Le 31 mars 2003, à Meyragues, non loin d'Aix-en-Provence, Chantal d'Amato et sa fille Audrey, 24 ans, sont l'une et l'autre absentes de leur travail. Alertés, les gendarmes trouvent leur maison fermée, les volets baissés. Mais de la fumée sort d'une fenêtre. A l'intérieur, les deux femmes sont découvertes baillonnées et ligotées. Elles ont été égorgées, et Audrey, qui semblait être la cible pincipale, a reçu vingt-neuf coups de couteau. Malgré des traces d'ADN découvertes sur place, l'enquête piétine jusqu'à ce que le nom de Poncé Gaudissard apparaisse.
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PersonnesTranscription
00:00:31Nom de famille, Godissard.
00:00:33Prénom, Poncey.
00:00:35Un prénom aussi étrange que l'histoire de cet homme
00:00:38qui a presque réussi à échapper à la justice.
00:00:41Pourtant, ses crimes étaient odieux.
00:00:44Une mère et sa fille, tués chez elle, au couteau.
00:00:48Il a égorgé la mère après cette acharnée sur la fille.
00:00:52Puis il a mis le feu à la maison pour ne pas laisser de trace.
00:00:55Les expertises scientifiques ont failli l'innocenter.
00:00:58Ce qu'il a perdu, son mode opératoire.
00:01:01Trop bien rodé.
00:01:2131 mars 2003.
00:01:23Cela fait plus d'une heure
00:01:25que Chantal Damato devrait être à son travail.
00:01:28Son absence inquiète sa collègue
00:01:31qui appelle chez elle, à Mérargue,
00:01:33dans la banlieue d'Aix-en-Provence.
00:01:35Je lui ai dit, Chanchan, c'est moi.
00:01:37Je lui ai dit, écoute, tu n'es pas là.
00:01:39Rappelle-nous. Qu'est-ce qui se passe ?
00:01:41Parce que ce n'était pas son habitude.
00:01:43Quand elle était en retard, c'était quelqu'un
00:01:46qui avait aussi beaucoup d'éducation
00:01:48et qui appelait son travail pour dire qu'elle était en retard.
00:01:52Donc je me suis dit, il s'est passé quelque chose.
00:01:55Ce n'est pas possible.
00:01:59Christine Maréchal tente alors de joindre Audrey,
00:02:02la fille de Chantal.
00:02:04Elle travaille dans une entreprise de transport.
00:02:07On m'a dit qu'elle n'était toujours pas arrivée,
00:02:10qu'ils étaient très inquiets.
00:02:12Ensuite, j'ai appelé le compagnon de Chantal
00:02:15et je lui ai dit, écoute, ni Chantal ni Audrey
00:02:18sont à leur travail.
00:02:20Je lui ai dit, il faut absolument que tu montes sur Merarguez.
00:02:23Sur place, le compagnon de Chantal trouve la maison fermée.
00:02:27Mais la voiture de Chantal est là, garée devant le portail.
00:02:31Il appelle les pompiers.
00:02:44Et là, quand on arrive sur place,
00:02:46on voit que tout est totalement clos.
00:02:49Tous les volets fermés,
00:02:51parce qu'on essaie d'ouvrir un peu de partout les volets fermés,
00:02:54les portes fermées, le garage fermé.
00:02:57Et le volet roulant du salon, en fait,
00:03:01il est totalement baissé.
00:03:06C'est là que les pompiers remarquent un filet de fumée
00:03:09qui s'échappe d'une fenêtre.
00:03:12Donc là, on s'emploie à coups de pied,
00:03:15je m'emploie à casser,
00:03:17et il se fait essayer d'ouvrir cette fenêtre,
00:03:20qui cède, la fenêtre s'ouvre,
00:03:22et là, beaucoup de fumée à l'intérieur
00:03:24qui s'échappe de la maison.
00:03:26Mon collègue, une fois qu'il a passé la fenêtre,
00:03:28il voit qu'il y a trop de fumée,
00:03:30donc il ressort immédiatement.
00:03:32On voit qu'on ne peut pas accéder par là.
00:03:36Les pompiers demandent des renforts.
00:03:38En attendant la lance à incendie,
00:03:40ils saisissent le tuyau d'arrosage
00:03:42pour asperger l'intérieur de la maison
00:03:45à travers la fenêtre.
00:03:48J'arrive à éteindre un petit peu les flammes.
00:03:54Et là, je m'aperçois qu'en fait,
00:03:57c'est un lit qui est en train de brûler.
00:03:59Je vois le pied du lit,
00:04:01le pied du lit en bois,
00:04:03je vois le matelas,
00:04:05et puis la fumée continue à se dissiper,
00:04:09et puis là, je fais un pas en arrière,
00:04:13je regarde, je dis mais...
00:04:15Il y a une corpse sur ce lit.
00:04:19Et puis là, je vois bien les jambes, en fait,
00:04:22attachées, saucissonnées avec du scotch.
00:04:27Et là, il y a mon collègue qui me rejoint,
00:04:29je dis là, il y a un problème.
00:04:32C'est le corps de Chantal D'Amato.
00:04:35À l'arrivée du camion incendie,
00:04:37les pompiers enfoncent la porte
00:04:39pour éteindre le feu.
00:04:44La porte d'entrée résiste bien,
00:04:46et puis finalement, elle le cède,
00:04:48mais elle le cède au niveau des charnières.
00:04:52La brigade de recherche d'Aix-en-Provence
00:04:54est aussitôt saisie de l'affaire.
00:04:57Le capitaine Daniel Bianco
00:04:59entre dans la première chambre
00:05:01pour examiner le corps de Chantal.
00:05:04Elle est entièrement ligotée,
00:05:06et les yeux sont fermés.
00:05:09Elle est en train de se faire un coup de poing
00:05:11et de se faire un coup de poing
00:05:13et de se faire un coup de poing
00:05:15et de se faire un coup de poing
00:05:17et de se faire un coup de poing
00:05:19Elle est entièrement ligotée,
00:05:21et les yeux et la bouche
00:05:23recouverts de rubans adhésifs.
00:05:25Elle a les mains attachées,
00:05:27ligotées,
00:05:29les genoux, les chevilles.
00:05:32Elle présente une plaie d'égorgement
00:05:35de 13 centimètres,
00:05:39et elle est partiellement brûlée.
00:05:43Dans la deuxième chambre,
00:05:45les gendarmes découvrent le corps d'Audrey,
00:05:47la fille de Chantal.
00:05:49Elle avait 24 ans.
00:05:51Et là,
00:05:53une véritable atrocité,
00:05:55à savoir 29 coups de couteau
00:05:57avec 4 coups mortels,
00:05:59qui sont 2 coups
00:06:01au niveau de l'attache thoracique
00:06:03et 2 coups au niveau des cervicales.
00:06:07On voit que l'individu
00:06:09s'est beaucoup plus acharné
00:06:11sur Audrey que sur sa mère.
00:06:13Et la particularité,
00:06:15c'est qu'elle a été attachée
00:06:17avec des fils électriques,
00:06:19et elle a un baillon
00:06:21au niveau des yeux,
00:06:23mais la bouche n'est pas baillonnée.
00:06:27Les gendarmes retrouvent le baillon
00:06:29dans le séjour, par terre.
00:06:31Ils découvrent aussi sur une étagère
00:06:33un rouleau de rubans adhésifs,
00:06:35vide,
00:06:37et sur un fauteuil,
00:06:39des taches de sang.
00:06:41Manifestement,
00:06:43elle est attachée à cet endroit-là.
00:06:45Et sur ce fauteuil,
00:06:47se sont passées les pires atrocités.
00:06:49C'est lorsqu'elle a eu
00:06:51ces coups de couteau qui lui ont pointé le visage.
00:06:55On se rend compte
00:06:57qu'on est en présence
00:06:59d'un barbare ou de deux barbares,
00:07:01puisqu'on ne sait pas, au départ,
00:07:03s'ils sont plusieurs.
00:07:05Mais dans tous les cas,
00:07:07l'atrocité des faits commis,
00:07:09on a à peine à imaginer
00:07:11un homme capable de commettre
00:07:13de tels agissements.
00:07:15Dehors,
00:07:17la famille,
00:07:19les amis,
00:07:21les voisins d'Audrey et Chantal
00:07:23forment un attroupement.
00:07:25À ce moment-là,
00:07:27dans ma tête, c'était un incendie.
00:07:29Je me suis dit, la maison a pris feu,
00:07:31elles sont mortes, affixiées.
00:07:33C'est plus tard qu'on est venus me dire
00:07:35que les deux corps avaient été retrouvés,
00:07:37mais qu'elles étaient mortes
00:07:39avant l'incendie.
00:07:41Et là, je ne comprenais pas non plus.
00:07:55Maître Alain Mollat, vous êtes l'avocat
00:07:57de la famille d'Amato et notamment
00:07:59de Roxane, la fille de Chantal
00:08:01et la sœur d'Audrey.
00:08:03Est-ce que vous pouvez nous dire qui étaient
00:08:05Audrey et Chantal ?
00:08:07Deux femmes, mère et fille,
00:08:09qui avaient paradoxalement,
00:08:11à ce moment-là de leur vie,
00:08:13une espèce de débouché à la fois social,
00:08:15culturel, amical.
00:08:17Elles avaient peut-être réalisé
00:08:19le début d'une vie intéressante,
00:08:21à deux, dans une maison,
00:08:23les concernant toutes les deux
00:08:25avec leur liberté, leurs amis,
00:08:27leurs petits amis, en l'occurrence leurs compagnons
00:08:29pour chacune d'entre elles.
00:08:31Elles étaient belles autant l'une que l'autre.
00:08:33Audrey est née dans des conditions dramatiques
00:08:35avec son père, sans le connaître,
00:08:37d'un accident de camion.
00:08:39Donc une vie qui était un peu compliquée
00:08:41et qui semblait s'arranger.
00:08:43Comment la famille réagit
00:08:45à l'annonce de ce crime ?
00:08:47J'ai rarement reçu
00:08:49des gens dans mon cabinet
00:08:51aussi, je n'arrive pas à dire,
00:08:53inventifs, le mot est faible,
00:08:55comme groguis,
00:08:57comme si on venait
00:08:59de les frapper.
00:09:01Ils étaient dans une salle de torpeur impressionnant.
00:09:03Vaguement, ils n'avaient pas encore fait le choix d'un avocat
00:09:05et ils venaient me voir pour me tester.
00:09:07Et je l'ai trouvé
00:09:09vraiment anéantie.
00:09:11On peut difficilement être aussi touché
00:09:13par le crime que qu'ils le sont.
00:09:15Une mère, pour Roxane par exemple,
00:09:17une mère et une sœur en même temps,
00:09:19qu'on retrouve et qu'on leur rend
00:09:21dans un état hallucinant.
00:09:23C'est quand même des femmes qui ont été frappées,
00:09:25séquestrées, attachées.
00:09:27Est-ce que la famille a une idée,
00:09:29une piste, quelque chose à fournir ?
