qu'on en fait
27:03du consentement des enfants ?
27:04On estime qu'un enfant
27:06de 8-10 ans
27:06n'est pas capable de...
27:098-10 ans ?
27:09Mais selon la loi,
27:10c'est plus 8-10 ans.
27:10C'est maintenant
27:11en dessous de 18 ans.
27:14Vous vous dites
27:14qu'un enfant de 10 ans
27:15peut avoir une sexualité
27:16avec un adulte.
27:16Mais un enfant,
27:17quoi qu'il arrive,
27:17a une sexualité.
27:18La première sexualité
27:19d'un enfant commence
27:20au moment où il tête
27:21le sein de sa mère.
27:23Est-ce que vous avez eu
27:25des jeux sexuels
27:26avec cet enfant ?
27:27On a eu une histoire d'amour.
27:29Je ne peux pas en parler.
27:30Des jeux sexuels,
27:30je ne peux pas dire
27:31des jeux sexuels.
27:32Pourquoi vous ne pouvez pas
27:33en parler ?
27:34Parce que c'est entre
27:35ma fille et moi
27:35et c'est un mot de savoir
27:36avec elle
27:38ce qu'elle veut
27:38qu'on dise ou pas.
27:42Depuis cet entretien,
27:43l'homme a été expulsé
27:44du Cambodge.
27:46Il est retourné en France
27:47où il a été arrêté
27:48et mis en examen
27:49pour diffusion d'images
27:51à caractère...
27:52et apologie de la...
27:54Il est aujourd'hui en prison.
28:03Mais pour un peu
28:04arrêté,
28:05de nombreux échappent
28:06à la justice.
28:09C'est le cas
28:10de cet homme
28:11en chemise rouge
28:12que nous avons filmé
28:13en plein cœur
28:14de Phnom Penh.
28:16Cela fait 5 ans
28:17que l'ONG de Thierry
28:18le traque.
28:19Ce français s'est installé
28:20au Cambodge
28:20il y a 10 ans.
28:22Il vit avec 2 enfants
28:23qu'il a soi-disant adoptés.
28:26L'un a aujourd'hui 8 ans,
28:28l'autre 14.
28:32L'homme aurait déjà abusé
28:33d'enfants
28:34en France
28:35et en Thaïlande.
28:36Ici,
28:37les enquêteurs le soupçonnent
28:38d'avoir abusé
28:38d'une dizaine
28:39d'autres enfants des rues.
28:42Mais jusqu'ici,
28:43ils n'ont jamais réussi
28:44à le faire condamner.
28:46L'homme se promène
28:48en toute tranquillité
28:49et impunité
28:50dans les rues
28:51de la capitale.
28:53C'est un cas
28:54qui m'agace.
28:55C'est un cas
28:56qui m'énerve
28:57parce que ça fait
28:58de nombreuses années
28:58que nous le connaissons.
28:59Nous l'avons fait arrêter
29:00la première fois
29:01jusqu'en 2004
29:02ici à Phnom Penh.
29:04Il a fait
29:05quelques mois
29:06de prison
29:06mais il s'en est sorti
29:08avant d'être jugé
29:09parce que l'enfant,
29:12je pense,
29:13a finalement
29:14à retirer
29:15sa plainte,
29:16etc.
29:175 ans,
29:185 ans
29:19que vous avez
29:19des éléments
29:20contre lui,
29:205 ans
29:21que vous le faites
29:21arrêter,
29:21il s'en sort toujours.
29:22Il s'en sort toujours.
29:24C'est diabolique.
29:28Selon les enquêteurs,
29:29l'homme profite
29:30de la corruption
29:31qui règne dans le pays.
29:32Il bénéficierait
29:33de la protection
29:34d'un officier de police
29:35et aurait déjà versé
29:36de l'argent
29:37à des juges.
29:40Des soupçons
29:41confirmés
29:42par un procès
29:42qui s'est tenu
29:43en février dernier
29:44à Sianoukville,
29:46une petite ville
29:47située à une centaine
29:48de kilomètres
29:48de Phnom Penh.
29:50Ce jour-là,
29:51au tribunal,
29:53un enfant
29:53avait accepté
29:54de témoigner
29:55contre le français
29:56pour abus sexuels.
30:00Pourtant,
30:01cette fois-ci encore,
30:02l'homme va s'en sortir.
30:03Après les premières auditions,
30:05le juge décide
30:06de reporter le procès
30:07car il a un doute
30:08sur l'âge réel
30:09de l'enfant
30:09au moment des faits.
