- 10/07/2025
"AZF : EXPLOSION AU COEUR DE LA VILLE" / Il est 09h47 le 21 septembre 2001. Alors qu'il vient de déposer 500 kilos de nitrate d'ammonium dans le hangar 221, un employé de l'usine « AZF » de Toulouse commet sans le savoir une grave erreur. En quelques minutes, le produit se transforme et donne lieu à la plus importante explosion d'un site industriel en France. La détonation est ressentie jusqu'à 80 kilomètres à la ronde. En une fraction de seconde, Toulouse et ses habitants basculent dans un décor post-apocalyptique qui fait étrangement penser à ce qu'a vécu l'Amérique quelques jours plus tôt. l'accident fait 31 morts et 22000 blessés. Comment la catastrophe s'est progressivement mise en place ? Quels éléments parfois surprenants, ont mené à la catastrophe ce jour-là ? Quelles fautes ont été commises ? Pour y répondre, ce nouvel épisode de la série Hors de contrôle a réuni un panel d'experts de premier plan ainsi que d'anciens responsables du site. l'éclairage technique est enrichi des témoignages de victimes. Ils sont en voiture, au bureau ou à la maison, quand soudain, leurs vies basculent.
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00:00Vendredi 21 septembre 2001, il est 10h30.
00:09A Toulouse, un journaliste de télévision locale filme les premières images d'une catastrophe sans précédent.
00:18Je vais tout de suite lui dire, tourne en permanence, surtout ne coupe pas.
00:26Mesdames et messieurs, bonjour.
00:27Madame, monsieur, bonjour. Une violente explosion a donc secoué la ville de Toulouse ce matin.
00:33C'est bien plus que ce qu'on a sur les champs de bataille.
00:36Une très forte explosion dans une usine pétrochimique. Les dégâts sont énormes, semble-t-il.
00:4131 morts, 22 000 blessés, 2 milliards d'euros de dégâts.
00:47La quatrième ville de France est comme anéantie, victime de la pire catastrophe industrielle française.
00:52Aujourd'hui, trois lettres suffisent à raviver ce traumatisme à ZDF.
01:02Que s'est-il réellement passé dans l'enceinte de cette usine de produits chimiques, dix jours seulement après les attentats du 11 septembre ?
01:15Quelles conditions environnementales, quels éléments techniques et humains ont concordé ce jour-là de façon terriblement surprenante ?
01:22Vous avez tous les ingrédients pour qu'une catastrophe puisse se produire. Il manquait juste une étincelle.
01:27Pour y répondre, nous sommes allés à la rencontre de ceux, experts, chimistes, responsables de la sécurité, qui ont travaillé sur le site et participé à l'enquête.
01:38Si vous mélangez le nitrate d'ammonium avec du DCCNA, c'est là que les choses peuvent commencer à mal tourner. Cela devient un explosif très puissant.
01:45Une fois que la réaction est partie, elle se suffit à elle-même. C'est un emballement inexorable.
01:53La catastrophe aurait-elle pu prendre des proportions encore plus tragiques, comme celle de Beyrouth, 19 ans plus tard ?
02:00Le scénario qui s'est produit dans le bâtiment 221 aurait pu aussi se produire dans d'autres bâtiments du site à ZDF.
02:06On pouvait être stocké jusqu'à 15 000 tonnes de nitrate agricole, l'équivalent de 5 000 tonnes de TNT, un demi-Hiroshima.
02:15Et de l'autre côté de l'usine, comment les Toulousains ont-ils vécu cette journée en enfer ?
02:23J'entends un gros boum. Je vois la véranda chez moi qui rentre dans la salle à manger, la télé qui vient vers moi.
02:31Le pare-brise éclate. Je me jette sur le petit pour le protéger. La panique totale.
02:40Au bout d'un moment, on se demande si on est vivant, si on est mort.
02:45Plus on avance, plus c'est pire.
02:49Toute la venue, ce sont des scènes d'horreur.
02:52Ma femme, elle me cherche les bâtiments et elle va trouver le sort.
02:58Voici l'histoire d'un événement qui n'aurait pas dû se produire.
03:02L'histoire d'AZF.
03:04Une catastrophe hors de contrôle.
03:06Toulouse, vendredi 21 septembre 2001.
03:36Il est 8h30.
03:38Le jour se lève sur la ville rose et ses habitants.
03:43C'est la fin de la semaine. On se dirige tranquillement tous vers le week-end.
03:47C'est un vendredi.
03:48Il fait un temps assez lourd, mais c'est un jour très beau, très doux.
03:53Comme tous les vendredis, Pauline Miranda se prépare à sortir faire ses courses.
03:57Ma journée du 21 septembre commence à 6h30 comme tous les jours.
04:04Petit déjeuner, ménage, la petite routine habituelle.
04:08Et je pars m'acheter des nouveaux rideaux au marché de la Farouette.
04:13Près de ce marché vivent en couple Patricia et Bernard Benita.
04:19Pour eux aussi, la journée démarre tranquillement.
04:22Je bois mon café, mon épouse prend son petit déjeuner, mes enfants déjeunent aussi.
04:27Tout est parfait, quoi.
04:28Nous commençons à nous préparer.
04:31Nous échangeons une petite discussion avant de partir.
04:40Elle quitte la maison.
04:42Et moi, je reste un petit peu à flâner à la maison, à regarder la télé.
04:47À l'image de Pauline, Patricia et Bernard,
04:50les habitants de Toulouse vivent un début de journée on ne peut plus normal.
04:54Rien ne les prépare à ce qu'ils vont vivre dans quelques minutes
04:58une gigantesque explosion dont ils ne sortiront pas indemne.
05:04Pour comprendre ce qui va bientôt se produire,
05:07il faut aller à quelques kilomètres de là,
05:09sur le site de la plus importante usine chimique de la région.
05:17Le nom de cette usine est connu de tous les Toulousains.
05:21AZF.
05:22Ce n'est pas une usine comme les autres.
05:26Située à seulement 5 kilomètres du centre de Toulouse,
05:29elle est classée Céveso 2,
05:31le niveau de dangerosité le plus élevé pour un site de fabrication.
05:36En effet, à l'intérieur des 70 hectares de la zone,
05:40l'équivalent de 100 terrains de football,
05:43plusieurs produits chimiques à risque sont réalisés.
05:45Il y a les nitrates d'ammonium,
05:50des produits qui servent à l'élaboration d'engrais et d'explosifs.
05:54On s'en sert pour abattre les roches dans les carrières,
06:00pour creuser des tunnels.
06:02Ça aide dans le génie civil.
06:03C'est un explosif qui est de faible coût, en fait,
06:06et c'est pour ça qu'il est utilisé.
06:08Ça ressemble un peu à des billes de plastique tout petits.
06:13Il y a vraiment une taille à respecter pour que ça soit commercialisable.
06:19Ce nitrate d'ammonium, c'est le produit phare de l'usine.
06:23AZF en fabrique depuis 1924.
06:28Depuis que l'Allemagne, à l'issue de la Première Guerre mondiale,
06:32a confié aux Français le secret de fabrication de l'ammoniac,
06:35ce gaz à l'origine du produit.
06:38Chez AZF, il en sort jusqu'à 200 000 tonnes par an,
06:45près de 14 poids lourds par jour.
