Plongez dans le Marseille populaire des années 1920, à travers les archives vibrantes d’une ville haute en couleurs.
Des pêcheurs de l’Estac aux vendeuses du cours Saint-Louis, des enfants du Panier aux ouvriers des savonneries, ce film rend hommage à une cité vivante, bruissante, fière et diverse.
C’est l’album de famille d’une Provence urbaine, entre traditions, fierté populaire, humour et solidarité. Au cœur des marchés, des cabanons et des vendanges, Marseille se dévoile entre l’ombre et la lumière, le travail et la fête, la mer et le béton. Un témoignage rare d’un monde disparu, mais encore vibrant.
Des pêcheurs de l’Estac aux vendeuses du cours Saint-Louis, des enfants du Panier aux ouvriers des savonneries, ce film rend hommage à une cité vivante, bruissante, fière et diverse.
C’est l’album de famille d’une Provence urbaine, entre traditions, fierté populaire, humour et solidarité. Au cœur des marchés, des cabanons et des vendanges, Marseille se dévoile entre l’ombre et la lumière, le travail et la fête, la mer et le béton. Un témoignage rare d’un monde disparu, mais encore vibrant.
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00:30...
01:00Nous autres en Provence, quand on feuillette l'album de famille,
01:25on y trouve à chaque page, ou presque, des images de Marseille.
01:29Qu'on y soit née ou pas, c'est pareil, Marseille est là, toujours présente, toujours vivante.
01:35Remarquez, il y en a qui disent qu'elle n'est pas vraiment provençale, Marseille,
01:39qu'elle a trop de facon, pas assez de pudeur, je ne sais quoi d'autre.
01:43Mais bon, c'est Marseille, c'est notre ville, c'est notre capitale, et puis on en est fiers.
01:49Regardez d'ailleurs, regardez comment on s'y active dans les années 1919-1921,
01:54lorsque Lucien Le Saint, l'opérateur d'Albert Kahn, braque sur elle son objectif.
01:59Regardez le lacidon sur fond de pente transbordeur, regardez le quai du port.
02:03« Nul point de la ville n'est plus favorable, plus gai, plus lumineux »,
02:08disait le prince de nos chroniqueurs, Rasbertin.
02:11Et voyez ce monde, ici le piéton est roi, et il pullule, il pullule, littéralement.
02:17En voici beaucoup qui vont traiter leurs affaires, dans les cafés, près de la bourse.
02:25Le café, c'est leur bureau, en quelque sorte.
02:29En voici d'autres qui flannent, simplement, qui badent,
02:33au spectacle toujours renouvelé de la rue.
02:37En voici encore qui achètent des fleurs, au bouquetière du cours Saint-Louis.
02:47Et puis d'autres, de l'autre côté de la Canebière,
02:53qui prennent le cours Belzins, la grande avenue,
02:56dont le nom rend hommage à celui qui fut l'évêque de la peste,
02:59la grande peste de 1720, vous savez.
03:02Puis il y a aussi l'heure du marché, à la rue Longue, par exemple,
03:05avec ses revendeuses de fruits et légumes,
03:07ses fameuses partisanes, hautes en couleur.
03:17Même la marchande de Chichour, là, c'est fidèle.
03:26Je veux dire la marchande de Jujube, si vous préférez.
03:28Le Jujube, c'est le régal des Marseillais.
03:30C'est le fruit le plus doux de la terre.
03:32Et en plus, c'est bon contre la touille, il paraît.
03:35Allez les clients, dessous le cornet, dessous.
03:38Point d'album, Sampichou.
03:52À Marseille, comme ailleurs en Provence, les petits, c'est sacré.
03:55En fait, je vais vous dire, ce sont les enfants, les vrais héros des albums.
04:00Vous venez de voir le Caganis, le dernier-né de la famille.
04:02Ou plutôt, la dernière-née, c'est une fille.
04:05Et regardez, regardez le papa.
04:08Il n'est pas peu fier, le papa Assas.
04:15Les photographes, ils s'en donnent à cœur joie.
04:19Les pionniers du cinéma aussi.
04:21Tout fait image ici, dans le Marseille des années 20.
04:24Et surtout, bien entendu, les jeux et les rires des enfants.
04:38Tout a sa place, vraiment, dans notre album.
04:46Sans oublier les baisers doux des papas et la tendresse des animaux familiers.
04:50Je vous l'ai dit, rien n'échappe au regard du photographe, du cinéaste amateur,
05:03qui sait aussi se faire le reporter des activités de sa ville.
