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Les glaciers fondent à vie d'oeil, et le permafrost disparaît, faisant courir des risques toujours plus grands aux alpinistes et randonneurs de haute montagne. L'on peut aussi se demander combien de temps il sera encore possible de skier dans les Alpes : les stations de moyenne montagne sont-elles condamnées à disparaître à plus ou moins long terme ? Les réponses des scientifiques n'ont rien de rassurant. Et un consensus se profile : hormis les 24 stations les plus en altitude, les autres vont devoir changer de modèle.

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Transcription
00:00C'est parti !
00:30En plein cœur des Alpes, le massif du Mont-Blanc est sans doute l'un des sites naturels les plus mythiques au monde.
00:55Avec ses 4810 m, le toit de l'Europe a fait rêver des générations d'alpinistes.
01:01Un massif peu à peu dompté par l'homme, comme en témoigne l'aménagement de l'aiguille du Midi à 3800 m d'altitude.
01:09Des milliers de touristes s'y prêchent chaque année.
01:11Des DJs, comme Agoria, s'y produisent même en concert.
01:14Plus bas dans la vallée, Chamonix, la très chic station alpine, première ville organisatrice des JO d'hiver en 1924, jouit d'un prestige international.
01:27Porte d'entrée vers le massif, Chamonix est aujourd'hui une capitale des sports de montagne et un lieu de villégiature prisé des touristes anglo-saxons.
01:35De l'autre côté du massif, Saint-Gervais-les-Bains et ses termes cultivent elles aussi une tradition touristique, vieille de plus de deux siècles.
01:49Un cadre naturel, à la beauté exceptionnelle, qui ne doit pas faire oublier ses dangers.
01:55C'est le risque numéro un en montagne. Chaque année, les avalanches emportent de nombreuses vies.
02:08Dès le début de la saison d'hiver, les équipes de sécurité sont sur le qui-vive.
02:13Il leur faut très souvent intervenir pour effectuer des déclenchements préventifs.
02:20Mais un autre risque existe, plus rare, mais aussi bien plus violent.
02:24Les avalanches en zone urbaine.
02:27Ils ont été écrabouillés par le toit d'un chalet qui était à peu près à 80 mètres de là.
02:33Des couloirs d'avalanches en grand nombre qui menacent Chamonix.
02:36Encaissés entre deux massifs, la ville est la plus exposée de France.
02:40120 couloirs pour 10 000 habitants, c'est presque inhumain.
02:47Mais la neige n'est pas le seul danger pour ces vallées.
02:50Saint-Gervais l'a appris à ses dépens.
02:51Il y a plus d'un siècle, il y avait 20 mètres, une vague de 20 mètres ou de 30 mètres d'eau
02:57qui a jailli de cette gorge du bon an.
03:03Des risques naturels, souvent imprévisibles,
03:06et qui viennent rappeler à l'homme l'humilité indispensable dont il doit faire preuve en montagne.
03:10Chamonix, au cœur de l'hiver.
03:28Les vacanciers venus s'adonner aux joies de la glisse,
03:31ne s'en doutent pas, mais s'ils peuvent skier en toute insouciance,
03:34c'est grâce au travail mené quelques heures plus tôt par les équipes de sécurisation des pistes.
03:38Au petit matin, le temps se découvre enfin après une averse de neige.
03:45L'hélicoptère de Pascal Brun peut décoller.
03:48Sous l'appareil, une imposante cloche en acier munie d'un exploseur.
03:56La mission est essentielle.
04:10Ils doivent éviter tout risque d'avalanche en purgeant les zones où la neige s'est accumulée.
04:15Une opération de haute précision.
04:25Pascal doit approcher l'exploseur le plus près possible du manteau neigeux
04:28pour que l'onde de choc produise son effet.
04:31En fonction de l'enneigement, jusqu'à une centaine de tirs peuvent être effectués à chaque vol.
04:58Une opération réalisée sous le contrôle des responsables de piste.
05:11Chaque déclenchement et son résultat sont consignés.
05:14On a une dévote.
05:26Oui, ça fera 25 tirs.
05:28C'est très léger et ça ne s'augmente la courbe du dossier des aiguilles.
05:44Un dispositif efficace, mais qui ne s'applique pas au couloir d'avalanche.
06:14qui menace les zones urbaines.
06:17En France, il est interdit de déclencher des avalanches préventives au-dessus des habitations.
06:23Pourtant, en matière de risque d'avalanche, la vallée de Chamonix est un cas d'école.
06:29Vu du ciel, la situation saute aux yeux.
06:32Les couloirs d'avalanche sont nombreux.
06:34117 ont été répertoriés à risque.
06:37Les couloirs, ce sont ces langues blanches qui zèbrent le massif
06:40et plongent directement sur la ville.
06:52A quelques kilomètres du centre-ville,
06:55près du quartier des Bossons,
06:56se trouve le couloir de Tacona.
06:58Long de 7 kilomètres, c'est l'un des plus dangereux.
07:01L'avalanche peut partir à tout moment depuis le haut du glacier,
07:06situé à plus de 3500 mètres d'altitude.
07:14Plus de 80 avalanches s'y sont produites au cours du dernier siècle.
07:19Les dégâts causés par celles de 1986
07:21conduisent alors les autorités à lancer la construction d'un dispositif
07:25de protection situé au pied du couloir.
07:29L'ingénieur Mohamed Naïm a participé à sa conception.
07:33Il nous fait découvrir ce paravalanche hors normes.
07:39A elle seule, la digue de protection mesure 25 mètres de haut.
07:43Ce qui a nécessité la création de l'édifice,
07:54c'est le volume des avalanches
07:55et les enjeux que ça menace.
07:58Ces avalanches, certains sont allés jusqu'à la route internationale.
08:06Cette chronologie d'avalanche
08:07a constitué pour nous
08:09un point très important
08:10pour la définition de l'événement
08:12contre lequel on veut se protéger.
08:17Au bout du compte,
08:18on a défini un événement
08:20à 1,6 millions de mètres cubes
08:22et une énergie cinétique
08:23correspondant à une vitesse de 40 mètres par seconde
08:26à l'entrée du dispositif de protection.
08:28Et c'est par rapport à cet événement-là
08:30qu'on a construit
08:33le dispositif de protection
08:34avec les différents éléments.
08:36Des éléments dissipateurs d'énergie
08:38qui sont des tas freineurs
08:39qui ont pour vocation d'abord
08:41de réduire la vitesse de l'avalanche,
08:43de détruire son énergie
08:44et puis de l'étaler.
08:46Et puis des éléments qui dévient,
08:47qui contiennent,
08:48et au bout du compte,
08:49une digue qui retient.
08:51Le paravalanche de Tacona
08:53est l'un des deux plus grands dispositifs
08:55au monde construits à ce jour.
08:57Si son efficacité est aujourd'hui prouvée,
09:00une dizaine d'années d'ajustement
09:01ont été nécessaires
09:02pour arriver à sa forme actuelle.
09:05Coût de l'opération ?
09:075 millions d'euros.
09:08Pour les scientifiques,
09:09un tel dispositif ne se justifie
09:11que dans le couloir de Tacona,
09:13car les avalanches y sont plus imprévisibles.
09:15Une sur trois est déclenchée
09:17par des chutes de CERAC,
09:19là-haut sur le glacier.
09:21Pourtant, le danger existe aussi ailleurs.
09:24Au pied de l'aiguille du Midi,
09:25un autre couloir, celui des Pèlerins,
09:28menace directement l'entrée
09:29du tunnel du Mont-Blanc,
09:30par lequel transitent chaque jour
09:31près de 5000 véhicules.
