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Le 19 mars 2023, le Credit Suisse est racheté par l'UBS. Deux ans plus tard, le choc est encore profond. Comment en est-on arrivé là et quelles sont les conséquences de ces turbulences ? La place financière suisse n'est aujourd'hui représentée que par une seule grande banque. Comment gérer ce monopole, et quels en sont les risques ?
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00:00« On se trouve entraînés comme sur des rails.
00:15Il faut absolument trouver une solution dans les plus brefs délais.
00:20Rétrospectivement, je me souviens d'une collaboration
00:22entre un nombre incroyable de personnes de toutes les instances.
00:27J'ai toujours gardé mon calme.
00:28À la fin, on a trouvé une solution, Dieu merci,
00:31qui nous a permis d'éviter les préjudices. »
00:38Une banque qui, récemment encore, valait plus de 30 milliards,
00:43a été bradée pour 3 milliards.
00:47Bradée, c'est vraiment le mot qui s'impose.
00:50« Quand une banque, comme le Crédit Suisse,
00:52perd son indépendance, son autonomie,
00:55et que vous avez passé votre vie à vous engager pour préserver ça,
00:58vous et toute votre équipe de collaborateurs,
01:01ça constitue évidemment une défaite terrible. »
01:04« Qui est responsable pour ce désastre ? »
01:07« Regardez, nous avons été élevés par les grandes lastes,
01:11nous avons été élevés par les risques qui se matérialisent. »
01:17« C'est le Crédit Suisse qui est responsable de sa chute. »
01:20« C'est l'attitude des responsables qui ont causé la perte de confiance
01:24et ont quasiment mené le Crédit Suisse à sa faillite. »
01:31« Il y a 100 ans, les dirigeants d'une banque en faillite allaient en prison. »
01:43« De nos jours, on retrouve les dirigeants d'une banque en faillite
01:45dans une station balnéaire des Caraïbes. »
01:49« Autrefois, en Suisse, il y avait cinq grandes banques.
01:52Maintenant, il n'y en a plus qu'une. »
01:55« Tout le monde sait bien que c'est le Crédit Suisse lui-même
02:12qui a provoqué pendant des années la situation dans laquelle il s'est retrouvé.
02:18Ce n'est pas le fruit d'une seule décision.
02:21Ça démontre que lorsqu'une banque sombre,
02:23l'État doit intervenir non pas pour sauver la banque,
02:27il ne s'agissait pas de sauver le Crédit Suisse,
02:30mais d'éviter que la Suisse subisse des préjudices.
02:34C'est l'UBS qui a racheté le Crédit Suisse.
02:36Quant à l'État, il a garanti des liquidités. »
02:40« La Confédération et la Banque Nationale ont accordé des aides
02:59sous forme de liquidités et de garanties
03:01pour un montant total de 259 milliards de francs.
03:05Et bien sûr, j'ai été choqué par cette information
03:08en regardant la conférence de presse.
03:13Ça fait mal. »
03:16Joseph Ackermann a occupé pendant 20 ans
03:18des fonctions de direction au Crédit Suisse,
03:21avant de faire carrière à la Deutsche Bank
03:22et de se faire un nom dans le monde entier.
03:26Pendant la crise de l'euro,
03:28il a été un proche conseiller de la chancelière allemande Angela Merkel.
03:31« Ce n'est pas uniquement le fait
03:36que le Crédit Suisse allait disparaître.
03:38C'est aussi une grande perte pour la place financière suisse.
03:42Au dieu du monde, avoir deux grandes banques,
03:44c'est évidemment un signal très fort. »
03:50Arthur Albrecht a été un client fidèle du Crédit Suisse
03:53pendant 30 ans.
03:55Petit actionnaire, il possède également des hypothèques
03:57d'une valeur de plusieurs millions de francs.
03:59« Un choc.
04:04Un choc, tout simplement.
04:06Je me souviens que j'avais rendez-vous
04:08avec un copain pour boire un verre
04:09et je lui ai dit « Tu peux me féliciter ?
04:11Je viens de perdre 20 000 francs. »
04:14« C'était pas vrai.
04:15Mais lors du premier choc, c'était tout comme. »
04:19Arthur Albrecht suit de près la destinée
04:21des entreprises dans lesquelles il détient des actions.
04:25Il ne manque jamais une assemblée générale.
04:27« J'étais tout à fait conscient que quelque chose de grave se tramait.
04:47À vrai dire, je pensais qu'il ferait quelque chose de similaire
04:50à ce qui s'était passé lors du sauvetage de l'UBS.
04:52J'aurais jamais imaginé qu'ils allaient lâcher le morceau.
04:59Et encore moins qu'on dise aux actionnaires
05:00« On va brader vos actions. Un point, c'est tout. »
05:04C'était une banque qui avait du panache.
05:07Andreas Gerber a travaillé pendant 34 ans au Crédit Suisse.
05:11Dans sa dernière fonction, à partir de 2020,
05:14il dirigeait les affaires de la clientèle commerciale en Suisse.
05:16« Sur le plan émotionnel, ça a été vraiment les montagnes russes.
05:22D'un côté, on a éprouvé du soulagement d'avoir une solution,
05:26et une solution suisse, ce qui n'allait vraiment pas de soi.
05:31Et d'un autre côté, de la tristesse.
05:35Parce que pour nous, c'était un pan important de notre vie
05:38qui allait disparaître.
05:39À l'époque, j'avais un bureau à Lutlihof.
05:44Tous les collaborateurs étaient dans le couloir.
05:47C'était comme un enterrement.
05:48Certains pleuraient, étaient désespérés.
05:50D'autres avaient peur.
05:53Les collaboratrices et les collaborateurs
05:54étaient très fiers de travailler au Crédit Suisse.
05:56Et tout le monde était convaincu d'avoir fait
05:58et de faire encore du bon travail.
06:01Et puis la réalité vous rattrape
06:02et vous fait comprendre que vous ne réussirez pas
06:04à franchir la ligne d'arrivée.
06:05Mais malgré tout, vous êtes content que les choses continuent.
06:09Pour l'ensemble du personnel et pour les clients,
06:12ça a été essentiel de savoir que ça allait continuer
06:14sous une forme ou sous une autre.
06:17Deux ans plus tard, le sigle de la banque victorieuse
06:20orne désormais l'ancien siège du Crédit Suisse
06:23à la Paradeplatz, à Zurich.
06:25L'UBS a avalé le Crédit Suisse.
06:30On fait appel à Sergio Hermotti
06:32pour devenir le nouveau PDG.
06:35Ça a représenté un grand honneur pour moi,
06:38mais aussi une responsabilité
06:40envers la banque et mes collègues,
06:42mais aussi envers, si je puis dire,
06:44la place financière suisse et notre pays.
06:48Actuellement, la nouvelle grande banque
06:50emploie près de 109 000 collaborateurs
06:52dans le monde entier.
06:54D'après les estimations,
06:56il serait 10 000 de moins
06:57qu'au moment de l'acquisition du Crédit Suisse
06:59en 2023.
07:00L'UBS gère des actifs
07:03d'une valeur de plus de 6 000 milliards de dollars.
07:08Aujourd'hui, nous sommes
07:09le plus grand gestionnaire de fortune au monde.
07:12La Suisse dispose donc
07:13d'une banque universelle très forte.
07:16En février 2025,
07:18l'UBS a annoncé un bénéfice
07:20de plus de 5 milliards de dollars.
07:22De plus, elle compte racheter des actions
07:24pouvant atteindre 3 milliards de dollars.
07:26Plus attractif pour les actionnaires,
07:44c'est-à-dire qu'avec moins d'actions,
07:46la valeur de chacune d'elles augmente.
07:49L'ennui, c'est qu'avoir moins d'actions
07:51signifie disposer de moins de fonds propres,
07:53ce qui est très controversé,
07:54car en principe, plus une banque a de fonds propres,
07:57plus elle est sûre.
