Fin août 2010, à Volesvres, en Saône-et-Loire, le cadavre de Ghislaine Leclerc est découvert par l'une de ses trois filles au pied de son lit. La quinquagénaire a reçu quatre balles alors qu'elle était sur le point de se coucher. Le tueur n'a laissé aucune trace. Dans un premier temps, les enquêteurs soupçonnent son premier mari, déjà condamné pour un double meurtre, puis le dernier époux, qui lui devait beaucoup d'argent. Mais c'est le gendre de la victime, Sylvain Schrutt, qui va attirer l'attention des policiers. L'homme cache un lourd secret.
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00:00:30Gisleine Leclerc, voilà une femme qui avait beaucoup d'entrain à la tête de sa petite entreprise de cartes postales et surtout de sa famille, trois grandes filles qu'elle adorait.
00:00:42Gisleine Leclerc aimait aussi la danse et les hommes, des maris, elle en a eu trois et elle cherchait encore l'amour quand elle a été assassinée.
00:00:51Alors par qui ? Son premier mari, un homme au lourd passé judiciaire, son troisième mari qui lui devait beaucoup d'argent, un amant ou un membre de sa famille qui cachait un gros secret.
00:01:06La mort de Gisleine Leclerc, c'est une affaire à rebondissement jusqu'au dernier jour devant la cour d'assises.
00:01:12Gisleine Leclerc
00:01:42Samedi 28 août 2010, dans un petit village de Lens.
00:01:47Jean-Paul Pelletier dîne avec deux de ses filles, l'aînée qui a 31 ans et la plus jeune, Emeline, qui en a 17.
00:01:54Elles sont venues passer quelques jours de vacances chez lui.
00:01:58Mais l'ambiance est pesante.
00:02:00Gisleine, la mère de deux filles, aurait dû arriver en fin d'après-midi pour leur rendre une petite visite.
00:02:04On ne l'a jamais vue.
00:02:07Donc on a commencé à s'inquiéter parce qu'elle aurait eu un imprévu, elle nous aurait prévenus.
00:02:14Elle était du genre à prévenir à chaque fois qu'elle s'arrêtait sur l'autoroute.
00:02:18Elle appelait toujours ses filles très souvent et puis là, il n'y avait pas d'appel à rien.
00:02:26Et bon, c'est vrai que j'ai essayé de faire de sorte qu'elle ne s'inquiète pas trop.
00:02:31Parce qu'elle dit, peut-être qu'elle fait ceci ou elle fait cela, qu'elle ne peut pas appeler.
00:02:36Le dimanche matin, le téléphone de Gisleine sonne toujours dans le vide.
00:02:47On essaie de joindre les hôpitaux, les pompiers, la gendarmerie pour savoir s'ils ont des nouvelles,
00:03:04s'il y a eu un accident, s'il y aurait pu y avoir un accident sur la route par exemple.
00:03:10Et puis rien, donc on commence vraiment à s'inquiéter.
00:03:17Et on a décidé d'aller voir directement là-bas le lendemain.
00:03:22J'avais la clé de la maison et j'ai dit, bon, j'ai une clé, on y va.
00:03:29Gisleine vit à une centaine de kilomètres de chez Jean-Paul.
00:03:32Ils sont séparés, mais ils sont restés en très bons termes.
00:03:36Et Jean-Paul connaît bien les lieux.
00:03:38La famille arrive à Volèvre en Saône-et-Loire en fin de matinée.
00:03:44On a été surpris, c'est qu'en voyant par-dessus la haie,
00:03:46on voyait les fenêtres du haut qui étaient ouvertes.
00:03:50Et comme elle était censée ne pas être là,
00:03:52c'était pas normal, quoi.
00:03:59J'étais à peine arrivé dans la cour,
00:04:00il y avait une ligne à la sauter de la voiture
00:04:01et elle est partie à la porte d'entrée, quoi.
00:04:09Jean-Paul ouvre la porte.
00:04:11Je me suis précipitée à l'intérieur
00:04:16et je suis allée voir dans la...
00:04:20Enfin, j'ai jeté un coup d'œil dans la cuisine.
00:04:23Elle n'était pas et j'ai fait demi-tour
00:04:25pour aller voir dans sa chambre.
00:04:29Et je l'ai trouvée là.
00:04:34Elle n'était pas.
00:04:35Elle était couchée par terre.
00:04:42Et du coup, je suis allée prendre le téléphone
00:04:45et j'ai appelé les pompiers.
00:04:48Mais mon papa, il m'a dit
00:04:49« C'est pas la peine d'appeler les pompiers.
00:04:54Il faut appeler les gendarmes maintenant. »
00:04:57« Je suis ressorti pour dire à ma fille aînée
00:05:11que sa maman est décédée. »
00:05:16Il faut aussi appeler Estelle la cadette.
00:05:25Elle doit les rejoindre le plus vite possible.
00:05:27Estelle Pelletier, vous êtes la fille cadette de Gisleine
00:05:37et vous apprenez sa mort par téléphone.
00:05:40Oui, absolument.
00:05:41Ma grande sœur m'a appelée le matin
00:05:42en me demandant de m'isoler, de m'asseoir
00:05:46pour me prévenir que maman était morte.
00:05:50C'est très, très dur.
00:05:52Alors, je lui ai bien sûr demandé comment tout de suite
00:05:55après avoir réalisé qu'elle ne me faisait pas de farce, bien sûr.
00:06:00Et elle m'a dit qu'apparemment, elle aurait été abattue,
00:06:02mais qu'elle n'en savait pas plus.
00:06:04Donc, vous avez su tout de suite qu'elle avait été...
00:06:05On a su tout de suite que c'était une mort violente
00:06:09et donnée par quelqu'un d'autre.
00:06:11À ce moment-là, vous habitez loin.
00:06:13Qu'est-ce que vous faites ?
00:06:14Je suis montée dans le premier train que j'ai trouvé.
00:06:17Vous habitez où à ce moment-là ?
00:06:19J'habite dans le sud.
00:06:20Le soir même, vous étiez auprès de...
00:06:21Le soir même, j'étais auprès de ma famille
00:06:24et entendue par les gendarmes.
00:06:26Au moment de la mort de votre mère,
00:06:28la famille est très dispersée.
00:06:30Votre mère habite en Saône-et-Loire,
00:06:32votre père dans l'Ain,
00:06:33et vous, les sœurs ?
00:06:35On est aussi très dispersées.
00:06:39Donc, il y en a une qui habite en Alsace,
00:06:43moi dans le sud,
00:06:44et ma petite sœur qui était confiée à ma grande sœur
00:06:47et qui aussi était chez mon père et chez ma mère
00:06:49pendant les vacances.
00:06:51Et pourquoi elle était chez votre grande sœur, Emelie ?
00:06:53Pour sa scolarité.
00:06:55Elle était dans une école privée
00:06:57qui avait comme but de faire valoir l'art
00:07:02et aussi de respecter le développement de l'enfant.
00:07:08C'est ce qu'on appelle une école Steiner, c'est ça ?
00:07:09Oui, c'est ça.
00:07:11Vous aviez une grande différence d'âge avec vos deux sœurs ?
00:07:14Avec ma grande sœur, on n'a que deux ans
00:07:16et avec ma petite sœur, j'ai 12 ans d'écart.
00:07:19C'est une petite dernière.
00:07:20Vous étiez proche de votre mère, vous et vos sœurs ?
00:07:23On était très proche de notre maman, oui.
00:07:26C'était très fusionnel.
00:07:28On s'appelait tout le temps,
00:07:29pour des bonnes ou des mauvaises nouvelles,
00:07:31on était en lien permanent.
00:07:34C'est une mère protectrice.
00:07:36C'est une mère qui nous a tout donné.
00:07:38Maman m'a écrit une petite carte postale un jour
00:07:41et ce qu'il y avait dessus, c'était...
00:07:44Elle a écrit avec tout mon amour, ma chérie,
00:07:48ma confiance, mon soutien.
00:07:49C'était ça, ma maman, pour moi.
00:07:53C'est ce que j'ai plus aujourd'hui.
00:08:01Les gendarmes commencent les constatations.
00:08:11Tout d'abord, sur la scène de crime.
00:08:14La victime est retrouvée devant son lit,
00:08:17face à la porte d'entrée.
00:08:18Elle est affalée sur le côté gauche,
00:08:26en pyjama, elle a ses lunettes.
00:08:29Le lit est partiellement défait, d'un côté,
00:08:32on retrouve aussi des vêtements sur l'autre moitié du lit.
00:08:38Les volets de la chambre sont fermés,
00:08:40la lampe de chevet est allumée.
00:08:42On sait que c'est une dame
00:08:45qui se couchait habituellement assez tard.
00:08:48Vraisemblablement, elle a été surprise
00:08:50alors qu'elle était en train de se coucher,
00:08:52qu'elle allait se coucher, en tout cas, dans la nuit.
00:08:58Il y a une large flaque de sang
00:08:59tout autour du corps de la victime
00:09:01qui a perdu une très grande quantité de sang
00:09:03et il y a des traces de sang dans le couloir,
00:09:05devant la porte d'entrée de sa chambre.
00:09:09Et à côté du corps...
00:09:12Les enquêteurs vont retrouver sur place
00:09:15des étuis,
00:09:17des munitions qui ont été percutées.
00:09:20On va retrouver dans le corps
00:09:22et aussi hors du corps
00:09:24les balles qui ont été percutées.
00:09:28Quatre balles, mais pas d'armes.
00:09:32Dans le reste de la maison,
00:09:34tout semble parfaitement normal.
00:09:37Il n'y a pas de traces de défraction,
00:09:39il n'y a aucun signe de fouille
00:09:40qui ferait penser qu'un cambrioleur
00:09:42ou un voleur se serait présenté au domicile.
00:09:49Pourtant, un détail a sauté
00:09:50aux yeux de la famille.
00:09:54Dans le salon, j'ai vu son sac
00:09:56qui était par terre
00:09:57avec des affaires autour étalées.
00:10:00On retrouve dedans 200 euros en liquide,
00:10:07ces deux cartes bleues, son téléphone,
00:10:08donc rien ne semble avoir été volé.
00:10:10Les vérifications intérieures confirmeront
00:10:12qu'il n'y a pas eu de vol ce jour-là.
00:10:16Dans la maison, à l'extérieur,
00:10:18les gendarmes ne relèvent aucune empreinte suspecte.
00:10:21Des prélèvements ADN vont être effectués
00:10:25sur une grande partie de la maison.
00:10:27La scène du crime, la chambre,
00:10:31les traces de sang,
00:10:31les gouttelettes de sang
00:10:32devant l'entrée de la chambre dans le couloir.
00:10:36Aucun ADN masculin ou féminin,
00:10:39autre n'est relevé.
00:10:41Les enquêteurs ont écouvillonné
00:10:43l'intérieur des tuyaux d'évacuation
00:10:45pour rechercher si quelqu'un avait pu
00:10:47éventuellement se laver les mains
00:10:48pour avoir été tachés de sang.
00:10:50On n'a rien retrouvé.
00:10:54Et puis la porte d'entrée était fermée à clé.
00:10:59Les filles nous expliquent que le soir,
00:11:01leur mère verrouille la porte.
00:11:05Au moment de la découverte du corps,
00:11:06elle est verrouillée
00:11:07puisque c'est Jean-Paul Pelletier
00:11:10qui ouvre cette porte.
00:11:12C'est dans une haie du jardin
00:11:14que les gendarmes découvrent un trousseau de clé.
00:11:16Celui de Gisleine.
00:11:20Son agresseur a manifestement pris soin
00:11:23de refermer la porte.
00:11:24C'est quelqu'un qui prend le temps de partir
00:11:26et de verrouiller.
00:11:28Donc qui n'est pas dans l'urgence,
00:11:30qui n'est pas dans la panique
00:11:31et qui a quand même cette réaction
00:11:33d'aller fermer la porte à clé.
00:11:35Voilà, on n'est pas sur un geste
00:11:37qui semble totalement fou
00:11:39où quelqu'un va ensuite prendre la fuite
00:11:41dans une sorte de perte de contrôle.
00:11:46Dominique, Gisleine Leclerc a été exécutée
00:11:52et l'autopsie le confirme.
00:11:53Oui, elle a reçu quatre balles, Frédéric.
00:11:55Quatre balles qui ont toutes été tirées de face.
00:11:58Trois qui sont ressorties.
00:12:00Une qui est restée dans le corps.
00:12:02On a tiré sur elle de près,
00:12:04voire de très près.
00:12:05Deux balles dans le cou,
00:12:06une ici à gauche,
00:12:08une à droite,
00:12:08qui est verticale,
00:12:09qui descend.
00:12:10Une balle sous la clavicule gauche
00:12:12et une au-dessus du nombril.
00:12:15Deux de ces balles sont mortelles.
00:12:17Celle qu'elle a reçue ici,
00:12:18au niveau du cou,
00:12:19un peu sous l'oreille,
00:12:20qui a donc une trajectoire descendante
00:12:22et qu'on va retrouver
00:12:23à l'intérieur du thorax.
00:12:25Elle est descendue,
00:12:26elle a percé le poumon droit
00:12:27et on la retrouve dans le sein droit.
00:12:30Et puis la deuxième plaie mortelle,
00:12:31c'est la balle qu'elle a reçue
00:12:33sous la clavicule gauche,
00:12:34qui a perforé le poumon gauche,
00:12:36les deux lobes du poumon,
00:12:37provoquant un hémothorax,
00:12:39hémothorax aussi à droite.
00:12:41Donc la mort est provoquée
00:12:42par une hémorragie massive,
00:12:45hémothorax et arrêt du cœur.
00:12:47Est-ce qu'on sait
00:12:48quand elle est morte ?
00:12:49Le médecin légiste
00:12:50dit simplement
00:12:51la mort remonte
00:12:53aux dernières 48 heures,
00:12:55mais rien de précis.
00:12:56Et l'arme ?
00:12:57On sait quelle arme a tiré ?
00:12:58Oui, on sait quelle arme a tiré
00:12:59parce que les gendarmes
00:13:01disposent de 4 douilles,
00:13:024 étuis qui sont retrouvés sur place.
00:13:04Les douilles,
00:13:05ce sont des douilles
00:13:06de calibre 9 mm,
00:13:07c'est du 9 mm court,
00:13:10c'est du 9 mm
00:13:11qui est tiré par une arme ancienne,
00:13:12c'est ça,
00:13:13un Beretta de 1934
00:13:15qui tire donc
00:13:17ses munitions assez spéciales.
00:13:20C'est une arme peu commune,
00:13:21c'est une arme de collectionneur.
00:13:23Et ce que vont faire les gendarmes ?
00:13:24Eh bien,
00:13:24ils vont aller voir
00:13:25tous les collectionneurs
00:13:27qui possèdent
00:13:28et qui ont déclaré
00:13:29une arme de ce type.
00:13:30Il y en a 112 en France,
00:13:32ils vont tous les rencontrer,
00:13:34faire des expertises
00:13:35sur les armes
00:13:36de ces collectionneurs
00:13:37et aucune de ces 112 armes
00:13:40n'est l'arme du crime.
