René Salaün et Pierre Pallatin ont été accusés d'avoir commis, le 29 juillet 1995, un braquage au cours duquel un policier est mort et plusieurs autres ont été blessés. Bien qu'ils aient été dénoncés par un indicateur et condamnés à deux reprises, des doutes sérieux planent toujours sur leur culpabilité. Imen Ghouali et Dominique Rizet ont retrouvé René Salaün et Pierre Pallatin, les policiers impliqués et ceux qui ont mené l'enquête, ainsi que les autres protagonistes de l'affaire. Vingt ans après les faits, ils rouvrent ce dossier hors norme.
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00:00:002. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:073. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
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00:00:259. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:2810. Dévissez les boulons de la roue. Servez-vous d'une douille à choc pour roue N°17.
00:00:31René Salin, Pierre Palatin et Nenad Zambas.
00:00:36Ce n'étaient pas des anges.
00:00:38Et quand ils sont tombés pour le casse du crédit agricole de Tonon-les-Bains,
00:00:41ils avaient déjà de beaux casiers, surtout Salin.
00:00:44On l'appelle Jésus dans le milieu.
00:00:46Une vie ponctuée de braquages et de séjours en prison.
00:00:50Un bagou à la Belmondo.
00:00:52Une gueule digne d'un film de Melville.
00:00:55Un voyou à l'ancienne.
00:00:58Pour autant, ces trois-là sont-ils des tueurs de flics ?
00:01:02Ce hold-up sanglant, Salin, Palatin et Zambas l'ont toujours nié.
00:01:06Et leurs avocats n'ont pas manqué d'arguments.
00:01:09Un alibi ?
00:01:10Une fenêtre trop étroite pour les épaules carrées de leurs clients ?
00:01:14Pas de preuve ADN.
00:01:16Mais pour les policiers, leur compte était bon.
00:01:19Des années plus tard, Salin, Palatin et Zambas crient toujours à l'erreur judiciaire.
00:01:31Le 29 juillet 1995, c'était une journée tout à fait ordinaire.
00:01:36Une journée d'été.
00:01:38Moi je prenais mon service à 8h30 en brigade de jour.
00:01:42Après quelques minutes de conversation avec mes collègues,
00:01:47le standard a déclenché une alarme.
00:01:51Donc notre ami Denis Ogne a décroché le téléphone.
00:02:05Au bout du fil, l'agent d'une société de télésurveillance à distance.
00:02:10Alerté par une alarme, il a activé l'enregistrement de sécurité
00:02:14et écoute en direct ce qu'il se passe dans la banque.
00:02:18Apparemment il y a deux personnes dans l'agence.
00:02:20Il ne faut surtout pas rappeler l'agence parce qu'il y a vraiment un braquage en cours.
00:02:23Donc il ne faut pas foler les agresseurs pour l'instant.
00:02:25Ils ont l'impression que tout se passe bien pour eux.
00:02:27Apparemment ils ont peut-être quelqu'un à l'extérieur qui visualise tout ça.
00:02:30Mais ils sont deux personnes a priori dans l'agence.
00:02:33Ils sont très calmes, ça a l'air d'être des professionnels quand même.
00:02:35Ils sont très calmes.
00:02:37Il m'a dit il y a un souci à la banque, au Crédit Récolte à Suisse.
00:02:39Il faut y aller, il y a quelque chose qui se passe.
00:02:45J'ai pris tout le matériel nécessaire.
00:02:52Deux équipes sont constituées.
00:02:54Cinq hommes foncent sur place.
00:02:57Immédiatement je me suis dirigé avec l'inspecteur Albert.
00:03:00En civil dans une voiture banalisée pour faire une reconnaissance discrète.
00:03:05On a fait le tour de la banque, on n'a rien vu de spécial.
00:03:08La vie était tout à fait ordinaire pour un samedi matin à 8h30.
00:03:11Et c'est la raison pour laquelle j'ai annoncé par ma radio
00:03:14qu'il n'y avait aucun problème au niveau de l'agence.
00:03:17On ne voyait rien de particulier.
00:03:24Les transmissions n'étaient pas très bonnes.
00:03:26L'opérateur qui était resté au commissariat m'a simplement dit
00:03:30faites attention, ils savent que vous êtes là.
00:03:41Sur la droite il y a quelqu'un, je ne sais pas s'ils ont repéré le véhicule.
00:03:44Attendez, je vais leur dire.
00:04:00On a fait un périmètre pour encercler la banque.
00:04:06On s'est séparés mais ça se fait très vite, on a couru.
00:04:11Le NIOG s'est avancé devant la porte d'entrée de la banque.
00:04:25Les malfaiteurs étaient assez calmes, on les a repérés.
00:04:28Ils sont au sex-hit bien là maintenant.
00:04:30Je pense qu'ils vont prendre quelqu'un en otage.
00:04:33Attendez, ne l'éteignez pas.
00:04:35426, faites attention, les deux malfaiteurs au sex-hit.
00:04:42Allez, les gendarmes.
00:04:46Amène-toi là, amène-toi là.
00:04:50À ce moment-là, un coup de feu est parti de l'intérieur de l'agence bancaire.
00:05:02J'ai sorti mon arme de service et j'ai fait feu.
00:05:05Eric Albert répliquait avec son arme.
00:05:07Moi, je n'ai pas eu le temps, je me suis planqué.
00:05:12Aussitôt après, j'ai entendu un graffal.
00:05:22Ça m'étrayait de partout, j'entendais des coups de feu de partout.
00:05:27Je sentais par contre des balles qui m'arrivaient par derrière.
00:05:31Je ne savais pas du tout d'où elles venaient.
00:05:33Et je les sentais passer entre mes jambes.
00:05:36Je sentais même la chaleur.
00:05:44J'ai vu derrière moi des geysers de poussière.
00:05:47J'ai entendu du bruit, des souffles et tout.
00:05:49Aussitôt que j'ai été touché.
00:05:53J'ai fait un bond d'un mètre, je suis tombé au sol.
00:05:55Je ne sentais plus rien du tout.
00:05:57J'ai vu que ma jambe était à 90 degrés.
00:05:59Elle était complètement explosée.
00:06:01J'ai regardé, j'ai voulu regarder.
00:06:03Et à ce moment-là, il y a un impact.
00:06:05Une balle qui est passée dans mon arcade sourcilière
00:06:07et qui est passée à travers le carreau de ma lunette.
00:06:11Ça m'a replaqué au sol et je suis tombé dans les pommes.
00:06:15J'ai senti une douleur au niveau du genou.
00:06:18Je commençais à être plus ou moins évanoui.
00:06:20Je perdais du sang.
00:06:22J'ai commencé à ouvrir les yeux.
00:06:24Parce que je voyais à travers la baie vitrée
00:06:26deux individus qui sortaient de l'agence,
00:06:28qui étaient cagoulés.
00:06:36J'ai vu la vitre éclater carrément.
00:06:40Ils ont surgi à travers cette vitre en la brisant.
00:06:45On se serait cru dans un film, carrément.
00:06:48Je suis revenu à moi très rapidement.
00:06:53Dans mon idée, les truands étaient là
00:06:55pour nous en mettre une dans la tête.
00:07:01Quand ils sont arrivés sur moi,
00:07:03il y en a un qui a trébuché,
00:07:05qui est tombé devant moi.
00:07:07Je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autre choix.
00:07:09Je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autre choix.
00:07:11Je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autre choix.
00:07:13Je me suis dit qu'il n'y avait pas d'autre choix.
00:07:15Il y en a un qui a trébuché, qui est tombé devant moi.
00:07:17J'ai ma culasse qui s'est enrayée.
00:07:23L'individu qui est tombé s'est relevé.
00:07:25Ils sont arrivés à un mètre de moi.
00:07:27Ils sont partis les deux en même temps.
00:07:29Ils ont fait volte-face.
00:07:31Ils sont partis en direction de la route.
00:07:33Et d'un seul coup, plus rien.
00:07:40J'ai regardé sur ma gauche.
00:07:42J'avais mon collègue, Denis,
00:07:45qui était allongé au sol,
00:07:47qui saignait.
00:07:49Je me suis vite précipité vers lui.
00:07:51Je me suis vite précipité vers lui.
00:07:53Je lui disais,
00:07:55« Denis, ça va ? »
00:08:00Je lui disais,
00:08:02« Parle-moi, Denis.
00:08:04T'en vas pas. Viens, viens.
00:08:06Reste, reste. »
00:08:08Mais il était touché trop sévèrement.
00:08:10Et dans un...
00:08:12Oui, dans un dernier râle,
00:08:14il a rendu l'homme
00:08:16dans mes bras, quoi.
00:08:27Maître Rimondi, vous êtes l'avocat de la banque
00:08:29et de ses employés.
00:08:31À l'extérieur, le bilan est très lourd.
00:08:33Un mort, deux blessés.
00:08:35Et que s'est-il passé, alors, à l'intérieur ?
00:08:37Lorsque les braqueurs
00:08:39ont repéré les lieux,
00:08:41ils sont entrés par une fenêtre
00:08:43qui donne accès
00:08:45aux toilettes
00:08:47de l'établissement.
00:08:49Une fois qu'ils ont été à l'intérieur,
00:08:51ils ont attendu
00:08:53que le premier salarié arrive.
00:08:55Ce salarié a évidemment,
00:08:57comme c'est l'usage,
00:08:59désactivé l'alarme
00:09:01et soudain voit sortir
00:09:03des toilettes deux individus
00:09:05cagoulés, armés, gantés,
00:09:07qui la menacent
00:09:09et il lui intime l'ordre d'ouvrir
00:09:11la porte aux autres salariés
00:09:13qui, évidemment, arrivent toutes à quelques minutes d'intervalle.
00:09:15Au total, combien vont arriver ?
00:09:17Six salariés vont arriver
00:09:19et, bien entendu, puisque
00:09:21l'agence bancaire est ouverte,
00:09:23des clients vont arriver également.
00:09:25Deux clientes vont arriver.
00:09:27Elles seront également neutralisées, menacées.
00:09:29Elles seront
00:09:31attachées.
00:09:33Qu'est-ce qui se passe ? Que leur demandent les malfaiteurs ?
00:09:35La dame qui a la responsabilité du coffre
00:09:37va désactiver le coffre
00:09:39en ayant recours
00:09:41à un protocole, mais avec un sang-froid
00:09:43absolument extraordinaire.
00:09:45Elle va faire en sorte que ce protocole
00:09:47ne soit pas parfaitement respecté.
00:09:49Et là, naturellement, les services de police
00:09:51vont être avisés
00:09:53et un enregistrement va débuter
00:09:55à ce moment-là, puisque le protocole
00:09:57veut qu'effectivement, à partir du moment
00:09:59où il y a une suspicion de vol à main armée,
00:10:01il y a un enregistrement qui se fasse.
00:10:03Et comment se déroule le braquage, alors ?
00:10:05Le coffre va s'ouvrir
00:10:07de sorte que
00:10:09les agresseurs, qui sont venus
00:10:11avec un sac prévu à cet effet,
00:10:13vont commencer à remplir
00:10:15les sacs des billets
00:10:17qu'ils vont prendre dans le coffre.
00:10:19Et c'est à ce moment-là où
00:10:21l'un des braqueurs
00:10:23va informer
00:10:25ses complices qui sont à l'intérieur que les forces de police arrivent.
00:10:27Et là, en une fraction de seconde,
00:10:29les braqueurs vont immédiatement
00:10:31tirer.
00:10:33Ces dames vont vivre un instant absolument
00:10:35incroyable,
00:10:37puisqu'elles vont être maintenues
00:10:39d'un bras
00:10:41pendant que leur agresseur tire
00:10:43des coups de feu de la main droite.
00:10:45Vous imaginez la scène ?
00:10:47Elles servent de boucliers humains.
00:10:49Et elles vont avoir comme réflexe, et je trouve que
00:10:51c'est assez extraordinaire,
00:10:53de se laisser tomber.
00:10:55Et dans quel état, à ce moment-là, se trouvent les employés et les clients ?
00:10:57Alors, les employés et les clients
00:10:59sont tétanisés.
00:11:01Ils ont été libérés au bout d'une dizaine de minutes
00:11:03par un motard de la route
00:11:05qui, après que les agresseurs soient partis,
00:11:07a pu rentrer dans l'agence bancaire.
00:11:15Jérôme Lazar,
00:11:17à l'époque, vous êtes juge d'instruction.
