- 24/06/2025
Entre ultra-sécurité et réception sous les dorures, deux ambassades françaises livrent leurs secrets.
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00:00...
00:00Il y a quelques années, c'était une des routes qui sont dans le monde.
00:16La route du centre de Magda d'Aéroport.
00:18Depuis que je suis dans cette mission, c'est une espèce de confort et de tranquillité d'esprit
00:21qui tient à la qualité de notre équipe de sécurité.
00:25Cette résidence est avant tout, elle est construite comme une maison de famille.
00:28C'est ici que François Hollande a dormi quand il a fait sa visite en Colombie, par exemple.
00:33C'est la salle de repli en cas de crise grave.
00:36Quand on arrive ici, c'est vraiment l'ultime recours.
00:38Techniquement, juridiquement, on est sur la rue.
00:41On a dû poser cette e-wall pour des raisons de sécurité.
00:43Tu sais qu'on est là pour dix semaines, on est à fond dedans.
00:47Le mieux, c'est de ne pas y penser.
00:48Parce que quand on commence à y penser, après ça devient long, les semaines qui restent.
00:51C'est extrêmement vivant, on vit beaucoup dans la rue.
00:55C'est très sympa.
00:55On est une des clés, je pense, parce que si un repas se passe bien, tout se passe bien pour l'ambassadeur.
01:01Ce qui est énervant, c'est la persistance de ces clichés.
01:04Le diplomat, par exemple, dans les films, il n'a pas le bon rôle.
01:06Et pourtant, des diplomateurs encore, c'est le premier entre vous.
01:08Bonsoir et bienvenue à tous dans 66 Minutes Grand Format.
01:14Ce soir, nous vous emmenons en voyage dans des petits bouts de France.
01:17Étonnant, les ambassades, mais attention, pas n'importe lesquelles.
01:21Celles de Bogota en Colombie et celles de Bagdad en Irak.
01:24En zone de guerre comme en Irak, donc, la vie de la Maison France ne tolère aucun faux pas.
01:29Les déplacements de l'ambassadeur sont placés sous très haute surveillance.
01:33Les employés de l'ambassade, eux, vivent en totale autarcie, sous l'œil des caméras et à l'ombre des barbelés.
01:39A l'inverse, à Bogota, l'ambassade de France et ses conseillers ont une vie bien plus douce.
01:44Et tout semble, du moins en apparence, bien plus simple.
01:47Le contraste entre ces deux territoires français est sidérant.
01:50Qui sont ces femmes et ces hommes qui portent les couleurs de notre pays au bout du monde ?
01:55À quoi ressemble leur vie ?
01:57C'est une immersion signée Grégory Hérault et Damien Fleurette.
02:03Aéroport international de Bagdad.
02:06Henri d'Aragon a 29 ans.
02:08Il est en poste depuis deux ans dans la capitale irakienne.
02:11A chacun de ces déplacements, ce diplomate, deuxième conseiller à l'ambassade de France, voyage sous bonne escorte.
02:21Voiture blindée, homme armé et gilet pare-balles.
02:26C'est la procédure.
02:28A chaque fois que nous sortons de l'ambassade, on va être sous nos véhicules escorts blindés, deux à trois véhicules.
02:34Et en permanence, c'est dans le gilet pare-balles.
02:3728 kilomètres séparent l'ambassade de France de l'aéroport.
02:41Il y a quelques années, c'était une des routes les plus dangereuses du monde, la route du centre de Bagdad à l'aéroport.
02:50Le convoi diplomatique va mettre 45 minutes pour effectuer le trajet et franchir plusieurs points de contrôle.
02:57Tirs de roquettes, enlèvements, la menace est bien réelle.
03:02Les consignes de sécurité sont claires.
03:04Je vais vous demander de ne pas ouvrir les portes pour l'initiative.
03:11Donc ce sera soit sur ordre ou alors si on ne vous dit rien, c'est qu'il y aura quelqu'un qui vous ouvriront les portes.
03:19Bagdad, 8 millions d'habitants, est une ville divisée.
03:23D'un côté, la zone verte, baptisée la Petite Amérique, ultra protégée depuis la chute de Saddam Hussein en avril 2003.
03:33C'est ici que se trouve l'ambassade des Etats-Unis ou encore la représentation de l'ONU.
03:38En face, sur la rive gauche du Tigre, la zone rouge, où les risques sont élevés.
03:44C'est là que se situe l'ambassade de France depuis 2004.
03:49Donc là, on est en l'ambassade.
03:51Un bâtiment bunkerisé, accessible par une rue.
03:55Une rue barrée à ses deux entrées par des portes blindées et transformée en forteresse.
04:03Merci.
04:07Donc techniquement, juridiquement, on est sur la rue là.
04:11Là, voilà en fait, le bord de la route est ici.
04:13Et on a dû poser ces T-walls pour des raisons de sécurité, évidemment.
04:17Les T-walls, des murs en béton de 4 mètres de haut pour protéger l'ambassade des explosions et des voitures piégées.
04:24En 2016, c'est dans ce quartier que s'est déroulé l'attentat le plus meurtrier de Bagdad.
04:30Un attentat qui avait fait près de 350 morts.
04:36À 13 000 kilomètres de là, changement d'ambiance.
04:40Au cœur de la cordillère des Andes, à 2600 mètres d'altitude, Bogota, la capitale de la Colombie.
04:49Pas de véhicules blindés ni d'escortes armés.
04:53Frédéric Laurent, le consul de France, se déplace à vélo.
04:57Nous sommes dimanche.
04:58Et il y a une urgence à l'ambassade.
04:59Ce touriste français doit quitter la Colombie dans quelques heures.
05:13Problème, il n'a plus de passeport.
05:17C'est une perte, un vol ?
05:18Une histoire assez classique.
05:19La perte ?
05:20Un sésame indispensable que Frédéric a accepté de lui délivrer en un temps record.
05:27Des îles narons, narons verts, les amis narons.
