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Walter Earl Ellis est l’un des tueurs en série les plus glaçants de l’histoire criminelle américaine. Derrière son visage ordinaire et son calme glacial, il cachait une violence terrifiante. Pendant plus de deux décennies, il a pris la vie de femmes vulnérables dans les rues de Milwaukee dans l'état du Wisconsin, laissant derrière lui des corps, un ADN sans nom… et un mystère qui a hanté la police pendant 21 ans.
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00:00Le 10 octobre 1986, dans la ville de Milwaukee, dans l'état de Wisconsin, aux Etats-Unis,
00:06les policiers sont réveillés par un appel.
00:09Le corps d'une femme a été retrouvé sans vie, allongé dans une ruelle salle,
00:13à quelques mètres d'un vieil immeuble oublié.
00:16Quelques mois plus tard, une autre femme, même quartier, même scène.
00:21Les agents prennent des photos, relèvent des traces, mais ne voient pas encore le lien.
00:25Les années passent, d'autres corps apparaissent, un par un, toujours dans ces rues où personne ne regarde jamais vraiment.
00:33Leurs dos sont courbés par la peur, leurs yeux fixent le vide,
00:37leurs bouches ont été étouffées par une main qu'ils ne connaissaient pas.
00:41Ce n'était pas un accident, pas un simple dérapage, c'était le début d'une chasse.
00:46Bonjour à toi, âme innocente, je suis Azazel, l'archange des ténèbres.
00:51Je suis venu dans ton monde pour sonder le plus sombre de l'âme humaine.
00:55Aujourd'hui, je vais te raconter l'histoire terrifiante mais vraie du tueur en série Walter Ellis,
01:02aussi surnommé The Northside Strangler, ou l'étrangleur de Northside en français.
01:08Mais sans plus attendre, l'heure est maintenant venue de plonger avec moi dans les abîmes.
01:12Notre histoire
01:42débute le 24 juin 1960, dans le comté de Holmes, dans l'état du Mississippi, aux Etats-Unis.
01:50Il fait une chaleur écrasante ce jour-là, les moustiques tournoient autour des maisons en bois,
01:55et dans une petite pièce mal éclairée, Walter Earl Ellis pousse son premier cri.
02:00Sa mère, Matty, le regarde sans mot, elle est déjà épuisée par ses cinq autres enfants.
02:07Son père, Leroy, reste dans un coin, le visage fermé.
02:12Dès ses premiers jours, Walter n'entend que des ordres et des soupirs.
02:16Chez les Ellis, il n'y a pas de berceuses, juste des nuits bruyantes,
02:21des cris qui traversent les murs minces, et parfois le silence glacé après les disputes.
02:27À l'âge de cinq ans, Walter voit sa mère pleurer chaque matin avant de partir au travail.
02:33Il ne comprend pas pourquoi.
02:35Il ressent juste une pression constante dans sa poitrine,
02:38une sorte de nœud qu'il n'arrive pas à défaire.
02:41En 1965, ses parents décident de fuir cet état qui les étouffe.
02:46Ils empilent tout ce qu'ils possèdent dans une vieille voiture et prennent la route pour Milwaukee, dans le Wisconsin.
02:54Ils espèrent y trouver du travail, une vie meilleure.
02:57Mais pour Walter, rien ne change.
03:00Seule la couleur du ciel est différente.
03:03Dans cette nouvelle ville, Walter entre à l'école.
03:06Les enseignants remarquent rapidement son regard fixe, ses silences.
03:11Walter n'écoute pas.
03:12Walter ne parle pas.
03:14Et quand il parle, ce n'est jamais pour rire.
03:17À l'âge de sept ans, Walter commence à frapper les autres enfants.
03:21Pas par colère, pas par défense, mais par besoin.
03:25Lui-même ne comprend pas d'où vient ce besoin.
03:28Lorsqu'il voit un garçon plus petit que lui tomber sous ses coups,
03:31Walter ressent une sorte de chaleur dans ses veines.
03:35Une chaleur douce et puissante.
03:38Il se sent important.
03:39Il se sent fort.
03:41Pour la première fois, il se sent exister.
03:44À la maison, personne ne lui donne cette sensation.
03:47Personne ne le regarde comme un garçon fort.
03:50Mais dans la cour de l'école, lorsqu'il frappe, lorsqu'il menace, tout le monde le regarde.
03:56À l'âge de huit ans, Walter menace un camarade avec un bout de verre cassé.
04:01Il lui murmure à l'oreille qu'il va le tuer s'il ne lui donne pas son pain.
04:05Le petit garçon tremble et Walter sourit.
04:08Ce jour-là, il ne veut pas seulement le pain.
04:11Il veut sentir qu'il peut contrôler les autres par la peur.
04:15Dans sa tête, un schéma se grave.
04:18Faire mal pour ne plus se sentir petit.
04:21Chaque fois que sa mère le punit, Walter ne pleure pas.
04:24Il reste immobile, les yeux ouverts, à fixer le mur.
04:28Il se dit qu'il n'aura plus jamais mal si c'est lui qui fait mal aux autres avant.
04:32Les années passent, Walter ne parle à personne.
04:37Ses notes à l'école sont catastrophiques.
04:40Il ne sait ni lire ni écrire correctement.
04:43Il s'absente et rend dans les ruelles de Milwaukee, observant les hommes ivres,
04:48les femmes qui vendent leur corps.
04:50Et il se dit qu'il ne veut pas de cette vie.
04:52Mais il ne sait pas non plus ce qu'il veut.
04:54A l'âge de 14 ans, en 1974, Walter quitte l'école.
04:59Plus personne ne le forcera à écouter.
05:02Il ne veut plus être un enfant.
05:04Il ne veut plus être victime.
05:06Dans sa tête, une certitude grandit chaque jour.
05:09Le monde est fait pour être contrôlé.
05:12Et s'il ne peut pas le contrôler avec des mots,
05:15alors il le fera par la violence.
05:16En 1974, Walter a 14 ans lorsqu'il quitte l'école.
05:26Il ne sait ni lire ni écrire correctement.
05:29Mais ça ne lui fait rien.
05:30Il passe ses journées à errer dans les ruelles de Milwaukee,
05:33les mains enfoncées dans les poches,
05:35le regard fixé devant lui.
