"En attendant les éléphants (ex Foret des pluies la dernière mission)" / Avec son équipe, Jérôme Bouvier parcourt la forêt humide du Gabon en quête d’images exceptionnelles. Il doit filmer un comportement très particulier des éléphants de forêt, ceux-ci jouent un rôle essentiel dans la reproduction des végétaux. En attendant ce moment si désiré, perché sur une plateforme de 2m2 à 30 mètres de hauteur, le cinéaste fait des rencontres exceptionnelles : Mangabeys à joues grises, fourmis ata, tamarins empereurs… Ainsi découvre-t-on la forêt tropicale et son peuple foisonnant, une réelle initiation au lien si particulier qui unit le végétal et l’animal.
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00:00C'est quoi ça ?
00:05Je sais pas mais c'était proche ça.
00:08C'est un genre de gros chat ça ?
00:10Ouais ouais.
00:12Le problème c'est que...
00:13Ouais non non...
00:15Certains miaulements n'invitent pas à une baignade nocturne.
00:18As-tu vu y aller ?
00:19Surtout pas celui d'un léopard.
00:30Entrer dans la forêt tropicale pour la première fois,
00:39c'est marcher sur la pointe des pieds.
00:41Un frisson d'appréhension à chaque pas.
00:45Tant de créatures sont forcément là.
00:49Invisibles.
00:51Il faut donc commencer par laisser de côté ses fantasmes.
00:55Se dompter soi-même.
00:57Et se laisser apprivoiser par la forêt.
01:00Voilà des semaines que je suis au coeur de la forêt des pluies.
01:03L'autre nom de la forêt tropicale humide.
01:06Un grand monde vierge encore présent sur plusieurs continents.
01:10Un monde jamais altéré par l'homme.
01:13Fascinant.
01:15D'une diversité inimaginable.
01:18C'est dans cet écrin luxuriant aux arbres s'immenses
01:20que je pars filmer des animaux que personne n'attendrait ici.
01:25Des éléphants.
01:27Mais l'attente de ces grands pachydermes
01:29va surtout me permettre de raconter l'histoire
01:32de cette forêt unique.
01:34Les images de ce film,
01:36qu'elles soient tournées au Pérou,
01:37en forêt amazonienne,
01:39ou au Gabon,
01:40en Afrique équatoriale,
01:41participent de cette seule,
01:43des mêmes histoires.
01:44Sous-titrage Société Radio-Canada
01:56Mon nom est Jérôme Bouvier.
02:04Je suis caméraman spécialisé dans les prises de vue d'animaux sauvages.
02:08Mon nom est Jérôme Bouvier.
02:18Je suis caméraman spécialisé dans les prises de vue d'animaux sauvages.
02:22Voilà 20 ans que j'ai le bonheur de filmer les sites les plus préservés de la planète.
02:27Mais la forêt des pluies était encore pour moi un mystère.
02:31Dans le cadre du nouveau film de Luc Jacquet,
02:34le réalisateur de La marche de l'empereur,
02:36Je vis depuis près de 4 mois au cœur de cette jungle.
02:42J'y fais des rencontres exceptionnelles.
03:04Ma mission au Gabon,
03:06prend un air de défi.
03:08Tourner des images d'éléphants inédites.
03:12Pour cela,
03:13il me faudra les attendre.
03:15Isolés dans un arbre,
03:17juchés à 30 mètres du sol,
03:20attendre qu'ils deignent se rassembler au pied de cet arbre
03:22et mettre en lumière le lien fort qui existe
03:25entre un arbre et ces éléphants.
03:30Notre installation n'est pas une masse à faire.
03:33250 kilos de matériel
03:34et une pleine journée de travail pour toute l'équipe sont nécessaires.
03:40Cette équipe indispensable se compose de deux grimpeurs,
03:44d'un assistant caméra,
03:45d'un assistant réalisateur chargé de la logistique
03:48et d'un caméraman qui filmera cette aventure.
03:51L'arbre qui va nous accueillir a été choisi avec soin.