06:54Autre produit, autre utilisation, le DCCNA,
06:59une substance à base de chlore,
07:01utilisée essentiellement au nettoyage de l'eau.
07:04Ce sont des produits très agressifs et oxydants.
07:08Donc ça nécessite vraiment une attention toute particulière.
07:14Sur le site d'AZF, la vigilance est de rigueur.
07:18Non seulement les nitrates d'ammonium et le DCCNA sont des produits dangereux,
07:23mais il ne faut surtout pas les combiner entre eux,
07:25au risque de provoquer une explosion.
07:27En réalité, si les deux produits sont incompatibles,
07:36il faut la présence d'un troisième élément pour que le mélange explose.
07:40Et ce dernier est aussi banal que surprenant,
07:43l'eau.
07:44Henri-Noël Prel est directeur de recherche au CNRS.
07:51Il connaît parfaitement ce mélange d'étonnants.
07:54Dans toutes nos expériences,
07:59nous avons utilisé des mélanges de nitrates d'ammonium et de DCCNA
08:03à raison de 50% chacun.
08:06Et lorsqu'on ajoute un peu d'eau dans ces mélanges,
08:10là où l'eau est introduite,
08:12se développe immédiatement une réaction chimique.
08:14Un test a même été réalisé au cours de l'enquête.
08:20A droite, 100 kg de nitrates d'ammonium humidifiés
08:23sont mis en contact avec 1 kg de DCCNA.
08:27Résultat, en quelques minutes...
08:31Chez AZF, il n'y a aucune chance que ce type d'explosion ait lieu.
08:40Le nitrate d'ammonium et le DCCNA
08:42disposent chacun de leurs propres zones de fabrication.
08:46Quant à l'eau, aucune des deux zones n'en exploite.
08:56Seules quelques imprudences sont parfois commises,
08:59mais elles sont sans incidence.
09:01Les entreprises de recyclage, par exemple.
09:05Lorsqu'elles récupèrent les sacs et autres matériaux usagés,
09:08elles les débarrassent des poussières de produits chimiques
09:10qu'ils peuvent encore contenir.
09:12Résultat, ces produits chimiques se retrouvent là où ils ne devraient pas être.
09:22Ils n'importent à l'extérieur que de la matière plastique à recycler
09:25et pas de produits chimiques.
09:26Et donc les produits se trouvent au sol.
09:29Les résidus de secouage se trouvent au sol
09:31une fois que l'entreprise de recyclage est partie.
09:33On n'est jamais à l'abri qu'il y ait des fonds de sacs,
09:38parce que ça abrace énormément de sacs.
09:42Au quotidien, ces manipulations ne représentent aucun danger.
09:46Jusqu'au jour où plusieurs facteurs vont s'additionner
09:48et créer une situation catastrophique.
10:00Retour ce vendredi 21 septembre 2001.
10:03Il est 9h40 et ce matin, chez AZF,
10:07une manœuvre un peu particulière doit être entreprise.
10:09Concrètement, dans le hangar 335,
10:14une demi-tonne de nitrate d'ammonium,
10:17équivalent au poids de 3 motos, doit être évacuée.
10:23Le hangar 335, c'est un hangar qui sert à stocker
10:26ce qu'on appelle des déchets industriels banals.
10:29C'est des palettes, des cartons,
10:32des sacs dans lesquels on met des produits chimiques,
10:34mais on stocke dans ce bâtiment
10:35des sacs propres, lavés, vides.
10:38C'est du déchet matériel qui n'est pas chimique.
10:44S'il n'y a pas lieu de s'alerter,
10:46il faut tout de même gérer au plus vite
10:47ce nitrate d'ammonium stocké au mauvais endroit.
10:50Un camion-benne est donc dépêché sur place.
10:53Seulement voilà, à son arrivée,
10:55l'ouvrier chargé de cette tâche
10:57commet sans savoir une grave erreur.
11:05Il racle le sol pour remplir la benne,
11:07pour ne rien laisser sur le sol.
11:10Et il se trouve que sur le sol,
11:11il y a un certain nombre d'autres produits chimiques,
11:14dont du DCCNA, qui est un dérivé chloré.
11:21Le DCCNA,
11:22le fameux produit incompatible
11:24avec le nitrate d'ammonium.
11:27Il ne faut surtout pas
11:29que le mélange entre en contact
11:30avec de l'eau.
11:34Là, c'est le début
11:35d'une machine infernale.
11:37Donc c'est la mise en contact
11:38du chlore avec le nitrate d'ammonium.
11:41On a mis le loup dans la vergerie
11:43en autorisant le croisement
11:45de produits incompatibles,
11:46qu'on savait incompatibles.
11:49Le mélange explosif
11:50est désormais aux deux tiers constitués.
11:53Et la quantité de produits
11:54est faramineuse.
11:55500 kilos,
11:57de quoi faire exploser
11:58une partie de l'usine.
12:00Mais ce qui s'apprête à arriver
12:01est bien plus terrible
12:03et va littéralement éventrer la ville.
12:15Il est 9h45,
12:17quand le camion Ben,
12:18chargé d'une demi-tonne
12:19de produits explosifs incompatibles,
12:22quitte le hangar 335,
12:23direction le hangar 221,
12:26situé 700 mètres plus au nord.
12:29C'est un des plus grands équipements
12:30du site.
12:31C'est un peu comme un hall de gare.
12:34Ce hangar 221
12:35est lui aussi un lieu de stockage.
12:38C'est là que sont entreposés
12:40les nitrates d'ammonium
12:41quand ils ne peuvent être vendus
12:42à l'extérieur.
12:45Comme il maintient à couvert
12:46un produit potentiellement dangereux,
12:48le hangar 221
12:50respecte des normes
12:51de sécurité bien précises.
12:53Il y a une porte avant
12:57et une porte arrière.
12:58La porte qui donne
12:59sur l'accès principal
13:02à l'usine,
13:02sur la route principale
13:03est toujours fermée.
13:04On rentre par l'arrière
13:05et au fur et à mesure,
13:07on dépose les déchets
13:09de nitrate d'ammonium
13:11dans ce hangar.
13:12Cette porte arrière
13:17donne sur la partie
13:18du hangar
13:19où se dirige actuellement
13:20le camion Ben.
13:22On l'appelle
13:22le box.
13:26Puis,
13:27derrière un mur
13:28de 2 mètres de haut,
13:29la deuxième partie du hangar
13:31forme ce qu'on appelle ici
13:32le tas principal.
13:35Actuellement,
13:36350 tonnes de nitrate d'ammonium
13:38déclassées y sont stockées
13:39dans l'attente
13:40d'être recyclées.
13:44C'est énorme,
13:44c'est un tas de...
13:45Plusieurs dizaines
13:46de mètres de long,
13:472 mètres de haut,
13:4815 mètres de large.
13:51Le camion Ben
13:52arrive à destination.
13:55L'ouvrier est autorisé
13:56à entrer.
13:58Dans quelques secondes,
13:59sa mission sera terminée.
14:00Le responsable
14:02du bâtiment
14:02de 221
14:03lui dit
14:04qu'il n'y a pas de problème
14:05si c'est de nitrate d'ammonium
14:06tu peux l'amener.
14:07Donc,
14:07il avait vérifié
14:08et c'était de nitrate d'ammonium
14:10pour lui.