05:07Il brave la mer, qui n'est pas toujours la bonasse espérée,
05:25pour saisir sur le vif les pêcheurs de Saint-Jean, du Vallon-des-Offres, de l'Estac, des Goudes.
05:30Beaucoup venus d'Italie, d'ailleurs, ces pêcheurs, mais désormais marseillais 100%.
05:35Marseillais comme tous ceux, grecs, arméniens, espagnols, libanais, africains, suisses, que sais-je,
05:42que la ville a accueilli, a assimilé, a digéré presque depuis sa fondation.
05:48Sacré métier que ceux de la pêche.
05:50Ils mobilisent une vraie flottille de tartanes, de bêtes, de chalutiers de toutes tailles.
05:55Et attention, tout à la voile, tout à la main, bien entendu, je veux dire, à la force du biceps, même pour tirer le chalut.
06:08Mais ils font vivre tout un monde, les pêcheurs.
06:11Les marieurs de la rue Forcia, les voiliers de Riveneuve, les calfas, les charpentiers du carénage,
06:17les cordiers de la tourette et de la corderie, les tonneliers, j'en passe.
06:21Alors, Marseille, port de pêche, oui, oui, Marseille, port de pêche, parfaitement.
06:32Et Martigues aussi, bien entendu.
06:34Martigues, la Venise de Provence, si belle, à deux pas de chez nous, avec ses canaux merveilleux, avec son miroir aux oiseaux.
06:42Et tous les ports de la côte, bien entendu, y compris les lecs, les lecs dont on n'a pas encore bétonné le rivage,
06:57et où les Marseillais commencent à faire villégiature.
07:00Sous-titrage Société Radio-Canada
07:30Ça vous dirait que je vous parle des Vendanges ?
07:39C'est un grand rendez-vous, les Vendanges.
07:42Ça se passe, et ça se passe dans le terroir marseillais,
07:46qui est l'ère d'origine du premier vin provençal, il ne faut pas l'oublier,
07:50ou bien plus loin, dans la région, Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse,
07:57où l'on va donner la main joyeusement à des parents ou à des amis vignerons.
08:04Donner la main, c'est vraiment le mot, car dans nos contrées, il faut vous dire que la cueillette du raisin est encore totalement manuelle,
08:11et que le sécateur utilisé, eh bien il est assez peu différent de celui de nos ancêtres.
08:18Du vin de Provence, on dit qu'il souteau d'il l'ouvèire, c'est-à-dire qu'il est bel et bon, tout simplement.
08:27Ces merveilleux cépages chantent l'hymne de la Méditerranée.
08:31Grenache, Carignan, Saint-Saul, Mourverde, Syrah, Rôle, Uniblanc,
08:37qui donnent des crues somptueuses, et pas seulement l'ancestral et superbe rosée de Provence.
08:42Des crues qui font le charme, enfin l'un des charmes, de l'art de vivre provençal.
08:51Le raisin n'est pas que pour le vin, et c'est une fête aussi,
08:55que d'apprêter le raisin de table, les grappes de muscas, de chasselas,
09:00pour les emporter ensuite sur le marché.
09:08Nous sommes dans les années 20, 1926 très exactement.
09:21Même si on le fait dans la bonne humeur, on n'a pas peur du travail par ici.
09:25Vous venez de le voir.
09:26Alors, pour le divertissement, on part à la chasse.
09:30Entre la Nerte et Morodon, il y a de l'espace pour aller traquer le gibier à poil et à plume.
09:37L'oncle, ce sont plutôt les plumes qui l'intéressent.
09:41Lui, il chasse à Lagachon, au poste quoi,
09:44avec la complicité très involontaire d'une véritable chorale d'appelants.
09:49Il transporte leur cage sur son dos et les dispose ensuite méthodiquement alentour.
09:55C'est un vrai stratège, l'oncle.
09:57Retour d'expédition, voici le tableau.
10:00Quelques grives et barthavelles,
10:02quelques frêles fifis aussi pour le plaisir du chien de la maison
10:06et la curiosité un peu craintive des enfants.
10:39Notre album fait aussi la part belle aux tartarins.
10:46Ils abondent, aux chasseurs élégants dont parlait un chroniqueur.
10:51Cela, écrivait-il, ne voit dans le royal passe-temps de la chasse
10:54que l'occasion de se montrer aux dames sous un jour nouveau
10:58et sous un vêtement qui fasse mieux ressortir
11:01les avantages problématiques de leur personne.