03:57Porteur de fruits appréciés,
03:59dégagé en son pied,
04:01il offre une vue idéale
04:02permettant de guetter l'arrivée des pachydermes.
04:06La rivière à proximité
04:07donne à ce lieu
04:08un air d'éden.
04:09Mais l'endroit n'est pas inhabité.
04:21Des milliers de minuscules abeilles
04:22viennent à notre rencontre.
04:25Par bonheur,
04:27elles sont inoffensives.
04:28Si on peut nous monter le moustiquaire,
04:31on peut.
04:32Il y a un père ici.
04:48C'est depuis ces 2 mètres carrés
04:49suspendus à 30 mètres de hauteur,
04:52l'équivalent d'un immeuble de 10 étages,
04:54que tout va se jouer.
04:55Nous prévoyons de ne pas descendre à terre
04:58pendant plusieurs jours.
05:00Tout le matériel de tournage,
05:02tout notre équipement de vie
05:03est censé tenir sur cette plateforme.
05:06Une gajure.
05:14Nous y sommes.
05:16Avec Ben, mon équipier,
05:18nous emménageons dans nos 2 mètres carrés avec vue.
05:22Nous ne quitterons la plateforme
05:23qu'une fois captées ces images.
05:25Des images uniques d'éléphants
05:27convergent au pied de notre arbre
05:28pour y déguster ses fruits.
05:33Ils sont là,
05:35au-dessus de nos têtes,
05:37et commencent tout juste à mûrir.
05:40Eux seuls conditionnent la venue des pachydermes.
05:42Car voici la clé de cette histoire.
05:48L'arbre, immobile par nature,
05:51cherche, comme tout être vivant,
05:53à se reproduire,
05:54à coloniser de nouveaux espaces.
05:57Pour y parvenir,
05:59il doit propager ses graines.
06:01Une solution,
06:03utiliser la mobilité des animaux.
06:05L'arbre les attire à lui
06:07grâce à une invention irrésistible.
06:10Le fruit.
06:12En ingérant ainsi l'objet du désir,
06:15l'animal va servir de taxi.
06:17Tel un chauffeur insouciant
06:19à qui le client n'aurait pas donné d'adresse,
06:21l'animal va transporter dans son système digestif
06:25la graine cachée à l'intérieur du fruit.
06:28Elle germera dans les déjections de l'animal,
06:32loin de son arbre d'origine.
06:34Et c'est là, ma mission.
06:37Filmer, du point de vue d'un arbre,
06:40ce lien de réciprocité singulier
06:42entre l'animal et le végétal.
06:47Au Gabon,
06:48le Moabie et l'éléphant,
06:51tous deux ambassadeurs imposants de leur règne,
06:53on offre un exemple parfait.
07:11Même après avoir passé
07:12de nombreuses semaines dans la jungle,
07:14chaque nouveau décor
07:15nécessite un temps d'adaptation.
07:18On doit sans cesse réapprendre à voir.
07:21Le paysage est tellement complexe,
07:23que dans un premier temps,
07:24le regard se perd,
07:26se noie.
07:28Au fil des heures,
07:29des jours,
07:31il parvient à se fixer
07:32et devient peu à peu capable
07:34de percevoir des détails
07:35de plus en plus subtils.
07:36affûter son regard,
07:48apprivoiser l'espace à la faveur de cette attente.
07:52Une attente qui débute
07:53et qui s'annonce longue.
07:58Mais que sont quelques jours
07:59à l'échelle du temps d'une forêt
08:00ou même d'un arbre,
08:03le Moabie,
08:05arbre totem de la forêt gabonaise,
08:07géant de 70 mètres de hauteur,
08:105 mètres de diamètre.
08:12Cet arbre-là
08:12a germé au temps de Christophe Colomb,
08:15il y a plus de 600 ans.
08:16y penser
08:19est aussi vertigineux
08:21que de grimper là-haut.
08:22Le vertige,
08:49qu'il soit physique ou temporel,
08:51est le cadet des soucis
08:53des mangabets à joues grises.
09:14Leur parcours d'acrobranche
09:16passe par un arbre appelé
09:17Ilomba,
09:19couvert d'énormes grappes de joues.