00:09:31Est-ce qu'elle a une idée de ce qui a bien pu se passer ?
00:09:33Qui pouvait en vouloir à ce point
00:09:35à Audrey et à Chantal ?
00:09:37Aucune idée. Ils pouvaient enlever le « à ce point ».
00:09:39Qui pouvait leur en vouloir ?
00:09:41Ils avaient une espèce de...
00:09:43Je pense que leur désarroi était aussi
00:09:45participé de ça.
00:09:47Ils ne savaient vraiment pas d'où ça pouvait venir.
00:09:55Deux femmes assassinées
00:09:57dans une maison fermée de l'intérieur
00:09:59au volet clos.
00:10:01Sur la porte, un trousseau de clé
00:10:03et le crochet de sécurité engagé.
00:10:05Comment le ou les meurtriers
00:10:07sont-ils sortis ? C'est la première énigme
00:10:09que les gendarmes doivent résoudre.
00:10:15Les gendarmes font et refont
00:10:17le tour de la maison
00:10:19pour découvrir que le volet du salon
00:10:21a une commande électrique.
00:10:25Lorsqu'il est sorti,
00:10:27en appuyant sur l'interrupteur,
00:10:29le volet roulant se referme après.
00:10:31Il s'agit de 8 à 10 secondes.
00:10:33Les délais largement
00:10:35impossibles pour quelqu'un de quitter les lieux
00:10:37avant que le volet ne se referme.
00:10:41Les pompiers détectent 4 départs de feu
00:10:43dans la maison.
00:10:45Sur les deux lits,
00:10:47sur un fauteuil du salon
00:10:49et sur un séchoir à linge.
00:10:51Mais les flammes ne se sont pas propagées
00:10:53très loin.
00:10:55Le fait que toute la maison
00:10:57soit close, il n'y avait pas
00:10:59assez d'oxygène pour que
00:11:01le feu brûle entièrement
00:11:03la maison. Donc le feu est resté concentré
00:11:05vraiment sur les endroits où ils ont été allumés.
00:11:09Les experts passent la scène de crime
00:11:11au peigne fin.
00:11:13Ils s'attardent sur les points de passage obligés
00:11:15de l'assassin et relèvent
00:11:17plusieurs traces, notamment
00:11:19sur la baie vitrée par laquelle
00:11:21il s'est enfui.
00:11:23C'est l'empreinte d'un doigt
00:11:25d'un doigt
00:11:27qui est exploitable, c'est-à-dire
00:11:29que pour nous, si on a l'auteur, on peut
00:11:31le comparer avec cette trace-là.
00:11:33Et ensuite,
00:11:35mélangé avec une trace de sang,
00:11:37donc cette trace de sang
00:11:39à la base de laquelle on va pouvoir
00:11:41identifier un ADN.
00:11:43On a également
00:11:45un élément sur
00:11:47l'un des liens qui a servi à ligoter
00:11:49Audrey et enfin
00:11:51une trace ADN qui semble
00:11:53la plus complète sur
00:11:55un élément pileux qui est retrouvé
00:11:57dans la chambre de Chantal
00:11:59sur la ceinture de sa robe de chambre.
00:12:03Tous ces prélèvements sont envoyés
00:12:05à l'IRCGN,
00:12:07le laboratoire de la Gendarmerie nationale.
00:12:09En attendant les résultats,
00:12:11les gendarmes poursuivent
00:12:13l'examen de la scène de crime.
00:12:15On se rend compte
00:12:17qu'il n'y a pas eu de traces de lutte,
00:12:19quasiment, puisque
00:12:21pas de désordre dans la pièce.
00:12:23Le salon est intact.
00:12:25Donc rien qui laisse
00:12:27présumer qu'il y a eu une dispute.
00:12:31On ne retrouve pas en revanche
00:12:35l'arme du crime,
00:12:37c'est-à-dire le couteau qui a été utilisé.
00:12:39On se rend vite compte
00:12:41que le vol
00:12:43n'est pas le mobile
00:12:45puisque rien n'a disparu.
00:12:47Et au final, on notera
00:12:49la disparition uniquement
00:12:51du portable d'Audrey.
00:12:57Les gendarmes ont tiré tout ce qu'ils pouvaient
00:12:59de la scène de crime. Ils entendent les proches,
00:13:01reconstituent l'emploi du temps
00:13:03des deux femmes et un scénario
00:13:05commence à se dessiner.
00:13:11Ce dimanche soir,
00:13:13Chantal était seule à la maison.
00:13:15Son amie l'avait
00:13:17posée vers 20h.
00:13:19Elle a mangé.
00:13:23Ensuite, elle a promené son chien.
00:13:25Les gendarmes la prennent
00:13:27par l'enquête du voisinage.
00:13:31Moi, je la rencontrais toujours devant
00:13:33chez elle, en passant devant
00:13:35chez elle. Elle sortait son chien, oui.
00:13:37Mais c'est-à-dire que sa maison était
00:13:39juste en bordure de colline.
00:13:41Elle faisait 10 mètres,
00:13:43elle était tout de suite en colline.
00:13:45Bon, puis c'était un petit chien.
00:13:47Sauf que,
00:13:49profitant du moment
00:13:51où elle a sorti son chien,
00:13:53que Chantal s'est un peu éloignée de son habitation,
00:13:55l'auteur qui
00:13:57était là et qui l'ait pillée
00:13:59en a profité pour pénétrer l'intérieur de la maison.
00:14:01Une quasi-certitude
00:14:03pour les gendarmes, quand ils apprennent
00:14:05que Chantal ne fermait pas sa porte
00:14:07à clé pendant la promenade du chien.
00:14:09Chantal, quand elle a
00:14:11regagné son domicile, il était là.
00:14:17Il était là, elle a tout de suite neutralisé
00:14:19sans problème.
00:14:27L'agresseur a dû attacher Chantal
00:14:29immédiatement. Il lui a bondé
00:14:31les yeux et la bouche
00:14:33avec du ruban adhésif.
00:14:35Ensuite, il l'a conduite
00:14:37jusqu'au lit, là où
00:14:39elle l'a retrouvée.
00:14:41Et puis, il va attendre
00:14:43l'arrivée d'Audrey parce qu'il sait que Audrey
00:14:45va arriver.
00:14:49Audrey a passé le week-end avec son petit
00:14:51copain. Elle l'a déposée à Marseille
00:14:53vers 21h30
00:14:55avant de rentrer chez elle à Merargues.
00:14:57Les gendarmes ont retrouvé
00:14:59le dernier texto qu'elle lui a envoyé.
00:15:01Il était 22h45.
00:15:05Elle lui disait qu'elle venait de passer un week-end
00:15:07magique.
00:15:11Ensuite, comme d'habitude,
00:15:13elle pose ses affaires,
00:15:15elle ferme la porte
00:15:17d'entrée de la maison,
00:15:19elle engage le crochet
00:15:21de sécurité, elle pose son sac,
00:15:23va dans la salle de bain
00:15:25pour s'apprêter,
00:15:27pour ensuite aller dormir.
00:15:33Et à ce moment-là,
00:15:35certainement, c'est là qu'elle rencontre
00:15:37l'auteur.
00:15:43Parce qu'au niveau
00:15:45de l'autopsie, on va
00:15:47trouver qu'elle a
00:15:49une échymose périorbitale.
00:15:51En clair, elle a pris un coup de poing.
00:15:57Et ensuite,
00:15:59il va la mettre dans le fauteuil.
00:16:01Là, il va la ligoter. Il va tomber
00:16:03en panne de scotch, il va prendre des câbles électriques.
00:16:09Ensuite, il va vouloir discuter
00:16:11avec.
00:16:13C'est là qu'il aurait
00:16:15arraché le baillon de ruban adhésif,
00:16:17celui que les gendarmes
00:16:19ont retrouvé par terre.
00:16:21Il n'aura pas entendu
00:16:23les mots qui lui conviennent.
00:16:25C'est là qu'il va y avoir l'acharnement de nombreux coups de couteau
00:16:27sur le visage.
00:16:29Pour preuve,
00:16:31les nombreuses tâches de sang
00:16:33sur le fauteuil.
00:16:35Et quand elle est quasiment
00:16:37à bout, à l'agonie,
00:16:39à ce moment-là, il va la conduire
00:16:41jusque dans la chambre.
00:16:43Il a probablement
00:16:45allongé Audrey sur le lit,
00:16:47puis il l'a égorgée
00:16:49de deux coups de couteau.
00:16:53À ce moment-là,
00:16:55Chantal était encore vivante.
00:16:57Les gendarmes en sont sûrs,
00:16:59car à l'autopsie, l'examen du bol alimentaire
00:17:01a prouvé que la mère
00:17:03est morte après la fille.
00:17:05Et Chantal,
00:17:07qui a tout entendu, parce qu'elle est encore en vie,
00:17:09il va l'égorger.
00:17:15Pour effacer ses traces,
00:17:17l'assassin a mis le feu à quatre endroits de la maison.
00:17:21Puis il a ouvert le gaz avant de partir,
00:17:23sans savoir que la bouteille
00:17:25était pratiquement vide.
00:17:29Ensuite, il est sorti par la baie vitrée.
00:17:33Quand il s'en va, il est quasiment certain
00:17:35d'avoir tout effacé.
00:17:37Sauf qu'il a oublié quelque chose d'important.
00:17:39C'est que dans un univers clos,
00:17:41par manque d'oxygène, le feu ne peut pas prendre.
00:17:43Et c'est ce qui l'aura trompé.
00:17:45C'était Lina Boresi.
00:17:47Vous êtes la juge d'instruction
00:17:49en charge de ce double assassinat de Meringue.
00:17:51Qu'est-ce qui vous fait penser tout de suite
00:17:53à une préméditation ?
00:17:55Il y a plusieurs éléments qui nous font penser rapidement
00:17:57qu'il s'agit d'un crime prémédité.
00:17:59C'est que, en tout cas d'un proche,
00:18:01c'est que ces jeunes femmes,
00:18:03parce qu'il y a la maman et la fille,
00:18:05c'est des femmes très prudentes
00:18:07qui nous laissaient rentrer dans la maison.
00:18:09C'est une femme très prudente
00:18:11qui nous laissait rentrer dans la maison.
00:18:13C'est une femme très prudente
00:18:15qui ne laissait rentrer personne
00:18:17si elle ne le connaissait pas.
00:18:19Il y a pari qu'il n'y a pas d'effraction à la porte.
00:18:21C'est quelqu'un qui est entré
00:18:23ou en ayant été invité
00:18:25soit par use.
00:18:27Et l'on se rend compte qu'en fait,
00:18:29très rapidement,
00:18:31que c'est la fille qui était visée
00:18:33par le meurtrier,
00:18:35qui était la cible du meurtrier,
00:18:37puisque c'est malheureusement elle
00:18:39qui présente des traces
00:18:41de torture multiples,
00:18:43puisqu'il y a quand même 17 coups de couteau
00:18:45sur le thorax,
00:18:4719 sur le visage.
