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  • 14/05/2025
En 1996, les corps criblés de balles d'Angela et Alain Hay sont retrouvés dans le coffre d'une voiture au fond du Grand canal d'Alsace. Un mois et demi auparavant, ils avaient disparu après avoir déjeuné dans la pizzeria de Charles et Christophe Cretello.

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Personnes
Transcription
00:01:0075 000 euros. La mallette a disparu.
00:01:03Une certitude. Ce sont les crételos qui ont fait ça.
00:01:05Mais lequel ? Charlie ou Christophe ?
00:01:08Ou les deux unis par un pacte de sang.
00:01:11Unis ? Pas tant que ça.
00:01:13Car ces deux-là se détestaient.
00:01:14Le Havre, mardi 2 avril 96, 5 heures du matin.
00:01:26Angela et Alain et leur caniche princesse quittent leur domicile au volant de leur Mercedes.
00:01:31Ils ont 800 kilomètres à parcourir, direction Mulhouse.
00:01:39Ça fait six mois qu'ils vivent entre la Normandie et l'Alsace.
00:01:43À 9h, les haies arrivent à Mulhouse où ils partagent un appartement avec un autre couple.
00:01:52Ils déposent leurs affaires et repartent.
00:01:55Ils ont rendez-vous avec le propriétaire de la pizzeria Le Moulin à Rosneau,
00:02:11un village situé à 20 kilomètres de Mulhouse.
00:02:15Ils ont prévenu leur colocataire qu'il serait de retour pour dîner.
00:02:19Mais la nuit tombe et les haies ne sont pas rentrées.
00:02:33Le lendemain, toujours pas de nouvelles.
00:02:38Inquiets, les colocataires téléphonent à tous leurs amis à Mulhouse.
00:02:41En commençant par ce restaurateur de Rosneau, un certain Charles Cretello,
00:02:49chez qui ils avaient rendez-vous la veille.
00:02:54Et celui-ci confirme, oui, Angela et Alain sont bienvenus la veille.
00:02:58Ils sont repartis en voiture vers 14h30.
00:03:02Il ne les a pas revus depuis.
00:03:11Les heures passent.
00:03:15Personne ne sait où sont passés Alain et Angela.
00:03:21Disparaître comme ça, ça n'est pas leur genre.
00:03:25Alain avait l'habitude de téléphoner juste pour prendre des nouvelles,
00:03:28dire bonjour comme ça, parce qu'il téléphonait tout le temps, tout le temps.
00:03:30Et une personne qui vous téléphone pendant trois mois, quatre, cinq fois par jour,
00:03:33et du jour au lendemain n'appelle plus, c'est qu'il y a un souci,
00:03:35c'est qu'il s'est passé quelque chose.
00:03:36Le 4 avril, deux jours après la disparition,
00:03:42les colocataires des Haies préviennent Céline,
00:03:45la fille aînée d'Alain Haies, qui habite au Havre.
00:03:54Céline, vous êtes la fille d'Alain Haies et la belle-fille de sa femme Angela,
00:03:58qui ont donc disparu du jour au lendemain.
00:04:01Comment est-ce que ça s'est passé ?
00:04:02Ils vivaient donc entre la Normandie et l'Alsace, c'est ça ?
00:04:06Oui, oui, pour le travail.
00:04:08Pour le travail, ils se rendaient à Mulhouse et le week-end, ils rentraient au Havre.
00:04:12Ils avaient décidé de ne plus retourner à Mulhouse,
00:04:15c'était leur dernier trajet quand ils sont partis, le 2 avril 1996.
00:04:21Et je reçois un appel le mercredi, me demandant si j'avais eu de leurs nouvelles.
00:04:27Un appel de qui ?
00:04:27Un appel d'un ancien ouvrier qui était parti avec eux pour travailler à Mulhouse.
00:04:35Donc il me dit, tu ne les as pas vus.
00:04:37Je lui dis, non, je ne les ai pas vus.
00:04:39Je vais essayer de les appeler chez eux.
00:04:42Donc c'est ce que j'ai fait.
00:04:44Sur le Havre, donc, j'appelle.
00:04:45Et je laisse des messages sur le répondeur,
00:04:49leur demandant, dès qu'ils rentrent, qu'ils m'appellent.
00:04:51Je ne comprends pas.
00:04:52Ils ne rappellent pas ?
00:04:53Et personne ne m'a rappelé, donc...
00:04:56Le temps passant et n'ayant toujours pas de nouvelles,
00:04:59vous allez vous lancer dans votre propre enquête.
00:05:01Oui.
00:05:02Notamment, vous allez aller regarder leur compte en banque, c'est ça ?
00:05:04Oui, oui.
00:05:05Sur Minitel.
00:05:06Minitel et...
00:05:07Vous aviez les codes ?
00:05:08Oui, oui, oui.
00:05:09On est allé voir sur leur relevé de compte,
00:05:12parce que c'était quand même inquiétant.
00:05:14Et il y a quelque chose.
00:05:16Ça ne va pas.
00:05:18Donc c'est là que j'ai vu qu'ils manquaient de l'argent sur leur compte.
00:05:21Combien manquaient-ils ?
00:05:22Il manquait presque 50 millions en francs.
00:05:2650 millions de francs, anciens ?
00:05:28Oui.
00:05:28Ce qui faisait 500 000 francs.
00:05:30500 000 francs.
00:05:31Et ça, ça vous a tout de suite inquiété ?
00:05:33Oui, oui, beaucoup.
00:05:35Ça ne leur ressemblait pas, ça, de retirer 500 000 francs ?
00:05:37Non.
00:05:38Ça a été un mystère.
00:05:43Pourquoi Alain et Angela se promenaient-ils avec 500 000 francs en liquide ?
00:05:48Pour leur ami garagiste, il y a une explication.
00:05:52Alain m'avait dit qu'il avait pris contact avec un particulier,
00:05:57qu'il voulait lui vendre une Ferrari,
00:06:00et pour un montant, une Ferrari occasion, pour un montant de 500 000 francs.
00:06:04Et donc, il fallait faire un retrait en espèces pour acheter cette voiture
00:06:06du côté, dans la région de Saint-Louis, du côté de Saint-Louis,
00:06:08mais je ne savais pas où.
00:06:09Alain voulait revendre cette voiture quelques jours plus tard,
00:06:14en espérant faire une plus-value de 200 000 francs, 30 000 euros.
00:06:19Son copain garagiste n'était pas très emballé.
00:06:24Je lui ai dit, Alain, tu vas te faire attirer dans un guet-apont,
00:06:26parce que ce n'est pas possible.
00:06:27Et c'est là qu'il s'est fâché, il a pris la mouche,
00:06:29il est monté dans sa Mercedes et il est parti.
00:06:31Et depuis ce soir-là, je n'ai plus jamais eu une nouvelle de lui.
00:06:33Moi, je pense à quelque chose de grave, je ne sais pas pourquoi.
00:06:39C'était une prémonition qui me disait
00:06:43qu'il s'était passé quelque chose d'anormal.
00:06:46Mais que faire ? Où chercher ?
00:06:49Les amis d'Angela et d'Alain parcourent plusieurs fois
00:06:51le trajet entre Roseneau et Mulhouse.
00:06:55Ils explorent, mètre par mètre,
00:06:57les berges du Grand Canal d'Alsace.
00:07:01En vain.
00:07:03Nous avons fait le chemin lentement
00:07:05et nous n'avons rien trouvé.
00:07:07Aucune trace de fernage, rien.
00:07:10En désespoir de cause,
00:07:12les proches du couple Hay décident de faire appel à la presse.
00:07:16Ils contactent le journal local
00:07:17et sont reçus par le responsable de la rubrique Faits d'hiver,
00:07:21Jean-Marie Storkel, un vieux de la vieille.
00:07:24Ils viennent, ils m'apportent une photo du couple Hay.
00:07:28Il m'explique qu'après avoir retiré l'argent,
00:07:36le couple Hay est parti en voiture dans leur Mercedes Violaine
00:07:40à Roseneau, voir un ami restaurateur.
00:07:46Je lui ai dit comment s'appelle ce restaurateur.
00:07:48et il me dit c'est Charles Crétello.
00:07:53Charles Crétello ?
00:07:55Mais le journaliste le connaît bien.
00:07:56En 1979, il avait couvert un fait d'hiver sordide,
00:08:00un garçon de café abattu en pleine forêt
00:08:02pour une histoire d'argent.
00:08:03L'enquête avait démontré que Crétello
00:08:10était l'un des deux assassins.
00:08:13En 1980, Crétello avait été condamné
00:08:16à 20 ans de réclusion criminelle
00:08:17et voilà qu'un couple disparaît
00:08:20après avoir croisé le même Charlie.
00:08:23Ça me paraît vraiment bizarre.
00:08:25Je me disais Charlie, je ne peux pas imaginer moi
00:08:28Charlie qui n'a rien à voir dans cette disparition.
00:08:33Intimement persuadé que cette disparition
00:08:36est un nouveau coup de Crétello,
00:08:38le journaliste alerte la police judiciaire de Mulhouse.
00:08:50Christian Agrome, à l'époque,
00:08:51vous êtes le patron de la PJ de Mulhouse.
00:08:54Un adulte a bien le droit de disparaître, n'est-ce pas ?
00:08:55C'est ce que disent la plupart des policiers
00:08:56aux familles qui viennent se plaindre
00:08:57de la disparition d'adultes.
00:08:59Pourquoi vous vous intéressez à cette affaire ?
00:09:01Alors on s'intéresse à cette affaire
00:09:02parce qu'il y a plusieurs hypothèses.
00:09:04La première, ça pourrait être la disparition,
00:09:05naturellement.
00:09:06Volontaire.
00:09:06Le couple volontaire,
00:09:08le couple pourrait très bien partir,
00:09:09il a retiré de l'argent le matin même,
00:09:11il a décidé d'avoir une nouvelle vie,
00:09:12il part, il ne donne aucune nouvelle.
00:09:14L'autre hypothèse, ça pourrait être le suicide.
00:09:17Monsieur, tu, madame ?
00:09:18Puis il se suicide après.
00:09:19Ou les deux décident de mettre fin à leur jour.
00:09:21Alors pourquoi retirer 500 000 francs le matin même ?
00:09:23Troisième hypothèse,
00:09:25la plus vraisemblable dans la plupart des cas,
00:09:27la dernière personne les avoir vues les a tués.
00:09:30Et là, on a affaire à Charles Crétello,
00:09:31c'est quand même une hypothèse très intéressante.
00:09:33Parce qu'il a un passé ?
00:09:34Parce qu'il a un passé,
00:09:35parce qu'il a déjà tué,
00:09:36parce qu'il a fait 10 ans de prison.
00:09:38Donc c'est quelqu'un
00:09:39qui peut présenter le profil adéquat.
00:09:42Donc vous le placez en garde à vue ?
00:09:44Non, pas tout de suite.
00:09:45Pourquoi ?
00:09:45Pas tout de suite.
00:09:46Parce que justement,
00:09:47il a un profil particulier,
00:09:49justement parce qu'il a cette ancienneté,
00:09:51et justement parce que nous avons
00:09:52plusieurs hypothèses.
00:09:53Et nous n'avons pas de corps.
00:09:55Donc vous n'êtes pas sûr qu'ils sont morts ?
00:09:56On n'est pas sûr que le couple soit mort.
00:09:58Pourquoi aller perdre du temps
00:10:00dans une enquête trop hâtive ?
00:10:03Pourquoi aller risquer de dévoiler nos cartes,
00:10:06alors même que nous avons intérêt
00:10:07à progresser dans ce dossier ?
00:10:08Vous dites qu'on a d'autres pistes.
00:10:10Lesquelles ?
00:10:11Alors, l'environnement de la famille Hay,
00:10:14de M. et Mme Hay,
00:10:15est assez particulier,
00:10:18assez étrange.
00:10:18Il y a des illimitiés entre eux.
00:10:21Il y a des rivalités.
00:10:25Donc autant d'hypothèses
00:10:26qui nous laissent à penser
00:10:27que d'autres personnes que Crétello
00:10:29ont peut-être commis ce meurtre.
00:10:36Dix jours après la disparition
00:10:38jugée inquiétante du couple Hay,
00:10:40les policiers débutent une enquête classique.
00:10:43Et ils font, comme ils disent
00:10:44dans leur langage policier,
00:10:46l'entourage du couple,
00:10:47en Alsace et en Normandie.
00:10:48Et ils commencent par la Normandie,
00:10:50le Havre, la famille, les amis.
00:10:52Ça ouvrira peut-être une piste.
00:10:55Alain et Angela Hay, 46 ans.
00:11:00Ils se sont rencontrés sur le tard au Havre,
00:11:02dans un club de danse.
00:11:04Ils sont tous les deux divorcés
00:11:05avec des enfants.
00:11:06Ils se sont mariés en 1992.
00:11:11Angela était d'abord
00:11:12folle amoureuse de Alain.
00:11:14Et c'était son mari.
00:11:18Il fallait le suivre et l'épauler
00:11:19en toutes circonstances.
00:11:20c'était quelqu'un de patient
00:11:22parce qu'Alain était coléreux,
00:11:24quand même, il faut le dire.
00:11:26Ses proches disent à la police
00:11:27que c'est dans les activités professionnelles
00:11:29d'Alain Hay
00:11:30qu'il faut chercher.
00:11:32À l'époque de son mariage,
00:11:33cet ancien docker était propriétaire
00:11:35d'une société de réparation
00:11:36de containers sur le port.
00:11:38Mais du jour au lendemain,
00:11:41les autorités portuaires
00:11:42avaient décidé de lui retirer le marché.
00:11:46Alors,
00:11:46il s'était retrouvé sans client.
00:11:51Il l'a très mal pris.
00:11:52Je me souviens qu'à l'époque,
00:11:53il a même été hospitalisé.
00:11:55Et au lieu de...
00:11:57ce que tout le monde attendait,
00:11:58au lieu de, j'allais dire,
00:12:00de passer à autre chose
00:12:01et puis de tenter de rebondir
00:12:03d'une autre manière
00:12:03ou de se faire réembaucher
00:12:05dans cette nouvelle structure,
00:12:06maintenant, au contraire,
00:12:06Alain, c'était là tout le personnage.
00:12:08Il a décidé de le rentrer dedans
00:12:09de front.
00:12:12Il avait attaqué
00:12:13les autorités portuaires en justice.
00:12:16Et il avait gagné son procès
00:12:17et touché une indemnité
00:12:19de 1,8 million de francs.
00:12:22270 000 euros.
00:12:25Il s'en est vanté auprès de tout le monde
00:12:26et il a créé des animosités
00:12:29autour de lui.
00:12:30Il a créé des animosités
00:12:31parce qu'il a fait fléchir
00:12:34à un moment
00:12:34des gros intérêts locaux
00:12:36et on aurait très bien pu imaginer
00:12:38qu'il y ait eu, par ce bien,
00:12:41un règlement de compte.