09:21A la différence des éléphants,
09:24les singes vont disperser
09:25les graines de cet arbre
09:26sans avoir à les avaler.
09:29On pourrait les croire
09:30atteints d'une malformation.
09:32En fait,
09:33ils stockent dans leur bajou
09:34les graines du fruit,
09:36recouvertes d'une peau
09:37charnue rose-bonpeau,
09:38qu'on appelle harille.
09:40C'est cela qui les intéresse.
09:43Ils dévorent cette harille
09:44comme une véritable friandise.
09:52Mais la graine,
09:53elle,
09:54est totalement indigeste.
09:57Les singes s'en débarrassent
09:58au gré de leur déplacement
09:59dans la forêt.
10:01Un stratagème de reproduction
10:03tout aussi efficace
10:05pour l'arbre.
10:17Ce premier jour
10:18est à peine terminé
10:19et déjà des doutes
10:21viennent perturber mon repas.
10:22Avons-nous choisi
10:25le bon arbre ?
10:26Les éléphants
10:27vont-ils venir de nuit,
10:28de jour,
10:30avec la bonne lumière ?
10:32Et s'ils ne venaient pas du tout ?
10:35Cette forêt a beau abriter
10:36la plus grande concentration
10:37d'éléphants de la planète,
10:39rien ne dit qu'ils viendront
10:40précisément sous notre arbre.
10:47Je les ai croisés
10:48pour la première fois
10:49il y a quelques semaines.
10:50Et ce fut aussi bref
10:53qu'intense.
10:55Les éléphants de forêt
10:56ressemblent à s'y méprendre
10:57à ceux des samanes.
10:59Ils sont simplement
11:00un peu plus petits.
11:02Cinq tonnes
11:03au lieu de cinq tonnes et demi.
11:05Une bagatelle.
11:08Ce n'est qu'en 2001
11:09que les chercheurs
11:09ont découvert
11:10que ces deux espèces
11:11étaient distinctes.
11:15J'ai toujours été surpris
11:16par leur capacité
11:17à se rendre invisible
11:18et silencieux.
11:20même lorsqu'ils se déplacent
11:24par dizaines
11:24entre les arbres.
11:27Ils m'impressionnent.
11:28Cette première nuit
11:52s'annonce calme.
11:54Aucun insecte en vue.
11:55Je m'endors
11:57en écoutant
11:58la chorale
11:59d'un monde
11:59qui lui
12:00s'éveille.
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14:05fangs que nous attendons. La vie au sol est pourtant minoritaire dans cette forêt. Tout
14:13se passe là-haut, au niveau de la canopée, la couche supérieure de la forêt, là où
14:19la cime des arbres rencontre l'atmosphère, où rien ne limite le développement de la
14:23vie. Des plantes poussent sur d'autres plantes, qui poussent elles-mêmes sur de grands arbres
14:28pour bénéficier des bienfaits de la lumière. Une pyramide hébergeant une vie animale exubérante,
14:35un inventaire à la prévère, hélicognus, arable, capucin, alouate, mouriqui, colibri,
14:45cassique de Montezuma, barbacou noir, phasme, hérotilus, singe laineux et j'en passe. 90% des
14:53animaux de la forêt vivent à cet étage. Un même arbre peut abriter mille espèces d'insectes
14:59différents, dont 43 espèces de fourmis. Selon les estimations, de 5 à 50 millions d'espèces
15:08vivent là. Une fourchette dont l'approximation montre notre niveau de méconnaissance,
15:15des relations complexes régnant entre plantes et animaux dans cette forêt des pluies.
15:20D'année en année, la découverte de nouvelles espèces végétales et animales vient enrichir
15:29cet inventaire.
15:5011h30. Voilà 26 heures que nous nous trouvons sur cette plateforme, à l'écoute du moindre
16:00bruissement de feuilles. Mais rien ne bouge. Toute la forêt semble écrasée par la chaleur.
16:08Dans cette exubérance, certains arbres se distinguent. Par leur odeur surprenante, totalement décalée,
16:24évoquant le fumet d'une soupe chinoise, ou même des émanations de peintures fraîches.