00:18:49Donc il y a un acharnement
00:18:51très particulier sur cette jeune femme.
00:18:53Sait-on à ce moment-là
00:18:55si les deux femmes ont subi des violences sexuelles ?
00:18:57Rien ne nous a démontré
00:18:59qu'il y avait eu,
00:19:01en tout cas, viol,
00:19:03que le but de l'agression
00:19:05était le viol.
00:19:12Face à la monstruosité du crime,
00:19:14les gendarmes veulent cerner
00:19:16la personnalité de l'assassin.
00:19:18Ils font appel à un profileur.
00:19:20C'est l'une des toutes premières fois en France
00:19:22que ce service d'analyse comportementale
00:19:24intervient dans une affaire criminelle.
00:19:27Le capitaine Marie-Laure Brunel
00:19:29a été chargé d'établir le profil
00:19:31de l'assassin de Merargues.
00:19:33Donc, Marie-Laure, vous êtes allée
00:19:35sur cette scène de crime.
00:19:37Oui, nous allons, deux semaines après l'effet,
00:19:39sur la scène de crime, pour essayer de comprendre
00:19:41qui il est, qu'est-ce qu'il fait là,
00:19:43qu'est-ce qu'il vient chercher là, ce jour-là.
00:19:45La première étape, c'est d'évaluer
00:19:47le profil de l'assassin de Merargues.
00:19:49C'est-à-dire qu'est-ce qu'il fait là,
00:19:51qu'est-ce qu'il vient chercher là, ce jour-là.
00:19:53La première étape, c'est d'évaluer
00:19:55le profil de l'assassin de Merargues.
00:19:57C'est-à-dire qu'est-ce qu'il vient chercher là, ce jour-là.
00:19:59La première étape, c'est de marcher
00:20:01là où il a marché, pour faire ce travail
00:20:03d'empathie avec l'auteur.
00:20:05Il connaît ses victimes ?
00:20:07Alors, il connaît ses victimes,
00:20:09il a observé leur mode de vie
00:20:11et leur fonctionnement,
00:20:13et il connaît spécifiquement Audrey.
00:20:15Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
00:20:17Ce qui nous fait dire ça,
00:20:19c'est le temps passé sur elle,
00:20:21c'est tous les actes commis
00:20:23concernant Chantal
00:20:25et la mère,
00:20:27et on a, concernant Audrey,
00:20:29un véritable acharnement,
00:20:31un véritable acharnement émotionnel
00:20:33où il a passé du temps avec elle,
00:20:35où il a commis des actes
00:20:37destinés à la faire souffrir,
00:20:39où il a été sadique,
00:20:41et elle est vraiment la cible de cet auteur.
00:20:43Qu'est-ce que vous savez de lui encore ?
00:20:45On sait qu'il est organisé,
00:20:47il est venu avec son arme, sa propre arme,
00:20:49il est venu avec des matériels, du scotch,
00:20:51et il a pris un certain nombre de précautions
00:20:53dans son organisation.
00:20:55Vous vous dites qu'il a déjà fait ça ?
00:20:57Il a cette technicité, cette prise de précautions
00:20:59au niveau des empreintes,
00:21:01au niveau de sa sortie de la maison,
00:21:03qui nous font penser qu'il ne veut pas être repris
00:21:05et qui nous font penser aussi
00:21:07qu'il peut avoir déjà été condamné
00:21:09parce qu'il avait été reconnu.
00:21:11Marie-Laure, à la fin de vos investigations,
00:21:13de vos observations,
00:21:15quelle piste allez-vous donner aux enquêteurs ?
00:21:17On conseille aux enquêteurs,
00:21:19au profil, de rechercher
00:21:21dans la sphère environnementale d'Audrey.
00:21:23Quelqu'un de proche d'elle,
00:21:25que ce soit au plan professionnel,
00:21:27au plan amical,
00:21:29de proche pour lequel
00:21:31elle n'a pas forcément, elle, de lien direct.
00:21:33Mais lui, il la connaît, il la connaît bien,
00:21:35il la connaît assez pour lui en vouloir, à Audrey.
00:21:39Et la profileuse ajoute encore une chose.
00:21:41L'homme peut recommencer.
00:21:49Les gendarmes s'intéressent donc
00:21:51à l'environnement professionnel d'Audrey.
00:21:53Depuis deux ans,
00:21:55elle était secrétaire
00:21:57dans une entreprise de transport.
00:22:01Elle a beaucoup de caractère
00:22:03puisqu'elle opère dans un milieu masculin.
00:22:05Elle est chauffeur de car,
00:22:07qu'ils sont quand même assez nombreux
00:22:09puisque c'est une compagnie importante.
00:22:11Mais une fille
00:22:13très respectueuse
00:22:15et qui sait marquer ses distances,
00:22:17c'est-à-dire qui n'est pas aguicheuse.
00:22:19Elle sait qu'elle est jolie,
00:22:21mais c'est pas quelqu'un qui est aguiche,
00:22:23c'est quelqu'un qui est très discret
00:22:25et qui sait se tenir correctement.
00:22:27Rien donc sur le lieu de travail d'Audrey.
00:22:29Pas de conflit qui pourrait mettre
00:22:31les gendarmes sur une piste.
00:22:33Ses copines, en revanche,
00:22:35en suggèrent une autre,
00:22:37depuis quelques temps,
00:22:39des hommes harcelés Audrey au téléphone.
00:22:41Des appels obscènes parce qu'Audrey
00:22:43était une jeune fille jolie
00:22:45qui remonte ses appels.
00:22:47Ils proviennent tous de la région parisienne.
00:22:51Elle fréquentait à l'époque
00:22:53un petit copain
00:22:55et le demi-frère
00:22:57de ce petit copain avait eu par inadvertance
00:22:59ce numéro de téléphone d'Audrey,
00:23:01l'avait communiqué à d'autres
00:23:03et qui, pour jouer,
00:23:05si on peut dire ça, jouer,
00:23:07a appelé de manière un peu fréquente
00:23:09en lui tenant des propres obscènes.
00:23:11Des plaisanteries de mauvais goût.
00:23:13Après vérification,
00:23:15les gendarmes abandonnent aussi cette piste.
00:23:17Reste l'environnement
00:23:19de la mer.
00:23:21Chantal menait une vie tranquille.
00:23:23La seule personne avec laquelle
00:23:25elle avait eu un conflit récemment,
00:23:27c'est un homme qu'elle avait quitté un an plus tôt.
00:23:29La rupture s'était
00:23:31très mal passée.
00:23:33C'était avec cette personne-là.
00:23:35C'est vrai que j'en ai parlé
00:23:37à l'inspecteur
00:23:39qui m'a interrogé
00:23:41et c'est vrai que
00:23:43je l'ai soupçonné.
00:23:45Cette personne est rapidement identifiée,
00:23:47interpellée à Marseille,
00:23:49placée en garde à vue.
00:23:51Rapidement,
00:23:53avec un emploi du temps
00:23:55très précis, une alibi
00:23:57qui nous donne, qui nous communique
00:23:59et qui est parfaitement crédible,
00:24:01donc la porte est fermée.
00:24:05Et des dizaines d'autres,
00:24:07les auditions s'enchaînent sans succès.
00:24:09Les gendarmes restent pourtant persuadés
00:24:11que l'auteur des crimes
00:24:13se cache dans l'environnement des victimes.
00:24:15C'est là que les premiers résultats
00:24:17d'expertise tombent.
00:24:19Les traces ADN trouvées sur la baie vitrée,
00:24:21sur le câble
00:24:23qui attachait les genoux d'Audrey
00:24:25et sur le cordon de la robe de chambre de Chantal
00:24:27appartiennent au même homme.
00:24:31Mais cet ADN n'est pas répertorié
00:24:33dans le fichier national des empreintes génétiques.
00:24:35Les gendarmes
00:24:37lancent alors une opération
00:24:39de grande envergure.
00:24:41On va
00:24:43commencer à faire les prélèvements
00:24:45sur l'ensemble
00:24:47des personnels
00:24:49qui travaillent
00:24:51et avec Audrey et avec Chantal.
00:24:55Pendant des mois,
00:24:57tous les hommes de l'entourage d'Audrey
00:24:59et de Chantal sont testés.
00:25:01Les compagnons,
00:25:03les collègues de travail,
00:25:05les chauffeurs de bus,
00:25:07les voisins, la famille,
00:25:09tout le monde y passe.
00:25:11C'est dur.
00:25:13C'est dur.
00:25:15Bien que je savais que c'était obligatoire
00:25:17et qu'il fallait le faire,
00:25:19d'ailleurs un gendarme nous a mis à l'aise
00:25:21à ce sujet, mais c'est quand même dur
00:25:23de savoir quand on prend votre ADN
00:25:25pour éventuellement comparer
00:25:27avec celui d'un éventuel
00:25:29assassin.
00:25:31Mon mari a dû faire
00:25:33le test ADN ainsi que tous les voisins,
00:25:35tous les hommes
00:25:37des deux lotissements.
00:25:39Hommes et jeunes hommes.
00:25:41Même
00:25:43très jeunes hommes.
00:25:47On a repris un petit peu espoir.
00:25:49On se disait, peut-être qu'avec ça,
00:25:51comme tenu de toutes les prises ADN
00:25:53qui avaient été faites dans la carte
00:25:55de ce dossier,
00:25:57peut-être qu'on pouvait aboutir.
00:25:59Mais après
00:26:01250 tests ADN,
00:26:03personne ne correspond à la trace
00:26:05retrouvée sur la scène de crime.
00:26:07Stéphane Borézy,
00:26:09à ce moment-là de l'enquête,
00:26:11il vous reste un dernier espoir.
00:26:13C'est une empreinte digitale retrouvée
00:26:15sur une baie vitrée. Que donne-t-elle en fait ?
00:26:17Nous avions un suspect
00:26:19placé en garde à vue
00:26:21et en tout cas les empreintes digitales
00:26:23étaient relevées. Sur
00:26:2510 points de comparaison sur les empreintes,
00:26:278 points
00:26:29étaient identiques.
00:26:31Donc nous avons pensé
00:26:33que tout correspondait.
00:26:35Et une analyse un petit peu
00:26:37plus poussée
00:26:39de l'empreinte a permis de trouver
00:26:41un neuvième caractère
00:26:43discriminant qui excluait
00:26:45le criminel supposé.
00:26:47Je crois que vous êtes même allée voir
00:26:49une voyante.
00:26:51Il est vrai qu'une personne
00:26:53a écrit au colonel
00:26:55du groupement de la région.
00:26:57Une personne qui nous a
00:26:59donné une piste
00:27:01qui correspondait en tout point
00:27:03à une des pistes
00:27:05que les enquêteurs avaient, qui n'était pas connue
00:27:07bien sûr des médias, qui n'était connue personne.
00:27:09Une personne qui a commencé
00:27:11à décrire des lieux,
00:27:13qui a décrit des situations,
00:27:15des prénoms.
00:27:17Alors là c'est vrai que c'était une incursion
00:27:19dans le monde de l'exorciste.