14:12Mais,
14:12la personne
14:13qui nous donne
14:13l'autorisation
14:14ne contrôle pas
14:14l'intérieur de la benne
14:16et donc,
14:17il va transférer
14:18cette benne
14:19jusqu'au hangar de 221.
14:22À cet instant,
14:24rien ne laisse présager
14:25de ce qu'il va se produire.
14:27Rien dans le hangar,
14:28rien dans le produit chimique,
14:30absolument rien
14:31ne montre
14:31qu'il y a un problème.
14:33La catastrophe
14:34qui s'apprête à éclater
14:35va venir d'ailleurs.
14:4210h10.
14:44Cela fait 20 minutes
14:45qu'à l'intérieur du box
14:46du hangar 221,
14:47les 500 kg
14:48de supposés nitrate d'ammonium
14:50ont été déposés.
14:52Il s'ajoute
14:52aux 11 tonnes
14:54de ce même produit
14:54déjà présentes
14:55dans cette partie du bâtiment.
14:57La totalité représente
14:58le poids
14:59de 3 camionnettes.
15:01Jusque-là,
15:02il n'y a rien à signaler.
15:04Le DCCNA
15:05que renferme
15:06les 500 kg
15:06de nitrate d'ammonium
15:07ne pose aucun problème.
15:10Dans quelques heures,
15:11comme le veut la procédure,
15:13l'ensemble sera récupéré
15:14puis stocké
15:15sur les 350 tonnes
15:16du tas principal.
15:18Mais derrière
15:19son apparente stabilité,
15:21le nitrate d'ammonium
15:22est rendu hautement sensible
15:23et dangereux
15:24par la présence
15:25d'un élément
15:25parfaitement invisible
15:26que personne,
15:28pas même la sécurité du site,
15:29ne soupçonne.
15:35Depuis deux jours,
15:37la région toulousaine
15:38est en effet balayée
15:39par un phénomène climatique
15:40un peu particulier,
15:42le vent d'autant.
15:44Or, ce vent
15:44ne fait pas que souffler
15:45violemment.
15:47Il est porteur
15:47d'un danger bien plus grave.
15:49C'est un vent
15:52de sud-est marin
15:53qui souffle
15:55parfois en rafales.
15:56Ce vent d'autant
15:58est relativement chaud
15:59et chargé d'humidité,
16:00beaucoup plus
16:01que l'air
16:01ambiant normal.
16:04Et donc,
16:05le nitrate d'ammonium
16:05se met à boire
16:07l'humidité de l'air.
16:08Et donc,
16:09on a une pellicule
16:09de nitrate d'ammonium
16:11liquéfiée
16:12en surface
16:13de tout le nitrate d'ammonium.
16:15nitrate d'ammonium.
16:17L'eau,
16:18ce troisième élément
16:19qui peut tout faire exploser,
16:20vient d'entrer en scène
16:21sans que personne ne le voit.
16:2510h17.
16:27A partir de cet instant,
16:29plus rien ne peut arrêter
16:30le processus.
16:32Donc,
16:32on va avoir de l'explosif
16:34qui va être produit
16:34à la base du tas.
16:38Une fois que la réaction
16:39est partie,
16:40elle se suffit
16:41à elle-même.
16:41C'est un emballement
16:42inexorable.
16:44Et ça s'arrête
16:44lorsque ça explose.
16:46Il n'y a pas de scie
16:46avant de couvrir.
16:49A cause de l'eau,
16:50le DCCNA
16:51et le nitrate d'ammonium,
16:53les deux produits
16:53explosifs incompatibles
16:55s'agglomèrent.
16:56Résultat,
16:57une bombe chimique
16:58se forme
16:59en seulement quelques minutes.
17:01C'est bien plus
17:01que ce qu'on a
17:02sur les champs de bataille
17:04où les bombes
17:04ne font que
17:05quelques centaines de kilos.
17:09La situation
17:10est ahurissante.
17:1211 tonnes et demie
17:13de nitrate d'ammonium
17:14vont exploser
17:15d'un moment
17:15à l'autre
17:16au cœur même
17:17d'une usine
17:17de produits chimiques.
17:19On passe
17:20à une phase
17:20hors de contrôle.
17:21C'est parti.
17:23On ne peut plus
17:23arrêter la machine.
17:24C'est la machine
17:25à faire mal.
17:26Il est précisément
17:2710h17
17:28et 50 secondes
17:30quand Souda...
17:31L'inconcevable
17:44se produit.
17:4611 tonnes et demie
17:46de nitrate d'ammonium
17:48explosent
17:48au sein du hangar
17:50221
17:50d'Azedef.
17:52Mais ce n'est pas tout.
17:54Un élément
17:54va faire empirer
17:55la situation
17:56de manière
17:56bien plus tragique.
17:57le mur
17:59qui sépare
17:59le box
18:00du tas principal.
18:02Le voilà projeté
18:03contre la seconde partie
18:04et ses 350 tonnes
18:05de nitrate d'ammonium.
18:07Une projection
18:08si rapide
18:09qu'elle va engendrer
18:10un cataclysme.
18:12Une seconde explosion
18:1330 fois supérieure
18:15à la première.
18:17Boris Kassainov
18:18est expert
18:19en détonique
18:20à l'Institut
18:21Semenov
18:21de Moscou.
18:23Il a étudié
18:23le comportement
18:24du mur
18:24lors de l'explosion.
18:26En détonique,
18:29il existe
18:29différents moyens
18:30d'initier
18:30une détonation.
18:33Et l'un de ces moyens
18:33est de frapper
18:34l'explosif
18:35avec un objet
18:36qui vole
18:36à grande vitesse.
18:39Les experts
18:40estiment
18:41le déplacement
18:41du mur
18:41à près de 3500 mètres
18:43par seconde,
18:44quasiment la vitesse
18:45d'un missile.
18:53Lorsque le mur
18:54arrive au tas principal,
18:56l'énergie produite
18:57par son mouvement
18:58est suffisante
18:59pour déclencher
19:00une détonation.
19:01La demi-tonne
19:03de nitrate d'ammonium
19:04contaminée
19:04par le DCCNA
19:05entraîne au total
19:07l'explosion
19:07de près de 400 tonnes
19:09de nitrate d'ammonium.
19:11En une fraction
19:11de seconde,
19:13Toulouse
19:13et ses habitants
19:14vont être
19:15comme foudroyés.
19:22Il est 10h17,
19:23passé de presque
19:2451 secondes,
19:26quant à l'intérieur
19:27des murs
19:27de l'usine AZF,
19:28l'inévitable
19:29vient de se produire.
19:33À cet instant,
19:35Patricia Benita
19:36est en voiture
19:37avec ses deux enfants
19:38sur l'une des routes
19:39qui longe
19:39l'usine AZF.
19:41Elle se rappelle
19:42avec précision
19:43de ce moment
19:43qui précède
19:44la catastrophe.
19:47Je suis sur la route,
19:49j'échange
19:49avec mon fils
19:50une conversation
19:51dans la voiture,
19:53par le rétro,
19:54je vérifie
19:55si le petit va bien,
19:58j'avance
19:59tranquillement.
20:00De leur côté,
20:06Roland Le Goff
20:06et Michel Chulliard
20:08sont à moins
20:09de 100 mètres
20:09du hangar
20:10de 121.