00:13:41Les gendarmes vont également
00:13:42fouiller dans la région
00:13:44les étangs,
00:13:45les rivières,
00:13:47les points d'eau,
00:13:48sonder,
00:13:48envoyer des plongeurs,
00:13:50on ne retrouvera jamais
00:13:51l'arme du crime.
00:13:52Découverte dimanche
00:13:59du corps d'une femme
00:14:00de 57 ans
00:14:01à Volèvre,
00:14:01en Saône-et-Loire,
00:14:02l'autopsie a confirmé
00:14:03que la victime
00:14:04avait été tuée
00:14:05de plusieurs balles,
00:14:06tirée avec une arme de poing.
00:14:08Personne n'a rien entendu.
00:14:16On n'a dans le voisinage
00:14:17personne qui ne signale
00:14:18des coups de feu.
00:14:19Personne n'a remarqué
00:14:21la présence
00:14:21d'individus suspects.
00:14:26Madame Leclerc
00:14:27est assez peu connue.
00:14:28Elle est arrivée
00:14:28dans la région
00:14:29trois ans auparavant.
00:14:31Elle connaît
00:14:32quelques amis sur place,
00:14:34mais très peu.
00:14:34Les gens du voisinage,
00:14:37elles ne les connaissaient
00:14:38pas trop trop,
00:14:39mais elles s'entendaient
00:14:41bien avec.
00:14:44Dans le lotissement,
00:14:46personne n'a croisé Gisleine
00:14:47depuis plusieurs jours
00:14:48sans s'en étonner.
00:14:50Seul, un voisin se souvient
00:14:51d'avoir aperçu chez elle
00:14:52en début de semaine.
00:14:56Il l'a vue sur la terrasse
00:14:58en train de dîner
00:14:58avec un individu
00:14:59d'une quarantaine d'années
00:15:00qui sera arrivé en taxi.
00:15:04C'était le 23 août,
00:15:08six jours avant
00:15:08la découverte
00:15:09du corps de Gisleine.
00:15:11Mais sa fille aînée
00:15:12apporte très vite
00:15:14une explication au gendarme.
00:15:15Il s'agit sûrement
00:15:16de son compagnon à elle.
00:15:18Ce jour-là,
00:15:19il est passé emprunter
00:15:20une voiture
00:15:20à sa belle-mère.
00:15:23Le gendre de Gisleine
00:15:24confirme,
00:15:25c'est bien lui
00:15:25qui a dîné avec elle.
00:15:27Il est arrivé vers 18h
00:15:29et il repart
00:15:30vers 21h
00:15:31en récupérant ce véhicule
00:15:33qui va lui servir
00:15:33à rentrer chez lui
00:15:34en Alsace
00:15:35et il indiquera
00:15:37qu'il n'a plus quitté
00:15:38l'Alsace
00:15:38jusqu'après l'annonce
00:15:40de la découverte du corps.
00:15:46Depuis,
00:15:47plus personne
00:15:47n'a vu Gisleine.
00:15:50Mais elle a donné
00:15:51de ses nouvelles
00:15:51à ses filles.
00:15:53La famille nous indique
00:15:54que le dernier contact
00:15:55téléphonique direct
00:15:56avec elle,
00:15:57c'est le jeudi 26 août
00:15:58vers 18h.
00:16:00Elle m'a parlé
00:16:03qu'elle était contente
00:16:04parce qu'elle faisait
00:16:05de la danse,
00:16:06que ça lui avait
00:16:07vraiment fait du bien.
00:16:09Et elle a senté
00:16:10très heureuse de ça.
00:16:14Ensuite,
00:16:15Gisleine a passé encore
00:16:16de nombreux coups
00:16:17de téléphone
00:16:18jusque tard dans la nuit.
00:16:20Et puis,
00:16:21plus rien.
00:16:21Les vérifications
00:16:25sur ces différentes
00:16:26lignes téléphoniques
00:16:27montrent que
00:16:27le dernier appel
00:16:29émis par la victime
00:16:31depuis sa ligne fixe
00:16:32est le 27 août
00:16:33à 18h06.
00:16:35Il n'y a plus
00:16:36aucune activité
00:16:37sur aucune de ces lignes.
00:16:40Ce qui est un élément
00:16:41inquiétant
00:16:41puisque c'est quelqu'un
00:16:42qui utilise beaucoup
00:16:43le téléphone,
00:16:44qui appelle ses proches,
00:16:46qui appelle les membres
00:16:46de sa famille.
00:16:47Tous ces éléments
00:16:53nous amènent logiquement
00:16:54à penser
00:16:54qu'elle est décédée
00:16:55après minuit 6,
00:16:58le 27 août 2010.
00:17:04Qui pouvait
00:17:05en vouloir
00:17:06à cette femme ?
00:17:07Les gendarmes
00:17:08fouillent la vie
00:17:08de Gisleine Leclerc
00:17:09et découvrent
00:17:10très vite
00:17:11plusieurs pistes.
00:17:15Gisleine Leclerc
00:17:16dirigeait
00:17:17une petite entreprise
00:17:17d'édition de cartes postales
00:17:19qu'elle avait créée
00:17:20dix ans plus tôt.
00:17:22Une activité
00:17:23modeste
00:17:23qu'elle menait
00:17:25de chez elle.
00:17:27Elle travaille
00:17:28dans la société
00:17:29qu'elle a
00:17:29avec l'une de ses filles.
00:17:31Elle fait des salons,
00:17:32elle est férue
00:17:34aussi de tout ce qui est
00:17:35développement personnel,
00:17:36bio.
00:17:37C'est une chef
00:17:37d'entreprise,
00:17:38petite entreprise,
00:17:40mais c'est une femme
00:17:41extrêmement dynamique,
00:17:43qui est gay,
00:17:44qui a beaucoup
00:17:44de relations sociales,
00:17:45qui est une femme
00:17:47vraiment de caractère.
00:17:50Elle bougeait
00:17:51aussi beaucoup
00:17:52pour voir ses amis,
00:17:54en disant qu'elle arrivait
00:17:55à lier le travail
00:17:57et la vie
00:18:00personnelle.
00:18:02Elle était dynamique
00:18:05et elle faisait
00:18:07plein de choses
00:18:08tout le temps.
00:18:08elle avait une énergie
00:18:12à revendre.
00:18:19Beaucoup d'amis,
00:18:21des relations professionnelles,
00:18:23une femme très appréciée.
00:18:24C'est une femme
00:18:27sans histoire
00:18:28qui est décrite
00:18:29comme une femme
00:18:30aimant la vie.
00:18:31Elle aime danser,
00:18:32elle fréquente
00:18:33des balles folk,
00:18:34des lieux de danse.
00:18:35C'est quelqu'un
00:18:35qui voulait toujours
00:18:36rendre service,
00:18:37même assez dépend
00:18:40des fois.
00:18:42Elle avait le cœur
00:18:43sur la main.
00:18:44Gisleine,
00:18:45c'était une 68 arde
00:18:46qui n'avait jamais
00:18:47descendu de ses barricades.
00:18:50Elle était un peu
00:18:50utopiste, oui.
00:18:52Tout le monde,
00:18:53il est beau,
00:18:53tout le monde,
00:18:53il est gentil.
00:18:57En 76,
00:18:59Gisleine a rencontré
00:19:00Jean-Paul Pelletier.
00:19:02Ils se sont mariés
00:19:03deux ans après
00:19:04et ils sont restés ensemble
00:19:05pendant plus de 20 ans.
00:19:08Quand ils se sont séparés,
00:19:09Emeline,
00:19:09la petite dernière,
00:19:10avait trois ans.
00:19:11Mais les liens
00:19:12sont toujours restés
00:19:13très forts entre eux.
00:19:14C'est une famille
00:19:15très unie,
00:19:16effectivement,
00:19:17beaucoup d'échanges,
00:19:19notamment entre
00:19:20la maman
00:19:21et les trois filles,
00:19:23mais également
00:19:24le papa très présent
00:19:25au sein de la famille.
00:19:29À titre d'exemple,
00:19:30quelques jours avant
00:19:31l'assassinat
00:19:31de Gisleine Leclerc,
00:19:33Jean-Paul Pelletier
00:19:34réalisait encore
00:19:34des travaux de terrassement
00:19:36à son domicile.
00:19:39Oui, on est restés
00:19:40en bons termes.
00:19:41Ce qu'on voulait surtout,
00:19:42c'était qu'Emeline
00:19:43puisse,
00:19:44malgré ces difficultés-là,
00:19:47se sentir le mieux possible.
00:19:50Qu'elle ne soit pas trop perturbée
00:19:53par ça.
00:19:54Donc, effectivement,
00:19:55si on se bouffe le nez,
00:19:56ça n'aide pas.
00:19:57Elle était toujours tendre,
00:20:01attentive avec moi.
00:20:04Elle...
00:20:04Elle voulait toujours que...
00:20:11Enfin, que ce...
00:20:12Toujours faire des choses...
00:20:15Ce n'est pas pour que je sois bien.
00:20:19Elle voulait me faire plaisir.
00:20:20Juste avant sa mort,
00:20:23Gisleine était d'ailleurs
00:20:24très heureuse.
00:20:25Elle allait pouvoir passer
00:20:26plus de temps avec Emeline.
00:20:28Sa petite dernière
00:20:29devait quitter son école
00:20:30en Alsace
00:20:30pour revenir vivre
00:20:32chez elle.
00:20:32Ça faisait plus de 7 ans
00:20:34que je n'étais pas avec elle.
00:20:36Et là, on avait décidé
00:20:36de se retrouver.
00:20:38On s'était fait une organisation
00:20:39pour que ça roule
00:20:40toutes les deux.
00:20:45C'est dans le passé
00:20:46de Gisleine
00:20:47que les gendarmes
00:20:48découvrent un personnage
00:20:50inquiétant.
00:20:52Son premier mari.
00:20:54Elle a été mariée très jeune,
00:20:56à l'âge de 18 ans,
00:20:57avec un individu
00:20:58dont elle s'est séparée
00:20:59et dont elle a divorcé
00:21:00également au bout
00:21:00de quelques années seulement.
00:21:04Gisleine le craignait.
00:21:06Elle l'avait souvent dit
00:21:07à ses proches.
00:21:09Et les gendarmes découvrent
00:21:10qu'elle avait des raisons.
00:21:13Cet homme a des antécédents
00:21:15judiciaires graves
00:21:17puisqu'il a été jugé
00:21:19et condamné
00:21:20par la cour d'assises.
00:21:22Condamné pour un double meurtre.
00:21:25Après son divorce
00:21:26avec Gisleine,
00:21:27l'homme s'est remarié.
00:21:29et un soir,
00:21:30il a tué les parents
00:21:31de sa deuxième épouse.
00:21:34Elle en avait peur.
00:21:35Comme elle avait témoigné
00:21:36contre lui,
00:21:38elle se posait des questions.
00:21:41Il était sorti de prison.
00:21:42Il avait purgé sa peine,
00:21:43mais elle en avait peur
00:21:44quand même.
00:21:45Elle avait peur
00:21:45de ses réactions.
00:21:49Le suspect idéal.
00:21:52Depuis sa sortie de prison
00:21:53il y a près de 15 ans,
00:21:54l'homme vit en Lorraine,
00:21:56à plusieurs centaines
00:21:57de kilomètres de Volèvre.
00:21:58Les enquêteurs
00:21:59forcément vont s'intéresser
00:22:01à cet homme.
00:22:02Il s'avère très rapidement
00:22:04qu'il n'a plus aucun contact
00:22:05avec la victime
00:22:06depuis de très nombreuses années.
00:22:08Il explique aussi
00:22:09qu'il n'en a jamais voulu
00:22:10à Gisleine.
00:22:12Les gendarmes vérifient.
00:22:14Il n'a pas quitté la région
00:22:14au moment des faits.
00:22:17L'homme est mis hors de cause.
00:22:19Un meurtrier dans la vie
00:22:23de la victime,
00:22:24la piste était trop belle.
00:22:27Mais la déception des gendarmes
00:22:28est vite balayée
00:22:29car Gisleine
00:22:30avait un petit secret.
00:22:36Sans le dire à ses filles,
00:22:38Gisleine cherchait l'amour
00:22:40sur Internet.
00:22:48Gisleine Leclerc
00:22:49était très active
00:22:50sur les sites de rencontres Internet.
00:22:52Elle en fréquentait plusieurs.
00:22:53On sait qu'au cours
00:22:54de l'année 2010,
00:22:55elle a rencontré
00:22:56plusieurs messieurs
00:22:57avec qui elle a pu avoir
00:22:58des relations intimes.
00:22:59Je lui ai dit
00:23:04ma façon de penser.
00:23:06Ça a été assez...
00:23:08Olé olé.
00:23:10Je lui ai dit
00:23:10qu'une fois de plus,
00:23:11ça faisait que des conneries.
00:23:14Ces rencontres sur Internet,
00:23:15on peut rencontrer le meilleur
00:23:17mais on peut rencontrer le pire aussi.
00:23:19À mon avis,
00:23:20elle se mettait en danger.
00:23:22Mais Gisleine n'était pas du genre
00:23:23à se laisser impressionner.
00:23:25Elle a continué
00:23:26à faire des rencontres
00:23:26et à les raconter
00:23:28à son meilleur ami.
00:23:29J'étais au courant de tout.
00:23:32Quand j'ai rencontré un type,
00:23:34bon, et puis après,
00:23:35j'avais le droit
00:23:36au commentaire.
00:23:37Pouf, je n'y allais rien.
00:23:38Pouf, je suis tombé
00:23:39sur une brêle.
00:23:40Pouf, on n'avait rien
00:23:41à se dire.
00:23:42Enfin, tout.
00:23:44Et si Gisleine
00:23:45était mal tombée ?
00:23:49Denis se souvient
00:23:50que 2-3 jours
00:23:51avant sa mort,
00:23:53elle lui avait parlé
00:23:53d'un de ses nouveaux contacts
00:23:55sur Internet.
00:23:59Elle m'avait dit,
00:24:00écoute Denis,
00:24:02il y a un mec
00:24:03qui m'a branché,
00:24:03j'ai rendez-vous,
00:24:05mais je ne sais pas
00:24:05où c'est que je vais.
00:24:07Je te laisse
00:24:07le numéro de téléphone
00:24:08du gars.
00:24:09S'il m'arrive quelque chose,
00:24:11elle ne le sentait pas.
00:24:12Elle m'avait prévenu,
00:24:13elle m'avait donné
00:24:13le numéro de téléphone
00:24:14du garçon en question.
00:24:16Et elle va ensuite,
00:24:17après l'avoir rencontré
00:24:18le 25 août,
00:24:19pouvoir dire
00:24:20à son confident
00:24:21que tout s'est bien passé.
00:24:23Mais cet homme
00:24:25est quand même
00:24:26la dernière personne
00:24:27à avoir vu Gisleine vivante.
00:24:29Les gendarmes l'entendent,
00:24:31vérifient son emploi du temps
00:24:32et le mettent finalement
00:24:34hors de cause,
00:24:35comme tous ceux
00:24:36que Gisleine a rencontrés
00:24:37sur Internet.
00:24:39La piste de l'amant pervers
00:24:41ne mène nulle part.
00:24:47Les gendarmes se concentrent alors
00:24:49sur le 3e mari de Gisleine,
00:24:51Driss,
00:24:51avec lequel elle est
00:24:53en instance de divorce.