00:27:21Ça a été une piste. Et bien là encore,
00:27:23c'est une fausse piste.
00:27:25Ce dossier est l'histoire
00:27:27d'un dossier de fausse piste.
00:27:33Près d'un an après
00:27:35la découverte des corps de Chantal et d'Audrey,
00:27:37l'enquête n'avance pas.
00:27:39C'est une autre affaire à seulement
00:27:41dix kilomètres de Méragues
00:27:43qui va la faire rebondir.
00:27:49Pertuis dans la banlieue d'Aix-en-Provence
00:27:51le 2 février 2004.
00:27:53Il est huit heures du matin.
00:27:55Murielle est seule,
00:27:57chez elle.
00:27:59Les enfants sont partis à l'école,
00:28:01son mari au travail.
00:28:05J'étais en train de repasser.
00:28:07Puis je me dis ça y est,
00:28:09c'est l'heure de mon café.
00:28:11Je vais me faire chauffer un café.
00:28:15Puis j'ai entendu
00:28:17un brouhaha.
00:28:19Contre la porte.
00:28:29D'un coup, coupure d'électricité.
00:28:35Qu'est-ce que je fais ?
00:28:37Je regarde par
00:28:39le yeton.
00:28:41Je vois que dans le bâtiment,
00:28:43il n'y a pas de lumière.
00:28:45J'ouvre le verrou pour aller
00:28:47mettre le compteur à l'extérieur.
00:28:49Et c'est là que...
00:28:53Je me suis retrouvée au sol.
00:28:59Étranglée, à prendre des coups.
00:29:03Quand je l'ai vue comme ça...
00:29:07C'est atroce.
00:29:09C'est la famille.
00:29:13L'homme qui agresse Murielle
00:29:15est le mari de sa belle-soeur.
00:29:17Il s'appelle Poncey Godissar.
00:29:19Il était sur moi.
00:29:21Il me mettait la main
00:29:23dans la bouche.
00:29:25Je l'ai mordu.
00:29:27Il me disait, tais-toi ou je te mince.
00:29:29Je te tue.
00:29:31Il avait le couteau.
00:29:35Godissar a arrêté de frapper.
00:29:37Mais le calvaire de Murielle n'était pas terminé.
00:29:41Il a voulu que...
00:29:43Je lui donne une douche.
00:29:49Que je mène des dessous.
00:29:53Je le regardais et je disais...
00:29:57Mon beau-frère, je peux pas.
00:30:01Mère Alice, je peux pas.
00:30:03Il avait un regard.
00:30:05Mais un regard...
00:30:07J'oublierai jamais ce regard.
00:30:11Ensuite,
00:30:13Poncey Godissar trouve une rallonge électrique
00:30:15dans le salon.
00:30:17Il a pris cette rallonge.
00:30:19Il m'a fait déshabiller.
00:30:21Il m'a attachée.
00:30:25Il me dit,
00:30:27tu m'as trop énervée.
00:30:31J'ai peur.
00:30:33Il m'a dit...
00:30:37Je vais faire un carnage avec toi.
00:30:39Je vais aller dans ta cuisine.
00:30:41Je vais faire un carnage.
00:30:51Il a pris ma tête.
00:30:53Il me l'a mise sur le coussin.
00:30:55J'ai regardé par rapport
00:30:57à mon balcon.
00:30:59A ma baie vitrée.
00:31:03J'ai vu la fin de ma vie.
00:31:11Un morceau de moi est resté.
00:31:13Un morceau qui est mort.
00:31:15Il est resté sur ce fauteuil.
00:31:21Mais une voisine a entendu
00:31:23les coups et les pleurs.
00:31:25Elle a appelé la police.
00:31:27Il est allé à la fenêtre.
00:31:29Il a vu la police.
00:31:33Je le voyais me menacer du coteau.
00:31:35Il s'est monté.
00:31:37Il paniquait.
00:31:43J'avais peur.
00:31:47Je lui ai dit,
00:31:49dans la cuisine,
00:31:51il y a une échelle.
00:31:53Tu peux passer par les toits.
00:31:55Il m'a traînée
00:31:57comme une bête.
00:31:59Jusqu'à l'extérieur
00:32:01du balcon de la cuisine.
00:32:03Il a engendré ce balcon.
00:32:05Il m'a mis le couteau sur la gorge.
00:32:07Il m'a dit,
00:32:09de toute façon,
00:32:11je vais revenir et je vais te tuer.
00:32:15Godissar descend les 3 étages
00:32:17de l'immeuble en sautant
00:32:19d'un balcon à l'autre.
00:32:25Muriel, elle, parvient à ouvrir
00:32:27la porte aux policiers malgré ses liens.
00:32:31Je leur dis, il est là,
00:32:33mais il est coincé.
00:32:35La porte est fermée, c'est une cour.
00:32:37Très peu de personnes ont la clé.
00:32:39Il était pris au piège.
00:32:41Les policiers arrêtent
00:32:43Ponsey Godissar dans la cour de l'immeuble
00:32:45et le conduisent en garde à vue
00:32:47au commissariat de Pertuis.
00:32:49Pris en flagrant délit, il reconnaît les faits.
00:32:51Mais il prétend qu'il voulait simplement
00:32:53humilier sa belle-sœur.
00:32:57Les policiers entendent
00:32:59Muriel, mais aussi son mari.
00:33:01C'est lui qui leur apporte
00:33:03un renseignement sidérant.
00:33:07Le mari de la victime
00:33:09explique aux policiers
00:33:11que cette personne-là
00:33:13qui a agressé son épouse
00:33:15travaille au quart des pays d'Aix
00:33:17et connaît bien
00:33:19Audrey Damato
00:33:21qui a été assassinée
00:33:23à Merargues.
00:33:25Audrey Damato,
00:33:27le double assassinat de Merargues.
00:33:29Quand il apprend ça,
00:33:31le capitaine Bianco fonce au commissariat
00:33:33de Pertuis.
00:33:35Lorsque Godissar est trouvé
00:33:37au moment de l'interpellation,
00:33:39il a sur lui un briquet.
00:33:41Alors qu'il ne fume pas depuis 20 ans.
00:33:43Il va expliquer que c'est pour
00:33:45remplir les documents du bus
00:33:47qu'il conduit, alors que tout le monde avoue
00:33:49qu'il y a suffisamment d'éclairage dans le bus.
00:33:51On va trouver des gants.
00:33:53Il dit qu'il a froid,
00:33:55donc c'est pour se protéger les mains.
00:33:57Il a un bonnet sur la tête, il a une combinaison.
00:33:59Les mêmes nœuds
00:34:01avec du fil électrique,
00:34:03la même arme, un couteau,
00:34:05le même souci de ne pas laisser de traces.
00:34:07Pensez Godissar,
00:34:09et peut-être l'assassin de Merargues.
00:34:11En attendant d'autres investigations,
00:34:13il est placé en détention provisoire pour le viol de Muriel.
00:34:15Dominique,
00:34:17on découvre que Godissar
00:34:19a un lourd passé judiciaire.
00:34:21Quels sont précisément ses antécédents ?
00:34:23Frédéric, Godissar,
00:34:25c'est un violeur et c'est vraiment
00:34:27quelqu'un d'inquiétant. Son casier judiciaire,
00:34:29c'est une série
00:34:31d'agressions à domicile
00:34:33commises presque toujours
00:34:35selon le même mode opératoire.
00:34:37Il a repéré ses victimes,
00:34:39il est armé d'un couteau, il porte des gants.
00:34:41Et cette violence, on va la sentir
00:34:43à chaque affaire
00:34:45remonte un peu plus.
00:34:47Et il a commencé jeune ?
00:34:49Il a commencé à 17 ans. En 1973,
00:34:51il agresse sa voisine,
00:34:53une voisine de 21 ans qui vient d'avoir un enfant.
00:34:55Il s'introduit chez elle,
00:34:57il se cache derrière la porte de la chambre.
00:34:59Au moment où elle rentre dans la chambre,
00:35:01il se jette sur elle, il la bouscule,
00:35:03il la traîne dans la salle de bain,
00:35:05il lui impose des attouchements sous la menace de son couteau.
00:35:07Et d'un seul coup, il y a une déflagration
00:35:09qui se produit dans la maison.
00:35:11Le biberon du bébé qui était en train de bouillir
00:35:13la voisine explose.
00:35:15Godissar prend peur, s'enfuit,
00:35:17la voisine refuse de porter plainte,
00:35:19il va s'en tirer en prenant une bonne rouste par son père.
00:35:21Ce qui est intéressant et important dans cette affaire,
00:35:23c'est que dans les 12 années qui vont suivre,
00:35:2512 ans, il ne lâchera
00:35:27jamais cette femme.
00:35:29Elle est mariée, le mari intervient,
00:35:31ça n'arrête pas Godissar.
00:35:33La police intervient, ça n'arrête pas Godissar.
00:35:35On le retrouve en bas de l'immeuble,
00:35:37là où elle est, il lui montre qui c'est qu'elle est là.
00:35:39Et il a toujours harcelé comme ça ses victimes ?
00:35:41Il a toujours harcelé ses victimes.
00:35:43La deuxième, en 1979, même scénario.
00:35:45Il était facteur pendant quelques temps
00:35:47et il va agresser une concierge
00:35:49d'un immeuble à laquelle il livrait le courrier.
00:35:51Il connaît toutes ses habitudes.
00:35:53Un jour, il arrive chez elle, il a un bonnet,
00:35:55il baisse son bonnet sur ses yeux,
00:35:57il a son couteau, ses gants,
00:35:59il se jette sur elle et il est arrêté
00:36:01par la sonnette.
00:36:03Il y a quelqu'un dans l'immeuble
00:36:05qui vient sonner à la loge de la concierge.
00:36:07Godissar s'enfuit, identifié là encore.
00:36:09Il prend un an de prison, donc 4 mois fermes.
00:36:11Et dans les mois qui suivront,
00:36:13il va harceler cette femme au téléphone.
00:36:15À chaque fois, il monte d'un cran, en fait.
00:36:17Oui. 1994, plus grave encore.
00:36:19Il est marié, il a 40 ans,
00:36:21père de famille, il habite à Marseille.
00:36:23Il agresse encore une de ses voisines.
00:36:25Il la frappe, il l'asperge de gaz.
00:36:27Il va la violer à plusieurs reprises.
00:36:29Il va être arrêté quelques jours après,
00:36:31condamné à 10 ans de prison.
00:36:33Et à sa sortie, il se tient à carreau ?
00:36:35Non, à sa sortie,
00:36:37avant d'être en 2001.
00:36:39Là, il commence à harceler ses belles-sœurs.
00:36:41Et puis 3 ans plus tard,
00:36:43se produit ce qui était quasiment inévitable
00:36:45après tout ce qu'on vient de voir dans son casier judiciaire,
00:36:47c'est l'affaire de Pertuis.
00:36:57Maître Guillaume de Palma, vous êtes l'avocat
00:36:59de Ponce et Godissar.