00:12:41Il y aurait eu des menaces.
00:12:44Ça a été aussi un axe de recherche,
00:12:47mais qu'on n'a pas réussi
00:12:48vraiment à concrétiser.
00:12:49Très vite, les policiers
00:12:52écartent cette piste.
00:12:54En revanche, ce qui les intéresse,
00:12:56c'est l'étrange comportement d'Alain
00:12:57et, une fois touché,
00:12:59l'argent du procès.
00:13:00Il investit dans une casse-auto
00:13:03à Carcassonne,
00:13:05puis dans une brasserie au Havre
00:13:06et enfin dans une entreprise
00:13:08de fenêtres.
00:13:09Et rien ne marche.
00:13:11Je ne sais pas s'il avait déjà disposé
00:13:13de telles sommes d'argent,
00:13:14mais il donnait l'impression
00:13:16de vouloir dépenser,
00:13:17de vouloir flamber cet argent.
00:13:20Fin 95,
00:13:22les haies s'étaient installées
00:13:23à Mulhouse
00:13:24pour lancer une énième affaire.
00:13:26une société d'import-export
00:13:29de voitures allemandes.
00:13:32Ils s'étaient associés
00:13:33avec un certain Eric Lolleter
00:13:35et, une fois encore,
00:13:37les choses s'étaient mal passées.
00:13:42Angela et Alain Hay
00:13:44avaient dénoncé
00:13:45leurs associés aux impôts
00:13:47avant de conclure
00:13:48un accord à l'amiable.
00:13:51C'était le 27 mars,
00:13:53six jours seulement
00:13:54avant leur disparition.
00:13:56Tiens,
00:13:59voilà une piste.
00:14:09Alors, commissaire Agroum,
00:14:10sur ces pistes-là,
00:14:12vous ne pouvez pas
00:14:12aller bien loin.
00:14:13Vous savez,
00:14:14le travail dans ce genre
00:14:15d'homicide
00:14:16est un travail très minutieux,
00:14:17c'est un travail de fourmi.
00:14:19On élabore des hypothèses,
00:14:21on travaille sur ces hypothèses,
00:14:22il y en avait d'autres,
00:14:22il y avait celle de la secte,
00:14:23il y avait des hypothèses diverses.
00:14:25On a donc éliminé les hypothèses
00:14:27les unes après les autres.
00:14:28Les comptes bougent ?
00:14:29Le téléphone portable bouge ?
00:14:31Les comptes ne bougent pas.
00:14:32Je crois qu'à l'époque,
00:14:33la famille Hay n'avait pas
00:14:33de téléphone portable,
00:14:34mais en tout cas,
00:14:35rien ne bouge.
00:14:36On lance un appel
00:14:37à témoins par la presse,
00:14:39on fait diffuser
00:14:40les images,
00:14:42les identités
00:14:43d'Alain et d'Angela
00:14:44en France,
00:14:45en Allemagne,
00:14:46en Suisse.
00:14:47On fait même diffuser
00:14:48le chien,
00:14:49en espérant que le chien
00:14:50princesse puisse être retrouvé,
00:14:51puisqu'il est tatoué.
00:14:52il peut être retrouvé
00:14:53quelque part en France
00:14:53ou à l'étranger.
00:14:55Ça nous donnerait une indication.
00:14:56Rien ne vient.
00:14:57Pour vous,
00:14:58ils sont morts ou vivants ?
00:15:00Très honnêtement,
00:15:02pour nous,
00:15:03dès les premiers jours,
00:15:04ils sont morts.
00:15:05Et pendant ce temps-là,
00:15:07les policiers gardent un oeil
00:15:08sur Crétello.
00:15:10Ce restaurateur de Rosneau,
00:15:12repris de justice,
00:15:13le dernier à avoir vu
00:15:15le couple Hay,
00:15:16le 2 avril.
00:15:17Lorsqu'on interroge
00:15:21Charlie Crétello,
00:15:22il nous dit
00:15:23que le mardi,
00:15:25sa pizzeria est fermée
00:15:26et qu'il avait reçu
00:15:28la visite impromptue
00:15:29du couple Hay
00:15:30qui était arrivé
00:15:31à sa pizzeria vers midi,
00:15:33qu'ils avaient mangé ensemble.
00:15:36Charles Crétello
00:15:37explique qu'il a déjeuné
00:15:38avec Alain et Angela,
00:15:40non pas au restaurant,
00:15:41mais dans leur appartement,
00:15:42juste au-dessus.
00:15:43Son fils Christophe
00:15:44a mangé avec eux,
00:15:45mais pas sa femme,
00:15:46ni la femme de Christophe
00:15:47qui sont allés faire des courses.
00:15:49De toute façon,
00:15:50il s'agissait de parler à faire.
00:15:53Ils ont regardé la vidéo
00:15:54d'une brasserie du Havre,
00:15:55le roi de la frite
00:15:56que les Hay voulaient
00:15:57absolument reprendre avec lui.
00:15:58C'est tout.
00:15:59Après le repas,
00:16:00les Hay ont pris
00:16:01leur chienne princesse
00:16:02et sont repartis.
00:16:05Charlie Crétello
00:16:06nous explique
00:16:07que le couple Hay
00:16:08sont repartis
00:16:09en début d'après-midi
00:16:10pour rencontrer
00:16:12quelqu'un en Allemagne.
00:16:16Un mois et demi passe
00:16:21et le couple Hay
00:16:22ne donne toujours pas
00:16:23de signe de vie.
00:16:24Les policiers
00:16:25ne manquent pas de piste,
00:16:26avec une préférence
00:16:27pour la piste
00:16:27du restaurateur Crétello
00:16:28qui a tout de même
00:16:29déjà tué une fois.
00:16:31Ce qui est bizarre,
00:16:31c'est que les ayant vu
00:16:32le jour de leur disparition,
00:16:34une heure après qu'ils soient
00:16:35passés à la banque,
00:16:36ils n'aient pas remarqué
00:16:36qu'ils avaient une mallette
00:16:38à la main,
00:16:38la valise au billet.
00:16:40Mais il y a du nouveau.
00:16:41On vient de retrouver les corps.
00:16:42Samedi 18 mai 1996,
00:16:50le commandant Engel
00:16:51est de permanence
00:16:52à la police judiciaire.
00:16:54Le téléphone sonne,
00:16:56c'est la brigade fluviale.
00:16:58On a retrouvé
00:16:59une Mercedes
00:16:59immergée
00:17:00dans le grand canal d'Alsace.
00:17:03C'est la Mercedes
00:17:03d'Alain
00:17:04et Angela.
00:17:06Quand je suis arrivé,
00:17:12la voiture était en train
00:17:13d'être tirée
00:17:14hors de l'eau
00:17:14par une grue.
00:17:23Dans l'habitacle,
00:17:24il n'y avait personne,
00:17:25il n'y avait rien.
00:17:26Les vitres étaient baissées,
00:17:27la clé était sur le tableau
00:17:29de bord au point mort,
00:17:31le levier de vitesse également.
00:17:33L'horloge de bord
00:17:34indiquait 2h15,
00:17:36si on voulait dire
00:17:362h15 ou 14h15.
00:17:39À l'arrière,
00:17:41un sac à main.
00:17:42C'est celui d'Angela.
00:17:44Dedans,
00:17:44les policiers retrouvent
00:17:45ses papiers d'identité.
00:17:48Le coffre de la voiture
00:17:49est fermé à clé.
00:17:55On ouvre le coffre
00:17:56et on voit
00:17:57que le coffre est rempli,
00:17:59est plein
00:18:00et il y a
00:18:01deux corps dedans.
00:18:03Un corps
00:18:03et un autre corps
00:18:04en dessous.
00:18:05quoi, en fait.
00:18:09On a pensé immédiatement
00:18:10que c'était
00:18:10le couple
00:18:11et
00:18:11ils étaient complètement
00:18:16comprimés
00:18:17dans le coffre.
00:18:18En plus,
00:18:18avec le séjour
00:18:19dans l'eau,
00:18:19les corps
00:18:20avaient un peu
00:18:20gonflé.
00:18:22Donc,
00:18:22on a sorti
00:18:22les corps
00:18:23difficilement
00:18:24et on les a placés
00:18:25sur le côté.
00:18:26au fond du coffre.
00:18:29Ils retrouvent
00:18:30également
00:18:30le corps
00:18:30de la princesse,
00:18:32le petit
00:18:32caniche noire
00:18:33d'Angela.
00:18:36À ce moment-là,
00:18:38l'affaire
00:18:38devient criminelle.
00:18:39pour nous,
00:18:45c'est un nouvel élan
00:18:47au niveau de l'enquête
00:18:48parce qu'on pouvait
00:18:49toujours imaginer
00:18:49qu'ils étaient
00:18:50sequestrés
00:18:50ou qu'ils étaient
00:18:52partis
00:18:52dans un autre pays.
00:18:54La découverte
00:18:54du corps
00:18:55nous permet
00:18:56de dire
00:18:56qu'on a affaire
00:18:57malheureusement
00:18:57à un assassinat.
00:18:59Je me suis posé
00:19:06la question
00:19:07avait-il été
00:19:07assassiné
00:19:08ou avait-il été
00:19:09jeté vivant
00:19:10dans le canal
00:19:11dans le coffre
00:19:12de la voiture.
00:19:14Parce que
00:19:14la mort par noyade
00:19:15c'est une mort atroce.
00:19:17Ça m'a fait froid
00:19:18dans le dos
00:19:18parce que
00:19:19je me dis
00:19:19que personne
00:19:20mérite de finir
00:19:21sa vie
00:19:21dans ces conditions-là.
00:19:23Alain S
00:19:24n'était pas un bandit,
00:19:25c'était pas
00:19:25un voyou.
00:19:26Donc,
00:19:27je ne m'attendais
00:19:27pas du tout
00:19:28à une mort
00:19:29violente
00:19:29dans ces circonstances.
00:19:31Donc,
00:19:31effectivement,
00:19:31on était tous
00:19:32sur le choc.
00:19:37Céline,
00:19:37quand vous apprenez
00:19:38qu'on a retrouvé
00:19:39le corps
00:19:40de votre papa
00:19:40et de sa compagne
00:19:41Angela
00:19:43dans un coffre
00:19:44de voiture
00:19:44au bord d'un canal,
00:19:47comment est-ce
00:19:47que vous réagissez ?
00:19:48Je l'apprends
00:19:51en deux fois
00:19:52puisque
00:19:52j'apprends
00:19:54qu'ils sont retrouvés
00:19:55et ensuite,
00:19:55j'apprends
00:19:56où ils étaient.
00:19:56Parce que pour moi
00:19:57retrouvés,
00:19:57peut-être qu'ils étaient.
00:19:59un accident de voiture,
00:20:00ça aurait pu arriver.
00:20:02Et après,
00:20:02j'apprends
00:20:03comment ça s'est passé
00:20:04et comment,
00:20:05en fait,
00:20:06c'était pas
00:20:06un accident de voiture.
00:20:08C'est la police
00:20:08qui vous appelle ?
00:20:09Oui.
00:20:09Oui.
00:20:11Déjà,
00:20:11j'y crois pas.
00:20:12J'y crois pas.
00:20:13Sur le coup,
00:20:14je m'effondre
00:20:16parce que,
00:20:17comme disent
00:20:17où ils étaient
00:20:19pour vous,
00:20:21pour vous,
00:20:21à ce moment-là,
00:20:23qui a pu
00:20:23les assassiner ?
00:20:27Non,
00:20:28je...
00:20:28j'avais pas vraiment
00:20:30de...
00:20:31Pas d'idée,
00:20:32pas de piste ?
00:20:32Non.
00:20:41Dominique Rizet,
00:20:42que donne l'autopsie
00:20:43des corps
00:20:44d'Alain et Angelaé ?
00:20:46Christophe,
00:20:46d'abord,
00:20:46cette autopsie,
00:20:47ça va être un travail
00:20:48extrêmement pénible
00:20:49pour les légistes.
00:20:50Vous l'aurez compris,
00:20:50les corps sont restés
00:20:51un mois et demi
00:20:52enfermés dans le coffre
00:20:53d'une voiture
00:20:54immergés dans un canal.
00:20:56Première observation
00:20:56des experts,
00:20:57c'est écrit,
00:20:58c'est important de l'écrire
00:20:58dans un rapport d'autopsie,
00:21:00même si on s'en doute,
00:21:01les corps sont en état
00:21:01avancé de décomposition.
00:21:03Deuxième observation,
00:21:04tous les deux,
00:21:05lui et sa femme
00:21:06ont été tués par balles.
00:21:08Lui d'abord,
00:21:09on retrouve son corps
00:21:09en dessous de celui
00:21:11de sa femme
00:21:11dans le coffre de la voiture.
00:21:13Monsieur A a été tué
00:21:14de trois balles.
00:21:16Une tirée dans la tempe,
00:21:17deux tirées au niveau
00:21:18du menton.
00:21:20On ne peut pas déterminer
00:21:20la distance de tir
00:21:21parce qu'on n'a pas
00:21:22la peau,
00:21:23on n'a plus la peau,
00:21:24qui permet,
00:21:25grâce au tatouage,
00:21:26de savoir à quelle distance
00:21:26se trouvait le canon de l'arme.
00:21:28Donc ça, c'est impossible.
00:21:29En revanche,
00:21:30en procédant à la découpe
00:21:31de la calotte crânienne,
00:21:33ce qui se fait
00:21:33dans toutes les autopsies,
00:21:34on trouve un cerveau liquide
00:21:35qui va être tamisé
00:21:36et on découvre deux balles
00:21:38de calibre 22 longs rifles.
00:21:39Donc il y a une balle
00:21:40qui s'est perdue.
00:21:41Il y a une balle
00:21:41qui s'est perdue.
00:21:42Au niveau toxicologique,
00:21:44aucune trace,
00:21:45ni de médicaments,
00:21:46ni de drogue
00:21:47dans l'estomac,
00:21:48dans ce qui reste de l'estomac.
00:21:49En ce qui concerne Angela ?
00:21:51En ce qui concerne Angela,
00:21:52son corps est dans le même état
00:21:53que celui de son mari.
00:21:54Elle a, elle aussi,
00:21:55été tuée par balles.
00:21:56Elle a été tuée
00:21:57de trois balles, elle aussi.
00:21:59Donc une tirée dans la tempe
00:22:01et une deuxième
00:22:02qui lui est tirée
00:22:02dans la nuque.
00:22:03De dos, donc.
00:22:04De dos.
00:22:06Son mari, lui,
00:22:07on sait qu'il était mort
00:22:08au moment où il a été
00:22:09placé dans le coffre
00:22:10de la Mercedes.
00:22:11En revanche,
00:22:12elle, elle était encore vivante.
00:22:13Et comment on le sait ?
00:22:14On le sait parce qu'elle a
00:22:15inhalé de l'eau du canal.
00:22:17On retrouve de l'eau du canal
00:22:18dans ses poumons
00:22:18et on retrouve notamment
00:22:19des diatomées.