00:11:19Vous êtes saisi, en fait, dès le lundi matin,
00:11:21et en écoutant la bande-son,
00:11:23on a vraiment l'impression que c'était la pagaille,
00:11:25que les policiers n'avaient pas du tout réalisé
00:11:27ce qui se passait, en fait.
00:11:29Alors, c'est sûr que c'était un peu la pagaille
00:11:31au moment où l'effet s'est produit.
00:11:33Les policiers, dans une petite ville, comme tenons
00:11:3530 000 habitants, l'été,
00:11:37qui viennent comme ça, sur un braquage,
00:11:39pensant qu'il s'agit certainement
00:11:41d'un petit gars du coin qui vient voler,
00:11:43elles n'imaginent pas qu'ils vont être accueillis
00:11:45aussi lourdement.
00:11:47Mais l'agent de surveillance les a quand même prévenus
00:11:49qu'il y avait un troisième homme dehors,
00:11:51à l'extérieur de la banque.
00:11:53Je ne suis pas sûr que les policiers,
00:11:55qu'il y avait un troisième homme à l'extérieur,
00:11:57puisqu'ils se sont fait surprendre.
00:11:59La preuve, c'est qu'ils ont été canardés dans le dos,
00:12:01et n'ont rien vu venir.
00:12:03– La vidéo-surveillance vous permettait-elle d'avancer un peu plus ?
00:12:05– Non, parce que la vidéo-surveillance n'a pas fonctionné.
00:12:07En revanche, on avait…
00:12:09– Elle était en panne ce jour-là ?
00:12:11– Oui. Pas de cassette en tout cas enregistrée.
00:12:13– Pas de chance ?
00:12:15– Pas de chance.
00:12:17– C'était une agence de crédit agricole
00:12:19plutôt tranquille, installée à la périphérie
00:12:21de Tonon-les-Bains.
00:12:23C'est sans doute pour cela que les trois malfaiteurs
00:12:25l'avaient choisie pour cible.
00:12:31Éric Albert et Michel Loiseau
00:12:33sont évacués.
00:12:35Dans l'ambulance,
00:12:37les deux policiers sont à peine conscients.
00:12:41– J'ai pensé à ma femme.
00:12:43Ouais.
00:12:45Mais bon.
00:12:47La femme, les enfants,
00:12:49les parents.
00:12:51On se dit, on ne les reverra plus.
00:12:53C'est fini.
00:12:55– Je me souviens que
00:12:57la radio de leur service
00:12:59criait dans les oreilles.
00:13:01Et j'ai entendu
00:13:03à ce moment-là
00:13:05qu'ils prévenaient le service des urgences
00:13:07de l'hôpital, qu'il y avait
00:13:09deux blessés graves
00:13:11et un Delta Charlie Delta.
00:13:15Un Delta Charlie Delta,
00:13:17dans notre jargon,
00:13:19c'est une personne décédée.
00:13:23Et j'ai donc appris à ce moment-là
00:13:25que je venais de perdre
00:13:27un de mes collègues.
00:13:33– Les deux policiers se remettent de leurs blessures.
00:13:35Mais ils sont en état de choc
00:13:37et surtout très en colère.
00:13:39– Pour moi, c'était une opération
00:13:41qui a été montée comme une opération commando
00:13:43avec des gens à l'intérieur et des gens à l'extérieur
00:13:45qui nous attendaient vraisemblablement
00:13:47avec de l'armement lourd, l'armement de guerre
00:13:49et qui était là vraiment pour une opération commando.
00:13:51C'est une opération de guerre qui s'est passée.
00:13:57– Une opération de guerre
00:13:59dans une petite ville
00:14:01de Haute-Savoie.
00:14:05– Je venais de passer
00:14:0720 ans de ma vie à Lyon
00:14:09où là, il se passait beaucoup de choses.
00:14:11Je suis arrivé
00:14:13à Tonon en me disant
00:14:15ici,
00:14:17ce sera une petite ville tranquille
00:14:19et à peine un an après,
00:14:21il se passait ça, j'ai été très surpris.
00:14:25– Ce n'est pourtant pas
00:14:27la première fois que la région
00:14:29est le théâtre de violences
00:14:31contre les forces de l'ordre.
00:14:33– C'est pas quelque chose
00:14:35d'isolé en quelque sorte.
00:14:37Le contexte de l'année 95,
00:14:39c'est un contexte
00:14:41d'accroissement important
00:14:43des vols à main armée contre les banques
00:14:45puisque alors que
00:14:47dans le reste de la France,
00:14:49le nombre des vols à main armée
00:14:51contre les banques était en diminution,
00:14:537%, 8%, je ne sais plus.
00:14:55Nous, de 94 à 95,
00:14:57on a eu 43%
00:14:59d'augmentation du nombre des vols à main armée
00:15:01dans les banques.
00:15:03Cette affaire, elle intervient dans ce contexte-là.
00:15:07– Au plus haut niveau de l'État,
00:15:09on tape du poing sur la table.
00:15:11La région Rhône-Alpes est dans le collimateur.
00:15:15– Nous, la pression, on se la met tout seul
00:15:17parce qu'on estime qu'on est responsable,
00:15:19c'est notre job.
00:15:21Il est clair quand, en plus,
00:15:23on tue un policier et on arme les autres,
00:15:25on est conscient qu'on est en face
00:15:27de gens extrêmement dangereux.
00:15:29– En attendant,
00:15:31l'heure est au recueillement.
00:15:33Toutes les pensées des policiers
00:15:35vont vers Denis Hogue.
00:15:37– C'était l'ami de tout le monde.
00:15:39C'était un joyeux animataire
00:15:41qui avait ce côté
00:15:43de la fête,
00:15:45mais dans le bon sens du terme,
00:15:47qui mettait de l'animation.
00:15:51– On sortait
00:15:53dans les bars privés,
00:15:55en discothèque ensemble,
00:15:57on faisait du sport ensemble,
00:15:59il faisait partie de ma famille,
00:16:01c'était quelqu'un qui était bon vivant.
00:16:03– Pour Jean-Louis Debré,
00:16:05le ministre de l'Intérieur de l'époque,
00:16:07Denis Hogue est tombé
00:16:09en faisant son devoir.
00:16:11Il a payé de sa vie
00:16:13son dévouement.
00:16:15Sonnerie aux morts,
00:16:17minutes de silence et marseillaise,
00:16:19la nation lui rend hommage.
00:16:23– C'était émouvant,
00:16:25il y avait sa famille,
00:16:27il y avait...
00:16:29Ouais...
00:16:31Enfin, il y avait...
00:16:33Oui, plein de gens
00:16:35qui l'aimaient,
00:16:37qui l'appréciaient,
00:16:39il était jeune,
00:16:41on venait,
00:16:43quelques semaines avant,
00:16:45on venait de fêter
00:16:47ses 40 ans.
00:16:49Hum.
00:16:51Musique
00:16:55– Passée l'émotion,
00:16:57les policiers se mettent au travail.
00:16:59L'enquête est confiée
00:17:01à la police judiciaire d'Annecy.
00:17:03Mais compte tenu de la gravité de l'affaire,
00:17:05le SRPJ de Lyon
00:17:07envoie des renforts,
00:17:09des techniciens spécialisés en scènes de crime
00:17:11viennent prêter main-forte à leurs collègues.
00:17:13Musique
00:17:17– On va trouver
00:17:19des multitudes de douilles
00:17:21d'armes différentes,
00:17:23on va retrouver des ogives,
00:17:25c'est-à-dire des balles qui ont été tirées
00:17:27par différentes armes,
00:17:29donc on va inventorier des armes
00:17:31qui viennent d'un fusil d'assaut.
00:17:33Musique
00:17:35Des armes un peu plus petites,
00:17:37donc là ça vient d'un pistolet automatique.
00:17:39On va retrouver des impacts de balles
00:17:41sur des véhicules,
00:17:43également dans les maisons alentours.
00:17:45Musique
00:17:47– À l'intérieur de la banque,
00:17:49les braqueurs ont abandonné plein de choses.
00:17:51Musique
00:17:53Dans un coin,
00:17:55un sac de sport,
00:17:57le butin
00:17:59qu'ils n'ont pas eu le temps d'emporter.
00:18:01Musique
00:18:03– On va s'apercevoir qu'ils ont,
00:18:05à l'aide d'un coup boulon
00:18:07ou de scie, on ne sait pas encore,
00:18:09cisaillé deux barreaux
00:18:11qui protégeaient les toilettes.
00:18:13Musique
00:18:15– C'est par ces toilettes que les malfaiteurs
00:18:17sont entrés, la seule pièce
00:18:19qui n'était pas protégée par une alarme.
00:18:21Tout était calculé.
00:18:23Les braqueurs ont pris soin
00:18:25de reposer les barreaux derrière eux
00:18:27avec du ruban adhésif
00:18:29de la même couleur.
00:18:31Musique
00:18:33– Pour nous, immédiatement,
00:18:35ce sont des gens qui sont, j'allais dire,
00:18:37des professionnels du banditisme.
00:18:39Ca rentre un petit peu
00:18:41dans ce qu'on appelle
00:18:43les casseurs-braqueurs.
00:18:45Casseurs-braqueurs, c'est-à-dire
00:18:47que ce sont des gens qui cassent,
00:18:49qui font une effraction
00:18:51pour pénétrer dans l'agence
00:18:53et qui attendent l'arrivée
00:18:55des employés de banque.
00:18:57– Ceux qui ont été retenus en otage
00:18:59sont entendus par les policiers.
00:19:01Ils tentent de décrire les malfaiteurs.
00:19:05– Il y a deux auteurs à l'intérieur.
00:19:07L'un mesure
00:19:09un mètre 75 à peu près,
00:19:11l'autre est un peu plus petit.
00:19:13– Les gendarmes !
00:19:15Les gendarmes !
00:19:17– On nous dit qu'ils ont apparemment
00:19:19des gilets pare-balles,
00:19:21qu'ils ont des couvents,
00:19:23qu'ils sont cagoulés,
00:19:25qu'ils sont gantés.
00:19:31Qu'ils sont armés chacun
00:19:33d'un pistolet automatique.
00:19:35On sait que ce sont des gens
00:19:37qui ont vaguement
00:19:39entre 20 et 35 ans.
00:19:41Parce que c'est une intuition
00:19:43comme ça qu'on a
00:19:45à travers leur façon de faire,
00:19:47leur attitude,
00:19:49leur façon de parler.
00:19:55– Dans la rue,
00:19:57les témoins de la fusillade
00:19:59ont vu trois hommes s'enfuir
00:20:01à bord d'une Renault 21.
00:20:03Un automobiliste
00:20:05affirme, lui, qu'il y avait
00:20:07un chauffeur à bord.
00:20:09Il serait donc quatre.
00:20:13Mais avant de s'engouffrer
00:20:15dans cette voiture,
00:20:17les braqueurs ont tenté
00:20:19de prendre en otage
00:20:21la conductrice d'une 405
00:20:23qui a réussi à s'enfuir.
00:20:25– Sur ce véhicule,
00:20:27on va retrouver
00:20:29des traces de sang
00:20:31ainsi que des traces de sang
00:20:33sur des bouts de verre
00:20:35provenant de la baie vitrée
00:20:37qui venait d'exploser.
00:20:39On a comparé ces deux traces de sang.
00:20:41C'est le même individu
00:20:43qui a blessé ces traces de sang.
00:20:45Donc on sait qu'il y avait eu un blessé.
00:20:47– D'autres témoins
00:20:49ont vu les braqueurs à visage découvert
00:20:51dans la rue
00:20:53quand ils ont enlevé leurs cagoules.
00:20:55– Un témoin
00:20:57va se présenter en disant
00:20:59« Moi, j'ai vu arriver une Renault 21
00:21:01ce samedi matin-là »
00:21:03et elle va nous décrire le chauffeur
00:21:05qui descend de cette voiture précipitamment
00:21:07comme étant quelqu'un
00:21:09d'un peu basané.
00:21:12– Grâce à ces témoins,
00:21:14les policiers dressent trois portraits robots
00:21:16qu'ils diffusent aussitôt.
00:21:18– On va faire circuler l'information
00:21:20dans les services régionaux
00:21:22de police judiciaire qui sont les plus proches de nous.
00:21:24Dijon, Clermont-Ferrand,
00:21:26Marseille, Montpellier.
00:21:28On va arroser pratiquement en temps réel
00:21:30par un système de messagerie.