08:00Combien de fonds propres
08:01l'UBS doit-elle détenir à l'avenir ?
08:04Après le naufrage du Crédit Suisse,
08:06cette question fait débat.
08:07Évidemment, les banques qui comptent sur le plan systémique
08:27trouvent bénéfique d'avoir moins de fonds propres,
08:29mais il ne faut pas oublier les contribuables.
08:30Pendant plusieurs années,
08:34Urs Birschler a représenté la Banque Nationale Suisse
08:36au sein du comité de Bâle sur le contrôle bancaire.
08:43La question à laquelle il convient de répondre est la suivante.
08:47Qui doit assumer le risque ?
08:49Est-ce la banque ou est-ce le contribuable ?
08:52À mon avis, c'est au propriétaire d'assumer le risque,
08:56c'est-à-dire la banque.
08:57Mais en cas de crise, il faut s'assurer que les charges
09:00pèseront le moins possible sur les contribuables.
09:03On est encore assez loin de la promesse faite aux contribuables
09:08qu'il ne devra plus jamais mettre la main au porte-monnaie
09:10ni se porter garant.
09:12On en est malheureusement assez loin.
09:16Pour évaluer les risques à l'avenir,
09:18il faut comprendre ce qui s'est passé.
09:21Les fonds propres ont joué un rôle crucial
09:23dans la chute du Crédit Suisse.
09:30La conseillère aux états fribourgeoises Isabelle Chassot
09:33a présidé la CEP,
09:35la commission d'enquête parlementaire
09:36sur la débâcle du Crédit Suisse.
09:40Au cours de 45 séances tenues pendant un an et demi,
09:4414 parlementaires de tous les partis
09:45ont mené 79 auditions
09:47avec des membres des autorités,
09:49des représentants des banques et des experts.
09:56Qu'est-ce qui vous a le plus choqué ?
09:59Ce sont l'attitude des banquiers
10:03et ce sont les bonnys qu'ils ont versés
10:05et les pertes qu'ils ont enregistrées en même temps.
10:08Entre 2012 et 2022,
10:11trois chiffres pour le dire,
10:1331, et quelque chose,
10:15milliards de bonnys distribués,
10:1733, et quelque chose,
10:19milliards de pertes
10:20pendant cette même période
10:21et 11 milliards d'amendes.
10:23Ces chiffres montrent
10:25le management totalement insuffisant
10:28de cette banque.
10:29Fin décembre 2024,
10:32la CEP a rendu public
10:33un rapport de 569 pages.
10:39Nous avons souhaité vous présenter
10:41notre rapport de manière commune.
10:45L'un des principaux résultats révélés par la CEP
10:47est que le Crédit Suisse
10:49n'avait pas suffisamment de fonds propres
10:50depuis longtemps.
10:51De très nombreuses personnes
10:55ont dit que le Crédit Suisse
10:57ne s'était pas effondré
10:58à cause d'un manque de fonds propres.
11:01En y regardant de près,
11:02il apparaît que le Crédit Suisse
11:04était bel et bien sous-capitalisé.
11:06Il n'avait pas suffisamment de fonds propres.
11:08Fin 2022,
11:09il n'y avait plus que la moitié
11:10des fonds nécessaires.
11:14Urs Birschler
11:15est l'un des experts
11:16auxquels la commission d'enquête
11:17parlementaire a fait appel.
11:18Le filtre réglementaire
11:36a permis au Crédit Suisse
11:37de compenser
11:38des participations étrangères
11:39surévaluées
11:40avec des participations
11:41nationales sous-évaluées.
11:44Ce qui lui a longtemps permis
11:46de présenter
11:46les fonds propres de son siège,
11:48sans faire apparaître
11:49les pertes
11:50sur les participations étrangères.
11:56Le filtre réglementaire
11:58masquait la situation réelle
12:00de CSSA.
12:01Si la proportion
12:03de fonds propres de CSSA
12:04avait été publiée
12:05sans ce filtre,
12:07les marchés des capitaux,
12:08les analystes ou les médias
12:09auraient disposé
12:10d'une information
12:11plus transparente
12:12pour prendre leurs décisions.
12:13Grâce au filtre réglementaire,
12:19le Crédit Suisse
12:20a toujours été en mesure
12:21de se présenter
12:22comme solvable
12:23vis-à-vis de l'extérieur.
12:25Si le Crédit Suisse
12:26n'avait pas obtenu
12:27le filtre réglementaire,
12:29il aurait dû avoir
12:29beaucoup plus de fonds propres
12:30à partir de 2019 environ.
12:33La banque aurait dû lever
12:34des capitaux sur le marché
12:35d'un montant
12:36de 10 à 15 milliards.
12:39On peut se demander
12:43si elle aurait été
12:44encore en mesure
12:45de le faire
12:45ou si ça aurait déjà
12:46éveillé des soupçons
12:47à son égard.
12:49C'est Marc Branson,
12:51le directeur de la Finma
12:52de l'époque,
12:53qui a permis au Crédit Suisse
12:54d'utiliser le filtre réglementaire.
12:57La direction et le conseil
12:58d'administration actuel
13:00de la Finma
13:00ne s'expriment pas
13:01à ce sujet.
13:02Pour le Crédit Suisse,
13:04cela a eu comme effet
13:05qu'elle n'a pas eu besoin
13:06de revoir de fonds en comble
13:08de sa stratégie.
13:10Elle a pu obtenir
13:11encore un filtre réglementaire
13:13qui a causé des problèmes
13:16par la suite.
13:18Il y a un manque
13:19de fonds propres,
13:20mais personne ne le sait.
13:21Six mois avant sa fin,
13:23le Crédit Suisse
13:23est rattrapé
13:24par une perte de confiance
13:25à son égard.
13:28Le 1er octobre 2022,
13:29un journaliste australien
13:31tweet
13:31« Une source crédible
13:33me dit qu'une grande banque
13:34d'investissement internationale
13:35est au bord du gouffre. »
13:38Avec pour conséquence
13:39que les clients retirent
13:40leur argent du Crédit Suisse
13:41pour un montant
13:42atteignant plusieurs milliards.
13:44« Pour moi, personnellement,
13:53comme pour de nombreux collègues
13:54impliqués,
13:57ce mois d'octobre 2022
13:58a été très important.
14:02Parce qu'un bilan bancaire
14:03de 600 milliards
14:04avec 90 milliards
14:06de prélèvements,
14:08c'est unique dans l'histoire.
14:09Et on l'a tous encore
14:11en travers de la gorge
14:12aujourd'hui. »
14:15Marlène Amstad
14:15préside la FINMA,
14:17l'autorité de surveillance
14:18des marchés financiers,
14:20depuis janvier 2021,
14:22deux ans avant
14:22l'effondrement
14:23du Crédit Suisse.
14:26« En fait,
14:27le Crédit Suisse
14:28est le premier grand exemple
14:29d'une nouvelle ère.
14:32De nos jours,
14:33l'argent transite
14:34par voie électronique.
14:35Plus personne n'a besoin
14:36de mettre ses chaussures
14:37pour se rendre à la banque
14:39avant de repartir
14:39avec de l'argent liquide.
14:41Ça se fait en un clin d'œil.
14:44On dit qu'il peut s'écouler
14:45un million par seconde.
14:47En cas de perte de confiance,
14:49plus aucune banque
14:49n'est en mesure
14:50de conserver ses liquidités.
14:52»
14:52« À cette période,
14:54on a vraiment pris la mesure
14:55de l'importance
14:56de la réputation
14:57pour une banque.
14:59Et plus particulièrement
15:00des effets
15:00d'une réputation dégradée.