00:22:20Les diatomées, ce sont
00:22:21ces petits champignons
00:22:22qui se trouvent dans l'eau
00:22:23des rivières et dans l'eau
00:22:24des canaux.
00:22:24Le cadavre du caniche aussi
00:22:26a été autopsié ?
00:22:27Alors, on a autopsié le caniche.
00:22:29Le caniche, on observe
00:22:30qu'il a reçu des coups
00:22:31très violents au niveau
00:22:32des côtes et du ventre.
00:22:33Il a également été tué
00:22:34par balles.
00:22:35Et il a également été tué
00:22:36de trois balles.
00:22:38Ce qui est important,
00:22:38c'est qu'on sait,
00:22:40on établit grâce à l'expertise
00:22:42balistique cette fois-ci,
00:22:44que c'est la même arme
00:22:45qui a tiré
00:22:46et sur M. Hay,
00:22:48et sur Mme Hay,
00:22:48et sur leur chien.
00:22:50Chaque fois, trois fois.
00:22:51C'est intéressant.
00:22:52Chaque fois, trois fois.
00:22:53Donc, un systématisme.
00:23:00Maintenant, c'est sûr,
00:23:02on a affaire
00:23:03à un double assassinat
00:23:04dont le mobile
00:23:04paraît clair,
00:23:05la mallette,
00:23:06les 500 000 francs
00:23:07en liquide
00:23:07qui ont disparu.
00:23:09On a tué Alain
00:23:10et Angela Hay
00:23:11pour l'argent.
00:23:12Alors, la PJ de Mulhouse
00:23:13va s'intéresser
00:23:14de plus près
00:23:15au restaurateur
00:23:16Charles Cretello.
00:23:24Le lieu de la découverte
00:23:26du véhicule,
00:23:28c'est à proximité
00:23:29de la pizzeria
00:23:30de Cretello.
00:23:31C'est encore plus proche
00:23:36de l'endroit
00:23:37où Charlie Cretello
00:23:39avait commis
00:23:41son premier homicide.
00:23:46La victime de 79
00:23:48a été trouvée
00:23:49dans la forêt
00:23:50à Nifère
00:23:51et le couple Hay
00:23:53a été retrouvé
00:23:54dans le canal
00:23:55à Nifère,
00:23:56donc à quelques centaines
00:23:57de mètres près.
00:23:57La victime de 79
00:24:00avait été abattue
00:24:01avec un 22 long rifle
00:24:03le même calibre
00:24:04que pour le couple Hay.
00:24:07Et puis finalement,
00:24:08il y a beaucoup
00:24:09de contradictions
00:24:09dans les déclarations
00:24:10de Charles Cretello.
00:24:13Les policiers
00:24:14se sont procurés
00:24:15les relevés téléphoniques
00:24:16d'Alain et Angela Hay
00:24:17au Havre.
00:24:20Au mois de mars,
00:24:21les coups de fil
00:24:21entre le couple assassiné
00:24:22et la pizzeria Cretello
00:24:24ont été
00:24:24très nombreux.
00:24:27notamment dans les derniers jours
00:24:29avant leur disparition.
00:24:33La montant puissance
00:24:34de ces appels téléphoniques
00:24:35va déjà dans le premier temps
00:24:36en contradiction
00:24:37avec les déclarations
00:24:38de M. Cretello
00:24:39qui disaient
00:24:40ne pas avoir de contact
00:24:41avec le couple Hay
00:24:41depuis un certain temps.
00:24:45C'était des coïncidences,
00:24:47des éléments
00:24:48qui étaient troublants,
00:24:50qui étaient des éléments
00:24:51qui permettent de dire
00:24:52qu'il y a quelque chose
00:24:53de pas normal là.
00:24:55Et puis il y a quelque chose
00:24:56qui ne colle pas
00:24:57dans les déclarations
00:24:59de la famille Cretello.
00:25:00Tous sont formels.
00:25:02Le jour du repas
00:25:03avec les haies,
00:25:04les femmes sont parties
00:25:05tout l'après-midi
00:25:06faire des courses.
00:25:09Christophe et Charlie
00:25:10sont restés seuls
00:25:11à la pizzeria
00:25:12et n'ont revu
00:25:14leurs femmes
00:25:15que le soir
00:25:16vers 20h.
00:25:18Or, des témoins
00:25:23vers 17h
00:25:24dans le fin d'après-midi,
00:25:27des témoins
00:25:27aperçoivent
00:25:28une femme
00:25:31ou deux femmes
00:25:32avec un ou deux enfants
00:25:33en bas âge
00:25:34qui viennent à la pizzeria.
00:25:36Donc,
00:25:36comme c'était
00:25:37jour de fermeture,
00:25:38il ne pouvait s'agir
00:25:38que de la famille Cretello.
00:25:40Pourquoi mentir
00:25:41sur une venue
00:25:42à la pizzeria
00:25:43dans leur pizzeria ?
00:25:44Pourquoi mentir ?
00:25:45Dans une affaire criminelle,
00:25:47à partir du moment
00:25:47où les gens
00:25:48ne disent pas la vérité,
00:25:50sur un point de détail,
00:25:51on peut penser
00:25:53qu'ils veulent
00:25:54cacher quelque chose.
00:26:00Commissaire Agron,
00:26:01vous décidez
00:26:02d'aller le voir,
00:26:03ce Charlie Cretello ?
00:26:05Oui.
00:26:06Et alors,
00:26:06la première chose
00:26:06qu'il va nous dire,
00:26:07il nous l'a dit déjà
00:26:08mais il va le répéter,
00:26:09c'est naturellement
00:26:10vous allez penser
00:26:11que je les ai tués
00:26:12puisqu'avec le passé
00:26:13qui est le mien,
00:26:14je suis le suspect
00:26:15idéal.
00:26:16Et qu'est-ce qu'il dit
00:26:17pour sa défense ?
00:26:18Charles Cretello
00:26:18pour explication
00:26:19nous dit
00:26:19je connais Alain et Angela,
00:26:23je les avais invités
00:26:24à déjeuner ce mardi-là,
00:26:26nous devions discuter,
00:26:27nous avions quelques affaires
00:26:28ensemble,
00:26:29Alain et Angela
00:26:30avaient l'intention
00:26:31d'acheter un commerce,
00:26:33un restaurant au Havre
00:26:34et ils voulaient me montrer
00:26:35une cassette
00:26:36qui me décrivait
00:26:37l'établissement
00:26:37pour chercher les conseils
00:26:39et voir si on pouvait
00:26:40monter une affaire ensemble.
00:26:41Mais il est formel,
00:26:44après les avoir vus,
00:26:44ils sont partis vivants.
00:26:45Il est formel,
00:26:46il a déjeuné avec eux,
00:26:48le couple est reparti,
00:26:49il n'a plus de nouvelles depuis.
00:26:50Mais comment il se comporte
00:26:51avec vous
00:26:51qui allez l'interroger
00:26:52à plusieurs reprises
00:26:53à la pizzeria ?
00:26:54Il se comporte
00:26:55de manière très
00:26:57relation d'ancien voyou
00:26:59avec un policier.
00:27:01C'est-à-dire,
00:27:03vous me comprenez,
00:27:04vous savez
00:27:04que j'ai un passé,
00:27:06vous savez que
00:27:07si vraiment
00:27:08j'avais fait quelque chose
00:27:09de mal,
00:27:10on s'en serait rendu compte,
00:27:11vous savez que
00:27:12je suis repenti
00:27:13et que j'essaye
00:27:14de progresser dans la vie,
00:27:16laissez-moi continuer
00:27:16à avancer
00:27:17et aller vers le droit chemin.
00:27:19Voilà un petit peu
00:27:19le discours
00:27:20qu'il essaye
00:27:20de nous faire passer
00:27:21et naturellement,
00:27:23je vous aiderai
00:27:23à retrouver les auteurs
00:27:24si tant est que je le puisse.
00:27:26Donc, vous le placez
00:27:27en garde à vue ?
00:27:27Non, on ne le place pas
00:27:28en garde à vue
00:27:28dans les médias
00:27:29puisqu'en le place
00:27:30en garde à vue,
00:27:31on ampute le temps
00:27:32dont on pourra bénéficier
00:27:34par la suite
00:27:34lorsqu'on aura plus d'éléments
00:27:36pour pouvoir procéder
00:27:37à une audition
00:27:37digne de ce nom.
00:27:39On n'a pas grand-chose,
00:27:40en fait.
00:27:40On n'a pas beaucoup
00:27:40d'éléments tirés
00:27:41issus des auditions.
00:27:44Mais un sentiment
00:27:44que la piste
00:27:45est la bonne, quand même.
00:27:46Un sentiment
00:27:46que la piste
00:27:47est la bonne, bien sûr.
00:27:48Mais pour pouvoir le tenir,
00:27:49il nous fallait apporter
00:27:50dans le dossier
00:27:51des éléments matures.
00:27:53Vous gardez donc
00:27:54un œil sur lui ?
00:27:55On va garder un œil sur lui
00:27:56et on va essayer
00:27:57de mieux le connaître
00:27:58pendant 18 mois,
00:28:002 ans.
00:28:05Et à partir de là,
00:28:07les policiers placent
00:28:08la famille Crétello
00:28:09sur écoute.
00:28:10Ils se mettent à fouiller
00:28:10dans la vie de Charlie
00:28:11et ils tombent sur du lourd.
00:28:13L'homme est un pervers,
00:28:15manipulateur,
00:28:16colérique
00:28:17et violent.
00:28:20On s'apercevait
00:28:21que c'était
00:28:21une personne capable
00:28:23de mentir
00:28:23à n'importe qui,
00:28:24capable de tromper
00:28:25même son propre
00:28:26fils,
00:28:27son épouse.
00:28:28On a appris rapidement
00:28:29qu'il avait une maîtresse
00:28:30confirmée.
00:28:32Quand je dis confirmée,
00:28:33c'est que ça durait
00:28:35dans le temps
00:28:35et qu'il vivait
00:28:36quasiment avec.
00:28:42Pour draguer
00:28:43une serveuse d'un bar,
00:28:44il est capable
00:28:45de lui dire
00:28:46« Tiens,
00:28:46est-ce que ça t'intéresse
00:28:49d'être gérante
00:28:49d'un bar à Marseille ? »
00:28:50Par exemple,
00:28:51sur la corniche,
00:28:51il lui donne l'adresse,
00:28:52il dit « Voilà,
00:28:53j'ai un bar là,
00:28:54ça serait intéressant
00:28:55si tu veux. »
00:28:56Alors naturellement,
00:28:57la serveuse,
00:28:58elle passait gérante
00:29:00d'un bar,
00:29:00ça l'intéresse,
00:29:01donc elle fait
00:29:01un petit tour là-bas,
00:29:02elle se rend sur place,
00:29:03elle se rend compte
00:29:04que l'immeuble,
00:29:04l'immeuble,
00:29:05il est mûré.
00:29:05L'immeuble,
00:29:06c'est fini,
00:29:07il n'y a pas de bar,
00:29:07il n'y a plus rien.
00:29:08Quand il revient
00:29:09à Alsace,
00:29:09elle demande à Charlie
00:29:10« J'ai vu ton immeuble,
00:29:11il n'y a rien,
00:29:11il n'y a pas de bar. »
00:29:13Et il lui dit
00:29:13« Mais tu t'es trompé,
00:29:14alors là il est royal,
00:29:15tu t'es trompé,
00:29:16tu t'es trompé d'adresse. »
00:29:20Et tout ça,
00:29:20en fin de compte,
00:29:21c'était pour arriver
00:29:22à ses fins,
00:29:22c'est-à-dire
00:29:22pour draguer la serveuse.
00:29:26Et d'après les écoutes,
00:29:28quand pour arriver
00:29:28à ses fins,
00:29:29mentir ne suffit pas,
00:29:31Charles Crétello
00:29:31devient menaçant.
00:29:33On sentait que les gens,
00:29:35dès qu'ils changeaient
00:29:36l'internation,
00:29:37tout de suite,
00:29:37les gens avaient peur.
00:29:39Aussi bien sa femme,
00:29:41du côté de sa femme,
00:29:41sa famille,
00:29:42que sa maîtresse.
00:29:44Et même,
00:29:45on sentait la menace
00:29:46presque physique
00:29:46derrière
00:29:47qui allait arriver
00:29:47quand il allait arriver
00:29:48sur place.
00:29:49On sentait que ça pouvait
00:29:50y arriver jusque là,
00:29:51mais très rapidement.
00:29:52Au téléphone ?
00:29:53Au téléphone,
00:29:54tout à fait.
00:29:56Il faut dire
00:29:57que dans la famille Crétello,
00:29:59le père ne supporte
00:30:00aucune contestation,
00:30:02y compris de la part
00:30:02de Christophe,
00:30:03son fils aîné âgé
00:30:04de 25 ans
00:30:04qui travaille avec lui
00:30:05à la pizzeria.
00:30:09Le fils n'avait pas
00:30:10discuté les discussions
00:30:11du père,
00:30:11c'était lui
00:30:12le chef de famille,
00:30:14comme dans les
00:30:15une bonne tradition
00:30:16italienne.
00:30:20Le fils était
00:30:21une sorte,
00:30:21était quand même
00:30:22visiblement
00:30:22en admiration
00:30:23devant son père,
00:30:24mais c'est le père
00:30:26qui menait sa vie.
00:30:28Charles Crétello
00:30:29avait certainement
00:30:31de l'affection
00:30:31pour son fils,
00:30:32mais ça ne se voyait
00:30:33pas beaucoup.
00:30:35Ça ne se voyait pas
00:30:36beaucoup.
00:30:36S'il en avait,
00:30:37il l'a caché bien.
00:30:39Au fil des écoutes,
00:30:40les policiers
00:30:41se font une image
00:30:41de plus en plus précise
00:30:43de la personnalité
00:30:44de leurs clients.
00:30:45Exemple,
00:30:45le jour où Charlie Crétello
00:30:46a tenté de se débarrasser
00:30:48de sa maîtresse,
00:30:49avec laquelle il venait
00:30:50pourtant d'avoir un enfant.
00:30:52Qu'est-ce qu'il fait ?
00:30:52Il utilise
00:30:53un de ses anciens cuisiniers,
00:30:54il lui demande
00:30:55de monter un stratagème
00:30:57avec lui
00:30:57et d'essayer
00:30:59de séduire sa maîtresse
00:31:00et lui,
00:31:01il arrive là
00:31:01par hasard
00:31:02et il la surprend
00:31:03avec son ancien cuisinier
00:31:05et alors là,
00:31:06il a
00:31:06un bafoué,
00:31:08il s'en va
00:31:09avec ses valises
00:31:10et il dit
00:31:10je m'en vais,
00:31:11je te laisse.
00:31:11Or, le stratagème,
00:31:12malheureusement,
00:31:13n'a pas marché.