00:21:32On va avertir tout le monde.
00:21:35– On recherche donc
00:21:37trois ou quatre hommes.
00:21:39Dégâts armés et dangereux.
00:21:41L'un d'eux serait blessé.
00:21:43Le jour même, dans l'après-midi,
00:21:45une policière municipale retrouve
00:21:47à quelques kilomètres de Tonon
00:21:49la Renault 21 à bord de laquelle
00:21:51les braqueurs ont pris la fuite.
00:21:54À l'intérieur de la Renault 21,
00:21:56les gangsters ont laissé beaucoup de choses.
00:21:58Une perruque,
00:22:00des sandales,
00:22:02des bouteilles d'eau entamées,
00:22:04des lunettes, un sac en plastique.
00:22:06Et surtout,
00:22:08un fusil de guerre,
00:22:10une Kalashnikov AK-47,
00:22:12l'arme du crime.
00:22:14Et ce n'est pas tout.
00:22:16Dans la rue,
00:22:18les policiers se retrouvent
00:22:20avec des armes.
00:22:22Et ce n'est pas tout.
00:22:24– Sur la puitette arrière
00:22:26de ce véhicule,
00:22:28on trouve un cheveu.
00:22:30Et les spécialistes vont extraire un ADN
00:22:32qu'on va donc pouvoir comparer
00:22:34avec les gens
00:22:36qu'on va arrêter.
00:22:38– En attendant,
00:22:40les policiers retrouvent
00:22:42le propriétaire de la Renault 21.
00:22:44C'est une voiture volée.
00:22:46L'homme raconte
00:22:48qu'il s'est garé 12 jours plus tôt
00:22:50dans le bar d'Annecy pour boire un verre.
00:22:5415 minutes plus tard,
00:22:56sa voiture n'était plus là.
00:22:58Le problème,
00:23:00c'est que cet homme
00:23:02est connu des services de police.
00:23:04– On va, bien entendu,
00:23:06approfondir nos recherches.
00:23:08On va le surveiller.
00:23:10On va voir un petit peu
00:23:12quelles sont ses fréquentations.
00:23:14On va essayer de voir
00:23:16s'il n'a pas un lien direct
00:23:18avec le vol à marmer
00:23:20et s'il, lui, n'est pas forcément
00:23:22l'un des auteurs du vol à marmer.
00:23:24– Finalement,
00:23:26le propriétaire est mis hors de cause.
00:23:28Les policiers tentent alors
00:23:30de faire parler les objets
00:23:32qu'ils ont récupérés dans sa voiture.
00:23:34Et notamment le sac en plastique.
00:23:36Il porte le nom d'une boutique.
00:23:38S'ils trouvent le magasin,
00:23:40ils auront peut-être une piste.
00:23:42– Après les recherches
00:23:44qu'on a faites,
00:23:46on a trouvé deux magasins en France.
00:23:48Un au Cap d'Agde,
00:23:50un sur Montreuil ou la région parisienne
00:23:52et un autre dans une autre région.
00:23:54– C'est parti pour une virée
00:23:56shopping dans toutes ces villes.
00:23:58Les policiers interrogent
00:24:00les patrons de ces boutiques,
00:24:02les vendeuses.
00:24:04Ils présentent les portraits robots.
00:24:06Mais ça ne donne rien.
00:24:08Alors,
00:24:10ils passent aux lunettes.
00:24:12Grâce aux numéros de série,
00:24:14ils peuvent remonter le magasin,
00:24:16retrouver le vendeur
00:24:18et identifier ainsi l'acheteur.
00:24:20– On va travailler d'abord sur le verre.
00:24:22Est-ce que c'est un verre
00:24:24qui est correcteur ?
00:24:26Est-ce qu'il a été prescrit par un médecin ?
00:24:30– Mais c'est un nouvel échec.
00:24:32Les lunettes n'ont jamais été vendues.
00:24:34C'est un modèle de présentation
00:24:36pour les vitrines.
00:24:38Les policiers ne baissent pas les bras
00:24:40pour autant.
00:24:42Pour les surveillances,
00:24:44ils ont un élément-clé,
00:24:46la bande-son du hold-up
00:24:48avec la voix des braqueurs.
00:24:52– Cet enregistrement du vol à main armée
00:24:54est précieux parce que
00:24:56les spécialistes du laboratoire
00:24:58d'analyse du traitement du signal
00:25:00ont donc mis en valeur,
00:25:02ont sorti deux voix.
00:25:04Les deux voix des deux auteurs
00:25:06qui étaient dans cette agence bancaire.
00:25:08Deux voix
00:25:10qui pourront être comparées
00:25:12avec celles d'éventuels suspects.
00:25:14En attendant,
00:25:16les policiers tentent d'exploiter
00:25:18cette bande autrement.
00:25:20– Nous avons fait le tour
00:25:22de tous les SRPJ,
00:25:24d'abord les Mitrof et de France,
00:25:26pour savoir si les voix qui apparaissaient
00:25:28pouvaient leur dire quelque chose.
00:25:30On avait affaire vraisemblablement
00:25:32et certainement à des braqueurs
00:25:34de très haut niveau.
00:25:36On a fait des recherches
00:25:38et des analyses pour savoir
00:25:40si éventuellement une des voix
00:25:42pouvait être connue.
00:25:44– Des semaines d'enquête
00:25:46sans aucun résultat.
00:25:48– Dominique,
00:25:50les policiers cherchent dans le milieu
00:25:52des braqueurs qui auraient les épaules
00:25:54pour avoir fait ce coup.
00:25:56Et sur qui ils remontent ?
00:25:58– Eh bien Frédéric, ils vont remonter
00:26:00sur les grosses équipes,
00:26:02en tout cas des équipes suffisamment dimensionnées
00:26:04les armes, les voitures, les planques
00:26:06et puis mener une opération comme ça.
00:26:08Donc c'est l'APJ d'Annecy qui travaille
00:26:10et qui va récupérer un tuyau
00:26:12de l'APJ de Montpellier.
00:26:14Le GRB, groupe de répression du banditisme,
00:26:16leur dit, les gars, on travaille
00:26:18sur une équipe qui pourrait sûrement
00:26:20vous intéresser, c'est l'équipe d'Ange Toussaint-Federich.
00:26:22– Des Corses ?
00:26:24– Des Corses, oui. Alors donc, c'est une équipe de Corses
00:26:26mais qui travaille en métropole
00:26:28et ce sont des itinérants.
00:26:30Et Ange Toussaint-Federich,
00:26:32il a un adjoint, un lieutenant qui s'appelle
00:26:34Antoine Barbieri.
00:26:36Et Antoine Barbieri, lui, il est du côté de Toulouse.
00:26:38Il est surveillé, toute cette équipe
00:26:40est surveillée et on sait que Barbieri,
00:26:42le 29 juillet 1995,
00:26:44jour du braquage des tenons les mains,
00:26:46il n'est pas à Toulouse.
00:26:48Donc l'APJ de Montpellier
00:26:50et l'APJ d'Annecy décident
00:26:52de taper l'équipe.
00:26:54Donc on les place en garde à vue et on vérifie
00:26:56les ADN, les voix.
00:26:58Donc pour Ange Toussaint-Federich,
00:27:00le patron, son ADN n'est pas celui
00:27:02qu'on retrouve à Toulouse les bains et sa voix n'est pas
00:27:04celle d'un des deux braqueurs.
00:27:06Pour son lieutenant, Antoine Barbieri,
00:27:08même chose, c'est pas son ADN,
00:27:10c'est pas sa voix et en plus il a un alibi.
00:27:12Pour le troisième homme de l'équipe
00:27:14qui s'appelle Jean-Charles Tarrant,
00:27:16même chose, il est mis hors de cause.
00:27:18Idem pour le quatrième, Stéphane Louchani
00:27:20qui lui, va même refuser
00:27:22de donner son ADN.
00:27:24Mais comme c'est un exécutant de l'équipe,
00:27:26si les autres n'y sont pas, il n'y est pas non plus.
00:27:28Donc, exit la piste Federich.
00:27:30– Et alors, qu'est-ce qui leur reste ?
00:27:32– Eh bien, on va chercher
00:27:34une autre grosse équipe
00:27:36et là, on tombe sur un gars qui s'appelle
00:27:38Gérard Bélivet. Donc, on interpelle
00:27:40Bélivet, mais ça se passe mal.
00:27:42Bélivet s'enfuit par une fenêtre
00:27:44et il va disparaître pendant plusieurs mois
00:27:46jusqu'à ce que, presque par hasard,
00:27:48il soit interpellé à Milan
00:27:50dans un hôtel et dans une affaire de stupe.
00:27:52On retrouve de la cocaïne dans sa chambre.
00:27:54L'APJ d'Annecy est prévenue.
00:27:56On vient vérifier son ADN.
00:27:58Là encore, ça n'est pas l'équipe Bélivet.
00:28:00Donc, exit Federich.
00:28:02Exit la bande Bélivet.
00:28:04Alors, l'APJ va continuer
00:28:06à tirer les sonnettes,
00:28:08actionner les indics en leur disant
00:28:10les gars, allez nous chercher
00:28:12cette sacrée, cette satanée information.
00:28:14Est-ce que vous avez le nom d'un des types
00:28:16qui est dans l'équipe ?
00:28:18...
00:28:2414 mois après le braquage
00:28:26de Tonon-les-Bains,
00:28:28quelqu'un parle enfin.
00:28:30Le 19 septembre 1996,
00:28:32l'OCRB, l'office central
00:28:34du banditisme de Paris,
00:28:36nous contacte et nous indique avoir eu
00:28:38un tuyau sur un prénommé Jésus.
00:28:40Le renseignement porte sur
00:28:42un des 4 malfaiteurs
00:28:44puisqu'on sait qu'ils sont 4.
00:28:46...
00:28:48Par l'intermédiaire de nos fichiers,
00:28:50très rapidement, Jésus est apparu
00:28:52comme étant un nommé René Salin,
00:28:54extrêmement connu.
00:28:56...
00:29:02Et la source, l'informateur,
00:29:04dit que René Salin est accompagné d'un certain Pierrot.
00:29:06...
00:29:08Ce Pierrot, raconte l'indic,
00:29:10ce serait l'homme qui a été blessé pendant le braquage,
00:29:12celui qui a perdu du sang.
00:29:14La source, elle est au contact
00:29:16de ces bandits, on va dire,
00:29:18malfaiteurs, donc elle sait dans quel
00:29:20secteur elle évolue, elle sait aussi
00:29:22dans quel secteur eux
00:29:24travaillent.
00:29:26En attendant d'identifier Pierrot,
00:29:28les policiers se concentrent sur René Salin.
00:29:30Sur lui, ils ont des billes.
00:29:32...
00:29:34Ce Jésus-là est tout sauf
00:29:36un inconnu.
00:29:38René Salin, c'est une pointure
00:29:40au niveau du braquage qui passait son
00:29:42temps entre la prison et le
00:29:44peu de temps de liberté, et qui
00:29:46était
00:29:48natif, originaire de la région parisienne,
00:29:50plus particulièrement dans la région de Montreuil-Bagnolet.
00:29:52...
00:29:54Une enfance de poule beau.
00:29:56A 14 ans, le gamin
00:29:58claque la porte.
00:30:00Ses parents ont divorcé
00:30:02et Salin n'aime pas sa belle-mère.
00:30:04...
00:30:06Depuis sa tendre enfance,
00:30:08il a été mis dans la zone.
00:30:10Disons qu'il a... Dans la zone,
00:30:12on ne rencontrait pas des
00:30:14futurs toubibs ou des choses comme ça.
00:30:16...
00:30:18Salin grandit à l'école de la rue.
00:30:20...
00:30:22Il dort dans des caves
00:30:24et vit de chapardage.
00:30:26...
00:30:28...
00:30:30...
00:30:32On allait chiner à droite, à gauche. Sur Paris,
00:30:34il y avait énormément de toitures en zing,
00:30:36et ça existe toujours, d'ailleurs.
00:30:38On achetait le zing directement
00:30:40aux couvreurs, qui eux, pour...
00:30:42Bon, mais ça leur faisait une gratte aussi,
00:30:44au lieu de le donner à leur patron, sûrement.
00:30:46Ils nous le revendaient beaucoup moins cher,
00:30:48et nous, on le revendait à des...
00:30:50à des ferrailleurs.