05:31Ça fait longtemps que vous êtes en Colombie ?
05:33Ça fait presque longtemps.
05:35En 30 minutes, le tour est joué.
05:39Une procédure d'urgence qui en France prendrait entre 24 et 48 heures.
05:45Gaëtan, le touriste français, n'en revient pas.
05:48Je ne pensais vraiment pas qu'en 12 heures, puisque en gros c'est ça, j'étais susceptible d'obtenir un remplacement pour mon passeport au Corée.
06:00Je suis très positivement étonné.
06:03Mais un grand merci.
06:04Je vous souhaite un bon retour.
06:05Un grand merci.
06:06Une continuation.
06:08Une réalité à Bogota, une autre à Bagdad.
06:12Deux ambassades françaises parmi les 163 à travers le monde.
06:15Des lieux secrets, aux informations classées confidentielles, où s'écrit au quotidien la politique française à l'étranger.
06:23Je reçois Mme Ruedas, qui est la numéro 2 ici du système des Nations Unies.
06:29Je t'en prie.
06:30Merci beaucoup.
06:31Là, il y a une nuit vraiment totalement sécurisée.
06:34On est sûr qu'il n'y a pas d'intrusion.
06:35Des petits bouts de France, où vivent et travaillent plus de 10 000 fonctionnaires.
06:40Des expatriés pas comme les autres.
06:42Certains, comme Yannick, ont fait le choix de passer plusieurs mois coupés du monde, loin de leur famille, pour vivre une nouvelle aventure professionnelle.
06:52Le mieux, c'est de ne pas y penser.
06:53Parce que quand on commence à y penser, après, ça devient long, les semaines qui restent.
06:57À 32 ans, Pauline vit sa première expérience de diplomate à l'étranger, à 8600 kilomètres de la France.
07:04C'est une ville dans laquelle on peut vivre et on se balade, mais où les risques sont supérieurs à ceux qu'on connaît en Europe, honnêtement.
07:14Des missions parfois risquées dans des pays encore instables, où la sécurité rythme le quotidien des diplomates français.
07:22Mais je serai en mesure de la mettre en œuvre si jamais je peux m'arrêter et apporter un appui à mes camarades.
07:26De la Colombie à l'Irak, deux ambassades ont accepté de livrer leurs petits secrets.
07:33Immersion au cœur de la diplomatie française.
07:41Bagdad, dans le quartier de Karada.
07:45Au fil du temps, au gré des crises et des conflits, l'ambassade de France s'est peu à peu retrouvée enclavée.
07:50L'ancienne maison bourgeoise s'est transformée en petit village ultra sécurisé, où vit une vingtaine d'expatriés en totale autarcie.
08:00C'est le cas du diplomate Jean-Noël Beaunieu.
08:04On va aller voir les générateurs, contrôler que tout va bien.
08:09Il est chargé entre autres de la sécurité des lieux.
08:13Des lieux qu'il connaît dans les moindres recoins.
08:17Ici, il y a de quoi parer à toute situation.
08:20Voilà.
08:24Donc là, on a deux générateurs pour l'électricité de l'ambassade.
08:27Si la ville tombe dans le noir, l'ambassade française restera alimentaire d'électricité.
08:32Donc voilà, ça c'est un autre point névalgique pour l'ambassade.
08:36Ce sont les réserves d'eau et de fioul.
08:40On peut tenir jusqu'à 15 jours.
08:42Et dans les sous-sols de l'ambassade, se trouve un endroit bien plus confidentiel, à l'accès très réglementé.
08:50On y accède par un des dalles de couloir, après plusieurs sas et portes blindées.
08:55On espère ne pas avoir recours à cette salle-là de l'ambassade.
09:01C'est la salle de repli en cas de crise grave.
09:05Donc ici, vous avez des rations de combat, qui sont nos stocks de vivres.
09:12Vous avez ici des stocks d'eau.
09:16Vous avez ici des lits picots, ce qu'on appelle des lits picots, qui sont des lits pliables pour dormir.
09:21Si l'ambassade était assiégée, le personnel serait confiné dans cette pièce en attendant les secours.
09:27Quand on arrive ici, c'est vraiment l'ultime recours.
09:32Et donc, il faut qu'on soit en mesure de tenir.
09:37L'ambassade abrite l'ensemble des services administratifs et les logements d'une partie des employés.
09:47Les diplomates, eux, habitent juste en face dans la résidence de France.
09:51C'est le cas de Bruno Aubert, 62 ans, l'ambassadeur en poste à Bagdad.
09:56Lorsqu'il rejoint ses appartements de l'autre côté de la rue, bordé par les murs anti-explosion, il est accompagné d'un militaire du GIGN.
10:08Voici son logement, un appartement de 60 mètres carrés en rez-de-chaussée.
10:13Je suis là et notre invité va arriver.
10:15Très bien.
10:18Il y a un salon, il y a une salle à manger qui peut héberger jusqu'à 10 ou 12 personnes.
10:22Donc cet espace sert aussi d'espace de travail.
10:24Donc je reçois des collègues ou des partenaires, des interlocuteurs irakiens de la communauté internationale.
10:31Ce jour-là, il reçoit un invité de marque.
10:36Bonjour, ça va ?
10:38Martha Ruedas est la numéro 2 des Nations Unies à Bagdad.
10:43Je t'en prie.
10:43Merci beaucoup.
10:45Un rendez-vous officiel qui va permettre d'échanger sur l'actualité locale,
10:49le plan de reconstruction du pays ou encore les dernières nominations à des postes clés en Irak.
10:55Il y a eu de bons résultats de changements politiques.
10:58Le directeur général de Demi Nash.
11:01Ah oui, oui, parce que je m'entendais parler d'une espèce de...
11:04Il a eu...
11:06Mais l'exercice de la diplomatie n'est pas partout le même.
11:08Et la vie d'un ambassadeur à Bagdad n'a pas grand-chose à voir avec le quotidien de celui de Bogota.
11:18Il est 6 heures du matin.