09:34Richard Lambert est un expert en avalanche.
09:37Avec lui, nous prenons un peu de hauteur
09:39pour mieux comprendre
09:40les mécanismes qui les provoquent.
09:46Ici, nous sommes sur un site
09:49qui nous permet de voir parfaitement bien
09:51l'ensemble du versant
09:54de l'avalanche des Pèlerins,
09:57qu'on appelle aussi plus communément
09:59l'avalanche du tunnel du Mont-Blanc,
10:01puisque sa zone d'écoulement
10:03peut impacter l'entrée française
10:06du tunnel du Mont-Blanc.
10:10Historiquement, sa plus grosse manifestation
10:15nous est connue.
10:16C'était mars 1818.
10:20La zone la plus basse atteinte
10:22par l'avalanche fut marquée
10:23par une pierre, la pierre de Tré-Lafras,
10:26qui est très bas, là-bas,
10:27à l'emplacement actuel des immeubles
10:29que vous voyez.
10:32On voit parfaitement bien
10:33toutes les zones de départ
10:35de haute altitude,
10:38puisqu'il s'agit
10:38de ces versants très raides
10:41qui se développent
10:42depuis l'aiguille du midi.
10:46Et ces versants
10:47peuvent servir
10:48de coulée détonatrice
10:49au grand bassin d'alimentation
10:52qu'on voit en dessous,
10:54très blanc, là,
10:55en forme un petit peu d'entonnoir.
10:58Et plus bas,
10:59à l'aval de cette forêt,
11:00on découvre
11:01ce qu'on appelle
11:02le hameau des Pèlerins d'en haut,
11:04avec ce groupe de petits chalets.
11:06Alors, si on avait affaire
11:09de nos jours
11:10à une avalanche majeure
11:12de ce type-là,
11:14type début du XIXe siècle,
11:17ça serait extrêmement préoccupant,
11:19parce que maintenant,
11:20on a une organisation
11:21assez développée
11:23dans ce secteur-là,
11:24avec même des vulnérabilités marquées,
11:28une auberge de jeunesse,
11:30un groupe scolaire,
11:31et puis, bien sûr,
11:32les dizaines de chalets individuels
11:35qui se sont implantés.
11:37Si pendant longtemps,
11:39la vallée de Chamonix
11:39ne comptait que quelques hameaux,
11:41elle s'est littéralement
11:42métamorphosée
11:43au cours du XXe siècle.
11:47Voici à quoi ressemblait
11:48le cœur de Chamonix
11:49en 1892.
11:52Quelques décennies plus tard,
11:54la superficie de la ville
11:54a déjà doublé.
11:56Aujourd'hui,
11:57l'urbanisation atteint ses limites.
11:58Il ne reste presque plus
12:00de parcelles constructibles.
12:06Une explosion démographique
12:08qui s'est accompagnée logiquement
12:09d'une plus grande exposition
12:11au risque d'avalanche.
12:16Si au Pèlerin,
12:17aucune avalanche majeure
12:18ne s'est produite
12:19depuis près de deux siècles,
12:20plus loin,
12:21dans la vallée,
12:22un événement est encore
12:23dans toutes les mémoires.
12:25Nous sommes au hameau
12:26de Mont-Roc,
12:27à quelques kilomètres seulement
12:29du centre-ville de Chamonix.
12:31Jean-Claude Bourdet est parisien.
12:33Il vient régulièrement séjourner
12:34dans le chalet familial
12:36des Grandgettes.
12:37Il y a quelques années pourtant,
12:39un drame s'est joué
12:40à quelques mètres de là.
12:419 février 1999,
13:02avalanche du Grand Lanchy
13:04et du Pécloré.
13:05Ce jour-là,
13:1112 hommes,
13:12femmes et enfants,
13:12perdent la vie.
13:19Nous avons perdu un fils
13:21de 21 ans
13:22avec son ami de cœur
13:23qui avait 20 ans.
13:25Ils ont été écrabouillés
13:27par le toit d'un chalet
13:28qui, sous l'avalanche
13:33poudreuse
13:34qui a déferlé,
13:36s'est envolé
13:37et est retombé
13:3880 mètres plus loin
13:39pour écrabouiller
13:40le toit
13:40de ce petit mazeau
13:41avec ces deux jeunes
13:43qui étaient dedans.
13:45En ce mois de février 1999,
13:48les Alpes connaissent
13:49des chutes de neige exceptionnelles.
13:52Deux semaines après
13:52le drame de Mont-Roc,
13:54une avalanche comparable
13:54tue 31 personnes
13:56à Galtour en Autriche.
13:59Voici une reconstitution
14:00qui donne une idée
14:01de la puissance du phénomène.
14:17À Mont-Roc,
14:19avant ce jour tragique,
14:20il y avait ici 20 chalets.
14:2214 ont été balayés
14:23en quelques secondes
14:24par le souffle
14:25de l'avalanche.
14:26Le bilan
14:27aurait pu être
14:28bien plus dramatique.
14:30Cinq chalets seulement
14:31étaient occupés.
14:43On ne pouvait pas prévoir
14:44l'imprévisible,
14:45assurent ce soir
14:46les autorités.
14:47De mémoire d'hommes,
14:48jamais la vallée
14:48n'avait connu
14:49une telle avalanche.
14:50Il faut remonter à 1908
14:51pour trouver une coulée
14:52de neige au même endroit,
14:53mais elle fut sans commune
14:54mesure.
14:55Autour de Chamonix,
14:56118 couloirs sont réputés
14:58dangereux,
14:58tous répertoriés
14:59sur le cadavre.
15:00Et les constructions,
15:01les maisons,
15:02sont édifiées en conséquence.
15:03Or, les chalets détruits
15:04étaient dans une zone
15:05dite sans risque.
15:07Jamais la neige
15:08n'a atteint
15:08ces lieux-là.
15:09J'ai même une réflexion
15:10d'un habitant du pays
15:12sur un des chalets
15:13qui a été totalement rasé
15:14qui nous dit
15:15mais n'importe qui du pays
15:16serait allé dormir
15:17les yeux fermés
15:18dans le chalet.
15:18C'est totalement
15:19en dehors
15:20de la zone à risque.
15:22Cette zone,
15:23jugée sûre,
15:24est pourtant recouverte
15:25par 7 mètres de neige
15:26après l'avalanche.
15:28Les secours
15:29vont mettre
15:29plusieurs jours
15:30à retrouver les victimes.
15:37Le lieu où se trouvaient
15:38les chalets
15:38est aujourd'hui reconnu
15:39comme une zone rouge.
15:41C'est-à-dire
15:41qu'il est interdit
15:42à toute construction.
15:44Une décision bien tardive
15:45pour Jean-Claude Bourdet.
15:46Cette zone n'aurait jamais
15:48dû être construite.
15:49Pourquoi ?
15:50Parce que
15:50en observant les cartes
15:53que nous n'avions pas
15:54mais que les gens
15:55chargés de l'urbanisme
15:57ou de la sécurité
15:58à Chamonix
15:58avaient d'évidence,
16:00il était montré
16:01cette capacité
16:03de deux couloirs
16:05d'avalanche
16:05successifs
16:06de se réunir
16:07en un seul
16:08le premier
16:09en déclenchant
16:10le second
16:10et provoquant
16:12une avalanche
16:12exceptionnelle
16:13mais d'autant plus
16:14dévastatrice
16:15qu'elle était exceptionnelle
16:16puisque les plus rares
16:18sont les plus importants
16:19des avalanches
16:19celles qui ne tombent
16:20que dans des occasions
16:22extrêmes.