00:31:17Charles Crétello
00:31:18était un manipulateur
00:31:19puisqu'on s'aperçoit
00:31:21qu'on rencontre
00:31:22aussi bien
00:31:23sa famille,
00:31:24son fils,
00:31:25sa maîtresse
00:31:26ne sont pour lui
00:31:28que des personnes
00:31:29qui l'utilisent
00:31:30et qui peut jeter
00:31:32d'un moment
00:31:32ou à l'autre.
00:31:34Menteur,
00:31:36manipulateur,
00:31:37autoritaire,
00:31:39infidèle,
00:31:39soit,
00:31:41ça ne fait pas
00:31:42pour autant
00:31:42de lui un assassin.
00:31:44Les policiers
00:31:44persévèrent,
00:31:45une intuition,
00:31:46leur patience
00:31:46va être récompensée
00:31:48un jour
00:31:49d'octobre 97,
00:31:50un an et demi
00:31:51après la disparition
00:31:52des haies.
00:31:54Pendant un an,
00:31:55les écoutes
00:31:55n'ont rien donné
00:31:56et à un moment,
00:31:56le collègue
00:31:57qui était chargé
00:31:58de ça arrive
00:31:58en disant
00:31:58je crois qu'on a
00:31:59quelque chose
00:31:59et on avait
00:32:01quelque chose
00:32:01ce jour-là.
00:32:02Finalement,
00:32:02commissaire Agrome,
00:32:03vos écoutes téléphoniques
00:32:04vont finir par payer.
00:32:06Oui,
00:32:07le travail d'environnement
00:32:08va finir par payer.
00:32:09En effet,
00:32:10Charles Crétello
00:32:11va monter
00:32:12une combine
00:32:12et va expliquer
00:32:14au frère
00:32:15de sa maîtresse
00:32:15qu'il peut lui faire
00:32:17gagner de l'argent.
00:32:18En effet,
00:32:18le frère de sa maîtresse
00:32:19est cuisinier,
00:32:21quelqu'un qui travaille,
00:32:22qui est honnête,
00:32:23qui travaille,
00:32:25qui a de l'or
00:32:26entre les doigts.
00:32:27C'est un très bon cuisinier,
00:32:29il aimerait se développer,
00:32:30il aimerait acheter
00:32:31sa propre affaire.
00:32:32Charles Crétello
00:32:33va lui proposer
00:32:34de s'associer.
00:32:34Ça nous rappelle quelque chose.
00:32:36On avait déjà entendu
00:32:37parler d'association
00:32:38entre Alain Hay
00:32:40et Charles Crétello
00:32:41pour acheter un restaurant
00:32:42du côté du Havre.
00:32:44Donc,
00:32:44ça nous rappelle quelque chose.
00:32:46Pour pouvoir acheter
00:32:47cette affaire,
00:32:48pour pouvoir participer
00:32:48à cette affaire
00:32:49avec le frère
00:32:50de sa maîtresse,
00:32:51Charles va lui demander
00:32:52d'amener de l'argent.
00:32:53Il va lui dire
00:32:53j'ai une combine,
00:32:54on ne cherche pas à comprendre,
00:32:56je vais te ramener
00:32:56beaucoup plus
00:32:57que ce que tu as investi.
00:32:59Je crois qu'à l'époque,
00:32:59il s'agissait d'investir
00:33:00150 000 francs
00:33:01et Charles devait ramener
00:33:02300 000 francs.
00:33:03L'affaire va durer,
00:33:05Charles récupère
00:33:06l'argent
00:33:07et ne rendra jamais
00:33:08un centime
00:33:09au frère
00:33:11de sa maîtresse.
00:33:12Jamais rien.
00:33:12Au contraire,
00:33:13il ne l'appellera jamais.
00:33:15Il fera en sorte
00:33:16de prétendre
00:33:18être dans une complexité
00:33:20terrible,
00:33:20d'être face
00:33:21à des individus
00:33:22très étranges
00:33:23quelque part
00:33:24dans le sud de la France,
00:33:25de courir après l'argent
00:33:26et d'essayer
00:33:27de le récupérer.
00:33:28Donc ça dit quoi ?
00:33:29Ça dit que le personnage
00:33:30n'est pas rangé
00:33:30des voitures du tout ?
00:33:31Ça dit que le personnage
00:33:32n'est pas rangé
00:33:32des voitures,
00:33:33ça dit que le personnage
00:33:34est un menteur,
00:33:34ça dit que le personnage
00:33:35est un manipulateur.
00:33:37Et ça dit surtout
00:33:37que cette combine,
00:33:40cette forme de,
00:33:41ce qu'on appelle
00:33:41un ripdile,
00:33:42de transaction pourrie,
00:33:43c'est exactement
00:33:44ce qui a pu se passer
00:33:45avec Alain Hay.
00:33:47Le problème,
00:33:48c'est que ce n'est toujours
00:33:48pas une preuve, ça.
00:33:49C'est une indication,
00:33:50mais pas plus.
00:33:51Bien sûr,
00:33:51ce n'est pas une preuve.
00:33:52C'est évident.
00:33:53Pendant de longs mois,
00:34:00les policiers continuent
00:34:01d'observer les Crételos
00:34:03à distance.
00:34:04La pizzeria ferme,
00:34:06Christophe, le fils,
00:34:07part vivre à Marseille
00:34:07avec sa compagne,
00:34:09Christine, la femme
00:34:09de Charles Crételos,
00:34:11part habiter dans le sud,
00:34:11elle aussi,
00:34:12Ariance,
00:34:13et Charles mène
00:34:14une double vie
00:34:15entre sa femme,
00:34:17Ariance,
00:34:17et sa maîtresse,
00:34:18en Alsace.
00:34:20Il serait peut-être
00:34:20temps de le cuisiner,
00:34:22ce Charlie Crételos,
00:34:23deux ans après
00:34:24le double meurtre.
00:34:27Le 9 juin 1998,
00:34:30les policiers arrêtent
00:34:31Charles Crételos
00:34:32alors qu'il sort
00:34:33de chez sa maîtresse.
00:34:40Quand on l'interpelle,
00:34:41il est pratiquement
00:34:41le même que lorsqu'on
00:34:42allait manger dans le restaurant.
00:34:44Il paraît sûr de lui,
00:34:45il est normal,
00:34:47on se dit que ça va
00:34:48être difficile à ce moment-là.
00:34:51Le même jour,
00:34:52un autre policier
00:34:53va chercher Christine,
00:34:54la femme de Charlie,
00:34:55Ariance.
00:34:56Le commandant Engel,
00:34:57lui,
00:34:57arrête Christophe
00:34:58et sa compagne à Marseille.
00:35:00La mère,
00:35:01le fils et la belle-fille
00:35:02sont interrogés
00:35:03à la PJ de Marseille.
00:35:05Charlie, lui,
00:35:06est en garde à vue
00:35:07à la PJ de Mulhouse.
00:35:08On avait peur
00:35:14que si jamais
00:35:16les gardes à vue
00:35:17se prennent dans un même lieu,
00:35:19que Crételos réussissent
00:35:21parce qu'ils connaissaient
00:35:22le milieu
00:35:22à communiquer
00:35:24par un moyen
00:35:24ou par l'autre
00:35:25ou rencontrer
00:35:26un des membres
00:35:28de sa famille
00:35:28et de par là
00:35:29face pression
00:35:30pour les obliger
00:35:31à ne rien dire.
00:35:32En garde à vue,
00:35:36tous répètent
00:35:36la version donnée
00:35:37en 1996.
00:35:39Les haies
00:35:39sont arrivées
00:35:40vers midi.
00:35:41Les compagnes
00:35:42de Charlie et Christophe
00:35:42sont parties
00:35:43avec les enfants
00:35:43faire des courses.
00:35:45Seuls Christophe
00:35:46et Charlie
00:35:46ont déjeuné
00:35:47avec le couple
00:35:49et.
00:35:49Alain et Angela
00:35:54sont repartis
00:35:55vers 14h30.
00:35:57L'après-midi,
00:35:58Charlie et Christophe
00:35:59ont travaillé
00:35:59dans la pizzeria.
00:36:01Ils n'ont revu
00:36:02leur femme
00:36:02que vers 20h.
00:36:07Le lendemain matin,
00:36:09à la PJ de Marseille,
00:36:10le lieutenant Poirier
00:36:11met la pression
00:36:11sur Christine
00:36:12et lui parle
00:36:13des frasques
00:36:13de son compagnon,
00:36:14de sa maîtresse,
00:36:15du fils qu'il a eu
00:36:16avec elle
00:36:17et qui a le même âge
00:36:18que sa petite dernière.
00:36:20Il lui fait même écouter
00:36:21des conversations
00:36:21téléphoniques de Charlie.
00:36:23Sans résultat.
00:36:25Mais quand il lui révèle
00:36:26que des témoins
00:36:26l'ont aperçu
00:36:27vers 17h
00:36:28sur le parking
00:36:28de la pizzeria,
00:36:30le jour même
00:36:30de la disparition des haies,
00:36:32il sent que Christine
00:36:33va craquer.
00:36:35Christine
00:36:35m'a regardé
00:36:37pendant un certain temps.
00:36:40C'était assez long.
00:36:41Enfin,
00:36:41ça passe peut-être vite,
00:36:43mais c'était long.
00:36:43Elle a pris une cigarette,
00:36:45m'a fait des yeux ronds
00:36:46et là,
00:36:47elle m'a avoué,
00:36:48elle m'a dit
00:36:48oui, effectivement,
00:36:49on est revenu à la pizzeria.
00:36:52Christine avoue,
00:36:53oui,
00:36:54elle a menti.
00:36:55Ce jour-là,
00:36:55elle est bien revenue
00:36:56à 17h à la pizzeria.
00:36:58Mais elle n'a pas pu entrer.
00:37:00quand je suis arrivée,
00:37:03je voulais descendre
00:37:05de voiture
00:37:06pour rentrer.
00:37:07Et mon fils,
00:37:08il vient
00:37:08et puis là,
00:37:09quand j'ai vu le visage
00:37:10de mon fils,
00:37:10je me suis dit,
00:37:10il y a quelque chose
00:37:11qui ne va pas chez mon fils.
00:37:13Je me suis dit,
00:37:13mais qu'est-ce que tu as
00:37:14Christophe ?
00:37:14Rien,
00:37:14rien,
00:37:15rien,
00:37:15rien,
00:37:15rien.
00:37:16Je me suis dit,
00:37:16mais attends,
00:37:17qu'est-ce que...
00:37:17Maman,
00:37:18tu ne peux pas monter ?
00:37:18Charlie s'approche
00:37:21à son tour
00:37:22de la voiture
00:37:22de sa femme.
00:37:24Et lui,
00:37:24il vient et il dit,
00:37:25tu ne peux pas monter
00:37:26maintenant
00:37:26parce qu'on a des affaires
00:37:27à faire,
00:37:28on a des discussions,
00:37:29tout ça,
00:37:29tu n'as pas à être là-haut.
00:37:30Je lui dis,
00:37:31mais ça ne va pas,
00:37:31je suis chez moi là.
00:37:33Et je n'ai rien compris là.
00:37:35Pourquoi je ne peux pas
00:37:36rentrer chez moi ?
00:37:37Tu rentreras tout à l'heure.
00:37:38Et je suis partie
00:37:39avec mon ex-mère-fiche
00:37:40dans son appartement.
00:37:43Tout de suite,
00:37:44tout de suite,
00:37:44je lui ai demandé,
00:37:45mais la voiture,
00:37:45elle était où ?
00:37:46La voiture des...
00:37:47Elle était le long
00:37:48de la terrasse,
00:37:48garée vers la gauche.
00:37:56Charles et Christophe Crétello
00:37:57ont donc menti.
00:38:00Les haies ne sont pas reparties
00:38:01à 14h30,
00:38:02comme il l'affirme aux policiers,
00:38:04depuis maintenant deux ans.
00:38:06Ils étaient soit encore vivants
00:38:08dans la pizzeria
00:38:10ou morts,
00:38:11puisque leur voiture était là.
00:38:13Et puis interdiction
00:38:14de rentrer dans la pizzeria.
00:38:16Donc il y a eu quelque chose
00:38:16qui se passait
00:38:17dans cette pizzeria.
00:38:18Donc naturellement,
00:38:19pour nous,
00:38:21c'était un élément
00:38:21encore plus important.
00:38:23Disons que c'était
00:38:24le début des aveux.
00:38:25A Marseille,
00:38:28le commandant Engel
00:38:29soumet alors
00:38:30les déclarations
00:38:31de sa mère
00:38:32au fils Christophe,
00:38:34qui à son tour
00:38:34change de version.
00:38:37Il raconte maintenant
00:38:38qu'il était parti
00:38:38promener les chiens
00:38:40quand à son retour,
00:38:43il a découvert
00:38:43les corps du couple
00:38:44le « et ».
00:38:45Nous, on pensait
00:38:46que c'était plausible,
00:38:48c'était possible.
00:38:49Et à un moment,
00:38:50on dit,
00:38:50bon, écoute,
00:38:51on va marquer tout ça,
00:38:53on va le noter
00:38:55sur le PV.
00:38:56À un moment donné,
00:38:57il est devenu tout blanc.
00:38:58Il est...
00:38:58Il dit, attendez,
00:39:01il a commencé à pleurer.
00:39:04Et il dit,
00:39:05non, écoutez,
00:39:06il faut que je dise,
00:39:07c'est pas passé comme ça.
00:39:08En fait,
00:39:09c'est moi qui ai tué
00:39:09Madame A.
00:39:14Et Christophe vide son sac.
00:39:17À la fin du repas,
00:39:18Alain A se serait assoupi
00:39:20sur le canapé.
00:39:21C'est alors que son père Charlie
00:39:23lui aurait discrètement
00:39:24tendu une arme
00:39:25et lui aurait dit
00:39:25« Liquide Angela ».
00:39:28Christophe aurait alors
00:39:31invité Angela
00:39:32à visiter la cave du restaurant.
00:39:39Et quand Angela
00:39:40a ouvert la porte de la cave,
00:39:46Christophe, dit-il,
00:39:47aurait tiré deux ou trois fois
00:39:48dans le haut du dos
00:39:50ou dans le cou.
00:39:52Ensuite, il raconte
00:39:52qu'il a rendu l'arme
00:39:53à son père
00:39:54qui aurait ensuite tiré
00:39:55sur Alain A
00:39:55et, toujours endormi,
00:39:57sur le canapé.
00:39:59On était un peu
00:39:59on était un peu estomaqué, quoi.
00:40:01On ne pensait pas
00:40:02qu'il était capable
00:40:03de faire ça, quoi,
00:40:03qu'il aurait pu faire ça.
00:40:05Tel qu'il a décrit la scène,
00:40:07tout ce qu'il a décrit,
00:40:07c'est cohérent.
00:40:08Avec les constatations,
00:40:09c'est l'orifice
00:40:10d'entrée des balles,
00:40:11etc.