20:12Ils travaillent
20:12à leur bureau
20:13dans leurs bâtiments
20:14respectifs,
20:15aux bâtiments
20:16d'exploitation
20:16pour Michel Chulliard
20:17et au PC
20:18de sécurité
20:19pour Roland Le Goff.
20:21Quand tout à coup...
20:22Toulouse,
20:31il est 10h17
20:32et 51 secondes.
20:34Chez AZF,
20:35la plus grande usine
20:36de produits chimiques
20:36de la région,
20:38une importante explosion
20:39vient de se produire.
20:41À cet instant,
20:42à moins de 100 mètres
20:43de l'épicentre,
20:44deux hommes de l'usine
20:45sont chacun
20:46à leur bureau.
20:47Michel Chulliard
20:48et Roland Le Goff
20:49ont gardé très précisément
20:51ce moment en mémoire.
20:54Je m'asciais,
20:55je prends le stylo
20:55et puis là...
20:58Alors là...
21:01Un souffle,
21:02un souffle...
21:03Briand.
21:06Sous-feu-briand.
21:07J'avais l'impression
21:08d'être au guidon
21:08de la moto
21:09et il faut aussi
21:09en plein brouillard.
21:11Une vitesse fermée.
21:13C'est un fracas.
21:14Un fracas énorme
21:16qui confond certainement
21:18le bruit de l'explosion
21:21avec le bruit,
21:22le fracas du bâtiment
21:24qui s'effondre sur moi.
21:30J'ai pas le temps
21:31de réfléchir.
21:33Ça pète.
21:35La voiture explose.
21:38Le toit de la voiture
21:40s'affaisse.
21:42Le pare-brise éclate.
21:44Je me jette sur le petit
21:46pour le protéger.
21:48La panique totale.
21:51Pauline Miranda
21:52est également sur la route
21:53à 2 km du site d'AZF.
21:59Je vois sur ma droite
22:01des déchets.
22:02Des déchets arrivés
22:03comme une onde.
22:04Je vois arriver
22:05des morceaux de toiture.
22:07Je vois arriver
22:08des vitres.
22:09Je vois arriver
22:09un petit peu de tout.
22:10En effet,
22:17la détonation
22:17du tas principal
22:18a creusé
22:19un immense cratère
22:20de 8 770 mètres cubes.
22:23La capacité
22:24de 4 piscines olympiques
22:25emportant avec elles
22:27le béton,
22:27la ferraille,
22:28tous les matériaux
22:29présents sur le site.
22:31Les matériaux
22:32vont être éjectés
22:33de part et d'autre
22:34et vont partir
22:35à grande vitesse
22:36en latéral
22:37et en frontal
22:38et vont endommager
22:39et détruire
22:40toutes les structures
22:41environnantes.
22:42Et comme si cela
22:43ne suffisait pas,
22:45cette explosion
22:46si particulière
22:47va entraîner
22:47un autre phénomène
22:48encore plus ravageur.
23:0110h17,
23:02passé de presque 52 secondes.
23:05Dans l'enceinte
23:05de l'usine AZF,
23:06une gigantesque explosion
23:08vient de se produire.
23:10Mais cette explosion
23:11n'est que la première phase
23:12d'un phénomène
23:12qui en comporte deux.
23:14La suite est appelée
23:15onde de choc.
23:17En se décomposant,
23:19le nitrate d'ammonium
23:20a libéré des gaz.
23:22Ces derniers
23:22se déplacent
23:23à la vitesse fulgurante
23:24de 1000 mètres par seconde,
23:26trois fois la vitesse du son.
23:29Conséquence,
23:30se crée un déplacement
23:31d'air impressionnant
23:32par sa taille
23:32et le bruit
23:33qu'il produit.
23:36Alors un bruit,
23:39je n'ai jamais entendu
23:40un truc pareil.
23:41Un espèce de bruit
23:41complètement assourdissant
23:42qui est une espèce
23:43de réverbération.
23:45Même les pétards
23:45du feu d'artifice
23:47au 14 juillet,
23:49c'est tout petit.
23:50C'est tout petit
23:51par rapport
23:51à ce bruit.
23:53Au niveau du bruit,
23:54c'est quelque chose
23:54de colossal.
23:55C'est à souhaiter
23:56à personne de l'entendre.
23:56Ce phénomène
24:06d'onde de choc
24:07se matérialisera
24:08le 4 août 2020
24:09à Beyrouth
24:10par un gigantesque
24:11halo blanc.
24:20Suite à l'explosion
24:21d'une importante quantité
24:22de nitrate d'ammonium,
24:24le passage
24:25de l'onde de choc
24:26fera condenser
24:27l'eau naturellement
24:27présente dans l'atmosphère.
24:42Un phénomène
24:42aussi impressionnant
24:43que violent
24:44pour ceux
24:45qui se trouveront
24:45dans les environs.
24:46Jean-Pierre Dubois
24:59de Gaudusson
25:00se trouve
25:01à 4 kilomètres
25:02d'Azédef.
25:03Il se souvient
25:04de cette onde sonore
25:05alors qu'il se trouve
25:06dans la rue.
25:06Je mets la main
25:10sur les oreilles
25:10je faisais tout à coup
25:11je sens une onde
25:12carrément
25:13alors je ne peux pas
25:14expliquer ce que c'est
25:15un courant
25:16une onde
25:16qui me traverse
25:17tout le corps
25:17carrément
25:18et la suite de ça
25:20j'ai très très mal
25:21aux oreilles
25:21l'impression que
25:22cette onde
25:23m'a fissuré
25:24au niveau des tampons
25:24quelque chose
25:25et que j'ai du liquide
25:26qui me coule
25:27dans les oreilles.
25:28ça va être comme
25:29une immense claque
25:30sur chaque obstacle
25:31ça va donner une claque
25:32ça va casser les vitres
25:33ça va casser les bâtiments
25:35ça va faire tomber
25:37des personnes
25:37ça va pousser
25:38votre tampon
25:39donc c'est perçu
25:40de manière forte.
25:43Pierre Nicolas
25:44est journaliste
25:45et présentateur
25:46du journal télé
25:47de France 3 Midi Pyrénées
25:48situé à 5 kilomètres
25:50d'Azédef
25:51lui aussi ressent
25:52l'explosion
25:53et subit
25:54l'onde de choc aérienne
25:55de plein fouet.
25:58je me prends
25:58mais la claque
25:59de ma vie
25:59c'est quelque chose
26:00d'inimaginable
26:01c'est à dire que
26:02la main de Dieu
26:03me met une claque
26:04mais monumentale
26:05et puis surtout
26:05il y a cette fameuse odeur
26:06l'odeur d'ammoniaque
26:08et je sais
26:09qu'il n'y a qu'un seul endroit
26:10de Toulouse
26:11où ça peut venir
26:11c'est Azédef.
26:16Pauline Miranda
26:17et Bernard Benita
26:18se rappellent également
26:20très bien de ce moment.