15:04Ce qu'on oublie
15:05quand on parle
15:05de ces montants élevés,
15:07c'est qu'au final,
15:08c'est le ressenti
15:08du client
15:09qui fait foi
15:09quand il se demande
15:11« Mon argent
15:12est-il en sécurité ? »
15:14Quand vous constatez
15:15qu'il y a des milliards
15:16qui sortent,
15:17votre niveau de stress
15:18monte d'un cran
15:19quand vous remarquez
15:20que la confiance
15:21n'est plus là
15:21et que le client
15:22retire ses liquidités
15:23parce qu'il ne fait
15:24plus confiance
15:25à la banque.
15:28Axel Lehmann,
15:29le président
15:30du conseil d'administration
15:31et le PDG
15:32Ulrich Koerner,
15:33tous deux en poste
15:34depuis peu,
15:35ne réagissent pas.
15:36Il renvoie
15:37à la nouvelle stratégie
15:38dont la communication
15:39est prévue
15:40quelques semaines
15:40plus tard.
15:42On a laissé planer
15:44l'incertitude
15:44très longtemps.
15:45À l'époque,
15:48j'ai dit au Crédit Suisse
15:49qu'il fallait communiquer
15:51sans tarder.
15:52Bien sûr,
15:53on a toujours des réserves
15:54sur le plan juridique,
15:55mais quand on joue
15:56sa survie,
15:57il faut les mettre
15:58de côté.
15:59Dans ces cas,
16:03il faut simplement
16:03se dire
16:04« j'y vais ».
16:05Le chef doit
16:06prendre les rênes
16:06et rétablir la confiance.
16:10Ce que les publics
16:11ignoraient
16:11à l'automne 2022,
16:13le rapport
16:13de la commission
16:14d'enquête parlementaire
16:15le révèle aujourd'hui.
16:18En secret,
16:19la Banque nationale,
16:20la FINMA
16:21et le département
16:22des finances
16:22se préparaient déjà
16:24à une éventuelle fin
16:25du Crédit Suisse.
16:27Six mois
16:28avant l'effondrement.
16:31Un élément
16:32m'a surprise.
16:33Le comité
16:33chargé
16:34des crises financières,
16:36on les a mis
16:37en mode crise
16:37à partir d'octobre
16:392022
16:40et on n'a pas pu
16:43pendant cette période
16:44réussir
16:45à stabiliser
16:47la situation
16:48ou à trouver
16:48une solution.
16:50Il a fallu
16:50attendre
16:51les cinq jours
16:52dramatiques
16:52du mois de mars.
16:55La situation
16:55est grave
16:56au point
16:56que l'autorité
16:57de surveillance
16:58des marchés financiers
16:59prépare
16:59un assainissement
17:00de la banque.
17:01La FINMA
17:02destitue
17:02la direction
17:03de la banque
17:03et en nomme
17:04elle-même
17:04une nouvelle.
17:08Ce dispositif
17:09d'assainissement
17:10aurait notamment
17:11permis
17:11que le Crédit Suisse
17:12reste une banque
17:13internationale.
17:15Un tel assainissement
17:16n'est pas
17:17un simple contrôle
17:17dentaire,
17:18c'est l'équivalent
17:19d'une opération
17:20du cœur.
17:20Jusqu'à présent,
17:24une telle procédure
17:25n'avait encore
17:26jamais été menée
17:27dans le cadre
17:28d'une banque
17:28d'importance
17:29systémique mondiale.
17:32C'est pourquoi,
17:33après la panique
17:33bancaire la plus
17:34importante de l'histoire
17:35en octobre 2022,
17:37nous, la FINMA,
17:38avons organisé
17:39un exercice
17:40avec nos autorités
17:41partenaires,
17:42c'est-à-dire
17:42surtout les États-Unis
17:43et la Grande-Bretagne,
17:45et bien sûr
17:46aussi nos partenaires
17:46ici en Suisse.
17:47Lors de cet exercice
17:50d'assainissement,
17:51on a utilisé
17:51les chiffres effectifs
17:52du bilan
17:53du Crédit Suisse.
17:56Cet exercice
17:56s'est déroulé
17:57dans la plus grande
17:57confidentialité.
17:59À ce propos,
18:00on peut souligner
18:01qu'il est remarquable
18:02qu'il n'y ait eu
18:02aucune fuite.
18:07Les conséquences
18:08auraient été dramatiques
18:10si on avait appris
18:11que la FINMA
18:12et d'autres répétaient
18:13et préparaient
18:14cet assainissement
18:15financier.
18:17Un assainissement
18:18est l'un des dispositifs
18:20du cadre réglementaire
18:21« too big to fail ».
18:23Il a été introduit
18:24au niveau international
18:25après la crise financière
18:26de 2008,
18:28afin de stabiliser
18:29les banques
18:29d'importance systémique
18:30en cas de crise.
18:32Mais ce n'est pas tout.
18:34La commission d'enquête
18:35parlementaire
18:36a révélé
18:36ce que l'on appelle
18:37les non-réunions.
18:39Le conseiller fédéral
18:40Uli Maurer
18:41et le président
18:42de la Banque nationale suisse
18:43Thomas Jordan
18:44ont rencontré
18:45le président
18:45du conseil d'administration
18:46du Crédit Suisse
18:47Axel Lehmann
18:48de manière informelle
18:50et son procès-verbal.
18:52Ces personnes
18:53n'ont pas souhaité
18:53s'exprimer
18:54dans ce documentaire.
18:57Marlène Amstatt
18:57a été conviée
18:58trois fois
18:59à ces rencontres,
19:00mais elle se montre
19:00critique à leur égard,
19:02selon ses déclarations
19:03à la CEP.
19:04Ces réunions
19:05lui ont été présentées
19:06comme n'étant pas inscrites
19:07à l'ordre du jour,
19:08ne faisant pas l'objet
19:09d'un procès-verbal
19:10et n'ayant jamais eu lieu.
19:11Elle a mentionné
19:15que les échanges
19:15avec les autorités
19:16étaient soumis
19:17à des règles
19:18et considéré
19:19que l'absence
19:19de traces écrites
19:20posait un problème.
19:23C'était déjà le cas
19:25alors que je n'étais pas
19:26encore au département
19:27des finances
19:27à l'automne 2022
19:28quand mon prédécesseur
19:30est arrivé au conseil fédéral
19:32et qu'il a évoqué
19:33les problèmes
19:33de liquidité
19:34et de sortie de capitaux.
19:35À ce moment-là,
19:39tous les membres
19:39du conseil fédéral
19:40ont compris
19:41qu'il y avait des problèmes.
19:43Mais ensuite,
19:44on a dit
19:45que les choses
19:45s'étaient calmées,
19:46qu'elles s'étaient stabilisées
19:48et que la banque
19:49allait pouvoir
19:49s'en sortir
19:50par ses propres moyens.
19:53Fin octobre 2022,
19:55le moment est enfin venu
19:56pour le Crédit Suisse
19:57de communiquer.
19:58Une nouvelle Strategie,
20:00deren Eckpunkte
20:01Umbau des Investmentbanking,
20:03zusätzliches Eigenkapital,
20:05aber auch
20:06un massiver Stellenabbau.
20:08Was wir heute machen,
20:09ist nicht einfach
20:10noch mal
20:10etwas reorganisieren,
20:12sondern
20:12wirklich
20:13fundamental
20:14die Weichen
20:15für die Zukunft
20:16stellen,
20:17sodass wir
20:17eine viel bessere
20:18Balance haben.
20:19Wie Sie sagen,
20:21es ist ein grosser Tag
20:22und wir freuen uns.
20:24Es ist auch
20:24ein grosser Tag
20:25für alle unsere Mitarbeitenden.
20:27Wir zeigen heute
20:28was die neue
20:29Crédit Suisse ausmacht.
20:31Es wird eine einfacher,
20:32stabilere
20:33und fokussierter
20:34Bank sein in Zukunft.