16:23Mais la mémoire d'homme
16:24et les écrits
16:25montraient
16:26qu'il y avait connaissance
16:27de cette avalanche-là
16:28historiquement
16:28et que déjà
16:29des morts dans le passé
16:30étaient intervenus
16:31au début du XXe siècle
16:34et dans le courant
16:35du XIXe siècle.
16:38Cette mémoire d'homme
16:39que beaucoup
16:40semblaient avoir oubliée
16:41était pourtant consignée
16:42dans des archives.
16:45Jean-Claude Bourdet
16:50nous emmène
16:50à la rencontre
16:51de Maurice Guay
16:52le président
16:53des Amis
16:53du Vieux Chamonix.
17:04Parmi les précieuses archives
17:05rassemblées
17:06par ce gardien
17:07de la mémoire
17:07de nombreux documents
17:09attestent
17:09de désastres
17:10provoqués
17:11par des avalanches.
17:13Certains remontent
17:14au début
17:14du XVIIe siècle.
17:17Selon Maurice Guay,
17:18ils sont aujourd'hui
17:18négligés
17:19par les services
17:20de l'État.
17:21Personne ne veut
17:22prendre en compte
17:24donc ce que
17:25les anciens
17:26ont écrit.
17:28C'est dommage
17:28parce que nous avons
17:29une monticule
17:32d'archives écrites
17:33de photos
17:35que l'on peut
17:37présenter
17:37et on a l'air
17:40de nous prendre
17:41pour des gens
17:43qui empiètent
17:44un petit peu
17:45sur le domaine
17:47administratif.
17:50Je vais vous montrer
17:50des archives
17:52M. Bourdet.
17:54C'est un livre
17:55de raison
17:55sur les grands événements
17:58avalancheux
17:59d'Argentière.
18:01Les livres de raison,
18:02ce sont des documents
18:03manuscrits
18:04qui recensent
18:04tous les faits marquants
18:05de l'époque.
18:06C'est 134.
18:08Oui.
18:09C'est excellent ça.
18:10Oui.
18:10Oui, oui.
18:12Ils ont bien répertorié
18:13toutes les avalanches
18:15qui ont détruit
18:16d'ailleurs en partie
18:17le village du Tour
18:19surtout.
18:20Suite des désastres.
18:21Oui, oui.
18:22Ils avaient conscience
18:23que...
18:23Ah oui, oui.
18:25Dans l'un de ses cahiers,
18:27une phrase attire l'attention.
18:3215 janvier 1843,
18:34l'avalanche du Grand Lanchy
18:36est allée jusqu'au Varniause
18:37emportant dans sa course
18:38le Pont Neuf
18:39et les Mélès des Grandgettes.
18:44Après recoupement
18:45de plusieurs documents
18:45d'archives,
18:47la conclusion est sans appel.
18:48La zone évoquée ici
18:50est bien celle de Montroch.
18:52Une avalanche majeure
18:53s'était donc produite
18:54au même endroit
18:55plus de 150 ans auparavant.
18:57Il y avait bien un précédent.
18:59Un tel événement
19:00aurait donc pu être prévisible.
19:02Le maire de l'époque
19:02aurait dû faire évacuer la zone.
19:05C'est pour ne pas l'avoir fait
19:06qu'il est condamné
19:074 ans après le drame
19:08à 3 mois de prison
19:10avec sursis.
19:10Retour à Montroch.
19:23Pour Jean-Claude Bourdet,
19:24cette condamnation ne suffit pas.
19:26Il se lance dans un combat
19:27pour une meilleure prise en compte
19:29du risque d'avalanche
19:29dans la vallée de Chamonix.
19:3111 ans après
19:42l'avalanche de Montroch
19:43et presque 14 ans,
19:4613 ans, 14 ans maintenant,
19:48la vallée de Chamonix
19:49commence à avoir
19:50des bonnes cartes
19:51de l'avalanche.
19:52Suite au drame de Montroch,
19:57l'évaluation du risque d'avalanche
19:58est complètement remise
20:00à plat à Chamonix.
20:01Chaque zone dangereuse
20:02est à nouveau étudiée.
20:04Le résultat,
20:05ce sont de nouvelles
20:05cartes réglementaires.
20:07Sur la première,
20:09des zones rouges
20:09inconstructibles
20:10et des zones bleues
20:12soumises à réglementation.
20:14Elles correspondent
20:14à des risques forts
20:15et moyens d'avalanche.
20:17C'est une carte contraignante
20:18en matière d'urbanisme.
20:20Pour Jean-Claude Bourdet,
20:21cela ne suffit pas
20:23car les avalanches
20:23exceptionnelles,
20:25comme celles qui a emporté
20:26son fils,
20:26ne sont pas prises en compte.
20:28Elles figurent sur
20:29une autre carte,
20:30dite d'aléa,
20:32une carte indicative seulement.
20:34Ces zones jaunes,
20:35comme les services
20:36de l'État les appellent,
20:37se réfèrent à des avalanches
20:38bien plus rares
20:39mais beaucoup plus puissantes.
20:42Si ces zones jaunes
20:43ne figurent pas
20:44sur les cartes réglementaires,
20:45c'est que l'État
20:46n'a toujours pas décidé
20:47ce qu'elles impliqueraient.
20:51Leur emprise
20:52est parfois tellement importante
20:54qu'elles englobent
20:55une grande partie
20:55de la zone urbaine.
21:00Contestées depuis leur création,
21:02elles ont fait l'objet
21:02de nombreuses modifications.
21:04C'est Richard Lambert
21:05qui mène une première
21:06contre-expertise
21:07à la demande
21:08de l'association
21:08de Jean-Claude Bourdet.
21:09Si ces travaux
21:11l'ont parfois conduit
21:12à minimiser
21:13certaines zones jaunes,
21:14ailleurs en revanche,
21:16comme aux pèlerins,
21:17la zone à risque
21:17s'est considérablement élargie.
21:26Bien là,
21:27on se trouve
21:27dans un endroit sensible
21:29puisqu'on voit
21:31de plus près
21:32ce groupe scolaire
21:34qui peut être
21:35dans des conditions
21:36exceptionnelles,
21:36impactées
21:39par au moins
21:40le soupe
21:40d'une avalanche
21:41de poudreuse
21:42ou même
21:42par l'aérosol
21:43de poudreuse
21:44dans une configuration
21:45d'une avalanche
21:46type Mars 1818.
21:49Pour réviser
21:49la zone jaune
21:50des pèlerins,
21:51Richard Lambert
21:52se base sur
21:52plusieurs avalanches
21:53historiques,
21:54mais aussi
21:54sur l'analyse
21:55du relief.
21:59Là,
22:00vous avez
22:01la carte
22:02des aléas
22:04dans son projet
22:06de l'été
22:072007.
22:08Et vous le voyez
22:08très bien,
22:10si nous reprenons
22:11cette école
22:12en aile
22:13qu'on voit
22:13très bien ici,
22:15eh bien,
22:15la zone jaune
22:17avançait ici
22:19en amont
22:20de l'école.
22:22Les travaux
22:22que j'avais menés
22:23m'ont poussé
22:24à contester
22:25ce document
22:26officiel
22:27proposé
22:28par l'État
22:29et au contraire
22:30à proposer
22:31la zone jaune
22:32suivante.
22:33L'école étant
22:34toujours ici,
22:35l'auberge
22:35de jeunesse
22:36étant là,
22:37j'avais proposé
22:38une zone jaune
22:38qui allait
22:39jusqu'ici,
22:41qui tenait
22:41compte
22:42de l'avalanche
22:43de 1936
22:44qui était venue là
22:44et de l'avalanche
22:46de mars 1818
22:47qui, elle,
22:48venait jusqu'ici
22:49dans ce lotissement.