26:22Je sens ma voiture
26:23se soulever
26:24c'est une sensation
26:26affreuse
26:27c'est comme si
26:27il y avait un aimant
26:28qui prenait ma voiture
26:29et qui déportait ma voiture
26:31et je me retrouve
26:32à cheval
26:33sur le terre plein
26:34c'est quelque chose
26:35d'incroyable
26:37c'est
26:38d'irréel même
26:39d'irréel
26:40d'irréel
26:41j'entends un gros boum
26:44je vois la véranda
26:46chez moi
26:46qui rentre dans la salle
26:48à manger
26:48la télé
26:50qui vient vers moi
26:51qu'est-ce qui se passe ?
26:54donc ma réaction première
26:55c'est d'aller vite
26:56au balcon
26:57voir
26:57qu'est-ce qu'il y a eu
26:58si c'est chez moi
27:00ou si c'est général
27:01il s'avère que
27:03le balcon
27:04les vitres
27:05il n'y en a plus
27:05elles ont sauté aussi
27:08l'explosion
27:10est ressentie
27:10jusqu'à 80 km
27:12à la ronde
27:12les toulousains
27:14sont sous le choc
27:15mais ils sont encore
27:17loin d'imaginer
27:17l'étendue
27:18de la catastrophe
27:1910h20
27:233 minutes à peine
27:25après l'explosion
27:25et la gigantesque
27:27onde de choc
27:27qui s'est propagée
27:28dans toute la région
27:29Pierre Nicolas
27:30le journaliste de télévision
27:31et son caméraman
27:32partent en direction
27:33d'AZF
27:34ils veulent rendre compte
27:36des dégâts causés
27:37par l'explosion
27:37et tenter de répondre
27:38à une question
27:39s'agit-il d'un accident
27:41ou d'un acte terroriste
27:43cela fait 10 jours
27:53en effet
27:53qu'un événement considérable
27:54a changé la face du monde
27:55il y a peut-être un lien
27:57à l'époque
28:05John Henley
28:06est journaliste
28:07correspondant
28:08du journal britannique
28:09The Guardian
28:09en France
28:10le monde a vraiment
28:15été bouleversé
28:16ce n'est pas exagéré
28:18de dire
28:19que le 11 septembre 2001
28:20a été un énorme
28:22choc psychologique
28:23les tours jumelles
28:33ou Sama Ben Laden
28:35la démocratie
28:39la plus puissante
28:40du monde
28:40attaquée en son cœur
28:41c'était juste
28:43énorme
28:44à son cœur
28:45c'était une énorme
28:45chose
28:46regarde par terre
28:54regarde par terre
28:54je vais tout de suite
28:57lui dire
28:57tourne en permanence
28:58surtout ne coupe pas
28:59ces images
29:01sont les toutes premières
29:02tournées
29:03après la catastrophe
29:04à un moment
29:16je conduis la moto
29:17et je me dis
29:18je suis en train de rêver
29:19je vais me réveiller
29:20la moto avance
29:21et plus on avance
29:22plus c'est pire
29:24on a eu un grand boom
29:25regardez
29:25t'as pris la voiture
29:26comme une bombe
29:27qui a explosé là-bas
29:28le souffle ça ?
29:29oui oui
29:29ça peut être le souffle
29:30c'est un souffle énorme
29:31on va sortir un kilomètre
29:32c'est lunaire presque
29:34par terre
29:34c'est de la poussière grise
29:36tout est devenu gris
29:37les gens sont devenus gris
29:38les couleurs
29:39l'air est devenu bleuâtre
29:40grisâtre
29:41le ciel s'est obscurci
29:42on sait pas pourquoi
29:43ils tombent des gouttelettes
29:45donc c'est pas ce que c'est
29:46ça va ?
29:48c'est abîmé ?
29:51non ouais
29:52laissez-le qu'on arrête
29:52ils sont bloqués
29:53ils arrêtent
29:53Pierre-Nicolas
29:56et son caméraman
29:57continuent d'avancer
29:58en direction de l'usine
30:00regarde ça
30:01tant qu'on voit des gens
30:04ça va encore
30:04y compris des gens blessés
30:06des gens qui appellent au secours
30:08mais plus on se rapproche
30:10plus on voit des gens
30:11qui appelleront plus jamais personne
30:13de son côté
30:21Pauline Miranda reprend ses esprits
30:23elle regarde le chaos qui l'entoure
30:26et s'inquiète pour son mari
30:27je sais qu'il travaille
30:30en train de refaire une pharmacie
30:32et je me dis
30:34lui c'est sûr
30:36avec ce que je viens de voir
30:39lui c'est sûr il est mort
30:40Pauline Miranda parvient à dégager sa voiture
30:43tant bien que mal
30:44puis elle prend l'avenue en sens inverse
30:47en direction de son domicile
30:48je vois l'horreur
30:51je vois l'apocalypse
30:52des gens
30:53ensanglantés
30:55des blessures
30:56impensables
30:58je me vois cette maman
30:59en train de porter un bébé
31:01ce bébé est couvert de sang
31:03cette dame
31:03court partout
31:05moi je file
31:06moi je file
31:07et pendant toute la venue
31:08ce sont des scènes d'horreur
31:11Pauline Miranda
31:13continue sa course folle
31:14en direction de sa résidence
31:15quand elle aperçoit
31:17un phénomène étrange
31:18c'est à ce moment là
31:21que je vois le champignon
31:22j'ai jamais vu aucune image
31:24comme ce champignon
31:25ça monte tout droit
31:26et ça a carrément la forme
31:27d'un champignon
31:28tout jaune
31:29c'est vrai qu'on voit cette couleur
31:31moi oui
31:31ça fait penser à
31:32un film catastrophe
31:34qu'on aurait pu voir
31:35ce champignon
31:37est le produit
31:38des centaines de tonnes
31:39de nitrate d'ammonium
31:40partisans fumés
31:41ce cliché
31:42pris seulement quelques minutes
31:44après l'explosion
31:44montre un panache
31:46de couleur orange
31:47le champignon
31:48que Pauline Miranda
31:49et les autres ont aperçu
31:50ces cendres
31:52de nitrate d'ammonium
31:53calciné
31:54vont progressivement
31:55tomber au sol
31:56et recouvrir
31:57toutes les surfaces
31:58mais aussi le visage
31:59de celles et ceux
32:00qui déambulent
32:01ahuris
32:02sidérés
32:04à l'extérieur
32:05ils sont
32:11ils sont
32:11pleins de poudre jaune
32:12ou de poudre rouge
32:13sur eux
32:14et ils marchent
32:15tous
32:15ils sont à gare
32:16je me demande
32:17ce qui se passe
32:18même dans ma voiture
32:20je suis comme ça
32:21je me mets
32:22le coude comme ça
32:23parce que j'ai du mal
32:24à respirer
32:25il y a plein de cendres
32:26dans ma voiture
32:27une odeur très très forte
32:28qui prend au nez
32:30de son côté
32:32Patricia Benita
32:33accuse le coup
32:34aidée de ses enfants
32:36elle parvient
32:37à sortir
32:38de sa voiture
32:39je suis blessée
32:42le pare-brise
32:44m'a explosé
32:45dans la tête
32:45je prends
32:47le petit
32:48dans mes bras
32:49je tire
32:51je tire ma veste
32:52je le protège
32:54et je commence
32:57à courir
32:58je ne vois rien
32:59une odeur de soufre
33:01nauséabonde
33:02qui nous aveugle
33:04qui étouffe
33:05nous sommes dans
33:06la panique totale
33:07à la panique
33:09succèdent désormais
33:09les premières questions
33:10combien de personnes