11:04Vous avez entendu parler de l'association des excursionnistes marseillais.
11:13Bon pied, bon oeil, bon jarret dit leur chanson.
11:16Il faut dire que chez nous, ils ont de quoi excursionner, les excursionnistes.
11:20Eh bien, les excurs et beaucoup d'autres citadins
11:22quittent la ville le dimanche vers les massifs environnants
11:25Sainte-Baume, Sainte-Victoire, Luberon, Calanque et Verdon, bien sûr.
11:29Le Verdon, c'est le terrain de jeu favori des randonneurs et des amateurs d'escalade.
11:36Un miracle de massif, un incomparable monument de la nature, le Verdon,
11:41avec ses gorges qui le partagent, le transpercent littéralement,
11:45sublime, plaie ouverte.
11:46Un canyon fascinant, pas encore trop connu ni trop visité,
11:52pas encore souillé ni maltraité.
11:55Magnifique, le Verdon.
12:03Voici les premières images de Marseille vues du ciel.
12:08Grâce aux dirigeables, Méditerranée ou Dixmude,
12:11l'un des deux ballons géants que l'Allemagne vaincue
12:14vient de livrer à la France au titre des réparations.
12:18On survole la Rade, le château d'If.
12:29Marseille, belle à voir de haut, comme disait Émile Henriot.
12:44Au roi de l'eau, ou presque, voici l'Estac.
13:02L'Estac des usines chimiques, Rio Tinto.
13:07Tout proche, le tunnel du Rove en construction,
13:09plus de 7 kilomètres de long, entre Marseille et l'Étang de Berre.
13:14Il fait passer la mer sous la montagne,
13:16pour relier le port au Rhône, pas si lointain.
13:24Le président d'Omergue inaugure le 25 avril 1927,
13:28ce tunnel qui restera en fonction pendant 36 ans,
13:32jusqu'à son malheureux éboulement, le 17 juin 1963.
13:35et son interdiction définitive, on le craint, à la circulation.
13:50Du Rove à Marignane, il n'y a qu'un pas.
13:54Franchissons-le pour assister à un autre spectacle
13:56qui, en ce temps-là, commence à nous fasciner,
13:59nous autres Marseillais, petits et grands confondus,
14:01celui des aéroplates.
14:05L'aéroport de Marseille,
14:06qui accueille des meetings dès 1910 ou 11,
14:10est inauguré officiellement le 22 octobre 1922.
14:14On avait pensé le créer, vous savez où ?
14:16À Montfureau, ou à la plage du Prado.
14:19Mais c'est Marignane qui l'emporte.
14:21Il faut dire que le site de l'Étang de Berre
14:23a attiré l'attention des autorités
14:25grâce à l'exploit, hors du commun,
14:27d'un inventeur de génie, un vrai fou-volant
14:30dans sa drôle de machine, Henri Fabre.
14:34Le 28 mars 1910, cet ingénieur marseillais,
14:37qui jusqu'alors, tenez-vous bien,
14:38n'est jamais monté un avion,
14:39ni comme pilote, ni comme passager,
14:42fait décoller d'une surface liquide
14:43le premier hydravion du monde,
14:46le fameux canard.
14:47Un canard qui fera des petits,
14:57puisqu'une véritable hydrobase
14:59accueillera pour le transport des passagers
15:01et du fret, notamment le courrier,
15:03des hydravions lourds.
15:05Et Marignane, aéroport mixte,
15:08terrestre et maritime,
15:10sera jusqu'à la guerre
15:11un carrefour aérien presque unique au monde.
15:17Qui dira que nous manquons d'énergie par ici
15:31et d'ardeur au travail ?
15:34Nos voisins mineurs,
15:35les Carbouniers de Méreuil et de Gardanne,
15:38dont 50% sont étrangers à la région,
15:40polonais, arméniens, espagnols, italiens,
15:44touchent 29 à 35 francs par jour
15:47dans les années 30
15:47pour extraire, puis laver et cribler
15:50le lignite.
15:52Et pour nous l'envoyer.
15:55Les foyers domestiques marseillais
15:56se chauffent en effet en brûlant ce charbon.
16:00Et nombre d'usines locales
16:02en font aussi leur combustible.
16:03Parmi les industries clientes du bassin minier,
16:33il y a les raffineries de sucre.
