Pompier à Paris, Ludovic Chabé enchaîne les jours et les nuits de garde. Mais quand il rentre chez lui, en Picardie, le samedi 26 février 2005, une scène sidérante l'attend : le corps de sa femme est allongé, en pyjama, sur le carrelage du salon. Un foulard serré autour du cou. La maison était fermée à clé de l'intérieur. Il n'y a pas eu d'effraction. Le mari appelle les secours en état de choc. L'affaire Chabé commence. Le médecin appelé sur les lieux n'explique pas la mort de la jeune femme. Chute accidentelle, crime ? Il y a quelques traces de sang près de la tête de Françoise et son visage est tuméfié.
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00:00:002. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:10Utilisez une clé à cliquet.
00:00:133. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:20Utilisez une clé à cliquet.
00:00:233. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:31Françoise Chabé. Cette affaire, c'est un peu le mystère de la chambre jaune.
00:00:37Une femme, retrouvée morte en pyjama sur le carrelage de son salon, étranglée par son écharpe,
00:00:44le visage tuméfié et sa maison fermée à clé de l'intérieur.
00:00:49Aucune effraction, aucun désordre, pas de vol, pas de poutre auquel Françoise Chabé aurait pu se pendre.
00:00:56La scène était tellement impressionnante que son mari en est resté sidéré, incapable de lui prodiguer les premiers secours.
00:01:04Curieux pour un pompier professionnel.
00:01:07Il est 8h du matin. C'est l'heure de la relève de la garde à la caserne des pompiers de Montreuil-sous-Bois, aux portes de Paris.
00:01:21On croise la garde montante. On vérifie bien que le quota de personnel est bien remplacé, forcément.
00:01:27Et puis, à ce moment-là, on peut partir, on peut quitter la caserne.
00:01:31Ludovic Chabé est pompier professionnel. Il a 28 ans.
00:01:35Après une garde de 48 heures, il rentre chez lui au nord de la Picardie.
00:01:40200 kilomètres d'une route qu'il connaît par cœur, il l'emprunte chaque semaine.
00:01:46Il avait neigé la nuit, mais bon, il fallait 2 heures pour rentrer.
00:01:52Ludovic et sa jeune épouse Françoise habitent le village d'Embercourt, à la lisière du Pas-de-Calais.
00:01:59Un an plus tôt, ils y ont acheté une petite maison.
00:02:03À son arrivée, Ludovic trouve la porte d'entrée fermée à clé.
00:02:08Ce qui n'a rien d'étonnant, à cette heure-là, un samedi, sa femme dort peut-être encore.
00:02:15J'ai ouvert la porte et la première chose que j'ai lue, c'est Françoise allongée par terre.
00:02:23Françoise gît sur le carrelage. Elle est en pyjama sur le ventre.
00:02:29Il y a des traces de sang à quelques centimètres de sa tête.
00:02:35Quand je l'ai retournée, j'ai vu son visage si anosé.
00:02:41J'ai mis ma main dans la sienne, sa main était froide.
00:02:45C'est son oeil. Il y a un oeil qui était très, très enflé et c'est ce qui m'a choqué.
00:02:53Le visage tuméfié de Françoise présente aussi une grosse coupure à la lèvre.
00:03:00C'est son visage. Son visage m'a terrifié.
00:03:04Et là, dans la tête, c'est l'apocalypse. C'est fini.
00:03:11Ludovic appelle les pompiers. Il est exactement 10h04.
00:03:17Puis il téléphone à ses parents, à cette Françoise et enfin à son capitaine à la caserne de Montreuil.
00:03:25Le pire, c'est d'être seul. On est seul, on ne sait pas quoi faire. On est perdu.
00:03:33Les pompiers arrivent sur place à 10h12.
00:03:37Très vite rejoint par l'équipe des urgences de Doulens, à 10 kilomètres de là.
00:03:43Ils retournent le corps de Françoise que Ludovic avait remis face contre terre.
00:03:52Au toucher, la chaleur est pour moi quasi normale au niveau du corps.
00:03:56Ce n'est pas quelqu'un qui est rigide. On a pu la mobiliser sans problème.
00:04:00Il n'y a pas encore de lividité au niveau du corps.
00:04:04Le corps, pour moi, il est encore très chaud.
00:04:12Françoise est en arrêt cardio-respiratoire. Du sang s'écoule de ses oreilles.
00:04:18Elle porte encore ses boulequièsses bizarres.
00:04:22Les pompiers dénouent avec difficulté l'écharpe qui est serrée autour de son cou.
00:04:27On voit une marque au niveau du cou qui est peu présente.
00:04:31Mais il y a quelque chose au niveau du cou.
00:04:34Et puis il y a surtout, lors d'essais d'intubation, une déviation.
00:04:38Il y a quelque chose au niveau de la trachée qui n'est pas normale.
00:04:43Je bloque complètement parce que l'intubation est impossible.
00:04:47Les gendarmes de Doulens arrivent à Humbercourt à 10h30.
00:04:52La réanimation continue. Massage cardiaque. Adrénaline.
00:04:56Mais rien n'y fait.
00:04:58Le tracé du cœur de Françoise reste désespérément plat.
00:05:03Elle est jeune. Elle paraît jeune.
00:05:05Notre envie, c'est de récupérer la vie.
00:05:08Donc on s'acharne pendant une demi-heure, trois quarts d'heure.
00:05:12Je sais ce que c'est que des gestes de réanimation.
00:05:15C'est des gestes de réanimation.
00:05:18Je sais ce que c'est que des gestes de réanimation.
00:05:21C'est des gestes, entre guillemets, quand même pas beaux à voir.
00:05:26Je voulais pas voir ça sur mon épouse.
00:05:33Ludovic s'est réfugié dans le jardin,
00:05:36bientôt rejoint par ses parents et ceux de Françoise.
00:05:40Après une demi-heure d'effort, pompiers et médecins arrêtent la réanimation.
00:05:49Il est plutôt un peu en retrait par rapport à ce qui s'est passé.
00:05:53Je lui demande s'il y a eu des problèmes,
00:05:56s'il avait des antécédents particuliers.
00:05:59Enfin voilà, j'essayais de comprendre un petit peu mieux.
00:06:01Il n'y a pas d'explication.
00:06:02Elle me dit qu'elle n'arrivait pas à dormir en ce moment.
00:06:05Mais pour lui, il n'y a aucune raison.
00:06:09Donc malheureusement, je lui dis qu'elle est décédée.
00:06:13Aucune réaction.
00:06:16Et puis en même temps, il nous parle.
00:06:19Moi, j'étais ailleurs, je n'étais plus là.
00:06:24Françoise avait 24 ans.
00:06:26Elle était en bonne santé.
00:06:28Alors est-elle tombée ?
00:06:29S'est-elle suicidée ?
00:06:31Le mystère est total.
00:06:33Le médecin légiste, dépêché sur place,
00:06:35confirme qu'une autopsie sera nécessaire
00:06:38pour déterminer les causes de la mort.
00:06:41Le pompier me dit qu'il a enlevé un foulard qui était très serré.
00:06:46Mais il n'y a pas de possibilité de pendaison à l'endroit où elle est.
00:06:51C'est-à-dire que ce n'est pas possible.
00:06:53Au niveau de la maison, il n'y a pas de poutre, il n'y a rien.
00:06:56Donc moi, je me pose la question, je dis,
00:06:58mais elle ne s'est pas pendue, ce n'est pas possible.
00:07:04Les gendarmes inspectent la maison.
00:07:06Tout semble en ordre.
00:07:08Aucun signe d'effraction, aucune trace de lutte, pas de vol.
00:07:12Dans la chambre, le lit n'est défait que d'un seul côté.
00:07:16Françoise a visiblement dormi seule.
00:07:19Les gendarmes font le tour de la maison
00:07:21et ne relèvent aucune trace de pas suspect.
00:07:24Mais étrangement, en dépit du flou sur les causes de la mort,
00:07:27la maison n'est pas mise sous scellée.
00:07:30Du coup, les deux familles reviennent le soir même faire un peu de rangement.
00:07:39Il y avait une tâche de sang au niveau du visage de Françoise où elle était.
00:07:45Sa mère l'a essuie avec une serpille.
00:07:48Comme tout le monde, ça lui a fait mal de voir ça.
00:07:51Finalement, elle a pris une serpille, elle l'a essuie.
00:07:57Une fois le ménage terminé, tout le monde quitte Humbercourt.
00:08:02Ce soir-là, Ludovic dormira chez ses parents.
00:08:09Thérèse Chabé, vous êtes la mère de Ludovic.
00:08:12Dans quel état est votre fils quand vous arrivez chez lui ?
00:08:15Il est accablé, en pleurs.
00:08:18Il est complètement déboussolé.
00:08:21Il ne comprend pas ce qui se passe ?
00:08:23Il ne comprend pas ce qui se passe. Il est complètement perdu.
00:08:27Vous aviez de bonnes relations avec Françoise, votre belle-fille ?
00:08:30Oui, oui, oui. Pour nous, c'était plus une fille qu'une belle-fille.
00:08:34Je la considérais au même niveau qu'Isabelle, ma fille.
00:08:37C'était une femme gaie ?
00:08:39C'était une femme joviale, gaie, courageuse.
00:08:43Elle était courageuse.
00:08:45Et elle disait les choses comme elle le pensait.
00:08:49Sans détour.
00:08:51C'était un couple qui s'entendait bien ?
00:08:53Ah oui, oui.
00:08:55Ça se voyait parce que,
00:08:57mis à part quand Ludovic était absent de par sa raison,
00:09:01quand Ludovic était absent de par sa raison professionnelle,
00:09:05ils étaient toujours tous les deux.
00:09:08Toujours, toujours.
00:09:10Ce soir-là, avant de rentrer chez vous,
00:09:14vous faites un peu le ménage dans la maison de Ludovic.
00:09:17Oui, accompagnée de la mère de Françoise.
00:09:20Elle n'avait pas eu le temps de faire sa petite vaisselle.
00:09:24On a fait la vaisselle.
00:09:26Sa mère a voulu qu'on refasse le lit.
00:09:29Il y avait de la neige, donc on a donné un coup au pavé.
00:09:35Disons qu'on a fait un petit peu bien le ménage.
00:09:39Et personne ne vous avait déconseillé ou interdit de le faire ?
00:09:43Personne.
00:09:45Donc, pour nous, on a agi normalement.
00:09:50Pour nous, c'était logique de faire ce qu'on a fait.
00:09:56Lundi 28 février, Françoise est morte depuis deux jours.
00:10:00Son autopsie est pratiquée au centre hospitalier d'Amiens.
00:10:05Le rapport d'autopsie va relever une trace de ripage
00:10:10sur le cou de Françoise Chabais d'à peu près 2 cm,
00:10:14sans pour autant relever de traces de lutte, de traces de défense.
00:10:19Le sillon autour du cou de Françoise n'est pas net.
00:10:23Mais le diagnostic des médecins légistes est sans équivoque.
00:10:28Françoise est morte par asphyxie mécanique.
00:10:33Elle avait un foulard très serré autour du cou
00:10:38qui a laissé une trace que tout le monde a vue,
00:10:42que ce soit le médecin, du SMUR, jusqu'à l'autopsie.
00:10:47Donc oui, elle est morte de strangulation, c'est évident.
00:10:51Ce n'est ni un accident ni un suicide.
00:10:55Françoise Chabais a été étranglée, probablement avec son foulard.
00:11:00Les médecins relèvent trois hématomes au front, à la lèvre et à l'arrière de la tête.
00:11:06A-t-elle été cognée contre le sol ou contre un meuble ?
00:11:10Aucune trace d'alcool, de stupéfiants ou de médicaments.
00:11:14L'autopsie montre aussi que Françoise n'avait pas pris de petit déjeuner.
00:11:18Reste maintenant à déterminer l'heure de sa mort.