00:30:52Bon, des fois, quand le couvreur était sur le toit,
00:30:54qui avait un petit stock de zing, on le prenait, mais sans le payer.
00:30:56Voilà. On vivait un peu de ça.
00:30:58...
00:31:00On était un peu, mais des... Des voleurs de poule,
00:31:02aussi, hein. Je veux dire,
00:31:04quand on faisait, mettons, nos repas avec
00:31:06la douche, il faut... Il faut donc savoir,
00:31:08mais qu'à l'époque, la porte de Montreuil,
00:31:10y avait pas le périphérique. C'était
00:31:12terrain vague, et derrière, c'était
00:31:14vraiment la campagne. Y avait les clapiers,
00:31:16y avait les poulaillers, y avait tout ça.
00:31:18Bon, de temps en temps, c'est vrai, on se servait, mais c'était...
00:31:20On parle des années 50.
00:31:22...
00:31:24La 1re fois qu'il se retrouve en cabane,
00:31:26c'est en 60.
00:31:28René a 19 ans.
00:31:30...
00:31:32Fini l'école de la rue, place à celle du crime.
00:31:34...
00:31:36La suite, c'est l'engrenage.
00:31:38Jésus multiplie
00:31:40les hold-up entre 2 séjours
00:31:42derrière les barreaux.
00:31:44A 55 ans, il a fait le tour
00:31:46de France des cours d'assises.
00:31:48...
00:31:50...
00:31:52René Salin ne s'est jamais caché
00:31:54de son métier de braqueur.
00:31:56Ça, c'était...
00:31:58C'était comme ça
00:32:00qu'il vivait.
00:32:02...
00:32:04Salin est une caricature
00:32:06du voyou à l'ancienne.
00:32:08Parce qu'entre son apparence,
00:32:10sa gouaille et son code,
00:32:12il fait vraiment partie de ces vieux voyous
00:32:14qui ont ce fameux code d'honneur.
00:32:16Il était fait
00:32:18pour les Tontons-Flingueurs,
00:32:20les Barbouzes ou je ne sais quel autre film
00:32:22aujourd'hui mythique.
00:32:24Il s'inscrit tout à fait dans cette tradition-là.
00:32:26...
00:32:28Ce qui l'intéresse, c'est prendre de l'argent
00:32:30et que, surtout, ça se passe bien.
00:32:32...
00:32:34...
00:32:36...
00:32:38...
00:32:40...
00:32:42...
00:32:44...
00:32:46...
00:32:48...
00:32:50Monsieur le juge, les policiers
00:32:52viennent donc de recueillir un tuyau.
00:32:54René Salin, qu'on appelle
00:32:56Jésus dans le milieu.
00:32:58Et vous en pensez quoi
00:33:00de ce renseignement anonyme ?
00:33:02Je reçois l'information.
00:33:04Moi, en tant que juge d'instruction, j'aime pas beaucoup ça
00:33:06parce que forcément, des renseignements anonymes
00:33:08ne sont pas vraiment exploitables, ne sont pas des preuves.
00:33:10Mais évidemment, je suis intéressé.
00:33:12Et il a le profil, ce Jésus ?
00:33:14Alors évidemment, il a le profil parfait
00:33:16puisque René Salin,
00:33:18c'est un truand
00:33:20bien connu
00:33:22qui a été condamné à de nombreuses reprises,
00:33:24une dizaine de fois, dont cinq fois
00:33:26par un vol à main armée
00:33:28qui est connu pour commettre des braquages
00:33:30le samedi matin
00:33:32et qui s'en prend
00:33:34à des cris à l'école.
00:33:36Ce sont exactement les circonstances
00:33:38de l'affaire de Tonon-les-Bains.
00:33:40Et vous savez où il est à ce moment-là, ce Salin ?
00:33:42Il est sorti, semble-t-il,
00:33:44de prison en mai 1995
00:33:46et en fait, il est recherché par la section de recherche
00:33:48de gendarmerie d'Angers
00:33:50dans le cas d'une autre affaire, suite à un vol à main armée
00:33:52à la Ferté-Bernard.
00:33:54C'était
00:33:56le 16 novembre 1995
00:33:58à Chérez,
00:34:00une petite commune de 2000 habitants
00:34:02près de la Ferté-Bernard
00:34:04dans la Sarthe.
00:34:10Vers 19h,
00:34:12Michel-Auguste rentre chez elle
00:34:14avec Élodie, sa fille de 9 ans.
00:34:18Lorsqu'elle franchit le seuil de sa porte,
00:34:20j'ai tout de suite
00:34:22été attrapée
00:34:24par quelqu'un
00:34:26qui était caché
00:34:28sur ma gauche
00:34:30et j'ai aussitôt eu
00:34:32un revolver dans la nuque.
00:34:38Après, j'ai été prise
00:34:40par quelqu'un qui m'a attrapée
00:34:42de l'autre côté,
00:34:44qui m'a mis la main sur la bouche.
00:34:46Là, j'ai vu mon mari
00:34:48qui était assis sur le fauteuil
00:34:50avec les mains qui étaient liées
00:34:52dans le dos.
00:34:56C'est ma fille que j'ai vue en premier.
00:34:58Je lui ai dit surtout
00:35:00viens, n'aie pas peur,
00:35:02tout va bien se passer.
00:35:04Nous avions à face de nous
00:35:06trois hommes cagoulés
00:35:08et on était vraiment gardés de très près.
00:35:10Ils n'étaient jamais à plus d'un mètre
00:35:12de nous.
00:35:14C'était impossible de fuir.
00:35:16Et là, ces malfaiteurs nous ont dit
00:35:18qu'ils voulaient faire un hold-up
00:35:20dans la banque.
00:35:22Moi, aussitôt, je pensais
00:35:24qu'on allait repartir.
00:35:26Finalement, mon mari me dit
00:35:28tu n'as pas compris,
00:35:30ils veulent passer la nuit avec nous.
00:35:34Pour rassurer la petite,
00:35:36les braqueurs acceptent
00:35:38qu'elle regarde la télé.
00:35:40Je me suis assise sur le canapé
00:35:42à côté de mon père.
00:35:44On l'a détachée.
00:35:46Après, il y avait les braqueurs
00:35:48qui discutaient surtout avec mes parents.
00:35:50Moi, on m'a mis un film
00:35:52pour me faire passer le temps
00:35:54pour me changer un peu les idées
00:35:56et que je sois un peu plus détendue.
00:36:04Pendant ce temps-là,
00:36:06l'un des malfaiteurs
00:36:08entraîne Michel dans la cuisine.
00:36:10Le nombre d'employés,
00:36:12les codes d'accès de la banque,
00:36:14le système d'alarme,
00:36:16il veut tout savoir.
00:36:18Une fois au parfum,
00:36:20les braqueurs proposent de dîner
00:36:22mais les augustes n'ont pas faim.
00:36:24Ils préfèrent aller se coucher.
00:36:26Ils veulent dormir tous les trois
00:36:28dans le même lit.
00:36:30Les malfaiteurs acceptent
00:36:32mais les mettent en garde.
00:36:34Ils nous ont montré les armes
00:36:36de cette mitraillette
00:36:38pour faire comprendre
00:36:40qu'on n'était pas là pour jouer.
00:36:42Il fallait réussir.
00:36:44Ils m'ont dit
00:36:46quand on commence,
00:36:48on va jusqu'au bout.
00:36:50La famille Auguste
00:36:52est surveillée toute la nuit
00:36:54par un homme cagoulé.
00:36:58C'était une nuit d'angoisse.
00:37:00On ne les voyait pas énormément.
00:37:02Dans la nuit,
00:37:04on ne voyait que des ombres.
00:37:14Au réveil,
00:37:16ce qui nous a surpris,
00:37:18c'est qu'ils n'étaient plus cagoulés.
00:37:20On a eu peur
00:37:22parce qu'ils ne sont plus cagoulés.
00:37:24Ils savent qu'on va les reconnaître.
00:37:26Après, on s'est aperçu qu'ils s'étaient grimés.
00:37:30Fontain, perruque,
00:37:32lunettes de soleil,
00:37:34difficile de distinguer leur visage.
00:37:40Après avoir bu un café
00:37:42et pris soin de laver leur tasse,
00:37:44les braqueurs sont prêts.
00:37:46Vers 7h25,
00:37:48ils embarquent Michelle,
00:37:50son mari et sa fille.
00:37:52Direction la Ferté-Bernard
00:37:54où se trouve la banque.
00:37:56Eux, à leur niveau,
00:37:58étaient beaucoup plus anxieux.
00:38:00On se sentait sereins
00:38:02et on sentait une certaine tension.
00:38:04Là, parce qu'ils commençaient
00:38:06à passer à la phase supérieure.
00:38:14Devant la banque,
00:38:16le chef fait descendre Michelle.
00:38:20Elle va lui déverrouiller la porte
00:38:22gentiment.
00:38:24Une fois dedans,
00:38:26il donne le top à ses complices.
00:38:28Ils peuvent ramener
00:38:30les autres otages.
00:38:32Ils ont repéré les lieux,
00:38:34aussi à l'intérieur,
00:38:36arraché les fils de téléphone.
00:38:38Ils m'ont donné mon rôle.
00:38:40Je devais accueillir mes collègues,
00:38:42les rassurer,
00:38:44pour qu'il n'y ait pas de panique.
00:38:46Mon père et moi,
00:38:48on va dans le petit bureau
00:38:50qui est à l'entrée.
00:38:52Mes parents ont négocié
00:38:54pour que je sois attachée en dernier
00:38:56dans la banque,
00:38:58pour pas que j'en ai trop peur
00:39:00ou quoi que ce soit.
00:39:02Là, je m'assois à côté de mon père
00:39:04et on attend
00:39:06que les collègues arrivent
00:39:08au fur et à mesure.
00:39:12Une demi-heure plus tard,
00:39:148 employés sont déjà là.
00:39:16Parmi eux,
00:39:18Rémi Leroux.
00:39:20C'est un individu avec ses lunettes noires.
00:39:22L'autre, derrière,
00:39:24qui tenait sa mitraillette,
00:39:26style années 30.
00:39:30Dans ce cas-là,
00:39:32on suit les consignes.
00:39:38J'entends le téléphone sonner
00:39:40en permanence.
00:39:42L'autre était un peu nerveux.
00:39:44C'est lui qui nous surveillait.
00:39:46Il allait, il venait.
00:39:48Nous, on pouvait pas maîtriser
00:39:50puisqu'on était ficelés.
00:39:54Disons que c'était tendu.
00:39:56Personne ne faisait de mariole dans le bureau.
00:40:00L'un des employés doit ouvrir
00:40:02le distributeur automatique de billets.
00:40:04Discrètement, il en profite
00:40:06pour activer une alarme à distance.
00:40:10Quelques minutes plus tard,
00:40:12deux gendarmes débarquent.
00:40:14On approche de la banque
00:40:16et mon collègue me couvre.
00:40:18Il est porteur d'un fusil à pont.
00:40:20Je m'approche des distributeurs
00:40:22de billets et j'entends un bruit.
00:40:24J'entends un bruit
00:40:26comme du papier froissé
00:40:28ou des billets qui bougent.
00:40:32Je suis retourné au véhicule.
00:40:34J'ai demandé à mes collègues
00:40:36de téléphoner dans l'agence.
00:40:44On a entendu le téléphone
00:40:46mais personne ne répondait.
00:40:48Les deux employés du crédit agricole
00:40:50sont arrivés vers nous.
00:40:52En venant de l'extérieur,
00:40:54ils venaient prendre leur service.
00:40:56On leur demande de nous ouvrir
00:40:58la porte sur le côté.
00:41:00J'entends la porte du bureau
00:41:02qui s'ouvre.
00:41:04C'était les gendarmes.
00:41:08L'autre individu qui nous regardait
00:41:10a carrément sorti son revolver.
00:41:14Ça a résonné dans le bureau.
00:41:16On s'est rentrés la tête
00:41:18dans les épaules.
00:41:20On s'est tous cachés
00:41:22sous le bureau.
00:41:24Ma fille était sous nous
00:41:26avec tous les autres collègues.
00:41:28C'est là où j'ai eu peur.
00:41:30Le fait de voir que ça tirait
00:41:32dans tous les coins,
00:41:34que ça commençait à paniquer
00:41:36du côté des braqueurs
00:41:38ou de notre côté.
00:41:40Les gendarmes font demi-tour
00:41:42et foncent appeler des renforts.