00:37:01Quelle impression vous fait-il quand vous le rencontrez pour la première fois ?
00:37:03Alors,
00:37:05lorsque je le rencontre,
00:37:07je suis assez surpris par sa tenue vestimentaire.
00:37:11J'ai en face de moi quelqu'un qui porte un bleu de travail,
00:37:13qui est dans une situation
00:37:15où apparemment il est très décontenancé
00:37:17par ce qui lui est arrivé.
00:37:19Et dans cette situation,
00:37:21l'impression qu'il me fait,
00:37:23c'est l'impression de quelqu'un
00:37:25qui a été pris la main dans le sac,
00:37:27ou presque.
00:37:29Et donc il reconnaît le viol de Muriel,
00:37:31pour lequel vous êtes promis d'office, donc ?
00:37:33Absolument.
00:37:35Extrêmement rapidement,
00:37:37Ponce et Godissar
00:37:39vont me faire état de ce qui a pu se passer
00:37:41dans le cadre de cette affaire.
00:37:43Il sortait de détention,
00:37:45il pensait qu'il avait payé sa dette à la société,
00:37:47qu'il avait purgé sa peine,
00:37:49que sa vie était à reconstruire,
00:37:51sinon reconstruite.
00:37:53Et il s'aperçoit assez rapidement, en fait,
00:37:55que là-dedans,
00:37:57son ex-belle-sœur
00:37:59le déconsidère,
00:38:01et évidemment, il ne peut que très mal vivre
00:38:03une telle situation.
00:38:05Très vite, vous découvrez aussi
00:38:07que derrière l'histoire du viol de Muriel,
00:38:09il y a l'affaire
00:38:11du double assassinat de Merarg.
00:38:13Qu'est-ce qu'il vous dit sur cette affaire de Merarg ?
00:38:15Monsieur Godissar est très tranquille.
00:38:17Il sait pertinemment
00:38:19que la lumière sera faite
00:38:21et qu'on ne pourra pas venir
00:38:23l'enquiquiner, si je puis me permettre,
00:38:25dans le cadre de cette affaire de Merarg.
00:38:27Je suis convaincu
00:38:29par ses déclarations.
00:38:31J'attends une seule chose avec monsieur Godissar,
00:38:33c'est d'être convoqué
00:38:35devant le juge d'instruction
00:38:37pour s'expliquer, pour en savoir davantage,
00:38:39et pour donner notre
00:38:41position, l'exprimer
00:38:43et faire savoir que nous n'avons
00:38:45strictement rien à voir,
00:38:47de près ou de loin,
00:38:49avec cette affaire de double assassinat.
00:38:55Le 12 février 2004,
00:38:57les gendarmes mettent en garde à vue
00:38:59Poncé Godissar pour le double assassinat de Merarg.
00:39:01Ils ont 48 heures
00:39:03pour obtenir des aveux.
00:39:07Les gendarmes l'interrogent sur son emploi du temps
00:39:09le jour du meurtre.
00:39:11Et bizarrement, alors qu'il s'est écoulé
00:39:13près d'un an, Godissar s'en souvient
00:39:15très bien, et dans le détail.
00:39:19Il nous dit, mais compte tenu de mon passé,
00:39:21sachant que je pouvais être inquiété,
00:39:23je me rappelle très bien du film
00:39:25qui était diffusé sur la
00:39:27première chaîne,
00:39:29il s'agit du film Bon Collector,
00:39:31avec Angélina Jolie
00:39:33et Denzel Washington, donc il nous sort ça spontanément.
00:39:39Il nous dit, moi j'ai pas quitté mon domicile.
00:39:41Je ne suis pas sorti
00:39:43le lundi, le dimanche soir
00:39:45je suis rentré à la maison, j'ai quitté mon travail
00:39:47jusqu'au mardi matin. Faux.
00:39:49Faux parce qu'il interroge
00:39:51son téléphone portable
00:39:53à trois reprises.
00:39:55Son téléphone fixe,
00:39:57la messagerie, à deux reprises.
00:39:59Quel intérêt pour lui d'interroger
00:40:01ses appareils
00:40:03puisqu'il n'a pas quitté la maison
00:40:05et qu'il vit dans un studio
00:40:07tout petit, donc là on se rend compte
00:40:09qu'il ment.
00:40:11Les gendarmes
00:40:13perquisitionnent son studio à Aix-en-Provence.
00:40:17Dans son studio, on va trouver
00:40:19des rouleaux de scotch.
00:40:21Un rouleau de scotch adhésif,
00:40:23deux rouleaux neufs,
00:40:25placés dans un seau.
00:40:27Je précise que ce type d'adhésif
00:40:29est sensiblement le même
00:40:31que celui que nous avons retrouvé à Merargues
00:40:33sauf qu'il ne s'agit pas de la même marque.
00:40:35Ce qui est troublant,
00:40:37c'est que Godissar n'arrive pas
00:40:39à expliquer d'où viennent ces rouleaux
00:40:41ni ce qu'il comptait en faire.
00:40:43Les gendarmes
00:40:45perquisitionnent aussi sa voiture,
00:40:47une Peugeot 205 rouge
00:40:49et font le rapprochement
00:40:51avec la déposition
00:40:53d'une voisine de Chantal.
00:40:57Je me suis rappelée d'avoir vu
00:40:59une 205 rouge
00:41:01circuler
00:41:03qui n'appartenait pas au quartier.
00:41:05Donc j'ai remarqué,
00:41:07parce que quand on balade un chien,
00:41:09on n'a pas grand chose à faire,
00:41:11à rêvasser, à regarder ce qu'il se passe.
00:41:13Surtout quand il y a quelque chose de pas normal.
00:41:15Pour moi,
00:41:17c'est normal, c'est une voiture.
00:41:21Pour les gendarmes,
00:41:23les pièces du puzzle s'assemblent,
00:41:25même si Godissar n'est pas très bavard
00:41:27sur le double meurtre.
00:41:29En garde à vue,
00:41:31il préfère parler de lui, de son enfance,
00:41:33peut-être pour gagner du temps.
00:41:35Il explique qu'il est le deuxième
00:41:37d'une fratrie de quatre enfants.
00:41:39Une famille modeste
00:41:41qui vivait dans une seule pièce,
00:41:43dans un quartier populaire
00:41:46Une mère au foyer,
00:41:48un père préparateur automobile
00:41:50avec un fort penchant pour l'alcool.
00:41:52Il raconte que son enfance
00:41:54a été marquée par la violence de ce père.
00:41:57Il avait toujours cette hantise
00:41:59avec ses deux soeurs plus jeunes
00:42:03quand les week-ends arrivaient,
00:42:05parce que c'était là où le père
00:42:07buvait plus que de raison.
00:42:09Ça commençait à table.
00:42:11D'un coup,
00:42:13parce qu'il avait bu,
00:42:15mon père avait bu,
00:42:17il prenait la table,
00:42:19il a soulevé un l'air.
00:42:21Et après, ça partait.
00:42:23Pendant ces scènes de violence,
00:42:25le jeune poncet s'interposait
00:42:27pour défendre sa mère.
00:42:29Et là, mon frère,
00:42:31à un moment donné,
00:42:33a pu supporter de se faire insulter.
00:42:35De se faire insulter de tout le monde.
00:42:37Et là, il a pris la chaise
00:42:39et il a tapé mon père.
00:42:41Godissar raconte qu'ils se battaient
00:42:43de plus en plus souvent tous les deux
00:42:45et de plus en plus fort.
00:42:47Son père aimait les couteaux
00:42:49et il l'a même blessé avec une de ses lames.
00:42:51Un jour,
00:42:53il avait rejoint son père à l'atelier,
00:42:55il y avait eu une dispute
00:42:57et son père, qui avait certainement bu aussi ce jour-là,
00:42:59avait sorti le couteau de sa poche
00:43:01parce qu'il avait toujours un couteau sur lui
00:43:03et il l'avait piqué au bras.
00:43:05Et ça, Godissar
00:43:07avait été traumatisé à ce niveau-là
00:43:09spontanément raconté.
00:43:11Godissar parle longuement
00:43:13du couteau de son père.
00:43:15Mais quand les gendarmes le ramènent à celui qui a tué
00:43:17Chantal et Audrey,
00:43:19il se ferme.
00:43:21Godissar nie tout en bloc.
00:43:23Absolument tout en bloc,
00:43:25indiquant qu'il ne s'était jamais rendu à Merargue
00:43:27et qu'il connaissait Audrey
00:43:29comme une relation de travail, rien de plus.
00:43:33Godissar nie et les gendarmes
00:43:35manquent de preuves.
00:43:37Pour les chauffeurs de car, il a déjà subi un test ADN
00:43:39et son profil génétique
00:43:41ne correspond pas aux traces prélevées
00:43:43dans la maison de Merargue, pas plus que
00:43:45ses empreintes digitales.
00:43:47Alors, les gendarmes mettent fin
00:43:49à la gare d'Avue au bout de 12 heures.
00:43:51Ils ont besoin de temps pour chercher
00:43:53d'autres preuves et le mobile du meurtre.
00:43:57Un mois et demi plus tard,
00:43:59Ponce et Godissar est à nouveau placés en gare d'Avue.
00:44:01Un an, jour pour jour,
00:44:03après l'assassinat de Merargue.
00:44:05Cette fois, les hommes du capitaine Bianco sont confiants.
00:44:07Ils ont une nouvelle carte en main.
00:44:09Ils pensent avoir découvert
00:44:11le mobile du crime.
00:44:13En reprenant leurs recherches
00:44:15sur l'ordinateur professionnel d'Audrey,
00:44:17les gendarmes ont trouvé une lettre
00:44:19qui pourrait bien expliquer le crime.
00:44:21Deux semaines plus tôt,
00:44:23le procureur de la République de Marseille
00:44:25avait demandé
00:44:27des renseignements sur Godissar.
00:44:31Vers le 15 mars,
00:44:33Godissar est rattrapé par son passé judiciaire.
00:44:35Parce que c'est là qu'arrive
00:44:37un courrier à la Société des Pays d'Aix
00:44:39où il est demandé
00:44:41la copie du contrat de travail,
00:44:43la copie de la fiche de paie de Godissar.
00:44:45C'est-à-dire que là, c'est tout son passé qui le rattrape.
00:44:49La justice avait besoin de ces documents.
00:44:51Car Godissar
00:44:53devait payer des indemnités
00:44:55pour le viol
00:44:57qu'il avait commis en 1994 à Marseille.
00:45:03Dans le document que nous avons récupéré,
00:45:05il est mentionné en bas,
00:45:07manuscrit,
00:45:09Audrey, faire le nécessaire.
00:45:11Et effectivement, c'est Audrey qui a géré cette affaire-là.
00:45:13Et d'ailleurs, quand je vais faire
00:45:15les recherches sur l'ordinateur d'Audrey,
00:45:17je me rends compte que les 24 et 25 mars,
00:45:19nous avons deux réponses.
00:45:21Et c'est Audrey qui les a traitées.