00:11:23A l'autopsie, il y a eu effectivement une première conclusion
00:11:27qui donnait un créneau horaire assez large entre 6h et 10h
00:11:31et précisant vraisemblablement plus aux alentours du 8h du matin.
00:11:37Difficile de donner un horaire plus précis.
00:11:40Mais Françoise a dû mourir très peu de temps avant que Ludovic ne la découvre.
00:11:49Quatre jours après la découverte du corps,
00:11:52la maison d'Humbercourt est enfin mise sous scellée.
00:11:55Une information judiciaire contre X est ouverte pour assassinat.
00:12:01Françoise a donc été assassinée.
00:12:04La tournure criminelle de l'affaire laisse les proches du jeune couple incrédules.
00:12:10Je l'ai appris en même temps que mon épouse.
00:12:14Et oui, ça fait un choc.
00:12:18Ça fait un choc.
00:12:20Quand on vous dit que c'est un crime,
00:12:24on se pose des questions.
00:12:26Humbercourt, c'est un petit village.
00:12:29Qui ?
00:12:37On n'y croit pas.
00:12:39Enfin, on ne peut pas y croire.
00:12:42Qui pourrait faire mal à Françoise ?
00:12:45Elle n'avait pas d'ennemis.
00:12:50À la limite, je serais rentré, il y aurait eu fraction.
00:12:54Mais là, c'est incompréhensible.
00:13:00Les gendarmes entendent la famille et les amis de Françoise.
00:13:04Tous brossent le portrait d'une jeune femme gaie,
00:13:07mais aussi réservée à l'intimité.
00:13:10Françoise, si je la décris en deux mots,
00:13:13c'était le sourire permanent.
00:13:16Par contre, quand elle avait quelque chose à dire,
00:13:19elle ne crachait pas dans ses mains, elle le disait.
00:13:22Il n'y avait pas de surprise avec elle.
00:13:25Très, très riante, toujours gaie.
00:13:28Bosseuse, travaillée.
00:13:31Vraiment une fille agréable.
00:13:34Cadette d'une fratrie de trois,
00:13:37Françoise a eu une enfance heureuse,
00:13:40sans difficultés particulières.
00:13:43Des études modestes et un amour de jeunesse ludovique.
00:13:46Rencontrée à l'école, elle n'avait que 17 ans,
00:13:49et lui, 21.
00:13:52Ils se sont rencontrés au lycée.
00:13:55Ils se sont un petit peu fricotés, comme on dit.
00:13:58Et puis, ils se sont rencontrés au lycée.
00:14:01Ils se sont fricotés, comme on dit.
00:14:04Et puis, bon, ils se sont quittés.
00:14:07Et ils se sont retrouvés peu de temps après.
00:14:10Et là, ils ne se sont plus quittés.
00:14:13On s'était fiancés, mariés, et puis forcément,
00:14:16l'aboutissement aurait été d'avoir un enfant.
00:14:19On en parlait, mais on n'était pas non plus pressés.
00:14:22On avait le temps, on était jeunes.
00:14:25C'est le contraire de jeunes qui papillonnent.
00:14:28On est fidèles à partir de 17, 18 ans.
00:14:31Sagement, pour économiser de l'argent,
00:14:34ils ont vécu chez les parents de Ludovic avant d'acheter leur maison.
00:14:37Ils ont acheté une petite maison dans un petit village.
00:14:40On est face à 2 petits jeunes,
00:14:43sages, travailleurs.
00:14:49Ludovic a embrassé la carrière de pompier professionnel
00:14:526 ans plus tôt.
00:14:55Plus qu'un métier, une vocation.
00:14:58Françoise était secrétaire administrative et commerciale
00:15:01au sein d'une petite entreprise de produits agricoles.
00:15:06Elle était arrivée en 2003 dans l'entreprise.
00:15:09Elle était très courageuse,
00:15:12pleine d'énergie,
00:15:15pleine de qualité, à mon sens,
00:15:18puisque nous l'avions chargée de l'accueil de la clientèle
00:15:21et toujours prête à rendre service
00:15:24à l'ordre de notre entreprise.
00:15:28Ses parents étaient fermiers.
00:15:31Même après avoir terminé son travail au bureau,
00:15:34au moment des moissons et tout ça,
00:15:37elle n'hésitait pas à aller donner un coup de main.
00:15:40Sa mère appelait, elle allait donner un coup de main.
00:15:43Ludovic aussi, du reste.
00:15:46Ludovic, Françoise,
00:15:49un couple tellement sans histoire
00:15:52qu'il n'y avait aucune impression faite pour eux.
00:15:55Peu de contact avec les voisins et très peu d'amis.
00:15:58Une vie sociale réduite aux repas en famille.
00:16:01D'ailleurs, la veille de sa mort,
00:16:04Françoise dînait chez ses beaux-parents à 20 km de chez elle.
00:16:07C'était son habitude lorsque Ludovic était de garde.
00:16:13Elle est venue dîner ici en sortant de son travail.
00:16:16J'étais surprise parce qu'étant donné l'état des routes,
00:16:19il y avait de la neige, qu'elle était à l'heure.
00:16:25On a passé la soirée ensemble,
00:16:28on a parlé de tout et n'importe quoi.
00:16:31Et puis je lui ai dit,
00:16:34regarde, il neige encore, tu vas dormir là
00:16:37puisque demain vous venez manger.
00:16:40On appellera Ludovic, il reviendra directement.
00:16:43Non, non, non, elle m'a dit, je repars chez moi.
00:16:46Je ne pouvais pas l'attacher.
00:16:49Les parents Chabé n'ont rien noté de spécial au cours du dîner.
00:16:52À 23h, une fois rentrée chez elle à Imbercourt,
00:16:55Françoise a parlé au téléphone avec Ludovic
00:16:58pendant un peu moins de 10 minutes.
00:17:01Leur dernière conversation.
00:17:07On avait pour habitude de se rappeler quand elle était rentrée.
00:17:10Moi, j'étais rassuré parce qu'il y a une demi-heure de route,
00:17:13c'est l'hiver, il y a de la neige.
00:17:16Quand je l'ai eue, ça allait.
00:17:19Je l'avais le moral.
00:17:22Le samedi soir, on devait recevoir des amis.
00:17:25On avait parlé du repas, du menu, du vin.
00:17:28Une discussion banale quand on reçoit des amis.
00:17:31Un couple amoureux, une vie bien rangée
00:17:34avec une petite ombre au tableau tout de même.
00:17:37Les proches de Françoise sont unanimes.
00:17:40Depuis quelques semaines, elle avait des insomnies.
00:17:43Elle semblait anxieuse.
00:17:46Elle avait perdu sa bonne humeur.
00:17:49Elle me disait, je suis un peu fatigué,
00:17:52un peu aussi le travail.
00:17:55Ça arrive à tout le monde en même temps.
00:17:58Je ne me suis pas plus inquiété.
00:18:01Ça a été plus en s'accentuant.
00:18:04C'était plus proche, plus fort.
00:18:07Ludovic n'est pas le seul à être déconcerté
00:18:10par le mal-être de son épouse.
00:18:13On lui a posé la question.
00:18:16Elle nous a dit qu'un de ses collègues de bureau
00:18:19l'embêtait fortement.
00:18:22Ludovic lui avait proposé d'aller voir
00:18:25ce collègue de bureau.
00:18:28Elle a dit non, c'est une affaire de travail.
00:18:31Ça reste au travail.
00:18:34Elle pouvait tomber en larmes
00:18:37au milieu d'un repas,
00:18:40au milieu d'une discussion, en pleine nuit.
00:18:43Un changement de comportement
00:18:46qui n'a pas non plus échappé
00:18:49au patron de Françoise.
00:18:52Le lundi qui a précédé sa mort,
00:18:55sa secrétaire a été prise de nausée.
00:18:58Elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas continuer.
00:19:01Si tu vomis, peut-être que tu as des petits pieds qui poussent.
00:19:04Une jeune mariée, on pense plutôt à des heureux événements
00:19:07qu'au reste.
00:19:10Elle m'a dit non, je ne suis vraiment pas bien.
00:19:13Je lui ai dit d'aller voir ton docteur immédiatement.
00:19:21Ludovic accompagne Françoise chez le médecin.
00:19:24Pour le docteur, c'est un simple surmenage
00:19:27il lui prescrit un somnifère
00:19:30et un arrêt de travail de trois jours.
00:19:34Elle revient le jeudi matin.
00:19:37Ça n'a pas duré très longtemps.
00:19:40Le jeudi matin, elle était mieux.
00:19:43Elle paraissait mieux.
00:19:46Deux jours plus tard, Françoise était assassinée.
00:19:49Une fin tragique qui rappelle à son patron
00:19:52qu'elle avait eu un comportement inhabituel la veille de sa mort.
00:19:55Elle avait eu une communication téléphonique
00:19:58qui avait duré assez longtemps
00:20:01et elle était sortie à l'extérieur
00:20:04pour répondre à cet appel téléphonique sur son portable.
00:20:10Mais les gendarmes ne trouvent aucune trace
00:20:13d'un appel émis ou reçu cet après-midi-là.
00:20:16Étrange, tout comme cette déclaration énigmatique
00:20:19deux jours avant sa disparition.
00:20:23Elle a dit à ses collègues qui étaient présents
00:20:26de toute façon, plus rien ne sera comme avant.
00:20:29Mais rien quoi, on n'en sait rien.
00:20:32On n'a absolument aucune idée de ce que voulait dire Françoise Chabais
00:20:35et de ce qu'elle avait à l'esprit.
00:20:38On se dit que ça a forcément un lien
00:20:41que sa mort a un lien avec cet état moral de Françoise
00:20:44et donc on va essayer de creuser
00:20:47on va essayer de voir si ça ne vient pas du côté du couple
00:20:51parce que c'est vrai que le couple est décrit par tout le monde
00:20:54comme un couple idéal, qui s'entendait à merveille
00:20:57jamais un mot plus haut que l'autre
00:21:00donc apparemment une vie parfaite, idyllique
00:21:03mais dans ce cadre-là, comment se fait-il que Françoise soit déprimée ?
00:21:11Madame Chabais, votre belle-fille n'allait pas très fort ces derniers temps
00:21:14vous l'aviez remarquée vous aussi je crois ?
00:21:17Oui, elle était un peu dépressive
00:21:20Comment ça se manifestait ?
00:21:23Par des pleurs
00:21:26Elle était chez vous et d'un seul coup elle se mettait à pleurer ?
00:21:29Elle se mettait à pleurer sans savoir pourquoi
00:21:32puis elle était nettement moins riante
00:21:35plus renfermée
00:21:38Et vous lui aviez posé des questions ?
00:21:41On lui a demandé qu'est-ce qui l'a tracassé
00:21:44et la seule réponse qu'elle nous a donnée c'était la mésentente
00:21:47avec ce collègue de travail
00:21:50De toute façon ce collègue n'est autre que mon beau-frère
00:21:53On sait qu'il mène tout le monde à la baguette, même dans la famille
00:21:56Et là voyant Françoise déprimée, mon mari et moi on est allés le voir
00:21:59Sans lui dire à elle ?
00:22:02Sans lui dire
00:22:05Et vous lui avez dit quoi à cet homme ?
00:22:08On lui a dit pourquoi est-ce que tu mènes la vie dure à Françoise, à son travail ?
00:22:11Parce qu'elle fait mal son travail
00:22:14C'est peut-être pas à toi de juger si elle fait mal son travail
00:22:17Il y a quand même le patron qui est là
00:22:20Et comment elle a réagi quand elle a su que vous étiez allés voir ce collègue ?
00:22:23Sur le coup elle s'est demandé si ça n'allait pas être pire
00:22:26Puis on lui a dit
00:22:29Si il continue tu nous le dis
00:22:32Et après il s'est calmé un peu ?