00:40:11Donc, ça tenait debout, quoi.
00:40:16Et Christophe continue.
00:40:18Après le meurtre,
00:40:20père et fils ont traîné
00:40:21les corps dans la cave.
00:40:23Puis ils ont nettoyé
00:40:23les traces de sang
00:40:24dans l'appartement
00:40:25et dans la cuisine.
00:40:26Ensuite, Charlie a pris sa voiture
00:40:31et est allé récupérer sa femme
00:40:33chez sa belle-fille,
00:40:35la femme de Christophe.
00:40:38Christine est revenue
00:40:39à la pizzeria.
00:40:41Il était environ 20 heures.
00:40:43Et quand je suis rentrée
00:40:47dans cet appartement,
00:40:48Charles Crételot,
00:40:49il a dit,
00:40:50je dois partir avec Christophe.
00:40:52Je dois faire quelque chose
00:40:52avec Christophe.
00:40:55Et il m'a enfermée.
00:40:58Moi, je me suis dit,
00:40:59mais comment ça se fait
00:41:00qu'il m'a enfermée là-dedans ?
00:41:03Et puis, alors,
00:41:04je n'arrivais pas à dormir.
00:41:06Et comme il fait sombre,
00:41:07parce qu'on était quand même
00:41:08dans un endroit isolé.
00:41:09Je veux dire, c'est pas...
00:41:11Il y avait des va-et-bien
00:41:12avec sa camionnette
00:41:12qu'il avait.
00:41:13Christophe raconte
00:41:17que lui et son père
00:41:17ont mis les corps
00:41:18dans le coffre
00:41:19de la voiture des haies.
00:41:21Ensuite, ils sont partis
00:41:22à deux voitures.
00:41:25Devant Charles Crételot
00:41:26au volant de la Mercedes.
00:41:29Derrière Christophe
00:41:30au volant de sa camionnette.
00:41:34Arrivé sur les berges
00:41:35du Grand Canal,
00:41:37ils ont poussé
00:41:38la Mercedes
00:41:39dans l'eau.
00:41:41Alors là, commissaire à Groum,
00:41:49Christophe Crételot
00:41:50vient d'avouer,
00:41:52Christine
00:41:52vient de balancer.
00:41:56Et il se trouve
00:41:56que tout ça se passe
00:41:57à Marseille.
00:41:58Vous, vous êtes à Mulhouse.
00:41:59Charles Crételot
00:42:00est dans un bureau
00:42:01de la police judiciaire.
00:42:02Qu'est-ce que vous faites ?
00:42:03Vous lui balancez
00:42:04tout le PV
00:42:04des aveux de son fils
00:42:05et des révélations
00:42:06de sa femme ?
00:42:07Non, bien sûr,
00:42:07on ne lui balance pas
00:42:08tout le PV des aveux
00:42:09ni de son fils
00:42:11ni des déclarations
00:42:12de sa femme.
00:42:12Ce n'est pas dans
00:42:13les méthodes
00:42:13de la police judiciaire.
00:42:14La police judiciaire,
00:42:15c'est une méthode
00:42:17qui nous entraîne
00:42:18à pouvoir procéder
00:42:19à des auditions
00:42:20de manière circonstanciée.
00:42:21Donc, je vais
00:42:22dans un premier temps
00:42:22lui dire que son fils
00:42:24a avoué
00:42:24et lire le tout début
00:42:25« Je reconnais
00:42:27ma participation
00:42:27au meurtre
00:42:28d'Alain et Angela Hay. »
00:42:30Voilà.
00:42:30Et là,
00:42:30comment il réagit ?
00:42:31Là, on sent
00:42:32que Charles est saisi.
00:42:34On sent
00:42:34qu'on a marqué juste.
00:42:37On sent
00:42:38qu'on ne s'est pas trompé.
00:42:39On comprend là
00:42:39vraiment
00:42:40qu'il va se passer
00:42:40quelque chose.
00:42:42Donc, il va nous expliquer.
00:42:43Il va nous donner
00:42:43sa version.
00:42:44Et dans sa version,
00:42:45dans sa première version,
00:42:46Charles prend tout à lui.
00:42:48Il se comporte
00:42:50comme un père de famille,
00:42:52comme un père du sud,
00:42:53comme quelqu'un
00:42:54de responsable.
00:42:55Il écarte
00:42:55toute responsabilité
00:42:56de son fils.
00:42:57Mon fils a inventé ça,
00:42:58c'est moi.
00:42:59C'est moi qui ai tout fait.
00:43:00Si mon fils l'a dit,
00:43:01c'est pour me couvrir.
00:43:02Mais non,
00:43:03mon fils n'y est pour rien.
00:43:04Et vous le croyez à moquer ?
00:43:05On ne le croit pas du tout.
00:43:07On ne le croit pas du tout.
00:43:08Ça paraît relativement incohérent.
00:43:10Pourquoi est-ce que
00:43:10Christophe Crétello
00:43:11irait avec force de détails,
00:43:13avec des détails
00:43:14qui correspondent
00:43:15à ce que l'on connaît,
00:43:16c'est-à-dire avec des détails
00:43:17qui sont corroborés
00:43:19par les constatations
00:43:20qu'on a pu faire
00:43:20sur les corps,
00:43:21par les examens
00:43:23médicaux et légaux ?
00:43:25Comment est-ce que
00:43:25Christophe
00:43:26pourrait connaître
00:43:27aussi bien
00:43:28ces détails-là
00:43:29s'il n'avait pas
00:43:29participé
00:43:30à l'homicide ?
00:43:32Le mobile,
00:43:33qu'est-ce qu'il vous dit
00:43:33sur le mobile ?
00:43:34Pourquoi a-t-il tué
00:43:35ces gens-là ?
00:43:36Le mobile,
00:43:37il va nous dire
00:43:38qu'en fait,
00:43:38il les a tués
00:43:39parce qu'il les méprise.
00:43:42Il a trouvé
00:43:42qu'Alain Hay
00:43:43avait trop de morgue,
00:43:45trop d'aisance
00:43:46et il les a énervés.
00:43:48Donc,
00:43:48il va les tuer pour ça.
00:43:50C'est un mobile
00:43:50un peu facile.
00:43:51C'est vrai que
00:43:52Alain Hay
00:43:53nous a été décrit
00:43:53comme quelqu'un
00:43:54qui a une personnalité forte,
00:43:56qui parle beaucoup,
00:43:57qui s'impose
00:43:59de la halle tuée.
00:44:00Non,
00:44:00on n'y croit pas du tout.
00:44:01Il les a tués
00:44:02tout simplement
00:44:02parce que c'était
00:44:03le seul moyen
00:44:03de pouvoir récupérer
00:44:04ces 500 000 francs.
00:44:06Généralement,
00:44:13quand un gardé à vue
00:44:14passe aux aveux,
00:44:15c'est la fête
00:44:16chez les policiers.
00:44:17Là, pas du tout
00:44:17car ils sont face
00:44:18à un casse-tête.
00:44:20Ils ont deux aveux différents.
00:44:21Le fils dit avoir tué
00:44:23Angela,
00:44:24son père tuant
00:44:24ensuite Alain.
00:44:25Le père dit
00:44:26qu'il les a tués
00:44:27tous les deux.
00:44:28Pour tenter
00:44:28d'y voir plus clair,
00:44:29ils vont donc fouiller
00:44:30du côté des histoires
00:44:31de famille
00:44:31des Crételots.
00:44:32Au moment de son arrestation,
00:44:36Charles Crételot
00:44:37a 46 ans.
00:44:40Il est né à Marseille
00:44:41où sa mère
00:44:42l'a élevé
00:44:43quasiment seul.
00:44:45Son père,
00:44:45souvent absent,
00:44:46travaillait
00:44:47dans la marine marchande.
00:44:50Il a une soeur cadette,
00:44:51Marie-Josée,
00:44:53deux ans de moins
00:44:54que lui.
00:44:56Charlie a six ans
00:44:57quand ses parents
00:44:57se séparent.
00:44:59Sa mère se remarie.
00:45:02Il a 19 ans.
00:45:05Quand il rencontre Christine,
00:45:06il l'épouse
00:45:07quelques mois plus tard
00:45:08et très vite
00:45:09n'est Christophe.
00:45:11A partir de là,
00:45:12la vie conjugale
00:45:13devient un enfer.
00:45:18Les coups,
00:45:19les coups,
00:45:19les coups.
00:45:20Les menaces.
00:45:21Si je ne donnais pas
00:45:22ce que lui voulait,
00:45:23c'était les coups.
00:45:24J'ai essayé
00:45:25de partir plusieurs fois
00:45:26mais une fois
00:45:28il m'a tout cassé
00:45:28dans la maison.
00:45:30Il m'a tout cassé
00:45:31dans la maison.
00:45:32En 1980,
00:45:36Charles Crétello
00:45:36est condamné
00:45:37à 20 ans
00:45:37de réclusion criminelle
00:45:38pour le meurtre
00:45:39d'un garçon de café.
00:45:41Christine divorce
00:45:42et reste seule
00:45:43avec son petit garçon
00:45:44de 7 ans.
00:45:46Christophe est élevé
00:45:46en partie
00:45:47par ses grands-parents
00:45:48paternels
00:45:48aux côtés
00:45:49de sa cousine Laurence.
00:45:53En 1989,
00:45:559 ans après
00:45:56sa condamnation,
00:45:57Charles Crétello
00:45:58sort de prison.
00:46:00Christophe a alors
00:46:0118 ans.
00:46:02Christophe était content
00:46:03d'avoir son père dehors.
00:46:05Moi, j'étais contente
00:46:06d'avoir un parrain
00:46:07et je crois que Christophe
00:46:09et moi,
00:46:09on l'a trop idéalisé.
00:46:11On s'est dit
00:46:12que c'est un caïd,
00:46:14c'est quelqu'un de fort,
00:46:17quelqu'un qui a souffert,
00:46:18qui est contre la justice,
00:46:21qui est un rebelle.
00:46:22C'était un père fantasmé,
00:46:26un père mythique.
00:46:27J'ai parlé d'un père mythique
00:46:28puisque dans la réalité,
00:46:30une fois qu'il a rencontré
00:46:31le père dans la réalité,
00:46:32ce n'était pas du tout
00:46:33le personnage
00:46:34qu'il avait imaginé.
00:46:38Christine accepte
00:46:39de reprendre la vie conjugale
00:46:40avec Charles Crétello.
00:46:42Ils ouvrent un restaurant
00:46:43à Marseille,
00:46:44puis un autre à Aubagne.
00:46:46Laurence Lagnès
00:46:47les rejoint
00:46:47et devient serveuse.
00:46:49Les violences
00:46:49et les insultes
00:46:50reprennent de plus belles.
00:46:54On était des bons à rien,
00:46:55des incapables.
00:46:57Un jour,
00:46:58il a frappé Christophe
00:47:00et quand il le frappait,
00:47:01il disait à Christophe
00:47:02« rends-moi les coups ».
00:47:04Christophe n'a pas osé
00:47:05lever la main sur son père
00:47:06et il lui a dit
00:47:07« t'es pas un homme ».
00:47:09Un jour,
00:47:12au restaurant Charles Crétello,
00:47:14il a frappé Christophe
00:47:15puis il lui a pris
00:47:18la main,
00:47:19il lui a posé la main
00:47:20sur le plan de travail
00:47:21de la cuisine
00:47:21et il a pris
00:47:23un genre de hachoir
00:47:25et il a tapé
00:47:32avec le hachoir
00:47:33à 2 mm de la main.
00:47:38Et j'étais à côté
00:47:39et je pensais vraiment
00:47:40qu'il allait lui couper la main.
00:47:43Christophe,
00:47:43il était blanc,
00:47:45plus que blanc.
00:47:46mais on n'a pas bougé.
00:47:52Personne n'a bougé.
00:47:58Pourtant,
00:47:59en 1995,
00:48:01quand ses parents décident
00:48:02de retourner en Alsace
00:48:03pour ouvrir la pizzeria
00:48:04de Roseneau,
00:48:07Christophe les accompagne.
00:48:08Je pense que le fils
00:48:12était un féodé au père,
00:48:13assez obéissant,
00:48:15quelqu'un d'anxieux,
00:48:16jeune,
00:48:17une personnalité
00:48:18pas encore très affirmée,
00:48:20à côté d'un père
00:48:21un peu machiavélique,
00:48:23je dirais même.
00:48:24Il voulait peut-être
00:48:25exister lui aussi
00:48:26aux yeux du père.
00:48:27Marie-Josée Crétello,
00:48:35vous êtes la sœur
00:48:36de Charles Crétello.
00:48:37Avec vous,
00:48:37il faut que j'éclaircisse
00:48:38deux ou trois choses.
00:48:39Oui.
00:48:40Sa femme
00:48:40dit que votre frère
00:48:43était violent avec elle
00:48:44et violent
00:48:46avec son fils.
00:48:49Non.
00:48:50Je m'insurge
00:48:50complètement là-dessus
00:48:52parce que
00:48:53ça a complètement
00:48:53un non-sens.
00:48:54du fait que
00:48:56ma belle-sœur,
00:48:5725 ans après,
00:48:59a eu un autre enfant.
00:49:01Avec Charles.
00:49:02Avec Charles.
00:49:03Et elle m'a dit
00:49:04ton frère me laisse le choix
00:49:06et mon choix
00:49:07c'est de le garder
00:49:07parce que je suis heureuse
00:49:09d'avoir un autre enfant
00:49:09avec ton frère.
00:49:11Ce qui pour vous
00:49:12est la preuve
00:49:12qu'il s'aimait.
00:49:13Qu'il s'aimait,
00:49:15c'est la meilleure preuve.
00:49:1625 ans après,
00:49:17vouloir garder
00:49:18à 43 ans
00:49:19un autre enfant
00:49:20de cet homme
00:49:21qui est soi-disant violent.
00:49:23Vous n'avez jamais
00:49:23été témoin de violence
00:49:24de votre frère
00:49:25à l'égard de qui que ce soit
00:49:26dans la famille.
00:49:26Non, non.
00:49:28Il pouvait être autoritaire.
00:49:30Oui.
00:49:31Mais pourquoi ?
00:49:32Parce qu'il a toujours protégé.
00:49:34De tout petit,
00:49:35mon père était navigateur.
00:49:37Donc il partait
00:49:386 mois,
00:49:389 mois.
00:49:40Quand il revenait,
00:49:41bon,
00:49:41maman s'appuyait
00:49:42sur mon frère.
00:49:43Il était très éveillé
00:49:44et elle appelait
00:49:44mon petit homme.
00:49:46Et c'est lui
00:49:46qui s'occupait de moi.
00:49:47Donc il avait de l'autorité.
00:49:48Il avait de l'autorité
00:49:49et puis
00:49:50maman lui avait inculqué ça.
00:49:53Mais il n'était pas violent.