00:45:25En répondant à cette demande judiciaire,
00:45:27Audrey aurait donc découvert
00:45:29le passé de Godissar.
00:45:31Quand les gendarmes lui ressortent ce courrier,
00:45:33Godissar prétend qu'il n'est pas au courant.
00:45:35Faux.
00:45:37Les enquêteurs savent que son patron
00:45:39l'avait convoqué pour lui en parler.
00:45:43Alors, pourquoi Godissar
00:45:45dit ça ? Sachant qu'Audrey
00:45:47a reconnu son passé, a découvert son passé,
00:45:49forcément, pour lui,
00:45:51il y a tout qui s'écroule. Parce que tout le monde
00:45:53va le savoir. Il craint qu'Audrey ne le raconte.
00:45:55La garde à vue
00:45:57se poursuit, les heures passent,
00:45:59et les gendarmes se relaient pour lui mettre la pression.
00:46:01Mais Godissar continue
00:46:03de tout nier en bloc.
00:46:05Les multirécidivistes,
00:46:07que donc la garde à vue,
00:46:09il connaît, que
00:46:11les interrogatoires sur des longues heures,
00:46:13il connaît très bien.
00:46:15On va avoir beaucoup de difficultés
00:46:17à obtenir la vérité.
00:46:19Il n'y a que
00:46:21vers 4h du matin
00:46:23où on a senti
00:46:25un instant de fragilité
00:46:27et honnêtement, je pensais
00:46:29que ça a duré 5 à 10 secondes
00:46:31qu'il allait craquer.
00:46:33Parce qu'il nous fait la réflexion
00:46:35brutalement en disant
00:46:37je ne me sens pas coupable.
00:46:41Et puis,
00:46:43quelques secondes plus tard,
00:46:45je ne suis pas
00:46:47un monstre quand même.
00:46:51Mais très rapidement, il s'est
00:46:53ressaisi et ensuite
00:46:55il s'est refermé comme une nuit.
00:47:01Stélina Boresi, vous avez assisté
00:47:03à la garde à vue de Poncé Godissar.
00:47:05Quelle impression vous fait-il ?
00:47:07C'est un homme
00:47:09très froid, bien sûr.
00:47:11Maître de lui-même, maître
00:47:13de ses émotions. Le seul
00:47:15moment où je l'ai vu s'énerver,
00:47:17c'est lorsque je suis allée
00:47:19comme la loi m'oblige
00:47:21quelque part, à prolonger
00:47:23sa garde à vue. C'est le seul moment
00:47:25où je l'ai vu rentrer dans une
00:47:27violence. Et je me suis
00:47:29posé la question à ce moment-là,
00:47:31si j'avais été un homme,
00:47:33si sa réaction aurait été la même. Je ne pense pas.
00:47:35Et à la fin de cette nouvelle garde à vue,
00:47:37vous décidez de le mettre en examen.
00:47:39Et quels éléments vous avez
00:47:41pour cette mise en examen ?
00:47:43Il y a deux aspects
00:47:45fondamentaux pour moi
00:47:47qui m'ont fait dire que cet
00:47:49homme était
00:47:51notre coupable. Dans son enfance,
00:47:53il nous parle du martyr
00:47:55de sa mère, où tous les week-ends,
00:47:57son père, sous n'importe
00:47:59quel prétexte, les plus anodins,
00:48:01déchargeait sa violence
00:48:03sur la mère, sur la femme,
00:48:05en la battant
00:48:07ou en la menaçant avec le couteau.
00:48:09Il y a un moment donné où Godissart,
00:48:11quand il refait
00:48:13ce geste, en plein de son
00:48:15enfance, du geste
00:48:17le père qui pointe sa mère,
00:48:19il fait un geste très caractéristique.
00:48:21C'est ce geste-là.
00:48:23Le père piquer sa mère.
00:48:25Qu'est-ce que nous
00:48:27savons des constatations, je dirais,
00:48:29du médecin légiste ? C'est que
00:48:31Audrey a été torturée
00:48:33avec quelqu'un qui lui a
00:48:35piqué 17 fois
00:48:37au visage. Il l'a défigurée avec
00:48:39ses coups de couteau, comme ça. Le thorax,
00:48:41c'est pareil. On a le même
00:48:43geste.
00:48:45Il y a un deuxième, deuxième
00:48:47moment qui a été fondamental. Dans ce dossier,
00:48:49on dit qu'il n'y a pas d'aveu.
00:48:51L'aveu, la reine des preuves.
00:48:53Moi, je dirais, oui,
00:48:55il y a un aveu. Lorsque Godissart,
00:48:57dans sa garde à vue, nous dit
00:48:59je ne me sens pas coupable.
00:49:01Et lorsqu'il dit
00:49:03je ne me sens pas coupable,
00:49:05c'est comme un aveu.
00:49:07Qu'est-ce qui se passe en moi ? C'est un constat ?
00:49:09Oui, je ne me sens pas.
00:49:11Ça ne veut pas dire que je n'ai pas fait.
00:49:13Mais moi, c'est bizarre, je ne me sens pas coupable.
00:49:17...
00:49:19...
00:49:21La juge est convaincue de tenir
00:49:23le coupable. D'autant qu'on
00:49:25vient de ressortir une autre affaire
00:49:27très troublante.
00:49:29...
00:49:31Le 23 décembre 2001,
00:49:33deux ans avant le meurtre de Merargue,
00:49:35Poncet Godissart a alerté
00:49:37les pompiers de Villeneuve-les-Avignons.
00:49:39Ils n'avaient plus de nouvelles
00:49:41de son oncle et de sa cousine.
00:49:43Les pompiers ont enfoncé la porte de leur maison
00:49:45et découvert leur cadavre.
00:49:47Le corps de Laurent Godissart gisait
00:49:49à terre, poignardé,
00:49:51le crâne fracassé.
00:49:53Sa fille Sabine était allongée
00:49:55dans l'escalier, pendue
00:49:57avec un câble électrique.
00:49:59Tout est fermé de l'intérieur.
00:50:01Deux corps,
00:50:03le père et sa fille.
00:50:05Des départs de feu
00:50:07à partir d'un canapé en bois.
00:50:09Deux choses qui manquent
00:50:11sur la scène de crime
00:50:13et qui méritent
00:50:15de poser la question,
00:50:17c'est l'arme du crime.
00:50:19C'est-à-dire qu'il y avait un couteau
00:50:21et les clés des victimes.
00:50:23...
00:50:25Malgré ces éléments troublants,
00:50:27les policiers de l'époque ont conclu
00:50:29que Sabine avait tué son père
00:50:31et mis le feu à la maison avant de se suicider.
00:50:33Le dossier a été refermé.
00:50:35Quand Daniel Blanco le découvre,
00:50:37les points communs avec l'affaire de Merargue
00:50:39lui sautent aux yeux.
00:50:41Quand je lis le dossier
00:50:43et puis avec mes camarades,
00:50:45on a quasiment la chair de poule
00:50:47au fur et à mesure qu'on découvre les faits.
00:50:49Parce que c'est quasiment...
00:50:51Enfin, ça ressemble tellement.
00:50:53Alors une coïncidence s'ouvrit jusqu'à un certain point.
00:50:55Mais ça paraît invraisemblable
00:50:57que ça ait pu se passer de la même façon.
00:50:59La justice décide
00:51:01de rouvrir le dossier,
00:51:03histoire de vérifier si ce parricide
00:51:05et ce suicide ne cachaient finalement pas
00:51:07un double assassinat.
00:51:09Quand on revient trois ans après
00:51:11qu'on veut analyser des éléments,
00:51:13tout ce qui est matériel, tout ce qui est physique
00:51:15ou technique n'est plus là.
00:51:17Voilà.
00:51:19Peut-être qu'une enquête de voisinage approfondie
00:51:21aurait...
00:51:23aurait levé
00:51:25un grain de souci à l'époque.
00:51:27Mais enfin, on ne va pas refaire l'histoire.
00:51:29À l'époque, Poncet Godissard avait été interrogé
00:51:31en tant que témoin.
00:51:33Il est réentendu, mais il nie toute implication
00:51:35dans la mort de son oncle et de sa cousine.
00:51:37Il n'a rien dit
00:51:39qui puisse permettre
00:51:41de le mettre véritablement en cause
00:51:43à l'époque, de même que
00:51:45les éléments au dossier
00:51:47n'ont pas paru
00:51:49suffisants pour
00:51:51aller le chercher
00:51:53juridiquement, je dirais, par le biais
00:51:55d'une mise à l'examen.
00:51:57Finalement, l'affaire
00:51:59sera à nouveau classée.
00:52:01Maître Guillaume de Palma,
00:52:03une fille qui tue son père
00:52:05avec un couteau qu'on ne retrouve pas,
00:52:07qui met le feu à un canapé,
00:52:09qu'on retrouve étranglé
00:52:11avec du fil électrique,
00:52:13c'est quand même beaucoup de coïncidences très troublantes.
00:52:15Moi, je considère
00:52:17qu'il faut s'en remettre aux conclusions
00:52:19des professionnels
00:52:21qui ont estimé
00:52:23que là-dedans, il y avait
00:52:25effectivement toutes les raisons de croire
00:52:27que Sabine,
00:52:29avant de se donner la mort,
00:52:31a donné la mort à son père.
00:52:33Mais croyez-vous
00:52:35que ce dossier va peser
00:52:37sur l'affaire de Merargues ?
00:52:39Évidemment. Compte tenu
00:52:41précisément de ce qu'il reprochait à M. Godissart.
00:52:43Compte tenu
00:52:45de son casier.
00:52:47Compte tenu de ce qu'on sait de lui à l'époque.
00:52:49Il va falloir se justifier
00:52:51encore
00:52:53sur
00:52:55une affaire qui, finalement, n'en est pas une
00:52:57où il va falloir se défendre
00:52:59sans forcément avoir tous les moyens
00:53:01et, bien entendu,
00:53:03que là-dedans, ça constitue
00:53:05un handicap de plus.
00:53:07Donc, Godissart n'est pas poursuivi
00:53:09pour cette histoire. Il est donc poursuivi
00:53:11en revanche pour le viol de Muriel.
00:53:13Et comment se passe ce procès ?
00:53:15Nous sommes dans une situation
00:53:17de récidive.
00:53:19Récidive criminelle.
00:53:21La peine est importante, celle
00:53:23que nous risquons, en tout cas.
00:53:25Et je vais dire que l'affaire devant
00:53:27la cour d'assises de Vaucluse se passe relativement
00:53:29bien. Pourquoi ?
00:53:31Parce que nous parvenons, au moins,
00:53:33à convaincre la cour
00:53:35et le jury
00:53:37du fait que M. Godissart
00:53:39a besoin de soins.
00:53:41Il est parfaitement réadaptable
00:53:43à la condition qu'il soit aidé,
00:53:45à la condition qu'il soit accompagné.