00:22:35D'après Françoise oui
00:22:42Audition des proches de la victime
00:22:45Examen des emplois du temps
00:22:49Enquête de voisinage
00:22:52Les gendarmes de Doulan-Sédamien mènent leurs investigations
00:22:58Mais l'enquête a mal démarré
00:23:01Dans les premières heures la piste criminelle n'était pas une priorité
00:23:04Alors les constatations dans la maison d'Hamburgourg
00:23:07N'ont pas été vraiment faites dans les règles de l'art
00:23:10C'est pas l'enquête parfaite
00:23:13Je pense qu'on aurait très bien pu partir
00:23:16Sur une qualification de meurtre
00:23:19Ou de coup mortel
00:23:22C'est à dire quelque chose de criminel
00:23:25Dès l'origine avec un gel immédiat des lieux
00:23:28Quand vous voyez qu'on n'a pas cantonné la scène du crime
00:23:31Que les familles sont venues nettoyer
00:23:34La maman de Françoise
00:23:37Les parents de Ludovic Chabais sont venus nettoyer la maison
00:23:40C'est inconcevable
00:23:45On pense notamment à ce mégot de cigarette
00:23:48Qu'un pompier aurait vu sur le sol près du corps
00:23:51Mais qui n'a pas été placé sous scellé
00:23:55Françoise fumait de temps en temps
00:23:58Mais si ce mégot était celui de quelqu'un d'autre
00:24:02Les sapeurs-pompiers, quand ils ont terminé leur intervention
00:24:05Ils ramassent tout ce qu'il y a à côté
00:24:08Que ce soit du matériel médical
00:24:11Comme effectivement ce mégot de cigarette
00:24:14Il est placé dans un sac poubelle, il est jeté, c'est détérioré
00:24:17De telle sorte que si ce mégot de cigarette
00:24:20Était un indice porteur de l'ADN d'un éventuel criminel
00:24:23Vous ne le retrouveriez jamais
00:24:27Et ce n'est pas le seul raté
00:24:30Les fameuses boules caisses de Françoise
00:24:33N'ont pas été analysées à l'autopsie
00:24:37Ce qui nous aurait peut-être permis de savoir
00:24:40Si elles avaient été mises après la mort de Françoise Chabais
00:24:43Pour éventuellement arrêter l'écoulement de sang
00:24:46Ou si elles les avaient au moment des faits
00:24:53Négligence ou incompétence ?
00:24:56En tout cas ça fait des ordres
00:24:59Les gens qui n'ont pas grand chose
00:25:02S'intéressent alors aux conducteurs d'une mystérieuse voiture
00:25:05Le matin du crime vers 9h
00:25:08Les voisins d'Echabé ont aperçu un véhicule qu'ils ne connaissaient pas
00:25:11Faire demi-tour sur le chemin qui sépare les deux maisons
00:25:18Les véhicules qui sont passés
00:25:21En tout cas celui-là, on le retrouve
00:25:24Et on a retrouvé ce monsieur
00:25:27C'est un garde-chasse de la région
00:25:30Mais il n'a rien à voir avec Françoise Chabais
00:25:33Les gendarmes entendent un autre homme
00:25:36Le collègue qui enquiquinait Françoise
00:25:39Peu de temps avant le drame
00:25:42Il lui aurait dit qu'il voulait la voir entre quatre yeux
00:25:45L'emploi du temps de cet homme a été vérifié
00:25:48Et il semblerait que ce matin-là
00:25:51Il aurait un alibi, son ordinateur connecté à internet
00:25:55Le collègue de travail est mis hors de cause
00:25:58Et la piste d'un crime de rôdeur
00:26:01Passe elle aussi à la trappe
00:26:04Les voisins n'ont remarqué personne dans les parages ce matin-là
00:26:07Il n'y a pas eu de fouille
00:26:10Il n'y a pas de désordre
00:26:13Françoise Chabais est fermée à double tour
00:26:16Dans sa maison et à l'avant et à l'arrière
00:26:19Il n'y a pas de vol
00:26:22Bon
00:26:25Et selon sa famille, Françoise était bien trop pudique
00:26:28Pour ouvrir la porte en pyjama
00:26:31Sauf à connaître son visiteur
00:26:37Dominique, le juge d'instruction a demandé des expertises génétiques
00:26:40Ça donne quoi ?
00:26:43Des expertises génétiques sur le foulard
00:26:46Qui était retrouvé noué autour du cou de Françoise Chabais
00:26:50C'est un long foulard qui mesure 1m75
00:26:53Et qui fait 55 cm de large
00:26:56Et on va retrouver à l'extrémité du foulard
00:26:59Sur le bord, une tache de sang
00:27:02On va aussi retrouver 3 ADN
00:27:05Un ADN féminin, c'est celui de Françoise Chabais
00:27:08Sans surprise, c'est elle qui porte le foulard
00:27:11On va retrouver 2 ADN masculins
00:27:14Celui de son mari, Ludovic Chabais
00:27:17Il va falloir identifier un ADN mystérieux
00:27:20Jusqu'à ce qu'on découvre qu'il appartient à un pompier
00:27:23Qui est intervenu sur la scène de crime
00:27:26Et qui a laissé son ADN sur ce foulard
00:27:29Sans doute au moment où il le dénouait
00:27:32Ce qui est étrange, c'est que les 2 ADN masculins sont mêlés
00:27:35Celui de Ludovic Chabais et celui du pompier
00:27:38Et le foulard a été dénoué
00:27:41Mais ils étaient vraisemblablement, probablement
00:27:45On va d'abord regarder Frédéric sous les ongles de la victime
00:27:48Elle aurait pu se défendre, griffer son agresseur
00:27:51Ou lui arracher un morceau de tissu, de vêtement
00:27:54Qui aurait permis de retrouver quelque chose d'intéressant
00:27:57Or, il n'y a rien sous les ongles de Françoise Chabais
00:28:00On sait qu'elle n'a pas été agressée sexuellement
00:28:03Elle n'a pas été violée
00:28:06En revanche, on retrouve à l'examen gynécologique
00:28:09Du sperme dans ses parties intimes
00:28:13Parce qu'il a été mal prélevé, mal conservé
00:28:16Donc on n'y trouve pas d'ADN
00:28:19On n'arrive pas à déterminer l'ADN de ce sperme
00:28:22Celui de Françoise Chabais est en quantité trop importante
00:28:25Donc il noie l'ADN du sperme
00:28:28Qu'on aurait pu identifier
00:28:31Pas de résultat de ce côté-là
00:28:34En revanche, on retrouve des têtes de spermatozoïdes
00:28:37Les spécialistes disent que les têtes de spermatozoïdes
00:28:40Restaient décelables pendant une durée
00:28:43De 5 jours en général
00:28:46Mais exceptionnellement pour certains spermatozoïdes
00:28:49Jusqu'à 12 jours
00:28:52On va questionner Ludovic Chabais, le mari de Françoise
00:28:55Qui va déclarer, il va l'affirmer
00:28:58Qu'il n'a pas eu de relation sexuelle avec sa femme
00:29:01Depuis 8 à 10 jours
00:29:05Les semaines défilent
00:29:08Et les gendarmes n'ont pas grand-chose
00:29:11Quoique, à la réflexion, ils ont un homme
00:29:14Un homme qui a les clés de la maison
00:29:17Qui a découvert le corps
00:29:20Qui a appelé les secours
00:29:23Cet homme, c'est le mari Ludovic
00:29:26Depuis le 26 février
00:29:29Ludovic Chabais a été entendu à plusieurs reprises
00:29:32Il a toujours expliqué que selon lui
00:29:35Françoise était déjà morte quand il est arrivé
00:29:38Quand j'ai découvert, je savais qu'elle était décédée
00:29:41Je savais que ça faisait pas 5 minutes
00:29:44Pour moi, il y avait plus d'11 heures
00:29:47Sauf qu'à l'arrivée des secours
00:29:50Le corps de Françoise était encore chaud
00:29:53Et ne présentait aucune rigidité
00:29:56Les gendarmes ne comprennent pas pourquoi
00:29:59Ne pas faire les gestes de réanimation
00:30:02Ne pas enlever le foulard qui est serré autour du cou
00:30:05Quand on a une personne, en l'occurrence son épouse
00:30:08Qui est sur le sol et qui est violette
00:30:11Parce qu'elle étouffe
00:30:14Il ne va pas dégager les voies aériennes de sa femme
00:30:17C'est les pompiers qui arrivent
00:30:20Qui vont avoir même du mal à tirer sur ce foulard
00:30:23Un foulard sur lequel on trouve l'ADN de Ludovic
00:30:26La mort de Marie intrigue de plus en plus les gendarmes
00:30:29D'autant qu'après tout
00:30:32Il est le seul à détenir les clés de la maison
00:30:35D'après les expertises
00:30:38Françoise est morte entre 6h et 10h du matin
00:30:41Mais Chabey, lui
00:30:44A quelle heure est-il arrivé à Humbercourt ?
00:30:47Les gendarmes refont le trajet
00:30:50Que le pompier a emprunté
00:30:53Depuis la caserne de Montreuil
00:30:56Le 26 février au petit matin
00:30:59On sait qu'à 9h01
00:31:02Il a passé le PH de Roi
00:31:05Puisqu'on a le ticket et les éléments informatiques
00:31:08Qui en justifient
00:31:11Et c'est après le PH de Roi
00:31:14Que s'engage une route nationale départementale
00:31:17Qui va l'amener à 80km à Humbercourt
00:31:20Avec un véhicule identique
00:31:23En respectant les limitations de vitesse
00:31:26Les gendarmes arrivent à Humbercourt
00:31:29A 10h05, soit une minute
00:31:32Après que Ludovic a appelé les pompiers
00:31:35Alors ils remettent ça une seconde fois
00:31:38Mais en roulant 20km au-dessus de la vitesse autorisée
00:31:41Et ils arrivent chez les Chabey
00:31:44A 9h52
00:31:47Mais c'est compatible avec l'assassinat de Françoise
00:31:50Ils ne retiennent pas si on respecte la vitesse
00:31:53Ils retiennent que si on la dépasse
00:31:56Donc forcément, ils m'ont posé la question
00:31:59Est-ce que vous respectez ?
00:32:02J'ai dit oui, je conduis les camions de pompiers
00:32:05Donc j'ai pas intérêt à me faire supprimer le permis
00:32:08Donc je respecte
00:32:11Ludovic Chabey vous indique
00:32:14Il ne pouvait pas être sur les lieux à l'heure où est décédée Françoise
00:32:17Vu qu'il conduisait toujours très prudemment
00:32:20Qu'en plus il ne faisait pas beau
00:32:23C'était pas possible
00:32:26Sauf qu'il faut pas oublier que Ludovic Chabey est conducteur d'engin
00:32:29Que c'est lui qui conduit les engins
00:32:32C'est lui qui a l'habitude de rouler vite
00:32:35Les gendarmes placent la ligne téléphonique de Ludovic Chabey
00:32:38Sous surveillance
00:32:41C'est le cas du couple d'Anne-Sophie
00:32:44Qui est un hérotique
00:32:47Qui consulte aussi des sites de rencontres
00:32:50Alors que sa femme vient tout juste d'être enterrée
00:32:53Normalement, on n'a pas besoin quand on est bien dans son couple
00:32:56D'aller sur des sites de rencontres
00:32:59Ou d'aller sur des sites roses
00:33:02Ce genre de choses
00:33:05Ça traduit un malaise
00:33:09Tout cela reste assez anodin
00:33:12Mais au cours du mois d'avril
00:33:15Les écoutes donnent un nouveau tour à l'enquête
00:33:18Les gendarmes vont apprendre
00:33:21Que Ludovic Chabey a eu une relation sexuelle
00:33:24Avec une camarade de la caserne des sapeurs-pompiers
00:33:27Dans le métier de pompier
00:33:30Il y a plus d'hommes que de femmes
00:33:33C'est plus facile à parler à une femme
00:33:37Une femme pompier est devenue ma confidante
00:33:40On a passé une nuit ensemble
00:33:43C'était juste du réconfort
00:33:46Qu'on soit en deuil
00:33:49Et qu'on ait une relation hygiénique
00:33:52Ça se conçoit tout à fait
00:33:55Mais là où c'est différent
00:33:58C'est qu'il a laissé entendre
00:34:01À la personne pompier avec qui il a eu une relation
00:34:04Qu'il était amoureux
00:34:07La collègue de Ludovic confirme
00:34:10Qu'il voulait retrouver une femme
00:34:13D'ailleurs, il a même pensé
00:34:16Pouvoir refaire sa vie avec elle
00:34:19Décidément, le jeune veuf tourne rapidement la page
00:34:22À partir de là, la conviction est entière
00:34:25Pour les gendarmes
00:34:28Que le garçon capable, deux mois après la mort de sa femme
00:34:31D'avoir une relation sexuelle avec quelqu'un d'autre
00:34:34Ne peut qu'être l'assassin de son épouse
00:34:37L'idée est...