05:37Walter observe les hommes qui travaillent dans les usines,
05:40leurs visages fatigués,
05:42leurs mains abîmées par le métal.
05:44Il voit les femmes qui rentrent le soir,
05:47leurs pas pressés,
05:48leurs yeux toujours au sol.
05:49Il se demande pourquoi ils vivent ainsi.
05:52Il se demande s'il veut devenir comme eux.
05:54Walter ne cherche pas de travail.
05:56Il ne veut pas se lever à 5h du matin comme son père,
06:00ni rentrer le soir en silence.
06:02Alors il commence à voler.
06:03D'abord des barres de chocolat,
06:06des paquets de chips,
06:07des bouteilles de soda.
06:08Parfois il les mange,
06:10parfois il les jette dans une poubelle sans les ouvrir.
06:13Ce n'est pas le goût qu'il cherche,
06:15c'est le sentiment d'avoir pris quelque chose.
06:18En 1981,
06:19à l'âge de 21 ans,
06:21Walter est arrêté pour la première fois.
06:23Vol simple.
06:25Il passe une nuit en prison.
06:27Lorsqu'il sort,
06:28il n'a pas peur,
06:29il n'a pas honte.
06:30Il se sent plus grand,
06:32comme si cette nuit derrière les barreaux
06:34l'avait rendu plus fort.
06:36Cette même année,
06:37Walter commence à fréquenter
06:38des hommes plus âgés
06:39qui vendent des stupéfiants dans les ruelles.
06:42Il les regarde faire leurs transactions
06:43sous les lampadaires jaunes.
06:45Il veut cette puissance.
06:47Il veut cette peur
06:48que les autres ont
06:49lorsqu'ils passent près d'eux.
06:51En 1983,
06:53Walter est arrêté pour extorsion.
06:55Il a menacé un homme
06:56avec un couteau
06:57pour lui prendre son portefeuille.
06:59Il n'avait même pas besoin d'argent ce jour-là.
07:02Il voulait juste sentir la terreur.
07:04Il passera quelques mois en prison.
07:05A sa sortie,
07:07Walter n'est plus le même.
07:09Son regard est plus dur,
07:10son visage plus fermé.
07:12En 1985,
07:14il est arrêté pour agression.
07:16Il frappe un homme si fort
07:18qui lui fracture le nez.
07:20Il dira que c'était de la légitime défense.
07:22Les témoins diront le contraire.
07:25Il passe là aussi
07:26plusieurs mois en prison.
07:27A chaque sortie,
07:28Walter semble plus froid.
07:31Entre 1981 et 1986,
07:33Walter est arrêté dix fois.
07:37Vol,
07:37extorsion,
07:38agression,
07:39infraction liée au stupéfiant.
07:41Chaque fois,
07:42il ressort avec une nouvelle certitude.
07:45Il n'a pas peur.
07:46Il apprend à devenir invisible.
07:48Parfois,
07:49il accepte de parler à la police
07:51pour donner des informations
07:52sur des dealers.
07:53Il devient un informateur régulier.
07:56Pas par peur de la prison,
07:58mais par calcul,
07:59pour pouvoir revenir dans la rue,
08:01là où il se sent vraiment vivant.
08:03Dans ces années-là,
08:04Walter travaille parfois
08:06comme vendeur de chaussures.
08:07Il sait être calme,
08:09poli,
08:09montrer des bonnes pointures
08:11aux clients.
08:12Certains disent qu'il était même agréable,
08:14mais à l'intérieur,
08:15Walter ne pense qu'à une seule chose,
08:18le contrôle.
08:19Chaque cliente qu'il sert,
08:21il l'imagine à genoux devant lui,
08:23suppliant pour sa vie.
08:25Cette pensée lui apporte
08:26une paix étrange,
08:28mais elle ne dure jamais.
08:29Chaque soir,
08:30Walter marche dans les ruelles.
08:32Il voit ses femmes seules,
08:34fragiles.
08:35Il les regarde longuement
08:36et se demande
08:37ce que ça ferait,
08:39ce que ça changerait en lui.
08:41En 1986,
08:42Walter n'a que 26 ans.
08:44Il est déjà perdu.
08:46Il ne croit plus en rien.
08:48Et bientôt,
08:48il va découvrir
08:49la seule chose
08:50qui lui donnera l'impression d'exister.
08:53Tuer.
08:53Et ce qui devait arriver
08:55allait inévitablement arriver.
08:57Nous sommes maintenant
09:03le 10 octobre 1986.
09:06Le jour se lève à peine
09:07sur Milwaukee.
09:08Le ciel est gris,
09:10épais,
09:11comme si la ville
09:12était recouverte
09:13d'une couverture sale.
09:14Les usines commencent à fumer
09:16et les ruelles
09:17sentent déjà l'humidité
09:18et les déchets.
09:20Walter marche lentement,
09:21les mains enfoncées
09:23dans ses poches.
09:24Il n'a pas dormi
09:25depuis la veille.
09:25Il a passé la nuit à errer,
09:28à regarder les fenêtres éteintes,
09:30à compter les pas
09:31de ceux qui rentraient chez eux.
09:33Mais aujourd'hui,
09:34il sait que quelque chose
09:35va se passer.
09:36Il le sent dans ses tripes.
09:38Puis soudain,
09:38devant lui,
09:39sur le trottoir,
09:41il la voit.
09:42Deborah Harris,
09:4331 ans.
09:44Elle marche vite,
09:46le sac pressé
09:47contre sa poitrine,
09:48le visage fatigué.
09:50Ses yeux sont cernés
09:51par des nuits sans sommeil.
09:53Walter la fixe longuement.
09:54Il ressent une chaleur
09:56dans sa poitrine,
09:57une chaleur qui monte lentement
09:59jusqu'à sa gorge.
10:00Il commence à la suivre.
10:02Ses pas sont calmes.
10:04Il reste à quelques mètres,
10:06assez loin pour ne pas l'effrayer,
10:08assez près pour sentir
10:09son odeur portée
10:11par le vent du matin.
10:12Il regarde ses cheveux
10:13qui bougent légèrement
10:14à chaque pas.
