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  • 24/05/2025
Merci à Ghyslain Wattrelos d’être venu témoigner sur LEGEND Story. Le 8 mars 2014 disparaissaient les 239 passagers du vol MH370 de la Malaysia Airlines. 11 ans après le drame, aucun débris appartenant à l’avion n’a jamais officiellement été retrouvé. Pour Ghyslain Wattrelos, qui a perdu sa femme Laurence et deux de ses enfants Hadrien et Ambre âgés de 17 et 14 ans dans le drame, il n’y a aucun doute : l’avion a été abattu.
Nous revenons aujourd’hui dans LEGEND Story sur l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’aviation civile.
Que s’est-il passé cette nuit-là à bord du Boeing 777 ? Il revient sur sa théorie et comment il a pu faire le deuil de sa famille.

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Transcription
00:00Onze ans, on sait toujours pas ce qui s'est passé, on sait que c'est une sale histoire.
00:04Pourquoi on a bâti cet avion ? Qu'est-ce qui est arrivé ? Où est ma famille ?
00:06Et 72 heures après, le mystère est toujours entier, on ne sait toujours pas.
00:10L'hypothèse du crash pourrait être écartée.
00:11Il y avait 239 personnes à bord, dont 4 aux Français.
00:14L'A370 n'a pas atterri ce matin à l'aéroport.
00:17Au début, ce que je faisais, c'est que je leur envoyais des SMS tous les soirs.
00:20C'était mon moyen de communiquer avec eux.
00:21On va pas vous donner une tombe, vous avez pas de corps.
00:23Oui, on vit avec, mais on n'est plus le même.
00:25Bonjour, je suis Guylain Ouattrelo.
00:26Il y a onze ans, ma femme, mon fils et ma fille étaient dans un avion, le MH370,
00:32qui a disparu au large de la Malaisie.
00:34Il s'avère que nous sommes onze ans plus tard,
00:36nous ne savons toujours pas ce qui s'est passé,
00:38et je vous raconte mon histoire sur les gens.
00:45Si tu peux nous résumer un petit peu, pour ceux qui connaissent pas,
00:47c'est quoi l'affaire MH370 ?
00:49Alors, l'affaire MH370, c'est un avion, un gros avion, un Boeing 777,
00:54qui partait de la Malaisie et qui allait à Pékin il y a onze ans, en mars 2014.
00:59Une heure après le départ de Kuala Lumpur,
01:03l'avion disparaît des radars, en fait.
01:05Il a coupé toutes les émissions de l'avion et on ne sait plus où il est.
01:08Le vol devait durer à peu près six heures et on a perdu sa trace.
01:14Depuis, on ne sait pas ce qui s'est passé.
01:15On nous a dit que les 239 passagers équipage ont disparu, sont morts,
01:19mais on ne sait toujours pas ce qui s'est passé onze ans après.
01:22On va revenir un peu sur ton contexte familial avant le drame.
01:24Alors, dans le vol, il y a ma femme, deux de mes enfants et une petite amie de mon fils.
01:30Moi, à l'époque, j'étais patron d'une multinationale française en Chine
01:35et je venais de déménager en France depuis janvier.
01:39Donc là, on est en mars.
01:40J'avais repris un poste à Paris et ma famille était restée à Pékin
01:44pour des raisons scolaires, les enfants étaient à l'école.
01:46Et donc, là, c'était les vacances de février.
01:49Ils étaient partis une semaine en Malaisie.
01:51Et donc, ils revenaient de leurs vacances avec cet avion.
01:55Et moi, pendant ce temps-là, j'étais dans un avion aussi.
01:57Je faisais Paris-Pékin en même temps qu'eux.
02:00Alors, Adrien avait 17 ans et Ambre avait 14 ans.
02:03Donc, ils étaient au lycée français à Pékin et ma femme avait 50 ans.
02:08Ça faisait longtemps que tu étais en couple avec Laurence ?
02:10Ça faisait depuis que j'avais 15 ans.
02:12Je l'ai connue au lycée, sur les bancs du lycée.
02:15Alors, la dernière fois que j'ai vu ma famille,
02:17puisque moi, j'étais en poste à Paris et eux vivaient encore à Pékin,
02:20j'étais venu pour l'anniversaire de mon fils,
02:21donc je me souviens très bien.
02:22C'était le 14 février et là, on est le 8 mars.
02:26Donc, c'est la dernière fois que je les ai vus.
02:28C'était pour fêter les 17 ans de Adrien, mon fils.
02:30Donc, tu devais les rejoindre à Pékin.
02:31Toi, tu étais dans l'avion.
02:32Est-ce que tu peux nous parler un peu en détail de cette journée ?
02:35Alors, je suis donc dans l'avion, moi.
02:38Je vais rejoindre ma famille.
02:39Je pars de Paris et je vais rejoindre ma famille
02:41pour leur deuxième semaine de vacances à Pékin.
02:44Je suis dans l'avion et j'arrive à 4 heures de l'après-midi à l'aéroport de Pékin.