33:12sont réellement touchées
33:13y a-t-il des victimes
33:14les opérations
33:16de sauvetage
33:16semblent impossibles
33:17à mettre en oeuvre
33:18dans ce qui ressemble
33:19désormais
33:19à une zone de guerre
33:2013h
33:30Madame, Monsieur, bonjour
33:33une violente explosion
33:34a donc secoué
33:35la ville de Toulouse
33:36ce matin
33:36les habitants de Toulouse
33:38ont bien cru vivre
33:39le tragique scénario
33:41de New York
33:41et Washington
33:42une très forte explosion
33:43dans une usine pétrochimique
33:45les dégâts sont énormes
33:46semble-t-il
33:46il y a des victimes
33:47on parle de 10 morts
33:48et au moins 150 blessés
33:50la situation est en réalité
33:52bien plus dramatique
33:53qu'annoncée par les médias
33:54plus les minutes passent
33:56plus le nombre
33:57de victimes augmente
33:58on parle désormais
34:00de milliers de personnes
34:01l'usine et ses alentours
34:03sont évidemment
34:03les plus impactés
34:04il faut aller au coeur
34:06de la catastrophe
34:06François Chauvet
34:10est pompier
34:10à la ville de Toulouse
34:11il est de repos
34:13ce jour-là
34:13lorsqu'il comprend
34:15d'où vient la détonation
34:16il décide d'apporter
34:17son aide
34:18sur le site d'AZF
34:19quand j'arrive
34:22il y a un trou
34:23il y a un blanc
34:24de plusieurs dizaines de secondes
34:27avant de remettre
34:28les idées en place
34:29et de dire
34:29maintenant
34:30qu'est-ce que je fais
34:30par quoi on commence
34:31par quoi on commence maintenant
34:33parce que
34:34il y a
34:35une impression
34:36de
34:37de catastrophe
34:39de chaos
34:40Patrice Gerber
34:43est commandant
34:44de sapeurs-pompiers
34:45spécialisé dans les risques
34:46chimiques et radiologiques
34:47il est sur la route
34:49lorsqu'il entend l'explosion
34:50il décide alors
34:52immédiatement
34:52de se rendre sur place
34:54tout est réduit
34:57en bouillie
34:57donc il faut vraiment
34:58qu'on aille voir
34:59si dans les installations
35:00il n'y avait pas des personnes
35:01si dans les bâtiments
35:02il n'y avait pas des personnes
35:04et les moyens
35:04que l'on a
35:05sur le moment
35:06ils sont
35:07sous-dimensionnés
35:08par rapport au travail
35:09qu'on a à faire
35:09François Chauvet
35:11organise les secours
35:12à l'extérieur de l'usine
35:13et dans les magasins
35:14alentours
35:15touchés par la catastrophe
35:16quant à Patrice Gerber
35:19il part en reconnaissance
35:21à l'intérieur
35:21du périmètre d'AZF
35:23c'est le calme plat
35:27c'est un calme incroyable
35:29c'est à dire que
35:30on n'entend plus
35:31ni les oiseaux
35:33on n'entend plus
35:33le bruit
35:34des voitures
35:35le bruit des avions
35:36c'est comme si
35:37la ville
35:38s'était arrêtée
35:38que quelque part
35:41on se dit
35:41mais qu'est-ce que
35:42je vais pouvoir faire
35:43c'est tellement énorme
35:45je ne veux pas laisser
35:46ces personnes
35:47sous les décombres
35:48je sais qu'elles sont vivantes
35:49donc je veux mettre
35:50tout en oeuvre
35:51pour aller les chercher
35:51pour aller les sauver
35:52le commandant
35:56de sapeurs-pompiers
35:56et ses équipes
35:57décident de quadriller
35:58la zone
35:58parmi elles
36:00le lieutenant
36:01Christophe Gianni
36:02si on avait lancé
36:05une bombe
36:06ce jour-là
36:06sur AZF
36:07on peut estimer
36:09qu'on aurait eu
36:10à peu près
36:10le même résultat
36:11donc c'est une perte
36:12de repères complète
36:14ça bouleverse
36:14complètement
36:15ce qu'on sait faire
36:15ce qu'on voit
36:16quand on arrive
36:17c'est des gens blessés
36:19qui sont comme
36:20des zombies
36:22et qui cherchent
36:23l'endroit
36:23où ils doivent aller
36:24il y a par exemple
36:26des personnes
36:26qui sont incarcérées
36:27dans les véhicules
36:28personnes qui montaient
36:30dans son véhicule
36:31qui allaient partir
36:31au moment de l'explosion
36:32elles se retrouvent incarcérées
36:33comme si elles avaient eu
36:34un accident
36:35sur la route
36:36donc il faut procéder
36:37à des incarcérations
36:38de ces personnes-là
36:39qui sont des urgences vitales
36:42et là
36:42ça se joue
36:44à quelques dizaines de minutes
36:46malheureusement
36:47vous avez des gens
36:47qui sont dans une détresse
36:49vitale
36:50mais qu'on n'a pas
36:52pu secourir
36:53parce qu'il fallait
36:53qu'on sauvegarde
36:54les gens qui étaient sauvables
36:56on n'a pas pu
36:57leur accorder le même temps
36:58qu'on accorderait
36:58dans la vie de tous les jours
36:59et ça
37:00puisqu'on parle
37:02de moments difficiles
37:03à vivre
37:03c'est difficile pour ça
37:04il faut gérer l'urgence
37:07et garder la vigilance
37:08au maximum
37:09en s'aventurant
37:11sur les restes
37:12d'une usine chimique
37:13les pompiers savent
37:14qu'une nouvelle explosion
37:15peut survenir
37:16à tout moment
37:16mais est-ce que finalement
37:19je ne suis pas en situation
37:20d'hyper risque
37:21et ce qui vient juste derrière
37:23c'est de se dire
37:24mais
37:25quid
37:27du sur-accident
37:28est-ce que
37:29l'ensemble des capacités
37:30de ces installations
37:31qui viennent brutalement
37:32de s'arrêter
37:33l'ensemble de ces capacités
37:35qui perdent leurs produits chimiques
37:37et que nous sommes
37:38en train de respirer
37:39est-ce qu'à un moment donné
37:40on n'est pas en train
37:41de s'exposer inutilement
37:42de son côté
37:45Michel Chulliard
37:47est bloqué à son bureau
37:48le bâtiment d'exploitation
37:50dans lequel il se trouvait
37:51au moment de l'explosion
37:52s'est effondré
37:53lorsqu'il ouvre les yeux
37:57son épaule est coincé
37:59par un énorme bloc de béton
38:01j'ai
38:02ici là
38:03j'ai senti un choc
38:05et puis tout d'un coup
38:09tout s'est arrêté
38:10et là j'ai commencé à avoir mal
38:13l'usine où il a travaillé
38:15pendant 40 ans
38:16a tout simplement disparu
38:18là ça fume
38:19là
38:20il n'y a plus rien
38:21là-bas
38:23il n'y a plus rien non plus
38:24un qui sort
38:26un qui sort
38:27de sous le bureau
38:28l'autre qui arrive à côté
38:29des gens qui crient
38:31à gauche à droite
38:31ses collègues parviennent
38:34à le sortir des décombres
38:36sidéré
38:36Michel Chulliard
38:38se rend compte
38:38progressivement
38:39de son état
38:40écoutez
38:41là déjà
38:42ici je ne ressentais plus rien
38:44j'avais pas mal
38:46mais bon
38:46ici ça n'allait plus
38:48quand ça vous gêne
38:48tous les sens