00:34:40C'est une moralité absolument aberrante
00:34:43Ils n'ont aucune preuve matérielle
00:34:46Aucun indice de quelque nature que ce soit
00:34:49Que Ludovic Chabé puisse être un assassin
00:34:52Mais cet événement-là
00:34:55Va faire basculer le destin de Ludovic Chabé
00:35:02Ludovic Chabé, pour les gendarmes comme pour le juge
00:35:05C'est désormais le suspect
00:35:08Alors, le 2 mai 2005, deux mois après les faits
00:35:11Le jeune pompier est placé en garde à vue
00:35:16La garde à vue débute à 10h du matin
00:35:19À la brigade de Doulens
00:35:22Il n'imagine tellement pas
00:35:25Qu'on va l'accuser, sérieusement
00:35:29Même quand les gendarmes lui annoncent
00:35:32Qu'il est soupçonné d'avoir assassiné sa femme
00:35:48Les auditions se succèdent
00:35:51Chabé répète ce qu'il a déjà dit
00:35:54Son emploi du temps le matin du crime
00:35:57La découverte du corps de Françoise
00:36:00Leur histoire s'ennuage
00:36:23Les gendarmes ne ménagent pas Chabé
00:36:26La nuit tombe
00:36:29Pour sa première journée de garde à vue
00:36:32Il n'a eu droit qu'à 1h45 de repos
00:36:35Le problème de cette garde à vue
00:36:38C'est qu'elle est gérée de manière un peu musclée
00:36:41Je veux bien que la garde à vue ne soit pas un câlin
00:36:44Néanmoins, il n'y a pas de temps de repos
00:36:47Ou très très court
00:36:50C'est hurlé autour de moi
00:36:53Aucune...
00:36:56Dans ces cas-là, c'est aucune pitié
00:36:59Ludovic Chabé va dire et redire
00:37:02Ce qu'il a toujours dit jusqu'à ce jour
00:37:05Et puis il va se passer un événement très particulier
00:37:08Qui va faire que la garde à vue va basculer
00:37:11Madame Chabé, le lundi du 2 mai 2005
00:37:14Vous recevez un coup de fil de la gendarmerie
00:37:17Oui, il était 10h20
00:37:20Je me rappelle de l'heure
00:37:23Et puis on m'a dit, la gendarmerie
00:37:26Votre fils est en garde à vue
00:37:29Alors là, j'ai dit mais pourquoi ?
00:37:32Qu'est-ce qui se passe ?
00:37:35Et on m'a raccroché au nez
00:37:38Et qu'est-ce que vous avez fait à ce moment-là ?
00:37:41À ce moment-là, j'ai appelé la mère de Françoise
00:37:44Parce que nous étions en bon terme
00:37:48Je lui ai dit, qu'est-ce qu'on fait ?
00:37:51Ludovic est en garde à vue, pas un mot
00:37:54Et on m'a raccroché au nez
00:37:57Et vous, cette garde à vue, elle vous tombe sur la tête ?
00:38:00Oui, parce que rien ne laissait présager
00:38:03Qu'ils avaient enquêté beaucoup plus sur Ludovic
00:38:06On ne savait pas du tout
00:38:09Parce que moi, connaissant mon fils
00:38:12Je savais que Ludovic n'aurait jamais touché
00:38:16Et donc vous recevez un deuxième coup de fil de la gendarmerie ?
00:38:19Oui, l'après-midi
00:38:22Vers 16h, 16h, 16h30
00:38:25Gendarmerie
00:38:28Il faut vous présenter tout de suite avec votre fille
00:38:31À la gendarmerie de Doulens
00:38:34Et là, on s'est posé plein de questions
00:38:37Parce que bon, est-ce que Ludovic n'a pas fait un malaise en garde à vue ?
00:38:41Est-ce qu'ils ne l'ont pas mal mené ?
00:38:44Tout vous passe par la tête
00:38:47Donc vous arrivez à la gendarmerie, et alors ?
00:38:50On nous a mis dans des pièces séparées
00:38:53Et là, on nous a dit, vous êtes en garde à vue pour avoir caché les photos
00:38:56De quelles photos s'agissaient-ils ?
00:38:59C'était des photos que Françoise avait laissées à la maison
00:39:02C'était des photos d'anniversaire avec ses collègues
00:39:05Rien de compromettant
00:39:08Et est-ce que les gendarmes vous parlent de votre fils ?
00:39:11Aucun moment
00:39:14Rien du tout ?
00:39:17Rien, mais comme moi, j'étais dans une pièce contiguë à celle d'Isabelle
00:39:20Et Ludovic était interrogé à l'étage
00:39:23On les entendait crier sur Ludovic
00:39:26Vous avez compris là, très clairement ?
00:39:29Là, très clairement que c'était mal parti pour Ludovic
00:39:32Et votre fils, vous l'avez vu en garde à vue ?
00:39:35Moi, je l'ai vu, parce qu'à un moment donné
00:39:38J'étais dans une autre pièce
00:39:41Et dans cette pièce, ce n'était que des vitres
00:39:44Donc, on m'a assis face à ces vitres
00:39:47Je vais un gendarme derrière, un de chaque côté
00:39:50Et puis, à ce moment-là, ils ont fait passer Ludovic devant moi
00:39:53Alors, Ludovic, je voyais qu'il était effondré
00:39:56Et à ce moment-là, ils l'ont remis dans la cellule
00:39:59Qui était face à cette pièce
00:40:02Ils m'ont présenté ma mère derrière une vitre
00:40:05Elle pleurait
00:40:07Moi, j'avais les main-notes au poignet, pieds nus
00:40:10Ils m'ont ramené dans la salle d'interrogatoire
00:40:13Ils m'ont dit, vous voyez, si vous ne parlez pas
00:40:16C'est elle qui part en prison
00:40:19En l'occurrence, il n'y a aucune infraction reprochée
00:40:22À la mère et à la sœur
00:40:24Donc, elles ne sont placées en garde à vue
00:40:27En vérité, que comme moyen de pression
00:40:31J'étais pas face à des gens qui essaient de chercher une vérité
00:40:34J'étais face à des gens qui voulaient un coupable
00:40:37Ils voulaient que ça se termine avec un coupable
00:40:40Pas le coupable, un coupable
00:40:43La mère et la sœur de Ludovic ont été libérés à 23h
00:40:46Mais lui ne le sait pas
00:40:49Il passe la nuit en cellule
00:40:52Et les auditions reprennent dès 7h du matin
00:40:55Vers midi, Chabé apporte tout à coup une explication
00:40:58Sur les hématomes que Françoise avait sur le visage
00:41:01Lorsque je l'ai retournée, je l'ai prise sous elle comme un bourrin
00:41:04J'ai dû laisser tomber sa tête sur le carrelage
00:41:07C'est la personne que vous aimez
00:41:10Vous n'y allez pas comme un bourrin
00:41:13Il la retourne comme un bourrin
00:41:16Et il la remet face contre terre
00:41:19Pourquoi la remettre face contre terre ?
00:41:22Il dit, j'avais peur de son œil
00:41:25Pour moi, c'est peur de l'œil accusateur
00:41:28Les gendarmes accentuent la pression
00:41:31Selon Chabé, ils lui font alors une étrange proposition
00:41:34Si vous expliquez que c'est un accident qui a mal tourné
00:41:37On sera reconnu comme accident
00:41:40Donc vous pouvez repartir et travailler
00:41:43On libère votre mère et votre sœur
00:41:46Et voilà, affaire classée
00:41:49Et au fur et à mesure, avec la fatigue
00:41:52Je ne m'alimentais pas, je ne buvais pas
00:41:55Au bout d'un moment, j'ai complètement craqué
00:42:01Vers 18h, dès le début du 9e interrogatoire
00:42:04Ludovic avoue
00:42:07Il a tué sa femme involontairement
00:42:10En jouant à un drôle de jeu
00:42:13Un jeu à eux
00:42:16Dans la foulée, les gendarmes l'emmènent chez lui
00:42:19Et lui demandent de leur montrer comment ça s'est passé
00:42:22Sur le procès-verbal, ils racontent
00:42:25Une scène ahurissante
00:42:28Dans laquelle Françoise et lui avaient un jeu habituel
00:42:31Que ce jeu consistait, lorsque Ludovic rentrait à la maison
00:42:34De taper dans ses mains
00:42:37Alors que Françoise était de dos
00:42:43Françoise devait alors se baisser à côté de Ludovic
00:42:47Françoise devait alors se baisser rapidement
00:42:50Pour éviter que les points de Ludovic
00:42:53Ne lui prennent la tête en étau
00:42:56Sauf que le 26 février, selon Chabé
00:42:59Ça s'est mal passé
00:43:02Ludovic Chabé va dire
00:43:05Ce matin-là, quand je suis rentré
00:43:08On a joué à notre jeu habituel
00:43:11J'ai tapé, Françoise n'a pas entendu
00:43:14Et je suis désolé
00:43:17Quelle drôle d'explication
00:43:20Ces aveux ne correspondent en rien aux constatations médico-légales
00:43:23Il n'y a aucun hématome sur l'étampe de Françoise
00:43:26Et cuide de la strangulation
00:43:29Ludovic n'en parle pas
00:43:32La garde à vue n'est pas terminée
00:43:35Pourtant les gendarmes arrêtent leurs interrogatoires
00:43:38Il leur restait 8 heures pour dire à Ludovic Chabé
00:43:41Écoutez monsieur, votre histoire de jeu
00:43:44C'est très bien, c'est un premier pas que vous faites
00:43:47Vous reconnaissez être l'auteur de la mort de votre femme
00:43:50Mais vous comprenez bien, ça colle pas
00:43:53Tout le monde s'en fiche absolument
00:43:56Peu importe ce qu'il raconte, à partir du moment où il dit que c'est lui
00:43:59Il faut le mettre en examen et l'incarcérer
00:44:02Le lendemain matin, dès 8h30
00:44:05Chabé est présenté au juge d'instruction
00:44:08Des aveux toujours aussi incohérents
00:44:11Mais Chabé est mis en examen pour homicide volontaire
00:44:17Le 4 mai 2005, le mari de Françoise dort à la prison d'Amiens
00:44:24Quant à la famille Chabé, elle est pulvérisée
00:44:28Ma soeur est venue me voir à la maison
00:44:33Pour nous dire que Ludovic était un assassin
00:44:37Et qu'il valait mieux s'éloigner de la famille
00:44:43Même mes parents s'étaient convaincus que c'était lui
00:44:48Parce qu'ils l'ont entendu à la télévision
00:44:51Donc c'était vrai
00:44:54Au début c'est dur
00:44:57Au début c'est dur
00:45:00Puis après on se dit c'est comme ça
00:45:03Madame Chabé, votre fils est incarcéré
00:45:06Et votre famille se divise
00:45:09Oui, nous avons coupé les ponts avec tous
00:45:13Et la famille de Françoise ?