00:41:44Nous sommes sortis de l'avant.
00:41:46On s'est réfugiés derrière des gros platanes
00:41:48qui sont dans l'allée du crédit agricole.
00:41:50Je vais tout de suite
00:41:52au véhicule Clio.
00:41:54Je lance l'alerte en disant
00:41:56qu'il y a un vol à marmer
00:41:58et qu'on vient de nous tirer dessus.
00:42:02Très rapidement, il y a un individu
00:42:04qui se présente au balcon
00:42:06en hurlant qu'il avait des otages.
00:42:12Et très rapidement,
00:42:14j'entends une première détonation,
00:42:16forte.
00:42:20Les balles traversaient
00:42:22les voitures comme du fromage.
00:42:24Je vais leur dire
00:42:26arrêtez de tirer, on s'en va.
00:42:28Le deuxième gendarme riposte
00:42:30mais il est touché.
00:42:34Sa main est en sang.
00:42:36Il lâche son arme, se recroqueville.
00:42:38Deuxième coup de feu.
00:42:40Cette fois, la balle lui traverse la cuisse.
00:42:46Il rend péniblement jusqu'à la voiture.
00:42:48Son collègue l'aide à grimper
00:42:50sur la banquette arrière et prend le volant.
00:42:54J'ai mon arme dans la main droite.
00:42:58Avec la main gauche,
00:43:00je démarre la voiture, je lève la tête
00:43:02et je vois un auteur qui me braque.
00:43:04Je baisse la tête
00:43:06et là, je perds connaissance.
00:43:08Avant de s'écrouler,
00:43:10touché à la tête,
00:43:12le gendarme a enclenché la marche arrière
00:43:14et enfoncé l'accélérateur.
00:43:20Pendant ce temps,
00:43:22les braqueurs abandonnent leurs otages.
00:43:24Ils passent par la fenêtre du premier étage
00:43:26et glissent le long de la gouttière.
00:43:30Sur la place de l'église,
00:43:32un livreur est en train de se garer.
00:43:34En moins de deux,
00:43:36il le neutralise
00:43:38et part avec sa fourgonnette,
00:43:40un C15.
00:43:46Bilan,
00:43:48deux gendarmes blessés qui s'en tirent par miracle.
00:43:50Le butin, lui,
00:43:52s'élève à quelque 160 000 francs,
00:43:54environ 25 000 euros,
00:43:56auxquels il faut ajouter
00:43:58276 bons du trésor.
00:44:00Les gendarmes mettent le paquet
00:44:02pour retrouver les malfaiteurs.
00:44:04Des chiens, des hélicos,
00:44:06la chasse à l'homme commence.
00:44:10La fourgonnette C15
00:44:12est retrouvée quelques heures plus tard.
00:44:14Dans leur fuite,
00:44:16les braqueurs ont oublié
00:44:18deux ou trois petites choses
00:44:20que les gendarmes vont tenter de faire parler,
00:44:22notamment des mégots de cigarette.
00:44:24En attendant,
00:44:26ils interrogent les employés de la banque
00:44:28pour obtenir le signalement des malfaiteurs.
00:44:32Michel et son mari leur livrent
00:44:34un détail précieux sur le chef de la bande.
00:44:38Il avait des petits yeux
00:44:40gris-acier
00:44:42ou bleu-acier
00:44:44et donc
00:44:46on distinguait aussi une mèche
00:44:48qui dépassait de temps en temps,
00:44:50on voyait que c'était quelqu'un
00:44:52qui était rouquin.
00:44:54De retour chez eux,
00:44:56les Augustes soufflent enfin.
00:45:00En remettant de l'ordre dans la maison,
00:45:02le mari s'aperçoit que sa veste de chasse
00:45:04a disparu.
00:45:06Il prévient les gendarmes
00:45:08qui enchaînent les vérifications.
00:45:12Nous savions qu'une stagiaire
00:45:14de cette banque
00:45:16avait,
00:45:18comment dirais-je,
00:45:20comment prendre l'expression,
00:45:22un petit peu volage
00:45:24et qui, lors de ses sorties,
00:45:26se confiait, semble-t-il,
00:45:28aisément
00:45:30à qui voulait bien l'entendre.
00:45:34Nous nous sommes intéressés à cette fille,
00:45:36pour éventuellement dans son environnement.
00:45:38Il n'y a pas pu y avoir une fuite
00:45:40qui a entraîné des renseignements.
00:45:42Donc elle a été placée
00:45:44sous écoute téléphonique.
00:45:48Des semaines d'observation
00:45:50avant d'être certains
00:45:52qu'il n'y a pas eu d'attaque.
00:45:54Les gendarmes lâchent cette piste
00:45:56et tentent d'en creuser d'autres.
00:46:02Jusqu'en avril 1996.
00:46:04Jusqu'à ce que Jean-Claude Valienne
00:46:06monte à l'Institut de Recherche Criminelle
00:46:08de la Gendarmerie Nationale,
00:46:10en région parisienne.
00:46:12Il y croise un collègue de Rouen
00:46:14à qui il parle de son affaire.
00:46:16En discutant,
00:46:18il me fait part de la découverte à Brion,
00:46:20donc dans le département de l'Eure,
00:46:22d'un véhicule Peugeot 306
00:46:26qu'il a sur le parking
00:46:28dans une cité.
00:46:32Une voiture abandonnée
00:46:34sur un parking
00:46:36à 100 km de la Ferté-Bernard.
00:46:38Et il s'avère
00:46:40que cette voiture
00:46:42était plaquée au nom des renseignements généraux
00:46:44de la préfecture de police de Paris.
00:46:46A l'intérieur de cette voiture,
00:46:48plaque police,
00:46:50vêtements,
00:46:52notamment une veste de chasse.
00:46:54Ça, c'est une chose.
00:46:56Mais dans le coffre,
00:46:58pistolet,
00:47:00revolver, fusil,
00:47:02cagoule,
00:47:04gilet pare-balle,
00:47:06un élément
00:47:08super intéressant.
00:47:10Je ne pense pas
00:47:12que les renseignements généraux
00:47:14de la préfecture de police de Paris
00:47:16puissent intervenir
00:47:18avec un Remington.
00:47:20Tout ça ressemble
00:47:22plutôt à l'attirail d'un braqueur.
00:47:24D'autant que la 306
00:47:26est une voiture volée, maquillée
00:47:28en voiture de police.
00:47:30Jean-Luc Valienne sent
00:47:32que ça pourrait coller.
00:47:34Il récupère
00:47:36la veste de chasse
00:47:38et la présente à Claude Auguste.
00:47:40Comme elle avait été passée au pressing,
00:47:42donc elle n'avait pas tout à fait
00:47:44sauvé, mais malgré tout,
00:47:46elle avait un signe particulier.
00:47:48Cette veste s'est filochée
00:47:50au niveau de la fermeture éclaire
00:47:52et j'avais donné un coup de ciseau.
00:47:54À l'époque, j'avais
00:47:56souvent des motettes et des cachets.
00:47:58J'avais souvent des Doliprane dans mes poches.
00:48:00Et quand ils
00:48:02me l'ont présenté,
00:48:04je l'ai enfilé et là,
00:48:06il a blémi. En fouillant dans les poches,
00:48:08j'ai retrouvé une capsule
00:48:10d'un cachet de Doliprane.
00:48:12Donc forcément,
00:48:14j'étais sûr
00:48:16que c'était ma veste de chasse.
00:48:18Cette fois,
00:48:20les gendarmes sont sur la bonne piste.
00:48:22Ils travaillent aussi sur l'arsenal
00:48:24qu'ils ont retrouvé dans la 306.
00:48:26Le fusil Remington
00:48:28a été vendu par une armurerie
00:48:30à Paris.
00:48:32L'acheteur est un certain
00:48:34Tony Aubril.
00:48:36Aubril Tony.
00:48:38Connu
00:48:40pour vol à main armée.
00:48:42Photo, nous avons un rouquin.
00:48:44Il s'est dit, ça peut être
00:48:46le jackpot.
00:48:48Donc après,
00:48:50démarrage et la pelote de laine,
00:48:52on l'attire. Environnement.
00:48:54Environnement, il faut le
00:48:56localiser. Tony Aubril
00:48:58est parisien. S'il est venu
00:49:00opérer dans la région, ce n'est pas un hasard.
00:49:02Il y a sûrement une attache.
00:49:04Et de fait,
00:49:06grâce à la téléphonie,
00:49:08les gendarmes le logent à Paris.
00:49:10Et apprennent qu'ils s'apprêtent
00:49:12justement à rendre visite à un ami
00:49:14dans la Sarthe, un certain
00:49:16Pascal Dessay.
00:49:18Les gendarmes les gardent
00:49:20à l'oeil 24h sur 24.
00:49:28Le 28 mai,
00:49:30nous voyons ces garçons
00:49:32travers la vitre
00:49:34du logement et des rideaux
00:49:36essayer gilet pare-balles,
00:49:38manipuler des armes,
00:49:40regarder des cartes routières.
00:49:42À partir de ce moment-là,
00:49:44le GIGN, le groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale
00:49:46nous renforce.
00:49:48Et on ne lâche plus
00:49:50l'équipe.
00:49:58Manque de chance, Tony Aubril
00:50:00et Pascal Dessay réussissent
00:50:02à fausser compagnie aux gendarmes.
00:50:04Et ils commettent plusieurs hold-up
00:50:06avant de se faire serrer.
00:50:08En garde à vue, le rouquin
00:50:10ne lâche rien sur le braquage
00:50:12de la Ferté-Bernard. Son copain Dessay,
00:50:14en revanche, est beaucoup plus bavard.
00:50:18Pascal Dessay l'admet,
00:50:20il a braqué plusieurs banques avec Tony Aubril.
00:50:22Mais pas celles de la Ferté-Bernard.
00:50:24La prise d'otages, les tirs
00:50:26sur les gendarmes, il n'y était pas.
00:50:30C'est
00:50:32Tony et deux autres gars
00:50:34qui ont fait le coup.
00:50:36Il le sait parce que l'équipe a dormi chez lui
00:50:38la veille du hold-up.
00:50:40Ils nous parlent d'un
00:50:42Jésus et
00:50:44nous parlent du gros
00:50:46JF ou Jeff.
00:50:48Rapidement,
00:50:50les gendarmes identifient les deux larrons.
00:50:52Jeff s'appelle Jean-François
00:50:54Jusot.
00:50:56Quant à Jésus...
00:50:58Jésus est
00:51:00identifié comme étant
00:51:02Saint-Laing-René.
00:51:04Cet individu, nous n'arrivons pas à le loger.
00:51:10Les gendarmes en sont là
00:51:12quand ils reçoivent un coup de fil
00:51:14de leurs collègues de la police.
00:51:16Ceux qui travaillent sur le braquage de Tonant.
00:51:18Eux aussi
00:51:20cherchent le Jésus.
00:51:22Les gendarmes et les policiers
00:51:24se mettent d'accord. Le premier qui l'arrête
00:51:26prévient l'autre.
00:51:28Et après plusieurs semaines d'écoute téléphonique
00:51:30et de surveillance, ce sont les gendarmes
00:51:32qui gagnent. Ils coffrent
00:51:34René Salat.
00:51:38Sur un bar
00:51:40de la rue de Bagnolet
00:51:42qui nous a
00:51:44bien servi puisque ça s'appelait le Bienvenu.
00:51:46Un soir de
00:51:48planque, j'étais avec des membres du GIGN
00:51:50dans un squat
00:51:52en face. Et
00:51:54ce que je vois arriver,
00:51:56le signalement, je le reconnais formellement.
00:52:00Et donc je vois
00:52:02ce fameux Jésus rentrer.
00:52:04Il embrasse le patron.
00:52:06Donc une bonne connaissance.
00:52:081,5.
00:52:12Et il remonte dans son véhicule
00:52:14Citroën CX.
00:52:16Les gendarmes décident de laisser
00:52:18une équipe devant le bar.
00:52:20Salat a l'air d'être un ami de la maison.
00:52:22Il va sûrement revenir.
00:52:26Minuit et demi, toujours pas
00:52:28de Salat.
00:52:30Une heure, toujours pas de Salat.
00:52:32Donc
00:52:34le commandant du GIGN décide
00:52:36de lever le dispositif et le remettre
00:52:38au lendemain. Nous nous séparons.
00:52:40C'est alors, pas envie de me coucher,
00:52:42je retourne
00:52:44rue de Bagnolet.