10:15Il regarde ses épaules
10:17qui tremblent
10:18comme si elle savait
10:19que quelque chose
10:20la suivait.
10:21Walter ne la quitte pas
10:22des yeux.
10:23Il se dit que ce jour-là
10:24sera différent.
10:25Il le sait.
10:26Il ira jusqu'au bout.
10:28Il accélère légèrement
10:29et se place à ses côtés.
10:31Et il lui parle
10:32d'une voix calme.
10:34Il lui dit
10:35qu'il veut juste parler,
10:36juste faire connaissance.
10:38Il lui sourit.
10:39Ce sourire
10:40que tant de gens
10:40ont trouvé apaisant.
10:42D'abord,
10:43elle hésite.
10:44Elle regarde autour d'elle.
10:46Il lui dit
10:46qu'il connaît
10:46un endroit
10:47à l'abri des regards.
10:48Sa voix est douce,
10:50presque rassurante,
10:52comme celle
10:52d'un frère,
10:53d'un ami.
10:54Elle décide
10:55de le suivre.
10:56Ils marchent ensemble
10:57jusqu'à ce vieux
10:58bâtiment abandonné.
10:59L'air sent
11:00le moisi
11:01et la rouille.
11:02Le sol est recouvert
11:03de poussière
11:04et de détritus.
11:05Puis soudain,
11:06Walter la pousse
11:07contre le mur.
11:08Il lui parle
11:09calmement.
11:09Il lui dit
11:10de ne pas crier.
11:11Puis,
11:12il abuse d'elle.
11:13Ses gestes
11:14sont mécaniques
11:15et froids.
11:15C'est comme
11:16s'il exécutait
11:17un rituel
11:18qu'il avait imaginé
11:19des centaines de fois.
11:20Elle pleure.
11:21Elle le supplie.
11:22Mais Walter
11:23ne l'écoute pas.
11:24Il l'observe.
11:25Il enregistre
11:26chaque détail.
11:27Il veut graver
11:28cet instant
11:28dans sa mémoire.
11:30Puis,
11:30sans une seconde
11:31d'hésitation,
11:32il passe ses mains
11:33autour de son cou.
11:34Ses doigts
11:35commencent à serrer,
11:36fermes et solides.
11:38Il regarde son visage
11:39se déformer
11:40sous la terreur
11:41et la douleur.
11:42Il sent son corps
11:43qui lutte,
11:44ses jambes
11:44qui se débattent,
11:46ses ongles
11:46qui s'enfoncent
11:47dans son bras.
11:48Mais lui,
11:49il reste immobile,
11:51les yeux plantés
11:51dans les siens.
11:53Il ne tremble pas,
11:54il ne parle pas,
11:56il attend juste
11:56le moment
11:57où tout s'arrête.
11:59Lorsqu'elle ne bouge plus,
12:00lorsqu'elle n'est plus
12:01qu'un corps froid
12:02étendu au sol,
12:03Walter la regarde
12:05encore quelques secondes.
12:07Dans sa tête,
12:08il n'y a pas de remords,
12:09pas de peur,
12:10juste un calme absolu.
12:12Comme si tout son être
12:13s'était rempli
12:14d'une paix noire
12:16et puissante.
12:17Il se sent fort,
12:18plus fort que jamais.
12:20Il se sent vivant,
12:21il se dit
12:22que c'est comme ça
12:23que ça devait être.
12:24Comme si toute sa vie
12:25avait été une attente
12:27pour ce moment.
12:28Walter quitte alors
12:29les lieux,
12:30ses pas,
12:31son calme,
12:32sa respiration régulière.
12:34Il ne regarde pas
12:35en arrière,
12:36il ne pense pas
12:37à elle,
12:37il ne pense pas
12:38à ce qu'il vient de faire.
12:39Dans sa tête,
12:41il n'y a qu'une seule idée,
12:42il veut recommencer.
12:44Car pour la première fois
12:45de sa vie,
12:46il s'est senti puissant.
12:48Et cette puissance,
12:49il ne la laissera plus jamais
12:51lui échapper.
12:52Le lendemain,
12:53le 11 octobre 1986,
12:56le jour s'est à peine
12:57levé sur Milwaukee.
12:58L'air est frais,
13:00les ruelles encore sombres.
13:02Et Walter est là,
13:03il marche,
13:04comme toujours,
13:05les mains enfoncées
13:06dans ses poches.
13:07Son visage est impassible,
13:09mais à l'intérieur,
13:11une impatience grandit.
13:13Il ressent une fébrilité,
13:15un besoin
13:15qu'il ne peut plus ignorer.
13:17Devant lui,
13:18il l'aperçoit.
13:20Tania Miller,
13:2119 ans.
13:22Elle marche vite,
13:23ses yeux scrutant les ombres,
13:25son corps fragile
13:26enfermé dans un vieux manteau.
13:28Walter la suit,
13:29il observe sa nuque découverte,
13:32ses cheveux légèrement défaits.
13:34Il entend sa respiration
13:35qui s'accélère
13:36lorsqu'elle sent
13:37une présence derrière elle.
13:38Il ressent à nouveau
13:39cette chaleur brûlante
13:41dans sa poitrine.
13:42Cette fois,
13:43il ne prévoit rien.
13:44Il n'a pas besoin de parler.
13:46Il n'a pas besoin
13:47de la rassurer.
13:48Il l'attrape par le bras,
13:50la tire dans une allée déserte,
13:52la pousse contre le mur froid.
13:53Ses yeux la fixent,
13:55sans cligner.
13:55Tania tente de crier,
13:57mais sa voix s'étrangle
13:59dans sa gorge.
14:00Walter lui murmure de se taire.
14:02Sa voix est glaciale,
14:04presque absente.
14:05Puis il abuse d'elle.
14:07Il cherche à sentir son pouvoir,
14:09sa domination,
14:11sa force.
14:12Il veut lui prendre
14:13tout ce qu'elle a.
14:14Lorsqu'il passe ses mains
14:15autour de son cou,
14:16il sent son corps qui tremble,
14:19ses pleurs qui se mélangent
14:20à sa respiration coupée.
14:22Il appuie plus fort
14:23jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus.
14:25Et lorsque c'est terminé,
14:27Walter reste là,
14:28immobile,
14:29à la regarder.