00:24:56Tout a commencé
00:24:57en janvier 2004.
00:24:59Elle était en vacances
00:25:00à Djerba, en Tunisie.
00:25:01Lui était serveur
00:25:03dans l'hôtel
00:25:03où elle séjournait.
00:25:06Il lui a proposé
00:25:06des excursions,
00:25:08des virées en mer.
00:25:11Ils ne se sont pas quittés
00:25:13de la semaine.
00:25:18En revenant de voyage,
00:25:20elle m'a dit
00:25:20« J'ai rencontré quelqu'un.
00:25:21oui.
00:25:24Et après,
00:25:25on est allé le voir
00:25:26et j'ai compris
00:25:30qu'il s'aimait. »
00:25:35elle rentre toute fière d'elle
00:25:36et puis elle me dit
00:25:37« Ah, j'ai rencontré quelqu'un.
00:25:39Ah bon ? »
00:25:41Puis comme je connaissais Gisleine,
00:25:42je lui ai dit
00:25:42« Au moins,
00:25:43est-ce qu'il est libre ? »
00:25:45Elle me dit
00:25:45« Ah oui,
00:25:46pour être libre,
00:25:47il est libre,
00:25:48je suis libre. »
00:25:48« Comment ? »
00:25:49Je lui ai dit
00:25:49« C'est bien. »
00:25:51Puis quand elle m'annonce
00:25:51son âge,
00:25:53j'ai dit
00:25:53« Elle est folle. »
00:25:54Driss a 26 ans,
00:25:58Gisleine, 51.
00:26:00Elle retourne régulièrement
00:26:02le voir en Tunisie
00:26:03et très vite,
00:26:04le couple décide
00:26:05de vivre ensemble.
00:26:07Mais Gisleine ne veut pas
00:26:08quitter ses filles,
00:26:08son entreprise.
00:26:10Alors la solution,
00:26:11c'est le mariage
00:26:12pour que Driss puisse avoir
00:26:14un titre de séjour
00:26:15en France.
00:26:15Il se marie
00:26:18au bout de cinq mois.
00:26:20Mais son mari
00:26:21ne va arriver en France
00:26:23que l'année suivante.
00:26:25Et visiblement,
00:26:27c'est un coup de foudre
00:26:28au moins du côté
00:26:29de Gisleine
00:26:29qui est au départ
00:26:31très éprise.
00:26:33Elle était très,
00:26:34très amoureuse
00:26:35de cet homme-là.
00:26:36Elle y croyait vraiment.
00:26:38Elle était fonceuse.
00:26:41Et je pense qu'elle croyait
00:26:43que lui,
00:26:45il pouvait l'aimer
00:26:45autant qu'elle,
00:26:46elle l'aimait.
00:26:49Gisleine et son jeune mari
00:26:51s'installent à Volèvre.
00:26:53Elle veut qu'il ait un métier.
00:26:58Elle voulait qu'il avance.
00:27:00Elle voulait,
00:27:01je pense qu'elle a tout fait
00:27:02pour le construire,
00:27:03ce garçon.
00:27:05Elle paye une formation
00:27:06de cuisinier
00:27:07à son jeune mari tunisien.
00:27:10Et ce mari
00:27:12se sent très bien
00:27:14à partir du moment
00:27:14où il commence
00:27:15à être
00:27:16un petit peu
00:27:18indépendant
00:27:20financièrement.
00:27:25En 2007,
00:27:27Driss trouve un emploi
00:27:28à Lyon.
00:27:30Il ne rend à Volèvre
00:27:31que les week-ends.
00:27:33Il s'émancipe,
00:27:34se fait des amis.
00:27:35Gisleine n'a plus
00:27:36vraiment confiance.
00:27:38Mais elle s'accroche
00:27:39à son histoire.
00:27:39Ce qui attirait
00:27:44beaucoup Gisleine
00:27:45par rapport
00:27:45à son troisième mari,
00:27:46c'était
00:27:46su presse sexuelle.
00:27:48Elle me l'avouait franchement.
00:27:49Elle me lui fait
00:27:50que des conneries,
00:27:50mais il attend
00:27:51qu'il me touche,
00:27:51je ne dis plus rien.
00:27:54Ce charmant jeune homme
00:27:56lui disait,
00:27:57avec ma baguette magique,
00:27:59vous imaginez ce que c'est,
00:28:00je te fais faire
00:28:01ce que je veux.
00:28:01où c'est que ça s'est gâté,
00:28:09c'est qu'a priori,
00:28:10ce jeune homme
00:28:10ne devait pas être très clair
00:28:12puisque d'après Gisleine,
00:28:14il allait voir ailleurs.
00:28:20Quand elle est assassinée,
00:28:22Gisleine est en plein divorce.
00:28:23Un divorce qui se passe très mal.
00:28:29Le couple avait des biens
00:28:30en Tunisie,
00:28:31tous payés par Gisleine.
00:28:34Elle avait acheté
00:28:36une livrée
00:28:37à ses beaux-parents,
00:28:39avait complètement refait la maison.
00:28:42Elle a beaucoup investi
00:28:43parce qu'elle voulait
00:28:44que les parents
00:28:45soient également bien.
00:28:47Elle a tout fait
00:28:47pour que la famille
00:28:48de son mari
00:28:50soit à l'aise.
00:28:54Elle a également participé
00:28:56au financement de l'achat
00:28:57d'un terrain en Tunisie
00:28:58sur lequel il projetait
00:28:59de fonder une maison.
00:29:00Il voulait une très grande maison
00:29:03avec une aile
00:29:04pour les parents,
00:29:06une aile pour les enfants
00:29:07quand ils viendraient
00:29:08en vacances,
00:29:10une aile pour eux.
00:29:11Enfin,
00:29:13c'était un petit peu
00:29:14un petit château
00:29:15qui se construisait.
00:29:16Elle s'est mis dans des difficultés financières
00:29:21suite à tout ça
00:29:22parce que la moindre épargne
00:29:24qu'elle avait,
00:29:25ça partait.
00:29:26Il y avait toujours
00:29:27autre chose à acheter,
00:29:28toujours autre chose à faire,
00:29:30à régler, etc.
00:29:33Et surtout,
00:29:34tout était au nom de Driss.
00:29:35Gisleine ne pouvait pas être
00:29:38propriétaire de ses terrains agricoles
00:29:40car elle n'était pas tunisienne.
00:29:42Quand ils se sont séparés,
00:29:44Gisleine a senti
00:29:45qu'elle ne mettrait peut-être
00:29:46jamais les pieds
00:29:47dans son petit palace tunisien
00:29:48et qu'elle risquait
00:29:49de ne pas revoir
00:29:50la couleur de son argent.
00:29:53Dans son ordinateur,
00:29:55les gendarmes ont retrouvé
00:29:56un long texte
00:29:57où elle avait noté
00:29:59précisément
00:30:00toutes ses dépenses
00:30:01et ses doutes
00:30:04sur la sincérité
00:30:05de son mari.
00:30:13Elle avait le sentiment
00:30:15de se faire flouer
00:30:16mais alors vraiment
00:30:17complètement, oui.
00:30:19À ce moment-là,
00:30:20elle était convaincue
00:30:21qu'elle s'était fait avoir
00:30:22et elle voulait
00:30:24par tous les moyens
00:30:25récupérer
00:30:2650%
00:30:28de ce qu'elle avait donné.
00:30:31Elle engage une bataille
00:30:33et elle veut la gagner.
00:30:43À l'automne 2009,
00:30:45Gisleine a remporté
00:30:46une première victoire.
00:30:49Elle réussit à obtenir
00:30:50de son mari
00:30:51une reconnaissance de dette
00:30:53sur une somme
00:30:54qui a voisine 50 000 euros.
00:30:55Elle fait bien préciser
00:30:57qu'en cas de décès,
00:30:59il devra rembourser
00:31:00cette somme
00:31:00à ses héritiers.
00:31:02Elle était rassurée
00:31:03à ce moment-là.
00:31:04Elle était contente
00:31:05qu'il ait signé.
00:31:07Elle a dit
00:31:07voilà,
00:31:08une étape de gagné,
00:31:10je veux maintenant
00:31:11aller jusqu'au divorce.
00:31:15Mais quelques semaines
00:31:16avant sa mort,
00:31:17la guerre a repris.
00:31:20Il va payer
00:31:20quelques échéances
00:31:21en payant ce qu'il doit
00:31:22pendant plusieurs mois
00:31:23et puis à partir de mai 2010,
00:31:25il ne paye plus.
00:31:29Je pense qu'il s'est rendu compte
00:31:31qu'il avait peut-être
00:31:32fait une faute
00:31:33de signer cette reconnaissance
00:31:35de dette.
00:31:39Alors Gisleine
00:31:40n'a plus lâché Driss.
00:31:42Par lettre,
00:31:43par mail,
00:31:44elle exigeait son argent.
00:31:45Leurs échanges
00:31:48se sont musclés.
00:31:53Au point que Gisleine
00:31:55a même commencé
00:31:56à avoir peur de lui.
00:32:00Elle va confier
00:32:01ses inquiétudes
00:32:02sur des menaces de mort
00:32:03à des gens
00:32:04de son entourage.
00:32:07Elle fait expressément
00:32:08état de son inquiétude
00:32:09en disant que
00:32:09s'il lui arrive quelque chose,
00:32:11ce sera son mari.
00:32:12Et chaque fois
00:32:18que je l'avais au téléphone,
00:32:20chaque fois,
00:32:20elle me disait
00:32:21« Je sais
00:32:23qu'il est capable
00:32:25de tout. »
00:32:27Moi, j'essayais
00:32:27de la rassurer
00:32:28en disant
00:32:29« Non,
00:32:29ce n'est pas possible
00:32:30quand même,
00:32:31il ne va pas faire ça. »
00:32:32Elle me disait
00:32:33« Tu ne peux pas
00:32:34t'imaginer
00:32:34ce dont il est capable. »
00:32:40Dominique,
00:32:41cette fois,
00:32:41la piste est vraiment sérieuse.
00:32:43Les gendarmes
00:32:43vont d'ailleurs
00:32:44retrouver des documents
00:32:45et ils vont même
00:32:46avoir des surprises.
00:32:47En fait,
00:32:47ils vont mettre la main
00:32:48sur tout l'historique
00:32:49des investissements
00:32:51qu'a fait
00:32:51Gisleine Leclerc
00:32:52en Tunisie.
00:32:53Écoutez bien,
00:32:54en contrepartie
00:32:54de la reconnaissance
00:32:55de dette
00:32:56que Driss a accepté
00:32:57de lui signer,
00:32:59elle a accepté
00:33:00un divorce
00:33:02en Tunisie.
00:33:02La procédure
00:33:03est déjà engagée
00:33:04mais Driss
00:33:05ne va pas honorer
00:33:07sa dette.
00:33:07Il va arrêter
00:33:08de payer
00:33:08et à ce moment-là,
00:33:10Gisleine Leclerc
00:33:11réagit
00:33:11en interrompant
00:33:12la procédure
00:33:13de divorce
00:33:14en Tunisie.
00:33:15Elle entame
00:33:16une procédure
00:33:17de divorce
00:33:17en France,
00:33:19elle prend un avocat
00:33:20et Driss
00:33:21et elle
00:33:22sont convoquées
00:33:23chez un juge
00:33:24des affaires familiales
00:33:25le 8 septembre 2010,
00:33:27c'est-à-dire
00:33:28quelques jours seulement
00:33:29après
00:33:30qu'elle ne soit tuée.
00:33:32Autre chose,
00:33:33on découvre
00:33:33que Gisleine
00:33:34allait pouvoir
00:33:35récupérer
00:33:36tous les biens
00:33:37qu'elle avait achetés
00:33:38avec son argent
00:33:38en Tunisie
00:33:39parce qu'elle avait
00:33:41réussi à obtenir
00:33:42la nationalité tunisienne
00:33:44en mars 2009.
00:33:46Tous les biens
00:33:47étaient auparavant
00:33:48au nom de Driss
00:33:49puisque c'était lui
00:33:50qui était tunisien
00:33:50et là,
00:33:52elle a fait saisir
00:33:53officiellement
00:33:54les biens
00:33:55de Driss
00:33:56qui avaient été achetés
00:33:56avec son argent
00:33:57à elle
00:33:58et cette très bonne nouvelle,
00:34:00elle l'a apprise
00:34:01le 26 août
00:34:02à 11h
00:34:02par une de ses amies
00:34:03qui est en Tunisie
00:34:04et qui l'appelle
00:34:05pour la prévenir
00:34:06qu'elle a gagné,
00:34:07que les biens de Driss
00:34:08seront saisis,
00:34:09qu'ils sont maintenant
00:34:10à elle.
00:34:1126 août,
00:34:1111h,
00:34:12c'est quelques heures
00:34:13seulement
00:34:14avant sa mort.
00:34:15Ça en fait un client
00:34:16sacrément sérieux
00:34:18ce Driss, non ?
00:34:19Effectivement,
00:34:19il intéresse
00:34:20bigrement les gendarmes
00:34:21et en mars 2011,
00:34:22il est placé en garde à vue.
00:34:29Au gendarme,
00:34:30Driss explique
00:34:31qu'il ne comprend pas
00:34:32ce qu'il fait ici.
00:34:34Il se déclare surpris,
00:34:36atteint par ce décès,
00:34:38qualifie Gisseline Leclerc
00:34:40d'une bonne personne,
00:34:42qu'il en est tombé
00:34:43follement amoureux,
00:34:44ce qui explique
00:34:45leur mariage rapide
00:34:46et qu'ensuite,
00:34:47les sentiments
00:34:49se sont peu à peu
00:34:51atténués.
00:34:53Des menaces de mort,
00:34:54jamais de la vie.
00:34:56Driss reconnaît
00:34:57quelques conversations
00:34:58un peu houleuses,
00:35:00mais il jure
00:35:01qu'il n'a jamais été violent
00:35:02avec Gisseline,
00:35:03même pas en parole.
00:35:06Concernant sa dette,
00:35:07il était d'accord
00:35:08pour la payer,
00:35:09mais à ses conditions.
00:35:11Il explique
00:35:12qu'il n'a plus
00:35:12la capacité financière,
00:35:14que c'est trop lourd
00:35:14pour lui
00:35:15et que compte tenu
00:35:16du climat
00:35:17conflictuel entre eux
00:35:19de l'abandon
00:35:19de la procédure de divorce
00:35:20en Tunisie,
00:35:22il préfère suspendre
00:35:23les paiements
00:35:23et attendre que la justice
00:35:24française tranche
00:35:25dans le cadre du divorce.
00:35:27Et quand les gendarmes
00:35:28lui annoncent
00:35:29lorsque ses biens en Tunisie
00:35:30ont été saisis,
00:35:31il tombe des nus.
00:35:33Pour lui,
00:35:34la procédure était bloquée.
00:35:38Quant au soir du 26 août,
00:35:41il a un alibi.
00:35:42Il était à Lyon.
00:35:47Ce soir-là,
00:35:48il s'est confirmé
00:35:49par son employeur.
00:35:50Il quitte le restaurant
00:35:51entre 22h30 et 23h.
00:35:54Il est hébergé à l'époque
00:35:55par l'un de ses frères
00:35:56qui vit avec sa compagne
00:35:57et le fils de celle-ci.