20:36Tobias Straumann
20:37ist historien
20:38de l'économie
20:39et professeur
20:40à l'Universität
20:40de Zurich.
20:41Ses recherches
20:42portent sur
20:43l'histoire
20:43de l'argent
20:43et de la finance
20:44en mettant
20:45l'accent
20:45sur les crises
20:46financières.
20:48La nouvelle
20:48Strategie
20:49est arrivée
20:49beaucoup trop tard.
20:50S'ajoute à cela
20:51qu'elle était
20:51beaucoup trop compliquée
20:52et on ne l'a pas
20:52comprise.
20:54Il suffit
20:54de regarder
20:55le cours de l'action
20:55après l'annonce
20:56de cette nouvelle
20:57stratégie.
20:58Il a chuté
20:58de 18%.
21:00Dans les coulisses,
21:01les non-réunions
21:02entre Oly Moraire,
21:03Thomas Jordan
21:04et Axel Lehmann
21:05se poursuivent.
21:07Selon la présidente
21:08de la FINMA,
21:09l'absence
21:10de caractère
21:10contraignant
21:11de ces non-réunions
21:12a eu pour conséquence
21:13que le président
21:14du conseil
21:15d'administration
21:16du CS
21:16s'est plutôt senti
21:17conforté
21:18dans son estimation
21:19irréaliste.
21:22La CEP
21:23critique,
21:25en revanche,
21:26c'est le fait
21:27que le résultat
21:28de ces rencontres
21:29n'ait pas été
21:31à la fois
21:32protocolé,
21:33ça c'est une chose,
21:34mais que les informations
21:37n'aient pas été transmises
21:38aux autorités
21:39qui travaillaient
21:39en même temps
21:40sur des solutions
21:41pour les crises.
21:43Selon la CEP,
21:44Oly Moraire
21:44n'a donné
21:45une information
21:46orale
21:46à ses collègues
21:47sur la situation
21:48du Crédit Suisse
21:48par crainte de fuite.
21:51Dans ses déclarations publiques
21:52il s'est montré rassurant.
21:54Je pense que le CS
21:56cette courbe
21:57et pour la Schweiz
21:58est très, très important
21:59que nous avons
22:00deux grosses banques
22:01pour le financement
22:02de la fin de la fin de la fin de la fin.
22:03Et si elle ne peut pas
22:04cette courbe
22:05ne peut-être
22:05qu'il y a une deuxième
22:07rétion
22:07d'une grosse banque.
22:09Ce n'est pas
22:10que nous n'avons pas
22:11de la fin de la fin de l'année.
22:11Nous n'avons pas
22:12de la fin de la fin de la fin
22:13de la fin de la fin de la fin
22:14Les non-réunions ont continué.
22:25La dernière a eu lieu
22:26le 29 décembre 2022.
22:30Et puis bien sûr,
22:32la situation a empiré
22:34à la fin de l'année
22:35au moment de l'apparition
22:37du problème des liquidités.
22:39À ce moment-là,
22:42il aurait fallu dire
22:43« Là, il faut agir
22:45de manière déterminée ».
22:47Je sais que certains représentants
22:49du Conseil fédéral ont dit
22:51« On ne peut pas intervenir
22:52dans les affaires d'une banque.
22:54Il faut laisser faire ses dirigeants.
22:56Ils savent ce qu'ils font.
22:58Tout ira bien. »
23:00En l'occurrence,
23:01il faut se demander
23:02si on n'a pas été
23:03trop gentil.
23:05Il aurait fallu mener
23:06des discussions serrées
23:07en les mettant au pied du mur.
23:08en leur disant
23:09que ça impliquait le pays
23:11et que ça ne concernait
23:12donc pas uniquement
23:13cette banque.
23:15J'aurais souhaité
23:16un peu plus de courage.
23:19Ouli Morer
23:19s'est également montré
23:20laconique
23:21dans les informations
23:22transmises à sa successeur
23:23au département des finances.
23:25« Oui, Ouli. »
23:26« Oui, Ouli. »
23:27« Il y a un officiel acte
23:29en tant que camérasse. »
23:30« Oui. »
23:31« C'est rostreux. »
23:32« Peut-être que tu peux
23:32le faire. »
23:33« C'est bien, Ouli. »
23:35« Neut, les cœurs pour neut. »
23:38Selon la conseillère fédérale
23:43Karine Keller-Souter,
23:45elle n'a reçu aucun document écrit
23:47concernant le CS.
23:48Le chef du DFF de l'époque
23:50aurait qualifié
23:51la situation du CS
23:52de stable.
23:55Le rapport révèle
23:56que la conseillère fédérale
23:57Keller-Souter
23:58a voulu rencontrer
23:59la présidente de la FINMA
24:00immédiatement
24:01après la répartition
24:02des départements
24:03du 8 décembre 2022.
24:05Le conseiller fédéral
24:08Moraire
24:08a toutefois refusé
24:09une rencontre
24:10entre elle
24:11et la présidente
24:11du conseil d'administration
24:13de la FINMA.
24:16Les répercussions
24:17sont dévastatrices.
24:19À ce moment-là,
24:20Karine Keller-Souter
24:21n'est donc pas au courant
24:22de ce qui se trame
24:23dans les coulisses.
24:25« Nous indiquons
24:26que de toute manière
24:27à notre sens,
24:28le conseil fédéral
24:29comme collège
24:30aurait dû être informé
24:32de la situation grave
24:34dans laquelle
24:34se trouvait
24:35le Crédit Suisse
24:35à ce moment-là.
24:36Et il nous est apparu
24:37qu'il y avait là
24:39vraiment un manque
24:41d'informations
24:42qui a péjoré
24:43la situation.
24:44Nous l'avons dit,
24:44c'est la banque elle-même
24:45qui est responsable
24:46de sa situation.
24:48Mais il s'agit aussi
24:49d'améliorer
24:51à notre sens
24:52la coordination
24:54et l'échange
24:55d'informations
24:56et la collaboration
24:57entre le département
24:59fédéral des finances
25:01et la SNB
25:02et la FINMA.
25:03Ils travaillent
25:04sur la base
25:04d'un MOU
25:05qui demande
25:06à notre avis
25:07un réexamen
25:07de la situation.
25:09La nouvelle ministre
25:10des Finances
25:11souhaite rencontrer
25:12le directeur
25:12du Crédit Suisse
25:13mais cela n'a pas lieu.
25:15C'est par hasard
25:16que Karine Keller-Souter
25:17et Axel Lehmann
25:18se rencontrent
25:19en marge
25:20d'une conférence.
25:21Je lui ai demandé
25:24comment se portait
25:25le Crédit Suisse
25:26et comment il envisageait
25:28le rôle que l'État,
25:30la Banque Nationale
25:31ou qui que ce soit d'autre
25:32devait jouer.
25:34Il m'a répondu
25:35que le Crédit Suisse
25:36allait bien
25:36et qu'il n'avait pas besoin
25:38du soutien de l'État.
25:41Par la suite,
25:43il n'y a pas eu de rencontre
25:44parce qu'il n'a manifestement
25:46pas été possible
25:47au PDG
25:48et au président
25:49du conseil d'administration
25:51du Crédit Suisse
25:52de l'époque
25:52de trouver
25:54un créneau horaire
25:55qui leur permette
25:56de venir me voir.
25:59Le contact suivant
26:00n'a lieu que deux mois plus tard,
26:02quatre jours avant le crash.
26:05Début mars 2023,
26:07les banques américaines
26:08partent à la dérive.
26:10De très nombreux clients
26:11de la Silicon Valley Bank
26:13retirent leur argent.
26:14Le 13 mars,
26:15la banque s'effondre.
26:17Depuis un certain temps,
26:18un climat d'incertitude
26:19a aussi gagné l'Europe.