30:13L'homme n'a même pas
30:14jugé bon
30:15de se présenter
30:15à l'audience.
30:17Nous l'avons joint
30:18par téléphone
30:18mais il refuse absolument
30:20de parler avec nous.
30:22Vous ne souhaitez pas
30:22du tout vous exprimer
30:23sur cette affaire ?
30:24Pas du tout,
30:25pas du tout,
30:25du tout.
30:26Ça fait 10 ans
30:27que je ne m'exprime pas,
30:28monsieur.
30:29Ben, justement,
30:29est-ce que ce n'est pas
30:30l'occasion de s'exprimer ?
30:31Non,
30:31il n'y a aucune occasion.
30:33Il y a des accusations
30:34qui sont contre vous
30:34qui sont graves.
30:35Je trouve que c'est important
30:36de pouvoir répondre.
30:37Très grave, très grave.
30:39Là, vous perdez
30:40tout les gens de vous dire.
30:42Si l'homme est si sûr de lui,
30:44c'est qu'il a un appui de poids.
30:45Les enfants
30:46qu'il a adoptés.
30:48À aucun moment,
30:49ils n'ont accepté
30:50de témoigner contre lui.
30:52Nous avons pu
30:52les rencontrer brièvement.
30:54Nous tournons
30:55en caméra cachée.
30:56Ils savent
30:57que nous sommes journalistes.
30:58On peut parler français ?
31:01Oui.
31:02Tu vis avec monsieur
31:05la *** ?
31:06Oui, c'est mon fils,
31:07mais maintenant,
31:08il est malade.
31:08Il est très grand.
31:09On cherche son pain.
31:10Je peux...
31:11Tu acceptes ?
31:11Non.
31:12C'est vous qui faites
31:13des problèmes comme ça,
31:14monsieur.
31:15Je vous excuse.
31:16On a des bonnes écoles.
31:18Maintenant,
31:18on n'a rien,
31:20rien de rien.
31:20Mais maintenant,
31:21on a des écoles,
31:21on a à manger,
31:22on a des choses
31:23parce que c'est lui.
31:25Vous avez un enfant
31:26à 6 ans,
31:27il peut parler français
31:27parce que c'est lui.
31:29Avant,
31:29il a ramassé
31:30des poubelles.
31:31Vous comprenez ?
31:32Mais maintenant,
31:33il peut parler,
31:34il peut aller à l'école,
31:35il a mangé,
31:36il a nourri,
31:36et maintenant,
31:37pourquoi vous me faites
31:37comme ça ?
31:38Il n'a rien fait
31:39de problème à nous.
31:40Rien de rien.
31:41C'est juste dire
31:42« Ça va bien, mon fils. »
31:44Il faut toujours
31:45être meilleur, mon fils.
31:47C'est juste que ça.
31:49Autrement,
31:49rien de faire,
31:50comme je vous dis,
31:51toucher les couilles
31:52ou mettre les couilles
31:53de langue.
31:55C'est pas vrai.
31:56Vous connaissez ?
31:57C'est pas vrai.
31:58Nous avons montré
31:59cette interview
32:00à Thierry Darnodet.
32:02Mais maintenant,
32:03il peut parler,
32:04il peut aller à l'école,
32:04il a mangé,
32:05il a nourri,
32:06et maintenant,
32:06pourquoi vous faites
32:07comme ça ?
32:09C'est bon,
32:11j'ai assez vu.
32:12Ça me suffit pour...
32:15J'ai pas forcément
32:17envie de voir.
32:18En plus, je comprends.
32:20Mais alors,
32:20votre question ?
32:21Et si ce gamin disait vrai ?
32:22Et s'il n'avait jamais été abusé ?
32:24Et s'il avait tout simplement trouvé
32:27un bienfaiteur ?
32:28Un bon papa,
32:30monsieur...
32:31qui a abusé de son neveu
32:34quand il avait peut-être
32:37de 8 ans à 11 ans
32:41dans sa maison en Corse
32:43et des enfants en Thaïlande ?
32:46Le bon papa,
32:47qui souhaite
32:49qu'il n'y ait aucune
32:50ONG au Cambodge,
32:52parce que les ONG
32:53sont tellement mauvaises,
32:54elles font
32:54tellement de mal aux enfants.
32:56Bien sûr,
32:57ça leur rangerait
32:58qu'il n'y ait pas d'ONG
32:58au Cambodge.