00:35:59Il est en période de ramadan,
00:36:01donc la famille va dîner
00:36:02assez tard
00:36:03et il indique
00:36:04qu'il s'est couché
00:36:05vers minuit
00:36:06pour se lever
00:36:07le lendemain matin
00:36:08pour aller travailler.
00:36:10Josie,
00:36:10la compagne
00:36:11de son frère,
00:36:11confirme.
00:36:13Driss dort
00:36:14dans la même chambre
00:36:14que son fils.
00:36:16Quand elle a jeté
00:36:17un oeil
00:36:17à 6h30
00:36:18pour voir
00:36:18si le petit allait bien,
00:36:20Driss était profondément
00:36:21endormie dans son lit.
00:36:23Mais peut-être
00:36:23a-t-il eu le temps
00:36:25de faire le coup
00:36:25dans la nuit ?
00:36:26Lyon n'est pas si loin
00:36:28de vos lèvres.
00:36:29Les gendarmes chronomètrent.
00:36:32L'aller-retour
00:36:32prend 3h le soir,
00:36:34c'est jouable.
00:36:35Mais là encore...
00:36:36Son téléphone
00:36:37est géolocalisé
00:36:39toute la nuit des faits
00:36:40sur la région lyonnaise.
00:36:44On vérifie aussi
00:36:45qu'il a un véhicule
00:36:46à l'époque des faits
00:36:47qui est en panne
00:36:48et donc on n'arrive pas
00:36:50à le situer
00:36:51sur vos lèvres
00:36:52au moment du meurtre.
00:36:53Driss ressort libre
00:36:57de sa garde à vue.
00:36:58Mais les gendarmes
00:36:59ne lui quittent pas des yeux.
00:37:01Dans l'entourage
00:37:02de Gisleine Leclerc,
00:37:03c'est le seul
00:37:04qui semble avoir
00:37:04un mobile sérieux
00:37:05pour vouloir sa mort.
00:37:07Et on part aussi
00:37:08du principe
00:37:08que si lui a un alibi
00:37:10pour la nuit
00:37:11de l'assassinat,
00:37:13il a pu commanditer
00:37:14à un tiers
00:37:15l'exécution
00:37:16de sa femme.
00:37:17Les gendarmes
00:37:21prennent Driss
00:37:21en filature
00:37:22pour connaître
00:37:23ses habitudes,
00:37:24ses relations.
00:37:26Ils interrogent
00:37:26son entourage,
00:37:27sa famille.
00:37:29Bref,
00:37:30ils montrent
00:37:30qu'ils ne le lâchent pas.
00:37:32Il va être placé
00:37:34sous surveillance téléphonique,
00:37:35sous écoute.
00:37:36On fait clairement
00:37:38en jargon
00:37:40bouger les lignes
00:37:41en essayant
00:37:42de faire aussi
00:37:42en sorte
00:37:43qu'il se rende compte
00:37:44un petit peu
00:37:44de la pression
00:37:45qu'on met autour de lui
00:37:46pour voir si
00:37:47sur des écoutes
00:37:48il va pouvoir parler.
00:37:51Mais là encore,
00:37:52les gendarmes
00:37:53font chou blanc.
00:37:54La piste du 3e mari
00:37:56est une impasse.
00:38:00Un an et demi
00:38:00après le crime,
00:38:02ils n'ont plus
00:38:03aucun suspect.
00:38:05Alors la juge
00:38:05d'instruction
00:38:06décide de convoquer
00:38:07de nouveau
00:38:07les filles de Gisleine.
00:38:11Je vais donc
00:38:13leur demander
00:38:13de réfléchir
00:38:14et d'analyser
00:38:17le comportement
00:38:17de leurs proches
00:38:18pour voir si quelqu'un
00:38:19a pu changer
00:38:20de comportement
00:38:21puisqu'un an et demi
00:38:22s'est passé
00:38:23et qu'un an et demi
00:38:24ça laisse le temps
00:38:25aux gens d'évoluer
00:38:26et que si quelqu'un
00:38:26a quelque chose
00:38:27à se reprocher,
00:38:28porter le poids
00:38:28d'un assassinat
00:38:30lourd
00:38:31peut amener
00:38:32à des changements
00:38:33de comportement.
00:38:35Estelle,
00:38:4218 mois plus tard,
00:38:43la juge d'instruction
00:38:44ne sait plus
00:38:45où enquêter,
00:38:46elle vous convoque
00:38:47pour savoir
00:38:47si vous pensez
00:38:48à quelque chose.
00:38:49À ce moment-là,
00:38:51m'est revenu
00:38:52en mémoire
00:38:52que le compagnon
00:38:55de ma grande sœur,
00:38:57Sylvain Schrute,
00:38:57a eu un comportement
00:38:58vraiment bizarre
00:38:59après la mort
00:39:00de maman.
00:39:01Pourquoi ?
00:39:01Qu'est-ce qui vous
00:39:02avait paru bizarre
00:39:02à l'époque ?
00:39:03Il faut se remettre
00:39:06dans le contexte.
00:39:08Mes sœurs découvrent
00:39:09ma mère assassinée
00:39:11à la maison.
00:39:12Ma grande sœur
00:39:13est avec sa fille
00:39:13qui a 7 ans,
00:39:14même pas 7 ans.
00:39:16Et ce qui m'a paru
00:39:18très surprenant,
00:39:20c'est qu'il n'est pas
00:39:20venu chercher sa fille
00:39:21alors qu'il est
00:39:23à 3h30 de route.
00:39:24Et puis aussi,
00:39:25quand on s'est retrouvés
00:39:26en fin de journée,
00:39:27ce deuxième jour,
00:39:29la première chose
00:39:31qu'il a fait,
00:39:32c'est d'engueuler
00:39:32ma grande sœur
00:39:33parce que sa fille,
00:39:34à lui,
00:39:35était sur les lieux
00:39:36du crime.
00:39:36Alors qu'elle vit
00:39:37dans un contexte terrible.
00:39:38Alors qu'elle vient
00:39:39de perdre sa mère
00:39:40et que la première chose
00:39:41qu'on a besoin,
00:39:41c'est d'être prise
00:39:43dans les bras
00:39:44de l'homme qu'on aime.
00:39:45C'est le minimum.
00:39:49C'est le minimum.
00:39:50Donc ça,
00:39:51c'était très surprenant.
00:39:52Après,
00:39:53il y a eu des petites choses
00:39:54qui ont suivi
00:39:56les deux mois
00:39:56parce qu'au bout
00:39:57de deux mois,
00:39:58j'ai coupé les ponts.
00:39:59C'était trop.
00:40:00Il était toujours
00:40:00plus malade
00:40:01que tout le monde.
00:40:02Il se plaignait
00:40:03tout le temps.
00:40:04Et il a dit
00:40:08à mon mari
00:40:09au bout de 15 jours
00:40:12que ce serait bien
00:40:13que nous passions
00:40:14à autre chose.
00:40:16Donc c'est un peu...
00:40:18vous avez cru
00:40:20à ce moment-là
00:40:21qu'il pouvait être
00:40:21l'assassin de votre mère ?
00:40:24Non.
00:40:24J'ai demandé à la justice
00:40:26de me donner des éléments
00:40:28qui me permettent
00:40:29de me rassurer.
00:40:30Et vous parlez de ça
00:40:31avec votre soeur
00:40:31et avec votre père ?
00:40:33En amont,
00:40:35j'en ai parlé
00:40:36avec mon mari
00:40:37et avec mon père.
00:40:38Après,
00:40:38ils m'ont dit
00:40:38que si je sentais
00:40:40que c'était juste
00:40:41de demander
00:40:41d'être rassurée,
00:40:43il fallait que je le fasse.
00:40:44La crainte était
00:40:45que ça mette
00:40:46un petit peu
00:40:46de difficulté
00:40:49au niveau des rapports
00:40:50entre soeurs.
00:40:51Vous en avez parlé
00:40:52avec votre grande soeur,
00:40:52justement ?
00:40:53Oui.
00:40:54Après.
00:40:55Après.
00:40:55Ça l'a beaucoup peinée.
00:40:57Et ça lui a fait peur aussi.
00:41:00Parce qu'elle avait peur
00:41:01que du coup,
00:41:01les gendarmes
00:41:02se focalisent sur lui.
00:41:10Entre un premier mari
00:41:11qui a assassiné
00:41:12ses beaux-parents,
00:41:14des rencontres hasardeuses
00:41:15sur Internet
00:41:16et un troisième mari
00:41:17avec lequel le divorce
00:41:18se passait très mal,
00:41:20les enquêteurs
00:41:21avaient de quoi faire.
00:41:23Du coup,
00:41:23Sylvain Schrute,
00:41:24le gendre de Gisleine,
00:41:25n'avait jamais fait
00:41:26figure de suspect.
00:41:28Il entre donc
00:41:29à son tour
00:41:29dans le collimateur
00:41:30et il n'a pas
00:41:31et heureusement,
00:41:32la juge avait pris
00:41:33ses précautions
00:41:33au début de l'enquête.
00:41:40Après la découverte
00:41:42du corps de la victime,
00:41:43j'avais fait demander
00:41:44les facturations détaillées
00:41:46de tous ses proches.
00:41:48Je demande aux enquêteurs
00:41:50de revérifier
00:41:50toute la téléphonie
00:41:51de Sylvain Schrute
00:41:52sur les jours précédents,
00:41:53le mois précédent
00:41:54et les quelques jours
00:41:55qui ont suivi.
00:41:57Et les gendarmes
00:41:58remarquent quelque chose
00:41:59de bizarre
00:41:59dans les factures
00:42:00de Sylvain Schrute.
00:42:02Son téléphone
00:42:03va déclencher
00:42:04le relais téléphonique
00:42:05de Bagnaud
00:42:05le 27 août 2010
00:42:07à 1h41.
00:42:10C'est-à-dire
00:42:11le soir du meurtre
00:42:13de Gisleine.
00:42:15C'est un relais
00:42:16qui est situé
00:42:17en Côte d'Or
00:42:17sur le trajet
00:42:18qui doit être
00:42:19emprunté
00:42:20quand on se rend
00:42:21d'Alsace
00:42:22à Volèvre
00:42:23sur le parcours
00:42:23de l'autoroute.
00:42:24C'est assez étrange.
00:42:28Sylvain Schrute
00:42:29avait toujours dit
00:42:30qu'après le 23 août,
00:42:31lui,
00:42:31il n'était pas du tout
00:42:32revenu dans la région
00:42:34et qu'il était resté
00:42:35constamment en Alsace.
00:42:36Et ce n'est pas tout.
00:42:42Les enquêteurs
00:42:42vont se rendre compte
00:42:43qu'il a de très nombreux
00:42:44contacts téléphoniques
00:42:46avec sa jeune belle-sœur,
00:42:49Emeline,
00:42:49qui a 17 ans
00:42:50et qui a été hébergée
00:42:53chez lui,
00:42:54donc chez sa compagne
00:42:55et lui,
00:42:56pendant l'année scolaire
00:42:57précédente.
00:42:59Parfois plusieurs dizaines
00:43:01de SMS par jour.
00:43:02Et on se demande bien
00:43:05pourquoi,
00:43:06alors qu'ils habitent
00:43:06dans la même maison,
00:43:07ils échangent des SMS
00:43:09à toute heure du jour
00:43:11et surtout de la nuit.
00:43:14Les gendarmes
00:43:15veulent en savoir plus,
00:43:16mais ils y vont
00:43:17en douceur.
00:43:19Ils interrogent Emeline.
00:43:21Ils lui demandent
00:43:22d'abord de leur raconter
00:43:23son installation
00:43:24chez sa sœur
00:43:25et Sylvain Schrute.
00:43:27Emeline Pelletier
00:43:28est confiée
00:43:29par ses parents
00:43:30à sa grande sœur
00:43:31pour pouvoir poursuivre
00:43:34sa scolarité
00:43:35en Alsace
00:43:36dans une école Steiner
00:43:37pour l'année scolaire
00:43:39donc septembre 2009,
00:43:41juin 2010.
00:43:45J'étais contente
00:43:45de retrouver ma sœur,
00:43:48de pouvoir continuer
00:43:49ma scolarité
00:43:49dans une école Steiner
00:43:50tout en étant
00:43:51dans ma famille.
00:43:56Une nouvelle vie
00:43:57pour Emeline.
00:43:59Ça l'a rapproché
00:44:00de son beau-frère.
00:44:03Sylvain Schrute
00:44:04a joué rapidement
00:44:05le rôle de confident
00:44:06puisqu'elle arrive
00:44:08au domicile
00:44:09de sa sœur
00:44:10qu'elle est assez
00:44:11esselée.
00:44:13Elle arrive,
00:44:14elle ne connaît personne
00:44:15et elle trouve
00:44:16une oreille
00:44:17attentive.
00:44:21Sylvain Schrute
00:44:22qui la flatte,
00:44:23qui la rassure,
00:44:24qui lui fait des cadeaux,
00:44:25qui lui fait
00:44:27faire des tours de moto,
00:44:28qui séduit évidemment
00:44:30une gamine de 16 ans,
00:44:32ce qu'elle a à l'époque.
00:44:35Oui, moi je le considérais
00:44:36comme quelqu'un
00:44:37qui savait plein de choses
00:44:38sur tout
00:44:39et qui pouvait
00:44:40m'apprendre
00:44:41des choses.
00:44:45Il savait tout
00:44:45ce que j'aimais bien
00:44:46à ma place,
00:44:47il savait tout,
00:44:48tout ce qui était bon
00:44:50pour moi à ma place.
00:44:52Mais quand les gendarmes
00:44:53lui demandent
00:44:54pourquoi ils échangeaient
00:44:55autant de SMS,
00:44:57Emeline craque.
00:44:58Elle explique que peu à peu
00:45:02elle a perdu le contrôle
00:45:03de cette relation
00:45:04puisqu'il lui en a demandé
00:45:06beaucoup plus.
00:45:09Un jour,
00:45:10en fait,
00:45:10il a voulu aller plus loin
00:45:14et j'ai refusé
00:45:18et il m'a dit,
00:45:20en fait,
00:45:22j'ai refusé
00:45:23en prétextant
00:45:23que je ne l'avais jamais fait.
00:45:27Il m'a dit,
00:45:27c'est pas grave,
00:45:29on fera peur derrière.
00:45:34Et du coup,
00:45:38je l'ai fait sortir.
00:45:43Mais Sylvain Schrute
00:45:44est un homme de 45 ans.
00:45:46Il a beaucoup d'ascendants
00:45:47sur sa jeune belle-sœur
00:45:48et il sait lui parler.
00:45:50Il me disait
00:45:51qu'on était âme-sœur,
00:45:54que je l'aimais
00:45:55très très fort
00:45:56mais que je ne le savais pas encore.
00:46:01Que depuis
00:46:02que j'étais toute petite,
00:46:03il m'avait remarqué
00:46:07que j'étais quelqu'un
00:46:12d'exceptionnel.
00:46:18Et un jour,
00:46:19ben j'ai...
00:46:20j'ai pas...
00:46:22j'ai plus trouvé
00:46:23d'excuses.
00:46:29Cela a duré un an.