26:21En Suisse,
26:21la panique s'étend
26:22au Crédit Suisse.
26:25Vous attendez des mesures.
26:27Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
26:28Qu'est-ce qui va se passer ?
26:29Que vont faire les autorités
26:31et la Confédération ?
26:32Qu'est-ce qu'on va faire
26:33en tant que banque ?
26:34Qu'est-ce que le conseil
26:35d'administration nous dit ?
26:38On n'a tout simplement
26:40pas reçu d'informations.
26:41Il ne s'est plus passé
26:42grand-chose à ce sujet
26:43qui aurait permis
26:44qu'on se dise
26:45qu'on passe au plan B
26:46ou au plan C.
26:48Le 15 mars 2023,
26:56le président de la
26:57Saoudi National Bank,
26:59principal actionnaire
27:00du Crédit Suisse,
27:01exclut catégoriquement
27:02tout nouvel investissement
27:03dans la banque.
27:04Les autorités se montrent
27:10rassurantes.
27:12Le Crédit Suisse
27:14remplit les exigences
27:15en matière de capital
27:16et de liquidités
27:17imposées aux banques
27:18d'importance systémique.
27:21Malheureusement,
27:22lorsque la Banque Nationale
27:23et la Finma
27:24ont dit que les liquidités
27:26et le capital
27:26étaient conformes,
27:28ce qui était probablement vrai,
27:30je ne vais pas remettre
27:31ça en question,
27:32les marchés financiers
27:34n'y ont plus cru.
27:36En arrière-plan,
27:37la Finma,
27:38la BNS
27:39et le département des finances
27:40font pression,
27:41mais la gravité
27:42de la situation
27:42ne semble toujours pas claire
27:44pour le Crédit Suisse,
27:45selon le rapport de la CEP.
27:47Les représentants
27:48de la banque
27:48auraient fait preuve
27:49d'un manque manifeste
27:50de discernement.
27:52Les autorités
27:52auraient donc clairement
27:53communiqué au CS
27:54que la solution envisagée
27:56était de vendre la banque
27:57à l'UBS
27:57et que le CS
27:59devait prendre
27:59des dispositions
28:00en conséquence.
28:01« Quand la déferlante
28:05suivante est arrivée,
28:07quand les clients
28:07ont retiré
28:08de grandes quantités
28:09de liquidités,
28:10ce n'était plus
28:11qu'une question d'heure.
28:12Il n'y avait plus
28:13grand-chose à faire. »
28:16Le 19 mars 2023,
28:18l'UBS reprend
28:19le Crédit Suisse.
28:22Le Conseil
28:23m'aiderait
28:23que la banque,
28:25qui a été un
28:26pourzeige
28:26l'Institut
28:27de la Schweiz
28:28et un parte
28:29de nos stables
28:30standards
28:30überhaupt
28:32dans cette situation
28:33ne peut pas
28:33arriver.
28:34Je vais terminer
28:35par remercier
28:36toutes les parties
28:37qui sont involuées
28:37pour l'incredible
28:38travail
28:39et excellente
28:40collaboration
28:40dans les derniers jours.
28:43Au même temps,
28:44j'aimerais
28:45extenir un très bon
28:46welcome
28:46à tous nos nouveaux
28:47clients et collègues
28:48au monde.
28:50Était-ce la solution ?
28:52À ce jour,
28:53il n'y a pas
28:54d'unanimité
28:54à ce sujet.
28:56C'était simplement
28:58la solution
28:58qui, dans le contexte
29:00dans lequel on se trouvait,
29:01était la meilleure
29:02parmi toutes
29:03les mauvaises solutions.
29:04Nous étions tous
29:05conscients
29:06que cette situation
29:07aurait pu ébranler
29:08notre économie,
29:09qu'elle aurait pu
29:09entraîner de gros
29:10préjudices
29:11pour les citoyennes
29:12et les citoyens
29:13et qu'elle aurait
29:14également pu
29:14déclencher
29:15une crise financière
29:16internationale.
29:18À partir du moment
29:18où on a disposé
29:20d'une autre solution,
29:21il était du devoir
29:22des autorités
29:23de prendre la solution
29:24la plus à même
29:25de stabiliser
29:26cette situation.
29:29Nous avons toujours dit
29:31qu'une entente
29:31entre l'UBS
29:32et le Crédit Suisse
29:33constituait la variante
29:35qui présentait
29:36le moins de risques.
29:39Dans le cas
29:40où elle ne se serait
29:41pas entendue,
29:42nous,
29:42en tant qu'autorité
29:43de surveillance,
29:44Aurion était prêt
29:45à un assainissement
29:46et à prendre
29:47les mesures nécessaires.
29:50L'assainissement
29:50aurait été
29:51une des options.
29:53Arthur Albrecht
29:54aurait souhaité
29:55une autre variante
29:56« too big to fail »,
29:57d'autant plus
29:58que la Suisse
29:58s'était préparée
29:59à ces deux éventualités
30:00après le sauvetage
30:01de l'UBS.
30:02« On aurait pu sauver
30:05la banque.
30:06On aurait pu dire
30:07« Voilà,
30:07on va faire
30:08ce qu'on avait
30:08prévu de faire.
30:09On fait
30:10un crédit
30:10Suisse.
30:11Suisse.
30:13Un point,
30:13c'est tout.
30:15On se sépare
30:15de toute la partie
30:16étrangère.
30:17C'était une option
30:18qui avait été prévue.
30:19Dans ce cas,
30:20les choses
30:20auraient fonctionné. »
30:24En matière
30:25de solutions
30:25« too big to fail »,
30:26il y a deux options.
30:28L'assainissement,
30:29qui permet
30:30que les affaires
30:30internationales
30:31continuent d'exister,
30:33ou bien il y a
30:34la faillite.
30:35Le grand paquebot
30:36international
30:37Credit Suisse
30:38coule et seul
30:39le bateau
30:39ou la chaloupe
30:40suisse reste à flot.
30:42Seules les activités
30:43suisses survivent.
30:45Ces deux options,
30:46l'assainissement
30:46et la faillite,
30:47se trouvent
30:48dans le cadre
30:48du « too big to fail ».
30:51« Je comprends
30:53qu'on n'ait pas
30:53appliqué la réglementation
30:55« too big to fail »
30:56parce que personne
30:57ne l'a jamais essayé.
30:59Il est possible
31:00que le premier État
31:01qui aurait recours
31:01à cette solution
31:02se rende compte
31:03qu'elle ne fonctionne pas.
31:05C'est un privilège absolu
31:08et une situation unique
31:09qu'une banque suisse,
31:10l'UBS,
31:11ait été en mesure,
31:12par sa taille,
31:13son professionnalisme
31:14et son expérience,
31:16de s'engager
31:16et de sauver
31:17le crédit suisse.
31:20Évidemment,
31:21c'est difficile
31:22que ce soit
31:23votre concurrent principal,
31:24contre lequel
31:25vous vous êtes battu
31:26pendant des années,
31:27qui soit chargé
31:28et de vous sauver.
31:29Ce n'est pas très glorieux.
31:31Bien entendu,
31:32pour le marché,
31:33ce n'est pas bon
31:33et c'est déplorable
31:35de perdre un joueur
31:36très important
31:36parce que ça rend
31:37la concurrence
31:38unidimensionnelle.
31:40À mon avis,
31:43il aurait fallu
31:43conserver le crédit suisse.
31:47J'entends beaucoup
31:48de plaintes
31:49de la part
31:49de l'économie suisse.
31:51J'entends dire
31:51que la disponibilité
31:52des crédits
31:53n'est plus aussi bonne
31:54et bien sûr
31:55que la fixation
31:56des prix
31:57a changé.
32:01De mon point de vue,
32:02une option judicieuse
32:04aurait été
32:04que l'État
32:05soutienne
32:06le crédit suisse
32:07pendant un certain temps
32:08avant de revendre
32:11sa part
32:12à un moment donné.