22:50Cette nouvelle
22:50zone jaune
22:51a finalement
22:52été prise en compte
22:53par les services
22:54de l'État.
22:56La nouvelle
22:56carte des aléas
22:57montre une zone jaune
22:58qui va bien
23:00à l'aval
23:00de l'école
23:01du groupe scolaire
23:02qui se trouve ici.
23:07Mais une fois
23:08la zone jaune
23:08tracée,
23:09que faire
23:09en cas de risque
23:10avéré ?
23:12La gestion du risque,
23:14c'est l'affaire
23:14de la municipalité.
23:16Une lourde responsabilité
23:17pèse donc
23:18sur les épaules
23:18du maire de Chamonix.
23:20Depuis la création
23:21de ces zones jaunes,
23:22il est inquiet
23:23et attend des consignes
23:24claires
23:24de la part de l'État.
23:25Dans un cas
23:33de crise,
23:35selon les secteurs,
23:36nous le savons bien,
23:37il faut procéder
23:38à des évacuations
23:39ou bien parfois
23:40il faut au contraire
23:41confiner.
23:42Ça n'est pas
23:43la même chose
23:44et bien évidemment,
23:46selon la nature
23:47du secteur
23:47qui est susceptible
23:48d'être impacté
23:49par le risque,
23:50des décisions différentes
23:52doivent être prises
23:53pour minorer là aussi
23:55le risque d'atteinte
23:56aux populations.
23:58Ce type de discussion-là,
24:00il me semblerait légitime,
24:02nécessaire,
24:03pour ne pas dire obligatoire,
24:04que nous l'ayons
24:05également avec l'État.
24:07Un guide méthodologique
24:09indiquant la conduite
24:10à adopter
24:10en cas de risque
24:11doit être publié
24:12par le ministère
24:13de l'Environnement.
24:15Mais le document
24:16n'est toujours pas paru.
24:18À la préfecture
24:19de Haute-Savoie,
24:20on explique ce retard
24:21par la complexité
24:21du dossier.
24:22Concrètement,
24:23on sait qu'il y a
24:24des zones
24:25où un risque
24:26très important
24:27peut se réaliser.
24:28C'est ce qu'on a appelé
24:29l'aléa maximum vraisemblable.
24:31Peut-être qu'il ne s'est réalisé
24:32qu'une fois
24:33au cours des 300
24:33ou 400 dernières années,
24:36mais on en a connaissance
24:37et maintenant,
24:38il faut qu'on puisse
24:39l'adapter
24:40et le traduire.
24:41C'est vrai que la question
24:42est compliquée.
24:43Qu'est-ce qu'on fait ?
24:44C'est toute la question
24:46de ce guide méthodologique
24:47et c'est pour ça
24:47que c'est si long
24:48de le sortir
24:49parce que la question
24:49est très complexe.
24:50Est-ce qu'on organise,
24:52on pèse lourdement
24:53sur l'organisation
24:54des activités humaines
24:55pour un risque
24:56qui a finalement
24:57très peu de chances
24:57de se produire
24:58ou est-ce qu'au contraire
24:59on est dans une prudence
25:00totale
25:01et on prend en compte
25:02ce risque
25:03même s'il est peu
25:03vraisemblable
25:04avec un impact fort
25:05sur les activités humaines.
25:06Entre principes de précaution
25:10et développement économique,
25:11l'enjeu est de taille.
25:13A Chamonix,
25:14il n'y a pas que les alpinistes
25:16qui atteignent des sommets.
25:17Les prix de l'immobilier
25:18s'envolent.
25:20Alimentés par une demande
25:21étrangère constante,
25:22certains biens luxueux
25:23se négocient
25:24plusieurs millions d'euros.
25:27Établir des règles
25:27plus contraignantes
25:28en termes d'urbanisme
25:29ou informer
25:31d'un risque d'avalanche
25:32en zone urbaine
25:32pourrait-il nuire
25:34à l'attrait
25:34de cette station touristique.
25:36A Chamonix,
25:37les autorités ont choisi
25:38de composer avec le risque
25:40tout en informant
25:41la population
25:41comme nous l'explique
25:43Jean-Louis Verdier,
25:44l'adjoint à la sécurité.
25:46A la suite
25:46d'une réévaluation
25:47des zones d'avalanche
25:48en 2003,
25:50des habitations
25:50se retrouvent
25:51en zone rouge,
25:52une zone
25:52normalement inconstructible.
25:55Mais comme elles sont
25:55déjà bâties,
25:56ces parcelles sont requalifiées
25:58en zone bleue dure.
25:59On ne construit plus
26:00dans ces zones-là
26:01aujourd'hui,
26:01bien évidemment,
26:02le plan local d'urbanisme
26:04ne permettrait pas
26:04de construire.
26:05C'est une particularité
26:06de Chamonix,
26:07ce bleu dur ?
26:08Ce n'est pas une particularité
26:09de Chamonix.
26:09Je pense que maintenant
26:10tous les PPR vont en tenir compte.
26:12Mais Chamonix a été déterminant
26:13dans ce choix
26:15de zone bleue dure.
26:17Sinon,
26:17il aurait fallu
26:18une solution
26:18beaucoup plus radicale,
26:19c'est-à-dire
26:20exproprier les gens ?
26:21Il fallait exproprier les gens,
26:22mais avec toute la complication
26:23d'exproprier les gens,
26:26où on les remettait,
26:27quel terrain on leur donnait,
26:27dans une vallée
26:28dans laquelle on ne peut plus construire.
26:30C'était très compliqué.
26:31Et ça voulait dire
26:31que ces gens-là
26:32ne pouvaient plus
26:32rester dans la vallée
26:33de Chamonix.
26:34Politiquement,
26:35c'est infaisable ?
26:35Politiquement et puis humainement,
26:38sur le plan humain.
26:40Donc c'est à nous
26:40de gérer ce risque
26:41et de se donner les moyens
26:43pour, dans des périodes
26:44de risque importants,
26:45d'évacuer les personnes.
26:49Pour ne pas avoir
26:50à démolir ces habitations,
26:52les services de l'État
26:52ont donc créé
26:53ce nouveau zonage
26:54et accepter le risque.
26:56Nous sommes retournés
26:57à la préfecture
26:58au sujet de ces zones bleues dures.
27:00Pour vous,
27:01il n'y a pas de mise en danger
27:02de la vie de ces gens-là ?
27:04Quand on habite
27:05sous un couloir d'avalanche,
27:06on ne peut pas dire
27:06qu'il n'y a pas de mise en danger.
27:08Le risque existe.
27:09Après,
27:10l'occupation humaine
27:11de la vallée de Chamonix
27:12est un fait.
27:13C'est une bonne chose.
27:13C'est une très belle vallée.
27:15Mais bien sûr,
27:16le risque est là
27:16et les gens vivent avec le risque.
27:18En montagne,
27:18on vit avec le risque.
27:19Le travail des services de l'État,
27:21c'est dire le risque
27:22avec précision
27:22et c'est ce que fait cette étude.
27:24Le travail de la commune de Chamonix,
27:27c'est de prendre en compte
27:28cette évaluation du risque
27:29et de la traduire
27:30dans des situations
27:31de gestion de crise
27:32et de prise en compte
27:33de la population.
27:34Et la mairie et l'État
27:35travaillent étroitement ensemble
27:37pour que ces situations exceptionnelles,
27:40cette configuration exceptionnelle
27:41soit traitée le mieux possible.