00:49:54Bon,
00:49:55je pense que la seule violence
00:49:57qu'il y a eu,
00:49:57et là je suis sincère,
00:49:59j'en ai aussi discuté
00:49:59avec mon frère
00:50:00et ma fille,
00:50:01c'est la fois
00:50:02où mon neveu,
00:50:03comme tous les jeunes,
00:50:04avait pris la voiture
00:50:05de mon frère
00:50:06sans l'avertir.
00:50:08Il avait eu un accident,
00:50:09il était sous l'emprise
00:50:10de la boisson
00:50:10et il a causé
00:50:11un accident
00:50:12et délit de fuite.
00:50:14Voilà.
00:50:15Et c'est la seule fois
00:50:15où il a levé la main
00:50:16sur lui.
00:50:16Le problème,
00:50:17c'est que votre propre fille,
00:50:19Laurence,
00:50:20qu'on a rencontrée,
00:50:22dit qu'elle a été témoin
00:50:23de violences de votre frère
00:50:24à l'égard de son fils Christophe.
00:50:27Ça me fait mal au cœur
00:50:28parce que vous savez,
00:50:30en plus,
00:50:30c'est son parrain.
00:50:31Pour mettre mon frère
00:50:33parrain de ma fille,
00:50:34enfin quand même,
00:50:34j'ai été élevée avec lui,
00:50:35je ne sais pas,
00:50:36s'il y avait eu
00:50:36de sacrés problèmes,
00:50:37jamais j'aurais fait ça
00:50:38parce que je savais
00:50:39qu'elle serait toujours protégée.
00:50:41Une fois,
00:50:41elle est rentrée
00:50:42très très très tard
00:50:43et mon frère m'a dit
00:50:44c'est vrai,
00:50:44j'étais tellement en colère
00:50:45qu'elle a eu une gifle.
00:50:46Elle est rentrée
00:50:47à je ne sais pas
00:50:47quelle heure du matin,
00:50:48je me suis fait
00:50:48un mauvais sang d'encre,
00:50:50elle m'a répondu
00:50:50et je lui ai donné une gifle.
00:50:52Voilà.
00:50:53Mais ça n'est pas
00:50:53allé au-delà.
00:50:54Non.
00:50:55Si on se résume,
00:50:56selon vous,
00:50:57votre frère était
00:50:58une sorte de patriarche
00:50:59dans la famille,
00:50:59un peu dur,
00:51:00mais pas violent.
00:51:01Dur,
00:51:02mais pas violent.
00:51:09Après leurs aveux,
00:51:10respectifs et contradictoires,
00:51:12les crételots père et fils
00:51:13sont déférés
00:51:14l'un après l'autre
00:51:15devant le juge d'instruction.
00:51:17Qui a tué ?
00:51:18Le père,
00:51:18le fils
00:51:19ou les deux ?
00:51:20Et les femmes
00:51:21étaient-elles au courant ?
00:51:22Et que sont devenus
00:51:23les 500 000 francs,
00:51:23les 75 000 euros
00:51:24du couple et ?
00:51:26Le juge n'est pas
00:51:27au bout de ses peines.
00:51:27dans le bureau du juge,
00:51:47Charles Cretello
00:51:48reconnaît avoir dépensé
00:51:49l'argent,
00:51:50notamment pour payer
00:51:51ses employés,
00:51:53ce que confirme l'enquête.
00:51:54Il paye deux de ses serveuses,
00:51:59un autre homme a tout faire,
00:52:00il le paye
00:52:01avec des billets
00:52:01de 500 francs.
00:52:02À chaque fois,
00:52:03ces billets de 500 francs
00:52:03ont l'air neufs.
00:52:05Or, dans la caisse,
00:52:06il n'y a pas de billets
00:52:07de 500 francs
00:52:07qui rentrent comme ça
00:52:08puisqu'il y a très peu
00:52:09de recettes.
00:52:11Il vit la nuit,
00:52:13il vit financièrement,
00:52:15il vit bien.
00:52:17Avec sa maîtresse,
00:52:19pareil,
00:52:19il vit très bien.
00:52:20donc il lui faut de l'argent,
00:52:22il fallait qu'il y ait de l'argent.
00:52:25Christophe, lui,
00:52:26dit avoir personnellement
00:52:27utilisé 50 000 francs,
00:52:307 500 euros.
00:52:32Quant à Christine,
00:52:33elle dit n'avoir profité
00:52:34de rien.
00:52:35Mais elle connaissait
00:52:36l'existence de cet argent,
00:52:38dit-elle au juge.
00:52:39Et ça lui avait mis
00:52:40la puce à l'oreille.
00:52:44Il avait des liasses
00:52:45de 500 francs,
00:52:47des billets de 500 francs.
00:52:48plein de...
00:52:51Et il touchait cet argent
00:52:52comme ça.
00:52:55Alors quand j'ai vu ça,
00:52:56je lui ai dit,
00:52:57mais attends.
00:52:59J'ai dit,
00:53:00ces gens,
00:53:00ils ont disparu.
00:53:02Et ces gens,
00:53:02ils avaient de l'argent.
00:53:04Et puis il m'a attrapée,
00:53:05il m'a attrapée comme ça,
00:53:06il m'a collée contre le mur,
00:53:08il me serrait,
00:53:08il m'a dit,
00:53:08si tu ouvres la bouche,
00:53:09une seule fois,
00:53:12c'est fini pour toi.
00:53:14Une seule fois.
00:53:15Pour le juge,
00:53:18la question est maintenant
00:53:20de déterminer
00:53:20qui dit la vérité
00:53:21sur le meurtre d'Angela.
00:53:23Christophe
00:53:24ou Charles ?
00:53:27Qui a tué Angela ?
00:53:29Le fils
00:53:29ou le père ?
00:53:32Le 16 mars 2000,
00:53:34le juge organise
00:53:34une reconstitution
00:53:35à la pizzeria.
00:53:37Sont présents
00:53:38le lieutenant
00:53:39Gilles Poirier
00:53:40et les avocats
00:53:41des victimes,
00:53:42maître Alain Michel
00:53:43et Laetitia Bénard.
00:53:47C'est la première fois
00:53:48qu'ils rencontrent
00:53:49Charles Crétello.
00:53:52C'est quelqu'un
00:53:52qui dégageait
00:53:53une force terrible.
00:53:56Et j'imagine
00:53:57très bien
00:53:58qu'Alain est
00:53:59et rapidement
00:54:00fait confiance
00:54:01à Charles Crétello
00:54:02parce que
00:54:02c'était le genre d'homme
00:54:03qui lui plaisait.
00:54:05Le fils
00:54:05était un zombie.
00:54:07On le sentait
00:54:08peinot,
00:54:09on le sentait
00:54:09pas à l'aise.
00:54:13La reconstitution
00:54:14commence par
00:54:15la version de Christophe
00:54:16selon laquelle
00:54:17c'est son père
00:54:18qui le prend à part
00:54:20et lui tente
00:54:21une arme.
00:54:24Christophe descend
00:54:25l'escalier
00:54:27qui mène
00:54:27à la cuisine
00:54:28du restaurant
00:54:28derrière Angela.
00:54:31Celle-ci
00:54:31ouvre la porte
00:54:32de la cave
00:54:32et Christophe
00:54:34tire trois coups.
00:54:37Il refait les gestes
00:54:41assez naturellement
00:54:42sans particulièrement hésiter.
00:54:47C'était complètement crédible.
00:54:49Il ne s'est pas trompé
00:54:51et il nous a montré
00:54:53exactement ce qu'il avait fait.
00:54:54On n'avait aucune raison
00:54:55de douter de cette version.
00:54:58Christophe remonte
00:54:59à l'appartement
00:55:00et rend l'arme
00:55:02à son père
00:55:03qui, dit-il,
00:55:05empoigne Alain
00:55:05et
00:55:06endormi sur le canapé.
00:55:08C'est impressionnant
00:55:09de vérité.
00:55:12On croirait
00:55:12que ça se fait en direct.
00:55:15Il pointe,
00:55:16il tire,
00:55:16il tire.
00:55:17On pourrait penser
00:55:18qu'il est en train
00:55:19de le faire.
00:55:19Réellement,
00:55:20c'est d'une violence.
00:55:26La version du père,
00:55:27maintenant.
00:55:29Aucun doute,
00:55:29il a bien tué
00:55:30Alain Hay.
00:55:31Mais juste avant,
00:55:33a-t-il également tué
00:55:34comme il l'affirme
00:55:35Angela ?
00:55:37Quand le magistrat
00:55:38demande par la suite
00:55:39au père Crétello
00:55:40de refaire
00:55:42les faits et gestes
00:55:43quand il tue
00:55:43Madame Hay,
00:55:45là,
00:55:45ça manque de précision.
00:55:47On voit qu'il est
00:55:47un peu emprunté.
00:55:48Il n'a pas l'air
00:55:49d'avoir que...
00:55:51Enfin,
00:55:51c'est emprunté.
00:55:52C'est pas aussi réel
00:55:53que quand il tue
00:55:54Monsieur Hay.
00:55:56Charles Crétello
00:55:57affirme avoir
00:55:58traîné les corps
00:55:58dans la cave
00:55:59puis les avoir
00:56:00entassés
00:56:01dans le coffre
00:56:02de la Mercedes
00:56:02tout seul.
00:56:05Et ça ?
00:56:06Ça ne tient pas.
00:56:11Pour manipuler
00:56:12des corps,
00:56:13notamment le corps
00:56:14très lourd
00:56:14de Monsieur Hay,
00:56:15c'est plus facile
00:56:17à deux
00:56:17que tout seul.
00:56:18En particulier
00:56:19pour les descendre
00:56:20des escaliers
00:56:20ou remonter
00:56:21les escaliers
00:56:21dans la cave
00:56:22et de les entasser
00:56:23dans le coffre
00:56:25d'une voiture
00:56:26pour que ça
00:56:27y tienne place.
00:56:28Les constatations
00:56:29faites par les experts
00:56:30et puis par les...
00:56:31à l'époque
00:56:32par les policiers
00:56:33contredisent
00:56:36la version
00:56:37de Charlie
00:56:37et confirment
00:56:38la version
00:56:39de Christophe.
00:56:41À l'issue
00:56:42de cette reconstitution,
00:56:44le juge retient
00:56:44la version du fils.
00:56:47Mais alors
00:56:47pourquoi Charles Crétello
00:56:48s'accuse-t-il
00:56:49de tout ?
00:56:51Pourquoi couvrir
00:56:52son fils ?
00:56:54Moi, il me semblait
00:56:55qu'il voulait
00:56:56endosser
00:56:57les deux assassinats
00:56:58pour que le fils
00:57:00soit un peu
00:57:01mis hors de cause
00:57:02et qu'il ne parle pas
00:57:03et pouvoir peut-être
00:57:04manigancer sa version,
00:57:06sa propre version.
00:57:08C'était aussi
00:57:08une manière
00:57:09de ne pas le considérer
00:57:10comme un sujet
00:57:11à part entière
00:57:13dans cette affaire.
00:57:15C'est-à-dire ?
00:57:16De le rayer
00:57:17un peu symboliquement
00:57:18de ce passage à l'acte
00:57:20et de se dire
00:57:21j'endosse, moi,
00:57:22les deux assassinats.
00:57:30Commissaire Agroum,
00:57:31à l'issue
00:57:32de la reconstitution,
00:57:33franchement,
00:57:34c'est la version
00:57:34de Christophe
00:57:35qui est la plus cohérente.
00:57:37Tout à fait.
00:57:38Tout à fait cohérent.
00:57:39Ça colle avec
00:57:39les constatations ?
00:57:40Ça colle avec
00:57:40les constatations
00:57:41et ça colle surtout
00:57:42avec la version
00:57:43de Christophe
00:57:45qui ne peut pas
00:57:46être inventée.
00:57:47Qui ne peut pas
00:57:48être inventée.
00:57:48Lorsque Christophe
00:57:49a été entendu,
00:57:50il avait
00:57:51vraiment donné
00:57:52le sentiment
00:57:53de se débarrasser
00:57:54d'un grand poids.
00:57:55De se vider.
00:57:56De se vider.
00:57:57Et ensuite,
00:57:58on s'en rendra compte
00:57:58qu'il a eu
00:58:00une démarche
00:58:00très particulière.
00:58:02Il s'est mis
00:58:03à boire
00:58:03après la disparition
00:58:05du couple Le Hay.
00:58:06Il s'est mis
00:58:06à être différent
00:58:08de ce qu'il avait été
00:58:08jusqu'à présent.
00:58:10On comprend
00:58:10à posteriori,
00:58:11on comprend aussi
00:58:12par l'audition
00:58:15de sa femme,
00:58:16par l'audition
00:58:17de ses proches,
00:58:18qu'il a supporté
00:58:18quelque chose
00:58:19d'énorme
00:58:19pendant toute
00:58:20cette période-là.
00:58:21Et l'audition
00:58:22va lui permettre
00:58:22de se libérer.
00:58:23Pourquoi irait-il
00:58:24se libérer
00:58:24en inventant
00:58:25une histoire ?
00:58:25Non,
00:58:26il se libère
00:58:26en disant
00:58:27la vérité.
00:58:27Mais alors,
00:58:28pourquoi est-ce
00:58:28que le père
00:58:28veut endosser
00:58:29ces deux crimes ?
00:58:30Je pense,
00:58:31moi,
00:58:31au tout début,
00:58:32qu'il a voulu
00:58:33le faire
00:58:33pour jouer
00:58:35les grands seigneurs.
00:58:36Parce qu'il est
00:58:36grand seigneur.
00:58:37C'est un gars du Sud,
00:58:38c'est un voyou,
00:58:38son fils a fait
00:58:39une connerie.
00:58:41Il va le défendre.
00:58:42Et il va défendre
00:58:42cette position-là
00:58:43longtemps.
00:58:44À l'issue
00:58:44de la reconstitution,
00:58:45est-ce qu'on peut dire
00:58:46avec certitude
00:58:47qu'ils ont
00:58:48prémédité
00:58:49leurs gestes ?
00:58:51Alors,
00:58:52je reste persuadé
00:58:53que Charles Crétello
00:58:55a prémédité
00:58:56le tout.
00:58:57Je ne suis
00:58:58pas convaincu
00:58:59que Christophe Crétello
00:59:01ait prémédité
00:59:02quoi que ce soit.
00:59:02Je suis même convaincu
00:59:03que Christophe Crétello
00:59:04s'est retrouvé
00:59:05au pied de l'échelle,
00:59:07au pied du mur,
00:59:08lorsque son père
00:59:09lui a donné l'arme
00:59:09et lui a demandé
00:59:10de tuer Angela.
00:59:19Ça y est,
00:59:20on est au bout
00:59:20de l'enquête.
00:59:21Le juge est sur le point
00:59:22de boucler son instruction.
00:59:23Et la coup de théâtre,
00:59:24Charles Crétello
00:59:25veut revenir
00:59:26sur ses aveux.