00:46:31Émile raconte aux gendarmes
00:46:32que tout est fini maintenant.
00:46:36Elle n'était pas très à l'aise
00:46:37avec cette relation,
00:46:38c'est vrai,
00:46:38mais elle était consentante.
00:46:40une liaison cachée
00:46:43au cœur même
00:46:44de la famille,
00:46:45voilà qui pourrait
00:46:46constituer un mobile.
00:46:47Les gendarmes
00:46:48poursuivent donc
00:46:49leur recherche
00:46:50autour de Sylvain Schrute.
00:46:54Sylvain Schrute
00:46:55vit avec la fille aînée
00:46:56de Gisleine
00:46:57depuis 10 ans.
00:46:58Quand je l'ai rencontré,
00:47:00il avait une entreprise
00:47:02de paysagiste,
00:47:04il avait une entreprise
00:47:04à son compte,
00:47:06à son propre compte.
00:47:08Les premières années,
00:47:09il était un peu...
00:47:10il était un petit peu pénible
00:47:13comme ça,
00:47:14mais oui,
00:47:14ça se passait pas trop mal.
00:47:18Dans la famille,
00:47:20on ne l'aime pas beaucoup.
00:47:21On nous le décrit
00:47:23comme quelqu'un
00:47:24d'arrogant,
00:47:26qui ne veut pas avoir tort,
00:47:28qui veut un peu toujours
00:47:31avoir le dernier mot
00:47:32et qui pense savoir tout
00:47:34mieux que tout le monde,
00:47:36qui, du côté manipulateur
00:47:38est repris,
00:47:38voire faiseur de problèmes.
00:47:44C'est aussi quelqu'un
00:47:45qui est décrit
00:47:46comme égoïste
00:47:46et qui peut même
00:47:47être tyrannique.
00:47:51Bref,
00:47:53ce n'est pas
00:47:53le gendre idéal.
00:47:56Il est assez isolé
00:47:57dans sa position
00:47:59dans la famille,
00:48:01à savoir qu'au pire,
00:48:03il est détesté,
00:48:05au mieux toléré,
00:48:08jamais vraiment apprécié.
00:48:14C'est surtout la mère,
00:48:17Gisleine Leclerc,
00:48:19qui se posait vraiment
00:48:20la question,
00:48:20« Mais qu'est-ce qu'elle fait
00:48:23à rester avec cet homme-là ? »
00:48:27Ma maman ne l'appréciait pas beaucoup,
00:48:30mais elle l'a toujours acceptée
00:48:32parce que c'était
00:48:32le choix de ma sœur.
00:48:35Alors,
00:48:37je dirais que
00:48:41elle a toujours essayé
00:48:45et que les relations
00:48:46se passent
00:48:46le plus neutre possible.
00:48:51Les plus neutres
00:48:52et les plus espacées possibles
00:48:54aussi du côté de Gisleine.
00:48:56Du coup,
00:48:57les gendarmes s'interrogent.
00:48:59Pourquoi Sylvain Schrute
00:49:00et sa belle-mère
00:49:01se sont-ils appelés
00:49:01aussi souvent
00:49:02pendant les trois jours
00:49:04qui ont précédé le drame ?
00:49:06Il y a 18 appels,
00:49:08ce qui semble exorbitant
00:49:09par rapport à la nature
00:49:10de leur relation.
00:49:12Des appels
00:49:13qui,
00:49:15de façon
00:49:16surprenante,
00:49:18ne vont pas prospérer
00:49:19à partir du 27.
00:49:22Il n'y a plus d'appels,
00:49:24comme s'ils avaient déjà su
00:49:25qu'elle était morte.
00:49:26Les gendarmes
00:49:32ont maintenant
00:49:32assez d'éléments
00:49:33pour mettre
00:49:34Sylvain Schrute
00:49:35sur le grill.
00:49:36Il le place
00:49:36en garde à vue
00:49:37le 21 février 2012.
00:49:47Sylvain Schrute
00:49:48est très calme,
00:49:50mais il est aussi
00:49:52très observateur
00:49:53de ce que
00:49:54les enquêteurs
00:49:55peuvent lui apporter
00:49:57comme élément.
00:49:59Les gendarmes
00:50:00commencent par lui demander
00:50:01quels étaient
00:50:02ses rapports
00:50:02avec sa belle-mère.
00:50:05Il dit
00:50:07qu'il appréciait
00:50:07beaucoup
00:50:08Gisleine Leclerc,
00:50:09qu'ils ont
00:50:10une bonne relation.
00:50:14Quand on lui fait
00:50:15la remarque
00:50:16que ce n'est pas
00:50:17ce que nous disent
00:50:18ses proches
00:50:18et qu'au contraire,
00:50:20plusieurs d'entre eux
00:50:21nous ont rapporté
00:50:22qu'elle ne l'appréciait pas,
00:50:24il pense
00:50:26que des gens
00:50:27lui en veulent
00:50:27et qu'on veut
00:50:27déformer un peu
00:50:28les choses
00:50:28parce qu'on lui en veut,
00:50:29mais que lui,
00:50:30en tout cas,
00:50:30il s'entendait bien
00:50:31avec elle.
00:50:35Emeline,
00:50:36alors là,
00:50:36les liens sont
00:50:37beaucoup plus forts.
00:50:39Il était son confident.
00:50:40C'est pour ça
00:50:41qu'il s'appelait aussi souvent.
00:50:42Ils avaient
00:50:42une relation privilégiée.
00:50:45Mais non,
00:50:46il n'a jamais couché
00:50:47avec sa belle-sœur.
00:50:49Les gendarmes
00:50:50lui annoncent
00:50:50qu'Emeline
00:50:51dit le contraire.
00:50:52Il
00:50:55va accuser le coup
00:50:58et il va
00:51:00finalement
00:51:01reconnaître
00:51:02cette relation.
00:51:04Il admet
00:51:04qu'il a eu
00:51:05cette relation
00:51:05totalement
00:51:06consentie.
00:51:11Alors,
00:51:11pourquoi avoir menti ?
00:51:13Il explique
00:51:14qu'il
00:51:14a tué ça
00:51:15parce qu'il a voulu
00:51:16protéger Emeline
00:51:17et il fait preuve
00:51:17d'une certaine
00:51:18noblesse
00:51:19à l'égard
00:51:20de cette jeune fille.
00:51:21Mais bon,
00:51:22la relation est consentie
00:51:23donc ce n'est pas
00:51:24un problème pour lui.
00:51:26Il n'exprime
00:51:27pas non plus
00:51:28de honte
00:51:28d'ailleurs
00:51:29vis-à-vis
00:51:29de cette relation
00:51:30avec cette jeune fille
00:51:31qui est mineure.
00:51:35Vos lèvres ?
00:51:36Non.
00:51:37Il n'y est pas retourné
00:51:38après le 23 août.
00:51:39Il l'a déjà dit
00:51:40d'ailleurs
00:51:41il y a un an et demi
00:51:41quand il a été interrogé.
00:51:43Et puis à un moment
00:51:45les gendarmes
00:51:46vont avancer
00:51:47notre preuve
00:51:49en tout cas
00:51:50notre indice
00:51:51important
00:51:52c'est-à-dire
00:51:53le déclenchement
00:51:53du relais
00:51:53à 1h41
00:51:54à Bagnaux
00:51:56et là
00:51:57il va se fermer.
00:52:07La pause dure
00:52:08près de 50 minutes.
00:52:10Et quand il revient
00:52:15il va reconnaître
00:52:17être venu
00:52:17jusqu'à Vos lèvres
00:52:18dans la nuit
00:52:19du 26 au 27 août 2010.
00:52:25Mais il a une explication
00:52:26toute simple.
00:52:30Il explique
00:52:31qu'il veut faire
00:52:31une surprise
00:52:32à sa compagne
00:52:33qui est à ce moment-là
00:52:35en vacances
00:52:35chez son père
00:52:36dans l'Inde.
00:52:37Il voulait aller
00:52:40la rejoindre.
00:52:41Il avait décidé
00:52:42d'arriver
00:52:42sans prévenir
00:52:43avec Gisleine.
00:52:44Sa belle-mère
00:52:45avait trouvé
00:52:45l'idée excellente.
00:52:48Le jeudi 26 août
00:52:49en fin d'après-midi
00:52:50elle lui a donc téléphoné
00:52:51pour qu'il passe
00:52:52la prendre
00:52:53raconte-t-il
00:52:54au gendarme.
00:52:55Une fois la décision
00:52:56prise
00:52:56il va faire le plein.
00:52:58et il prend la route
00:53:08par l'autoroute.
00:53:09Il arrive
00:53:33nous dit-il
00:53:33aux environs de minuit
00:53:35La porte de la maison
00:53:44est entreouverte
00:53:46la lumière
00:53:47est allumée
00:53:47il signale son arrivée
00:53:51en disant
00:53:51coucou
00:53:52c'est moi
00:53:52il va vers la chambre
00:53:57et là
00:53:57il voit le corps
00:53:58de sa belle-mère
00:54:00qui est appuyée
00:54:01contre le lit.
00:54:02Sylvain Schrute
00:54:04comprend qu'elle est morte.
00:54:06Il dit
00:54:06qu'il sent immédiatement
00:54:07l'odeur de la poudre.
00:54:11Elle est encore
00:54:12chaude
00:54:12l'odeur de la poudre
00:54:14lui fait penser
00:54:15que ça vient de se passer.
00:54:19Il a paniqué
00:54:20et il est parti.
00:54:32Mais il s'est tout de suite
00:54:34garé
00:54:34une quarantaine
00:54:36de mètres plus loin
00:54:36il avait besoin
00:54:37de réfléchir.
00:54:40Au bout de 20 minutes
00:54:41il est reparti
00:54:42directement chez lui
00:54:44en Alsace.
00:54:47Les gendarmes
00:54:48lui demandent
00:54:49pourquoi n'a-t-il pas
00:54:49appelé les secours ?
00:54:51Ah son portable
00:54:52était éteint
00:54:52plus de batterie
00:54:53plus de batterie ?
00:54:56Il l'a pourtant
00:54:57allumé
00:54:57une heure et demie
00:54:58plus tard.
00:55:00Oui répond
00:55:00Sylvain Schrute
00:55:01il a fait une tentative
00:55:03mais le téléphone
00:55:03s'est éteint de nouveau.
00:55:06Les gendarmes
00:55:06insistent encore.
00:55:08Dans ce cas
00:55:08pourquoi ne pas avoir
00:55:09prévenu de chez lui
00:55:10à son retour ?
00:55:13Pourquoi il s'est tu
00:55:13pendant 18 mois ?
00:55:16Il pense
00:55:16qu'il va être victime
00:55:18d'une erreur judiciaire
00:55:19et il a préféré
00:55:20se taire
00:55:21plutôt que d'être
00:55:22accusé à tort.
00:55:24Il a vu
00:55:25beaucoup de séries
00:55:25américaines
00:55:26et il sait
00:55:26que c'est possible
00:55:27et il sait
00:55:28que ça arrive
00:55:28qu'on soit accusé
00:55:29à tort.
00:55:31La garde à vue
00:55:32est terminée.
00:55:33Les gendarmes
00:55:34ont assez d'éléments.
00:55:35Sylvain Schrute
00:55:36est déféré
00:55:37devant la juge
00:55:37d'instruction
00:55:38mais il refuse
00:55:39de lui parler.
00:55:40Il me dit
00:55:41que la prochaine fois
00:55:43il me fera
00:55:44une déclaration
00:55:45complète,
00:55:46spontanée
00:55:47et sincère
00:55:48et que tout ce qu'il veut
00:55:49dans l'immédiat
00:55:49c'est pour voir,
00:55:51dire,
00:55:52que je le laisse
00:55:52ressortir
00:55:53quelques jours
00:55:54pour qu'il règle
00:55:55ses affaires matérielles
00:55:57et qu'il dise
00:55:58correctement
00:55:58au revoir
00:55:59à sa femme
00:56:00et à sa petite-fille.
00:56:02La juge
00:56:03le met en examen
00:56:04pour assassinat
00:56:05et le place
00:56:06en détention provisoire.
00:56:12Maître Bonas,
00:56:13c'est vous
00:56:14qui allez assurer
00:56:15la défense
00:56:15de Sylvain Schrute.
00:56:17Son affaire
00:56:18semble mal partie
00:56:19tout de même.
00:56:20Effectivement,
00:56:21il y a un faisceau
00:56:21d'indices
00:56:22qui pourrait concorder
00:56:23à une culpabilité
00:56:24mais force est de constater
00:56:25qu'on n'a pas de mobile
00:56:26et pas de preuves
00:56:28matérielles intangibles.
00:56:29Et pour vous,
00:56:30il y a des zones d'ombre ?
00:56:31Ah oui,
00:56:31il y en a plein.
00:56:32Il n'y a même
00:56:32que des zones d'ombre.
00:56:34Sylvain Schrute,
00:56:34vous allez le voir en prison.
00:56:36Comment il se comporte
00:56:36avec vous ?
00:56:37Il me parle de sa vie,
00:56:38il me parle de ses enfants,
00:56:39il me parle de son métier.
00:56:41Il me parle de tout
00:56:42sauf de son dossier.
00:56:42En réalité,
00:56:43ça ne l'intéresse pas.
00:56:44J'imagine que vous lui demandez
00:56:45pourquoi, par exemple,
00:56:46il n'a rien dit
00:56:47pendant 18 mois.
00:56:48Il est très évasif
00:56:49en fait au départ
00:56:50et il faut vraiment
00:56:50le pousser
00:56:51dans ses retranchements
00:56:52pour avoir
00:56:52des éléments de réponse.
00:56:54Élément de réponse
00:56:55qu'il n'a pas envie
00:56:56de donner d'ailleurs
00:56:57parce qu'il en a honte.
00:56:58Et il explique
00:56:59qu'il a eu très peur,
00:57:00qu'il n'a pas eu de courage.
00:57:02Et il m'a dit
00:57:02un jour,
00:57:03c'était tous les jours
00:57:04trop tard.
00:57:05C'était plus tard
00:57:06dans le trop tard.
00:57:07Et il s'est tué.
00:57:08Et ses nombreux coups
00:57:09de téléphone
00:57:10à sa belle-mère
00:57:10alors que manifestement
00:57:11il n'avait pas beaucoup
00:57:12d'atomes crochus.
00:57:13Qu'est-ce qu'il en dit ?
00:57:15Alors d'abord,
00:57:15il conteste le fait
00:57:16qu'il n'ait pas
00:57:16d'atomes crochus
00:57:17avec elle.
00:57:18Lui, il réfute ça.
00:57:19Et puis,
00:57:20il va expliquer
00:57:20qu'en réalité,
00:57:21ils échangent énormément
00:57:22sur la période
00:57:23de temps considérée
00:57:24parce qu'il parle
00:57:25d'une clé de voiture
00:57:27qui a disparu,
00:57:28ce qui est avéré,
00:57:29d'une surprise
00:57:30qu'il veut faire
00:57:31à sa compagne
00:57:32et à sa fille.
00:57:33Il explique
00:57:33qu'ils ont des échanges
00:57:34tout à fait anodins
00:57:36et badins même.
00:57:38Qui est cet homme
00:57:39qui semble quand même
00:57:40assez étonnant ?