32:15Tobias Straumann
32:16partage ce point de vue.
32:18Mais le terme
32:19de nationalisation
32:20provoque chez beaucoup
32:21un malaise,
32:22voire un sentiment
32:23de panique.
32:24Bon nombre
32:26de personnes
32:26sont encore
32:27d'avis
32:27que le Conseil
32:28fédéral
32:28aurait dû
32:28diriger la banque.
32:30C'est totalement faux.
32:31La situation
32:32ne nécessitait pas
32:33une nationalisation
32:34totale
32:35ni une surveillance
32:36étatique.
32:36Il fallait simplement
32:37procéder à une
32:38nationalisation partielle
32:39comme en 2008
32:40pour le BS.
32:41La Confédération
32:42avait alors participé
32:43au moyen
32:43d'un emprunt convertible.
32:45Je ne sais pas
32:46si ceux qui se disent
32:47en faveur
32:48d'une nationalisation
32:49du crédit suisse
32:50s'imaginent
32:51ce que cela implique.
32:52On ne parle pas
32:54d'une banque régionale
32:55mais d'une banque
32:56d'importance systémique
32:57active au niveau mondial
32:59qui avait des investissements
33:01internationaux
33:02dans des dizaines
33:03de pays.
33:06Si l'État
33:07avait repris la banque
33:08en voyant aujourd'hui
33:09les procès
33:10que l'UBS
33:11doit mener
33:11à la place
33:12du crédit suisse
33:13avec les risques
33:14juridiques,
33:16les risques financiers
33:17que l'État
33:17aurait dû prendre
33:18en charge,
33:20ça aurait été
33:20la pire des solutions.
33:24Pour comprendre
33:25la débâcle
33:26du crédit suisse,
33:27il faut chercher
33:27dans le passé.
33:32En quoi le crédit suisse
33:34a-t-il échoué ?
33:34En voulant
33:37se mesurer
33:38au plus grand,
33:39il a pris des risques
33:40qui n'étaient plus
33:41supportables
33:42en raison
33:44de la structure
33:45et de la qualité
33:46des revenus
33:47de la banque.
33:51Le crédit suisse
33:52a existé
33:53pendant 167 ans.
33:55Depuis sa fondation,
33:56cette banque
33:57d'entrepreneurs
33:58n'a jamais eu peur
33:58de prendre des risques.
33:59En 1988,
34:12le crédit suisse,
34:13sous la direction
34:14de Rainer Goet,
34:15acquiert la banque
34:16d'investissement américaine
34:17First Boston.
34:19Le problème
34:19commence ici.
34:20Il ne sera jamais
34:21possible de réunir
34:22ces deux banques
34:22pour n'en former
34:23qu'une seule.
34:25Je me souviens
34:26très bien,
34:27M. Goet
34:27nous a dit
34:28« Vous,
34:29vous dirigez
34:30le crédit suisse
34:31et la First Boston,
34:33c'est mon affaire. »
34:36On ne l'a jamais
34:37vraiment intégré
34:37et on l'a toujours
34:39laissé vivre
34:40sa propre vie.
34:42Les banques
34:43d'investissement,
34:44contrairement aux banques
34:45commerciales
34:45qui reçoivent
34:46les dépôts
34:46de leurs clients,
34:47gagnent de l'argent
34:48grâce aux introductions
34:49en bourse,
34:50aux fusions
34:51ou aux opérations
34:52sur titre.
34:53Des opérations
34:54hautement spéculatives
34:55génèrent des bénéfices
34:57énormes
34:57ou des pertes
34:58gigantesques.
35:00Ici,
35:01les actionnaires
35:01de fortune suisse,
35:03là-bas,
35:03les banquiers
35:04d'investissement
35:04anglo-saxons.
35:08Adam Gishen
35:09a travaillé
35:10cinq ans
35:10au Crédit Suisse
35:11sous la direction
35:12du PDG
35:12Tijian Tiam,
35:14en tant que conseiller
35:14personnel
35:15et responsable
35:16des relations
35:17avec les grands clients
35:18et les médias.
35:19C'est une activité
35:23complètement différente.
35:25Ce n'est pas
35:25qu'ils méprisaient
35:26la gestion de fortune,
35:28c'était plutôt
35:28« Vous,
35:29vous vous occupez
35:30de clients fortunés.
35:31Nous,
35:32on négocie
35:33avec de grands fonds
35:33spéculatifs
35:34et des gestionnaires
35:35de fonds à Wall Street.
35:36Il ne semblait pas
35:37y avoir de synergie
35:38entre ces deux activités. »
35:43« Ensuite est arrivée
35:45toute la culture
35:45des bonus.
35:46Bien sûr qu'au moment
35:47où la culture
35:48des bonus
35:49a pris une place
35:49importante
35:50dans la banque
35:50d'investissement,
35:51les autres secteurs
35:53ont voulu en bénéficier
35:54aussi,
35:55en disant qu'il n'était
35:55pas juste
35:56que seuls certains
35:57gagnent autant. »
36:00En 1996,
36:02Joseph Ackermann
36:02quitte le Crédit Suisse
36:04parce que Rainer Goet
36:05confie les affaires
36:06internationales
36:07aux banquiers d'affaires.
36:10« En fait,
36:11j'aurais dû diriger
36:12la banque d'investissement
36:13mais ça me mettait
36:15mal à l'aise.
36:17J'ai prévenu
36:17qu'on prenait
36:18une mauvaise direction
36:19et ça s'est avéré. »
36:23Le PDG suivant,
36:24Lucas Muleman,
36:25ancien conseiller
36:26chez McKinsey,
36:27étoffe lui aussi
36:28la banque d'investissement.
36:30En 2000,
36:30le Crédit Suisse
36:31achète la maison
36:32de courtage
36:32Donaldson,
36:33Lufkin et Jenrette,
36:35devenant ainsi
36:35la troisième plus grande
36:36banque d'investissement
36:37de Wall Street.
36:38« Les grèves
36:38sont d'un côté
36:39que nous avons
36:40notre position
36:41de la banque d'investissement
36:41et l'investissement
36:41de la banque d'investissement. »
36:44Cette acquisition,
36:44beaucoup trop chère,
36:46est l'un des fardeaux
36:46hérités du passé
36:47qui pèsera sur le Crédit Suisse
36:49jusqu'à sa fin.
36:52En 2007,
36:54l'Américain Brady Dugan
36:55est nommé
36:56PDG du Crédit Suisse.
36:58Avec lui,
36:59c'est un banquier d'affaires
37:00qui prend les commandes
37:01et c'est sous sa direction
37:02que les excès salariaux
37:03commencent vraiment.
37:05En 2009,
37:05il perçoit un salaire
37:07de 20 millions de francs.
37:08Pendant la crise financière,
37:12l'UBS,
37:13sa concurrente,
37:14est prise dans la tourmente
37:15à cause de sa banque
37:16d'investissement.
37:17En octobre 2008,
37:19elle doit être sauvée
37:20avec l'aide de l'État
37:21parce qu'elle est
37:21« too big to fail »,
37:23trop grande
37:23pour faire faillite.
37:24Si à l'époque,
37:40l'UBS n'avait pas été stabilisé
37:41ou sauvé
37:42grâce à l'aide de l'État,
37:44le Crédit Suisse
37:44aurait également été touché.
37:46De façon indirecte,
37:47il a donc grandement profité
37:49de l'aide de l'État.
37:50Ce sauvetage a en effet
37:52constitué un événement crucial
37:53en 2008
37:54parce que le Crédit Suisse
37:56n'a pas eu le sentiment
37:56qu'il lui fallait changer
37:57fondamentalement de stratégie.