00:52:46Et c'est alors que je remarque le véhicule Citroën
00:52:48CX de Salat.
00:52:50Deux heures du matin, je préviens tout le monde.
00:52:52Il est là. Faut faire vite.
00:52:54Faut plus le lâcher.
00:53:06Le commandant Savié
00:53:08intervient avec ses hommes.
00:53:10La vitre du bar
00:53:12est dans l'embrie.
00:53:14Par terre.
00:53:16Et tous les membres interpellent
00:53:18les sept personnes présentes à l'intérieur.
00:53:20Dont René Salin.
00:53:22Pour lui, c'est
00:53:24la fin de sa liberté.
00:53:28Fin de sa liberté et début
00:53:30de sa garde à vue.
00:53:32D'emblée,
00:53:34Jésus nie toute participation
00:53:36au braquage de l'affaire Thébernat.
00:53:38René Salin,
00:53:40un homme, un voyou.
00:53:44Un vrai soldat,
00:53:46comme on l'appelle dans le jargon.
00:53:48T'as des billes,
00:53:50je te réponds, t'as pas de billes,
00:53:52c'est pas grave.
00:53:54Et il fume.
00:53:56On le laisse fumer, on le laisse boire.
00:54:00Comme toute personne gardée à vue,
00:54:02nous ne sommes pas des sauvages.
00:54:06Et à un moment donné, nous lui notifions.
00:54:08Nous lui demandons
00:54:10s'il accepte le prélèvement sanguin.
00:54:12Il nous dit oui.
00:54:14Mais par contre,
00:54:16ce sont des gens qui facilement se rétractent.
00:54:18Donc nous avons pris une garantie supplémentaire
00:54:20en saisissant les mégots
00:54:22qu'il venait de fumer.
00:54:24Et là, il sent que
00:54:26c'est pas bon.
00:54:32Parce qu'il sait que les mégots
00:54:34qui sont tombés de sa poche, qui sont découverts
00:54:36dans le C-15 au moment de la fuite,
00:54:38ce sont les siens.
00:54:40Il sait très bien que l'analyse biologique
00:54:42le mettra
00:54:44systématiquement en cause.
00:54:46Donc là, voilà, il reconnaît.
00:54:48Mais il balance personne.
00:54:50Il prend ses patins, comme il dit,
00:54:52je prends mes patins, je reconnais, point.
00:55:06Monsieur le juge,
00:55:08René Salin vient d'avouer
00:55:10le braquage de l'affaire Thébernard.
00:55:12Il est incarcéré.
00:55:14Est-ce que vous en profitez pour aller l'interroger
00:55:16sur votre dossier de Tonon-les-Bains ?
00:55:18Alors pas immédiatement, en fait,
00:55:20parce que nous, nous n'avons pas beaucoup d'éléments
00:55:22le concernant, si ce n'est ce renseignement.
00:55:24Et à ce moment-là, nous sommes beaucoup plus intéressés
00:55:26par Pierrot.
00:55:28Donc vous avez réussi à l'identifier, ce fameux Pierrot ?
00:55:30Oui. En faisant l'environnement de René Salin,
00:55:32les policiers apprennent qu'il a été
00:55:34incarcéré à la maison d'arrêt,
00:55:36une fois-ci avec d'autres personnes,
00:55:38dont un certain Pierre Palatin.
00:55:40Les policiers le retrouvent simplement
00:55:42en consultant les fiches.
00:55:44Et on trouve aussi un carnet
00:55:46dans les affaires personnelles
00:55:48de René Salin en détention
00:55:50sur lequel est mentionné
00:55:52l'adresse de Pierre Palatin.
00:55:54Il y a quatre suspects
00:55:56pour le braquage de l'affaire Thébernard.
00:55:58Est-ce que ce sont les mêmes hommes
00:56:00qui ont commis le casse
00:56:02du crédit agricole de Tonon ?
00:56:04Non. Parmi les quatre, c'est sûr,
00:56:06il y a René Salin, donc forcément, lui,
00:56:08est concerné. Les trois autres,
00:56:10non, ils sont exclus par des conversations
00:56:12enregistrées à l'intérieur
00:56:14de l'établissement bancaire
00:56:16et par la comparaison d'ADN
00:56:18à partir du sang qui a été perdu
00:56:20par l'un des malfaiteurs
00:56:22lorsqu'il a pris la fuite.
00:56:26Pierre Palatin est lui aussi en bonne place
00:56:28dans les fichiers de la police.
00:56:30Il est d'abord recherché
00:56:32lorsqu'il était sous contrôle judiciaire
00:56:34pour un magistrat de la région parisienne
00:56:36parce qu'il s'était
00:56:38soustrait à ce contrôle.
00:56:40Il avait été mis en détention
00:56:42provisoire pour des histoires
00:56:44de bagarres, donc on savait
00:56:46qu'il était recherché.
00:56:52Palatin est également
00:56:54fiché pour une affaire en Thaïlande,
00:56:56un trafic de stupes
00:56:58pour lequel il a pris 100 ans de prison.
00:57:02Après quelques années dans les jaules
00:57:04Thaï, il a été rapatrié
00:57:06en France où il a fini par
00:57:08obtenir une libération conditionnelle.
00:57:14En fait, c'est un homme qui a eu
00:57:16plusieurs vies.
00:57:18C'est un homme qui a beaucoup voyagé,
00:57:20qui a beaucoup bougé, de par la profession
00:57:22de son papa, qui a été militaire
00:57:24et qui a été beaucoup muté.
00:57:28Pierre Palatin a vécu en Afrique,
00:57:30il parle plusieurs langues.
00:57:34C'est un garçon qui
00:57:36se dit technico-commercial.
00:57:38En fait, on s'aperçoit très vite
00:57:40qu'il vend
00:57:42une fois des armes, une fois
00:57:44quelques objets anciens,
00:57:46mais sans jamais
00:57:48beaucoup d'assiduité.
00:57:50C'est quelqu'un
00:57:52qui n'est pas très stable et qui
00:57:54vivote comme ça à droite et gauche.
00:57:56C'est pas le voyou
00:57:58d'envergure
00:58:00tel que ça là,
00:58:02mais c'est quand même
00:58:04quelqu'un qui peut être intéressant.
00:58:08Les policiers présentent
00:58:10la photo de Pierre Palatin à l'indic.
00:58:12Celui qui leur avait donné
00:58:14le tuyau de Jésus et de Pierrot.
00:58:16Et il le reconnaît.
00:58:20Il est évident que Pierre Palatin
00:58:22devait se cacher quelque part.
00:58:24On avait vu qu'il avait une soeur
00:58:26sur la région parisienne, qu'il avait
00:58:28sa famille et ses parents sur Sojon,
00:58:30dans la région de Royan.
00:58:32Donc il a été décidé de procéder
00:58:34à des surveillances techniques,
00:58:36des écoutes téléphoniques sur les parents,
00:58:38pour pouvoir déterminer
00:58:40où était Pierre Palatin.
00:58:44Très rapidement, les surveillances
00:58:46téléphoniques ont permis de déterminer
00:58:48que Pierre Palatin ne se trouvait pas en France,
00:58:50se trouvait à l'étranger.
00:58:52C'est la région de Faro,
00:58:54qui est le sud du Portugal.
00:59:04Dominique, avant d'aller au Portugal,
00:59:06les policiers veulent confirmer
00:59:08cette piste. Comment vont-ils s'y prendre ?
00:59:10Ils vont demander à une experte,
00:59:12Frédéric, une experte du
00:59:14laboratoire d'analyse et de traitement
00:59:16du signal de la DCPJ,
00:59:18la direction centrale de la PJ.
00:59:20C'est un docteur en sciences physiques,
00:59:22elle s'appelle Daloul Ouébi.
00:59:24Elle va travailler à partir de deux enregistrements.
00:59:26Un premier enregistrement de la voix
00:59:28de Pierre Palatin, capté sur une écoute téléphonique
00:59:30alors qu'il appelle son père.
00:59:32Et le deuxième, l'enregistrement
00:59:34effectué pendant le braquage
00:59:36dans la banque.
00:59:38Jusqu'ici, cette experte a mis hors de cause
00:59:40toutes les personnes interpellées,
00:59:42parmi lesquelles
00:59:44Salin.
00:59:46Mais elle va dire, de façon formelle,
00:59:48moi, expert, je reconnais
00:59:50la voix de Pierre Palatin
00:59:52comme étant celle de l'homme numéro 1
00:59:54dans la banque. Voilà comment elle a travaillé.
00:59:56Elle a pris les enregistrements
00:59:58sonores, les bandes
01:00:00magnétiques, elle les a transformées
01:00:02en signal numérique, c'est-à-dire qu'elle a pris les bandes
01:00:04et les a mises sur son ordinateur.
01:00:06Et à partir de là, elle va
01:00:08éliminer les voix des otages,
01:00:10éliminer les bruits parasites
01:00:12pour ne conserver que deux voix,
01:00:14celle de l'homme numéro 1, celle de l'homme numéro 2
01:00:16et elle va comparer. Elle va comparer
01:00:18de deux façons. De façon classique,
01:00:20alors, elle explique son travail,
01:00:22elle a écouté la mélodie,
01:00:24le timbre de la voix,
01:00:26le débit,
01:00:28l'articulation,
01:00:30et puis, toutes les singularités
01:00:32de la voix. L'homme numéro 1
01:00:34dit parfois, ou assez souvent,
01:00:36à la fin de ses phrases,
01:00:38là, on y va, là, qu'est-ce qu'on fait là ?
01:00:40– Et Palatin fait pareil ? – Palatin fait pareil.
01:00:42Quand on l'entend parler à son père,
01:00:44il dit la même chose. Là, il finit ses phrases par
01:00:46là. Et elle va ensuite,
01:00:48cette experte, travailler selon une méthode
01:00:50numérique, alors beaucoup plus technique
01:00:52d'écoute, donc le spectre
01:00:54de la voix et puis
01:00:56le signal temporel.
01:00:58Et à l'issue, elle dit dans sa conclusion,
01:01:00je suis formel,
01:01:02l'homme numéro 1, celui qui est dans la banque,
01:01:04l'un des deux braqueurs,
01:01:06c'est bien Pierre Palatin.
01:01:08– Monsieur le juge, maintenant
01:01:10que vous êtes sûr que c'est la voix
01:01:12de Palatin sur la bande-son,
01:01:14est-ce que vous allez l'interpeller
01:01:16au Portugal ?
01:01:18– Alors, au départ, moi, j'envoie
01:01:20deux policiers le surveiller au Portugal
01:01:22et, assez rapidement,
01:01:24on apprend qu'il est de retour
01:01:26pour les fêtes de fin d'année
01:01:28à Sojon, près de Royan,
01:01:30chez ses parents. Et c'est à ce moment-là
01:01:32qu'on décide de procéder à son interpellation.
01:01:34– Et c'est à ce moment-là
01:01:36qu'on décide de procéder à son interpellation.
01:01:38– Et que dit-il au garde à vue ?
01:01:40– Il dit que, courant juillet de 1995,
01:01:42il est avec Salin au Portugal.
01:01:44Et il nie formellement toute implication
01:01:46dans cette affaire de vol à marmée.
01:01:48– Deux mois plus tard, vous entendez
01:01:50René Salin, est-ce qu'il n'est plus
01:01:52bavard, lui ? – Non.
01:01:54Il dit la même chose, avec cette phrase
01:01:56curieuse, dont je me souviens encore très bien,
01:01:58c'est, si
01:02:00Pierrot Palatin plonge,
01:02:02je plonge.
01:02:04– Que disent-ils à propos de leur emploi
01:02:06du temps pendant cette période ?
01:02:08– Ils disent qu'ils sont allés au Portugal,
01:02:10en passant par Sojon, à côté de Royan,
01:02:12chez les parents de Pierre Palatin,
01:02:14et qu'à cette occasion,
01:02:16ils avaient joué au casino.
01:02:22– Premier point à vérifier,
01:02:24le casino.
01:02:26Les policiers veulent savoir
01:02:28à quelle date Salin et Palatin
01:02:30s'y sont rendus.
01:02:32Ils retrouvent la trace de leur passage
01:02:34dans la nuit du 15 juillet.
01:02:38Palatin y est revenu seul,
01:02:40le lendemain soir,
01:02:42et deux semaines plus tard.