16:29Par leur aspect étonnant, d'autres arbres rappellent une histoire révolue, tel celui-ci
16:40dont les épines empêchait jadis des paresseux géants, l'espèce aujourd'hui éteinte, de
16:46se régaler de ses feuilles. Et que dire de la prestance de ce figuier monumental, majestueux
16:55représentant d'une famille de 800 essences tropicales. 70 mètres de hauteur, une cathédrale.
17:09Le figuier a son importance dans l'immense écheveau des relations entre plantes et animaux.
17:26A la différence des autres fruits, les figues ne viennent jamais à manquer. Même minuscules,
17:33elles sont à même de nourrir le monde de la forêt. A la saison frugale, trois variétés
17:39de figues nourrissent à elles seules 40% de la biomasse animale.
17:46Le temps d'une journée, la frondaison de ce figuier va accueillir sous mes yeux une
18:05troupe de singes laineux, deux espèces de singes capucins, des damarins, des tourterelles,
18:18des oiseaux chanteurs de toutes les bouleurs, des piques, deux espèces de perruches, des reines
18:25du camouflage. Tous vont servir, sa majesté l'arbre, en propageant ses graines bien au-delà
18:32du banc de ses racines.
18:36Une forêt, c'est aussi une histoire de chute. Celle des arbres, des fruits, des feuilles,
18:50des pétales, ce sont la vie et la mort réunis au sol.
18:58Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, disait Lavoisier.
19:04Dans cet éternel recommencement, la pluie tient le rôle principal.
19:09L'expression forêt des pluies prend alors tout son sens.
19:13Un tiers de ce déluge n'atteindra pas le sol et sera instantanément absorbé par la
19:18pluie, tandis que la pluie qui la traverse pénètre très facilement dans la terre grâce
19:24au labeur essentiel du petit monde du sol.
19:28L'eau, absorbée par les racines des arbres, poursuit son cycle infini.
19:51Il est 14 heures, en ce deuxième jour.
20:03L'eau, absorbée par la pluie.
20:15Cette fantastique diversité ne saurait exister sans la reproduction sexuée, sans la pollinisation,
20:23sans les fleurs.
20:25et une fois encore, le lien qui existe entre la plante et l'animal peut s'avérer extrêmement fort.
20:42En voici un exemple parfait.
20:44Des petits loutins sont apparus sur des fleurs de liane, à quelques mètres de l'eau.
20:51Des tamarins empereurs.
20:53Prêts à être pollinisés, la fleur se gorge de nectar à la base de ses étamines,
20:59et attire ainsi l'animal qui va se couvrir de pollen.
21:03Chevalier servant, et non moins hédoniste, celui-ci lui offre sa mobilité.
21:11Lorsque les tamarins insouciants déposent le pollen sur les autres fleurs de liane,
21:16la reproduction sexuée de la fleur est jouée.
21:20On appelle cela la zoogenie.
21:36Nos tamarins rejoignent là pour voisin, un capoquis en fleurs.
21:41Comment le怎么了, vérifier que ça peutขen s'aménir?
21:51Au revoir !
22:03Musique
23:04Le soleil va vite décliner maintenant.
23:08Les éléphants ne montrent toujours pas le bout de leur trompe.
23:18Je cherche à discerner les créatures qui se cachent dans ce théâtre d'ombre et de lumière.
23:25Le regard exercé finit par mettre à jour tant de talents de camouflage, poussés à la perfection.
23:41En scène, trois acteurs.
23:47Le mime, le modèle et le dupé.
23:50Le mime est un insecte, un reptile, un batracien.
24:01Le modèle est un autre animal, une feuille ou un trou.
24:06Le dupé, c'est le prédateur.
24:09C'est nous.
24:09L'art du mimétisme se niche dans les moindres détails, jusqu'à singer le mouvement du modèle.
24:27Les mentes religieuses imitent des feuilles, autant pour échapper à leurs prédateurs que pour duper leurs proies.
24:35La simple feuille se fait dévoreuse d'insètes.