00:59:29À ce moment-là,
00:59:31Charles Crétello
00:59:31est incarcéré
00:59:32à la maison d'arrêt
00:59:33de Mulhouse.
00:59:35Au parloir,
00:59:36quasiment personne
00:59:37ne vient le voir.
00:59:38Personne
00:59:39sauf une visiteuse
00:59:40de prison
00:59:41qui s'est prise
00:59:43d'affection pour lui.
00:59:45J'allais le voir
00:59:46toutes les semaines
00:59:47et très vite,
00:59:49il m'a déclaré
00:59:50un jour,
00:59:51je souhaite vous dire
00:59:53la vérité,
00:59:55ce n'est pas moi
00:59:56qui ai tué.
00:59:58Je me suis accusée
00:59:59à la place
01:00:00de mon fils.
01:00:07Je l'ai cru
01:00:08immédiatement
01:00:08je ne pourrais pas dire
01:00:12de façon précise
01:00:13pourquoi
01:00:14fallait-il vraiment
01:00:15passer toute sa vie
01:00:16en prison
01:00:17pour quelque chose
01:00:18qu'il n'avait pas fait.
01:00:20C'était quand même
01:00:21un peu dommage.
01:00:25Ariane Rubel
01:00:25demande à l'un de ses amis,
01:00:27maître Corman,
01:00:28avocat à Paris,
01:00:30de se pencher
01:00:30sur le dossier.
01:00:33Et très vite,
01:00:33l'avocat met en doute
01:00:34le scénario
01:00:35raconté par Christophe.
01:00:37comment il se fait
01:00:40qu'il s'y soit pris
01:00:45à deux personnes
01:00:47pour assassiner
01:00:48deux personnes
01:00:49avec une seule arme ?
01:00:52Comment imaginer
01:00:54qu'alors
01:00:54qu'il s'agit
01:00:55d'assassiner
01:00:55deux personnes,
01:00:56on va commencer
01:00:57par assassiner
01:00:59la personne
01:00:59la plus faible
01:01:00et en outre
01:01:01lui donner
01:01:02à la deuxième
01:01:03victime potentielle
01:01:05le temps
01:01:05de prendre
01:01:06je ne sais
01:01:07quelle disposition
01:01:07mais en tout cas
01:01:08de s'éloigner
01:01:09ou d'agresser
01:01:11l'autre
01:01:12puisqu'il est supposé
01:01:13être non armé
01:01:13n'est-ce pas ?
01:01:15Donc il y a là
01:01:16plusieurs incohérences
01:01:18qui sont quand même
01:01:19extrêmement frappantes.
01:01:22Il est vrai
01:01:23qu'on peut s'interroger.
01:01:25Pourquoi Alain Haine
01:01:26ne s'est-il pas réveillé
01:01:27quand on a assassiné
01:01:28sa femme
01:01:28de trois coups de revolver ?
01:01:30Certes,
01:01:31deux étages en dessous.
01:01:32Une balle de 20 dollars
01:01:34en rifle
01:01:35ça ne fait pas
01:01:36trop de bruit
01:01:36contrairement
01:01:38à un calibre
01:01:39plus important
01:01:40du 9 mm
01:01:41par exemple
01:01:41ça ne fait pas
01:01:42beaucoup de bruit.
01:01:43Il y a une part
01:01:44d'improvisation
01:01:45là-dedans
01:01:45apparemment
01:01:46Christophe dit
01:01:46mais on n'en a pas
01:01:47parlé avant.
01:01:49C'était
01:01:49à l'instant présent
01:01:51à l'instant
01:01:51au moment.
01:01:54L'avocat parisien
01:01:55Charles Corman
01:01:56s'est forgé
01:01:57une conviction.
01:01:58On charge
01:01:59Crétello
01:01:59à cause de son passé
01:02:01et de sa personnalité.
01:02:03Toutes
01:02:04ces évocations
01:02:05de son caractère
01:02:07manipulateur
01:02:08soi-disant
01:02:09son côté
01:02:11narcissique
01:02:12tout ça
01:02:12sert à combler
01:02:13un vide.
01:02:14On peut dire
01:02:15que peut-être
01:02:16c'est un charmeur
01:02:17peut-être
01:02:17que c'est un manipulateur
01:02:19peut-être
01:02:20qu'il a
01:02:21un égo
01:02:22surdéveloppé
01:02:24mais je ne comprends pas
01:02:25en quoi
01:02:26ces éléments-là
01:02:26permettent
01:02:28d'en déduire
01:02:29sa culpabilité.
01:02:30Entre-temps
01:02:33en prison
01:02:34Charles Cretello
01:02:36redort
01:02:37son blason.
01:02:42Assez peu
01:02:43de temps
01:02:43après
01:02:44j'ai appris
01:02:44qu'il avait
01:02:45sauvé
01:02:45la vie
01:02:46d'un surveillant
01:02:46qui avait
01:02:48été
01:02:49attaqué
01:02:49par un autre
01:02:50détenu.
01:02:52Je me dis
01:02:53et c'est
01:02:54une question
01:02:55alors à ce niveau-là
01:02:56d'intuition
01:02:57et de conviction
01:02:59que cet homme-là
01:03:00qui a agi
01:03:02ainsi
01:03:03décidément
01:03:04ne peut pas
01:03:05être celui
01:03:05que l'on accuse.
01:03:09Reste à convaincre
01:03:10l'intéressé
01:03:10de se rétracter
01:03:11officiellement
01:03:12devant le juge
01:03:14et vite.
01:03:17Il a fallu
01:03:18que nous discutions
01:03:19mais vraiment
01:03:19pendant des mois
01:03:20des mois
01:03:20et des mois
01:03:21pour qu'enfin
01:03:23il se laisse
01:03:26convaincre
01:03:26et à partir
01:03:31de là
01:03:31il a
01:03:32changé
01:03:33d'avocat
01:03:33et tout
01:03:36s'est mis
01:03:37en branle.
01:03:39Le 24 octobre
01:03:402000
01:03:41dans le bureau
01:03:42du juge
01:03:42Charles Cretello
01:03:43se rétracte
01:03:44et donne
01:03:45une toute autre
01:03:46version des faits.
01:03:50Ce 2 avril
01:03:501996
01:03:51il a bien déjeuné
01:03:52avec le couple
01:03:53et avec son fils.
01:03:55Ensemble
01:03:56ils ont visionné
01:03:57une cassette
01:03:57de ce restaurant
01:03:58le roi de l'Afrique
01:03:59qu'ils avaient
01:03:59en projet
01:04:00de reprendre ensemble.
01:04:02Mais dit-il
01:04:02ce dossier
01:04:03ne le passionnait pas
01:04:04alors vers 14h30
01:04:06il est allé
01:04:07promener les chiens.
01:04:09Il n'est rentré
01:04:10que vers 16h
01:04:11ou 16h30.
01:04:13Dans le restaurant
01:04:14il a vu du sang
01:04:15dans les escaliers.
01:04:17Son fils lui a dit
01:04:18j'ai fait une connerie
01:04:19alors il a tout de suite
01:04:21compris
01:04:21et que Ray
01:04:23il dit à Christophe
01:04:24de se débrouiller
01:04:25seul
01:04:25avec les corps.
01:04:29Ce n'est que le soir
01:04:29une fois Christine
01:04:31bouclée dans sa chambre
01:04:32qu'il s'est résolu
01:04:33à aider son fils
01:04:34à faire disparaître
01:04:35les corps.
01:04:36Mais en chemin
01:04:36les deux
01:04:37se seraient disputés
01:04:38et Christophe
01:04:39serait allé seul
01:04:40sur le bord du canal.
01:04:41Quant à l'argent
01:04:44oui il l'a caché
01:04:46mais il n'y a pas touché
01:04:47c'est Christophe
01:04:49dit-il
01:04:50qu'il l'a dépensé.
01:04:54On avait quand même
01:04:54une idée de Charlie
01:04:55bon là c'est vrai
01:04:56que ça dépassait
01:04:57l'entendement
01:04:57c'est tout mettre
01:04:58sur le dos de son fils
01:04:59ça c'est quand même fort
01:05:00mais autrement
01:05:01on était d'un côté
01:05:03étonné
01:05:03de ce revirement
01:05:04et d'un autre côté
01:05:05ça collait au personnage.
01:05:06Tout cela a pour effet
01:05:13de retarder
01:05:14considérablement
01:05:15la procédure
01:05:16mais ça n'empêche pas
01:05:17que sept ans
01:05:18après la mort du couple
01:05:19et le juge bourguignon
01:05:20renvoie le père
01:05:22et le fils
01:05:22devant la cour d'assises
01:05:23l'un et l'autre
01:05:24pour un double meurtre
01:05:25le juge n'a pas tranché
01:05:27ce sera à la cour d'assises
01:05:28de tenter de faire jaillir
01:05:29la vérité.
01:05:32Le procès a lieu
01:05:33à Colmar
01:05:34entre le père
01:05:37et le fils
01:05:37dès le premier jour
01:05:38le malaise est palpable
01:05:39même si Christophe
01:05:41sous anxiolytique
01:05:43semble ailleurs.
01:05:48On a Christophe Crétello
01:05:50qui est très éteint
01:05:52et au contraire
01:05:54Charles Crétello
01:05:54qui lui
01:05:55est très déterminé
01:05:58très à l'aise
01:05:59qui ne laisse pas passer
01:06:01la moindre émotion
01:06:03à l'égard de son fils
01:06:04qui est assis
01:06:05à côté de lui
01:06:05dans le box des accusés.
01:06:09Christophe est plus grand
01:06:10que lui
01:06:10alors qu'en même temps
01:06:11on a l'impression
01:06:12que Christophe
01:06:12est écrasé par lui.
01:06:16C'était quand même
01:06:17frappant
01:06:17ce père et ce fils
01:06:18qui ne se regardent jamais
01:06:19qui ne s'adressent pas
01:06:21à la parole
01:06:21il y avait un mur
01:06:23quoi
01:06:23il y avait un mur
01:06:25entre eux.
01:06:25Maître Corman
01:06:28veut démontrer
01:06:29que Charles Crétello
01:06:30est incapable
01:06:31d'un crime aussi horrible.
01:06:34Alors dès l'ouverture
01:06:35du procès
01:06:35il fait témoigner
01:06:36la directrice
01:06:37de la prison de Mulhouse
01:06:38pour lui faire raconter
01:06:39le comportement courageux
01:06:40de Charlie
01:06:41venu en aide
01:06:42à un surveillant
01:06:43attaqué par un détenu.
01:06:45Il y a quelques murmures
01:06:49à la fois de surprises
01:06:51d'étonnement
01:06:52et de révoltes
01:06:53surtout de la part
01:06:54des enfants
01:06:56du couple assassiné.
01:06:58Les avocats des enfants
01:06:59et balayent ce témoignage
01:07:00qui leur semble
01:07:01hors sujet.
01:07:03Il l'a sûrement fait
01:07:04tant mieux pour lui
01:07:05mais ça ne changeait rien
01:07:06au fond du procès
01:07:07ça ne changeait rien
01:07:08au fait qu'on était là
01:07:09parce qu'il avait tué
01:07:10deux personnes.
01:07:12La vérité c'est que
01:07:13le témoignage
01:07:14de la directrice
01:07:14de la prison
01:07:15est assez vite oublié
01:07:16effacé par celui
01:07:19de Laurence
01:07:19la cousine
01:07:22de Christophe.
01:07:25Elle a quelque part
01:07:26été un peu
01:07:27peut-être le porte-parole
01:07:28de Christophe
01:07:29en regardant
01:07:30Charles
01:07:31dans les yeux
01:07:32et en disant
01:07:33maintenant ça suffit
01:07:34il y a un moment
01:07:34il faut que ça cesse
01:07:35et on va dire
01:07:36ce que tu étais
01:07:37réellement au quotidien.
01:07:41Charles Crétello
01:07:42qui se présentait
01:07:43comme le pater familias
01:07:44le père de famille
01:07:45gentil
01:07:47et puis là
01:07:48pour tout le monde
01:07:49on a vu
01:07:50qu'il y avait
01:07:51en fait un tyran
01:07:52derrière.
01:07:53Ce qui a été
01:07:54absolument étonnant
01:07:55c'est la haine
01:07:56extraordinaire
01:07:57qui entourait
01:07:58Charles Crétello.
01:07:59Si jamais
01:08:00ce ne sont pas
01:08:00des mensonges
01:08:01je pense qu'il doit y avoir
01:08:02une exagération
01:08:03absolument terrible.
01:08:06Ce témoignage
01:08:07porte un coup fatal
01:08:08à la défense
01:08:10de Charlie.
01:08:13À Laurent
01:08:13c'était
01:08:13complètement crédible
01:08:14et puis
01:08:15émouvante
01:08:16en plus.
01:08:17C'était la fin
01:08:18de la puissance
01:08:20de Charlie Crétello.
01:08:23Maître Corman
01:08:23l'avocat de Charlie
01:08:25s'en prend alors
01:08:26aux experts
01:08:27et notamment
01:08:28aux médecins légistes.
01:08:30Maître Corman
01:08:30soutient que
01:08:31les tirs sur Angela
01:08:32Alain
01:08:33et le chien
01:08:34sont l'oeuvre
01:08:35d'un seul
01:08:35et même tireur
01:08:36Christophe.
01:08:38Sur Monsieur Hay
01:08:39Madame Hay
01:08:40le chien
01:08:40vous retrouvez
01:08:42la même saccade
01:08:43et la même série
01:08:44de trois
01:08:45de trois balles.
01:08:47Ce n'est pas possible
01:08:48il n'est pas possible
01:08:49que ce soit
01:08:50deux mains différentes
01:08:51qui aient pu tirer
01:08:52de façon
01:08:53exactement identique.
01:08:55L'autopsie
01:08:56ne peut pas dire
01:08:57s'il y a eu
01:08:57un ou plusieurs tireurs.
01:08:59Ça
01:09:00ce sont des conjectures
01:09:01aucun élément
01:09:03de l'autopsie
01:09:04ne permet
01:09:05de dire cela.
01:09:06nous on définit
01:09:08des points d'entrée
01:09:09des trajectoires
01:09:11points à la ligne
01:09:12et c'est que
01:09:13du scientifique.
01:09:15Maître Corman
01:09:16conteste
01:09:17chaque point
01:09:18du rapport
01:09:19des légistes.
01:09:22Sur
01:09:23les ricochets
01:09:24des balles
01:09:24au niveau
01:09:25de l'oreille
01:09:26de Madame Hay
01:09:28sur le fait
01:09:29qu'elle ait chuté
01:09:30ou pas chuté
01:09:30dans l'escalier
01:09:31sur
01:09:32chaque ligne
01:09:35de notre rapport
01:09:36d'autopsie
01:09:37de l'ensemble
01:09:38des analyses
01:09:39est pour lui
01:09:41suspect.
01:09:44Vient le tour
01:09:44des experts
01:09:45psychologues
01:09:46et psychiatres.
01:09:47Là encore
01:09:48Maître Corman
01:09:49passe à l'offensive.