38:49il rejoint l'entrée
38:51de l'usine
38:51où se trouve
38:52Pierre-Nicolas
38:53et son caméraman
38:54qui le filment
38:54monsieur
38:55vous passez chemin
38:56de la loge
38:56le pc mobile
38:57est chemin
38:57la loge
38:57ma femme
39:00elle me cherche
39:01et elle m'a trouvé
39:03le soir
39:03si Michel Chulliard
39:06a pu s'extraire
39:07des décombres
39:08au pc de sécurité
39:10Roland Le Goff
39:11est toujours bloqué
39:12je me retrouve
39:14dans une position
39:16très inconfortable
39:17je suis toujours
39:19assis sur mon siège
39:22de bureau
39:23j'ai la tête
39:24entre mes pieds
39:27au sol
39:27je suis dans une poussière
39:29indescriptible
39:31je ne peux pas
39:32ouvrir les yeux
39:33les yeux sont collés
39:34par la poussière
39:36Roland Le Goff
39:37est dans le noir total
39:39désorienté
39:40de plus
39:41il souffre de douleurs
39:42abdominales très importantes
39:44je pense que je vais y rester
39:45je pense avoir
39:46une hémorragie interne
39:48on voit notre vie
39:50défiler
39:51on pense à nos proches
39:53on pense à
39:54et on se dit
39:55que ce sont
39:55nos derniers instants
39:56d'ailleurs au bout d'un moment
39:57on se demande
39:58si on est vivant
40:00si on est mort
40:01comment que c'est après
40:02je prends mon pouce
40:10ça a l'air d'être correct
40:11je bouge les doigts
40:13je bouge les orteils
40:15bon
40:16peut-être que
40:17peut-être que ça va bien se passer
40:19quoi
40:19donc
40:19je patiente
40:21et je sais que ça peut être très long
40:22je sais que
40:24je suis prêt à attendre
40:25jusqu'au lendemain
40:26parce que je sais
40:28qu'on va venir me chercher
40:29vivant ou mort
40:30mais on va vouloir me trouver
40:3217h
40:35près de 7h après l'explosion
40:37Roland Le Goff vit un cauchemar
40:40seul sous son bâtiment effondré
40:42pendant ce temps à l'extérieur
40:43les secours affluent de toutes parts
40:46hélicoptères
40:47brigade canine
40:48équipe de sauvetage et déblément
40:50unité de la protection civile et du SAMU
40:52ça fait chaud au coeur
40:54et puis on voit l'organisation
40:55s'inscrire dans la durée
40:57c'est à dire que
40:57on peut dire que les premières heures
41:00on se sent seuls
41:01et puis après effectivement
41:02on voit quelque chose
41:02qui se met en place
41:03malgré la logistique importante
41:05déployée sur place
41:06de nombreuses personnes
41:08sont portées disparues
41:09une épreuve qui laisse présager du pire
41:12pour elles comme pour leurs proches
41:13qui voient le temps passer
41:15et l'espoir de les revoir
41:16s'amenuiser de plus en plus
41:1818 heures
41:27près de 8 heures après l'explosion
41:29de l'usine chimique à ZF
41:31la ville de Toulouse est comme coupée du monde
41:34les réseaux de communication ne fonctionnent plus
41:36la plupart des routes sont impraticables
41:39parmi les bouts de tôle
41:41de béton et les véhicules à l'arrêt
41:43Bernard Benita tente de se frayer un chemin
41:45il est mort d'inquiétude
41:47sa femme Patricia ne répond pas au téléphone
41:50la boule au ventre
41:55il fait le trajet qu'elle est censée avoir emprunté
41:57il y a quelques heures
41:58avec leurs deux enfants
41:59au fur et à mesure que j'approche de la ZF
42:07et je vois de plus en plus de gens
42:09avec du sang sur la figure
42:11les bras ensanglantés
42:12les maisons
42:13elles sont toutes par terre
42:15j'ai vu en passant
42:18des gens
42:19coucher sur des lits de camp
42:21et on leur faisait des points de suture
42:25comme ça
42:26à vif quoi
42:27c'était un truc de fou quoi
42:29j'aperçois au loin
42:31la voiture de mon épouse
42:34complètement écrasée
42:35alors là j'ai encore
42:38encore plus paniqué
42:39Bernard rejoint l'hôpital le plus proche
42:43il retrouve sa femme
42:45et leurs deux enfants sains et saufs
42:48c'est assez difficile à exprimer
42:52parce qu'on est content
42:54mais en même temps on est paniqué
42:56parce que les blessures sont telles
42:58qu'on se demande
42:59ce que ça va s'arranger
43:01je suis complètement
43:03anéantie
43:05je me mets à crier
43:08on sait pas ce qui nous arrive
43:10alors que des personnes sont sauvées
43:15que d'autres se retrouvent
43:16Roland Le Gofflu est toujours bloqué dans le noir
43:19sous deux mètres de décombre instable
43:21j'ai les ligaments des genoux
43:27qui se fragilisent
43:30des douleurs commencent à arriver
43:32j'essaie de me laisser glisser de ma chaise
43:38mais je ne veux pas faire de mouvements inconsidérés
43:41de peur de déséquilibrer tout ce qui est au dessus de moi
43:45quelques minutes plus tard
43:47Roland Le Goff commence à sentir du mouvement au dessus de lui
43:51au bout d'un moment
43:54et bien j'entends des gens qui s'approchent
43:57donc là je crie, je me manifeste
44:00et là je suis entendu
44:01un chien renifleur a repéré sa présence
44:05une armée de secouristes
44:07se porte alors sur le dégagement des décombres
44:10et au fur et à mesure en fait on va à la main nue
44:15parce que là il n'est pas question de se faire aider
44:18par des outils lourds
44:19c'est simplement à la main qu'on travaille
44:22c'est très instable
44:23ça peut à tout moment nous tomber dessus
44:26on entend bouger des gravats
44:30on entend remuer des pierres
44:32des bétons
44:34et au bout d'un moment
44:35il y a un ray de lumière
44:37qui vous atteint
44:39dans cette lumière vous voyez apparaître
44:43un visage que vous connaissez
44:46il me dit c'est Roland courage
44:49on va te sortir de là
44:51ses paroles c'est quelque chose d'incroyable
44:54vraiment très très très réconfortant
44:56on sait qu'on va s'en sortir
44:57au final
44:58du moment de l'explosion à celui de son secours
45:01Roland Le Goff sera resté 8 heures
45:04sous les décombres du bâtiment
45:05j'ai énormément de chance
45:10de m'en tirer avec si peu de blessures
45:12je me souviens de l'émotion en fait
45:14des garçons
45:15ce sont des mini victoires individuelles
45:17et surtout des mini victoires collectives
45:19qui font du bien
45:20ce sont des scènes de guerre
45:22quelque part
45:23que les gens vivent
45:24et quand on récupère quelqu'un
45:27c'est une vraie victoire
45:28pendant ce temps
45:31Pierre Nicolas et son caméraman
45:32poursuivent leur tournage
45:33et si des sauvetages heureux ont lieu
45:38comme celui de Roland Le Goff autour d'eux
45:40tout n'est que désolation