16:35D'où sortent, après cristallisation
16:37de sucre brut de canne,
16:39après moulage, égouttage, démoulage,
16:42après séchage en étuve,
16:44les fameux pains de sucre,
16:46ces petits cônes que des ouvriers
16:48habitent ensuite en un tournement
16:49de papier bleu à marque d'or
16:52et que d'autres en sachent avec de la paille
16:55pour les expédier vers les pays musulmans,
16:58notamment, et parmi eux, l'Afrique du Nord,
17:00qui en sont particulièrement friands.
17:03Le pain de sucre marseillais
17:04que l'on casse pour le consommer
17:06à l'aide d'un petit marteau,
17:08ce pain-là, vers 1927-1929,
17:11sera en tête des exportations
17:13des produits alimentaires
17:14travaillés à Marseille.
17:15Il est presque aussi célèbre
17:31notre pain de sucre
17:32que l'illustrissime cube de savon
17:34à 72%,
17:36le savon de Marseille,
17:38fabriqué autrefois à l'huile d'olive
17:40et qui se répand alors
17:42dans une composition incolore
17:43à base d'huile de copra et d'arachide.
17:48« On s'en sert pour tout de ce savon »,
17:50me disait une vieille marseillaise.
17:52« Pas que pour le linge, on s'en sert.
17:54On se lave tout le corps avec.
17:56Même les cheveux et les dents, on se lave.
17:58Et ça nous fait une de ces peaux,
17:59regardez, t'es. »
18:02Des arachides du Sénégal
18:26que l'on transforme en savon extra-pur
18:28en tirent aussi de l'huile,
18:31comme on le voit sur ces documents
18:32tournés aux établissements Victor Régis.
18:35C'est le couple royal,
18:36huile-savon.
18:38Il fait une bonne part
18:39de la prospérité de Marseille
18:40qui demeure alors
18:42le plus grand marché européen
18:44des corps gras végétaux.
18:46Quelques grandes familles marseillaises
18:48en font leur beurre
18:49et une main-d'œuvre nombreuse
18:51y gagne son pain.
19:22Septembre 1926, oui, à Sainte-Marthe.
21:38Il y a d'autres spectacles en ville,
21:56moins charmants, moins séduisants.
21:58Pas celui des gabiants
21:59gobant dans l'eau leur pittance,
22:01non, celui d'autres gens
22:03à qui échappent tout bénéfice
22:05de la prospérité industrielle
22:07et commerciale marseillaise.
22:13Marseille pittoresque,
22:15écriront certains en légende de la photo,
22:18plutôt Marseille côté court,
22:20côté puce, côté misère aussi.
22:23Marseille, entre les ruelles, un escalier du panier,
22:48et les maisons branlantes de Bellezince et de la Bourse.
22:52Marseille, côté ombre, Marseille, sous la pluie,
23:22c'est aussi la réalité.
23:35Le quai du Vieux-Port, face à la Canebière,
23:38porte le beau nom de Quai de la Fraternité,
23:41accosté au Quai de la Fraternité.
23:43Vous vous rendez compte ?
23:44Quel symbole !
23:45Les Marseillais y passent et repassent sur ce quai.
23:49En ce temps-là, la rue appartient aux piétons et aux batteleurs,
23:53aux chanteurs,
23:54et ce, pour la grande joie des badauds et des gens des terrasses.
23:58Non loin de là, des bugadières s'activent au lavoir de la Major ou de la Place Vivo.
24:08Elles lavent à tour de bras et elles partent d'abondance les bazarettes.
24:13Car si le café ou le cercle réunit les hommes,
24:16c'est au lavoir que les femmes se retrouvent.
24:18Le lavoir, c'est le haut lieu de la sociabilité,
24:21et de la convivialité féminine marseillaise et provençale.
24:30Dans un atelier voisin,
24:33des repasseuses en chambre repassent du beau linge.
24:43Des fillettes insouciantes jouent à trappe-trappe
24:47jusque sur le grand escalier de la gare Saint-Charles.
24:51Des vieilles femmes s'encagnardent au soleil.
25:00Marseille donne à voir ici son principal monument,
25:03ses gens, son peuple mosaïque.
25:05Cet immense édifice de chair, dit Henri Bosco,
25:09avec sa mise en scène véhémente et infatigable.
25:12Enfin, véhémente, véhémente, pas tant que ça.
25:17À l'entrée du vieux port, couronné de voile,
25:20le pont transbordeur.
25:21Le transbordeur, avec ses fils de fer,
25:34pareil à deux douches d'encre noire, note Jean Cocteau,
25:38le transbordeur, c'est notre tour Eiffel à nous.