24:47La menthe religieuse est une redoutable chasseresse.
24:53Tout en elle est conçue pour la chasse à l'affût.
24:57Des pattes ravisseuses, de longues antennes à même de capter les vibrations produites par le vol d'un moucheron.
25:06Une excellente vision en relief.
25:10Et, seul exemple dans le monde des insectes, une tête pivotant à 180 degrés, lui permettant de repérer ses proies sans bouger.
25:20Dix-sept heures.
25:35Certains animaux se camouflent, d'autres arborent des couleurs éclatantes, tels le coq de roche mâle.
25:49Suffisamment vifs pour échapper aux prédateurs, il ose afficher sa beauté.
25:56Une audace qui ne vise qu'à séduire sa belle.
26:00Cette dernière est pour sa part extrêmement discrète, voire invisible.
26:04Réunis sur leur place de champ appelée « Mec », ils arborent bruyamment leur virilité.
26:12« Mec ! »
26:2518h30, nous décidons de descendre pour un brin de toilette dans le ruisseau, au pied de l'arbre.
26:50De quoi soulager l'attention née de notre attente infructueuse.
26:55Certains miaulements n'invitent pas à une baignade nocturne, surtout pas celui d'un léopard.
27:14Le bar attendra. Nous dormirons encore sale. Ben dans son hamac et moi sur la plateforme, les pieds dans le vide.
27:40Foute d'espace. Les grimpeurs usent une magnifique expression pour nommer cette corde qui nous empêche de tomber.
27:49Ils l'appellent ligne de vie.
27:51A cette hauteur, tout doit être sécurisé, à commencer par nos personnes.
27:58Nul n'est à l'abri d'un accès de son ambulisme.
28:00Sous-titrage Société Radio-Canada
28:12Sous-titrage Société Radio-Canada
28:42Sous-titrage Société Radio-Canada
28:45Sous-titrage Société Radio-Canada
28:47Sous-titrage Société Radio
29:17Enfin, ils sont venus.
29:26Mais, ils ont clairement senti notre présence et repartent sans même goûter aux fruits tombés au pied de l'arbre.
29:36Sous-titrage Société Radio-Canada
29:37Sous-titrage Société Radio-Canada
29:38Sous-titrage Société Radio-Canada
29:40Je suis inquiet.
29:41Il me semble opportun de réagir, d'envisager un plan B.
29:46Je charge Marco, l'assistant réalisateur, de partir avec le reste de l'équipe filmer les éléphants, au sol, cette fois.
29:54Les images qu'il rapportera pourraient sauver cette séquence déterminante, même si ce n'est pas le point de vue escompté.
30:00Mais parfois, tout arrive sans attendre, et à peine installé à mon poste d'observation, les animaux apparaissent.
30:14Je repense à ma rencontre avec les singes hurleurs, une rencontre silencieuse.
30:21Et une curieuse situation, eux, comme nous, installés dans la tente, perchés à 60 mètres du sol.
30:38Nous nous observons ainsi deux heures durant, jusqu'à ce qu'ils décident de nous rejoindre.
30:47Mais pourquoi viennent-ils précisément sur notre arbre ?
30:51Ces feuilles auraient-elles pour eux un intérêt particulier ?
30:54Nutritives, gustatives, ou même thérapeutiques.
30:58Car les singes sont initiés aux vertus de leur environnement.
31:02Ils savent faire leur choix parmi les innombrables espèces végétales de leur territoire.
31:08Et si l'attrait de cet arbre était simplement notre présence ?
31:14Il me plaît de croire que ces animaux sont aussi curieux de nous que nous le sommes d'eux.
31:21La chaleur quotidienne, constante, nous étouffe et nous accable.
31:46Après trois jours passés sur cette plateforme, je rêve d'un bain.
32:02La petite rivière qui coule à nos pieds semble m'appeler.
32:19L'eau vive, seule source de fraîcheur au cœur de l'étuve tropicale en cette saison sèche.
32:25Merci d'avoir regardé cette vidéo !
32:40Les rivières écartent la frondaison des arbres
33:02et offrent des perspectives nouvelles pour qui longent ces berges.