00:57:41Oui, il est étonnant,
00:57:42il est énigmatique.
00:57:44Il a construit sa vie
00:57:45avec une pensée
00:57:47je crois quand même
00:57:48très proche
00:57:49de l'ésotérisme,
00:57:50de la nature.
00:57:51Quand il va être appelé
00:57:52sous les drapeaux
00:57:53pour faire son service militaire,
00:57:54il va refuser.
00:57:55Il va être objecteur
00:57:56de conscience.
00:57:57Il va toujours prôner
00:57:58une non-violence,
00:57:59un grand respect
00:58:00de l'autre,
00:58:01un grand humaniste en fait.
00:58:05Et sa vie affective ?
00:58:06Quel est son parcours ?
00:58:08Alors,
00:58:08c'est un homme à femme,
00:58:10indéniablement.
00:58:11Et il a eu
00:58:11une première femme avant ?
00:58:13Oui, il a été marié.
00:58:15C'est une femme
00:58:16avec laquelle
00:58:17il a eu trois enfants.
00:58:18Donc, c'est une histoire
00:58:19qui a quand même duré.
00:58:21Mais c'est une femme
00:58:22qui l'a trompée
00:58:22avec une nouvelle compagne
00:58:25avec qui il a eu
00:58:26là encore un enfant
00:58:27et qui était donc
00:58:28la fille de Mme Leclerc.
00:58:30Et donc,
00:58:31la fille de Mme Leclerc,
00:58:32dans cette histoire,
00:58:33est-ce qu'elle le défend ?
00:58:34C'est quoi sa position ?
00:58:35Alors,
00:58:35elle est complètement écartelée.
00:58:38D'abord parce que
00:58:39je crois qu'elle ne croit pas
00:58:40à sa culpabilité fondamentalement.
00:58:43Mais en même temps,
00:58:44il est désigné coupable
00:58:45par l'ensemble de sa famille
00:58:46et cette femme a quand même
00:58:47perdu sa mère
00:58:48dans des conditions violentes.
00:58:50Donc,
00:58:50elle est dans une position
00:58:51qui est quasiment intenable.
00:58:53Et pourtant,
00:58:53elle va la tenir
00:58:54et avec beaucoup de courage,
00:58:55je dois dire.
00:59:00Schruth n'en démore pas.
00:59:01Il n'a pas tué Gisleine.
00:59:04L'instruction se poursuit
00:59:05et la juge décide
00:59:07de convoquer Emeline
00:59:08une nouvelle fois.
00:59:12Devant la juge d'instruction,
00:59:14Emeline change complètement
00:59:15de discours.
00:59:17Elle explique qu'il était
00:59:19fou amoureux d'elle.
00:59:20Elle,
00:59:20elle n'avait pas de sentiment
00:59:21amoureux à son égard
00:59:22et elle explique
00:59:23qu'elle était clairement
00:59:24sous son emprise.
00:59:27Il me téléphonait beaucoup,
00:59:28il m'écrivait des messages
00:59:29tout le temps,
00:59:31il m'écrivait des mails,
00:59:32des mails où,
00:59:33s'il ne répondait pas,
00:59:35il faisait des autres mails
00:59:37encore plus longs.
00:59:39Comme quoi,
00:59:40il était triste,
00:59:42il était malheureux
00:59:42que je ne lui réponde pas.
00:59:46Et en fait,
00:59:46c'était lourd quand même,
00:59:47c'était pesant.
00:59:49C'était pesant.
00:59:50Et chaque fois qu'Emeline disait
00:59:57à Sylvain Schrute
00:59:58qu'elle voulait tout arrêter,
01:00:01il me disait,
01:00:01ouais,
01:00:01je serai en moto,
01:00:02j'irai tout droit,
01:00:04plus personne me retrouvera
01:00:06dans le ravin.
01:00:08Et moi,
01:00:08j'étais paniquée.
01:00:12Sylvain Schrute
01:00:13se livre à l'égard
01:00:15de cette très jeune femme
01:00:17un véritable chantage,
01:00:19un double chantage,
01:00:19le chantage au suicide
01:00:21et puis également
01:00:22le chantage
01:00:24à la révélation
01:00:25de cette relation.
01:00:28Il dira
01:00:28que c'est elle
01:00:29qui a été à l'origine,
01:00:30que c'est elle
01:00:31qui est venue
01:00:31le chercher.
01:00:33Et ça,
01:00:33Emeline,
01:00:33elle est terrifiée
01:00:35et elle ne veut
01:00:36évidemment pas
01:00:37faire souffrir
01:00:38sa grande soeur.
01:00:40Donc,
01:00:40elle est vraiment
01:00:40prisonnière
01:00:42de cette relation.
01:00:42Alors,
01:00:46Emeline a trouvé
01:00:47comment s'en sortir,
01:00:48quitter son école
01:00:49Steiner.
01:00:51Du coup,
01:00:52plus rien ne justifiait
01:00:53qu'elle reste en Alsace.
01:00:55C'était,
01:00:55ouais,
01:00:56c'était pour moi
01:00:57le moyen de fuir
01:00:58de là-bas
01:00:58sans rien dire
01:00:59à personne
01:01:00et en disant
01:01:01que c'était l'école
01:01:01qui ne me convenait plus.
01:01:04Voilà,
01:01:04comme ça,
01:01:05tout le monde y croit
01:01:06et ça passe.
01:01:10La décision
01:01:10n'a pas dérangé Gisleine,
01:01:12bien au contraire.
01:01:13Cela faisait quelque temps
01:01:14qu'aux réunions de famille,
01:01:16elle regardait
01:01:16les échanges
01:01:17entre sa fille
01:01:18et son gendre
01:01:18d'un mauvais oeil.
01:01:21Elle n'aimait pas
01:01:22le comportement
01:01:23de Sylvain
01:01:23envers Emeline
01:01:24quand il était avec elle,
01:01:27même avec nous.
01:01:29Il disait,
01:01:30oui,
01:01:31je la protège
01:01:34parce qu'il était là
01:01:37pour ça, quoi.
01:01:38Oui,
01:01:39pour eux,
01:01:40ils faisaient
01:01:40des gestes déplacés,
01:01:42des remarques déplacées.
01:01:46Pas très saine,
01:01:47ma mère,
01:01:48elle avait essayé
01:01:48de m'en parler une fois.
01:01:52Elle m'avait demandé
01:01:53comment ça se passait
01:01:56chez Sylvain.
01:01:58J'avais répondu
01:01:59très, très bien.
01:02:00Puis voilà,
01:02:01j'avais essayé
01:02:02de passer à autre chose.
01:02:04Estelle,
01:02:12vous étiez au courant
01:02:13de la liaison
01:02:14qu'entretenait
01:02:15Sylvain Schrute
01:02:16avec votre petite sœur ?
01:02:19Non.
01:02:20Je n'étais pas au courant.
01:02:23Je l'ai appris
01:02:25par mon avocat
01:02:26qui m'a envoyé un mail
01:02:27me demandant
01:02:28si je savais.
01:02:30après le premier choc,
01:02:33je me suis souvenu
01:02:34d'un détail
01:02:35qui s'était produit
01:02:36pendant la fête
01:02:38de Pâques
01:02:38cette année-là
01:02:40où on était
01:02:42tous réunis
01:02:43et j'ai trouvé
01:02:45qu'il avait
01:02:45un comportement
01:02:46qui n'était pas correct
01:02:47avec ma petite sœur.
01:02:48Il avait un peu
01:02:49les mêmes gestes
01:02:50qu'il avait
01:02:50avec ma grande sœur.
01:02:52Il faisait quoi,
01:02:52par exemple ?
01:02:53Il la prenait
01:02:53par la taille
01:02:54et il lui avait
01:02:57offert un cadeau
01:02:58aussi,
01:02:59une montre
01:03:00et il lui faisait
01:03:03même des bisous
01:03:03sur la joue.
01:03:05Donc,
01:03:06oui,
01:03:06je n'ai pas aimé
01:03:08et j'en ai du coup
01:03:09parlé avec ma maman
01:03:10et qui m'a dit
01:03:12qu'elle avait aussi remarqué
01:03:13et qu'elle ne trouvait
01:03:13pas ça bien.
01:03:17Après,
01:03:17moi,
01:03:18je suis rentrée
01:03:18chez moi
01:03:18avec mes enfants
01:03:19et j'ai oublié
01:03:20mais je pense
01:03:22qu'une maman,
01:03:22ça n'oublie pas.
01:03:23Vous pensez
01:03:24que votre mère
01:03:25a pu la prendre,
01:03:26cette liaison ?
01:03:27Je pense que maman
01:03:28s'en doutait
01:03:29mais qu'elle n'a pas
01:03:30eu de confirmation.
01:03:32D'après vous,
01:03:32comment elle aurait réagi
01:03:33si elle l'avait su ?
01:03:34Elle aurait extrêmement
01:03:35mal réagi.
01:03:37C'était quelque chose
01:03:40d'impensable pour elle
01:03:40et elle n'aurait jamais
01:03:43accepté que le conjoint
01:03:45de sa grande fille
01:03:47puisse avoir des rapports
01:03:49avec sa plus jeune.
01:03:51Ça,
01:03:52c'était pas possible.
01:03:53Elle vous en aurait parlé
01:03:55si elle l'avait su ?
01:03:57Je pense
01:03:59qu'elle en aurait parlé.
01:04:00Je pense qu'elle aurait
01:04:01soulevé des montagnes.
01:04:03Tout de suite,
01:04:03elle serait intervenue
01:04:04tout de suite ?
01:04:05À partir du moment
01:04:05où elle aurait été
01:04:06certaine des choses,
01:04:07oui.
01:04:08Elle se serait opposée
01:04:09à ce qui se revoit
01:04:09et je pense qu'elle
01:04:11aurait porté plainte
01:04:11parce que maman,
01:04:13c'était une femme d'affaires,
01:04:14c'était une femme
01:04:15combattante,
01:04:17une femme qui ne s'est
01:04:17jamais laissée faire
01:04:18qui s'est toujours battue
01:04:21pour ce qu'elle croyait
01:04:22et elle avait un goût
01:04:23de ce qui était juste
01:04:24très prononcé.
01:04:32Le mobile se tient.
01:04:34Reste à vérifier la version
01:04:36de Sylvain Schrute.
01:04:37est-elle seulement plausible ?
01:04:41Entre l'Alsace et Bollèvres,
01:04:43les gendarmes ne trouvent
01:04:44aucune trace du passage
01:04:45de Sylvain Schrute.
01:04:49Ni au péage,
01:04:51ni aux stations-service.
01:04:54Pour lui, c'est normal,
01:04:56il a tout payé en espèces.
01:04:59Pour eux, c'est justement ça
01:05:00qui est suspect.
01:05:02On sait qu'il a fait
01:05:03des voyages précédents,
01:05:04notamment pour aller en vacances
01:05:07la semaine d'avant.
01:05:08Il a payé en carte bleue.
01:05:10Le précédent trajet,
01:05:12quand il est rentré de Volev
01:05:13le 23 août avec la BMW,
01:05:15il a payé avec le télé-péage.
01:05:20Et puis surtout,
01:05:22quand on vérifie
01:05:23les mouvements bancaires
01:05:24dans les journées
01:05:25qui ont suivi,
01:05:25notamment le lendemain,
01:05:27on voit que là,
01:05:27il utilise sa carte bleue.
01:05:29Pas forcément pour des gros achats
01:05:30puisqu'on a des achats
01:05:32dans un magasin,
01:05:34un commerce,
01:05:35un Lidl,
01:05:35il va le vendredi
01:05:36faire ses courses,
01:05:37il paye en carte bleue.
01:05:40Apparemment,
01:05:41le 26 août,
01:05:42Sylvain Schrute
01:05:43a donc changé
01:05:44ses habitudes.
01:05:46Ça semble suspect,
01:05:47comme s'il avait voulu
01:05:48dissimuler
01:05:49tous ses déplacements.
01:05:51Et ce n'est pas
01:05:52la seule incohérence.
01:05:55Il dit qu'il est parti
01:05:56immédiatement
01:05:57après le dernier coup de téléphone
01:05:58à Gisleine Leclerc,
01:05:59donc 18h40 et quelques.
01:06:02On a retrouvé
01:06:06la station service.
01:06:08Il va me confirmer
01:06:09que sur les différents
01:06:10paiements en espèces possibles,
01:06:12c'est celui 18h58
01:06:13de 65 euros
01:06:14qu'il a fait.
01:06:15Et il me dit
01:06:16qu'il a immédiatement
01:06:16pris la route.
01:06:19Or,
01:06:20entre Rigvir
01:06:21et Volèvre,
01:06:22il y a très exactement
01:06:23375 kilomètres.
01:06:27Les gendarmes
01:06:28ont minuté le trajet.
01:06:29On a vérifié
01:06:30concrètement
01:06:31et puis via des sites
01:06:32de navigation
01:06:33et on est sur un trajet
01:06:34qui doit faire
01:06:35entre 3h15
01:06:36et 3h30.
01:06:39Sylvain Schrute
01:06:39dit qu'il est arrivé
01:06:40vers minuit.
01:06:42Il aurait donc mis
01:06:425h pour rejoindre
01:06:44Volèvre,
01:06:45ce qui paraît
01:06:46très long.
01:06:47Sauf s'il ment,
01:06:48et s'il est arrivé
01:06:49avant minuit,
01:06:51avant la mort
01:06:52de Gisleine.
01:06:54Il y a encore
01:06:55un autre point
01:06:55qui reste problématique.
01:06:57En garde à vue,
01:06:58Sylvain Schrute
01:06:58a été catégorique.
01:07:00Il ne possède pas d'armes.
01:07:02Il explique
01:07:03qu'il n'aime pas les armes,
01:07:04qu'il n'en a jamais eues.
01:07:05Il dit d'ailleurs
01:07:06qu'il était objecteur
01:07:07de conscience
01:07:07et qu'il n'aime pas
01:07:09la violence,
01:07:10qu'il ne la pratique pas.
01:07:13Les enquêteurs
01:07:13vont sur ce point
01:07:14entendre
01:07:15son ex-femme
01:07:18qui va faire état
01:07:19d'un épisode ancien.
01:07:23C'était au moment
01:07:23de leur divorce.
01:07:26Il explique
01:07:26qu'il a très mal vécu
01:07:28cette rupture
01:07:28et qu'il lui a fait
01:07:29une menace au chantage
01:07:30en sortant
01:07:31une arme de poing
01:07:32et en menaçant
01:07:35de la retourner
01:07:35contre lui.
01:07:37L'un de ses fils
01:07:38va aussi rappeler
01:07:40que pendant son enfance,
01:07:41il a pu voir
01:07:41une arme de poing.
01:07:45Dominique,
01:07:47les gendarmes
01:07:48ont des éléments
01:07:48qui leur font penser
01:07:49que Sylvain Schrute
01:07:50ne dit pas toute la vérité.
01:07:52D'abord,
01:07:53il explique
01:07:53que quand il arrive
01:07:54cette nuit-là,
01:07:55il entre dans la chambre,
01:07:57Gisleine Leclerc
01:07:58est assise
01:07:59dos au lit,
01:08:01elle est morte.