25:41Sauf que lui, il mène quelque part.
25:43Je veux dire, il relie l'une à l'autre
25:45les deux rives du vieux port.
25:47L'ouvrage de l'ingénieur Arnaudin,
26:09que l'on a inauguré le 24 décembre 1905,
26:11c'est aux trousses de l'insaisissable montant l'air,
26:15un film burlesque des années 20 que nous visitons.
26:24Il est composé de deux portiques
26:26de près de 85 mètres de haut,
26:29réunis un peu plus bas par un tablier,
26:32à l'extrémité duquel est installé un restaurant
26:34qui affiche somptueusement bouillabaisse
26:37et langouste à l'américaine.
26:40On vient en foule, vers ses sommets,
26:43admirateur du panorama, amateur de sensations fortes,
26:46cascadeur, plongeur.
26:48Une nacelle circule au ras de l'eau,
26:53véritable tronçon de rue,
26:55chargé de véhicules de toutes sortes
26:57et de piétons,
26:57lors de chacune de ses 250 traversées quotidiennes.
27:02Jusqu'à ce que,
27:03le temps de la décadence des années 30 venus,
27:06le transbordeur,
27:08ou le trasbordeur, comme on dit,
27:10ne soit plus alors qu'un ornement,
27:11mais quel ornement,
27:13le portail désormais célèbre partout
27:15du vieux port de Marseille.
27:18Parmi les autres sites emblématiques de notre ville,
27:22on n'oubliera pas le canal de la douane,
27:25qui en sert de ses trois branches l'île-aux-Tiars,
27:27où se trouvent précisément les bureaux de la douane.
27:31Là, sont dits qu'il sent mauvais,
27:33ce pauvre canal,
27:34et l'on prendra prétexte du progrès
27:36pour le combler tout bonnement en 1927.
27:39Vestige de l'ancien arsenal des galères,
27:41prolongé ensuite pour l'usage de la bâtellerie,
27:44le canal, avec ses six ponts mobiles,
27:46donne à ce coin de Marseille
27:48d'Ixit et de Montjalou,
27:50un certain air vénitien et hollandais,
27:53y compris quand il neige sur la ville.
27:59Avec quoi le comblera-t-on,
28:01notre sympathique canal,
28:03avec les décombres du quartier,
28:05ici partiellement démolis,
28:07de derrière la bourse ?
28:08Il ne reste en ces lieux
28:09qu'un vaste terre-plein,
28:11ouvert à tous les vents,
28:12où cirques et fêtes foraines
28:14viendront planter chapiteaux et manèges.
28:16On ne sait pas encore que dorment dans ces sous-sols
28:22les restes de la ville grecque.
28:25Ils attendent d'être mis au jour.
28:28Cela viendra en février 1967 exactement,
28:32et ce sera bientôt le jardin des vestiges.
28:34Laissons ces choses,
28:43revenons aux gens,
28:45ceux d'un de nos mariages marseillais,
28:46par exemple.
28:48Derrière le curé,
28:49les novies sortent de l'église,
28:52et dans les jardins de la réserve
28:53ou de quelques propriétés de famille,
28:56la mariée pose ensuite
28:57avec ses gracieuses demoiselles d'honneur.
29:00Le gâteau de la fête
29:05ne sera pas la traditionnelle pièce montée,
29:08mais une navette géante,
29:10digne de je ne sais quel livre des records,
29:13symbole sans doute pour les tourte-routes
29:15de leur tout proche embarquement pour Citerre.
29:30On lève son verre comme il se doit
29:32à la santé et au bonheur des époux,
29:35un verre d'anis,
29:36par dit,
29:37car même si on ne passe pas sa vie à ça,
29:39on boit du pastis à Marseille.
29:41C'est même nous qui l'avons inventé, le pastis.
29:44Et on joue aux boules aussi, figurez-vous.
29:46C'est même notre loisir favori, les boules.
29:48Les enfants, eux, continuent inlassablement
30:00de se bousculer en riant
30:02autour du vieux tricycle familial.
30:05Décidément incassable, le tricycle.
30:08Et c'est Marseille joyeux, Marseille souria,
30:11qui pose gentiment pour l'album de photos.
30:18Comment oublier le funiculaire
30:28de Notre-Dame-de-la-Garde ?
30:29L'ascenseur qui monte à la Vierge.
30:32C'est un chemin de fer à crémaillère
30:34avec deux cabines suspendues
30:35à des câbles métalliques.
30:37L'une qui monte, l'autre qui descend.