14:30Dans son esprit,
14:31c'est le silence.
14:32Il se sent calme,
14:34vide et puissant à la fois.
14:36Il se dit que c'est devenu
14:37sa nouvelle réalité.
14:39Walter rentre chez lui
14:40après le meurtre.
14:41Ses pas résonnent
14:42dans les escaliers
14:43sales de l'immeuble.
14:45Il monte sans se presser,
14:47comme s'il revenait
14:48d'une simple promenade.
14:50Lorsqu'il entre dans sa chambre,
14:51il retire son manteau
14:52avec soin,
14:53le suspend,
14:54puis s'assoit
14:55au bord de son lit.
14:56Il regarde ses mains longuement.
14:58Dans ses yeux,
14:59rien ne bouge.
15:00À l'intérieur,
15:01il sent ce calme dense
15:03qui le remplit.
15:04Un calme
15:04qu'il n'a jamais connu avant.
15:06Il reste là
15:07pendant des heures
15:08à écouter
15:09le bruit lointain
15:10de la ville,
15:10sans penser à Tania,
15:12sans penser à Déborah.
15:14Pour lui,
15:15elle n'était rien d'autre
15:16que le chemin
15:16vers cette paix noire.
15:18Pendant ce temps,
15:19dans une autre partie
15:20de la ville,
15:21la police découvre
15:22le corps de Déborah.
15:24Ils installent
15:24les bandes jaunes,
15:26ils prennent des photos,
15:27ils interrogent
15:28les riverains,
15:28ils classent l'affaire.
15:30Une femme
15:31retrouvée morte
15:31dans une ruelle,
15:32probablement une affaire
15:33liée à la rue.
15:35Le lendemain,
15:36lorsqu'ils trouvent
15:36le corps de Tania,
15:37ils font exactement
15:38la même chose.
15:39Ils prennent des notes,
15:41dessinent des croquis,
15:42ramassent des échantillons,
15:44mais à aucun moment,
15:45ils ne relient
15:45les deux affaires.
15:46A leurs yeux,
15:47ce sont deux histoires
15:48différentes,
15:49deux drames séparés,
15:51deux femmes oubliées.
15:52Personne ne voit encore
15:54le fil rouge
15:54qui les relie.
15:55Personne,
15:56sauf Walter.
15:57Lui,
15:58il sait.
15:59Il sait qu'il a commencé
16:00quelque chose
16:01qu'il ne pourra plus
16:02jamais arrêter.
16:04Nous sommes maintenant
16:05le 28 novembre 1992.
16:07Six ans ont passé
16:08depuis les premiers meurtres.
16:10L'hiver est arrivé
16:11sur Milwaukee.
16:12Le vent glace les visages.
16:15Les trottoirs sont couverts
16:16d'une fine couche
16:17de glace sale.
16:18Walter marche,
16:20comme toujours,
16:21les mains enfoncées
16:22dans son manteau usé.
16:23Il a changé.
16:25Son visage est plus creusé,
16:26ses yeux plus sombres.
16:28Mais à l'intérieur,
16:29rien n'a changé.
16:31Sa fin est restée la même,
16:33peut-être même plus forte.
16:35Puis,
16:35il la voit.
16:36Irène Smith,
16:3725 ans.
16:39Elle marche vite,
16:40la tête baissée,
16:41son souffle
16:42forme une petite fumée blanche
16:43dans l'air glacé.
16:45Walter la fixe longuement.
16:47Il se demande
16:47si elle le sent,
16:49si son instinct
16:49lui dit de fuir.
16:51Il commence alors
16:52à la suivre.
16:53Ses pas sont légers,
16:54presque inaudibles
16:55sur le béton gelé.
16:57Il l'observe.
16:58Ses cheveux sont défaits,
16:59son visage fatigué.
17:01Elle marche vite,
17:02mais pas assez
17:03pour lui échapper.
17:04Il la suit jusqu'à
17:05une petite ruelle
17:06entre deux immeubles.
17:08Là,
17:09il accélère,
17:10la trappe par le bras,
17:11la tire contre le mur froid.
17:13Irène tente de crier,
17:14mais sa voix se coince
17:16dans sa gorge.
17:17Ses yeux s'écarquillent
17:18lorsqu'elle croise les siens.
17:20Walter la regarde,
17:21et dans son regard,
17:22il n'y a rien.
17:23Pas de colère,
17:24pas de désir.
17:26Juste cette froide curiosité,
17:28cette faim
17:28qu'il ne peut plus contrôler.
17:30Il lui murmure
17:31de ne pas crier,
17:32puis il abuse d'elle.
17:34Ses gestes sont secs,
17:35mécaniques,
17:36comme un rituel
17:37perpétré déjà
17:38des centaines de fois
17:39dans sa tête.
17:40Irène pleure,
17:41elle le supplie,
17:42mais pour lui,
17:43ses pleurs
17:44ne sont que des bruits
17:45sans importance.
17:46Lorsqu'il passe ses mains
17:47autour de son cou,
17:49il sent son corps trembler,
17:50ses ongles gratter son manteau.
17:52Il serre plus fort
17:54jusqu'à ce qu'elle cesse
17:55de bouger.
17:56Il reste là
17:57à la regarder
17:58pendant de longues secondes.
17:59Il inspire profondément,
18:01et dans cette inspiration,
18:02il ressent une paix absolue.
18:04Il se sent fort,
18:05il se sent vivant.
18:07Walter s'éloigne
18:08du corps d'Irene.
18:09Il ne se retourne pas,
18:11il ne pense pas à elle.
18:12Pour lui,
18:13elle n'était qu'un instant,
18:14une respiration
18:15dans sa vie
18:16sans but.
18:17Lorsqu'il rentre
18:18chez lui ce jour-là,
18:19il se demande
18:20combien de fois encore
18:21il devra faire ça
18:22pour se sentir entier.
18:24Il ne trouve pas de réponse,
18:26il sait juste
18:26qu'il recommencera,
18:27car désormais,
18:28il ne peut plus s'arrêter.
18:30Nous sommes maintenant
18:31le 24 avril 1995.
18:34Le printemps
18:34est revenu
18:35à Milwaukee,
18:36mais les ruelles
18:37restent les mêmes,
18:39humides,
18:39sales,
18:40puantes.