38:00Alors qu'à partir
38:01de ce moment-là,
38:02l'UBS a pris
38:03nettement moins de risques.
38:06En 2011,
38:07Urs Rohner
38:08devient président
38:09du Conseil d'administration.
38:11Réduire la banque
38:12d'investissement
38:12comme l'UBS
38:13n'est pas à l'ordre du jour.
38:15Brady Dugan
38:22peut continuer
38:23à gérer ses affaires
38:24sans être dérangé.
38:27Sous sa direction
38:29et celle du président
38:30du Conseil d'administration
38:31Urs Rohner,
38:32le Crédit Suisse
38:33se démarque
38:33par des scandales,
38:35des bénéfices en baisse
38:36et des coûts élevés.
38:40En 2015,
38:42Brady Dugan
38:42se retire.
38:45En huit ans,
38:45il a gagné
38:46160 millions de francs.
38:48Son successeur,
38:49Tijan Thiam,
38:51vient du domaine
38:51des assurances.
38:53C'est seulement
38:53à ce moment-là
38:54que le Crédit Suisse
38:55décide de réduire
38:56ses activités
38:56de banque d'investissement
38:57à haut risque.
39:00Sa stratégie
39:01a consisté
39:02à tout alléger,
39:03à regrouper
39:04la gestion de fortune
39:04et la banque d'investissement
39:05et à gagner moins
39:06avec le négoce,
39:08la vente
39:08et le trading.
39:10Ce n'est évidemment
39:10pas une bonne affaire
39:11de transférer
39:12ses ressources
39:12vers la gestion
39:13de fortune.
39:16Il y a eu
39:17de très grosses pertes
39:17sur des positions
39:18dont il ignorait tout,
39:20des positions
39:20dont personne
39:21n'avait connaissance
39:22et sur lesquelles
39:22on prenait
39:23trop de risques.
39:23Oh, désolé,
39:24on vient de perdre
39:25un milliard de dollars.
39:27C'est arrivé
39:27de très nombreuses fois
39:28au Crédit Suisse.
39:31Et bien sûr,
39:32les investisseurs,
39:33les créanciers,
39:34les déposants
39:34ont perdu patience.
39:35sous Tijan Tiam,
39:40les scandales
39:40continuent.
39:42Certes,
39:42il sort la banque
39:43des chiffres rouges.
39:44Mais en 2020,
39:45il doit démissionner
39:46en raison
39:47d'une affaire
39:47de surveillance.
39:49Il est accusé
39:50d'avoir fait espionner
39:51un cadre de la banque
39:52après le départ
39:52de celui-ci.
39:54Au cours
39:54de ses cinq années
39:55au Crédit Suisse,
39:56Tijan Tiam
39:57a touché
39:5860 millions de francs.
40:00Un nouveau PDG
40:01est nommé,
40:02Thomas Gotstein.
40:03Les scandales
40:04continuent.
40:04En mars 2021,
40:06le fonds spéculatif
40:07Arkegos
40:08de Bill Wang
40:09s'effondre.
40:10Le Crédit Suisse
40:11enregistre une perte
40:12de plus de 5 milliards
40:13de dollars.
40:15Quelques semaines
40:15plus tard,
40:16le fonds de la chaîne
40:17d'approvisionnement
40:18Greensill fait faillite.
40:19Le Crédit Suisse
40:20doit geler
40:2110 milliards de dollars.
40:26Pour moi,
40:27le coup de grâce
40:27est venu d'Arkegos.
40:28On ne peut pas perdre
40:306 milliards de francs suisses
40:31et continuer à faire
40:32du business as usual.
40:34à la rigueur
40:35si vous êtes J.P. Morgan
40:36mais pas le Crédit Suisse.
40:39Urs Rohner
40:40se retire
40:41lors de l'Assemblée
40:41générale 2021.
40:43Lorsqu'il était président
40:55du conseil d'administration,
40:57Urs Rohner
40:57a encaissé
40:58plus de 50 millions de francs.
41:00Il ne souhaite pas
41:01s'exprimer
41:01dans ce documentaire.
41:04Il y a deux ans,
41:05la SRF a demandé
41:06à Urs Rohner
41:07s'il rembourserait
41:08son indemnité.
41:09Il n'a pas répondu.
41:16Actuellement,
41:17ici et maintenant
41:18en Suisse,
41:20la législation
41:21est telle
41:22que seul le conseil fédéral
41:23a la capacité
41:24de limiter les bonus
41:25uniquement pour les banques
41:27d'importance systémiques
41:29et seulement
41:30si l'aide de l'État
41:31a été utilisée.
41:32Nous voudrions changer cela,
41:35principalement pour
41:36les banques
41:36d'importance systémiques
41:38et pour le cas
41:39où une telle banque
41:40ferait des pertes.
41:42Dans ce cas,
41:43nous pensons
41:43qu'il serait approprié
41:44que l'autorité
41:45de surveillance
41:46puisse intervenir
41:47dans le système
41:48des bonus
41:48et de même en parallèle
41:50sur les dividendes.
41:52La Finma
41:53a-t-elle épuisé
41:54toutes les possibilités
41:55qui s'offraient à elle ?
41:56Pourquoi n'est-elle pas
41:57intervenue auprès
41:57du Crédit Suisse
41:58avec des interdictions
41:59professionnelles ?
42:00Dans l'affaire
42:02du Crédit Suisse,
42:03la Finma
42:04a fait valoir
42:05qu'elle n'avait pas
42:05assez de compétences.
42:08Mais en fait,
42:10elle disposait
42:11d'une compétence
42:12relativement forte.
42:14En effet,
42:14elle a le pouvoir
42:15de retirer
42:15ce qu'on appelle
42:16la garantie
42:17d'une activité
42:18irréprochable
42:19aux personnes concernées.
42:21C'est une menace
42:22extrêmement forte
42:23et la Finma
42:24n'en a pas fait usage.
42:27La Finma
42:28a mené
42:28huit procédures
42:29d'enforcement
42:30contre des collaborateurs.
42:31À l'issue
42:32de trois cas clos
42:33à ce jour,
42:33elle n'a retiré
42:34la garantie
42:35d'une activité
42:35irréprochable
42:36à aucune personne
42:37travaillant pour l'ECS
42:38et elle n'a prononcé
42:39aucune interdiction
42:40d'exercer.
42:41On ne comprend pas
42:42pourquoi cela
42:43n'a jamais été fait
42:45ni même
42:46une procédure ouverte.
42:47« Dans le cadre
42:49légal actuel,
42:51il est très difficile
42:51de prononcer
42:52un retrait
42:53de la garantie
42:53d'une activité
42:54irréprochable.
42:56Pour cela,
42:57il faut être en mesure
42:58de prouver
42:58l'existence
42:59d'un lien direct
43:00et causal
43:00entre une personne
43:02et une violation
43:03du droit
43:03de la surveillance.
43:04C'est une condition
43:05très difficile
43:06à remplir.
43:07Il est plus facile
43:08d'apporter
43:08cette preuve
43:09causale directe
43:10dans un régime
43:10concernant
43:11les cadres supérieurs.
43:12Le Conseil fédéral
43:16a demandé
43:16que les bonus
43:17puissent être récupérés.
43:19C'est ce qu'on appelle
43:20les clobax.
43:22Quand on sait
43:23qui prend quelle décision
43:24et qui en est responsable,
43:26il est possible
43:26de demander
43:27le remboursement
43:28des bonus.
43:30Le total du bilan
43:31de l'UBS
43:32s'élève à environ
43:331500 milliards de francs,
43:35soit presque le double
43:36du produit intérieur brut
43:37de la Suisse.
43:40Aucun pays
43:40ne possède
43:41une banque
43:41de cette taille
43:42par rapport
43:42à son économie nationale.
43:45La crainte existe
43:47que si l'UBS
43:48devait être sauvée,
43:49elle entraînerait
43:50la Suisse
43:50dans sa chute.