27:43L'objectif,
27:44c'est de pouvoir vivre
27:44dans la vallée,
27:46mais avec une prise en compte
27:47du risque qui est adapté.
27:50Retour à un mot de Montroch.
27:52Nous retrouvons Jean-Claude Bourdet.
27:54Si pour lui,
27:55le combat continue,
27:56il semble satisfait
27:57car depuis le drame de 1999,
28:00la population est mieux informée
28:02du risque d'avalanche.
28:03A chaque fois que nous arrivons
28:07de l'extérieur,
28:08enfin, pour un séjour,
28:10si vous voulez,
28:11nous devons faire cet appel-là
28:13à cet numéro de téléphone
28:16qui est le...
28:17Bienvenue sur le service
28:18d'alerte de Shamanix.
28:20Welcome on Shamanix Service.
28:22Pour le français,
28:23TAP1,
28:24nous allons vous demander
28:26de saisir votre numéro de téléphone
28:28ainsi que vos dates de début
28:30et de fin de séjour
28:32et le code de votre logement.
28:38Nous allons maintenant
28:39vous récapituler
28:40les informations saisies.
28:42Donc voilà,
28:43maintenant,
28:44s'il y a une alerte
28:45successive de dire
28:47« Restez dans votre chalet,
28:48n'en sortez pas,
28:49n'allez pas sur la route »
28:50ou au contraire
28:51« Évacuez le chalet »,
28:52je recevrai sur ce téléphone portable
28:54un appel,
28:56un message téléphonique
28:57enregistré à la mairie
28:58me disant ce qu'il y a de faire.
29:00Et l'objet,
29:01c'est de faire
29:02ce qu'on nous dit de faire,
29:03bien sûr.
29:04C'est une vraie avancée
29:07et nous remercions au Chamonix.
29:09C'est un petit peu long à faire,
29:10certes,
29:10mais c'est fait
29:11et l'important maintenant,
29:12c'est de faire en sorte
29:13que ce type d'automate
29:14puisse être utilisé
29:15dans toutes les communes
29:16où le besoin
29:17pourrait s'en faire sentir.
29:20Le dispositif
29:21concerne aujourd'hui
29:22pas moins de 7000 propriétaires.
29:25À Chamonix,
29:26il sera bien difficile
29:27de déplacer les montagnes,
29:29mais une information
29:30plus rapide
29:31des populations
29:31menacées par un risque imminent
29:33d'Avalanches
29:33ne serait-elle pas la clé
29:35pour éviter de nouveaux drames
29:36humains en zone urbaine.
29:43Le massif du Mont-Blanc
29:45est le plus fréquenté au monde.
29:47Chaque année,
29:4820 000 alpinistes
29:49se lancent à l'assaut
29:49du toit de l'Europe.
29:51La moitié renonce
29:52avant d'arriver au sommet.
29:53Et c'est sans compter
29:54les 60 000 skieurs
29:56venus dévaler
29:56les pentes du massif
29:57et de ces nombreux glaciers.
30:00Une fréquentation
30:01qui multiplie
30:01la probabilité d'accident
30:03et donc d'intervention
30:04des secours.
30:12Au PGHM de Chamonix,
30:14le peloton de gendarmerie
30:15de Haute-Montagne,
30:16les équipes de sauveteurs
30:17sont sur le qui-vive
30:18toute l'année.
30:22Ce matin,
30:22à la base,
30:23aucune alerte à l'horizon.
30:25Un exercice
30:26est donc programmé.
30:28Mais l'équipe
30:28reste prête
30:29à intervenir.
30:37Direction
30:38la mer de glace,
30:39l'un des glaciers
30:40les plus fréquentés
30:41du massif.
30:41Depuis les airs,
31:03le spectacle est fascinant.
31:05Cette large étendue
31:06glacée constituée
31:07d'énormes séraques
31:09ressemble à un fleuve
31:10pétrifié.
31:12Les quelques randonneurs
31:14en contrebas
31:14savent-ils qu'au-dessus
31:15d'eux,
31:16leur hanche gardien veille.
31:18Dans un tel environnement,
31:19le premier danger
31:20vient des crevasses.
31:22Si certaines sont visibles,
31:24d'autres sont cachées
31:25sous une épaisse couche de neige.
31:27Les membres de l'équipe
31:29d'intervention le savent bien.
31:31Eux qui sont chargés
31:32de sauver des vies
31:32ne veulent pas mettre
31:34en péril la leur.
31:35Ils s'entraînent donc
31:36régulièrement à répéter
31:37les gestes de sécurité
31:38qu'ils doivent appliquer
31:39en intervention.
31:45Avant de poser le pied
31:46sur un terrain à risque,
31:48les sauveteurs doivent
31:48systématiquement s'encorder
31:50à des pieux métalliques
31:52qu'ils plantent dans la glace.
31:57Là, on est descendus
32:03en sécurité.
32:05C'est-à-dire qu'au début,
32:06on était toujours accrochés
32:07à la machine.
32:08Ensuite, on a mis
32:09des pieux à neige.
32:11On a sondé la zone
32:11pour vérifier
32:12qu'il n'y avait pas
32:13de crevasses.
32:14À ce moment-là,
32:15la base reçoit
32:16un appel d'urgence.
32:18L'exercice est écourté.
32:20Affirmatif.
32:21Dragon 74,
32:22l'hélicoptère
32:23de la sécurité civile
32:24de Haute-Savoie,
32:25doit intervenir d'urgence.
32:27Deux skieurs
32:28sont bloqués
32:28sur une barre rocheuse.
32:34Direction l'autre côté
32:35du massif.
32:37Sur sa route,
32:38l'équipe survole
32:39d'autres glaciers.
32:40Rien que du côté français,
32:42on en dénombre
32:42une vingtaine.
32:44Des glaciers
32:44dont la superficie
32:45a réduit
32:46de moitié
32:47ces 50 dernières années.
32:49Un phénomène accéléré
32:50par le réchauffement climatique.
32:51Musique.
32:51Musique.
32:51Musique.
32:57Après une dizaine
32:58de minutes de vol,
32:59l'hélicoptère arrive
33:00sur zone.
33:03Il faut maintenant
33:04repérer les deux skieurs
33:06dans cet immense décor
33:07de pierres et de neige.
33:09Voilà, je suis à 2005.
33:10L'équipage a beau avoir
33:17l'œil exercé,
33:18il lui faut plusieurs minutes
33:19pour localiser
33:20ces naufragés des cimes.
33:22Une fois les skieurs repérés,
33:44un sauveteur est envoyé
33:45à leur côté.
33:46Nous assistons à ce sauvetage
33:48depuis l'autre versant.
33:49Des manœuvres effectuées
34:03au mètre près en opération
34:05qu'a répété
34:06des dizaines de fois
34:07l'entraînement.
34:0820 mètres, 15 mètres,
34:11tu peux ralentir,
34:12tu mets en avant.
34:14Attention, 5, 4, 3, 2,
34:19OK, top vertical.
34:21OK, souci,
34:22on les approche.
34:23D'accord.
34:25OK, attention,
34:26pôle de jogage,
34:26si tu m'as mis en arrière,
34:28top de jogage.
34:30Oui.
34:30On trouve qu'ils sont
34:30assez de plomb.
34:31Ok, je m'enligne.
34:32D'accord.
34:345 mètres.
34:35En moins de 10 minutes,
34:41l'opération est terminée.
34:42Les deux skieurs
34:43sont sauvés.
34:45L'hélicoptère rentre
34:47à la base.
34:48Une intervention de plus
34:49pour ces équipes
34:50qui réalisent 900 sorties
34:51en moyenne chaque année.