02:49Eux devaient être là depuis 6 heures du matin,
02:51puisqu'ils prenaient l'avion depuis Kuala Lumpur.
02:53Quand l'avion atterrit, déjà, comme tout le monde,
02:56on regarde son téléphone, on ouvre son téléphone
02:58et tout de suite, je vois un message qui apparaît de quelqu'un du boulot
03:02qui me dit « Guylain, j'ai appris ce qui est arrivé,
03:04appelle-moi quand tu veux. »
03:05Je me suis dit, c'est un peu bizarre comme message.
03:08Bon, je n'y fais pas plus attention que ça.
03:10Je me dis, il y a un problème au boulot ou je ne sais pas quoi.
03:13Bon, on réglera ça plus tard.
03:14Et puis, à sortie de l'avion, à ce moment-là,
03:17une hôtesse m'attendait avec une pancarte et mon nom
03:19en disant, chinoise, « Suivez-moi, monsieur. »
03:22« Suivez-moi, monsieur. »
03:23J'essaie de lui demander ce qui se passe.
03:25Elle fait semblant de ne pas parler anglais
03:27et on fait tout l'aéroport.
03:29On traverse tout l'aéroport avec elle
03:31et j'arrive dans une petite salle où je me retrouve
03:33face aux consuls de l'ambassade de France
03:35et un copain qui travaille à l'ambassade
03:37et qui me dit « Guylain, nous avons une nouvelle à t'annoncer.
03:42L'avion dans lequel étaient ta femme et tes enfants s'est abîmé en mer. »
03:46Comment tu réagis à ce moment-là ?
03:47Est-ce que tu réalises ce qui se passe ?
03:49Non, on réalise pas.
03:50Là, on se dit « C'est quoi ? C'est abîmé en mer ? »
03:53Donc, on sait pas bien comment réagir.
03:57On est dans une salle, on se dit « Je vais pas commencer à tout casser
04:00en disant que c'est pas possible. »
04:02Ma première réaction, c'est de leur poser des questions,
04:04c'est de leur dire « Explique-moi, c'est quoi ?
04:06Ça veut dire quoi ? Il s'est abîmé ? C'est où ? C'est quand ?
04:08Qu'est-ce qu'on sait ? »
04:10Donc, je pose des questions, mais ils savaient rien, en fait.
04:12Ils savaient rien du tout.
04:14Donc là, on se dit « C'est pas possible.
04:16Ils me disent « C'est abîmé en mer, mais il y a rien. » »
04:18Donc, on commence déjà à se faire une image en disant
04:21« C'est peut-être faux.
04:23Ils me disent ça, mais en fait, ils savent rien. »
04:26Donc, on essaye de se raccrocher assez vite à quelque chose
04:28en se disant « Peut-être que c'est pas vrai,
04:30puisqu'on n'a rien retrouvé. Peut-être, voilà. »
04:32Mais la première chose qu'on m'a dit,
04:34et c'est bizarre quand j'y repense 11 ans après,
04:37c'est « C'est abîmé en mer. »
04:39Parce qu'à ce moment-là, on ne savait rien.
04:41Donc, c'est quand même bizarre qu'on m'ait dit ça en premier.
04:44Donc, on s'assoit sur une chaise,
04:47on se dit « C'est pas possible. »
04:49Et on essaye de poser des questions,
04:51on n'a aucune réponse.
04:52Et à ce moment-là, on est vraiment seul au monde.
04:55On se dit « Qu'est-ce qui se passe ?
04:58Sortez-moi de ce cauchemar.
05:00Faites quelque chose. »
05:01Tu cherches à les contacter ou tu cherches à les appeler ?
05:04Non, je cherche même pas à les appeler à ce moment-là
05:07puisqu'on me dit « C'est abîmé en mer. »
05:10En fait, ce qui se passe, c'est que rapidement, on me dit
05:12« Écoute, puisque moi, je suis finalement le dernier à savoir ce qui se passe,
05:16puisque j'arrive à 4h de l'après-midi,
05:18les autres familles, elles attendaient à l'aéroport
05:20depuis 6h du matin globalement.
05:22Donc, ça se sait depuis 7h du matin que l'avion a disparu.
05:26Et donc, moi, je suis un des derniers à le savoir.
05:28Et ils me disent « Il faut que tu ailles rejoindre toutes les familles
05:30dans un hôtel près de l'aéroport. »
05:34Donc, ils m'emmènent dans cet hôtel près de l'aéroport.
05:37Et là, vous arrivez, il y a une nuée de journalistes qui vous sautent dessus.
05:41Et je me retrouve dans une salle, une énorme salle,
05:43où il y a des gens qui crient, des gens qui pleurent.
05:46Enfin, il y a plus de 200 personnes dans cette salle, que des Chinois.
05:49Et quelqu'un de Malaysia Airlines me dit
05:51« Vous pouvez mettre le nom de vos proches sur le tableau ? »
05:54Je dis « Vous ne connaissez pas les noms de mes proches sur le tableau ? »
05:57Donc, je devais mettre les noms, leur âge, etc. sur un tableau.