11:21Au milieu des joggeurs de la capitale colombienne,
11:25en t-shirt noir,
11:26Gautier Mignot, 49 ans.
11:28Accompagné de son officier de sécurité,
11:32l'ambassadeur de France termine ses 35 minutes de footing quotidien.
11:37Ça permet à la fois de se réveiller, de se nettoyer la tête,
11:40de se nettoyer les poumons aussi.
11:42Parce qu'à ce soir-ci, on ne sent pas encore la pollution.
11:44En plus, là, comme je suis entre deux déplacements,
11:46j'étais à Cali hier, je repars à Medellin demain.
11:49Donc c'est un peu la journée où il faut évacuer beaucoup de choses au bureau
11:52et rencontrer un certain nombre de gens.
11:54À plus tard.
11:55Tout comme son homologue en Irak,
11:59le diplomate français habite à la résidence de France.
12:02À deux différences près,
12:04Gautier Mignot vit ici en famille.
12:07Et surtout, la résidence colombienne de l'ambassadeur
12:09n'a rien à voir avec l'austérité de l'appartement de Bagdad.
12:13Une maison de maîtres, de trois étages
12:15et de 450 mètres carrés,
12:18au milieu d'un écrin de verdure.
12:21Tatiana est l'épouse de l'ambassadeur.
12:23Elle a accepté de nous ouvrir les portes des appartements privés.
12:27Cette résidence est avant tout.
12:28Elle a été construite comme une maison de famille.
12:30Elle a cette chaleur
12:32qui fait que les gens, quand ils arrivent,
12:34se sentent chez quelqu'un,
12:36pas dans une institution.
12:38Un salon en boiserie.
12:40D'habitude, après le dîner,
12:42on allume la cheminée,
12:44on prend le café, etc.
12:46C'est vraiment les moments d'intimité.
12:48Juste à côté,
12:50un vaste espace de réception.
12:52Dans un style purement français.
12:54Complément français,
12:55c'est-à-dire toute la décoration, c'est Paris.
12:57Avant d'emprunter d'imposants escaliers en marbre
12:59pour rejoindre l'appartement privé de l'ambassadeur.
13:03Un séjour, une chambre, une salle de bain,
13:06un bureau, une petite kitchenette
13:08qui ne sert à rien
13:09parce qu'on ne peut pas se faire à manger ici.
13:11Sur le même palier,
13:15les chambres réservées aux invités prestigieux.
13:19C'est ici que François Hollande
13:21a dormi quand il a fait sa visite en Colombie, par exemple.
13:25Enfin, au dernier étage,
13:27les chambres de ses trois filles.
13:29Tatiana vit l'aventure diplomatique de son mari
13:32en le suivant au gré de ses affectations.
13:35Dakar, Mexico, puis Bogota.
13:38Et à son arrivée ici il y a deux ans,
13:40Tatiana a apporté quelques touches personnelles
13:42niveau déco.
13:44Ça, c'est à nous.
13:45C'est un artiste sénégalais que j'adore.
13:47Ça s'appelle Solé Cissé.
13:49Tout ce qui est africain, c'est à nous.
13:51Il y a des vases qui viennent de notre séjour au Mexique
13:53qui était notre premier poste à l'étranger.
13:56Mais femme d'ambassadeur ou pas,
13:58elle a dû demander la permission.
14:00Qui vous demande la permission ?
14:02Paris.
14:03Il a un département de ministère qui gère tout ça.
14:06Mais cette maison,
14:07Gauthier Mignot n'en profite que très peu.
14:10Le mari de Tatiana est du genre courant d'air.
14:13La famille est relayée au second plan.
14:15Alors pour l'ambassadeur,
14:17le petit déjeuner, c'est sacré.
14:19Et hier, ça s'est passé comment ?
14:21T'as parlé avec Paulina sur la fibre ?
14:23Ah non.
14:25Maman m'a demandé la question.
14:27Ce matin,
14:28il n'a que quelques minutes à accorder
14:29à sa fille de 16 ans,
14:31en pleine révision du bac français.
14:32En ce moment,
14:34je repars 30 ans en arrière.
14:36Parce qu'on réveille un certain nombre de textes ensemble.
14:39Donc voilà,
14:40beaucoup d'auteurs d'air de naissance.
14:43Ronçat, Rabelais.
14:45Labais.
14:47Montaigne.
14:48Louise Labais.
14:48C'est pas facile, Louise Labais.
14:51Voilà.
14:52Normalement.
14:53Et il y a une partie de concession à faire
14:55sur la vie de famille quand on est ambassadeur ?
14:57Il y a surtout une discipline
15:00à s'imposer pour dire stop à un moment
15:04dans les engagements,
15:05dans les activités
15:06et garder du temps pour la famille.
15:07Parce que c'est vrai que
15:08c'est une des difficultés.
15:09Je vais aller chercher ma vête.
15:17Ainsi va la vie d'un papa ambassadeur
15:19avec un costume qui colle à la peau
15:21quand il dépose sa fille au lycée français
15:24en compagnie de sa chienne Canella.
15:26Mais aussi de ses deux gardes du corps
15:28qui ne le quittent jamais.
15:30On n'a pas une vie tout à fait normale
15:32quand on est ambassadeur ?
15:34Non.
15:34Non, non.
15:35Et c'est...
15:36Ça fait partie des choses
15:37auxquelles il faut s'habituer
15:38parce que quand on est à Paris
15:40avant d'être ambassadeur
15:42ou même quand on rentre à Paris
15:44pendant un séjour à l'étranger
15:47on redevient un citoyen lambda.
15:50Et on prend le métro,
15:52on se bala tout seul dans la rue, etc.
15:54On prend sa voiture
15:54et ici, c'est pas comme ça, effectivement.
15:57C'est sûr, dans la vie personnelle,
15:58c'est pesant de devoir sortir accompagné.
16:03Ça nous fait presque tout le temps.
16:04C'est aussi une contrainte un peu logistique.