33:10Le calme absolu de cette dérive au fil de l'eau peut parfois ouvrir les portes
33:32de l'un des jardins les plus secrets de la forêt.
33:34Une mère jaguar et son jeune de deux ans.
33:41De réels accidents se mêlent aux croyances ancestrales et cautionnent le mythe de ce
33:50super prédateur jusqu'à lui prêter des habiletés imaginaires.
33:54Sa méthode de pêche consisterait à agiter sa queue au-dessus de l'eau pour attirer les poissons.
34:01Il reste que son mode unique de prédation le distingue effectivement des autres félins
34:09qui se contentent de saisir leur proie à la gorge pour les asphyxier.
34:13Le jaguar, lui, perfore le crâne de sa victime d'un coup de mâchoire.
34:20Dans ce monde sauvage, les rivières aussi se font prédatrices.
34:35Elles érodent les berges et modifient sans cesse leurs cours.
34:47Capricieuses, elles grignotent, dévorent la terre implacablement.
34:51Rien ne leur résiste.
34:53Les arbres immenses chavirent parfois et tombent dans leurs lits.
34:57A proximité d'une rivière, la forêt demeure éternellement jeune tant elle est constamment remaniée.
35:03Elle n'atteint jamais les 700 ans requis pour devenir une forêt primaire.
35:19Le long des berges, le peuple des eaux côtoie des êtres épris de lumière.
35:23Tel ce fer de lance, le serpent le plus dangereux d'Amazonie.
35:35Et ces papillons, comptant parmi les 7500 espèces vivant dans cette jungle-là.
35:43Rivière, marais, trouées dans la canopée sont autant de lieux où les papillons aiment à se rassembler.
35:53Cette tablet sera sûre au cours de son peter 중에 un canopée.
35:57C'est ici qu'une importante.
35:59La française 마치intes, aller pochnée de terre d'Amazonie,
36:02la femme bar 13 Д июfo, ENTRE said,
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36:15Asох甘ement, une glace de terre d'Amazonie et d'Commaine et des morts,
36:16c'est l'hallam Köpris de se mettir moi dedans,
36:17Ce troisième jour s'achève et l'inquiétude se confirme.
36:37Notre arbre est-il suffisamment attractif pour faire oublier aux éléphants toute méfiance à notre égard ?
36:43Mais demain est un autre jour.
36:47Dès l'aube, le cœur des noctambules laisse la place au concert des lèvres d'eau.
36:57Dans ce vacarme, le bruissement des fourmis à tas s'entend à peine.
37:04Ces insectes partagent avec l'homme une aptitude unique.
37:09Ce sont les seuls animaux à maîtriser l'agriculture.
37:11Les fragments de feuilles qu'elle transporte constituent le terreau destiné aux champignons qu'elle cultive
37:22au cœur de véritables cités souterraines où un homme pourrait tenir debout.
37:27Marco est parti ce matin avec le reste de l'équipe.
37:42Ils tentent de retrouver les éléphants à quelques pas d'ici, dans des zones dégagées.
37:46Auront-ils plus de chance que nous ?
37:50Ils devront être prudents.
37:52Les éléphants des forêts ont tendance à s'effaroucher et à charger,
37:56si on les approche de trop près.
37:58Mais en terrain découvert,
38:00la prise de vue devrait être un jeu d'enfant.
38:03Enfin, j'espère.
38:04J'attends de Marco toutes les images qui me font défaut à ce jour.
38:27J'imagine l'émotion qu'ils s'apprêtent à connaître.
38:57Là-haut, sur la plateforme,
39:27ont tout le temps.
39:29Ben, Ben, Ben !
39:33Ouais ?
39:34T'aurais pas vu les éléphants ?
39:37Ils sont où, les éléphants ?
39:39Oui, je sais pas !
39:41Ils sont où, les éléphants ?
40:11Merde, les éléphants sont belles vides.
40:30Tout finit par arriver quand on s'y attend le moins.
40:34Les éléphants reviennent.
40:37La mère et son petit.
40:41Ils sont le moins méfiants.