45:42plus on avance
45:44plus c'est la catastrophe
45:46les voitures sont de plus en plus fripées
45:48et puis on avance
45:50on avance
45:51et voilà
45:51il y a des fils électriques partout
45:52on sait pas bien
45:53on est vraiment sur une autre planète
45:55le périple s'arrête par leur arrivée
45:58dans la zone de l'ancien hangar 221
46:00face à eux
46:02le cratère produit par l'explosion
46:04un cratère lunaire
46:08il reste plus rien
46:09mais sa langue de feu
46:11s'agite encore à ce moment là
46:12dans ce cratère
46:13il y avait une usine
46:14il n'y a plus rien
46:15c'est Tintin a marché sur la lune
46:17vous savez les images des cratères
46:19ils sont là
46:20c'est vide
46:20il n'y a aucune trace de vie
46:22c'est pareil
46:22c'est à dire que quand vous vous retrouvez
46:24face à un diamètre de 70 mètres
46:26qui fait peut-être entre 5 et 10 mètres
46:27de plus profond
46:28vous dites
46:29c'est juste pas possible
46:30ça dépasse l'entendement
46:33face à l'incompréhensible
46:36une armée d'experts se rend sur place
46:38pour tenter de répondre aux questions
46:40que tout le monde se pose
46:41cette explosion est-elle le fruit d'un accident
46:45ou bien d'un acte terroriste
46:47des réponses vont devoir être apportées
46:51et ce que l'enquête va révéler
46:53fait froid dans le dos
46:53aujourd'hui en lieu et place de l'ancien cratère
47:14un étang s'est formé
47:15le site de l'ancienne usine
47:18abrite également un centre de recherche
47:19en cancérologie
47:20ainsi qu'un parc photovoltaïque
47:23même si la vie a repris son cours sur le site
47:28le bilan humain reste présent dans toutes les têtes
47:31au final
47:32l'explosion d'AZF
47:34aura fait 31 morts
47:36et 22 000 blessés
47:38le nombre de blessés me paraît presque plus important
47:42que le nombre de morts
47:43ça va choquer ce que je dis là
47:45mais une trentaine de décès
47:49pour une catastrophe pareille
47:51c'est invraisemblable
47:53c'est entre guillemets pas assez quand on voit les dégâts
47:55700 maisons étaient complètement détruites
47:5815 000 familles se sont retrouvées sans domicile
48:02c'est quelque chose d'énorme
48:03un bilan qui aurait pu être bien pire si des employés d'AZF
48:10n'avait pas protégé au dernier moment
48:12d'autres sites sensibles de l'usine
48:13moi je me dis qu'on a eu énormément
48:18énormément de chance
48:20on n'a pas eu une réaction en chaîne
48:22qui aurait pu conduire à de multiples explosions
48:26le scénario qui s'est produit dans le bâtiment 221
48:29aurait pu aussi se produire dans d'autres bâtiments
48:32du site AZF
48:34et en particulier dans le hangar I4
48:36où il pouvait être stocké jusqu'à 15 000 tonnes
48:38de nitrate agricole
48:40équivalent de 5 000 tonnes de TNT
48:42donc un demi-Hiroshima
48:44et ça au sein de la ville de Toulouse
48:47on n'imagine même pas les dégâts
48:49que ça aurait pu produire
48:51certains ont eu les bons réflexes
48:54mais d'autres sont pointés du doigt
48:56la direction du site et ses différents responsables
48:59sont clairement visés dans l'enquête
49:00un accident industriel
49:06c'est pas un manquement
49:07c'est une série de manquements
49:10malheureusement ce jour-là
49:11il y a des erreurs qui ont été commises
49:13des erreurs qui n'auraient jamais dû être commises
49:15vous avez tous les ingrédients
49:20pour qu'une catastrophe puisse se produire
49:23il manquait juste une étincelle
49:25mais les produits n'auraient pas dû s'y trouver
49:27ils n'auraient pas dû être transvasés
49:29sans contrôle
49:30et il aurait dû y avoir du personnel
49:33qui avait la certification
49:34les compétences pour gérer ce genre de choses
49:37si on reproduit l'expérience
49:39il y a toutes les chances que ça fonctionne
49:42de la même manière
49:43donc il n'y a qu'une seule solution
49:45c'est de ne pas produire sur le même site
49:48des produits chimiques incompatibles
49:50et des questions restent en suspens
49:53comment une usine chimique de ce type
49:55peut-elle se situer si près d'une agglomération
49:58qui plus est Toulouse
49:59quatrième ville de France
50:00c'est pas l'usine qui s'est avancée vers la ville
50:05c'est la ville qui s'est avancée
50:07jusqu'à l'usine
50:09on a permis aussi
50:10au fur et à mesure de construire des bâtiments
50:13et des lotissements principaux
50:14très près d'une usine
50:17alors que 50 ans avant
50:18il n'y avait pratiquement personne
50:1918 années de procédures
50:22auront été nécessaires
50:23pour écarter la piste terroriste
50:25et révéler l'accident
50:262 milliards d'euros ont été versés
50:29à titre de dédommagement
50:31un soulagement pour les victimes
50:33ça a été un combat
50:38un combat de tous les instants
50:42un combat très dur
50:44très dur
50:44parce que les victimes affluaient
50:47par milliers
50:48mais si justice a été rendue
50:51les rescapés doivent continuer à vivre
50:54aujourd'hui avec les séquelles
50:55de cette explosion
50:56Toulouse est devenue la capitale
51:00de la surenité
51:00parce qu'il y a des milliers
51:01des milliers de gens
51:02qui souffrent de problèmes aux oreilles
51:03c'est traumatisé
51:04on peut l'oublier
51:05c'est un truc qu'on ne peut pas oublier
51:06à ce jour
51:07nous avons
51:08toute la famille
51:09des appareils auditifs
51:11et nous avons des problèmes auditifs
51:13nous avons encore des problèmes psychologiques
51:15c'est tous les jours je pense à ZF
51:18en mettant les appareils dans les oreilles
51:21tous les jours
51:23je ne peux pas oublier
51:25ce n'est pas possible
51:26c'est que quelques secondes
51:30cette durée là
51:32mais c'est des secondes
51:34que je me rappellerai toute ma vie
51:38à Toulouse
51:40on est deux, trois cent mille personnes
51:42à savoir exactement
51:43ce qu'on faisait tous
51:44à 10 heures, 17 minutes
51:45et 50 secondes
51:46ça fait de nous
51:48une population à part
51:49à Toulouse
51:52à ZF
51:53reste l'événement le plus traumatisant
51:55au bilan le plus lourd
51:56depuis la seconde guerre mondiale
51:58nul doute qu'ici
52:00aucun habitant n'oubliera
52:01ce jour du 21 septembre 2001
52:03ce jour où une explosion
52:05de produits chimiques
52:06entraîna la ville
52:07en un centième de seconde
52:09dans une catastrophe
52:11hors de contrôle
52:12à Toulouse
52:42à Toulouse
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7:03