16:06En réalité, on est ambassadeur 24h sur 24.
16:10L'ambassade ne se trouve qu'à 500 mètres de là
16:12à vol d'oiseau.
16:14Mais c'est en voiture que Gautier Mignot
16:15s'y rend chaque matin.
16:17Toujours suivi par un second véhicule.
16:20C'est le protocole de sécurité en Colombie.
16:26Trois minutes de trajet
16:28pour aller à l'ambassade
16:29dans l'un des quartiers les plus sûrs de Bogota.
16:33Des mesures de sécurité omniprésentes
16:35dans le quotidien des ambassadeurs,
16:36elles peuvent paraître impressionnantes.
16:38Ce n'est rien au regard de celle qui accompagne
16:42le représentant français en Irak.
16:44Lorsque Bruno Aubert doit quitter l'enceinte
16:47de la forteresse à Bagdad,
16:49c'est branle-bas de combat.
16:52Aujourd'hui, son excellence doit se rendre
16:54au ministère irakien du plan,
16:57de l'autre côté du Tigre.
16:59Mais avant que le convoi ne quitte l'ambassade,
17:01les gendarmes d'élite du GIGN
17:03inspectent minutieusement tous les véhicules.
17:06On contrôle tous les véhicules
17:08et à l'intérieur du capot.
17:11Tout ce qu'il peut être ouvert mécaniquement fait.
17:14Il pourrait y avoir des boulons.
17:16Ce qui est au lit, le sabotage.
17:19Quant aux fusils d'assaut,
17:21ils sont en permanence à portée de main.
17:24La menace est toujours présente.
17:27Je n'ai pas usage de mon arme en conduisant.
17:29Il faut rester réaliste.
17:30Mais je serai en mesure de la mettre en œuvre
17:32si jamais je dois m'arrêter
17:33et apporter un appui à mes cannes rapides.
17:36Bruno Aubert est un spécialiste du Moyen-Orient.
17:42Il a 40 ans de diplomatie derrière lui.
17:47En acceptant il y a deux ans cette mission en Irak,
17:50il en a aussi accepté les risques.
17:53Un danger auquel il s'est habitué
17:55et fait entièrement confiance aux hommes
17:58qui assurent sa sécurité.
17:59Depuis que je suis dans cette mission,
18:02une espèce de confort et de tranquillité d'esprit
18:05qui tient à la qualité de notre dispositif de sécurité
18:09et des hommes chargés de la protection.
18:13La situation en Bagdad s'est considérablement améliorée
18:15depuis deux ans.
18:17Donc la probabilité statistique d'un attentat
18:20a fortement, fortement, fortement décrit.
18:24Le convoi diplomatique arrive en zone verte,
18:27la zone archi-sécurisée de la capitale irakienne.
18:31Bruno Aubert a rendez-vous avec le vice-ministre du plan
18:34et ses proches conseillers.
18:35Aujourd'hui, l'ambassadeur vient signer un chèque
18:38au nom de la France.
18:40Par ici, monsieur l'ambassadeur.
18:44La France a décidé d'apporter son soutien économique à l'Irak.
18:49Tous les ans, Paris donne 30 millions d'euros
18:51pour accompagner le pays dans sa reconstruction.
18:56Ce jour-là, Bruno Aubert va paraffer
19:03un accord d'assistance technique
19:04et débloquer 250 000 euros
19:07pour l'alimentation en eau du pays.
19:09Le vice-ministre et moi-même,
19:11nous étions en quelque sorte les témoins politiques,
19:13qui ont porté ça au plan politique.
19:16Donc voilà, un petit discours de chaque côté
19:19qui marquait l'intention et l'objet
19:22et ensuite la signature par les institutions,
19:25les instances intéressées.
19:27L'ambassadeur est l'un des seuls diplomates
19:30à pouvoir sortir hors des murs de la forteresse.
19:33Pour des raisons de sécurité,
19:35les autres employés de l'ambassade
19:36demeurent confinés entre les portes blindées
19:39et les gardeux armés.
19:42Peu de distractions,
19:44mis à part de l'exercice physique en fin de journée.
19:48Et ici, contrairement à Bogota,
19:51le footing se fait dans l'enceinte de l'ambassade
19:54avec un seul parcours,
19:56le tour du bâtiment,
19:57soit à 150 mètres.
19:59Je ne porte pas les tours ni les mètres
20:01parce que c'est un peu déprimant.
20:03On a vu que je cours beaucoup d'habitude.
20:06Donc là, je regarde juste le temps.
20:07Je me fais 10 dans ce sens-là.
20:09Et 10, voilà, 10 minutes, 10 minutes.
20:10Ça me fait 20.
20:11Ça se rajoute à tout ce que je fais.
20:13Donc c'est beau.
20:13Myriam est responsable de l'état civil à l'ambassade.
20:18Elle court tous les jours.
20:20En plus de cette unique piste de jogging,
20:22elle a également accès à un endroit
20:24très prisé des employés.
20:26C'est la salle de...
20:27Par ici, il y a toute la nature.
20:31Là, c'est les vélos.
20:35Les rameurs.
20:36Et le vélo électrique.
20:39Et puis par là,
20:39il y a quelque chose que je vais vous montrer.
20:41C'est la balance.
20:48Voilà.
20:49Mais ne croyez pas que c'était que pour les femmes.
20:52Moi, j'ai vu plusieurs gars venir se faisait.
20:55Et voilà.
20:57Cette salle de sport,
20:59c'est l'un des seuls moments de détente.
21:02Tu veux pas en mettre quoi, là ?
21:04Dans le rôle du DJ,
21:05Henri, le jeune diplomate.
21:07On a fait une musique qui plaise à tout le monde.
21:11On voit que là aussi,
21:13le sport, c'est la vie de la communauté.
21:16Ah oui ?
21:17Parce que la salle de sport,
21:18les gens, ils vont à chaque heure.
21:20Avec les gendarmes,
21:22ils ont des horaires différents.