01:08:03Or,
01:08:04quand on va retrouver
01:08:04son corps,
01:08:06quand sa fille,
01:08:07son ex-mari
01:08:07et puis les gendarmes
01:08:08vont arriver,
01:08:10elle n'est pas assise
01:08:11dos à son lit,
01:08:12elle est allongée,
01:08:14face contre terre,
01:08:15légèrement en décubitus,
01:08:17mais pas assise
01:08:17contre son lit.
01:08:19Première incohérence.
01:08:20Ensuite,
01:08:20il y a la chronologie
01:08:21des tirs.
01:08:22On sait que les trois
01:08:23premières balles
01:08:24qui vont la toucher
01:08:25sont tirées
01:08:27alors qu'elle est
01:08:27encore debout.
01:08:28Elle tombe sur son lit,
01:08:30elle perd du sang,
01:08:31d'où la tâche
01:08:32de transfert de sang
01:08:33qu'on va retrouver
01:08:33sur le couvre-lit.
01:08:36Ensuite,
01:08:36elle glisse
01:08:36assise contre son lit
01:08:38et là,
01:08:39elle reçoit
01:08:39la quatrième balle.
01:08:40Donc,
01:08:42au moment où
01:08:42elle reçoit cette balle,
01:08:43elle n'est pas encore morte.
01:08:46Elle n'est pas encore morte,
01:08:47elle va basculer vers l'avant,
01:08:48se retrouver à plat ventre
01:08:49et on sait
01:08:50qu'elle n'est pas encore morte
01:08:51parce qu'autour d'elle,
01:08:52on va découvrir
01:08:53cette immense tâche de sang
01:08:55qui est du sang
01:08:57qui a été projetée
01:08:57à l'extérieur
01:08:58de son corps
01:08:59par son cœur
01:09:00qui battait encore.
01:09:01S'il avait été mort
01:09:02à ce moment-là,
01:09:03un peu de sang
01:09:03se serait écoulé
01:09:04par ses plaies,
01:09:05par sa bouche,
01:09:05mais pas une telle quantité.
01:09:08Donc ça,
01:09:08ça ne colle pas
01:09:09avec ce que dit
01:09:10Sylvain Schrute
01:09:11qui dit
01:09:12qu'elle était assise
01:09:13et elle était morte.
01:09:14À ce moment-là,
01:09:14elle ne pouvait pas être morte,
01:09:15elle est morte après.
01:09:17Ensuite,
01:09:19puisqu'on retrouve le corps
01:09:20allongé
01:09:20sur le ventre,
01:09:22qui peut savoir
01:09:23à cet instant,
01:09:23et c'est vrai,
01:09:25qu'à un moment,
01:09:26Gisleine Leclerc a été assise
01:09:27contre son lit ?
01:09:28Qui peut savoir ça
01:09:29sinon une personne
01:09:31qui l'a vue
01:09:31quelques minutes
01:09:31ou peut-être même
01:09:32quelques secondes seulement
01:09:33avant sa mort ?
01:09:35Ensuite,
01:09:35dernier point,
01:09:36dernière incohérence.
01:09:37Regardez ces numéros
01:09:38dans le couloir
01:09:39qui matérialisent
01:09:41des traces de sang
01:09:42petites,
01:09:42on les voit,
01:09:43mais vraiment toutes petites.
01:09:45Eh bien,
01:09:46c'est du sang
01:09:46de Gisleine Leclerc
01:09:48qui a été laissé là
01:09:49par son meurtrier
01:09:50au moment où il est parti.
01:09:52Si,
01:09:53comme il le prétend,
01:09:54Sylvain Schrute
01:09:54est passé dans le couloir
01:09:56une première fois
01:09:57pour aller dans la chambre,
01:09:58repasser ensuite,
01:10:00il aurait dû piétiner
01:10:01ces taches de sang
01:10:03qui n'auraient plus
01:10:04le même aspect
01:10:04qui seraient écrasées.
01:10:05Or, ces taches de sang
01:10:06ne sont pas déformées.
01:10:09Donc,
01:10:09c'est les questions,
01:10:10toutes ces questions
01:10:11que veut maintenant
01:10:12lui poser la juge
01:10:13d'instruction
01:10:14et elle va le convoquer
01:10:15pour l'entendre.
01:10:19La juge commence
01:10:20par lui demander
01:10:21quelle déclaration
01:10:22sincère et spontanée
01:10:23il comptait lui faire.
01:10:25Et là,
01:10:26il me répond
01:10:26qu'il n'a rien à ajouter
01:10:27de but en blanc,
01:10:29dit-il,
01:10:30à ce qu'il a déjà dit
01:10:31aux gendarmes
01:10:31en garde à vue.
01:10:33Elle entame donc
01:10:35son interrogatoire.
01:10:37Ce qui est marquant,
01:10:39c'est qu'à aucun moment
01:10:40il ne me dit
01:10:42qu'il est innocent.
01:10:42Ce n'est pas un terme
01:10:43qu'il utilise.
01:10:44Mais ce n'est que
01:10:45quand je lui demande
01:10:46avez-vous tué
01:10:47Gisleine Leclerc
01:10:47qu'il va me dire non.
01:10:49Pas un mot de plus.
01:10:52La juge le met ensuite
01:10:54face à ces incohérences.
01:10:55Ce trajet
01:10:56qui dure cinq heures
01:10:57alors qu'il avait l'air
01:10:58si pressé de partir.
01:10:59après réflexion,
01:11:03Sylvain Schrute
01:11:03fournit une explication.
01:11:08Il fait des pauses
01:11:09parce qu'il a l'habitude
01:11:10d'en faire,
01:11:11il fume
01:11:12et il ne doit pas
01:11:14fumer dans la voiture
01:11:14parce que c'est la voiture
01:11:16de Gisleine
01:11:16qui ne supporte pas
01:11:17la fumée de cigarette
01:11:18donc il ne faut pas
01:11:18fumer dans la voiture.
01:11:23Et puis après,
01:11:23il va ajouter des pauses
01:11:24pour se rendre aux toilettes
01:11:26et puis des pauses
01:11:26pour peut-être se restaurer.
01:11:30Une heure et demie
01:11:31de pause,
01:11:32ça semble excessif.
01:11:39Et cette arme
01:11:40que sa famille a vue
01:11:41chez lui
01:11:41entre ses mains,
01:11:43il répète
01:11:43que c'est impossible.
01:11:45S'agissant de son ex-femme,
01:11:47de toute façon,
01:11:47ça s'est tellement mal fini
01:11:48que ce n'est pas vrai
01:11:50et qu'elle lui en veut.
01:11:52S'agissant de ses enfants,
01:11:54il pense qu'ils se sont trompés
01:11:55et que les enfants,
01:11:56ils ont eu des pistolets à billes
01:11:57et qu'ils doivent confondre.
01:12:00La juge lui demande ensuite
01:12:01comment c'est possible
01:12:02qu'il n'ait pas laissé
01:12:03de traces dans le couloir
01:12:04quand il est allé
01:12:05dans la chambre de Gisleine,
01:12:06qu'il n'ait pas marché
01:12:07dans le sang.
01:12:10Il va changer de version
01:12:11et il va expliquer
01:12:12que non,
01:12:13il ne s'est pas approché d'elle
01:12:14et que s'il a pu le dire
01:12:15plus tôt,
01:12:16c'était pour paraître
01:12:17plus humain.
01:12:18Parce que s'il ne s'était pas
01:12:19approché pour s'enquérir
01:12:21de son état,
01:12:21on aurait pu faire le reproche
01:12:24d'un manque de compassion.
01:12:25Pourtant,
01:12:28de la compassion,
01:12:29il n'en a pas montré
01:12:30beaucoup
01:12:31quand il est rentré
01:12:32chez lui.
01:12:33On sait que le lendemain matin,
01:12:35il va à la piscine,
01:12:37qu'il fait ses courses
01:12:38l'après-midi,
01:12:40que le lendemain soir,
01:12:41il va au restaurant
01:12:42avec deux de ses enfants.
01:12:44On pourrait penser
01:12:45que quelqu'un
01:12:46qui vient d'assister
01:12:47à une telle scène
01:12:47est vraiment dans un état
01:12:49d'abattement grave,
01:12:51mais lui,
01:12:52il continue sa vie
01:12:53comme il va la continuer
01:12:54pendant 18 mois
01:12:55sans rien dire
01:12:56à personne.
01:13:00La juge s'étonne.
01:13:01C'est étrange
01:13:02sa présence sur place
01:13:03justement ce soir-là,
01:13:05alors que personne
01:13:06n'était au courant
01:13:07de sa visite
01:13:08chez Ghislaine.
01:13:08Quand je le confronte
01:13:10à ce caractère,
01:13:11cette chronologie troublante,
01:13:15ce qu'il me répond,
01:13:16c'est que c'est
01:13:16un mauvais karma.
01:13:19Soit,
01:13:20mais il y a quand même
01:13:20tellement de changements
01:13:21dans sa version.
01:13:23C'est quelqu'un
01:13:23qui était dans un état
01:13:25d'esprit troublé
01:13:26en août,
01:13:27qu'il vivait très mal
01:13:28le départ d'Emeline
01:13:29et qu'il ne s'en remettait pas,
01:13:30en tout cas,
01:13:31qu'il n'était pas prêt
01:13:31à la laisser partir.
01:13:33Et cet ensemble d'éléments
01:13:36faisait un faisceau
01:13:37d'indices graves
01:13:39et concordants
01:13:39pour justifier
01:13:41sa mise en accusation
01:13:42devant la cour d'assises.
01:13:44Maître Bonnat,
01:13:45Sylvain Schrute
01:13:45est renvoyé devant les assises.
01:13:47Que comptez-vous plaider, vous ?
01:13:49D'abord, l'insuffisance,
01:13:51c'est-à-dire qu'on est
01:13:52face à un dossier
01:13:53où on n'est pas allé
01:13:55au bout des démarches menées.
01:13:56On n'est pas allé
01:13:57au bout des investigations.
01:13:59Un dossier d'instruction
01:14:00peut être incomplet.
01:14:01Et l'incomplétude,
01:14:02c'est dangereux
01:14:03parce que ça crée
01:14:04le risque d'erreur
01:14:05et je considère
01:14:07que condamner M. Schrute
01:14:08est une erreur judiciaire.
01:14:09Mais il y a quand même
01:14:10des éléments très troublants.
01:14:11On est en plein mois d'août,
01:14:13il fait chaud,
01:14:13normalement,
01:14:14il ne porte pas de gants.
01:14:15Comment se fait-il
01:14:16qu'on ne retrouve
01:14:17absolument aucune empreinte
01:14:18de lui ?
01:14:19Même pas une empreinte ADN,
01:14:20absolument rien de lui
01:14:21dans la maison ?
01:14:22Mais la vraie question,
01:14:23c'est comment se fait-il
01:14:23qu'on pose cette question
01:14:24à M. Schrute ?
01:14:26C'est-à-dire ?
01:14:27C'est une question
01:14:27qu'il faudrait qu'on pose
01:14:28aux experts, en réalité.
01:14:29Et comment ça se fait,
01:14:30par exemple,
01:14:30qu'il n'a rien payé
01:14:32en carte bleue
01:14:33cette nuit-là ?
01:14:34Alors ça,
01:14:34il l'explique.
01:14:35Il dit qu'il avait vendu
01:14:37une voiture
01:14:37quelques semaines avant,
01:14:40voiture qui lui avait été
01:14:41réglée en espèces,
01:14:43ce qui a été établi,
01:14:44d'ailleurs,
01:14:44par le dossier.
01:14:45Donc,
01:14:46il dispose de liquidités
01:14:47et, ma foi,
01:14:48il les utilise.
01:14:50Il a dit
01:14:50à la juge d'instruction
01:14:51qu'il n'était pas prêt
01:14:52à laisser partir
01:14:54Emeline.
01:14:55C'est une forme d'aveu,
01:14:56peut-être, non ?
01:14:57Moi,
01:14:58je crois vraiment
01:14:59que c'est une interprétation
01:15:00quand même de ses propos
01:15:01et que ce qu'il souhaite
01:15:03expliquer à ce moment-là,
01:15:05c'est qu'il est amoureux d'elle,
01:15:05ce qu'il n'a d'ailleurs
01:15:06jamais contesté
01:15:07et qu'il souffre effectivement
01:15:08du fait qu'elle s'en aille,
01:15:09ça, c'est clair.
01:15:10En se débarrassant
01:15:11de sa belle-mère,
01:15:12Emeline peut rester chez lui.
01:15:13Mais qu'est-ce que ça résout ?
01:15:15Qu'est-ce que ça résout ?
01:15:16Elle reste chez lui.
01:15:18Mais pourquoi ?
01:15:18Elle a un père, cet enfant.
01:15:20Elle peut très bien
01:15:21retourner chez son père.
01:15:23Et de toute façon,
01:15:24son année scolaire
01:15:24est terminée.
01:15:25Donc, quoi qu'il arrive,
01:15:27Emeline partira
01:15:28et la disparition
01:15:29de Mme Leclerc
01:15:30ne résout absolument
01:15:30pas le problème, justement.
01:15:32Malgré tout,
01:15:33il est confiant ?
01:15:34Comment il appréhende
01:15:35ce procès ?
01:15:36Je ne sais pas
01:15:37s'il est confiant.
01:15:38Je crois qu'il fait confiance
01:15:39à ses avocats,
01:15:40ça oui.
01:15:42Il n'a absolument pas confiance
01:15:43en l'institution,
01:15:44en ce en quoi,
01:15:45à mon avis,
01:15:45il n'a pas tort.
01:15:47Et il espère,
01:15:48je crois,
01:15:49que la vérité éclate,
01:15:50mais il n'est pas très militant
01:15:53de sa propre vérité.
01:15:54Et ça,
01:15:54c'est un peu déroutant,
01:15:55aussi.
01:15:56Il n'est pas combatif ?
01:15:57Pas du tout.
01:15:58Moi, je ne sais jamais
01:15:59où il va partir,
01:16:01dans quelle direction
01:16:02et à quelle distance.
01:16:04Donc,
01:16:05vous imaginez bien
01:16:06que le contre-interrogatoire
01:16:08de ce genre de client
01:16:09aux assises,
01:16:10c'est compliqué.
01:16:10Le 20 octobre 2014,
01:16:16le premier procès
01:16:17de Sylvain Schrute
01:16:18s'ouvre devant
01:16:20la cour d'assises
01:16:20de Mâcon.
01:16:21pour lui,
01:16:23l'audience est compliquée,
01:16:24mais pour toutes les personnes
01:16:25qui sont dans un box,
01:16:27dans le box des accusés,
01:16:29vous êtes épiés,
01:16:30on regarde votre comportement,
01:16:32on tente de trouver
01:16:33une culpabilité
01:16:34dans le moindre geste.
01:16:35Donc,
01:16:35évidemment,
01:16:36que Sylvain Schrute
01:16:37n'est pas à l'aise.
01:16:38Il a beaucoup maigri
01:16:40et je peux comprendre
01:16:43que ça ne doit pas être facile
01:16:44d'être dans le box des accusés,
01:16:46mais il fait la peau victime,
01:16:49en fait.
01:16:52Sur le banc des partis civils,
01:16:55la famille Pelletier
01:16:56attend des réponses.