18:41Walter marche
18:42comme toujours,
18:43il a 34 ans.
18:44Devant lui,
18:45il voit
18:45Florence McCormick,
18:4728 ans.
18:48Elle marche seule,
18:49son sac tenu contre elle,
18:50comme si elle voulait
18:51devenir invisible.
18:53Walter la suit
18:54en silence.
18:56Il accélère,
18:56se place à sa hauteur,
18:58lui parle d'une voix douce.
19:00Elle se retourne
19:01surprise.
19:02Il la tire dans une entrée
19:03d'immeuble abandonnée,
19:04puis Walter abuse d'elle.
19:06Ses gestes sont secs,
19:08précis,
19:08sans émotion.
19:09Il ne la regarde pas vraiment,
19:11il regarde ce qu'il fait,
19:13comme un homme
19:13qui termine une tâche.
19:15Puis il passe ses mains
19:16autour de son cou.
19:17Lorsqu'elle ne bouge plus,
19:19Walter la relâche lentement.
19:21Il la regarde au sol,
19:22il inspire longuement.
19:23À cet instant,
19:24il n'y a plus rien d'autre
19:26qui compte.
19:26Il n'y a que lui,
19:28lui et sa puissance.
19:30Walter quitte l'immeuble
19:31abandonné,
19:32sans se presser.
19:33Pour lui,
19:34il ne s'est rien passé
19:35de particulier.
19:36Ce n'était qu'une étape
19:37de plus,
19:38une étape nécessaire.
19:40Lorsque la police
19:40arrive sur les lieux,
19:41quelques heures plus tard,
19:43les agents mettent
19:44leurs gants,
19:45posent les balises jaunes,
19:46prennent des photos
19:47sous la lumière
19:48tremblante de leur lampe.
19:49Ils trouvent des traces
19:50de fluide
19:51sur le corps de Florence.
19:53Ils prélèvent tout
19:53avec précaution.
19:54Ils inscrivent
19:55les numéros
19:56sur les sacs plastiques
19:57transparents.
19:58Mais personne ne parle
19:59d'autres victimes.
20:00Personne ne parle
20:01de liens.
20:01Pour eux,
20:02ce n'est qu'un nouveau drame.
20:04Une femme de plus
20:05retrouvée morte
20:06dans un coin sale
20:07de Milwaukee.
20:08Une femme
20:09parmi tant d'autres.
20:10Les échantillons
20:11sont envoyés
20:11au laboratoire,
20:12mais ils rejoignent
20:13des centaines
20:14d'autres dossiers.
20:15Il n'y a pas
20:16de correspondance,
20:17pas de nom,
20:18pas de visage.
20:19Et pendant que la police
20:20remplit ses rapports,
20:21Walter, lui,
20:23marche déjà
20:24dans une autre rue,
20:25cherchant de nouveaux yeux
20:26dans lesquels
20:27regarder sa puissance.
20:29Nous sommes maintenant
20:30le 27 juin 1995.
20:32Walter marche,
20:34son visage baissé.
20:35Il n'a pas dormi
20:36depuis deux nuits.
20:37Il se sent vide,
20:38épuisé.
20:39Mais dans ce vide,
20:40il y a cette étincelle
20:41qui ne s'éteint jamais.
20:43Devant lui,
20:44il voit
20:44Sheila Farior,
20:4637 ans.
20:47Elle marche lentement.
20:49Elle semble perdue
20:50dans ses pensées.
20:51Walter l'observe
20:52depuis l'autre côté
20:53de la rue.
20:54Il traverse la rue
20:55et se place
20:56à sa hauteur.
20:57Sheila ne le remarque
20:58pas immédiatement.
21:00Lorsqu'elle tourne
21:00la tête,
21:01elle croise son regard,
21:03ce regard fixe,
21:04absent,
21:05qui ne semble pas
21:05la voir comme une personne.
21:08Il lui parle
21:08d'une voix calme,
21:09presque gentille.
21:10Il lui dit
21:11qu'il peut l'aider,
21:12qu'il veut juste
21:12discuter avec elle.
21:14Elle hésite,
21:15puis elle le suit
21:16jusqu'à cette petite cour
21:17derrière un immeuble.
21:19Il se tourne vers elle
21:20et à cet instant,
21:21Sheila comprend.
21:22Ses yeux s'écarquillent.
21:24Mais c'est trop tard.
21:25Walter l'attrape,
21:26la pousse
21:26contre le mire à peu,
21:28abuse d'elle
21:29sans aucune hésitation.
21:30Puis il entoure
21:31son cou de ses doigts.
21:32Il serre,
21:33il n'écoute pas
21:34ses gémissements.
21:35Il regarde son visage
21:36se déformer,
21:37ses yeux perdre
21:38leur lueur.
21:39Lorsque son corps
21:40s'affaisse,
21:40il relâche sa prise.
21:42Il la regarde longuement,
21:44comme pour enregistrer
21:45chaque détail
21:45dans sa mémoire.
21:46Walter quitte la cour
21:48sans se presser
21:48et rentre chez lui.
21:50Nous sommes maintenant
21:51le 20 juin 1997.
21:54Walter erre,
21:55comme toujours,
21:56dans les ruelles
21:56mal éclairées.
21:57Ses yeux scrutent
21:58chaque silhouette,
21:59chaque mouvement.
22:00Devant lui,
22:01il aperçoit
22:02Joyce Mims,
22:0341 ans.
22:04Elle marche
22:05d'un pas fatigué.
22:07Walter l'observe
22:07quelques secondes.
22:09Il ressent
22:09cette impulsion,
22:11cet élan
22:11qu'il ne contrôle plus
22:12depuis longtemps.
22:13Il s'approche alors
22:14sans un bruit.
22:15Lorsqu'elle s'aperçoit
22:16de sa présence,
22:18il est beaucoup trop tard.
22:19Il l'attrape par le bras
22:20et l'entraîne
22:21dans une entrée déserte,
22:22dans un coin sombre.
22:23Puis il abuse d'elle,
22:25sans laisser de place
22:26à aucune résistance.
22:27Joyce pleure,
22:29ses larmes coulent
22:30sans un son.