00:45:16La famille de Françoise, nous n'en avons plus jamais entendu parler
00:45:19C'est pareil
00:45:22Et les collègues de Ludovic ?
00:45:25Les collègues de Ludovic ont été très présents
00:45:28Je ne pensais pas avoir un tel soutien
00:45:32Et ça se manifeste comment ce soutien ?
00:45:35Par des paroles, des petits gestes
00:45:38On vous prend par les épaules
00:45:41On vous fait un petit bisou
00:45:44On nous dit il faut tenir les coups
00:45:47Pour Ludovic, il faut être fort
00:45:50Et tout ça, ça nous a mis un peu de baume au cœur
00:45:53Dans toute cette soeur
00:45:56Et rapidement vous avez des nouvelles de Ludovic ?
00:46:00Oui, tous les matins à 8h, j'allais chercher mon courrier
00:46:03Et le vendredi matin, une joie immense
00:46:06Une lettre de Ludovic, j'avais reconnu son écriture
00:46:09Donc Ludovic, dans cette lettre
00:46:12Nous disait de tenir le coup
00:46:15Qu'il fallait se battre avec lui
00:46:18Qu'il n'avait rien fait
00:46:21Qu'il ne comprenait pas ce qu'on lui reprochait
00:46:24Dans cette lettre, il revient sur ses aveux ?
00:46:28D'une façon claire, formelle, qu'est-ce qu'il dit ?
00:46:31Oui, parce qu'il explique que dans sa garde à vue
00:46:34Les gendarmes lui ont dit d'inventer un jeu
00:46:37Qu'il a inventé un jeu
00:46:40Et vous y aviez cru à ce jeu justement ?
00:46:43Non, ça n'a jamais existé
00:46:46Et comment il est votre fils ? Il est un peu impulsif ?
00:46:49Non, Ludovic c'est un gars calme
00:46:52Quand on le voit, c'est vrai que
00:46:55C'est vrai qu'il a un visage
00:46:58Qu'on a l'impression qu'il est dur
00:47:01Mais non, c'est un dur au corps tendre
00:47:04Vous avez pensé à un moment donné
00:47:07Qu'il pouvait être coupable ? Non, jamais
00:47:10Vous n'avez jamais douté ? Jamais douté de lui
00:47:13Vous savez, on sait comment on élève ses enfants
00:47:16Donc les bases, elles restent
00:47:19Je n'ai jamais douté de Ludovic
00:47:22A aucun moment
00:47:25Devant le juge d'instruction
00:47:28Ludovic Chabais s'en tient maintenant à ses dénégations
00:47:31Sa femme était morte quand il est arrivé chez lui
00:47:34Un revirement qui ne plaît guère aux magistrats
00:47:37Le juge d'instruction va lui dire
00:47:40Arrêtez de nous prendre pour des cons
00:47:43Je le dis littéralement
00:47:46Françoise elle vous regarde depuis là-haut
00:47:49Françoise elle veut que vous disiez la vérité
00:47:52Et il faut la dire maintenant
00:47:55Elle n'aime pas ce que vous faites depuis là-haut
00:47:58Parfois quand j'essayais de me défendre
00:48:01Il me rigolait au nez
00:48:04Il me tutoyait, il m'appelait coco
00:48:07C'était quelqu'un de...
00:48:10Verbalement hyper agressif
00:48:13Une nouvelle reconstitution
00:48:16Est organisée quelques semaines plus tard à Humbercourt
00:48:19Mais cette fois, pas question pour Chabais de mimer quoi que ce soit
00:48:22En revanche, pour la première fois
00:48:25Il ne sait plus si la porte d'entrée était bien fermée à clé
00:48:28Sa femme l'avait peut-être déverrouillée avant qu'il n'arrive
00:48:31Mais un témoignage met à mal la défense de Chabais
00:48:34En décembre 2005
00:48:37Plus de 8 mois après les faits
00:48:40Les gendarmes ont entendu la voisine
00:48:43Celle qui leur avait signalé cette voiture
00:48:46Qui avait fait demi-tour
00:48:49En fait, elle ne leur avait pas tout dit
00:48:52De peur d'aller au tribunal
00:48:57La voisine d'en face de la famille Chabais
00:49:00Va indiquer, alors qu'elle a déjà été entendue 4 fois
00:49:03Et que sur ces 4 procès verbaux, elle indisait au gendarme
00:49:06Je n'ai rien vu, rien entendu
00:49:09Elle va venir dire au gendarme
00:49:12J'étais avec mon mari derrière la maison des époux Chabais
00:49:15Et à une bonne centaine de mètres
00:49:18Avec mon mari, nous travaillons
00:49:21Et j'ai vu Françoise Chabais vivante à sa fenêtre
00:49:26Elle a vu Françoise à sa fenêtre
00:49:29Et elle a dit justement à son mari
00:49:32Tiens, il y a Françoise qui fait ci, qui fait ça
00:49:35Et peu de temps après, il y a monsieur Chabais qui rentre
00:49:38Elle l'a vu rentrer aussi
00:49:41Françoise aurait donc été vivante à l'arrivée de Ludovic
00:49:44Une déposition qui n'arrange pas les affaires de Chabais
00:49:47Pas plus que ces lettres anonymes
00:49:50Qui arrivent sur le bureau du juge d'instruction
00:49:55Rédigées dans un français défaillant
00:49:58Elles chargent le pompier
00:50:05Des courriers anonymes
00:50:08Qui donnent des informations
00:50:11Qui ont directement trait à l'affaire
00:50:14Par exemple, je me souviens d'un courrier de ce corbeau
00:50:17Qui écrivait que Ludovic Chabais avait tué sa femme
00:50:20Pour être avec la jeune sapeur-pompier
00:50:23Avec laquelle il avait eu cette relation sexuelle unique à la caserne
00:50:28Des expertises graphologiques sont ordonnées
00:50:31Elles ne permettent pas d'identifier le mystérieux corbeau
00:50:34Mais elles confortent peut-être le juge
00:50:37De plus en plus convaincu que Chabais est coupable
00:50:44Un deuxième juge prend l'instruction en main
00:50:47Et ce qui l'intéresse, c'est le mobile
00:50:50Pourquoi Ludovic Chabais aurait-il étranglé sa femme ?
00:50:53En étudiant les communications téléphoniques de Françoise
00:50:56Les gendarmes découvrent alors quelque chose
00:50:59Un secret qui va faire rebondir l'affaire
00:51:02Les enquêteurs vont croiser les données téléphoniques
00:51:05On appelle ça l'exploitation des fanettes
00:51:08Et vont se rendre compte que Françoise Chabais
00:51:11Est en relation habituelle
00:51:14Avec le même numéro de téléphone
00:51:17Depuis le mois de novembre 2004
00:51:20Donc depuis déjà plus de 3 mois avant son décès
00:51:24Des communications régulières avec un numéro de portable
00:51:27Généralement vers 18h
00:51:30La ligne, au nom de l'employeur de Françoise
00:51:33Est exclusivement utilisée par un commercial de l'entreprise
00:51:36Toujours en déplacement
00:51:39Un dénommé Stéphane
00:51:42En tant que collègue, il avait déjà été entendu
00:51:45A deux reprises par les gendarmes
00:51:48La première fois qu'il est auditionné par les gendarmes
00:51:51Il dit Stéphane, moi Françoise je ne la connais pas vraiment
00:51:54C'est une collègue de travail
00:51:57Nous n'avons pas de relation particulière
00:52:00C'était une fille sérieuse
00:52:03Qui ne parlait jamais de sexe, ne draguait pas
00:52:06A la question de savoir si Françoise
00:52:09Pouvait avoir eu une liaison avec un collègue
00:52:12Stéphane avait répondu non, ce n'est pas le genre
00:52:15En ce qui me concerne, il n'y a jamais rien eu entre nous
00:52:18Et puis, il avait aussi apporté une précision déroutante
00:52:21Et je me souviens qu'elle n'allait pas bien
00:52:24Et que pour la faire rire
00:52:28Étonnant d'évoquer spontanément le foulard de Françoise
00:52:31Quelques jours seulement après le meurtre
00:52:34Des mois plus tard, les gendarmes veulent en savoir plus
00:52:37Sur ces fréquents coups de fil
00:52:40Stéphane évoque des discussions de travail
00:52:43Ou des confidences à propos de la dépression de sa femme
00:52:46Des échanges qui s'arrêtent subitement
00:52:49Le 2 février 2005
00:52:52Trois semaines avant la mort de Françoise
00:52:56Après une dernière communication
00:52:59Inhabituellement longue
00:53:02Elle a duré 13 minutes
00:53:05Mais il n'en a plus aucun souvenir particulier
00:53:08Donc il ne peut pas nous dire ce qu'ils se sont dit
00:53:11En tout cas, une chose est sûre, à partir du février
00:53:14Il n'y a plus aucun appel entre Françoise et Stéphane
00:53:17Et surtout, Françoise, elle plonge dans cette dépression
00:53:20Que tout le monde a constatée
00:53:23Devant les gendarmes, mettent ce collègue de travail sur le grill
00:53:26Près d'un an après les faits
00:53:29En janvier 2006 et...
00:53:32Stéphane va finir devant les gendarmes
00:53:35Par reconnaître avoir eu une relation sexuelle
00:53:38Unique au mois de novembre 2004
00:53:41Donc trois mois et demi avant la mort de Françoise
00:53:44Dans les locaux de l'entreprise
00:53:47Un jour entre midi et deux dans la petite cuisine de l'entreprise
00:53:50Mais cela n'est arrivé qu'une seule fois
00:53:53Ça s'est fait rapidement
00:53:56Chacun a baissé son pantalon
00:53:59Cinq à dix minutes, ils se sont rhabillés et terminés
00:54:02Et ce serait d'ailleurs elle qui l'aurait un petit peu aguichée
00:54:05Puisque ce serait elle qui, dans une audition
00:54:08Serait venue l'embrasser, dans une autre
00:54:11Serait venue lui toucher les fesses
00:54:14Voilà, il la présente comme ça
00:54:17Je n'aurais pas espéré d'apprendre une telle relation
00:54:20Car mon bureau avait la porte ouverte constamment
00:54:23Sur le bureau de Françoise
00:54:26Donc je pense qu'à aucun moment
00:54:29Je n'ai pu relever quelques gestes
00:54:32Qui pouvaient me laisser supposer
00:54:35Qu'il existait entre tous les deux une certaine relation
00:54:38Une aventure d'un jour
00:54:41Que d'un commun accord
00:54:44L'homme aurait décidé de laisser sans suite
00:54:47Interrogé sur son emploi du temps le jour du meurtre
00:54:50Stéphane explique qu'il bricolait chez lui
00:54:55Son alibi, c'est son épouse
00:54:58Le samedi 26 février au matin, il était chez lui
00:55:01Et il réalisait des travaux de carrelage
00:55:04Son épouse peut en attester
00:55:07Et en effet, sa femme confirme
00:55:10Quant à Ludovic
00:55:13C'est depuis sa prison
00:55:16Qu'il apprend cette relation adultère
00:55:19De la bouche de son avocat
00:55:22Il m'apprend que Françoise aurait eu un amant
00:55:25À ce moment-là, j'avais envie de lui dire
00:55:28Vous trompez de dossier
00:55:31C'est pas Françoise
00:55:34Françoise, c'était quelqu'un de...
00:55:37J'avais confiance en elle
00:55:40Le jugement encourage peut-être le juge
00:55:43À accepter la demande de libération de Ludovic Chabé
00:55:46Le 7 mars 2006
00:55:49Après dix mois de détention provisoire
00:55:52Le pompier sort de prison
00:55:55Sous contrôle judiciaire
00:56:04Madame Vaubayon, à l'époque, vous étiez présidente
00:56:07De l'instruction à Amiens
00:56:10Que décide le juge d'instruction concernant Ludovic Chabé ?