33:00Il pourrait
33:00s'il y ait autant d'enfants
33:01qu'il le veut.
33:03Mais ce cas est une exception,
33:05car aujourd'hui,
33:06grâce au travail
33:07des détectives,
33:08au Cambodge,
33:09les pays ne se sentent
33:10plus complètement
33:11en sécurité.
33:12Le pays n'est plus
33:13l'Eldorado
33:14qu'ils ont connu.
33:15Le problème,
33:16c'est qu'ils ont déjà trouvé
33:17de nouveaux territoires
33:19de chasse.
33:23Leur nouvelle destination
33:24favorite
33:24se situe
33:26à des milliers
33:26de kilomètres de là,
33:28en Afrique.
33:30C'est le Kenya.
33:36Connu pour ses réserves,
33:38d'animaux et ses safaris,
33:39le pays est devenu
33:40une destination balnéaire
33:42à la mode.
33:43Ces plages de sable blanc
33:44qui bordent l'océan Indien
33:46attirent chaque année
33:47plus d'un million
33:48de touristes.
33:50Mais tous
33:51ne viennent pas ici
33:52pour admirer
33:53la beauté des plages.
33:56En 2006,
33:58un rapport de l'UNICEF
33:59a fait l'effet
34:00d'une bombe.
34:02Il dénonce
34:03l'exploitation sexuelle
34:04dont sont victimes
34:05les enfants
34:05le long des côtes kenyales.
34:08Les chiffres sont inquiétants.
34:10Entre 10 000
34:10et 15 000 filles mineures
34:12se produisent
34:13très occasionnellement.
34:14Soit une fille sur trois
34:15qui vit dans la région.
34:17Sans que personne
34:18ne s'en rende compte,
34:20le Kenya
34:20est devenu
34:21en quelques années
34:22le nouveau paradis
34:23des pays.
34:24Mais ici,
34:29c'est un sujet tabou.
34:30Peu de monde
34:31accepte d'en parler
34:32ouvertement.
34:33Ces deux femmes
34:34ont longtemps travaillé
34:35dans les hôtels
34:35de la côte
34:36et ont même
34:37parfois recruté
34:38des prostituées
34:39pour des touristes.
34:41Elles connaissent
34:41tout de cet univers.
34:43Elles ont accepté
34:44de nous faire découvrir
34:45les coulisses
34:45de cette
34:46enfantile.
34:47et ça commence
34:49très vite.
34:51Nous sommes à peine
34:51arrivés sur la plage
34:52que la jeune femme
34:54aborde trois adolescentes
34:56en train de se promener.
34:57Elle les prend
34:58dans ses bras
34:58pour les mettre
34:59en confiance.
35:00Elle va nous montrer
35:01comment,
35:02en quelques minutes,
35:04un touriste blanc
35:05peut s'offrir
35:06une très jeune fille.
35:06Voici Akini
35:10et toi,
35:12Zawaidi
35:12et Betty.
35:14Ah ok,
35:15vous êtes des amis
35:16et vous êtes
35:16dans la même école.
35:18Quel âge avez-vous ?
35:1913 ans.
35:2013 ans
35:20et toi Akini
35:2113 ans
35:22et 14 ans.
35:24Au départ,
35:25les jeunes filles
35:25sont intimidées
35:26et nous regardent
35:27avec curiosité
35:28puis très vite
35:30avec intérêt.
35:32Deux points,
35:37un point.
35:38Elles t'aiment.
35:40Elles t'ont choisie.
35:44Quant à toi,
35:45il n'y en a qu'une
35:45qui t'aime.
35:46Et elle me dit
35:47c'est sûr,
35:48il faut que je finisse
35:48mes jours
35:49avec ce garçon.
35:51Et là,
35:51nous allons découvrir
35:53que ce n'est pas
35:54un simple jeu
35:54d'adolescente.
35:56Tu es prête
35:57à venir avec un blanc
35:58comme moi ?
35:59Oui,
36:00pas de problème.
36:01Je suis très vieux
36:01pour toi.
36:07Elle dit que ça
36:07n'a pas d'importance.
36:09Oui.
36:10Si je te dis,
36:11d'accord.
36:11On part ensemble,
36:12tu veux être ma copine.
36:15Vas-y,
36:16tu peux parler.
36:17Oui.
36:18Parle librement.
36:20On peut aller
36:20à mon hôtel.
36:24Tu n'as pas peur.
36:27Non,
36:27elle n'a pas peur.
36:28Si tu lui dis
36:29on y va,
36:30elle y va.