22:31Walter ne la regarde
22:32pas vraiment.
22:33Il regarde
22:33ses propres mains,
22:35ses bras qui se tendent,
22:36son ombre qui tremble
22:38légèrement sur le mur sale.
22:40Puis,
22:40sans hésitation,
22:41il serre ses mains
22:42autour de son cou.
22:43Il reste là
22:44quelques instants,
22:45la fixant
22:46comme pour s'assurer
22:47qu'elle ne reviendra pas.
22:48Puis,
22:48il se relève,
22:49réajuste son manteau
22:50et repart dans la nuit
22:52sans un regard
22:53pour le corps
22:53laissé au sol.
22:55Mais attendez,
22:56ce n'est pas fini.
22:57Nous sommes maintenant
22:58le 27 avril 2007.
23:01Les années ont passé,
23:02mais rien n'a changé
23:03pour Walter.
23:04Il a 46 ans,
23:06son visage est marqué
23:07par le temps.
23:07Ses épaules sont
23:08légèrement affaissées,
23:09mais dans ses yeux,
23:10il y a toujours
23:11cette flamme sombre
23:12qui ne s'éteint pas.
23:13Ce matin-là,
23:15il marche lentement.
23:16Son regard balaye
23:17chaque coin sombre,
23:18chaque silhouette.
23:19Et soudain,
23:20il la voit.
23:21Withron Stokes,
23:2328 ans.
23:24Elle marche rapidement,
23:26son manteau
23:26trop grand
23:27flotte autour d'elle.
23:28Il la suit.
23:30Ses pas sont légers,
23:31silencieux.
23:32Elle entre dans
23:32une petite ruelle
23:33pensant couper par là
23:35pour gagner du temps.
23:36Elle ne sait pas
23:37que chaque seconde
23:38la rapproche de sa fin.
23:40Il l'attrape par l'épaule
23:41et la pousse contre le mur.
23:42Withron a le regard
23:44écarquillé par la peur.
23:46Elle tente de parler,
23:47de crier,
23:48mais sa voix est broyée
23:49par la terreur.
23:50Walter ne dit rien.
23:52Il abuse d'elle
23:53sans laisser aucun répit.
23:54Ses gestes sont
23:55dépourvus de toute humanité,
23:57comme s'il était en train
23:58d'exécuter
23:59une simple tâche.
24:00Puis,
24:01sans un mot,
24:02il passe ses mains
24:02autour de son cou.
24:04Quand tout est fini,
24:05il reste immobile
24:06à la fixer.
24:07A cet instant,
24:08il ne ressent
24:09ni joie ni haine,
24:11juste un calme immense.
24:13A ce stade,
24:14rien ne semble
24:14pouvoir l'arrêter.
24:16Walter avait trouvé
24:17son rythme,
24:17sa méthode,
24:18sa raison d'exister.
24:20Il marchait parmi les gens
24:21sans être remarqué,
24:22sans jamais susciter
24:23le moindre soupçon.
24:25Chaque victime
24:25lui donnait
24:26une force nouvelle,
24:27une illusion d'immortalité.
24:29Mais ce qu'il ne savait pas,
24:31c'est que sa chance
24:32était sur le point
24:33de tourner.
24:33Car même les prédateurs
24:35les plus prudents
24:35finissent par laisser
24:36une trace.
24:42Revenons quelques années
24:43en arrière.
24:44Nous sommes en 2001.
24:45La ville de Milwaukee
24:46étouffe sous les affaires
24:48non résolues.
24:49Les violences s'accumulent,
24:51les dossiers s'empilent
24:52sur les bureaux
24:53des inspecteurs épuisés.
24:55Pour tenter de ralentir
24:56cette vague,
24:57la police décide
24:57de lancer une campagne
24:59massive d'enregistrement
25:00d'ADN.
25:01L'objectif est simple,
25:03alimenter le CODIS.
25:05Le CODIS
25:05est la grande base
25:06de données nationale
25:07qui recense
25:08les profils ADN
25:09des criminels
25:10aux Etats-Unis.
25:10Les agents parcourent
25:12les prisons et les commissariats
25:13pour recueillir des centaines
25:15d'échantillons.
25:16Walter, vu son parcours
25:18criminel, est parmi eux.
25:20Lorsqu'on lui tend le coton
25:21pour prélever sa salive,
25:23il ne bronche pas.
25:24Ses yeux restent vides,
25:26fixés sur un point
25:27que personne ne peut voir.
25:29Il remet le tube,
25:30se retourne et s'éloigne,
25:32sans un mot.
25:33Mais au moment de l'analyse,
25:34rien n'apparaît.
25:35Mais l'impensable survient.
25:37Ce n'est pas son ADN
25:39qui entre dans la base
25:40de données CODIS.
25:41Une erreur,
25:42une fraude,
25:42une substitution,
25:44personne ne s'en rend compte.
25:46Et Walter continue sa vie
25:47comme si de rien n'était.
25:49Entre-temps,
25:49dans les laboratoires,
25:51les techniciens prélèvent
25:52des traces de fluides humains
25:53sur chaque victime retrouvée.
25:55Déborah,
25:56Tania,
25:57Irène,
25:57Florence,
25:58Sheila,
25:59Joyce,
25:59with Hone.
26:01Sept femmes,
26:02sept scènes de crime,
26:04sept échantillons.
26:05Ils sont stockés,
26:06classés,
26:07archivés.
26:08Mais ils n'ont pas de nom,
26:09pas de visage,
26:10juste un code froid
26:12qui sommeille
26:12dans les tiroirs de la police.
26:15Revenons maintenant
26:15en mai 2009.
26:17Huit ans ont passé.
26:19Un nouveau chef
26:19prend la tête
26:20de la section
26:21des Cold Case à Milwaukee.
26:23Il décide de réexaminer
26:24les dossiers
26:25de ces femmes étouffées,
26:26ces histoires oubliées
26:27qui n'ont jamais eu de fin.
26:29Lorsqu'il relie les rapports,
26:31il fronce les sourcils.
26:32Il y a trop de similitudes.
26:34Il demande une nouvelle
26:35analyse ADN comparative
26:37sur tous les prélèvements
26:38conservés.
26:39Quelques semaines plus tard,
26:41le rapport arrive.