01:02:44– Dans la nuit du
01:02:4630 au 31 juillet
01:02:481995, il apparaissait
01:02:50qu'il avait joué au casino de Royan,
01:02:52aux alentours de 3h, 3h30
01:02:54du matin, ce qui correspond à peu près
01:02:56à une grosse trentaine d'heures après le vol à marmée
01:02:58qui avait été commis le 29 juillet
01:03:00à 8h30 du matin.
01:03:02– Ça veut dire que le 29 juillet
01:03:04à 8h du matin, ils peuvent être
01:03:06à ton nom, sans aucun problème,
01:03:08puisqu'il y a plus de 24 heures
01:03:10qui séparent ces deux faits.
01:03:16– Dans la foulée,
01:03:18les enquêteurs se rendent au Portugal.
01:03:22– On va demander à son
01:03:24ami qui est au Portugal
01:03:26s'il se souvient de l'arrivée
01:03:28de René Salin
01:03:30et de Palatin.
01:03:32– Ce monsieur nous a indiqué que
01:03:34le 5 août, en fin d'après-midi,
01:03:36il a vu arriver une 505
01:03:38conduite par Pierre Palatin.
01:03:42Il nous a indiqué que le 5 août au soir,
01:03:44Pierre Palatin et René Salin,
01:03:46qui étaient deux grands fêtards,
01:03:48sont allés dans une boîte de nuit
01:03:50qui se trouvait à la limite frontière espagnole
01:03:52où ils avaient leurs habitudes et ils sont allés jouer.
01:03:54– Le 5 août,
01:03:56les enquêteurs se rendent après le braquage.
01:03:58– Manifestement, ils sont allés là
01:04:00pour se retrancher et
01:04:02ce qu'on a également appris en faisant
01:04:04ces investigations, c'est que
01:04:06Jésus, donc René Salin,
01:04:08s'est éteint les cheveux en noir.
01:04:10Alors pourquoi ? Puisque c'était la seule fois
01:04:12apparemment qu'il se teignait les cheveux en noir
01:04:14parce qu'il avait les cheveux poivre et sel.
01:04:16Donc c'était un élément intéressant aussi,
01:04:18peut-être parce qu'il voulait changer de physionomie, etc.
01:04:20– Pour les policiers,
01:04:22Salin et Palatin ont menti,
01:04:24l'alibi ne tient pas.
01:04:26Ils sont mis tous les deux en examen,
01:04:28mais il reste un,
01:04:30voire deux gangsters dans la nature.
01:04:32C'est là que
01:04:34les policiers ont un nouveau tuyau.
01:04:38– On a la surprise d'être appelés
01:04:40par la brigade de répression du vanitisme
01:04:42de Lyon qui nous indique qu'à la suite d'un vol
01:04:44à main armée qui avait été commis à Villeurbanne,
01:04:46trois individus avaient abandonné
01:04:48une cagoule à l'intérieur du véhicule.
01:04:50La police scientifique, en faisant les recherches
01:04:52sur la cagoule, s'est rendu compte
01:04:54qu'il y avait différents cheveux.
01:04:56– Dont ceux de Pierre Palatin
01:04:58et d'un certain Nenad Zambas.
01:05:02Intéressant.
01:05:08Intéressant parce que ce Nenad Zambas
01:05:10est un gars réputé
01:05:12dans le milieu lyonnais.
01:05:14Un fournisseur d'armes déjà fiché.
01:05:18– Il avait un petit peu de tout.
01:05:20De l'automatique, le plus petit,
01:05:22au AK-47.
01:05:24J'avais mes contacts de l'ex-yougoslavie
01:05:26qui acheminaient ça jusqu'en France.
01:05:28Moi, ils arrivaient entre mes mains
01:05:30et après, je vendais à l'offre et à la demande.
01:05:34– En garde à vue,
01:05:36Nenad Zambas jure qu'il n'est pas monté
01:05:38sur ce braquage. Cet été-là,
01:05:40il a fourni des armes d'accord.
01:05:42Mais à un intermédiaire, il ne sait pas à qui
01:05:44ni à quoi elles ont servi.
01:05:46Et quand on lui demande
01:05:48ce que fait son cheveu avec celui
01:05:50de Palatin dans une cagoule,
01:05:52il a une explication.
01:05:54– Il indique qu'effectivement,
01:05:56il est possible que lui,
01:05:58quand il prête
01:06:00ou qu'il vend des cagoules,
01:06:02qu'il vend ce genre de produit
01:06:04à des équipes, il les essaye avant.
01:06:06Donc il indique qu'il est possible
01:06:08qu'il ait essayé cette cagoule.
01:06:10– Pourquoi pas ?
01:06:12Le problème pour Zambas,
01:06:14c'est qu'on a aussi retrouvé
01:06:16ton cheveu dans la Renault 21
01:06:18de Tonon.
01:06:20– Et ils m'ont dit,
01:06:22on a des éléments contre toi,
01:06:24on a retrouvé ton cheveu dans la R21.
01:06:26Et ils m'ont dit,
01:06:28dans l'affaire concernant Lyon,
01:06:30on retrouve le cheveu de Palatin
01:06:32dans une cagoule avec ton cheveu.
01:06:34Elle est là, la relation.
01:06:36Et moi, ils m'ont dit,
01:06:38tu vas partir pour perpète,
01:06:40tu vas plus jamais sortir prison,
01:06:42plus les autres affaires
01:06:44– J'ai fait plusieurs braquages sur Lyon
01:06:46et sa périphérie.
01:06:48J'avais eu une tentative de meurtre
01:06:50sur un gendarme lors d'un braquage
01:06:52sur un supermarché à Vienne,
01:06:54et une tentative de meurtre
01:06:56sur un buraliste avant.
01:06:58En fin de compte,
01:07:00ils m'ont un petit peu travaillé au corps
01:07:02et j'ai craqué totalement.
01:07:04Et j'ai dit, j'ai fourni
01:07:06la Kalachnikov à Palatin,
01:07:08qui est venu me voir à Lyon
01:07:10avec cette fameuse R21.
01:07:12Et je lui ai dit,
01:07:14je vais te donner la logistique,
01:07:16que ça soit les CZ,
01:07:18les Kalachs et les Parvals.
01:07:20Voilà.
01:07:26– Monsieur Lazare,
01:07:28vous entendez Nenad Zambas,
01:07:30et lui, il parle.
01:07:32– Il arrive dans mon bureau,
01:07:34il réfléchit un peu,
01:07:36et puis il me dit,
01:07:38c'est vrai, c'est moi qui ai fourni
01:07:40– Il n'était pas sur les lieux ?
01:07:42– Il dit qu'il n'était pas sur les lieux,
01:07:44qu'il a fourni les armes à Pierre Palatin
01:07:46et qu'il n'a pas voulu participer
01:07:48à ce vol à main armée.
01:07:50On a le sang de la personne
01:07:52qui était avec Pierre Palatin,
01:07:54qui n'est pas le sang de Zambas,
01:07:56donc Zambas est peut-être à l'extérieur,
01:07:58mais ça, personne ne le sait.
01:08:00– Et donc selon vous, il s'est passé comment ce braquage ?
01:08:02Qui faisait quoi ?
01:08:04– Alors, moi le scénario tel que je l'ai envisagé,
01:08:06qui a été je crois retenu
01:08:08pour finir jusqu'au jugement,
01:08:10c'est que Pierre Palatin
01:08:12et un tiers inconnu
01:08:14entrent la nuit dans les toilettes
01:08:16après avoir scié les barreaux.
01:08:18À l'extérieur, René Salin,
01:08:20dans la Renault 21
01:08:22ou peut-être à côté de ce véhicule
01:08:24armé d'une Kanachnikov
01:08:26prévient ceux qui sont
01:08:28à l'intérieur,
01:08:30prévient que les policiers
01:08:32sont arrivés.
01:08:34Là, ça devient un peu la panique.
01:08:36Les deux hommes de l'intérieur
01:08:38essayent de sortir avec deux femmes prises en otage.
01:08:40De l'autre côté,
01:08:42René Salin tire à la Kanachnikov sur les policiers
01:08:44entraînant la mort de
01:08:46Denis Hogue et puis des blessures sérieuses
01:08:48pour deux autres fonctionnaires de police.
01:08:54– Salin dans la voiture,
01:08:56Palatin dans la banque,
01:08:58la défense n'y croit pas.
01:09:02– Ça, pour nous, c'est impossible
01:09:04pour deux raisons.
01:09:06Une raison objective, une raison subjective.
01:09:08La raison subjective, c'est laquelle ?
01:09:10C'est René Salin
01:09:12qui l'a toujours crié haut et fort.
01:09:14Étant un professionnel du braquage,
01:09:16il vous déclare de façon très claire
01:09:18jamais de ma vie
01:09:20si j'avais monté une équipe
01:09:22avec Pierre Palatin,
01:09:24jamais je lui aurais laissé la responsabilité
01:09:26d'être dans la banque.
01:09:28Et c'est vrai que ce casting
01:09:30où on a le professionnel à l'extérieur
01:09:32et un bleu, enfin,
01:09:34Palatin,
01:09:36il n'est pas du tout dans ce casting-là.
01:09:38Donc ça, c'est la raison subjective.
01:09:40La raison objective, qui est là
01:09:42beaucoup plus importante,
01:09:44c'est que pour s'introduire dans cette banque
01:09:46cette nuit-là,
01:09:48il faut passer à travers
01:09:50un vazistas qui est à plus de
01:09:52deux mètres de haut,
01:09:54à travers des barreaux qu'on a sciés
01:09:56et qui faisait une taille
01:09:58incompatible
01:10:00avec
01:10:02la bonhomie,
01:10:04on va le dire gentiment,
01:10:06de Pierre Palatin à l'époque.
01:10:08C'est un rugbyman,
01:10:10donc il est barraqué
01:10:12et on voudrait dans cette affaire
01:10:14qu'il soit passé par une petite lucarne
01:10:16dont le gabarit
01:10:18est ridiculement
01:10:20petit par rapport
01:10:22à la stature de Pierre.
01:10:24Donc ça, c'est complètement fou.
01:10:26Si les policiers
01:10:28sont sûrs que Palatin était dans la banque,
01:10:30c'est parce que sa voix a été
01:10:32identifiée sur la bande-son.
01:10:40Les avocats demandent donc
01:10:42une contre-expertise.
01:10:44Le capitaine Antoniades,
01:10:46spécialiste pour la gendarmerie,
01:10:48est chargé d'analyser l'enregistrement.
01:10:52Ce qui est caractéristique de cet enregistrement,
01:10:54c'est qu'il y avait beaucoup de bruit,
01:10:56et donc il est difficile
01:10:58déjà de reconnaître l'intelligibilité,
01:11:00c'est-à-dire de comprendre
01:11:02ce que les gens disent.
01:11:04Donc il est d'autant plus difficile
01:11:06avec un tel enregistrement
01:11:08d'aller faire une identification formelle
01:11:10du locuteur, c'est-à-dire de celui qui parle.
01:11:14Et on a donc conclu qu'il était
01:11:16impossible de faire une comparaison de voix
01:11:18avec un tel enregistrement.
01:11:20Un élément-clé
01:11:22de l'accusation s'écroule.
01:11:24Quant au témoignage
01:11:26de Zambas, il s'effondre aussi.
01:11:28Après avoir affirmé qu'il avait fourni
01:11:30des armes à Palatin, il revient
01:11:32sur ses aveux, des aveux
01:11:34qui auraient été arrangés.
01:11:36Ça a été un deal.
01:11:38Ça a été un deal net et précis.
01:11:40Selon le procureur,
01:11:42si je m'en tenais
01:11:44à ma version des faits, je m'en tirerais
01:11:46avec 5 ans.
01:11:48Voilà, c'était ça le deal.
01:11:50Dans la situation où j'étais plus les autres
01:11:52affaires, parce qu'il y avait encore
01:11:54le déroulement des autres affaires qu'il y avait à côté,
01:11:56je me suis dit, c'est peut-être convenable.
01:12:00Alors que je n'ai jamais vendu cet arme-là.
01:12:02C'est une fabrication polonaise, je ne vendais pas du Polonais.
01:12:04Je n'ai pas vendu cet arme
01:12:06ni à Palatin
01:12:08ni à Zambas, et je ne les connais pas du tout,
01:12:10ces personnes-là.
01:12:12Et puis, il y a les traces de sang retrouvées
01:12:14devant la banque. Elles ne correspondent
01:12:16ni à Zambas, ni à Palatin,
01:12:18ni même à Zambas.