36:31Mais explique-moi,
36:37pourquoi veux-tu
36:37aller avec un blanc ?
36:38Pour qu'il m'aide.
36:42Pour l'aider.
36:45Parce que tu penses
36:46que si le blanc t'aime,
36:47il va t'aider.
36:48C'est ça, hein ?
36:49Elle est amoureuse de toi.
36:56Elle pleure.
37:02C'est très surprenant.
37:05Pourquoi ?
37:06Elles sont vierges
37:08et elles s'en fichent.
37:10Elles sont prêtes
37:11à le faire.
37:12Elles pensent que
37:13tous les blancs
37:13sont riches.
37:16Elles ont cette idée
37:17en tête.
37:18Si elles mettent
37:19la main sur un blanc,
37:20tous leurs problèmes
37:21seront réglés.
37:22Elles ne veulent même
37:24plus aller à l'école.
37:25Elles ne pensent
37:26qu'à avoir un blanc.
37:27Elles n'ont que ça
37:28en tête.
37:28Le blanc,
37:30c'est tout ce qui compte.
37:33Et ces adolescentes
37:35rencontrées par hasard
37:36ne sont pas un cas isolé.
37:38De plus en plus
37:39de jeunes filles
37:39abandonnent leur village
37:41pour aller se placer
37:42sur les plages.
37:44Et le phénomène
37:45gangrène toute la région.
37:48Des cases en terre battue,
37:50quelques bâtiments en briques.
37:53Nous sommes dans un village
37:54situé à seulement
37:553 km de la plage
37:57et des hôtels luxuriels.
37:58pour touristes.
38:04Comment allez-vous ?
38:06Bonjour les enfants.
38:09Marie Rukungi
38:10est enseignante.
38:11Cette femme de 42 ans
38:12consacre tout son temps libre
38:14à lutter contre
38:15le tourisme sexuel.
38:17Devant elle,
38:184 jeunes filles
38:19qui ont abandonné
38:19l'école pour se prouver.
38:21Elles ont entre 15 et 16 ans.
38:24Elle essaie
38:24de les mettre en garde.
38:28ici,
38:30chez nous,
38:31tout le monde pense
38:32que quand une fille
38:33trouve un blanc,
38:34sa vie change
38:35du tout au tout.
38:38Mais moi,
38:39j'ai souvent constaté
38:40que ces blancs
38:41profitent des filles
38:42et qu'après,
38:43ils les abandonnent
38:44et ils repartent
38:45chez eux.
38:46Mais de toute évidence,
38:48le message a du mal
38:49à passer.
38:51Vous pensez
38:52que vous allez continuer ?
38:54Et toi ?
38:57Toi ?
38:58Parfois,
39:01elles me découragent.
39:03Quand je leur parle,
39:04elles pensent juste
39:04que je leur fais perdre
39:05leur temps.
39:05c'est déprimant.
39:08Ça me brise le cœur.
39:11Marie se sent impuissante.
39:13Mais elle n'est pas la seule.
39:15Le chef du village,
39:16lui aussi,
39:17est complètement dépassé.
39:20Cela me fait très mal.
39:22Moi,
39:22je n'autorise jamais
39:23mes enfants
39:23à aller à la plage.
39:25Une fois,
39:26j'ai même dû
39:27les enfermer dans la maison
39:28et je les ai battus
39:29pour les dissuader
39:30de suivre ce mauvais exemple.
39:31Ils ne sont pas prêts
39:32de me désobéir.
39:33Ces enfants sont
39:35pour l'instant épargnés,
39:36mais pas le reste du village.
39:40Vous savez
39:40combien de filles
39:41ont abandonné l'école
39:42pour se prostituer ?
39:44J'ai arrêté de compter.
39:48Plus d'une vingtaine,
39:49sans doute.
39:50Moi, personnellement,
39:51j'en connais une dizaine.
39:53Le combat
39:54est d'autant plus difficile
39:55que cette situation infantile
39:57est devenue
39:58un business
39:59à part entière.
40:00Au cœur de ce marché,
40:04les Beach Boys.
40:06Ce sont ces jeunes hommes
40:07qui abordent
40:07les touristes
40:08sur la plage
40:09pour leur proposer
40:10toutes sortes de services.
40:12Des propres nades en bateau,
40:13des souvenirs
40:14et surtout du sexe.
40:18Auprès des femmes,
40:19ils jouent les gigolos
40:20et vendent leur corps.