40:46Dant-ils venir au pied de l'arbre et parvenir jusqu'à nous.
40:56Les éléphants ressemblent aux jambos de mon enfance.
41:00Je n'en ai jamais vu d'aussi petit.
41:03Il doit avoir moins d'un membre.
41:11Non plus le sediment complète.
41:12Je n'ai jamais vu d'áito.
41:29ulares à désirer une elle s'arrête pour émbr mat.
41:34Ils n'avons pas droit à la faute.
42:04Le petit marche dans les pas de sa mère, car il a tout à apprendre.
42:12Il passera 6 ou 7 ans auprès d'elle avant de pouvoir se débrouiller seul, dans cet environnement complexe.
42:29Des adolescents, membres de la famille, rejoignent la matriarche.
42:32C'est elle qui mène la harde, c'est elle qui a l'expérience de cette forêt.
42:39Tout cela est magnifique.
42:44Dommage que la lumière ne soit pas au rendez-vous.
42:51Les éléphants savent désormais qu'au pied de notre arbre, d'autres fruits savoureux tomberont.
42:59Ils reviendront, c'est sûr.
43:01Il faut qu'ils reviennent.
43:06Le calme revenu, nous succombons à la tentation d'un bon bain.
43:13Ça ne me déplaît pas que tu passes le premier, tu sais ?
43:15Les éléphants ne reviendront pas ce soir, et nos odeurs se dissiperont très vite.
43:21Reste le léopard.
43:23Si jamais tu te jettes, tu te jettes.
43:29T'inquiète, t'inquiète, je te couvre.
43:33Allez, vas-y, le gif.
43:34Salut, salut.
43:35Au revoir.
43:37Au revoir.
43:37Au revoir.
43:37Au revoir.
43:39Sous-titrage Société Radio-Canada
44:09Marco m'a prévenu par radio.
44:29Il tourne en ce moment même au pied d'un figuier dont les fruits jonchent le sol.
44:35Les éléphants sont à quelques mètres de plus.
44:41Il doit se faire tout petit, être une feuille parmi les feuilles.
44:46Le moindre mouvement incontrôlé peut lui être fatal, car les éléphants, dotés d'une vue médiocre,
44:56perçoivent la moindre odeur, le moindre bruit.
45:01Ils ressentent les vibrations du sol les plus infimes.
45:06Attention.
45:07Sous-titrage Société Radio-Canada
45:16Notre attente de plus en plus fébrile est rythmée par la chute des fruits mûrs.
45:42Chaque impact au sol est une invitation lancée à l'éléphant.
45:48La lumière décroît.
46:02Nous comptons les heures.
46:05Et vers 16h30.
46:06Enfin, les éléphants
46:10convergent comme par magie là où tombent les fruits.
46:40Aouched ais hôtel.
46:41Sous-titrage Société Radio-Canada
47:07Quelle récompense d'aller voir se délecter au pied de notre arroi.
47:27Les images s'enchaînent, telles que nous les avions rêvées,
47:32avec cet angle de vue si original.
47:35Et la lumière est parfaite.
47:37Cette fois.
48:00Le lendemain, je descends rejoindre les éléphants au pied de l'arbre,
48:05afin d'enrichir la séquence par d'autres images au sol.
48:10Et j'ai enfin droit à mon tête-à-tête avec ces animaux sublimes.
48:14J'allais pouvoir laisser derrière moi cette histoire aux allures de fable.
48:25L'arbre, le fruit et l'éléphant.
48:28Dans la morale de cette histoire, il n'est pas de fruit défendu.
48:42La gourmandise n'est pas un péché.
48:45Elle est au service de la vie.
48:47Mon regard a changé.
48:53Avant d'aborder ce film, j'étais ébloui par le monde animal.
48:58Aujourd'hui, je le sais indissociable du monde végétal.
49:02En attendant les éléphants, j'ai appris à vivre au rythme d'une forêt.
49:09Extraordinaire forêt des pluies.
49:11Qui a consenti à me dévoiler les liens intimes, vitaux,
49:17infiniment complexes, unissant les êtres vivants.