26:42Le silence se fait
26:43dans la salle.
26:44Le même profil ADN
26:46est retrouvé
26:46sur les sept victimes.
26:48Sept femmes,
26:49sept vies arrêtées
26:50par la même main.
26:52Mais dans le CODIS,
26:53il n'y a aucun nom.
26:54Juste un code,
26:55juste un numéro.
26:57Les inspecteurs
26:58se regardent.
26:59Ils savent maintenant
27:00qu'un tueur en série
27:01est en liberté
27:01depuis plus de 20 ans.
27:03Un homme qui marche parmi eux,
27:05qui regarde leur visage
27:06chaque jour.
27:07Et ils savent
27:07qu'il faut le retrouver
27:08avant qu'il ne frappe de nouveau.
27:11Puis un jour de mai 2009,
27:13un jeune analyste,
27:14les yeux fatigués
27:15par les heures passées
27:16devant son écran,
27:17reprend les fichiers
27:18de 2001.
27:19Cette année-là,
27:20la police avait lancé
27:21une campagne massive
27:22de prélèvements ADN
27:23pour tenter de résoudre
27:24la montée
27:25des meurtres non élucidés.
27:26L'analyste glisse alors
27:28son regard sur la liste
27:29des hommes recensés,
27:30puis il s'arrête.
27:32Walter Earl Ellis.
27:34Ce nom lui parle.
27:35Il ouvre son casier judiciaire.
27:3712 arrestations
27:38entre 1981
27:39et 1998.
27:41Vols,
27:42extorsions,
27:43agressions,
27:44ventes de stupéfiants.
27:46Il entre son nom
27:46dans le CODIS,
27:48mais rien.
27:49Pas de profil.
27:49Il refait la recherche.
27:52Rien.
27:52Le silence autour de lui
27:54l'étouffe.
27:55Son cœur bat plus vite.
27:56Il vérifie une nouvelle fois
27:57le rapport de prélèvement
27:58de 2001.
28:00Et là,
28:00il se rend compte
28:01que le code barre
28:01ne correspond pas.
28:02L'ADN enregistré
28:04est celui d'un autre détenu,
28:06pas celui de Walter.
28:08Il reste immobile
28:09quelques secondes.
28:10Sa respiration
28:11se bloque dans sa gorge.
28:12Il sent son front
28:13devenir brûlant.
28:15Il se tourne alors
28:16vers son supérieur,
28:18la voix tremblante,
28:19mais fermement posée.
28:21Il dit
28:21« Chef,
28:23il y a un problème. »
28:24Dans la salle,
28:25les agents s'approchent.
28:27Ils lisent les lignes,
28:28les codes,
28:29les noms.
28:30Leur visage se ferme.
28:31Ils se regardent
28:32comme si enfin
28:33ils comprenaient.
28:34Cet homme
28:35aurait dû être identifié
28:37il y a huit ans.
28:38Il ne l'a jamais été.
28:39Pendant huit ans,
28:40il a continué
28:40à marcher parmi eux.
28:42À tuer peut-être.
28:43Le chef de groupe
28:44pose ses mains
28:45sur la table.
28:46Ses doigts sont raides.
28:47Il dit
28:48« Il nous faut un mandat
28:50immédiatement. »
28:51Les procédures
28:52s'enchaînent
28:52dans une tension brûlante.
28:54Chaque minute compte.
28:56Le juge signe le mandat
28:58le soir même
28:58et une équipe de police
29:00se glisse dans l'appartement
29:01de Walter
29:02lorsque celui-ci n'est pas là.
29:04Dans l'appartement,
29:05l'air sent le vieux tabac
29:06et la poussière.
29:07Ils avancent à pas lent.
29:09Ils fouillent,
29:10ouvrent les tiroirs,
29:11les placards.
29:12Dans la salle de bain,
29:13un des agents
29:14trouve une brosse à dents.
29:15Il la saisit
29:16avec précaution.
29:17La glisse dans un sachet
29:18numéroté
29:19referme la fermeture hermétique.
29:21Ils sortent,
29:22le cœur battant,
29:23le visage pâle.
29:24Dans la voiture,
29:25le chef d'équipe
29:26tient le sachet
29:27entre ses mains.
29:28Il le regarde longuement,
29:29comme s'il tenait là
29:30la clé d'un mystère
29:31trop grand
29:32pour un seul homme.
29:33Il inspire lentement,
29:35car il sait.
29:36Il sait que
29:36si cette ADN correspond,
29:38alors ils vont enfin
29:39mettre un nom
29:39sur l'horreur
29:40qui hante Miloki
29:41depuis plus de vingt ans.
29:42Les jours suivants
29:48sont lourds
29:49et sans fin.
29:50Le sachet
29:51contenant la brosse à dents
29:52de Walter
29:52est envoyé au laboratoire.
29:54Chaque heure qui passe
29:55rend l'attente
29:56plus insupportable.
29:58Les techniciens
29:58travaillent en silence,
30:00leur visage éclairé
30:01par la lumière blanche
30:02des néons.
30:03Le chef de groupe
30:04passe dans le couloir,
30:05le regard fixé au sol,
30:06les mains serrées
30:07jusqu'aux jointures.
30:08Tout le monde sait
30:09que les résultats
30:10vont tomber.
30:11Tout le monde sait
30:11que cet ADN
30:12peut révéler la vérité.
30:14Et puis,
30:15un matin de septembre 2009,
30:17le rapport arrive enfin.
30:19Le technicien
30:19le tient entre les mains.
30:21Il le lit une fois,
30:22puis une deuxième fois
30:23pour être sûr.
30:24Il inspire longuement.
30:26Ses mains tremblent légèrement
30:27lorsqu'il entre
30:28dans le bureau du chef.
30:29Les résultats ADN
30:31sont formels.
30:32Il correspond parfaitement
30:33au profil retrouvé
30:34sur les sept scènes de crime.
30:36Le même ADN
30:37qui a hanté
30:38les fichiers policiers
30:39depuis plus de vingt ans.
30:40Le même ADN
30:41qui avait étouffé
30:42cette femme
30:43dans les ruelles de Milwaukee.
30:45À ce stade,
30:46les médias
30:47ont déjà donné un nom
30:48à cet homme invisible.