01:09:51En prison
01:09:51Christophe a eu
01:09:52des hallucinations.
01:09:54Pour l'avocat
01:09:54de Charles Cretello
01:09:55c'est un signe
01:09:56de démence.
01:09:57Christophe est sujet
01:09:58à des accès
01:09:59de folie.
01:10:00C'est pour ça
01:10:00qu'il a tué
01:10:01Angela
01:10:02et Alain Hay.
01:10:04Il n'y a pas
01:10:05de folie
01:10:05qui tienne.
01:10:07Il y a quand même
01:10:07toute la mécanique
01:10:08de la justice
01:10:08avant
01:10:09qui vient l'infirmer
01:10:10cela.
01:10:12Si Christophe
01:10:13était fou
01:10:13il serait à l'asile
01:10:14psychiatrique.
01:10:15Il ne serait pas
01:10:15dans un box d'accusés.
01:10:19Christophe Cretello
01:10:20n'est pas fou.
01:10:21A la barre
01:10:21la psychologue
01:10:22Lucienne Schneider
01:10:23le confirme.
01:10:24Mais alors
01:10:25pourquoi avoir tué
01:10:26Angela ?
01:10:27Christophe
01:10:29qui est jeune
01:10:30qui a 25 ans
01:10:31son père
01:10:31en a à ce moment
01:10:33là 44
01:10:33et je pense
01:10:36que ce n'était
01:10:37pas encore
01:10:37quelqu'un
01:10:38de tout à fait
01:10:38construit
01:10:39psychologiquement.
01:10:41Pas encore
01:10:42tout à fait
01:10:42structuré
01:10:43qui ne pouvait
01:10:45peut-être pas
01:10:46se rebiffer
01:10:47devant ce père.
01:10:50Pour les enfants
01:10:51d'Angela
01:10:51l'explication
01:10:52est un peu courte.
01:10:54C'est quand même
01:10:54lui qui a tué
01:10:55leur mère.
01:10:57ils en sont
01:10:57convaincus.
01:11:00Au moment
01:11:00où il descend
01:11:01pour tuer
01:11:02Angela
01:11:02son père
01:11:03se trouve
01:11:04à l'étage
01:11:04donc il n'est pas
01:11:05en contact
01:11:06avec son père
01:11:07il arrive
01:11:08au rez-de-chaussée
01:11:09où là
01:11:10Angela peut
01:11:10très bien partir
01:11:11puisqu'on est
01:11:12à l'entrée
01:11:13du restaurant
01:11:13donc il y a
01:11:15une issue
01:11:15pour lui sauver
01:11:16la vie
01:11:16pour qu'elle parte
01:11:17il a le choix
01:11:18à ce moment là
01:11:19et il va
01:11:21jusqu'au bout
01:11:22de son acte
01:11:23il a fait descendre
01:11:24dans la cave
01:11:24et il la barre
01:11:25de sang froid
01:11:25dans la cave
01:11:26Deux meurtres
01:11:29deux versions
01:11:30chacun campe
01:11:32sur ses positions
01:11:33et chacun
01:11:33s'accuse
01:11:34mais pour les journalistes
01:11:36présents à l'audience
01:11:37il n'y a plus aucun doute
01:11:39Personne ne peut imaginer
01:11:43qu'un être aussi
01:11:44fallo
01:11:45ou inconsistant
01:11:46que Christophe
01:11:47puisse avoir
01:11:48manigancé
01:11:49tout cela
01:11:51le meurtre
01:11:52la dépossession
01:11:54des 500 000 francs
01:11:56toute cette instigation
01:11:58semble un tout petit peu
01:12:00trop élaborée
01:12:00pour un Christophe
01:12:02qui n'a jamais
01:12:03fait grand chose
01:12:04que faire des pizzas
01:12:05dans la pizzeria
01:12:06de son père
01:12:07donc le père
01:12:09Charlie
01:12:10a beau accuser
01:12:11son fils
01:12:12ça ne semble
01:12:13pas crédible
01:12:14C'est aussi
01:12:17l'avis
01:12:18de l'avocat général
01:12:19Charles Crétello
01:12:20est bien
01:12:21l'instigateur
01:12:21du double crime
01:12:22il demande
01:12:23la perpétuité
01:12:24pour le père
01:12:25et pour le fils
01:12:2618 ans
01:12:27de réclusion
01:12:28il demande
01:12:29que tous les deux
01:12:29soient condamnés
01:12:30pour les deux meurtres
01:12:31celui d'Angela
01:12:32et celui d'Alain
01:12:33la défense
01:12:35de Christophe
01:12:35plaide coupable
01:12:36mais pour le seul
01:12:37meurtre d'Angela
01:12:38et rejette
01:12:39l'après-méditation
01:12:40de son côté
01:12:41maître Corman
01:12:42demande l'acquittement
01:12:43pour Charles Crétello
01:12:44la cour se retire
01:12:47et après 4 heures
01:12:49de délibéré
01:12:50le verdict tombe
01:12:51sur le rôle
01:12:52de chacun
01:12:53il ne tranche pas
01:12:53le fils
01:12:54prend 20 ans
01:12:55le père
01:12:56perpétuité
01:12:56avec 22 ans
01:12:57de sûreté
01:12:58Charles Crétello
01:12:59le père de Christophe
01:13:00avait plaidé
01:13:01son innocence
01:13:02tout en chargeant
01:13:03son fils
01:13:03les jurés
01:13:04n'ont pas cru
01:13:05en la parole
01:13:05d'un homme
01:13:06qui avait varié
01:13:07plusieurs fois
01:13:07dans ses déclarations
01:13:08au moment du verdict
01:13:12Charles
01:13:13il loche la tête
01:13:14comme ça
01:13:14voilà
01:13:14il fait ça
01:13:16bon
01:13:18si vous êtes vraiment
01:13:21innocent
01:13:21enfin je veux dire
01:13:22vous bondissez
01:13:23d'indignation
01:13:24pour moi
01:13:25Charles
01:13:25attendait à ça aussi
01:13:27ça aurait été une surprise
01:13:28qu'il soit quitté
01:13:29même pour lui
01:13:30je pense
01:13:31il a malheureusement
01:13:33mis ses pas
01:13:33dans les pas
01:13:34de son père
01:13:3420 ans
01:13:35de réclusion criminelle
01:13:37Christophe
01:13:41il a accueilli ça
01:13:43comme une mètre d'albatoire
01:13:44un peu
01:13:44en 20 ans
01:13:46c'est normal
01:13:4715 ans
01:13:48pour moi
01:13:48ça n'aurait pas été
01:13:49scandaleux non plus
01:13:50dire ça
01:13:52c'est qu'un jouet
01:13:53entre les mains
01:13:54de son père
01:13:54pour la famille
01:13:57et
01:13:57le verdict
01:13:58n'est que justice
01:13:59même ils ont pris
01:14:02donc
01:14:0322 ans de sûreté
01:14:05et 20 ans
01:14:05pour le fils
01:14:06ça me satisfait
01:14:08quand même
01:14:08ça me soulage
01:14:10un petit peu
01:14:11le verdict
01:14:19de la cour d'assises
01:14:20de Colmar
01:14:21votre frère
01:14:22est condamné
01:14:22à la réclusion criminelle
01:14:23à perpétuité
01:14:25quelle est votre réaction
01:14:27de soeur
01:14:27à ce moment là
01:14:28ah ben
01:14:29je suis effondrée
01:14:30il y a eu un acharnement
01:14:32tout ce qui était positif
01:14:34n'était pas relaté
01:14:35dans la presse
01:14:36parce que moi
01:14:36tous les jours
01:14:37j'allais à ce procès
01:14:38tous les jours
01:14:38j'assistais
01:14:39les articles ne relataient
01:14:40tout ce qui était positif
01:14:41pour mon frère
01:14:42rien n'était relaté
01:14:43rien n'était retenu
01:14:45que le négatif
01:14:46que le négatif
01:14:47ils ont noirci au possible
01:14:48et je pouvais pas accepter ça
01:14:50qu'est-ce qu'il dit lui ?
01:14:52il peut dire quelque chose
01:14:53je crois
01:14:53après le verdict
01:14:54après le verdict
01:14:55il m'a dit
01:14:55Marie-Josée
01:14:56je pouvais accepter
01:14:5710 ans
01:14:5815 ans
01:14:59parce que ce que j'ai fait
01:15:00effectivement
01:15:01j'aurais pas dû cacher ses corps
01:15:02j'aurais pas dû
01:15:03mais perpétuité
01:15:05non
01:15:05non
01:15:06je te jure
01:15:06je ne le méritais pas ça
01:15:08une fois le verdict rendu
01:15:16Charles Crétello fait appel
01:15:18et l'avocat général
01:15:19qui estime à juste titre
01:15:20qu'on ne peut pas
01:15:21rejuger l'un sans l'autre
01:15:22fait appel lui aussi
01:15:23de la condamnation du fils
01:15:25la justice se donne
01:15:26une deuxième chance
01:15:27de démêler cette affaire
01:15:29le 11 avril 2004
01:15:32quand s'ouvre le procès
01:15:34en appel à Reims
01:15:35ce qui frappe
01:15:36c'est la métamorphose
01:15:37de Christophe
01:15:38Christophe
01:15:40il regarde en face
01:15:42les gens
01:15:42ce qu'il n'avait pas fait
01:15:44lors du premier procès
01:15:45il s'exprime
01:15:48de façon plus claire
01:15:49d'une voix plus forte
01:15:51Charles Crétello
01:15:54lui
01:15:54est toujours aussi à l'aise
01:15:56c'est la dernière chance
01:15:57alors son avocat
01:15:59maître Corman
01:16:00est encore plus incisif
01:16:01et il finit par marquer
01:16:03un point
01:16:03alors qu'il interroge
01:16:05un expert psychologue
01:16:06il atténue la responsabilité
01:16:11de Charles Crétello
01:16:12et en disant que
01:16:14Charles Crétello
01:16:15a pu être celui
01:16:16qui a organisé
01:16:17mais que certainement
01:16:18c'est le fils
01:16:19qui a commis les actes
01:16:21mais le témoignage
01:16:24est vite oublié
01:16:25balayé par les auditions
01:16:27des autres experts psychiatres
01:16:28qui eux
01:16:30renforcent la responsabilité
01:16:32du père
01:16:32il y a une dimension
01:16:35d'initiation au crime
01:16:36qui a été esquissée
01:16:37par les psychiatres
01:16:38on a tué ensemble
01:16:39on est lié par le sang
01:16:40le sang des autres
01:16:41on est lié par le sang des haies
01:16:43sauf que bon
01:16:44Christophe
01:16:45il n'avait pas la dimension
01:16:46pour devenir un gangster
01:16:47il n'avait pas la dimension
01:16:48pour devenir
01:16:49peut-être le malfrat
01:16:51que son père aurait voulu
01:16:51qu'il soit
01:16:52Christophe lui se réveille
01:16:55et relève la tête
01:16:57il affronte le regard
01:16:58de son père
01:16:59et ose même
01:17:00le contrer
01:17:01au dernier jour du procès
01:17:03immédiatement après
01:17:05les protestations
01:17:06d'innocence
01:17:07de son père
01:17:08il se lève
01:17:09et il dit
01:17:09c'est pas possible
01:17:11tu peux pas dire ça
01:17:12ça s'est pas passé comme ça
01:17:13tu me l'as bien mis
01:17:14cette arme dans la main
01:17:15et tu m'as dit
01:17:16de tuer
01:17:17madame
01:17:18et donc
01:17:19on a un Christophe
01:17:20qui devient réactif
01:17:21et qui n'attend pas
01:17:23qu'on l'invite
01:17:24à participer
01:17:26à son procès
01:17:26il est dans le procès
01:17:28et il est face à son père
01:17:29enfin
01:17:29le verdict
01:17:32tombe tard dans la nuit
01:17:34pour Charles Gretello
01:17:35c'est la perpétuité
01:17:36avec 21 ans de sûreté
01:17:38un an de moins
01:17:38qu'à Colmar
01:17:39Christophe lui a gagné
01:17:42sur un point
01:17:43il est acquitté
01:17:44du meurtre d'Alain Hay
01:17:45pourtant sa peine
01:17:47reste inchangée
01:17:4820 ans
01:17:49de réclusion criminelle
01:17:50il y a
01:17:51pour nous
01:17:51une petite déception
01:17:52qu'il n'y ait pas eu
01:17:54une minoration
01:17:54de la sanction pénale
01:17:55suite à cet acquittement
01:17:57mais pour Christophe
01:17:58il y a deux victoires
01:17:59dans ce verdict
01:18:00c'est son acquittement partiel
01:18:01et l'opposition au père
01:18:02Céline Haye
01:18:11il y a eu
01:18:11deux procès
01:18:13successifs
01:18:14à chaque fois
01:18:15Charles Gretello
01:18:16a été condamné
01:18:18à la peine
01:18:18maximale
01:18:19la réclusion criminelle
01:18:21a perpétuité
01:18:22est-ce que ces procès
01:18:24ont répondu
01:18:25à vos interrogations
01:18:26non
01:18:28pas savoir
01:18:29vraiment
01:18:30le pourquoi
01:18:31le pourquoi
01:18:32ils auraient pu
01:18:33très bien le voler
01:18:34voler
01:18:35voilà
01:18:35on les enferme
01:18:36dans une pièce
01:18:37point
01:18:37puis on s'en va
01:18:38avec l'argent
01:18:38ils avaient de quoi faire
01:18:39mais non
01:18:40ils ont été plus loin
01:18:41et qui
01:18:43qui a vraiment tiré
01:18:44oui
01:18:45vous avez la réponse
01:18:46est-ce que la réponse
01:18:47de la justice
01:18:47vous satisfait
01:18:48parce que ce sont eux
01:18:51qui l'ont fait
01:18:51donc ils ont été
01:18:52jugés
01:18:53et condamnés
01:18:54mais vraiment
01:18:56le fin mot
01:18:57non
01:18:58il nous manque
01:18:59quelque chose
01:18:59vouloir savoir
01:19:01vraiment
01:19:02par quel stratagème
01:19:04on va dire
01:19:05ils les ont attirés
01:19:06là-dedans
01:19:06oui
01:19:06ce qui nous manque
01:19:08c'est comment
01:19:09qu'il a pu
01:19:09gagner la confiance
01:19:10de mon père
01:19:11et d'Angela
01:19:12évidemment
01:19:18après sa condamnation
01:19:20en appel
01:19:20Charles Crétello
01:19:21se pourvoit en cassation
01:19:22cassation rejetée
01:19:23le père et le fils
01:19:24sont toujours en prison
01:19:25le père au moins
01:19:26jusqu'en 2019
01:19:27minimum
01:19:28le fils pourra bientôt
01:19:30demander
01:19:30une libération conditionnelle
01:19:31m'a donc
01:19:46m'a donc
01:19:49m'a donc
01:19:50m'a donc

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