21:23Donc, ils peuvent venir le matin, l'après-midi,
21:24souvent le week-end,
21:25ou essentiellement le soir.
21:27Pour Myriam,
21:29comme pour tous,
21:30le sport, c'est bien sûr une façon
21:31de rester en forme,
21:33mais aussi de tromper l'ennui.
21:39Ça permet de sortir de sa chambre
21:40et de voir d'autres personnes,
21:43de dire bonjour, au revoir,
21:44voilà, quoi.
21:45Allez un peu.
21:46Sinon, c'est dur.
21:49Pour rompre le confinement et l'enfermement,
21:53une fois par semaine,
21:54les employés de l'ambassade sont de sortie.
21:57Par petits groupes
21:58et sous la protection de militaires du GIGN,
22:02ils partent faire leurs courses
22:03dans une épicerie.
22:08On sort, mais nous restons dans la même rue,
22:10la rue qui est sécurisée
22:12par une société privée d'un côté
22:13et la police diplomatique de l'autre.
22:15On est sortis à 200 mètres maximum
22:16de l'ambassade.
22:17Voilà, c'est 150 mètres,
22:19donc 300 mètres aller-retour,
22:21petite marche,
22:22et nous allons à l'épicerie du coin
22:24que l'on appelle Abibi.
22:26Chez Abibi,
22:29les Français peuvent acheter
22:30des produits de première nécessité.
22:33Du café,
22:34des œufs,
22:35du shampoing.
22:37Oui, ben,
22:37j'ai payé 15 dollars
22:39et j'ai pris du pain,
22:41de l'eau,
22:42une boîte de lait
22:43et deux petits paquets de biscuits.
22:47Voilà.
22:48À Bagdad,
22:49ils sont nourris,
22:50logés, blanchis,
22:52alors faire ses propres courses ici,
22:54c'est une bouffée d'oxygène.
22:55C'est un des rares
22:56moments d'autonomie,
22:58entre guillemets,
22:59c'est-à-dire,
22:59on choisit un peu ce qu'on achète,
23:00alors le choix extrêmement minime,
23:02bon,
23:02il y a des pâtes,
23:03il y a un peu d'épices,
23:04mais on fait les courses soi-même.
23:06Le fait de pouvoir le faire soi-même,
23:07de marcher un petit peu sans chiller par balle,
23:09ça,
23:10ça,
23:10c'est un petit luxe,
23:11en fait.
23:11pour des raisons de sécurité,
23:15le petit groupe ne va rester sur place que 15 minutes.
23:18Mais aujourd'hui,
23:20les employés de l'ambassade
23:21vont pouvoir prolonger le plaisir.
23:28Il y a la brioche aussi.
23:30Un brunch au soleil,
23:33dans le jardin,
23:34avec des produits ramenés de France.
23:36« Chacun fait l'effort de ramener un petit peu de chez soi.
23:41Comme ça, on partage et on goûte,
23:44ça change.
23:46Comme la confiture faite par la maman de Gabrielle,
23:50le café aussi. »
23:53Et en ce jour de repos,
23:55il y a une visite qui est particulièrement attendue par certains.
23:59Mohamed vient toutes les semaines à l'ambassade.
24:02Il connaît le chemin par cœur
24:03et il a ses petites habitudes.
24:06C'est le coiffeur à domicile
24:07de la délégation française.
24:10Yannick, le chef cuisinier de l'ambassadeur,
24:13a justement rendez-vous.
24:16« Je vous en prie. »
24:18Il est plutôt confiant et détendu.
24:20Mais lors de sa première coupe avec Mohamed,
24:23il a eu une petite surprise.
24:25« Au début, en fait,
24:26vous n'avez pas compris qu'il ne parlait pas anglais.
24:28Je lui ai expliqué en anglais.
24:31Et après, je me suis rendu compte
24:33qu'il n'avait pas tout compris.
24:34Du coup, maintenant,
24:36il connaît toutes les coupes de toute l'ambassade.
24:38On n'a plus besoin de parler.
24:39On n'a plus besoin de lui expliquer. »
24:41Pique-nique à l'ombre des barbelés
24:43et des sacs de sable.
24:44Coupe de cheveux dans les murs de l'ambassade.
24:47Le quotidien des employés diplomatiques de Bagdad
24:50ressemble à tout,
24:51sauf à un compte des milliers et une nuits.
24:53A 13 000 kilomètres de là
24:58et de cette vie carcérale
24:59dans les rues du centre-ville de Bogotá.
25:02Il y a foule sur l'avenue Septima.
25:05Les Colombiens s'y rendent en famille le week-end.
25:08C'est aussi journée sans travail
25:09pour Pauline et son collègue Santiago.
25:11Deux employés de l'ambassade de France.
25:19« C'est extrêmement vivant.
25:21On vit beaucoup dans la rue.
25:24Les gens sortent beaucoup de chez eux.
25:27C'est pas très organisé.
25:30Mais c'est plutôt sympa. »
25:34Pauline Younes Moreno
25:35est une jeune diplomate de 32 ans.
25:38Elle est arrivée à Bogotá
25:39il y a presque deux ans.
25:40C'est la première secrétaire
25:42de l'ambassade de France.
25:44Contrairement à ses collègues en Irak,
25:46elle a tout loisir de s'immerger
25:48dans la culture locale.
25:50Et ici, les expériences sont à chaque coin de rue.
25:54« De la bave d'escargot. »
25:59« Ça sert pour les rides, les cicatrices et tout ça. »
26:03Seule obligation donc,
26:05garder l'esprit ouvert.