30:49Le Northside Strangler
30:51ou l'étrangleur
30:52de Northside
30:53en français.
30:54Celui qui avait terrorisé
30:55la communauté
30:56afro-américaine
30:57pendant des décennies,
30:58maintenant,
30:59avait un visage.
31:00Il s'appelle
31:01Walter Earl Ellis.
31:03Le même homme
31:04que la police
31:04avait déjà arrêté
31:05des dizaines de fois.
31:06Le même homme
31:07qui avait réussi
31:08à rester libre
31:09grâce à une simple
31:10erreur administrative.
31:12Le 7 septembre 2009,
31:14les agents de police
31:15se rendent
31:15dans un motel
31:16de Franklin
31:17dans le Wisconsin.
31:18Ils savent
31:19qu'il est là.
31:20Ils montent les escaliers.
31:21Leurs pas sont lourds
31:22sur le béton.
31:23Devant la porte,
31:25ils se regardent
31:25une dernière fois.
31:26Puis ils frappent.
31:27À l'intérieur,
31:28Walter ouvre.
31:30Il n'oppose
31:30aucune résistance.
31:32Son visage reste calme,
31:33froid,
31:34comme si rien de tout cela
31:36ne le concernait.
31:37Il lui passe
31:37les menottes.
31:38Il baisse les yeux,
31:39ne dit pas un mot.
31:41Dans la voiture
31:41qu'il emmène
31:42au commissariat,
31:43il reste silencieux.
31:44Dehors,
31:45les médias
31:46commencent déjà
31:46à diffuser son visage.
31:48Pour la police,
31:49l'affaire
31:49du Northside Strangler
31:51vient de trouver
31:52sa conclusion.
31:53Pour Walter,
31:54c'est juste la fin
31:55d'une chasse
31:55qui lui avait donné
31:56l'espace d'un instant,
31:58l'illusion
31:58d'être un homme puissant.
31:59Le procès de Walter Ellis
32:06débute le 18 février 2011.
32:09Dans la salle d'audience,
32:10l'atmosphère est épaisse,
32:12presque irrespirable.
32:13Chaque siège est occupé.
32:15Il y a les familles des victimes,
32:17les journalistes,
32:18les policiers
32:19qui l'ont arrêté.
32:20Tous ont les yeux fixés sur lui.
32:22Walter entre,
32:23menotté,
32:24vêtu de sa tenue de détenue.
32:26Il ne regarde personne.
32:28Son visage reste impassible.
32:30Il n'y a pas de remords
32:31dans son regard.
32:32Pas de peur non plus.
32:34Juste ce vide glacé
32:35qui ne l'a jamais quitté.
32:37Le juge énumère
32:38les accusations.
32:39Sept chefs d'inculpation
32:40pour meurtre au premier degré.
32:42Les noms des femmes
32:43résonnent dans la salle
32:44comme des coups de marteau.
32:46Chaque nom
32:46est une vie arrêtée,
32:48un destin broyé,
32:50une famille anéantie.
32:52Walter reste immobile
32:53quand le juge lui demande
32:54ce qu'il plaide.
32:55Sa voix résonne,
32:57calme,
32:58sans la moindre émotion.
33:00Il dit
33:00« No contest. »
33:02Pas de contestation
33:03en français.
33:04Pas de reconnaissance non plus.
33:06Juste un abandon glacial.
33:08Le 24 février 2011,
33:10la sentence tombe.
33:11Walter Earl Ellis
33:13est condamné
33:14à sept peines de prison
33:15à perpétuité,
33:16sans possibilité
33:17de libération conditionnelle.
33:19Lorsqu'il entend le verdict,
33:21il ne frémit pas.
33:22Il ne cligne même pas
33:23des yeux.
33:24Il reste assis,
33:25droit,
33:26le visage toujours
33:27aussi fermé.
33:28Pour les familles,
33:29ce jour-là
33:30est celui de la justice.
33:32Pour Walter,
33:33ce n'est qu'un autre jour,
33:34une autre pièce
33:35où il entre
33:36sans jamais rien ressentir.
33:38Après le verdict,
33:39la police continue
33:40d'examiner
33:40les dossiers non résolus.
33:42Ils étudient
33:42d'autres meurtres,
33:44d'autres femmes
33:44trouvées sans vie
33:45dans les ruelles de Milwaukee.
33:47Car dans leur esprit,
33:48une certitude glace
33:49chaque inspecteur.
33:50Walter n'a pas pu
33:52s'arrêter à cette victime.
33:54Il y a forcément
33:54d'autres corps,
33:55d'autres noms,
33:56d'autres histoires
33:57qui ne seront jamais racontées.
33:59Mais Walter ne parle pas.
34:01Il reste muet,
34:02comme il l'a toujours été.
34:03Et en 2013,
34:05à l'âge de 53 ans,
34:06il meurt en prison,
34:08victime de complications
34:09liées à son diabète.
34:10Aucune confession,
34:12aucun mot pour les familles,
34:13aucune vérité.
34:15Walter emporte
34:16avec lui ses secrets
34:17et peut-être les noms
34:18de celles que personne
34:20ne retrouvera jamais.
34:21Voici donc
34:21la terrifiante histoire
34:23de Walter Earl Ellis.
34:25Un homme au visage
34:26ordinaire,
34:27silencieux,
34:27qui a pris la vie
34:28d'au moins sept femmes.
34:30Peut-être plus.
34:31Un homme qui marchait
34:32dans les ruelles de Milwaukee
34:33comme s'il était invisible.
34:35Il n'a jamais admis ses crimes.
34:37Il n'a jamais demandé pardon.
34:39Il est resté froid,
34:40calme,
34:41muet.
34:41Comme si ce qu'il avait fait
34:42n'était rien d'autre
34:44qu'une simple réalité.
34:45Il savait qui il était,
34:47il savait ce qu'il avait fait
34:48et il est mort en prison
34:50en 2013
34:51en portant avec lui
34:52ses secrets
34:53et les noms de celles
34:54qui n'ont peut-être
34:55jamais été retrouvés.
34:56Mais ce qu'il a fait,
34:57lui,
34:57ne disparaîtra jamais.
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35:19dans tes cauchemars.
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