00:56:13Alors, le juge d'instruction considère
00:56:16Que les faits retenus à l'encontre de Ludovic Chabé
00:56:19Étaient constitutifs du crime d'homicide volontaire
00:56:22Et en conséquence
00:56:25Le juge d'instruction rend une ordonnance
00:56:28De mise en accusation et de renvoi
00:56:31Devant la cour d'assises
00:56:34Ludovic Chabé fait appel à cette ordonnance, c'est ça ?
00:56:37C'est pour ça que vous êtes saisie, vous,
00:56:40Chambre de l'instruction, de ce dossier ?
00:56:43La question qui nous était posée était de savoir
00:56:46Si les faits retenus à l'encontre de Ludovic Chabé
00:56:49Étaient effectivement constitutifs du crime de meurtre
00:56:52Nous pouvions répondre par l'affirmative
00:56:55En confirmant l'ordonnance du juge d'instruction
00:56:58Nous pouvions également répondre par la négative
00:57:01C'est-à-dire qu'il aurait bénéficié d'un non-lieu ?
00:57:04Il aurait bénéficié d'un non-lieu
00:57:07Et donc, qu'avez-vous décidé ?
00:57:10Nous avons trouvé une solution médiane
00:57:13Il nous est apparu indispensable d'ordonner
00:57:16Un supplément d'information
00:57:19À ce moment-là, il y a un nouveau juge qui est saisi, c'est ça ?
00:57:22Effectivement, nous lui avons enjoint
00:57:25De procéder à une série de mesures d'instruction
00:57:29Lesquelles, par exemple ?
00:57:31L'heure du décès de Mme Chabé
00:57:34L'alibi qui était fourni par son amant
00:57:37De toute manière, nous avons laissé
00:57:40La possibilité au juge d'instruction
00:57:43De faire d'autres investigations
00:57:46D'exploiter d'autres pistes qui pourraient apparaître
00:57:49Et la piste du suicide, est-ce qu'elle a été explorée ?
00:57:52Eu égard aux éléments du dossier tel que nous avons pu le lire
00:57:55Au niveau de la chambre de l'instruction
00:57:58Nous ne nous sommes vraiment pas posé la question
00:58:01Il nous est apparu évident, peut-être à tort d'ailleurs
00:58:04Qu'elle ne s'était pas suicidée
00:58:07Et la thèse de l'accident ?
00:58:10C'est vraiment une hypothèse qui n'a pas été envisagée
00:58:13C'est à ce moment-là que la juge Karen Stella reprend le dossier
00:58:16Chargée du supplément d'information
00:58:19Je vais missionner un autre service de police
00:58:22Que la gendarmerie
00:58:25Parce que je veux vraiment que les choses soient instruites
00:58:28A décharge à fond pour Chabé
00:58:31Et avec un nouveau regard
00:58:34Exitent les gendarmes
00:58:37C'est la police judiciaire d'Amiens
00:58:40Qui reprend l'enquête de A à Z
00:58:43Et elle s'intéresse d'abord à Stéphane
00:58:46Le collègue de travail, l'amant de Françoise
00:58:50Il est placé en garde à vue le 22 février 2010
00:58:535 ans après les faits
00:58:58Il se présente comme quelqu'un d'assez énervé
00:59:01Qui ne comprend pas pourquoi il est là
00:59:04Il montre peu de respect vis-à-vis de la justice
00:59:07C'est une chose
00:59:10Mais même vis-à-vis de la mémoire de Françoise Chabé
00:59:13Quand il continue de mentir
00:59:17La juge n'y croit pas
00:59:20Elle organise une reconstitution
00:59:23Dans la petite cuisine de l'entreprise
00:59:26Là où les deux amants auraient fait l'amour
00:59:29Une pièce exiguë avec des fenêtres
00:59:32Située au milieu des bureaux
00:59:35C'est assez difficile de croire
00:59:38Qu'ils auraient pu être discrets
00:59:41Et seuls dans cette cuisine à ce moment-là
00:59:44Peu crédible mais pas impossible
00:59:47D'autant que les policiers découvrent un nouvel élément
00:59:50Qui pourrait être capital
00:59:53Le couple de l'amant attendait son second enfant
00:59:56Et on sait que l'échographie
00:59:59Pour ce second enfant
01:00:02Tombe le 1er février
01:00:09Le 1er février, c'est-à-dire la veille
01:00:12De la dernière conversation téléphonique
01:00:15Entre Françoise et Stéphane
01:00:21Donc l'idée que le dernier coup de fil
01:00:24Soit en vérité un coup de fil de rupture
01:00:27Au cours duquel Stéphane vient dire à Françoise
01:00:30Écoute, notre histoire s'arrête là, je vais avoir un enfant
01:00:33Ça ne peut plus durer est l'hypothèse la plus probable
01:00:36Si Françoise voulait le reconquérir
01:00:39Ou voulait le faire chanter
01:00:42C'est sûr qu'il avait un mobile
01:00:45Pour aller la tuer
01:00:48Maintenant, c'est pas parce qu'il a un mobile
01:00:51Qu'on a prouvé qu'il pouvait être sur le lieu des faits
01:00:54Bien au contraire, à 8h du matin
01:00:57Les voisins sont dans leur champ
01:01:00Aucunement son véhicule n'a été repéré
01:01:03Je vois mal comment on pourra établir matériellement
01:01:06Que l'enfant soit sur le lieu
01:01:17Maître Riegler, vous êtes l'avocat de Stéphane, l'amant
01:01:20Cette histoire entre votre client et Françoise
01:01:23C'était une toccade, une aventure à sens unique, c'était quoi ?
01:01:26Ce sont des collaborateurs de la même entreprise
01:01:29Ils s'entendent très bien
01:01:32A priori, à certains moments, ils ne sont pas heureux dans leur vie
01:01:36Pourquoi il a menti, votre client ?
01:01:39Je crois qu'il ment parce qu'il est père de famille
01:01:42Il est marié, il a une vie stable
01:01:45Il a surtout une épouse qui est enceinte
01:01:48Et dans ce contexte-là, il ne se voit pas reconnaître à tout le monde
01:01:51La réalité de sa vie privée
01:01:54Qu'il invente des cases, des secrets
01:01:57Et il ne partage pas cette liaison qu'il a eue
01:02:00Elle était amoureuse de lui, Françoise ?
01:02:03Je ne sais pas si elle était amoureuse
01:02:06Ce que je sais, c'est qu'elle lui a dit qu'elle était malheureuse dans son quotidien
01:02:09Elle lui a dit que sa vie personnelle et privée ne lui convenait pas
01:02:12Elle a en plus un mari qui est beaucoup à l'extérieur
01:02:15Qui travaille beaucoup, qui a des gardes
01:02:18Et qui n'est pas là souvent
01:02:21Elle se rend compte aussi qu'elle est très proche
01:02:24Et qu'elle s'entend très bien avec quelqu'un
01:02:27Qui lui n'a pas plus de liberté
01:02:30Ce qu'elle pensait peut-être être un bonheur ou un échappatoire
01:02:33N'en est finalement pas un
01:02:36Elle se retrouve dans deux histoires compliquées pour elle
01:02:39Qu'est-ce qu'il dit votre client à propos de cette dernière conversation ?
01:02:42Celle du 2 février et qui dure 13 minutes
01:02:45Il n'est plus capable de dire si elle a un rapport ou pas
01:02:48Avec leur liaison, leur rupture
01:02:51Mais c'était une conversation parmi beaucoup d'autres
01:02:54Il y a eu une échographie ?
01:02:57Est-ce que ça a un lien ?
01:03:00Lui a toujours indiqué que non et je n'ai pas de raison d'en douter
01:03:03Le juge avait quand même des raisons de le soupçonner votre client
01:03:06Il y a tellement d'éléments qui montrent
01:03:09Que ça ne peut pas être lui le coupable
01:03:12Quels éléments ?
01:03:15Le fait que par exemple le domicile des deux est éloigné
01:03:18D'une bonne centaine de kilomètres, de plus d'une heure de route
01:03:21Que la maison est fermée à clé de l'intérieur
01:03:24Que la victime a encore ses boules quiessent à ce moment-là
01:03:27Et qu'on peut imaginer que si elle devait accueillir son amant
01:03:30Elle aurait au minimum retiré ses boules quiessent pour lui parler
01:03:33Voilà, toute une série
01:03:36Il est occupé ce week-end-là
01:03:39Il y a le fait que la téléphonie n'a jamais borné dans ce secteur géographique
01:03:44Est-ce qu'on lui a prélevé son ADN à votre client ?
01:03:47Bien sûr qu'on lui a prélevé son ADN
01:03:50Son ADN n'était absolument pas sur le foulard de la victime
01:03:53Il n'est pas dans des circonstances matérielles, pratiques
01:03:56Qui peuvent faire de lui un accusé
01:04:02Parmi les missions confiées au juge Stella
01:04:05Il y a aussi l'identification du fameux corbeau
01:04:10Il y a eu six courriers anonymes accusant Ludovic Sabé
01:04:13D'être l'assassin de sa femme
01:04:16J'ai tenté les expertises ADN sur le timbre, sur les parties collantes
01:04:20Et même sur les parties pliables des courriers
01:04:23Sachant que ces courriers n'avaient jamais été placés sous scellés
01:04:26Une démarche tardive mais fructueuse
01:04:29Car l'ADN permet de démasquer l'accusateur
01:04:32C'est un co-détenu de Ludovic Sabé
01:04:35Incarcéré pendant quelques semaines avec Ludovic Sabé
01:04:39Condamné lui-même pour plus de deux homicides
01:04:42Et en étant à sa troisième cour d'assises
01:04:45Le corbeau est interrogé par les gendarmes
01:04:48Mais ses propos sont incohérents et surtout invérifiables
01:04:53Ludovic Sabé a sa petite idée sur la manière dont il a procédé
01:04:59J'étais pas très à l'aise avec lui
01:05:01Et puis un jour quand je suis rentré, je sais plus, je suis au cours de promenade
01:05:04Je l'ai vu en train de fouiller dans mes courriers d'avocats
01:05:07C'est-à-dire qu'il avait lu les courriers d'avocats
01:05:10Avant d'envoyer ses courriers anonymes avec des précisions sur le dossier
01:05:14La juge continue ses investigations
01:05:17Elle veut maintenant vérifier les déclarations de la voisine
01:05:20Celle qui aurait vu Françoise Sabé à sa fenêtre
01:05:24Peu avant l'arrivée de Ludovic le matin du meurtre
01:05:29Le tout est de vérifier sur place
01:05:32Si elle a vraiment pu voir la victime
01:05:35De l'endroit où elle se situait près de son silo
01:05:38Par rapport à la fenêtre qu'elle avait décrite
01:05:41Et in situ, eh bien c'est possible
01:05:45Et elle ne lâche rien, elle est spontanée
01:05:48Elle vous remime les gestes et elle est catégorique
01:05:55L'étau se resserre à nouveau sur Ludovic Sabé
01:05:58D'autant que la juge, c'est là, s'interroge sur un courrier qu'il a écrit
01:06:02Alors qu'il était en prison
01:06:05Je vais découvrir une lettre dans le courrier
01:06:08Je vais découvrir une lettre dans le dossier
01:06:11Qu'il a lui-même écrit au juge d'instruction
01:06:14Le 28 décembre 2005, le lendemain d'un interrogatoire
01:06:17Où il va parler d'une chose qu'il n'a jamais dite auparavant
01:06:22A savoir que sa femme, le mercredi soir, lui a parlé de ses idées noires
01:06:29La veille de sa garde à la caserne
01:06:32Et la veille aussi de la fameuse phrase prononcée par Françoise au bureau
01:06:36Plus rien ne sera jamais comme avant
01:06:42Il est plus qu'invraisemblable
01:06:45Que cette parole ne soit pas en relation
01:06:48Avec Ludovic Sabé, ce qu'il se sont dit la veille
01:06:51Ce qui a pu être éventuellement révélé la veille
01:06:56Le couple aurait-il eu une discussion orageuse
01:06:59Deux jours avant le meurtre
01:07:01La juge fait le rapprochement avec un petit mot
01:07:04Que les gendarmes avaient retrouvé dans la maison
01:07:07Quelques phrases griffonnées par Ludovic cette nuit-là
01:07:10Avant de prendre la route pour la caserne
01:07:17Ludovic écrit à Françoise qu'elle est toute sa vie
01:07:21Et que c'est un message d'amour qu'on retrouvera dans la poubelle
01:07:30Pourquoi cette déclaration ?