01:16:59Ce que je me souviens surtout,
01:17:02c'est le désespoir
01:17:03dans les yeux
01:17:04de la fille Inébyssen.
01:17:06D'un côté,
01:17:07il y a sa maman
01:17:07qui est morte
01:17:08et assassinée.
01:17:11Et de l'autre côté,
01:17:12c'est le père de sa fille
01:17:14qui est accusé.
01:17:15Donc,
01:17:16elle se trouve
01:17:18dans une situation
01:17:19très compliquée,
01:17:20déjà même en tant
01:17:20que parti civil.
01:17:23Oui,
01:17:23ça n'a pas été facile
01:17:25pour elle.
01:17:29Dès le premier jour,
01:17:31la personnalité
01:17:32de Sylvain Schrute
01:17:33passe mal.
01:17:34Le procès
01:17:37pour Sylvain Schrute
01:17:39a dû être
01:17:39une épreuve
01:17:40parce qu'il est un peu
01:17:42passé pour un imposteur.
01:17:44Dans le procès,
01:17:45il a apparu
01:17:45vraiment moralisateur.
01:17:47Il avait beaucoup
01:17:48de conseils
01:17:49pour ses amis.
01:17:50Il leur disait
01:17:51comment se comporter
01:17:52alors que lui,
01:17:53il ne les appliquait pas.
01:17:54Il apparaît
01:17:55en complet décalage
01:17:56avec les principes
01:17:58qu'il
01:17:58qu'il compte,
01:18:01qu'il mette en avant.
01:18:03D'abord,
01:18:03je crois surtout
01:18:04qu'il s'est mal présenté.
01:18:06Il est arrivé
01:18:06brut de décoffrage.
01:18:09Il a été arrogant.
01:18:11Il a été méchant,
01:18:13hargneux.
01:18:15Il se mettait
01:18:15facilement en colère.
01:18:17Il était vraiment
01:18:18un feng.
01:18:21Au troisième jour,
01:18:22Emeline est appelée
01:18:23à la barre.
01:18:24Son témoignage
01:18:29est difficile
01:18:31pour ne pas dire
01:18:32douloureux.
01:18:33Elle est très jeune,
01:18:34Emeline.
01:18:34Elle dépose devant
01:18:35une cour
01:18:36sur des choses
01:18:37très intimes
01:18:38avec ses sentiments
01:18:40de honte,
01:18:40de culpabilité
01:18:41qui ressortent.
01:18:44Et Sylvain Schrute
01:18:45conteste,
01:18:46fidèle à lui-même.
01:18:47Il dit que c'est moi
01:18:48en fait
01:18:49qu'il est chauffé
01:18:50et qu'il n'a pas
01:18:51résisté à mes avances.
01:18:54Mais comme cette version
01:18:57des fêtes,
01:18:58ils n'ont pas convaincu
01:18:59beaucoup de monde
01:18:59parce que lui,
01:19:00il en avait 45
01:19:01et moi 16.
01:19:04L'avocate générale
01:19:05ne lâche pas Schrute.
01:19:07Elle pointe
01:19:07toutes ses incohérences.
01:19:09Au dernier jour
01:19:10du procès,
01:19:11il n'a guère convaincu.
01:19:13Juste avant
01:19:14le réquisitoire,
01:19:15la parole est
01:19:16au parti civil.
01:19:18La fille aînée
01:19:18de Gisleine
01:19:19s'avance
01:19:19la première à la barre.
01:19:21La campagne
01:19:23de Schrute
01:19:24nous dit
01:19:25qu'elle ne croit
01:19:26pas du tout
01:19:27qu'il soit coupable.
01:19:29Elle n'y croit plus
01:19:30parce que
01:19:31ce n'est pas
01:19:32d'après elle
01:19:33le jardin
01:19:33à se livrer
01:19:34des extrémités pareilles
01:19:35et aller jusqu'en meurtre.
01:19:36Voilà,
01:19:37ça c'est ce qu'elle dit.
01:19:40Il y a un froid glacial
01:19:41qui s'abat
01:19:42sur la cour d'assises.
01:19:44Sur le banc
01:19:45des partis civils,
01:19:46c'est la stupéfaction.
01:19:48Estelle et Emeline
01:19:48ne comprennent pas
01:19:49le revirement
01:19:50de leur sœur ?
01:19:51Pour elle,
01:19:51il n'y a pas de doute.
01:19:52Sylvain Schrute
01:19:53est coupable.
01:19:55Et c'est bien
01:19:56l'avis
01:19:56de l'avocate générale
01:19:57qui demande
01:19:58au juré
01:19:58de condamner
01:19:59Sylvain Schrute
01:19:59pour assassinat
01:20:00et réclame
01:20:0125 ans de prison.
01:20:04Pour les avocats
01:20:05de la défense,
01:20:06la tâche est compliquée.
01:20:09Mon job,
01:20:11c'est de dire
01:20:11au juré
01:20:12qu'il faut avoir
01:20:14beaucoup de courage
01:20:14pour dire
01:20:16qu'on ne sait pas
01:20:16si un homme
01:20:18est coupable
01:20:18ou non.
01:20:19On veut condamner
01:20:20Sylvain Schrute
01:20:21à cause de son attitude
01:20:22à l'audience,
01:20:23à cause de son attitude
01:20:23en garde à vue,
01:20:24à cause,
01:20:25en réalité,
01:20:26de sa personnalité
01:20:27qui est bizarre.
01:20:32Après trois heures
01:20:32de délibéré,
01:20:34c'est le verdict.
01:20:3618 ans de prison.
01:20:36Il n'y a pas de cri de joie
01:20:40parce que
01:20:41voir son ex-gendre
01:20:43ou ex-beau-frère
01:20:44reconnu coupable
01:20:46d'assassinat,
01:20:48il n'y a pas de quoi
01:20:48se réjouir.
01:20:58Maître Bonnat,
01:20:59Sylvain Schrute
01:21:00est condamné
01:21:00à 18 ans
01:21:01contre les 25 ans
01:21:02demandés.
01:21:03C'est une victoire
01:21:04quand même pour vous ?
01:21:05Non, ce n'est pas une victoire
01:21:06parce qu'on plaide
01:21:06un acquittement.
01:21:07On plaide un acquittement
01:21:08et on sort de la cour d'assises
01:21:10avec une peine
01:21:10de 18 années
01:21:11de réclusion criminelle.
01:21:13Ce n'est pas rien
01:21:13quand on croit
01:21:14en l'innocence d'un homme.
01:21:15Et comment il réagit,
01:21:16votre client ?
01:21:17Il est abattu
01:21:18et je crois que
01:21:19pour la première fois,
01:21:19il montre véritablement
01:21:20de la colère.
01:21:22Il va avoir
01:21:23un geste de violence
01:21:24dans son box.
01:21:26Il va tendre le bras
01:21:27comme ça
01:21:27et voilà.
01:21:29Mais il ne s'exprime
01:21:30pas beaucoup.
01:21:32Il fait appel,
01:21:33votre client ?
01:21:34Bien sûr.
01:21:34Vous l'encouragez
01:21:35à le faire ?
01:21:36Moi, je me borne
01:21:38à l'informer
01:21:38de la réalité
01:21:39de sa situation pénale
01:21:40en lui indiquant
01:21:42que la cour d'assises
01:21:43d'appel
01:21:44peut confirmer
01:21:45sa culpabilité,
01:21:47réformer la peine
01:21:48dans le sens
01:21:48d'une diminution
01:21:49ou d'une aggravation
01:21:51et évidemment
01:21:52également la quitter.
01:21:53Le procès en appel
01:21:57débute le 28 septembre 2015
01:21:59devant la cour d'assises
01:22:00de Besançon.
01:22:03Dans le box des accusés,
01:22:04c'est un Sylvain Schrute
01:22:05très différent
01:22:06qui se présente au juré.
01:22:07Il a compris
01:22:10que son comportement
01:22:11l'avait desservi.
01:22:13Donc, il fait attention.
01:22:15Il fait attention
01:22:16à ne pas s'énerver
01:22:17et surtout,
01:22:18la seule chose
01:22:18qu'il a appris
01:22:19de ses conseils
01:22:20en cours d'appel,
01:22:21c'est d'écouter
01:22:22les questions
01:22:23et d'essayer
01:22:24d'y répondre.
01:22:27Il est très clair,
01:22:29des réponses
01:22:29très courtes,
01:22:30très précises,
01:22:31très structurées.
01:22:31Dans le deuxième procès,
01:22:33il a compris
01:22:34qu'il fallait
01:22:34admettre
01:22:36certaines petites choses,
01:22:37que ça le rendait
01:22:38plus crédible
01:22:39d'admettre une partie.
01:22:41Sylvain Schrute
01:22:42revient ainsi
01:22:43sur sa relation
01:22:44avec Emeline.
01:22:45Il reconnaît
01:22:46qu'elle ne l'a jamais draguée,
01:22:47que c'est lui
01:22:48qui était présente
01:22:49avec elle.
01:22:53Quand Emeline
01:22:53revient à la barre,
01:22:55les avocats de la Défense
01:22:56en profitent
01:22:57pour la cuisiner un peu.
01:22:59Qui pouvait être
01:23:00au courant
01:23:00de son idylle
01:23:01avec Sylvain Schrute.
01:23:03Emeline confirme
01:23:04la seule chose
01:23:05qu'elle dit
01:23:05dans le sens
01:23:06de la Défense,
01:23:07qu'elle n'en a parlé
01:23:08à strictement personne
01:23:10et que ni sa mère,
01:23:12ni ses soeurs,
01:23:13ni ses propres amis
01:23:14n'étaient au courant
01:23:16de cette relation.
01:23:20Tuer Gisseline Leclerc
01:23:21pour la faire taire
01:23:21parce qu'elle savait,
01:23:23c'est le mobile directeur
01:23:24de toute l'enquête
01:23:25qui est faite
01:23:27dans le dossier d'instruction.
01:23:28Le problème,
01:23:31c'est qu'au bout
01:23:32de trois jours
01:23:32d'assise,
01:23:33il n'y a plus
01:23:34de mobile.
01:23:38Et pour mettre
01:23:39définitivement
01:23:40à bas ce mobile,
01:23:42la Défense adopte
01:23:42une nouvelle stratégie.
01:23:44On va attaquer
01:23:48très sévèrement
01:23:49l'ex-mari
01:23:51de Gisseline Leclerc
01:23:52en émettant l'hypothèse
01:23:54qu'il a pu être
01:23:55le commanditaire
01:23:56du meurtre
01:23:58de Gisseline Leclerc.
01:24:00Et le mobile,
01:24:01là,
01:24:02est très apparent,
01:24:03très parlant.
01:24:04À qui profite le crime ?
01:24:06Je suis désolé,
01:24:06mais ce garçon
01:24:07qui n'avait rien
01:24:08se retrouve
01:24:09avec une belle villa
01:24:11à Djerba,
01:24:12un bon métier
01:24:13en France,
01:24:14et puis une superbe
01:24:15fiancée en Tunisie.
01:24:17Ce n'est pas commun.
01:24:18Il avait un vrai intérêt
01:24:19à se débarrasser
01:24:19de Mme Leclerc.
01:24:20Je ne dis pas
01:24:20qu'il l'a fait.
01:24:24L'avocate générale
01:24:25n'est pas convaincue.
01:24:27Elle demande donc
01:24:27aux jurés
01:24:28de confirmer
01:24:28la peine
01:24:29de la cour d'assises
01:24:29de Mâcon,
01:24:3118 ans de prison.
01:24:33Les jurés
01:24:34se retirent
01:24:34pour délibérer.
01:24:37Sylvain Schrute
01:24:37n'a pas clamé
01:24:38son innocence,
01:24:39n'a pas crié
01:24:39son innocence.
01:24:41Et donc,
01:24:41effectivement,
01:24:42au moment du délibéré,
01:24:43avec une très grande
01:24:46angoisse,
01:24:47si vous voulez.
01:24:54La cour revient
01:24:56au bout de trois heures.
01:24:57C'est l'acquittement.
01:25:04On a un certain temps
01:25:07à réaliser.
01:25:12Clairement,
01:25:13nous ne nous y attendions pas.
01:25:14l'acquitté.
01:25:22Acquitté,
01:25:23c'est un mot
01:25:24qui résonne
01:25:25lourdement
01:25:26sur le banc
01:25:27des partis civils,
01:25:27non ?
01:25:28Oui, c'est un mot affreux.
01:25:29C'est un anéantissement total.
01:25:34C'est...
01:25:35On ne peut pas y croire.
01:25:40La même incrédulité
01:25:42que quand on m'a appris
01:25:43la mort de maman.
01:25:44Ce n'est pas possible.
01:25:45Ce n'est juste pas possible.
01:25:48Deuxième effondrement,
01:25:49quand on nous apprend
01:25:50que le dossier
01:25:50est clos,
01:25:53que ça ne continue pas,
01:25:55que c'est terminé.
01:25:59On acquitte...
01:26:00On acquitte un homme
01:26:01et on ne recherche pas
01:26:02le coupable.
01:26:04Vous ne pouvez pas
01:26:05faire réouvrir le dossier ?
01:26:06On ne peut pas
01:26:07faire réouvrir le dossier
01:26:08sans nouvel élément.
01:26:10Absolument.
01:26:11Et comment vous avez
01:26:12vécu ce procès ?
01:26:13Pour moi, la justice
01:26:14m'a tué maman.
01:26:15Une deuxième fois.
01:26:17C'est...
01:26:18J'ai l'impression
01:26:19de repartir de zéro
01:26:20après ce procès.
01:26:22de me rejeter
01:26:25dans le deuil
01:26:25comme si elle venait
01:26:26d'être assassinée.
01:26:28Et une sensation
01:26:30d'injustice totale.
01:26:32Quelle empreinte
01:26:32cette affaire
01:26:33a-t-elle laissée
01:26:34sur vos vies ?
01:26:37Il y a un énorme
01:26:38trou en moi.
01:26:40Il y a une part de moi
01:26:41qui est morte avec maman
01:26:42et qui ne reviendra jamais.
01:26:45Comment ça se passe
01:26:45maintenant dans la famille
01:26:47avec vos sœurs ?
01:26:49On travaille beaucoup
01:26:50pour rester unies.
01:26:52même si ce n'est pas
01:26:54toujours évident
01:26:55entre ma grande sœur
01:26:56et moi.
01:26:57On arrive à se disputer
01:26:58sur d'autres choses
01:26:59pour ne pas se disputer
01:27:02à ce sujet-là.
01:27:04Mais on s'aime énormément.
01:27:08Après, c'est sûr
01:27:08que ça nous a
01:27:09beaucoup fait de mal.
01:27:11Il a vraiment fait
01:27:12beaucoup de mal
01:27:13à notre famille.
01:27:14Sylvain Schrutt
01:27:22a donc passé
01:27:22plus de trois ans
01:27:23de sa vie en prison
01:27:24pour un crime
01:27:25dont la justice
01:27:26a fini par le blanchir.
01:27:28Des années
01:27:29pour lesquelles
01:27:30il devrait être indemnisé.
01:27:32de sa vie.
01:27:33Musique du générique
01:27:34...
01:28:04...
01:28:08...
01:28:12...
01:28:16...
01:28:20...
01:28:22...
01:28:24...
01:28:26...