43:55J'espère que cette question
43:56ne se posera jamais.
43:59C'est pourquoi
43:59il faut tout faire
44:00pour que l'UBS
44:01ne soit jamais
44:02confrontée
44:03à cette difficulté.
44:07Arthur Albrecht
44:08est désormais
44:09actionnaire de l'UBS.
44:10mais il n'en est pas
44:11heureux.
44:14Si l'UBS
44:14devait rencontrer
44:15un problème,
44:16qu'est-ce qui se passerait ?
44:17L'État ne pourrait
44:18plus la soutenir
44:19en aucun cas
44:20car il n'en aurait
44:20pas les moyens.
44:21Qu'est-ce qu'on ferait
44:21alors ?
44:23À votre avis ?
44:25Il y aurait une crise
44:26économique,
44:27tout simplement.
44:29Et pas seulement
44:31en Suisse.
44:32Parce que l'UBS
44:33est un peu partout.
44:35Il y aurait une crise
44:36énorme.
44:37Vous le craignez ?
44:39Oui.
44:41J'avoue que oui.
44:46Oui, je comprends
44:47en partie cette crainte
44:48et cette problématique.
44:50Mais cette thématique
44:51est utilisée
44:52à des fins de propagande
44:53de la part de personnes
44:54qui veulent simplement
44:55atteindre des objectifs
44:56idéologiques.
44:57Le fait est que l'UBS
45:00ne veut pas être sauvée.
45:03Aujourd'hui,
45:04l'UBS,
45:04grâce à la force
45:05de son capital
45:06et à son modèle d'affaires,
45:08pourrait être liquidée
45:09sans que ça entraîne
45:10de préjudice
45:11pour les contribuables
45:12et la Suisse.
45:15La question de la sécurité
45:17de l'UBS est centrale.
45:19Concrètement,
45:20combien de fonds propres
45:21doit-elle détenir ?
45:23Cette question
45:23suscite des controverses.
45:27C'est la seule grande banque
45:30en Suisse.
45:31Elle est surtout active
45:33dans le domaine
45:33des placements,
45:35un secteur où le capital
45:36est un enjeu
45:37de confiance déterminant.
45:42De plus,
45:42elle fait partie intégrante
45:43de l'économie nationale.
45:46En cas de faillite,
45:47la Suisse
45:48s'en souffrirait énormément.
45:52Voilà pourquoi
45:53il faut que tout le monde
45:54comprenne qu'il est nécessaire
45:55d'augmenter un peu
45:56son capital.
45:58Une banque
45:59d'importance systémique
46:01devrait posséder
46:02des fonds propres
46:02à une hauteur telle
46:03que le risque
46:04que la Confédération
46:05doive l'aider
46:06soit pratiquement nul.
46:08Ça signifie
46:09qu'elle devrait avoir
46:10deux fois plus de fonds propres
46:11qu'elle en a actuellement.
46:13Par rapport
46:14au bilan global,
46:15on pourrait exiger
46:16qu'elle ait
46:1630 ou 40 %
46:18de fonds propres.
46:19Nous sommes très bien
46:21capitalisés
46:22avec plus de 14 %
46:24de fonds propres.
46:25Je ne pense pas
46:28que nous ayons besoin
46:29de plus de capital.
46:31La qualité du capital
46:32est bien plus importante
46:33que d'en avoir davantage.
46:36Le régime de capital
46:37actuellement en vigueur
46:38en Suisse
46:39est déjà
46:39le plus élevé
46:40qui soit.
46:41Et de fait,
46:42avec la réglementation
46:43actuelle,
46:43l'UBS,
46:44après l'acquisition
46:45du crédit suisse,
46:46est déjà la banque
46:47au monde
46:47qui répond aux exigences
46:48de capital minimale
46:50les plus élevés.
46:51L'UBS défend
46:53ses intérêts.
46:55Mais en tant que chef
46:56du département
46:57des finances,
46:58j'ai un autre rôle.
47:00Je dois veiller
47:01à ce qu'en cas
47:02de coup dur,
47:03les contribuables
47:04n'aient pas
47:04à payer la facture.
47:07Nous sommes confrontés
47:09à un énorme dilemme.
47:10Nous devons d'abord
47:11admettre
47:11qu'on ne trouvera
47:12pas de réglementation
47:13ni d'autorité
47:14de surveillance
47:14capable d'empêcher
47:16une crise financière.
47:17Le système mondial
47:18est très instable
47:19et l'UBS
47:20en fait partie.
47:23C'est un risque.
47:25À mon avis,
47:25au-delà
47:26de ces questions
47:26de réglementation,
47:27c'est-à-dire que
47:28l'UBS est un peu plus
47:30ou un peu moins
47:30de fonds propres,
47:32la question fondamentale
47:33à laquelle
47:33le Conseil fédéral,
47:34le Parlement,
47:35voire une votation populaire
47:37devront répondre
47:38est « acceptons-nous
47:39ce risque,
47:40oui ou non ? »
47:43Le bruit court
47:43que si la Suisse
47:44fixait des taux
47:45de fonds propres
47:46beaucoup plus élevés,
47:47l'UBS
47:48pourrait vouloir
47:48transférer son siège
47:49à l'étranger.
47:51Si la Suisse
47:54veut vraiment
47:55être une place
47:56financière mondiale
47:57de premier plan,
47:59il lui faut une banque
48:00qui joue ce rôle
48:01depuis la Suisse.
48:04La Suisse
48:05a une économie forte
48:06et cette économie
48:08implique qu'il y ait
48:09une forte demande
48:09de crédit
48:10et une forte offre
48:11d'épargne.
48:12il y aura toujours
48:14une banque
48:16ou plusieurs
48:16pour gérer
48:17ce marché.
48:20C'est une prairie
48:22bien fournie
48:22et il y aura
48:23toujours assez
48:24de concurrents
48:25pour y pêtre.
48:28Concernant le risque
48:30que l'UBS
48:30parte à l'étranger,
48:33je dirais
48:33que c'est comme
48:34dans beaucoup
48:34de relations.
48:36Une séparation
48:37fait mal
48:37aux deux parties,
48:38mais parfois
48:39c'est ce qui peut
48:40leur arriver de mieux.
48:44Quelle leçon
48:46doit-elle tirer
48:47de la crise
48:47du crédit suisse ?
48:50L'UBS
48:51n'est pas la seule
48:51à devoir tirer
48:52des leçons.
48:53Il faut que l'ensemble
48:54du système bancaire
48:55et du système financier
48:56apprennent
48:57et prennent conscience
48:58qu'une crise
48:58risque toujours
48:59de survenir.
49:02Il faut que les banques
49:03soient conscientes
49:04du fait
49:04que leurs activités
49:05commerciales
49:06sont susceptibles
49:07de constituer
49:08un risque
49:08pour les autres.
49:11Voilà pourquoi
49:11le législateur
49:12doit pouvoir intervenir
49:14et limiter les risques
49:15non pas par volonté
49:16de nuire
49:17mais par responsabilité.
49:20Mais chaque crise
49:20se présente
49:22de manière différente
49:23et la suivante
49:24aura probablement
49:25encore d'autres causes
49:27que nous ne pouvons
49:28aujourd'hui
49:28peut-être même pas
49:29encore deviner.
49:31Mais il appartient
49:31maintenant vraiment
49:32de vraiment
49:33prendre en compte
49:34l'ensemble
49:35de l'analyse
49:35et de le faire
49:36de manière précise
49:37sans se laisser
49:38impressionner
49:39par le lobbying
49:41possible des banques.
49:42de l'analyse
49:47et de l'analyse
49:48de l'analyse
49:49et de l'analyse
49:49et de l'analyse
49:53et de l'analyse
49:55et de l'analyse
49:58et de l'analyse