34:54Les sauveteurs
34:54doivent s'adapter
34:55en permanence
34:56à ce terrain difficile
34:57car les glaciers
34:59sont en évolution constante.
35:01Sur le massif du Mont-Blanc,
35:02un glacier inquiète
35:04particulièrement
35:04les scientifiques,
35:06celui de Tétrus.
35:09C'est là qu'un autre hélicoptère
35:10vient de déposer
35:11Christian Vincent
35:12et son équipe.
35:13ingénieur de recherche
35:33au laboratoire
35:34de glaciologie du CNRS,
35:36c'est un habitué du massif.
35:38Il en étudie
35:39les glaciers
35:39depuis une vingtaine d'années.
35:41Aujourd'hui,
35:42il vient ausculter
35:43le glacier de Tétrus.
35:45Un glacier
35:46bien connu
35:47des alpinistes
35:47qui partent
35:48à l'ascension
35:48du Mont-Blanc
35:49depuis sa gervais.
35:51Situé à 3200 mètres
35:52d'altitude,
35:54il se trouve
35:54à proximité
35:55de deux refuges
35:55de haute montagne.
35:56On a quel site, là ?
36:07C'est quoi le numéro de site ?
36:08C'est le 4 ?
36:10Oui.
36:14Le glacier n'est pas
36:15très grand,
36:17il fait à peu près
36:18800 mètres de long,
36:19200 mètres de large.
36:21Par contre,
36:21il est très épais,
36:22il est situé
36:23dans une gorge
36:23très profonde
36:24et on ne dirait pas
36:26mais il y a 65 mètres
36:27d'épaisseur de glace
36:28ici sous nos pieds.
36:33Jusqu'en 2008,
36:34ce petit glacier
36:35de 8 hectares
36:36coincé dans la montagne
36:38n'intéressait pas
36:39vraiment les scientifiques.
36:40Mais tout change
36:41lorsqu'ils découvrent
36:42une importante quantité
36:43d'eau sous la glace.
36:47Suite à une étude
36:48qui avait commencé
36:49en 2008,
36:50on a eu des soupçons
36:51de plus en plus importants
36:54pour dire
36:55qu'il y avait
36:55de l'eau dans ce glacier
36:57et en 2010,
36:58on a mis en évidence
37:00la poche d'eau
37:01grâce à des forages
37:02et à ce moment-là,
37:04on a mesuré
37:06exactement le volume d'eau
37:08qui était assez conséquent
37:09puisqu'il y avait
37:0955 000 mètres cubes
37:12d'eau,
37:13donc à peu près
37:1420 piscines olympiques,
37:15ça donne une image
37:16de la quantité d'eau.
37:22La poche d'eau
37:23que Christian Vincent
37:24et son équipe
37:25repèrent alors
37:25menace de faire céder
37:27la glace qui la retient
37:28et de dévaler la montagne
37:30vers Saint-Gervais
37:31et ses 5000 habitants.
37:35En 2010,
37:37le danger est imminent,
37:38des signes montrent
37:39que la glace peut céder.
37:40Il n'y a pas de temps
37:41à perdre,
37:42il faut vider la poche.
37:44Christian Vincent
37:45tire la sonnette d'alarme
37:46et avertit la mairie
37:47de Saint-Gervais
37:48et la préfecture
37:49de Haute-Savoie.
37:53Nous sommes en août 2010.
37:55Les autorités publiques,
37:56en concertation
37:57avec les scientifiques,
37:58organisent en urgence
37:59une mission de pompage
38:01du trop-plein d'eau.
38:02Pour ne pas affoler
38:03la population,
38:04l'opération est préparée
38:05dans le plus grand secret.
38:06Les techniciens ont injecté
38:11toute la journée
38:11avec ces tuyaux
38:13de l'eau chaude
38:13sous très haute pression
38:14pour percer
38:16un premier trou
38:17à travers 40 mètres
38:18d'épaisseur de glace.
38:19Une opération
38:20qui devrait s'étaler
38:21sur 8 semaines
38:21si tout va bien.
38:23Car les glaciologues
38:24sont prudents.
38:25Il existerait
38:26plusieurs poches
38:26non localisées
38:28mais d'un total
38:29d'au moins 65 000 mètres cubes.
38:30La mission de pompage
38:31est un succès.
38:32En quelques semaines,
38:33l'alerte est levée
38:34mais pour autant,
38:36le danger n'est pas
38:36écarté définitivement.
38:40Là, tu as extrait 184.
38:43Tu as 184 là ?
38:46Merci.
38:47C'est la raison
38:48pour laquelle
38:48Christian Vincent
38:49et son équipe
38:50sont constamment
38:51au chevet du glacier.
38:53Ce sont des vigies
38:53chargées d'évaluer
38:54la santé de Tétrus
38:56et surtout
38:57la quantité d'eau
38:58sous la glace.
39:00Aujourd'hui,
39:01on a à peu près
39:0112 000 mètres cubes
39:02d'eau sous nos pieds
39:03ce qui est beaucoup
39:04moins important
39:05qu'en 2010
39:06puisqu'en 2010
39:07on avait à peu près
39:0855 000 mètres cubes.
39:10Mais le glacier
39:10reste imprévisible.
39:12Une poche d'eau
39:12peut en cacher une autre.
39:14En revanche,
39:15l'année dernière,
39:16en 2013,
39:17on a trouvé un autre,
39:18on a découvert
39:18un autre volume d'eau
39:19à l'amont
39:20et qu'il faut absolument
39:22bien identifier en 2014
39:24pour savoir exactement
39:25ce que représente
39:26ce volume d'eau.
39:28Pour éviter un drame,
39:29les scientifiques
39:30sondent le glacier
39:32parcelle par parcelle.
39:34Ils veulent en comprendre
39:35le fonctionnement.
39:37Ils pratiquent ici
39:38des carottages
39:39pour déterminer
39:40l'évolution du glacier
39:41d'une année sur l'autre
39:42et son niveau de fonte.
39:45Ah, voilà la carotte.
39:51Oui, tu peux y aller là,
39:52je crois.
39:53Donc on calcule
39:54la densité carotte par carotte
39:55et ensuite,
39:57sur tout le long
39:58de la carotte,
39:58ça nous donne
39:59la hauteur d'eau.
40:00En fait,
40:01non seulement on a
40:01la hauteur de neige,
40:03d'épaisseur du manteau neigeux,
40:05mais aussi on a
40:06l'équivalent en mètres d'eau.
40:07Et c'est ça qui nous intéresse
40:08pour avoir l'accumulation
40:10totale de neige hivernale.
40:1238,5.
40:19Donc c'est la longueur
40:20de la carotte.
40:2238,5 mm.
40:29Et puis ensuite,
40:30je mesure la circonférence.
40:32Donc la circonférence,
40:33c'est 24,2.
40:35Là, le carottage nous montre
40:41qu'il y a entre 3 mètres
40:44et 3,8 mètres de neige.
40:48La quantité de neige hivernale.
40:51Pas beaucoup de neige,
40:52donc ça veut dire
40:52qu'il va être rapidement en glace,
40:55découvert de neige.
40:57Et une fois que le glacier
40:58est complètement découvert
40:59de son manteau neigeux hivernal,
41:02la fonte est accélérée.
41:04L'eau de fond devrait normalement
41:07s'écouler,
41:08mais à tête rousse,
41:09elle est bloquée
41:09en raison d'un phénomène thermique.
41:12C'est cela qui crée le danger.
41:17Il faut surveiller
41:18les variations du niveau d'eau
41:20et pour être sûr
41:22que le niveau d'eau
41:23n'augmente pas considérablement,
41:26ce qui serait signe
41:27d'une surpression.