26:07« Bonjour, bonjour. Comment ça ? »
26:10« Celle-là, c'est 1 000. »
26:12« Celle-là, 20 000. »
26:14« Et celle-là, 40 000. »
26:16« Et voilà, elles sont assez grosses. »
26:19« Elles sont aphrodisiaques. »
26:21« Pour traduire littéralement,
26:24les fourmis aux grosses fesses. »
26:26« Voici, voici, voici, voici. »
26:30« Je l'ai jamais dit à trois et c'est... »
26:33« C'est frit en fait ? »
26:36« Oui, quoi qu'il y a un peu de cacahuètes en fait. »
26:39« C'est un peu salé quoi. »
26:41« Ah, il y a un peu de cacahuètes. »
26:43« Ah, il y a un peu de cacahuètes. »
26:44« Ah, il y a un peu de cacahuètes. »
26:46Mais si Pauline et Santiago ont décidé de flâner à la Colombienne,
26:50ils doivent, malgré les apparences,
26:53rester sur leur garde.
26:55« Les risques sont supérieurs à ceux qu'on connaît en Europe. »
26:58« Honnêtement. »
27:00C'est la première affectation pour cette jeune diplomate.
27:03Son premier poste à l'étranger.
27:06Son lieu de travail, le voici.
27:08Un bâtiment de six étages aux allures de blocos
27:11construit dans les années 90,
27:13dans un pays à feuilles à sang.
27:15Une Colombie alors sous le règne de la terreur
27:18du trafiquant de drogue, Pablo Escobar.
27:23Ici, c'est la maison des 6000 Français
27:26qui vivent en Colombie.
27:28Un passage obligé pour toute démarche administrative,
27:32pour voter par exemple.
27:34« Je mets mon adresse en France. »
27:36Ou pour les déclarations de naissance.
27:38« C'est un petit... »
27:41« Je vais une petite fille. »
27:42« Livre 15 ans. »
27:44« D'un télévision, c'est tout. »
27:46« Tu veux régler, non ? »
27:47« Tout, tout, tout, tout. »
27:48« Non, non, non, pas, non, c'est d'accord. »
27:50Gauthier Mignot, l'ambassadeur, travaille au dernier étage
27:54dans une zone protégée.
27:55La Chancellerie, le centre névralgique d'une ambassade.
28:00C'est ici que sont traitées les informations confidentielles.
28:02Depuis son bureau, l'ambassadeur dispose d'un contact permanent
28:07avec le Quai d'Orsay, le ministère des Affaires étrangères.
28:11Le lien sécurisé avec le ministère, c'est à travers nos canaux informatiques
28:16qui passent par des canaux sécurisés,
28:19notamment pour tout ce qui est la correspondance diplomatique,
28:22les notes diplomatiques, donc à bas coût.
28:23Et puis on a également un téléphone sécurisé pour les appels confidentiels défense.
28:26où là, il y a une ligne vraiment totalement sécurisée
28:30et on est sûr qu'il n'y a pas d'intrusion.
28:3375 personnes travaillent ici,
28:35toutes sous les ordres de l'ambassadeur.
28:37« Bonjour Paul, ça va ? »
28:39Il y a sa garde rapprochée,
28:41avec Anne Petot, sa numéro 2.
28:44« Bonjour Anne, ça va bien ? »
28:46Et deux jeunes conseillers, dont Pauline.
28:49« Bonjour monsieur, ça va ? »
28:50« Ça va ? »
28:50« Ça va avec vous ? »
28:52« Bon, réunion de service tout à l'heure ? »
28:54« Réunion de service tout à l'heure. »
28:55« Très bien. »
28:56Aujourd'hui, Gautier Mignot réunit l'ensemble de ses collaborateurs
29:00pour le point hebdomadaire.
29:03« Bonjour. »
29:04« Bonjour. »
29:06Les conseillers prennent la parole sur les dossiers en cours,
29:09chacun dans son domaine.
29:10Anne, son bras droit,
29:12sur la visite du ministre allemand des Affaires étrangères.
29:15« Il a eu, comme souvent en ce moment nos visiteurs,
29:18deux axes de dialogue,
29:19paix et sécurité, bien entendu,
29:22et Venezuela. »
29:23Pauline, elle, est en charge de la politique intérieure colombienne.
29:26« Si on est quasiment à un an de la prise de pouvoir du président Duquet,
29:30il est effectivement temps qu'il puisse faire voter sa feuille de route.
29:34Ça va nous libérer aussi le paysage au Congrès,
29:37pour les textes, nous, dont on attend la ratification. »
29:42Économie, culture, éducation, sécurité, tout est passé en revue.
29:48« L'objectif, c'est déjà effectivement de mentionner un peu les principaux sujets de la semaine
29:52ou des prochaines semaines,
29:54et puis que chacun puisse mettre sur la table les sujets sur lesquels il est important
29:58que les autres chefs de service soient informés ou qu'on puisse échanger. »
30:01« Mais il existe un endroit tout aussi important que les salles de réunion
30:04pour fixer les grands enjeux de la politique étrangère française.
30:09Qui dit rayonnement de la France, dit gastronomie.
30:12Les cuisines, c'est la deuxième chancellerie,
30:15là où se concoctent les petits plats de la diplomatie française.
30:18Mais parfois, la mission s'avère très compliquée.
30:26Yannick Martin est le chef cuisinier de l'ambassadeur à Bagdad.
30:31Après sept ans passés à Matignon au service du Premier ministre,
30:35il a répondu à l'appel de l'Irak.
30:37Sa mission, préparer les repas officiels en tenant compte des spécificités locales.
30:43La première étant...
30:44« Hello Omar ! »
30:46de faire les courses.
30:47« Bonjour Yannick, comment ça va ? »
30:48Omar est le commis irakien de Yannick.
30:55« J'ai trouvé du saumon dans ce marché. »
30:57« Good news, show me. »
31:00Le chef ne peut pas sortir de l'ambassade.
31:03Alors il a dû apprendre à choisir ses produits à distance par appel vidéo.
31:08« Celui-là, c'est du saumon. »
31:10« Ok, il est frais ? »
31:11« Oui, il est frais. »
31:13« Ok, this one is good. »
31:15« Bring me all the fillets. »
31:16« Déjà, moi, je suis heureux quand il me trouve ça. »
31:18« C'est tellement rare que... »
31:21« Il y a aussi de la viande. »
31:25« C'est ok. »
31:27« Lame chop, yes. »
31:29« Oui, des côtelettes. »
31:30« Thank you, see you, bye bye. »
31:32« Les courses sont faites. »
31:33« Non, il n'y a plus qu'à attendre. »
31:36Yannick n'a pas le choix.