01:12:20L'homme blessé est donc
01:12:22toujours dans la nature.
01:12:28Et les avocats de la Défense
01:12:30vont encore plus loin.
01:12:32C'est toute l'équipe qui n'est pas la bonne.
01:12:34Aucun d'eux ne correspond
01:12:36au signalement donné par les témoins.
01:12:38Ils ont pourtant vu les braqueurs
01:12:40sans cagoule.
01:12:42100% des témoignages
01:12:44vont décrire de jeunes gens,
01:12:46environ 25 ans,
01:12:48de type gitant maghrébin
01:12:50et de nouveau mince.
01:12:52Je rappelle quand même
01:12:54que le 29 juillet 1995,
01:12:56René Salin,
01:12:58breton de son État,
01:13:00et M. Palatin,
01:13:02qui est des Charentes,
01:13:04ont tous les deux plus de 50 ans
01:13:06et n'ont rien
01:13:08d'un jeune beau
01:13:10qui pourrait faire 10 ou même 20 ans de moins.
01:13:12De toute façon,
01:13:14tonne la Défense,
01:13:16parce qu'ils se braquagent le 29 juillet.
01:13:18Leurs clients n'étaient pas à Tonon,
01:13:20mais dans la région de Royan,
01:13:22à Sojon,
01:13:24avant de partir au Portugal.
01:13:26On a des anecdotes qui concordent.
01:13:28René Salin est venu à Sojon
01:13:30avec un petit chien, je crois même que c'était une chienne.
01:13:32Le 29 juillet,
01:13:34il y a un concert dans la boîte de nuit
01:13:36de M. Huatua.
01:13:38Et il a eu la malencontreuse idée,
01:13:40ce samedi-là,
01:13:42de confier la chienne
01:13:44à la boîte de nuit, qui évidemment ne s'en est pas occupée.
01:13:46La petite chienne s'est échappée
01:13:48et a été écrasée par une voiture.
01:13:50Et tout le monde se souvient
01:13:52de la colère
01:13:54extrême de René Salin
01:13:56le lendemain,
01:13:58lorsqu'il découvre que la petite chienne est morte.
01:14:00Tout le monde s'en souvient.
01:14:02Donc ils font le lien entre le concert,
01:14:04le méchoui, la fête,
01:14:06et la mort de ce petit chien,
01:14:08qui signe la présence de René Salin sur place,
01:14:10dans leur mémoire.
01:14:14Et là, il va se passer quelque chose d'incroyable.
01:14:16En 20 ans de carrière, je ne l'ai jamais vu.
01:14:18Le chef d'enquête
01:14:20va se déplacer personnellement là-bas.
01:14:22Il va entendre
01:14:24plusieurs témoins.
01:14:26Et il va revenir
01:14:28avec un simple
01:14:30procès verbal de renseignement,
01:14:32dans lequel il raconte
01:14:34ce qu'il a vu,
01:14:36il raconte ce qu'on lui aurait dit,
01:14:38point.
01:14:40Ce policier le sait.
01:14:42Quand on entend un témoin,
01:14:44on fait un procès verbal d'audition.
01:14:46On écrit sur le procès verbal
01:14:48ce que dit le témoin.
01:14:50Le témoin relit et signe.
01:14:52Là, il s'agit de l'alibi
01:14:54de René Salin et de Pierre Palatin,
01:14:56d'un élément qui peut les sortir de prison,
01:14:58qui peut les innocenter.
01:15:00Et le chef d'enquête revient
01:15:02et fait un procès verbal de renseignement.
01:15:04Et là encore, chose incroyable,
01:15:06les juges sont contentes.
01:15:08Pour la défense,
01:15:10toute l'instruction
01:15:12a été menée à charge.
01:15:14On refuse une reconstitution
01:15:16qui peut permettre
01:15:18de démontrer que Pierre Palatin
01:15:20ne passe pas par la fenêtre.
01:15:22On ne tient pas compte
01:15:24de l'expertise ADN
01:15:26qui démontre que Pierre Palatin,
01:15:28contrairement au renseignement anonyme,
01:15:30ne peut pas être l'homme qui a été blessé dans la banque.
01:15:32Ca n'est pas son ADN.
01:15:34On ne tient pas compte
01:15:36des témoignages
01:15:38qui démontrent qu'ils étaient à 800 km
01:15:40des lieux du braquage.
01:15:42Tout ce qui est de nature à disculper
01:15:44Pierre Palatin est soit ignoré,
01:15:46soit traité d'une façon
01:15:48qui ne correspond pas aux enquêtes policières habituelles.
01:15:50Donc mon explication,
01:15:52et je n'en ai pas d'autre,
01:15:54c'est que ces juges ont la conscience
01:15:56qu'en acceptant ces actes,
01:15:58ils vont affaiblir, voire démolir,
01:16:00leur dossier.
01:16:02Et là, on est dans l'antijustice.
01:16:04On est choqués par la violence des procédures.
01:16:06Une violence qui est celle
01:16:08des hommes qui cherchent la revanche,
01:16:10qui ont besoin d'un sacrifice.
01:16:12En France, quand on touche un enfant
01:16:14à un policier, c'est la chose la plus grave
01:16:16qui peut arriver. Moi, je pense
01:16:18qu'il fallait que quelqu'un paye.
01:16:20Il fallait absolument,
01:16:22comment dirais-je, apaiser des esprits.
01:16:24Et c'est normal.
01:16:26Mais
01:16:28pour Pierre, il est impensable
01:16:30qu'il ait été là pour plein de raisons
01:16:32et des raisons extrêmement objectives
01:16:34qui rendent fou.
01:16:36Des arguments qui vont convaincre
01:16:38la chambre d'accusation.
01:16:40En février 1998,
01:16:42Pierre Palatin est remis en liberté
01:16:44en attendant son procès.
01:16:48Pour René Salin,
01:16:50c'est une autre histoire. Il reste en prison
01:16:52car il traine d'autres casseroles
01:16:54et notamment le braquage
01:16:56de l'affaire Thébernard.
01:17:02...
01:17:08Henri Leclerc, vous êtes l'un des avocats
01:17:10de René Salin et pour vous,
01:17:12il n'y a pas de doute, votre client
01:17:14n'était pas à Tonon-les-Bains
01:17:16le 29 juillet 1995.
01:17:18Et sur quoi vous vous fondez pour dire ça ?
01:17:20Il n'y a rien. C'est-à-dire que
01:17:22les charges contre lui sont des charges indirectes
01:17:24qui ne reposent pas
01:17:26sur des choses véritablement sérieuses.
01:17:28Les charges contre lui,
01:17:30c'est d'être
01:17:32avec Palatin, de connaître Palatin
01:17:34dont on aurait reconnu
01:17:36la voie par un système
01:17:38d'expertise qui ne tient pas debout.
01:17:40On dit par exemple que le braquage
01:17:42a eu lieu un samedi matin...
01:17:44On dit que le braquage a eu lieu le samedi matin
01:17:46et selon des méthodes qui étaient appliquées par lui.
01:17:48Les braquages, ça se fait toujours à peu près
01:17:50selon le même processus.
01:17:52Et le samedi matin, c'est un bon jour pour faire les braquages
01:17:54parce que c'est le jour où il y a le plus d'argent
01:17:56pour mettre dans les distributeurs de billets.
01:17:58Donc, il est évident
01:18:00que ce n'est pas une charge sérieuse
01:18:02de dire qu'il a fait un...
01:18:04C'est vrai que c'est un braqueur,
01:18:06mais ce n'est pas pour autant qu'il est dans cette affaire.
01:18:08Mon client, c'est un monsieur
01:18:10qui porte sur le visage un peu ce qu'il a été,
01:18:12c'est-à-dire un vieux baroudeur du braquage
01:18:14qui est complètement
01:18:16tatoué sur l'ensemble de son corps.
01:18:18– Alors que les braqueurs étaient en T-shirt, c'est ça ?
01:18:20– Ils étaient en T-shirt, les manches nues
01:18:22et il y a une jeune femme qui les a bien vues
01:18:24au moment où ils changent de voiture.
01:18:26Elle les a vues et elle les décrit
01:18:28comme des maghrébins, jeunes, par exemple.
01:18:30– Sans tatouage ?
01:18:32– Sans tatouage, bon, premier point.
01:18:34Et personne ne le reconnaît.
01:18:36– En plus, il a des lunettes, je crois, normalement.
01:18:38– Alors bon, il a des lunettes,
01:18:40mais sans lunettes, il ne voit rien.
01:18:42Je veux bien qu'on fasse un braquage sans rien voir,
01:18:44mais ce n'est quand même pas très commun.
01:18:46– Oui, mais le hold-up de l'affaire Thébernard, c'est lui.
01:18:48– Ah ben oui, dans l'affaire de l'affaire Thébernard,
01:18:50il n'a pas tiré, c'est un vieux truand
01:18:52qui n'a jamais tiré, il n'avait pas une goutte de sang
01:18:54avant cette affaire où personne ne l'a vu tirer.
01:18:56♪♪♪
01:19:03Salah a pas mal de comptes à régler avec la justice.
01:19:07Le 13 mai 1999,
01:19:09il est condamné à 12 ans de prison
01:19:11pour des braquages en Bretagne.
01:19:13Le 25 février 2000,
01:19:15il comparait devant la cour d'assises de la Sarthe
01:19:17pour le braquage de l'affaire Thébernard
01:19:19et deux autres hold-ups.
01:19:21Il prend 15 ans,
01:19:23trois complices entre 12 et 25.
01:19:25Mais ce n'est pas fini.
01:19:26Jésus est aussi renvoyé devant la cour d'assises d'Annecy
01:19:29pour le braquage de Tonon-les-Bains,
01:19:31le meurtre de Denis Hogue, le policier,
01:19:34et la tentative de meurtre sur ses collègues.
01:19:37Mais le 22 janvier 2001,
01:19:39à l'ouverture du procès…
01:19:41– Le rez-de-chaussée du palais de justice d'Annecy
01:19:43fait de verre et de béton a été soufflé par l'explosion.
01:19:47– Un attentat qui n'a aucun lien avec l'affaire
01:19:50mais qui reporte le procès d'un mois et demi à Chambéry
01:19:53et qui le teinte d'une ambiance particulière.
01:20:01– On sentait une salle très hostile.
01:20:04Et au fond, j'étais pratiquement dans la salle
01:20:07avec ces avocats,
01:20:09la seule personne qui, entre guillemets,
01:20:12défendait les accusés.
01:20:21– Pierre Palatin, René Salin et Nenad Zambas-le-Martel,
01:20:25ils sont innocents.
01:20:27On leur fait un coup de vis, car la justice a horreur du vide.
01:20:34– Ils ont essayé d'expliquer
01:20:37qu'ils n'avaient rien à voir avec ce procès.
01:20:42– René, au procès, c'est le naturel.
01:20:46Avec, notamment, une tendance à la familiarité.
01:20:49Il n'hésitait pas, notamment, à apostropher l'avocat général
01:20:53en le tutoyant.
01:20:55Il l'appelait procureur,
01:20:57avec sa voix de stentor.
01:21:01Procureur, et il le tutoyait.
01:21:05– Un comportement et une ligne de défense
01:21:07qui exaspèrent les partis civils.
01:21:11– On ne comprenait pas, malgré les discussions,
01:21:14on ne comprenait pas, malgré les éléments recueillis,
01:21:17qu'ils ne puissent pas reconnaître, avouer
01:21:21et peut-être demander le pardon des victimes.
01:21:25À aucun moment, ils n'ont fait preuve de compassion
01:21:28envers les victimes.
01:21:32– Des partis civils qui vont revivre en direct la fusillade.
01:21:35La cour diffuse la bande-son du hold-up.
01:21:39…
01:21:45– Quand j'ai entendu l'enregistrement
01:21:47et que j'ai entendu la rafale au Kalachnikov,
01:21:49je me suis effondré en pleurant.
01:21:51Parce que je me suis dit là, c'est…
01:21:53Denis est mort.
01:22:00– Reste à se pencher sur l'aspect technique.
01:22:03Les avocats de la défense appellent en renfort
01:22:05des spécialistes indépendants
01:22:07qui affirment que l'expertise vocale
01:22:09n'est pas une science exacte.
01:22:11Ils exhortent la cour à ne pas tenir compte
01:22:14de l'analyse qui conclut que Pierre Palatin…