01:07:32Pourquoi Françoise l'aurait-elle chiffonnée et jetée à la poubelle ?
01:07:37Françoise aurait-elle avoué à Ludovic son infidélité ?
01:07:41Des questions qui demeurent sans réponse
01:07:46Et qui taraudent la juge
01:07:48Tout comme l'attitude de Ludovic devant le corps de sa femme
01:07:54Alors qu'il pense qu'elle a fait une chute
01:07:57Ou que c'est un malaise ou que c'est un accident
01:08:01Il va, en tant que mari éploré, ment sa femme
01:08:05Qui sait qu'elle allait pas bien, etc.
01:08:07Ne jamais la prendre contre lui
01:08:09Et la reposer bien face contre terre sur ce carrelage qui est très froid
01:08:15Pourquoi il a eu cette attitude-là ?
01:08:18Et sur ce point-là, pas d'explication
01:08:26Dominique, dans le cadre du supplément d'information
01:08:29Un nouveau collège d'experts a essayé d'affiner l'heure de la mort
01:08:32Est-ce qu'il y est parvenu ?
01:08:33Oui, un nouveau collège d'experts
01:08:35Frédéric n'est pas des moindres
01:08:36Ce sont des experts-cours de cassation
01:08:38Ils sont trois
01:08:39Spitakis, Voreur et Pépin
01:08:41Il y a un légiste, un anatomopathologiste et un toxicologue
01:08:45Et ils vont rendre un rapport à la juge Stella le 10 novembre 2010
01:08:49Qui est un rapport décisif dans ce dossier
01:08:51Ils vont travailler à partir des éléments qui avaient été collectés avant eux
01:08:54Par les pompiers qui étaient arrivés sur place
01:08:57Le médecin réanimateur du SAMU
01:08:59Et tous ceux qui ont eu à connaître de cette enquête
01:09:01Le premier médecin légiste, le toxicologue
01:09:04Ils vont réaffiner toutes les observations, toutes les analyses
01:09:09Reprendre un à un tous les éléments notés, relevés
01:09:13Par toutes ces personnes qui sont passées avant eux
01:09:15Et voilà ce qu'ils vont dire
01:09:17Quatre méthodes d'évaluation
01:09:18À partir du premier rapport du médecin du SMUR, le réanimateur
01:09:23Ils vont dire que la mort de Françoise Chabais se situe après 4h du matin
01:09:28Ensuite, à partir des lividités cadavériques observées
01:09:31C'est-à-dire les zones où le sang s'est déposé dans son corps
01:09:34Ils vont dire que la mort se situe après 6h du matin
01:09:38Et puis, à partir de la rigidité cadavérique
01:09:41On a parlé des lividités, on parle maintenant de la rigidité cadavérique
01:09:45Les experts vont dire que, ils affinent encore un peu
01:09:48La mort se situe obligatoirement après 8h du matin
01:09:51Enfin, ils vont regarder encore deux choses importantes
01:09:54Ils vont analyser la décroissance de la température corporelle du corps de la victime
01:10:00En tenant compte de la température ambiante de la maison
01:10:03Parce qu'ils l'ont aussi, ça a été noté
01:10:05C'est la combinaison de tous ces éléments frédériques
01:10:07Qui va permettre à ces trois experts de dire
01:10:10Que la mort de Françoise Chabais se situe entre 9h30 et 10h
01:10:15Et pour la première fois, c'est compatible avec la culpabilité de Ludovic Chabais
01:10:22C'est important parce que, même si ça lui laisse peu de temps pour tuer sa femme
01:10:28Ça colle, il peut l'avoir tuée dans cette fourchette de temps de 5 à 10 minutes
01:10:38En novembre 2011, après avoir examiné les conclusions du juge Stella
01:10:43La chambre de l'instruction d'Amiens délibère
01:10:46Et elle estime que les charges sont suffisantes pour envoyer Ludovic Chabais devant la cour d'assises
01:10:53Son procès s'ouvre le 10 juin 2013, 8 ans après les faits
01:11:01Quand débute son procès, Ludovic Chabais a 36 ans
01:11:05Jamais lâché par ses collègues et supérieurs
01:11:09Il a repris du service chez les pompiers dès sa libération de prison
01:11:13Et il a aussi refait sa vie
01:11:16Il a rencontré quelqu'un, heureusement, il a eu un enfant
01:11:21Et on est 7 ans après sa sortie de détention
01:11:26Donc il aborde le procès, je crois, avec une terreur assez rare
01:11:34Je suis placé dans le box des accusés
01:11:37C'est terrifiant de se retrouver là
01:11:41Pour le soutenir, ceux qui n'ont jamais douté de son innocence
01:11:46La famille de Françoise, elle, est persuadée de sa culpabilité
01:11:51Le côté clanique de cette affaire, c'est-à-dire qu'il y a les pro-Chabais et les anti-Chabais, il est manifeste
01:11:58Quand les regards se croisent, on voit qu'ils ont une haine, une énorme haine contre moi
01:12:07Ce qui va se passer, c'est qu'avant de faire le procès de Ludovic Chabais, on va faire le procès de l'enquête et de l'instruction
01:12:14Le retard dans la pose des scellés, le mégot négligé, le travail des gendarmes
01:12:20L'outrance du premier juge d'instruction
01:12:23Le président pointe tout cela du doigt
01:12:27Avant de braquer son projecteur sur l'accusé
01:12:31Ludovic Chabais, c'est un monolithe au moral comme au physique finalement
01:12:39Il a un regard assez... un visage assez fermé, assez dur
01:12:44C'est un taiseux, c'est une personne qui ne parle pas spécialement, qui ne s'exprime pas non plus avec aisance visiblement
01:12:52Il baisse la tête à la cour d'assise et donc il ne manifeste pas ni sa présence
01:12:59Ni aussi peut-être ce cri d'innocence qui aurait dû être le sien
01:13:08Le parquet a câble Chabais, pourquoi n'a-t-il rien tenté ?
01:13:14Mais ce n'est pas possible, vous êtes pompier professionnel, vous ne desserrez même pas le foulard qui est autour du cou
01:13:19Et ça c'est catastrophique pour lui
01:13:22Je ne pouvais pas parler, quand je parlais c'était pour bafouer ou je répondais à côté de la question
01:13:27Incapable de me défendre, incapable d'aligner deux mots
01:13:31On lui disait mais bats-toi, mais bats-toi, explique-toi
01:13:36Bon, mais on ne lui laissait pas la parole
01:13:43Au fil des jours, l'accusation s'attache aussi à détruire l'image du couple heureux
01:13:48Voilà un veuf inconsolable qui ne met que quelques semaines pour coucher avec une collègue
01:13:55L'image de la petite maison dans la prairie, elle va quand même être rapidement écornée
01:14:01Les proches du couple défilent à la barre
01:14:05Et ils avouent tous être tombés des nus en apprenant que Françoise avait un amant
01:14:10Mais surtout, ils sont unanimes
01:14:13Françoise ça n'a pas pu être qu'une seule fois
01:14:16Ce n'était pas la fille qui s'amusait à coucher une fois avec un collègue de travail
01:14:21Si Françoise a fait ça, c'est qu'elle était vraiment amoureuse
01:14:25Stéphane, l'amant, est peut-être l'une des clés du drame
01:14:30Appelé à la barre, il connaît un sale quart d'heure
01:14:34L'amant il va passer je pense les pires heures de sa vie
01:14:39Parce qu'il n'est pas franchement sympathique, il est fuyant
01:14:44Il a caché beaucoup de choses pendant l'enquête
01:14:47Il a donné l'impression de lâcher des informations
01:14:50Que quand il savait que les gendarmes allaient les découvrir quelques heures ou quelques jours plus tard
01:14:55La cour le harcèle sur cette dernière conversation téléphonique avec Françoise
01:15:00Celle dont il dit n'avoir aucun souvenir
01:15:04L'avocat général va dire monsieur, pour la première fois vous lui parlez longtemps
01:15:08Ensuite vous ne lui téléphonez plus du tout
01:15:11Et vous allez nous faire croire que vous ne savez plus du tout ce que vous vous êtes dit pendant 12 minutes
01:15:15Il tient, il ne lâchera pas
01:15:20L'avocat général fulmine, oui Stéphane est un odieux personnage
01:15:24Presque un coupable idéal
01:15:27Mais où sont les preuves ?
01:15:29Il n'y a strictement rien qui permet d'indiquer que c'est lui, il n'y a pas son ADN
01:15:33Alors qu'on retrouve l'ADN de Ludovic Chabais sur le nœud du foulard
01:15:37Le nœud du foulard qui a servi à tuer sa femme, on retrouve son ADN à lui
01:15:46Pour l'avocat général, c'est un crime passionnel
01:15:51Elle requiert 20 ans de prison, un raisonnement par élimination
01:15:56Car si ce n'est pas Chabais, qui est-ce ?
01:15:59La défense explique qu'il était pourtant facile aux pompiers de se dédouaner
01:16:04Il lui suffisait de dire qu'à son arrivée la porte était ouverte
01:16:08Qu'il avait ensuite tenté des manœuvres de réanimation
01:16:13Sa maladresse, voilà le meilleur gage de son innocence
01:16:20Délibéré, ça se déroule sous une tension énorme
01:16:25C'est-à-dire qu'on dit là, il y a 12 personnes qui discutent sur mon avenir
01:16:33Après 3 heures de délibéré, le verdict tombe
01:16:38La cour d'assises de la Somme condamne Ludovic Chabais à 12 ans de prison
01:16:45C'est un drôle de verdict, parce qu'en principe, quelqu'un qui a tué une personne, c'est 20 ans
01:16:51Là, 12 ans, je ne vois pas...
01:16:55C'est le tarif d'un crime passionnel
01:16:58C'est venir nous dire, monsieur, vous êtes coupable d'un acte criminel
01:17:03Et nous comprenons bien que ce geste, vous ne l'avez peut-être au fond de vous pas voulu
01:17:09Voilà quelqu'un qui est entre-temps devenu papa d'une petite fille
01:17:12Et qui apprend que le soir, il va partir avec son baluchon en maison d'arrêt
01:17:16Et je ne vois pas de signe de révolte, il se voûte un peu
01:17:19Il semble prendre sur les épaules le poids de la peine qui vient de tomber
01:17:23Mais ça ne va pas au-delà
01:17:29Et là, je repars tout de suite en prison
01:17:32Et là, quand on quitte ses proches...
01:17:41On ne sait pas quand est-ce qu'on les reverra
01:17:46Madame Chabé, Ludovic, est donc condamnée à 12 ans
01:17:50Oui, sur le moment, on a l'impression que le ciel vous tombe sur la tête
01:17:55Et comment se passe ce retour du tribunal, du palais de justice ?