30:39Et fonctionnant grâce à un système
30:40de balance à eau.
30:42Ici, on le voit en plein travaux de révision.
30:45On l'a inauguré en 1892.
30:47Il transportera en 75 ans
30:4920 millions de passagers
30:51et en toute sécurité
30:52jusqu'à sa fermeture le 11 septembre 1967
30:56à 18h30.
30:58Puis sa démolition, stupide,
30:59il faut bien le dire,
31:01pour cause de non-rentabilité.
31:04Tenez, justement, voici
31:05des premiers communiants
31:06dont beaucoup ont emprunté l'ascenseur.
31:09La cérémonie de communion a eu lieu
31:11le matin dans leur paroisse
31:12ou leur collège.
31:13L'après-midi,
31:15ils se retrouvent en pèlerinage
31:16à Notre-Dame-de-la-Garde
31:17avec procession solennelle
31:19derrière le clergé
31:20et les enfants de chœur.
31:23Les religieuses sont là,
31:24les mamans chapeautées aussi,
31:26accompagnant leurs rejetons
31:28en ce jour que chacun d'eux
31:30considère encore
31:31comme l'un des grands moments
31:32de sa vie.
31:33Sous-titrage Société Radio-Canada
32:03l'olive à la main.
32:05À la Toussaint,
32:06l'olive à la main.
32:07C'est le temps des olivades,
32:08à la Toussaint.
32:09Du moins,
32:09dans la campagne marseillaise
32:11et en Basse-Provence.
32:12Ailleurs, c'est un peu plus tard.
32:14Et là,
32:14tout le monde s'y met,
32:15famille, voisins,
32:17amis venus de la ville
32:18pour cueillir une à une
32:19ou pour gauler délicatement
32:21avant de les effeuiller
32:22les grossannes,
32:24les verdales,
32:25les saloninques
32:25et autres variétés
32:26que l'on piquera
32:28ou mettra au sel
32:29pour en faire
32:30de succulentes olives de table
32:31ou bien que l'on apportera
32:34au moulin.
32:34Sous-titrage MFP.
33:04Au moulin,
33:26tout se passe
33:27comme au temps des Romains.
33:28Enfin, presque.
33:29On lave les olives,
33:30on les broie,
33:31on les malaxe
33:32sous la grosse meule de pierre.
33:34Puis, c'est le pressurage
34:02des scourtins ou cabas
34:03empilés par 25 ou 30
34:05qui contiennent
34:06la pâte d'olive
34:07et d'où l'huile
34:09exude par simple pression à froid.
34:11Enfin, il y a la phase
34:21de décantation
34:22avant que l'on sépare
34:28à la feuille
34:29l'huile
34:30de l'eau de végétation.
34:32Pour 100 kg d'olives
34:33apportées au moulin,
34:35le récoltant recevra
34:36en moyenne
34:3620 litres
34:37de l'huile
34:38la plus saine
34:39qui soit,
34:40une huile d'allégresse
34:41et de miséricorde,
34:43aliment suprême
34:43et panacée,
34:45le champ même
34:45de la Méditerranée,
34:46dont Giono dit
34:47sans crainte
34:48qu'elle nous dispense
34:49de lire
34:50l'Iliade et l'Odyssée.
34:52RENCACO
34:53C'est un port,
35:02l'un des plus beaux
35:03du bord des eaux.
35:05Il est illustre
35:05sous tous les parallèles,
35:07à tout instant
35:07du jour et de la nuit,
35:09des bateaux
35:09labourent pour lui
35:10au plus loin des mers.
35:12Il est l'un des grands
35:12seigneurs du large.
35:14Phare français,
35:15il balaye de sa lumière
35:16les cinq parties
35:17de la terre.
35:18Il s'appelle
35:18le port de Marseille.
35:20C'est signé Albert Londres
35:22et c'est la première phrase
35:23de son Marseille,
35:25porte du sud.
35:31Entre Joliette et Estac,
35:33toute une ambiance
35:33au port de Marseille.
35:35Les porte-fées,
35:37les dockers
35:37sous leur palanqué.
35:47Et parmi eux,
35:48quelques as du crochet.
35:50Les peseurs jurés
35:52avec leur balance romaine.
36:00Sans compter
36:01quelques curieux passagers
36:03plus ou moins clandestins.
36:09Et puis,
36:11les soudeurs,
36:11les peintres
36:12de la réparation navale,
36:15prestigieuse réparation
36:16navale marseillaise.