41:28Puisque le risque, en fait,
41:30de ce glacier
41:31et de ces poches d'eau,
41:32c'est qu'elles s'étendent
41:34vers l'aval
41:35et se constituent
41:38dans la langue
41:38du glacier
41:39et sous l'effet
41:41de la pression d'eau,
41:42il pourrait y avoir
41:43rupture.
41:45Grâce à l'expertise
41:46des scientifiques
41:46et pour prévenir
41:47toute rupture,
41:49un dispositif d'alerte
41:50est installé
41:51à la base du glacier.
41:53Ces câbles d'acier
41:54sont reliés
41:54à des fusibles.
41:56Au contact
41:56d'une vague d'eau,
41:58ils déclenchent automatiquement
41:59des sirènes
41:59positionnées dans la commune
42:01de Saint-Gervais.
42:03Si le glaciologue
42:04lance l'alerte en 2010,
42:06c'est qu'il sait
42:06ce scénario probable,
42:08car il s'est déjà produit.
42:10C'était il y a 120 ans.
42:18Ces rares photos
42:19témoignent de la catastrophe.
42:22Une ouverture béante
42:23à la base du glacier.
42:24Sous la pression,
42:2580 000 m3 d'eau
42:27se libère.
42:27Une lave torrentielle
42:29formée de bouts,
42:30de pierres et d'arbres
42:31balaie presque tout
42:32sur son passage.
42:34Elle dévale la montagne
42:35sur plus de 3000 mètres
42:36de dénivelé.
42:38Elle s'abat alors
42:39sur quelques habitations
42:40et sur les bâtiments
42:41des termes de l'époque.
42:43Habitants et curistes
42:44sont surpris
42:45dans leur sommeil.
42:48Au petit matin,
42:49175 corps
42:50sont retrouvés sans vie.
42:52Le drame
42:52a un retentissement national.
42:57Saint-Gervais
43:02était une belle
43:03station thermale.
43:05On venait en Calèche
43:06depuis Genève.
43:09Et puis,
43:09il n'y avait plus rien
43:10au petit matin
43:11dans ce parc thermal.
43:13C'est très précieux
43:14parce que
43:15ce sont des images
43:16qui montrent
43:17l'ampleur
43:18de ce qui s'est passé.
43:21Et on se rend compte
43:22que
43:23si on transpose
43:24ce qui s'est passé
43:24à maintenant,
43:25de 200 morts,
43:27on a évalué
43:28que ça représenterait
43:28aujourd'hui
43:293 000-4 000 victimes
43:30potentielles.
43:31Ces photos
43:32ont une grande valeur
43:33pour Jean-Marc Payex,
43:35le maire de Saint-Gervais.
43:36Il fait de l'anticipation
43:38du risque
43:38un combat personnel.
43:40Pour lui,
43:41un phénomène proche
43:42de celui de 1892
43:43aurait aujourd'hui
43:44des conséquences
43:45bien plus graves
43:46pour sa ville.
43:47Il nous emmène
43:48au Fayet,
43:49le quartier bas
43:50de Saint-Gervais.
43:51C'est le plus menacé
43:52par une éventuelle
43:53lave torrentielle.
43:55En 1892,
43:57il n'y avait ici
43:57que des champs.
43:59Aujourd'hui,
44:00c'est devenu
44:00une zone fortement peuplée
44:01et un axe stratégique
44:03où se côtoie
44:04le chemin de fer
44:05et l'autoroute
44:06qui mène au tunnel
44:06du Mont-Blanc.
44:07Maintenant,
44:08il y a à peu près
44:082 500 habitants
44:10au Fayet.
44:12Donc,
44:13c'est devenu
44:13un gros bourg
44:17avec l'arrivée
44:19du train
44:21dans les années 1900.
44:22Tout ça,
44:25ça n'existait pas.
44:25Pour mieux se préparer,
44:26les autorités
44:27imaginent
44:27le pire scénario
44:28possible.
44:30Donc,
44:30si aujourd'hui,
44:32il y avait
44:32la lave torrentielle
44:35venait à s'écouler ici,
44:38tout ça,
44:39ce serait rayé
44:39de la carte.
44:41Alors,
44:41avec quelle importance,
44:42avec quelle hauteur ?
44:46Voilà,
44:46ça,
44:46c'est...
44:47Est-ce que les bâtiments
44:48résisteraient ou non ?
44:49c'est toute l'inconnue.
44:50Nous,
44:50on était partis
44:51du principe
44:51que le risque maximum
44:53était de tout balayer,
44:56tout enlever,
44:58tous les bâtiments.
45:01Plus de 120 ans après,
45:03un établissement thermal
45:04s'élève toujours
45:05au même endroit
45:06à Saint-Gervais.
45:07Mais le cadre
45:07a bien changé.
45:08C'est un rocher
45:29qui provient
45:29de la catastrophe
45:30de 1892,
45:31c'est-à-dire
45:31qui est descendu
45:32peut-être pas
45:33du glacier de Tétrus
45:34à 3200 mètres,
45:35mais en tout cas
45:36de la montagne
45:36qui a été emportée
45:37par les flots
45:38et c'est un peu
45:39comme un iceberg
45:40puisqu'il est enterré
45:42dans le limon
45:43qui a été emmené
45:44avec la catastrophe
45:45de 1892.
45:47Donc on est sur des traces
45:48qui montrent bien
45:49quelle était la violence,
45:50quelle était l'importance
45:51et qui ont été
45:53autant d'armes
45:54qui ont
45:55complètement démoli
45:57tous les bâtiments
45:58thermaux
45:58qui étaient ici.
46:01Seuls ces rochers
46:02témoignent aujourd'hui
46:03de la violence
46:03de la lave torrentielle.
46:05La quiétude
46:06des curistes
46:07qui viennent profiter
46:07des eaux thermales
46:08contraste avec le drame
46:10qui s'est joué ici
46:11il y a plus d'un siècle.
46:17Là, on a un des bâtiments
46:19qui est un des seuls bâtiments
46:21qui reste de cette catastrophe,
46:23qui est un peu un témoin,
46:24qui a été protégé
46:25parce qu'il est contre la montagne.
46:27C'était probablement
46:28des salles de bain
46:30avec des baignoires
46:32où on faisait des traitements.
46:35Quand on est ici,
46:36on a du mal à imaginer
46:37qu'à l'époque,
46:39il y a plus d'un siècle,
46:40il y avait une vague
46:42de 20 mètres
46:42ou de 30 mètres d'eau
46:43qui a jaillit
46:45de cette gorge
46:47du Bon Nant
46:48et qui a fait
46:49autant de victimes.
46:51Pour protéger
46:52cette zone
46:52d'une éventuelle
46:53lave torrentielle
46:54du glacier,
46:55un système d'alerte
46:55a donc été mis en place.
46:57Alors s'il y avait une alerte,
46:58on a tout un dispositif
47:00de sirènes
47:01qui ont été placées
47:02à des endroits
47:03qui ont été bien calculés
47:04pour que les gens entendent.
47:07Eh bien cette sirène,
47:08elle donnerait l'alerte,
47:09une alerte de départ.
47:10C'est-à-dire que
47:11quand elle sonne ici,
47:12ça veut dire
47:12que ça s'est déclenché
47:14au glacier de Tétrous
47:15et que les gens
47:16ont une demi-heure
47:17pour partir.
47:18Et ils vont ensuite
47:19aller sur des points
47:20de rassemblement
47:20qui sont proches
47:22ici d'établissements thermals
47:23et qui vont leur permettre
47:24d'être à une hauteur
47:26qui a été calculée
47:27comme étant sécurisée
47:30et même s'il y avait
47:32une lave
47:33qui passait à proximité.