00:53:47Dans ces conditions, la cour d'assises
00:53:49de Vaucluse
00:53:51va infliger la peine de
00:53:5315 ans de réclusion criminelle à M. Godissart
00:53:55en l'augmentant
00:53:57d'une peine
00:53:59qui n'est pas une peine ferme,
00:54:01une peine de suivi socio-judiciaire
00:54:03où, en fait, M. Godissart,
00:54:05pendant 5 ans,
00:54:07doit se soumettre à des soins.
00:54:09Pour en revenir à l'affaire de Merarc,
00:54:11donc, comment vous préparez
00:54:13votre dossier ? Quels sont les éléments
00:54:15que vous avez en votre possession
00:54:17pour défendre un peu votre client ?
00:54:19J'ai dans mon dossier
00:54:21une carte maîtresse.
00:54:23C'est celle de l'ADN, c'est ça ?
00:54:25L'ADN a parlé.
00:54:27On se retrouve
00:54:29avec un ADN masculin
00:54:31inconnu qui a été prélevé
00:54:33sur les lieux du crime.
00:54:35M. Godissart s'est prêté
00:54:37aux opérations d'analyse génétique.
00:54:39Ça n'a strictement rien donné
00:54:41à rien.
00:54:43Strictement rien,
00:54:45au point de vue de l'ADN,
00:54:47ne le relie à ce double crime.
00:54:491er juillet 2008,
00:54:51le procès de Godissart
00:54:53s'ouvre devant la cour d'assises
00:54:55d'Aix-en-Provence.
00:54:57L'accusé risque
00:54:59la perpétuité,
00:55:01mais il espère bien
00:55:03être acquitté.
00:55:05On me mène la preuve
00:55:07de dire, votre frère est coupable.
00:55:09J'irai moi, à ce moment-là,
00:55:11j'irai à mon frère.
00:55:13Tu es un menteur, tu m'as menti,
00:55:15c'est que tu es un meurtrier,
00:55:17tu as tué.
00:55:19Là, je pourrais le dire,
00:55:21mais à l'heure d'aujourd'hui, non,
00:55:23il est innocent.
00:55:25De fait, l'accusation manque
00:55:27de preuves formelles contre Godissart.
00:55:29Nous étions dans un dossier
00:55:31sans aveu,
00:55:33sans preuves matérielles,
00:55:35sans témoin.
00:55:37Ce serait complètement irresponsable
00:55:39que de ne pas avoir peur
00:55:41de l'acquittement. J'avais peur de l'acquittement,
00:55:43bien sûr.
00:55:45La faible de l'accusation,
00:55:47c'est l'ADN masculin trouvé sur la scène de crime.
00:55:49Un ADN
00:55:51qui ne correspond pas à celui de Godissart.
00:55:53Où allait cet ADN ?
00:55:57Où allait ?
00:55:59Oui, ils en ont une, mais ils ne savent pas qui elle est.
00:56:03C'est vrai que l'absence d'ADN,
00:56:05il faut savoir admettre les choses,
00:56:07pouvait apparaître
00:56:09comme étant un handicap
00:56:11dans la thèse de l'accusation.
00:56:13Cette absence
00:56:15n'était pas la signature
00:56:17d'une innocence.
00:56:19L'audience est tendue.
00:56:21Toute la famille d'Audrey
00:56:23et de Chantal est présente.
00:56:25Persuadée de la culpabilité de Godissart,
00:56:27elle espère que le procès l'aidera
00:56:29à comprendre ce qui s'est passé.
00:56:33Nous avons un enjeu
00:56:35important pour les partis civils,
00:56:37c'est éventuellement d'avoir
00:56:39un conseil Godissart qui s'explique
00:56:41et qui dise qu'il est coupable.
00:56:43Il affirme,
00:56:45sans véritable émotion,
00:56:47mais il affirme de façon constante
00:56:49qu'il est innocent pour ces faits-là.
00:56:53L'ambiance du procès change
00:56:55quand les premières victimes de Godissart
00:56:57se présentent à la barre.
00:56:59Des femmes meurtries,
00:57:01comme Muriel.
00:57:03Je tremble.
00:57:05J'ai du mal à rester debout.
00:57:07Mais je ne m'assois pas
00:57:09et je reste debout,
00:57:11devant lui, et je le regarde.
00:57:13Cela a un effet
00:57:15assez calamiteux pour lui,
00:57:17oui, parce que
00:57:19cette accumulation de victimes,
00:57:21d'anciennes victimes
00:57:23qui défilent,
00:57:25contribue à
00:57:27montrer un personnage
00:57:29excessivement antipathique
00:57:31depuis
00:57:33très longtemps.
00:57:35Un prédateur, un déséquilibré.
00:57:37Au fur et à mesure,
00:57:39l'audience brosse un portrait
00:57:41de plus en plus sombre de l'accusé.
00:57:43Et les experts psychiatres
00:57:45enfoncent le clou.
00:57:47Cet être humain est déviant
00:57:49parce qu'au lieu de prendre autrui
00:57:51comme un enrichissement personnel
00:57:53pour lui-même, il prend autrui
00:57:55comme un ennemi qu'il faut combattre.
00:57:57Et il va progressivement
00:57:59se comporter comme un guerrier
00:58:01qui se cache, qui observe,
00:58:03qui manipule,
00:58:05qui va aller
00:58:07brutalement agresser,
00:58:09tel dans une opération commando,
00:58:11une malheureuse victime
00:58:13qu'il ressent comme une ennemie.
00:58:17Dans son réquisitoire,
00:58:19l'avocat général souligne la similitude
00:58:21des modes opératoires entre les différentes
00:58:23affaires dans lesquelles Godissar a trempé.
00:58:25Le couteau,
00:58:27les câbles électriques,
00:58:29le feu.
00:58:31Il demande une peine de 30 ans de prison
00:58:33avec une période de sûreté de 20 ans.
00:58:35Ce qu'on voulait,
00:58:37c'est qu'éventuellement, maintenant,
00:58:39que plus personne,
00:58:41plus de femmes n'aient un jour
00:58:43à croiser le chemin
00:58:45de ce prédateur.
00:58:47De son côté,
00:58:49l'avocat de Godissar plaide l'acquittement.
00:58:53Je savais que
00:58:55c'était tout ou rien.
00:58:57C'est-à-dire que soit
00:58:59il prenait un maximum,
00:59:01soit il était acquitté.
00:59:03Tout ou rien,
00:59:05ce sera tout.
00:59:07Après seulement deux heures de délibérés,
00:59:09le jury condamne Poncé Godissar
00:59:11à 30 ans de prison
00:59:13avec une période de sûreté de 20 ans.
00:59:1530 ans, bon,
00:59:17il y a des jurés qui ont estimé
00:59:19que ça valait 30 ans.
00:59:21Bon, je vous avoue que
00:59:23en ce qui me concerne,
00:59:25j'aurais préféré qu'il soit vraiment
00:59:27mis hors des États-Unis pour plus longtemps que ça.
00:59:29Je lui dis, regarde,
00:59:31tu sors pas. J'ai gagné.
00:59:33Voilà.
00:59:35C'est peut-être
00:59:37un peu fier de ma part.
00:59:39Je dirais pas
00:59:41que c'est une fierté.
00:59:43Je dirais simplement que c'est
00:59:45justice, elle a été faite.
00:59:47On tue mon frère.
00:59:49J'ai perdu mon frère,
00:59:51mon frère est mort, quoi.
00:59:53Voilà. Ils l'ont tué.
00:59:59Maître Guillaume de Palma,
01:00:01êtes-vous surpris
01:00:03par le verdict de l'affaire de Merargues ?
01:00:05Moi, je suis abasourdi
01:00:07par le verdict qui est rendu.
01:00:09L'impression que j'ai,
01:00:11en tout cas,
01:00:13c'est que finalement,
01:00:15Godissar a payé pour l'ensemble
01:00:17de son œuvre.
01:00:19Et donc, vous faites appel ?
01:00:21Monsieur Godissar
01:00:23prend la décision lui-même
01:00:25de faire appel.
01:00:27Il me fait savoir à l'époque
01:00:29et j'en suis également persuadé
01:00:31que son innocence
01:00:33sera établie.
01:00:39Un mois avant le début
01:00:41du procès en appel,
01:00:43coup de théâtre.
01:00:45L'ADN retrouvé sur la scène de crime
01:00:47a matché.
01:00:49Cet ADN,
01:00:51c'est celui d'un certain
01:00:53Philippe L,
01:00:55un habitant de Compiègne-en-Picardie.
01:00:57À Aix,
01:00:59c'est la stupeur.
01:01:01Godissar, qui s'est toujours dit innocent,
01:01:03le serait-il vraiment ?
01:01:05Comme si on mettait
01:01:07un boum, quoi.
01:01:09Un boum au cœur.
01:01:11Enfin ! Enfin, ça bouge.
01:01:13Il y a un doute.
01:01:15Et ce doute, il est là.
01:01:17Et c'est ce doute
01:01:19que je garde espoir
01:01:21de voir mon frère
01:01:23mort.
01:01:25Raisonnablement, que peut-on penser ?
01:01:27Que c'est quelqu'un
01:01:29qui accompagne Godissar ?
01:01:31Qui était de la connaissance
01:01:33de Godissar ?
01:01:35Ou alors, c'est qu'on a fait fausse piste ?
01:01:39La justice ordonne un supplément d'information.
01:01:41Une nouvelle équipe de gendarmes
01:01:43se déplace dans le Nord
01:01:45et entend Philippe L.
01:01:47Évidemment, nous lui annonçons
01:01:49les raisons pour lesquelles
01:01:51il a été provoqué, à savoir que son ADN
01:01:53est retrouvé sur une scène de crime,
01:01:55et notamment le meurtre de deux femmes.
01:01:57À cette annonce,
01:01:59il va s'effondrer
01:02:01et pas comprendre pourquoi
01:02:03son ADN se retrouve là.
01:02:05Les gendarmes examinent
01:02:07ses retraits bancaires
01:02:09et ses factures téléphoniques.
01:02:11Ils se rendent compte qu'il n'a pas quitté Compiègne
01:02:13au moment du crime de Merargues.
01:02:15On a démontré par l'enquête d'environnement
01:02:17et par son audition
01:02:19qu'il pouvait se rendre à Merargues
01:02:21le jour du meurtre
01:02:23d'un bateau.
01:02:25Alors pourquoi
01:02:27l'ADN de Philippe L a-t-il matché ?
01:02:29La justice demande une enquête
01:02:31à l'IRCGN,
01:02:33le laboratoire de la gendarmerie,
01:02:35pour découvrir que c'est là,
01:02:37au labo même, qu'une erreur a été commise.
01:02:39Il s'agissait en fait d'une pollution.
01:02:43Parce que les analyses
01:02:45de ce fameux Philippe
01:02:47avaient été pratiquées
01:02:49dans le même temps que celles de Merargues.
01:02:57Dominique, comment une telle erreur
01:02:59a-t-elle pu se produire ?
01:03:01L'erreur, Frédéric, elle vient du laboratoire
01:03:03de police scientifique de la gendarmerie.