40:23Avec les hommes,
40:24ils se transforment
40:25en macros
40:25et fournissent
40:26des p**** de tous âges
40:28et parfois des enfants.
40:34Nous retrouvons
40:35les jeunes femmes
40:35qui ont accepté
40:36de nous parler
40:37de ce business.
40:39Elles vivent
40:39dans la région
40:40depuis longtemps
40:41et elles connaissent
40:42la plupart des Beach Boys
40:43qui opèrent
40:45dans leur secteur.
40:47Est-ce que vous connaissez
40:48des Beach Boys
40:49qui se seraient spécialisés
40:51dans les enfants ?
40:54Oui, je connais Michael.
40:57Qui est Michael ?
40:59Michael, c'est un Beach Boy.
41:02Ça fait longtemps
41:04qu'il fait ça ici.
41:07Et il sait comment trouver
41:10des petites filles
41:11et des petits garçons ?
41:12Oui, il sait.
41:18Nous leur avons demandé
41:19de prendre contact
41:20avec ce Beach Boy.
41:23Rendez-vous est pris
41:24le soir même
41:25dans un bar
41:26proche de la mer.
41:30Nous cherchons
41:32des filles très jeunes.
41:33Tu peux trouver un enfant ?
41:35Michael ne parle
41:38presque pas anglais.
41:40La jeune femme
41:40va nous servir
41:41d'intermédiaire.
41:47Il dit
41:478 ans, 9 ans,
41:49il peut trouver.
41:50Garçon ou fille ?
41:51Les deux.
41:55Les deux ?
41:56Ah, tu peux tout trouver.
41:58Ça va prendre
41:59combien de temps ?
42:02Deux jours.
42:05Aujourd'hui.
42:09Il dit
42:09que même pour demain
42:10c'est possible.
42:11mais d'où ils viennent ?
42:15D'où ils viennent ?
42:16D'un village.
42:30Le lendemain matin,
42:31nous partons
42:32pour ce village.
42:33Il est à quelques kilomètres
42:35seulement de la côte.
42:38Cette région
42:39est l'une des plus pauvres
42:40du pays.
42:41L'argent du tourisme
42:42n'a eu aucune retombée
42:43sur ces communautés villageoises.
42:46Nous retrouvons Michael.
42:48Il nous attend
42:49à l'entrée d'une maison.
42:51Les enfants sont à l'intérieur.
42:52Tu peux les amener ici
42:55pour que je les voie ?
42:57Juste parce que...
42:58Viens.
42:59Viens.
43:00Toi, viens ici.
43:02Ok.
43:03Mais pourquoi tu as peur ?
43:06Viens.
43:09Bonjour, comment tu t'appelles ?
43:12Comment tu t'appelles ?
43:14On te demande ton nom.
43:16Pendo.
43:20Dis-le au blanc.
43:22Hello.
43:23Et toi ?
43:24Et toi, ton nom ?
43:26Et tu as quel âge, Massie ?
43:28Tu as quel âge, Massie ?
43:31Elle ne va pas à l'école.
43:33Elle ne connaît même pas son âge.
43:36Demande-lui
43:37si elle a peur
43:37de venir avec nous.
43:39Toi, tu veux aller
43:40avec le blanc ?
43:43Celui-là dit oui.
43:46Toi, tu as peur
43:47de t'approcher du blanc ?
43:49Pendant toute la négociation,
43:51un homme est assis
43:52à l'écart
43:53le long de la maison.
43:54C'est le père des enfants.
43:57Qu'est-ce que vous lui avez dit ?
43:59On lui a dit
44:01que vous allez prendre
44:02les enfants
44:03et faire des photos.
44:04Des trucs comme ça.
44:06Il a dit
44:07pas de problème.
44:10Quel prix tu nous fais ?
44:12250 euros chacun.
44:14250 et 250 ?
44:16Oui, 500.
44:17500.
44:18Et si je te donne 500,
44:21combien tu donnes
44:21à la famille
44:22et combien tu gardes ?
44:24Je donne 300 euros
44:28et je garde 200.
44:31Et si je te fie
44:32de l'argent maintenant,
44:33c'est bon.
44:33Oui.
44:34Je peux partir
44:35avec les enfants.
44:35Oui.
44:40L'accord conclut
44:41avec Michael.
44:42Nous allons voir le père.
44:46bon, tu as bien compris.
44:49Nous partons
44:50avec les enfants
44:50mais ils ne sont pas perdus.
44:53Merci.
44:54Merci.
44:56D'accord.
44:58Bon, c'est d'accord.