31:38Il doit sans cesse se démener, surtout au moment de préparer les repas.
31:41« Là, on est à peu près sur 5 mètres carrés. »
31:45« 5 mètres carrés avec l'office. »
31:50« 5 mètres carrés où il joue au contorsionniste. »
31:53« Il faut bien s'organiser parce que c'est vrai qu'on est vite débordé. »
31:59Ce n'est pas cauchemar en cuisine, mais les conditions de travail ne sont pas vraiment idéales.
32:04Après les dorures de Matignon comme sous-chef, Yannick a signé à Bagdad en toute connaissance de cause.
32:10« Je me suis dit, il y a un moment, il faut voir autre chose. »
32:14« C'était peut-être le temps pour moi de me lancer, de devenir chef de cuisine, enfin. »
32:19« Même si c'est une petite structure, c'est quand même sympa d'être aux commandes. »
32:25Comme tout le personnel de l'ambassade, sa mission va durer 3 ans.
32:30Entre les 4 murs de sa cuisine au service de l'ambassadeur et ceux de son préfabriqué.
32:35« Voilà mon chez-moi. Je vous fais la petite visite. »
32:38De 15 mètres carrés où forcément tout est petit.
32:42« Une petite salle de bain, ce n'est pas énorme. Voilà ma petite chambre. »
32:51« En gros, on a tous à peu près cette configuration-là. On a le GECO, en fait. Et après, on l'installe comme on veut. »
32:59Quant à la vue, elle n'est pas vraiment imprenable. Des barbelés.
33:05Yannick retrouve sa femme et ses deux enfants tous les 3 mois.
33:08Dans le jargon des ambassades, on appelle ça les périodes d'aération.
33:12« On sait qu'on est là pour 10 semaines. On est à fond dedans. On ne pense pas à grand-chose d'autre.
33:20Et après, c'est la récompense, c'est de rentrer à la maison, voir la famille.
33:23Le mieux, c'est de ne pas y penser. Parce que quand on commence à y penser, après, ça devient long, les semaines qui restent. »
33:31À Bogotá, voici Christophe Chaduto. Lui n'a pas l'obligation de confinement.
33:37Le chef de l'ambassadeur de France en Colombie va faire ses courses au marché.
33:43« Voilà, bonasias, comment va ? »
33:45« Oui, monsieur, tout est là. »
33:48À 7h du matin, le chef cuisinier de la résidence de France n'a pas une minute à perdre.
33:53Aujourd'hui, il doit préparer un déjeuner officiel.
33:56Contrairement à son collègue de Bagdad, il n'a que l'embarras du choix.
34:00Aujourd'hui, il doit préparer un déjeuner officiel.
34:11Contrairement à son collègue de Bagdad, il n'a que l'embarras du choix.
34:14« Je vais acheter des fruits parce que j'ai un menu où je vais utiliser beaucoup de fruits pour les sauces. »
34:19« C'est pour ça. On va en profiter de la richesse de la Colombie. »
34:24Christophe jette son dévolu sur ses fruits de la passion dont raffole son patron.
34:28« C'est bien ? » « Ça va être parfait. »
34:30Puis sur du filet de bœuf.
34:34« Une question, tu as le mot ? »
34:37« Des restes ? »
34:37« Oui. »
34:38« Tu me regales un kilo et demi, parfaite ? »
34:41« Tu divises par trois et demi. »
34:44« Ça fait 8 euros. »
34:46Des prix trois fois moins chers qu'en France, mais Christophe doit justifier chaque dépense.
34:51« Que ce soit pour faire la cuisine, que ce soit le choix des vins. »
34:55« Au revoir. »
34:56« C'est un bon état. »
34:58« Ah ouais. »
35:00« Et si une fois j'ai perdu un billet, j'ai mis de ma poche. »
35:04Mettre les petits plats dans les grands sans flamber, c'est sa feuille de route.
35:09Et depuis 8 ans qu'il travaille à la résidence de France, il a dû réduire la voilure.
35:13On arrive à jouer sur des saveurs tout en maîtrisant les coûts.
35:18Parce que c'est maintenant, depuis la crise qu'il y a eu en France, c'est maintenant ça qui fait qu'on est obligé de faire attention à tout ça et en même temps de sortir de l'excellence avec ce que l'on a.
35:33Fin de matinée, l'ambassadeur accueille son invité.
35:39« Merci beaucoup. »
35:41Carlos Alfonso Regret, le défenseur du peuple, l'équivalent du défenseur des droits en France.
35:47C'est la première fois qu'il est accueilli ici.
35:53« C'est un tomat de moussa, pinot de charrente, whisky, une coupe de champagne. »
36:00« Une coupe de champagne, oui. »
36:04En cuisine, Christophe est seul au fourneau.
36:07Ici, pas de commis ou de sous-chef.
36:10C'est aussi ça, le quotidien d'un corps d'omble diplomatique.
36:13« J'ai préparé une terrine de truite et saumon fumé avec une mousse de vinaigrette à base de physalice et d'huile d'olive. »
36:23Une faute de goût et c'est tout le travail de l'ambassadeur qui peut être anéanti.
36:27« On est une des clés, je pense, des contrats qui sont signés ou négociés.
36:37Parce que si un repas se passe bien, tout se passe bien pour l'ambassadeur. »
36:43La cuisine et les repas français, une des armes favorites des diplomates du Quai d'Orsay.
36:48Mais rien ne remplace le terrain.
36:54Comme un homme politique en campagne, Gautier Mignot sillonne le pays
36:58à la rencontre de militants engagés dans le processus de paix
37:02et qui demandent un coup de pouce de la France.
37:04Ou encore, une visite dans une école colombienne où l'on enseigne le français.