01:03:05On en est sûr. Mais pour savoir comment elle a pu se produire,
01:03:07on va dépêcher sur place un expert
01:03:09qui va refaire tout le cheminement
01:03:11du travail des gendarmes à l'envers
01:03:13et essayer de comprendre.
01:03:15Quand on fait un prélèvement
01:03:17ADN et quand on l'analyse
01:03:19dans un laboratoire, on pose le prélèvement
01:03:21ADN d'une scène de crime
01:03:23dans ces sortes de petits dés que vous voyez là,
01:03:25qui sont des petits récipients, des petites éprouvettes.
01:03:27Donc un prélèvement ADN
01:03:29par récipient.
01:03:31Ensuite, on place ces récipients
01:03:33dans ce support en plastique avec des trous.
01:03:35C'est comme des dés à coudre, donc un par trou.
01:03:37Comme ça.
01:03:39Pour éviter que le produit ne s'évapore,
01:03:41pour éviter qu'il ne soit renversé
01:03:43dans une manipulation,
01:03:45on le couvre avec des bouchons.
01:03:47On ne met pas un bouchon par prélèvement,
01:03:49ça prendrait trop de temps. On a des tapis de bouchons.
01:03:51Les techniciens ont des tapis de bouchons, c'est ça.
01:03:53On pose une double rangée
01:03:55sur une double rangée
01:03:57de prélèvements. Double rangée de bouchons.
01:03:59Ce qui a dû se produire, c'est que
01:04:01le bouchon qu'on a posé
01:04:03sur les prélèvements effectués sur la scène
01:04:05de crime à Merargues
01:04:07était soit mal lavé, soit
01:04:09pas lavé du tout et il avait servi
01:04:11une précédente analyse.
01:04:13Une précédente analyse où
01:04:15ressortait l'ADN de Philippe L.
01:04:17Donc en prenant
01:04:19la rangée de bouchons mal lavés
01:04:21de Philippe L et en la posant
01:04:23sur les prélèvements de Merargues,
01:04:25on a contaminé Merargues
01:04:27et c'est pour ça qu'on retrouve l'ADN de Philippe L
01:04:29sur les prélèvements de la scène de crime
01:04:31de Merargues.
01:04:33Mais comment ça se fait qu'on ne puisse pas isoler
01:04:35malgré tout l'ADN
01:04:37de l'assassin de Merargues ?
01:04:39Parce que soit l'assassin ne l'a pas laissé,
01:04:41ça arrive, soit parce qu'il en a
01:04:43laissé de l'ADN en quantité
01:04:45insuffisante. Voilà pourquoi on ne retrouve pas
01:04:47d'ADN sur Merargues.
01:04:49Donc pollution ou pas pollution, on ne pouvait
01:04:51pas identifier l'ADN de l'assassin ?
01:04:53Non. Ce qui veut dire que tous les prélèvements
01:04:55qui ont été faits, les centaines de comparaisons
01:04:57qui ont été faites n'ont servi à rien.
01:05:05Maître De Palma, finalement l'ADN était pollué.
01:05:07C'est un argument de défense
01:05:09vraiment important qui s'écroule pour vous.
01:05:11C'est un coup dur, j'imagine, non ?
01:05:13Absolument.
01:05:15C'est un coup de massue.
01:05:17Et évidemment
01:05:19que l'on se dit que
01:05:21la partie va être encore plus compliquée.
01:05:23Il va falloir donc,
01:05:25à la différence du premier procès,
01:05:27s'intéresser à des éléments
01:05:29que l'on pouvait considérer jusqu'alors
01:05:31comme étant subalternes.
01:05:33Alors justement, quels sont ces éléments
01:05:35un peu forts qui vous restent ?
01:05:37Alors ces éléments forts, c'est précisément
01:05:39dans un premier temps,
01:05:41l'absence d'éléments.
01:05:43Aucune trace de M. Godissar sur les lieux du crime
01:05:45et aucune trace
01:05:47chez M. Godissar
01:05:49de quelconque crime
01:05:51qui aurait été commis.
01:05:53On n'a pas retrouvé l'ADN des victimes
01:05:55chez M. Godissar, sur le véhicule
01:05:57de M. Godissar ou ailleurs.
01:05:59Rien ne relie M. Godissar
01:06:01au crime en ce qui concerne l'ADN.
01:06:03Deuxième élément,
01:06:05la téléphonie.
01:06:07Qu'en est-il ?
01:06:09Est-ce que M. Godissar
01:06:11s'est trouvé
01:06:13aux alentours
01:06:15du domicile des victimes ?
01:06:17Non.
01:06:19Non.
01:06:21Des expertises vont être réalisées.
01:06:23Le portable de M. Godissar
01:06:25n'a pas révélé
01:06:27le fait que M. Godissar
01:06:29était de sortie
01:06:31dans cette nuit
01:06:33du 30 mars au 31 mars.
01:06:35Troisième élément,
01:06:37c'est le fait que
01:06:39le scotch qui est retrouvé
01:06:41chez M. Godissar
01:06:43n'est pas le scotch qu'on a retrouvé à Merarc.
01:06:45Et le mobile ?
01:06:47Je considère, quant à moi,
01:06:49que ce mobile
01:06:51que l'on a prêté à M. Godissar
01:06:53n'est qu'une simple hypothèse.
01:06:55C'est un mobile de supposition.
01:06:57On a supposé
01:06:59et supputé
01:07:01que M. Godissar
01:07:03pouvait en vouloir un autre.
01:07:0514 mars 2010.
01:07:07Le procès en appel
01:07:09s'ouvre devant la cour d'assises
01:07:11de Draguignan.
01:07:13Un procès difficile.
01:07:15La Défense a perdu son principal argument,
01:07:17l'ADN inconnu.
01:07:19L'accusation, elle, manque toujours de preuves matérielles.
01:07:21A défaut,
01:07:23le passé de Godissar sera donc encore
01:07:25au cœur des débats.
01:07:27C'est Muriel,
01:07:29la belle-sœur qui témoigne à la première.
01:07:31Son récit bouleversant
01:07:33impressionne d'emblée les jurés
01:07:35et donne le ton du procès.
01:07:37Je trouve ça très surprenant
01:07:39de voir comme ça,
01:07:41en premier intervenant à l'audience,
01:07:43quelqu'un parler de ça
01:07:45alors que ce sont des faits
01:07:47qui n'ont rien à voir
01:07:49avec l'objet de l'audience de ce jour-là.
01:07:51On refait
01:07:53ces autres procès.
01:07:55Donc la charge est lourde.
01:07:57Pour moi, quelque part,
01:07:59il a été, les autres fois,
01:08:01je ne sais pas pourquoi il est condamné alors.
01:08:03Après ce portrait judiciaire
01:08:05accablant,
01:08:07on entre dans les détails atroces
01:08:09des crimes de Merargues.
01:08:11La charge est forte.
01:08:13Mais Godissar continue
01:08:15de nier le double assassinat.
01:08:17Il n'évolue
01:08:19que sur un seul point.
01:08:21Godissar reconnaîtra
01:08:23avoir eu connaissance
01:08:25de la lettre relative
01:08:27au fond de garantie
01:08:29dont Audrey devait faire la réponse.
01:08:31Ce qui l'avait toujours niée.
01:08:35Malgré les 21 tomes du dossier,
01:08:37l'accusation n'a pas plus de preuves
01:08:39contre Godissar en appel
01:08:41qu'en première instance.
01:08:43L'avocat général demande la même peine,
01:08:4530 ans de prison,
01:08:47avec une période de six mois
01:08:49de prison, avec une période
01:08:51de sûreté de 20 ans.
01:08:53La défense rappelle encore
01:08:55que le doute doit profiter à son client
01:08:57et plaide à nouveau l'acquittement.
01:08:59Après la plaidoirie de son avocat,
01:09:01l'accusé a pris la parole en dernier.
01:09:03Ça fait sept ans que je clame mon innocence.
01:09:05C'est vrai que je ne suis pas un saint,
01:09:07mais je ne suis pas un assassin.
01:09:09Les jurés se sont retirés pour délibérés.
01:09:11Ils devraient rendre leur verdict
01:09:13en début de soirée.
01:09:15À la fin des débats, on a vraiment l'impression
01:09:17dans la salle d'audience
01:09:19que c'est une construction intellectuelle,
01:09:21qu'effectivement, il y a eu des faits
01:09:23sensiblement similaires
01:09:25à ceux pour lesquels
01:09:27il était renvoyé devant la cour d'assises,
01:09:29mais en dehors de cela,
01:09:31pas grand-chose.
01:09:33Enfin, que dis-je ? Rien du tout.
01:09:35Pourtant,
01:09:37les jurés vont au-delà de la demande
01:09:39de l'avocat général.
01:09:41Après, asseyez-vous.
01:09:45Ils condamnent Poncé Godissart
01:09:47à la peine maximale,
01:09:49perpétuité, avec 22 ans de sûreté.
01:09:53Pour la famille D'Amato,
01:09:55huit ans après le drame,
01:09:57c'est la fin de l'histoire.
01:09:59Quand on se dit innocent d'un double crime
01:10:01et qu'on est coupé
01:10:03de perpétuité,
01:10:05je pense que même si on veut se maîtriser,
01:10:07on devrait avoir une réaction
01:10:09assez violente.
01:10:11Non, il n'a pas bronché.
01:10:13Il est resté sur son banc.
01:10:25Maître Mollat, cette condamnation
01:10:27à perpétuité, est-ce que c'est le verdict
01:10:29que vous attendiez, vous et vos clients ?
01:10:31Je pense qu'elles, comme moi-même,
01:10:33avions dépassé le problème du quantum.
01:10:35On était d'abord dans la frayeur
01:10:37de l'identité du nouveau homme,
01:10:39qui n'était, par contre, rien,
01:10:41ou peu de choses,
01:10:43alors qu'il a apporté énormément
01:10:45avec l'histoire de l'ADN
01:10:47qui permet enfin d'être convaincu
01:10:49que cette trace du mystérieux monsieur
01:10:51qu'on n'avait pas identifié
01:10:53n'existait tout simplement pas.
01:10:55On retombait sur Godissart
01:10:57et c'était parfait.
01:10:59Et puis, dans ce second procès,
01:11:01ils ont eu la joie d'entendre
01:11:03Godissart reconnaître
01:11:05parce que le premier a été convaincant,
01:11:07on était convaincus de sa culpabilité, moi je n'ai jamais eu tête d'adam,
01:11:11mais il y avait un petit malaise,
01:11:13le petit malaise c'était quand même, on n'explique pas ce que c'est
01:11:16cette personne non identifiée.
01:11:18Cet appel a été libérateur à cet égard.
01:11:21Par contre, pour l'intéresser, c'est une peine supérieure
01:11:23à celle qu'il avait prise en première instance.
01:11:29Conseil Godissar n'a donc jamais avoué,
01:11:32jamais formulé le moindre regret.
01:11:34Il est aujourd'hui un prisonnier modèle,
01:11:36calme, coopérant,
01:11:38comme s'il avait accepté la sentence.
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