01:17:59Ça a été à silence, complet, dans la voiture
01:18:03Nous étions avec mon mari, Isabelle, Cécile et moi
01:18:08Cécile, c'est votre belle-fille, la nouvelle compagne de Ludovic
01:18:11La nouvelle épouse de Ludovic
01:18:13Pas amour, à silence complet
01:18:17Et c'est arrivé à la maison que Cécile nous a dit
01:18:23Il ne faut rien laisser paraître, il ne faut pas pleurer
01:18:27Camille va revenir
01:18:29Camille, c'est votre petite-fille ?
01:18:31La fille de Ludovic, avec sa deuxième épouse
01:18:34Donc là, on s'est dit, Cécile est courageuse, plus courageuse que nous
01:18:39Et vous avez ravalé vos larmes ?
01:18:41Oui
01:18:42Pour Camille, il fallait tenir le coup
01:18:46Il ne fallait rien laisser paraître
01:18:48Et Ludovic décide de faire appel ?
01:18:51Oui, très rapidement
01:18:54Il a été condamné le vendredi, le lundi, il faisait appel
01:18:58Et donc il sort de prison, il est libéré ?
01:19:00Oui, et là, c'est une joie immense quand il nous dit, il faut venir me chercher
01:19:07Pour nous, on a l'impression de voir le bout du tunnel
01:19:11Mais on savait qu'il y avait encore des épreuves derrière
01:19:14Donc il est libéré, et dans quel état d'esprit il est à ce moment-là ?
01:19:18Il était vraiment remonté à bloc
01:19:21Il fallait à tout prix qu'il prouve qu'il n'avait pas touché à Françoise
01:19:28Donc le voyant se battre, on se bat à ses côtés
01:19:34Le procès en appel s'ouvre devant la cour d'assises de Beauvais
01:19:38Changement de décor et de traitement aussi pour Ludovic Chabais
01:19:42Comme il comparaît libre, la présidente l'autorise à s'installer hors du boxe
01:19:48juste derrière son avocat
01:19:50Cette fois, Chabais fend l'armure
01:19:53À Beauvais, il va faire l'effort de se livrer davantage
01:19:57De répéter avec beaucoup plus de conviction qu'il est innocent
01:20:02Je crois qu'il a compris que c'était la dernière fois
01:20:05Et je crois qu'il a compris aussi qu'un procès ne pouvait pas se faire sans lui
01:20:11Comme à Amiens, l'avocat de la Défense fait son miel des lacunes de l'enquête
01:20:17Et il dénonce le parti pris des gendarmes
01:20:20Mais il faut attendre le troisième jour pour qu'il marque un point
01:20:24peut-être décisif contre l'accusation
01:20:27Quand j'ai repris la méthode de calcul des experts pour fixer l'heure de la mort
01:20:31Françoise Chabais était morte à 8h du matin
01:20:35Cette question est cruciale dans un dossier qui manque de preuves
01:20:39Le dernier collège d'experts avait fixé l'heure de la mort entre 9h30 et 10h
01:20:45Mais l'avocat de Chabais va bousculer l'un d'eux
01:20:52Maître Philippe Valland dit à l'expert
01:20:54Monsieur l'expert, est-ce que vous avez été informé que des gestes de réanimation
01:20:58avaient été pratiqués sur Françoise Chabais ?
01:21:01Et là l'expert réfléchit, regarde ses horaires et il dit
01:21:05Mais non, ça on ne me l'a pas dit
01:21:08Maître Valland, est-ce que ça pourrait changer quelque chose à vos conclusions ?
01:21:13Et l'expert là, il est assez sûr de lui, il dit
01:21:17Forcément parce que quand vous pratiquez des gestes de réanimation
01:21:21Mécaniquement vous remettez, non pas en vie, mais en fonctionnement le corps
01:21:26Donc retardez les signes cliniques de la mort
01:21:30Et je vais être obligé de reprendre ces calculs avec l'expert à l'audience
01:21:36Qui va le mardi soir, c'est-à-dire après déjà 3 jours de procès
01:21:41Venir indiquer qu'effectivement il avait commis une véritable erreur
01:21:46Et que ça ne pouvait pas être après 8h30
01:21:50Ça sème un doute très important dans l'esprit des jurés
01:21:59Franck Calamé, vous êtes lieutenant colonel médecin urgentiste chez les pompiers
01:22:04Vous connaissiez Ludovic Chabais ?
01:22:07Oui, je le connaissais parce qu'à l'époque j'étais médecin plus spécifiquement au premier groupement
01:22:12Là où il travaillait, et en plus je m'étais un peu rapproché de lui de par la boxe
01:22:17Donc j'avais eu l'occasion de boxer un petit peu avec lui
01:22:21Et c'est pour ça qu'il fait appel à vous après la mort de sa femme ?
01:22:24C'est aussi parce que j'étais médecin dans le cadre de ma fonction médecin urgentiste
01:22:29On a aussi une fonction de soutien, et là j'étais le médecin des pompiers pour Ludovic Chabais
01:22:36L'accusation reprochait à Ludovic Chabais de ne pas avoir prodigué les premiers secours à sa femme
01:22:42La défense vous a demandé de témoigner au procès sur ce point très précis
01:22:47Écoutez c'est très simple parce que c'est quelque chose qui est connu de tout urgentiste
01:22:53Ou même de toute profession à risque entre guillemets
01:22:56Où on est confronté à la mort ou des situations hautement anxiogènes
01:22:59Lorsque nous intervenons nous sommes préparés
01:23:02C'est-à-dire qu'on en reçoit un motif de départ
01:23:06On sait par exemple qu'on part sur une détresse vitale
01:23:09Donc là déjà il y a une préparation psychologique dans l'engin qui nous emmène sur site
01:23:14Et une fois arrivé sur site, dans la grande majorité des cas les gens ne les connaissent pas
01:23:20Donc il n'y a pas un détachement mais on fait notre travail
01:23:24Et là les choses se font correctement
01:23:26Maintenant, une fois encore, il faut imaginer la scène
01:23:29Vous rentrez chez vous, ce qui est senti c'est être un havre de paix
01:23:32Et là vous trouvez votre épouse, une proche en arrêt cardiaque
01:23:37Et là vous pouvez tout à fait avoir ce qu'on appelle un phénomène de sidération
01:23:41C'est-à-dire que malgré votre professionnalisme habituel, là vous êtes sidéré
01:23:45C'est-à-dire que vous êtes incapable d'effectuer le moindre geste
01:23:48Et ça on le voit régulièrement
01:23:50Dans la salle des assises, les pompiers font corps autour de Ludovic Chabé
01:23:55C'est un vrai soutien mais est-ce que ce n'est pas aussi une pression pour les jurés ?
01:23:59Pas du tout
01:24:00Madame la juge m'a posé clairement la question
01:24:02Elle m'a dit oui vous faites corps, j'ai bien compris le sous-entendu
01:24:05Et je lui ai répondu et je le redis encore
01:24:08Oui on fait corps mais jusqu'à un certain point
01:24:11Pour moi, si j'avais eu d'abord des doutes sur la culpabilité de Ludovic
01:24:17Je n'aurais peut-être pas été aussi catégorique
01:24:20On ne va pas couvrir entre pompiers un assassin pour être clair
01:24:26Au quatrième jour d'audience, c'est au tour de Stéphane, l'amante Françoise de comparaître
01:24:32Toujours mal à l'aise, toujours aussi fuyant
01:24:35Toujours rudoyé par l'accusation et la défense
01:24:38Mais toujours inflexible
01:24:44Il va répéter son alibi entre guillemets puisqu'il n'est pas accusé officiellement
01:24:48Mais qui est de dire moi j'ai fait du carrelage toute la matinée
01:24:51J'étais encore en train de faire du carrelage
01:24:53Quand un collègue est venu me prévenir que Françoise était morte vers midi
01:24:57Stéphane et sa femme avaient été placés sur écoute
01:25:00Et on pouvait les entendre se mettre d'accord sur la version à donner aux gendarmes
01:25:05Comme des concertations de complices de meurtre qui se couvrent
01:25:08Ce sont les mots de l'avocat général
01:25:13Dix ans après, pour justifier leur alibi du matin
01:25:16Ils vont fournir des détails mais d'une aberration totale
01:25:19C'est à dire qu'ils vont nous décrire le menu des enfants du samedi midi
01:25:24Placé au micro-ondes, cette barquette
01:25:26Enfin je veux dire on a des détails ahurissants
01:25:29Et puis le collègue d'ailleurs va venir et il va dire
01:25:31Ben oui oui je l'ai prévenu
01:25:33Puis Stéphane je suis allé le prévenir à midi
01:25:35J'ai fait un peu le tour des collègues pour leur apprendre la triste nouvelle
01:25:41Sauf qu'après une suspension d'audience
01:25:44Le collègue demande à reprendre la parole
01:25:48Pendant la suspension j'ai téléphoné à ma femme
01:25:50Et ma femme elle m'a dit mais non c'est pas le matin que t'es allé les prévenir
01:25:54Tu l'as su qu'après c'est l'après-midi que t'es allé les prévenir
01:25:57Et là d'un seul coup Stéphane bredouille
01:25:59Stéphane dit non non je crois bien que c'est le matin
01:26:02Je sais plus
01:26:03Et là cette phrase il dit mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise
01:26:06Et là on a envie de lui hurler mais dis la vérité
01:26:09Enfin dis la vérité
01:26:12Mais la vérité pour l'accusation
01:26:14C'est que Ludovic savait que sa femme le trompait
01:26:17Elle le lui avait dit
01:26:19Elle avait peut-être menacé de le quitter
01:26:21Et le jeune pompier ne l'avait pas supporté
01:26:24Il n'y a pas l'ombre d'un doute raisonnable
01:26:26Conclut l'avocat général
01:26:28Qui requiert 18 ans de prison
01:26:32Je n'ai jamais une fraction de seconde cru qu'il était coupable
01:26:36Je vais donc plaider contre le risque d'une injustice
01:26:40Contre le risque d'une erreur judiciaire
01:26:43Evidemment j'ai la trouille
01:26:46Et en même temps je me dis
01:26:48Une fois que j'ai posé
01:26:535 minutes de plaidoirie
01:26:55Sur l'heure de la mort ne peut pas être 9h, 9h30, 10h
01:26:59Donc Ludovic ne peut pas être là
01:27:02Mais je veux dire j'en ai terminé
01:27:04Mais est-ce que ça suffira, est-ce que c'est assez ?
01:27:08Les jurés se sont retirés pour délibérer
01:27:124 heures plus tard
01:27:13Ce vendredi 5 juin 2015 en début de soirée
01:27:17Le silence se fait quand la question tombe
01:27:21Ludovic Chabé est-il coupable du meurtre de sa femme ?
01:27:25Dans ma tête je me répétais
01:27:27Acquittement, acquittement, acquittement, acquittement
01:27:31Et en fait la seule chose que j'ai entendue de la part de la présidente
01:27:34C'est non
01:27:36Et Chabé il ne comprend pas en fait
01:27:38Il ne comprend pas, il ne sait pas s'il est acquitté ou condamné
01:27:42C'est Maître Valant qui en me prenant par les épaules
01:27:44Qui m'a dit c'est fini
01:27:50Ludovic Chabé est acquitté
01:27:57On se tenait tous la main
01:27:59Je donnais la main à ma belle-fille
01:28:03Cécile
01:28:04Et puis de l'autre côté à mon épouse
01:28:07Quand le verdict est tombé j'ai
01:28:09J'ai desserré les mains parce que j'ai cru que j'ai écrasé leurs mains
01:28:14Ouais là c'était ouf
01:28:1710 ans de galère
01:28:19Qui
01:28:22Qu'on se dit c'est tout c'est fini
01:28:24Alors c'est
01:28:25C'est bon
01:28:27Ludovic Chabé a donc été acquitté
01:28:29Il est toujours pompier professionnel
01:28:32La mort de Françoise reste un mystère
01:29:26Abonnez-vous !