44:59On peut partir
44:59avec les enfants alors ?
45:00Le blanc veut être bien sûr
45:03que tu es d'accord
45:03que nous partions
45:04avec les enfants.
45:05Pas de problème.
45:07Merci.
45:07Tous sont d'accord
45:13pour nous laisser repartir
45:14avec les enfants.
45:16Nous prétextons alors
45:17un rendez-vous urgent
45:18et expliquons à Michael
45:20que nous le recontacterons
45:21très vite.
45:24Cette fois-ci,
45:25les enfants rentreront
45:26chez eux sains et saufs.
45:29Est-ce que vous pensez
45:30que les parents savent
45:31ce qui se passe ?
45:32Non, ils ne comprennent pas vraiment.
45:36Ils ne savent pas
45:36que les enfants
45:37vont servir d'objet ?
45:38Non, ils ne savent pas.
45:40Mais quand les enfants
45:41reviennent chez eux,
45:42ils doivent raconter
45:43ce qu'ils ont fait ?
45:44Oui, ils pourraient raconter.
45:46Mais je suis sûre
45:47que si vous dites aux enfants
45:48ne dis rien,
45:49si tu ne dis rien,
45:50je te donnerai plus d'argent.
45:52Les enfants ne diront rien.
45:55Si tu ne blesses pas l'enfant,
45:58s'il n'y a pas de marque visible,
46:00je suis sûre
46:00que l'enfant ne dira rien.
46:02Ces enfants africains,
46:06particulièrement ces enfants
46:07qui sont parmi les plus pauvres,
46:10ils ne diront jamais rien.
46:15Les enfants ne portent jamais plainte
46:17et le gouvernement ferme les yeux.
46:23Au Kenya,
46:24les touristes représentent
46:25une manne financière pour le pays.
46:27Pas question d'aller les ennuyer.
46:29James est officier de police.
46:33Il est révolté par l'impunité
46:34dont jouissent les prédateurs sexuels.
46:38Il a accepté de témoigner
46:39à visage caché.
46:41Notre pays se focalise
46:48uniquement sur l'argent,
46:50sur les revenus
46:51que les touristes procurent au Kenya.
46:53Mais on oublie que ces mêmes gens
46:56qui nous amènent de l'argent
46:58sont en même temps
46:58ceux qui nous détruisent.
47:00Peu importe ce qu'on gagne
47:03avec les étrangers,
47:05l'autre effet,
47:07la face cachée de ce tourisme,
47:10c'est ce dont le gouvernement
47:12refuse de parler.
47:15Il nous faut des institutions fortes
47:17qui puissent dire
47:18« Eh bien, vous êtes des visiteurs ».
47:21Mais souvenez-vous,
47:23ça et ça,
47:23vous n'avez pas le droit de le faire.
47:26C'est ça qui nous manque.
47:28Parfois, vous êtes dégoûtés.
47:31Oh oui, vraiment.
47:33Personne n'est heureux de voir ça.
47:34C'est notre futur qu'on détruit.
47:36Je souhaite que notre communauté
47:40se lève et dise non à tout ça.
47:43Ça ne dépend que de nous,
47:44que de notre peuple.
47:46C'est à nous aujourd'hui
47:47de refuser ce qui se passe ici
47:49entre nos enfants et ces Blancs.
47:53Non, vraiment,
47:54je n'aime pas ça
47:55et j'ai même honte
47:56de faire partie de cette communauté.
48:00Au Kenya aujourd'hui,
48:02à la différence du Cambodge,
48:03il n'existe aucune ONG structurée
48:06pour lutter contre le tourisme.
48:09Il y a bien sûr Marie,
48:10l'enseignante qui tente
48:11de sauver les adolescentes
48:12de la poudre.
48:14Elle a créé une équipe
48:15de foot féminine
48:16avec des enfants
48:18victimes de ce tourisme sexuel
48:19et elle organise des tournois
48:21pour faire passer ses messages.
48:26Mais ses moyens sont dérisoires.
48:28Une tente et une sono
48:30louées pour la journée
48:31et la chorale de l'association.
48:36Cette chanson dit
48:42« J'ai un but,
48:44un but puissant
48:44et je n'ai peur de rien.
48:46Qu'importe ce qui arrive,
48:48je n'ai peur de rien. »
48:53Mais dans ce stade,
48:54comme dans le reste du pays,
48:56il y a peu de gens
48:56pour entendre son message.
48:58Sous-titrage Société Radio-Canada

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