47:3519 points de rassemblement
47:37proches des zones à risque
47:38sont ainsi disséminés
47:40dans la commune.
47:41Ils sont prêts
47:41à accueillir la population.
47:43Le point de rassemblement
47:44le plus proche des termes
47:46se trouve en hauteur,
47:47à quelques dizaines
47:48de mètres des bâtiments.
47:51On domine complètement
47:53le parc thermal.
47:54Alors c'est vrai
47:56qu'on a largement
47:57la marge
47:57de voir passer
47:59un torrent de boue
48:01ou une lave torrentielle.
48:06L'histoire a failli
48:07se répéter.
48:08Comme cette nuit
48:09du 29 juillet 2013
48:10à 1h30 du matin,
48:12en plein orage,
48:13les sirènes
48:13se mettent à hurler.
48:15La population
48:16n'a alors,
48:16selon les cas,
48:17que 15 à 30 minutes
48:18pour se mettre à l'abri.
48:19fausse alerte.
48:27C'est l'orage
48:27qui a déclenché
48:28l'alarme sur le glacier.
48:30Mais surprise,
48:31sur 3 000 personnes
48:32concernées
48:32par les consignes
48:33d'évacuation,
48:34seulement 1 000 et environ
48:36ont rejoint
48:36un point de rassemblement.
48:38La fausse alerte
48:39a coûté à elle seule
48:40plus de 70 000 euros
48:42à la commune,
48:43auquel s'ajoute
48:44le coût global
48:45de ce plan de prévention
48:46depuis 2010,
48:48soit 5 millions d'euros.
48:49Si l'État
48:50accompagne la mairie
48:51pour financer
48:52cette prévention,
48:53le budget reste important
48:54pour une menace
48:55que personne
48:56dans la vallée
48:56n'a vu se concrétiser.
48:59Si certaines voix
48:59s'élèvent contre
49:00une prévention
49:00qu'elle juge
49:01excessive et coûteuse,
49:02Jean-Marc Payex,
49:03lui,
49:04juge le débat déplacé.
49:05C'est de l'argent,
49:07bien évidemment,
49:075 millions d'euros,
49:08c'est beaucoup,
49:09c'est beaucoup ou pas beaucoup,
49:11ça dépend avec quelle échelle
49:12et à quelle dimension
49:13de territoire
49:14on en parle.
49:15Mais par rapport
49:15à ce que l'on a fait
49:17de positif,
49:18c'est-à-dire
49:18la préservation des vies,
49:20c'est absolument rien.
49:21Et la leçon,
49:22la leçon
49:23et la jurisprudence
49:24de Tétrous,
49:26c'est que
49:26c'est la première fois
49:27en France
49:28où on a utilisé
49:29de l'argent,
49:30certainement beaucoup,
49:32pour préserver
49:33des vies humaines
49:33et non pas
49:34pour aller
49:35indemniser des familles
49:37et reconstruire des maisons.
49:40À Annecy,
49:40la préfecture de Haute-Savoie,
49:42en charge
49:42de l'organisation
49:43des secours,
49:44tire pour sa part
49:45une vraie leçon
49:46de cet exercice
49:46grandeur nature,
49:48un exercice involontaire.
49:50Il y a des gens
49:51qui ne se sont pas levés,
49:52il y a des gens
49:52qui ont entendu la sirène
49:53et qui ne se sont pas levés.
49:55Sur ces gens-là,
49:55il y a certainement
49:56des gens qui ont entendu
49:57la sirène
49:57et qui ne savaient pas
49:59ce qu'il fallait faire,
50:00donc qui ne se sont pas levés.
50:01Puis il y a aussi
50:01des gens qui ont entendu
50:02la sirène,
50:03qui ont dit
50:03ça va pas descendre
50:04et puis qui sont restés au lit.
50:05Ça, c'est difficile
50:06de gérer des situations comme ça.
50:07On ne peut pas
50:09prendre la main
50:11de tous les habitants.
50:12La sécurité,
50:13c'est aussi l'affaire de tous,
50:14la responsabilité de tous.
50:16Je ne pense pas
50:16qu'il y ait à Saint-Gervais
50:17un défaut d'information
50:17de la population
50:18et un manque de prise
50:19de conscience du risque.
50:20Mais ce n'est pas simple à faire.
50:22Est-ce que les gens
50:23y croient encore ?
50:24Est-ce qu'il existe
50:25vraiment un risque ?
50:26Puisqu'il n'est pas survenu.
50:29Rien ne s'est passé.
50:31Mais c'est quand même
50:32toute la philosophie
50:33de notre dossier.
50:34c'est faire en sorte
50:35qu'il ne se passe pas.
50:37Cette politique
50:38semble cautionnée
50:39par les habitants
50:40de Saint-Gervais.
50:41En témoignent
50:42les suffrages
50:43que Jean-Marc Péex
50:44a rassemblés
50:45au premier tour
50:46des municipales.
50:4778 %.
50:48Si le glacier
50:50de Tétrousse
50:51demeure un cas atypique,
50:53qu'en est-il
50:54des autres glaciers
50:54des Alpes ?
50:56Quelles menaces
50:56représentent-ils
50:57alors qu'ils subissent
50:58de nombreuses modifications
50:59dans un contexte
51:00de changement climatique ?
51:02Nous sommes allés
51:03poser la question
51:04à Jean Jouzel,
51:05glaciologue et climatologue.
51:07Il est vice-président
51:08du GIEC,
51:09le groupe intergouvernemental
51:10d'experts sur le climat.
51:12Le fait que la langue
51:14glaciaire puisse disparaître
51:16peut effectivement
51:17rendre un peu instable
51:18la partie haute du glacier.
51:20Pas par fonte,
51:21mais par chute de glace
51:22effectivement.
51:23Si le réchauffement
51:24climatique se poursuit,
51:26eh bien,
51:26ces glaciers
51:27n'échapperont pas
51:28à une fonte supplémentaire,
51:30voire une fonte massive.
51:30Donc, effectivement,
51:32ça impose
51:33de faire attention.
51:35Moi-même,
51:36je viens de terminer
51:38un rapport
51:38sur l'adaptation
51:39au réchauffement climatique
51:40et évidemment,
51:42ce type d'attention,
51:43porter de l'attention
51:44aux risques futurs
51:45qui vont s'aggraver
51:47à cause du réchauffement climatique
51:48et je crois
51:49à une mesure très saine
51:50de prévention.
51:51Il faut faire
51:51extrêmement attention.
51:53En termes d'aménagement,
51:54je dirais simplement
51:55d'infrastructures
51:57ou de bâtiments,
51:58eh bien,
51:58il faut connaître,
51:59il suffit de bien connaître,
52:00d'étudier les endroits
52:02où il y a des risques
52:02d'avalanches l'hiver
52:05qui sont liées à la neige
52:06mais aussi le risque
52:07de suité de trousse.
52:09Et puis,
52:09si vous voulez vraiment
52:10préserver les glaciers,
52:11il n'y a qu'une solution,
52:12c'est de lutter
52:12contre le réchauffement climatique.
52:14Avec l'augmentation
52:14de la fréquentation
52:15était comme hiver
52:16des massifs alpins,
52:18tous ceux que nous avons rencontrés
52:19tiennent à rappeler
52:20une réalité.
52:21En montagne comme en mer,
52:23sécurité rime avec humilité.
52:25Malgré leur beauté,
52:26ces paysages
52:27restent un milieu hostile
52:28où le danger peut surgir
52:30en quelques instants.

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