36:17Voilà Marseille,
36:20qui avec son port,
36:22le mot étant encore
36:22d'Albert Londres,
36:24engage la conversation
36:25avec la terre entière.
36:27avec la terre entière.
36:28...
36:35...
36:36...
36:37...
36:40Un petit cabaneau, pas plus grand qu'un mouchoir de poche, un petit cabaneau au bord de la
37:10mer sur des roches, pour vivre qu'il fait bon, si l'amour à son toit accroche, son pavillon
37:17léger, où l'on voit de cœurs enlacés.
37:20Chez nous, point d'album sans image du cabaneau, ce lieu de villégiature, d'invention marseillaise.
37:26Le cabaneau, c'est le pendant populaire de la Bastide, quelques briques, quelques planches
37:31assemblées au bord de la mer ou à la campagne, un petit paradis.
37:35Nous nous y rendons le dimanche en famille, que dis-je en famille ? En troupe.
37:41Et qu'est-ce que nous y faisons le dimanche ? Qu'est ? La soupe de poisson, la bouillabaisse,
37:47les tranches et aussi l'aioli, odorante et cordiale dont se régalera l'honnête provençale
37:52comme le chante à l'hibert.
37:54On y mange donc, les cerises aussi.
37:56Et après le pénéquet, la sieste quoi, on y chante, on y danse, la valse marseillaise
38:03qu'on fait bien à l'aise, un, deux, trois comme ça, à petits pas, sur un air de notre
38:09scoto national, de notre Vincent Scoto, le compositeur aux 4000 chansons ou de quelques-uns
38:16de ses immunes.
38:17Je lui dis, venez, ne prenne pas la pierre, avant le vieux port, coquaine de temps, salut
38:25les morts, je vais vous plaît.
38:27C'est pourquoi sans façon, je me dis là dans ma caboche, le bonheur t'est mon mort,
38:33c'est un tout petit cabanon.
38:38Pour savoir que vous habitiez ici tous les deux, je ne dirais pas que je ne le savais
38:45pas, mais pour dire que je savais exactement où c'était, je ne dirais pas que je le savais
38:52exactement, et d'autre part, je ne me doutais pas que c'était si sauvage, bonjour Romarin.
38:59Bonjour monsieur, allez, vente, vente.
39:01Bonjour mademoiselle Nune.
39:02Bonjour monsieur Romarin.
39:03Permettez que je me mette un peu plus convenable.
39:05Asseyez-vous mademoiselle, vous n'êtes pas bien fatigué.
39:09Vous avez eu une bonne idée d'être venu le voir.
39:12Ah ben, c'est sans intention, nous passions là, alors.
39:17Tu dois avoir chaud toi, hein, assieds-toi à l'arcure.
39:21Merci, il est chaud, non, oui.
39:23J'ai jure tout soir.
39:24Bon, papa.
39:25Eh ben, tenez, va chercher un peu d'eau, hein.
39:27Ouais, papa fera.
39:28Un peu d'eau fraîche.
39:29Très bien.
39:30On va prendre un peu de perle, ok ?
39:31Ça, oui.
39:32C'est pas le refus.
39:38On peut faire la fête sans avoir un cabanon.
39:41Tenez par exemple en allant aux égalades.
39:44Aux égalades, un bal y est donné, vous le savez.
39:47Et aussi un carnaval.
39:49À Coléchard, à Clique, et tout et tout.
39:54Il y a bien d'autres divertissements dominicaux.
40:10Un des plus délicieux est la traversée du Vieux-Port sur le ferryboat.
40:14Il assure un service régulier depuis 1880, le ferryboat, entre Carénage et Saint-Jean, et entre place aux huiles et mairies.
40:21C'est une institution, le ferryboat.
40:24Allez, nous embarquons.
40:26Et c'est Bruno Clair qui nous accompagne en chanson.
40:29Je suis avec toi sur l'eau, dans ma folie.
40:36Te vois-tu, pour toi j'oublierai tout.
40:42Et pour la vie, nous partirions bien loin des jaloux.
40:51Je voudrais t'offrir ma brune, les trésors les plus beaux.
41:01Pour t'avoir au clair de lune, un soir dans mon bateau.
41:11Chérie, la nuit nous fait rêver d'amour.
41:19Pour t'avoir au clair de lune, un soir dans mon bateau.
41:29Pour pouvoir rêver ma brune, seule avec toi sur l'eau.
41:39Dans ma folie, vois-tu, pour toi j'oublierai tout.