37:15Bien loin du statut de nantie de la République déconnectée de la réalité,
37:26de cette vie rêvée d'ambassadeur véhiculée par la publicité.
37:30« Les réceptions de l'ambassadeur sont réputées pour le bon goût du maître de maison,
37:34un goût raffiné qui charme toujours les invités. »
37:38Des clichés, pas vraiment au goût des diplomates.
37:41« Ce qui est énervant, c'est la persistance de ces clichés
37:44et la distance par rapport à la réalité.
37:48Le diplomat, par exemple, dans les films, souvent, il n'a pas le beau rôle.
37:51C'est le type qui ne pense qu'à la réelle politique,
37:53qui va freiner le héros qui, lui, n'écoute que son bon cœur.
37:56Et pourtant, des diplomataires ont encore ce qu'on en trouve. »
38:00Mais la diplomatie, comme au cinéma, cela existe aussi.
38:06Le soir venu à l'ambassade de France à Bagdad,
38:09il existe des rendez-vous assez discrets.
38:12Ahmed est un officiel irakien.
38:14C'est un visiteur du soir régulier.
38:19« Bonsoir, habibi. »
38:21Il est accueilli par Henri d'Aragon.
38:24Avant Bagdad, le jeune diplomate qui parle parfaitement arabe
38:27était en poste en Arabie saoudite.
38:30Ils vont passer une heure ensemble.
38:34Pour le conseiller, Ahmed est une source d'informations très précieuse.
38:38« Il est l'ancien conseiller diplomatique du précédent président du Parlement
38:42avec qui nous entretenons de très bonnes relations,
38:45même des relations d'amitié.
38:47C'est important d'entretenir des dialogues
38:49avec toutes sortes d'experts de la vie politique irakienne
38:51et surtout de varier les interlocuteurs.
38:54C'est très important, surtout en Irak.
38:55Car comme nous ne pouvons pas beaucoup sortir,
38:57ce sont ces gens-là qui peuvent nous donner
38:59des éléments d'information assez précieux
39:01et surtout des personnes à qui on peut faire passer des messages également. »
39:06Des échanges plus directs loin des salons officiels.
39:10Ce qui permet aux diplomates français de renforcer
39:12les liens de coopération sur des sujets sensibles.
39:15« Notre coopération et nos échanges, ça représente beaucoup de choses
39:21à la fois bonnes pour l'Irak, mais aussi pour la France.
39:26Spécialement en ce qui concerne la lutte contre Daesh
39:28et l'aide de la France pour combattre Daesh dans notre pays est importante.
39:32Nous, on a besoin de toutes les aides possibles,
39:35particulièrement des aides techniques,
39:37car c'est une grande menace qui peut diviser l'Irak encore aujourd'hui. »
39:41Depuis la chute de Daesh,
39:48la capitale irakienne retrouve un semblant de normalité.
39:52Pour les employés de l'ambassade de France,
39:54c'est aussi la possibilité de s'évader du bunker.
39:57C'est le cas de Myriam.
40:01Ce soir, exceptionnellement, elle est de sortie.
40:09Son cavalier est Henri d'Aragon.
40:12Il ne l'emmène pas en carrosse,
40:15mais en citrouille.
40:16Un fourgon blindé,
40:18aménagé en minibus.
40:19Direction l'Institut français en Irak,
40:35à 500 mètres de l'ambassade.
40:37Mais hors de question de s'y rendre sans escorte.
40:39« Il y a deux fois, je me suis dit
40:41« Mais on peut y aller à pied ? »
40:42« Les gars, les gilets, les tasse,
40:45hors de question, hors de question.
40:47Il faut aller avec le gilet pare-balles,
40:51dans la citrouille.
40:52Et puis, il n'y a eu aucune occasion pour délai.
40:56Donc, je n'ai pas le droit. »
40:58Le décor n'a rien à voir.
41:05Presque impensable au cœur d'une ville
41:07qui se relève tout juste de 16 ans de guerre.
41:15Sur scène, un groupe de rock local.
41:20Des familles,
41:22des enfants,
41:23mais aussi une partie de la jeunesse bagdadie.
41:26Mais la parenthèse enchantée
41:27se referme à peine deux heures plus tard.
41:31« J'ai juste envie de prendre une photo
41:33pour ne pas oublier cet instant-là.
41:36C'est vraiment...
41:38Vous pouvez imaginer,
41:39parce qu'on est tout le temps enfermés,
41:40parce qu'on a toujours l'impression
41:42que Bagdad, c'est les bombes,
41:43c'est les explosions.
41:45Et là, du coup, on voit des femmes,
41:47des hommes,
41:49pas nécessairement voilés.
41:50Ça fait du bien. »
41:52Dans quelques jours,
41:53Myriam rentrera en France.
41:55Trois semaines d'aération
41:57durant lesquelles
41:58elle pourra oublier
41:59le quotidien
42:00de la mission française
42:01à Bagdad.
42:02« Et voilà.
42:05Retour à la prise au coup.
42:09C'est comme si
42:09j'avais voyagé.
42:11J'étais dans un espace
42:12en dehors du temps
42:14de Bagdad.
42:15On dirait que j'étais ailleurs.
42:16C'est vraiment
42:17une coupure totale. »
42:19Comme Myriam,
42:20ils sont plus de 10 000 fonctionnaires
42:22à représenter
42:22les Français partout
42:23sur la planète.
42:25Des hommes et des femmes
42:26qui permettent à la France
42:27de demeurer
42:28la troisième puissance
42:29diplomatique mondiale
42:30derrière les Etats-Unis
42:32et la Chine.
42:34« Voilà, c'est la fin
42:35de ce 66 minutes grand format.
42:36Ne manquez pas ce soir.
42:38Capital à 21h.
42:39Apéro et barbecue,
42:40les business à succès de l'été.
42:42À la semaine prochaine.
42:43Très belle soirée sur M6.
42:44Sous-titrage Société Radio-Canada
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