41:49Et pour la vie, nous partirions bien loin des jaloux.
41:58C'est déjà l'heure pour les petits métiers de démailler les sardines.
42:02L'aille belle, l'aille vive.
42:04Et c'est aussi l'heure de les livrer à la Halle de la Croix.
42:08Pour t'avoir au clair de lune, un soir dans mon bateau.
42:18Devant les étals, j'ai entendu mille fois ce genre de dialogue.
42:28Et ce ne sont pas des histoires marseillaises.
42:30Allez, approchez les clients, venez, venez voir, allez.
42:34Allez mon beau, venez, regardez comme je suis fraîche aujourd'hui.
42:36Vous n'allez pas me raconter qu'il est frais ce poisson là.
42:40Allez, je vais vous arranger, va.
42:42Que vous vouliez m'arranger, ça j'en suis sûr.
42:44Et alors, ça vous dit rien ?
42:46Eh non, ça ne m'arrange pas.
42:48Et alors, ça ne vous dit rien ? Et non, ça ne m'arrange pas.
43:02C'est violé loge, vous voyez.
43:04Approchez mon collègue, approchez.
43:06Approchez.
43:08On dirait qu'on mange la merde, vous voyez, la merde là-bas.
43:10Approchez mes gars.
43:12Ils ne sont pas du gang, ceux-là, vous voyez.
43:14Approchez, approchez.
43:16Il y a d'autres cris populaires, d'autres sons familiers dans la ville.
43:40Ceux des revendeuses de la rue Longue, ceux des marchands, des artisans ambulants, ceux des petits métiers, de tous les gagne-petits de la rue comme rempailleurs de chaises, sireurs de chaussures.
43:57Celui-là, il paie patente sur le cours Belzins.
44:04Et puis des gosses qui, eux, sont plutôt des voltigeurs dans les rues de Marseille.
44:09Évidemment, le rémouleur, fameux amoulaire de la pastorale.
44:15Puis l'étameur, l'estama aérer, le tondeur de chiens qui faisait peur aux petits-enfants.
44:27C'est le gros son.
44:30Vous la voulez qu'une ?
44:32Oui, le son.
44:33C'est bien belle.
44:35Merci.
44:36C'est bon de l'Europe.
44:42C'est bon de l'Europe.
44:44C'est le son, c'est les maçons.
44:47Un de gros et de pichons.
44:50Un de gros et de pichons.
44:52Un de gros.
44:54On n'a rien dit encore des tramways.
44:56Ils font partie, depuis 1876, de notre paysage familier.
45:00Les voitures, telles que les décrit André Suarez dans les années 30, portent des grappes
45:05humaines, accrochées aux piliers de fer, pendues à la plaque arrière.
45:09Des hommes assis ou debout sur le degré, sur les moindres saillies.
45:12Il y en a qui visent le toit avec l'idée d'y grimper.
45:15Et où vont-ils, ces gens, ainsi juchés ?
45:18Aux cabanos, à l'hippodrome, à moins que ce ne soit au stade de l'Uvaune,
45:22si l'OM s'y produit cet après-midi.
45:26L'Olympique de Marseille, créée en 1899, porte déjà le maillot blanc.
45:31Dans ces années-là, ces vedettes s'appellent Gascard, Hedt-Chepard, Boyer, Crut.
45:36Tous clament fièrement la devise qui les conduira au succès et à la gloire, droit au but.
45:43Pour refermer l'album de famille, c'est aux enfants que l'on revient.
45:52Une nouvelle génération voit le jour, fait ses premiers pas dans un Marseille encore insouciant.
45:58La voiturette de la plaine reste pour les plus grands une merveilleuse attraction.
46:19Mais les rires et les estrambores se tairont bientôt.
46:25On peut encore danser, mais les années sombres ne sont pas loin.
46:31Heureusement, il y a la bonne mère, Notre-Dame de la Garde, vers laquelle se tourne sans cesse le peuple d'hiver des Marseillais.
46:49Où que l'on se trouve, elle est là, Proche du regard et du cœur.
46:58Tu restes dans le ciel, le signe et le haut phare, Lui écrit Louis Broquier dans des litanies superbes.
47:03La reine au règne d'or, Celle qui tient la mare et maîtrise la mer.
47:08La reine au règne d'or, Celle qui tient la mare et maîtrise la mer.
47:27La reine au règne d'or, Celle qui tient la mare et maîtrise la mer.
47:46La reine au règne d'or, Celle qui tient la mare et maîtrise la mer.
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