06:00Puis, il me dit « Asseyez-vous là. »
06:02Et ça s'est arrêté là.
06:03Et au bout de 10 minutes, j'ai dit aux gens de l'ambassade de France
06:06« Ramenez-moi chez moi. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse là ? Ramenez-moi chez moi. »
06:09– T'essayais de parler avec les familles qu'ils ont de sur place ?
06:11– Non, c'était compliqué, parce que mon Chinois n'était pas extraordinaire.
06:15Eux ne parlaient pas anglais.
06:17Ils étaient vraiment en famille, en groupe.
06:19Non, je n'ai même pas essayé.
06:21J'essayais de parler aux gens de la Malaysia Airlines, mais ils ne savaient rien.
06:25Donc, j'ai préféré rentrer chez moi, en fait.
06:27– Et quand tu rentres chez toi, tu réalises ce qui se passe ?
06:31– Je rentre chez moi, donc c'était pas très loin de là.
06:34Je demande à mon copain, qui était là avec moi de l'ambassade de France,
06:37de me ramener chez moi.
06:39Et je savais que chez moi, il n'y avait personne, déjà.
06:41Donc, j'allais me retrouver tout seul.
06:43J'avais des copains qui m'attendaient devant la porte, qui m'avaient préparé un repas.
06:47Et je leur ai dit « Écoutez, laissez-moi tout seul. Je ne peux pas vous parler.
06:52Je ne sais pas où je suis, là. Laissez-moi seul. Je vous appellerai s'il y a quoi que ce soit. »
06:57Et je rentre, et je ne sais pas quoi faire.
07:02Le plus dur dans cette histoire, c'est que tout d'un coup,
07:05je vivais dans une maison où il y avait trois enfants.
07:08Donc, il y avait tout le temps du monde, tout le temps du bruit, tout ça.
07:10Et vous rentrez dans une maison où il n'y a plus un bruit.
07:12Et ça, c'est pesant, c'est lourd.
07:15Donc, la seule chose que je fais, c'est que j'allume la télé.
07:18Et à l'époque, en Chine, on avait accès à BBC et à CNN.
07:23Cette histoire passait en boucle.
07:25Donc, en fait, je regarde ça en permanence. Je fais ça.
07:29Heureusement, il me restait un fils qui n'était pas dans l'avion
07:32parce que lui faisait ses études déjà supérieures à Paris.
07:36Donc, lui était à Paris quand c'est arrivé.
07:39Et il a fallu que je l'appelle.
07:41C'est la première chose que j'ai faite, en fait.
07:44Et je l'ai appelé.
07:46Et en fait, bien évidemment, lui avait entendu la nouvelle.
07:49Et il ne me laisse pas parler.
07:51Il me dit « Papa, dis-moi qu'ils ne sont pas dans l'avion ».
07:53Et je dis « Si ».
07:55Et là, je l'entends hurler.
07:57J'ai un mauvais pressentiment.
07:58Ce jour-là, des fois, quand il se passe des choses comme ça, on ressent des choses.
08:00Est-ce que toi, le 8 mars, t'avais...
08:02Non, aucun pressentiment sur cette histoire.
08:04Moi, j'avais une vie facile, une vie d'expatrié.
08:08Tout marchait bien. J'avais un bon boulot.
08:11Une belle famille, des enfants super.
08:13Voilà, non, tout allait bien.
08:15Donc, j'avais non, j'avais aucun pressentiment.
08:17J'étais ravi d'aller passer la deuxième semaine de vacances avec eux.
08:20On avait plein de choses de prévues. Non.
08:23Tu te rappelles du dernier message que t'as échangé peut-être avec ta femme ou tes enfants ?
08:27Je me souviens qu'ils m'ont appelé tous, oui, de leurs vacances en Malaisie.
08:32Ils étaient très contents.
08:34Oui, je me souviens de ça.
08:36Ils me disaient que je leur manquais.
08:38Voilà, mais effectivement, je me souviens de cette conversation.
08:41On va revenir un peu sur les théories pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.
08:44Au début, il y a la théorie du pilote qui émerge.
08:46Est-ce que tu peux nous en parler rapidement ?
08:48La théorie, effectivement, toujours dans les accidents d'avion, on incrimine les pilotes.
08:54C'est ce qu'il y a de plus facile.
08:56Donc là, rapidement, on a essayé, enfin la Malaisie a essayé d'incriminer le pilote
09:01en disant que le pilote a fait tomber l'avion.
09:04Des milliers de kilomètres de l'où il était parti, il s'est suicidé et il a tué tout le monde.
09:09Il faut savoir quand même que tous les gens qui ont enquêté sur le pilote disent que ce n'est pas possible.
09:16Globalement, et puis pourquoi il serait allé se suicider huit heures plus tard,
09:21alors qu'on a vu que dans les cas de suicide, en général, ça se passe assez rapidement.
09:25Donc la théorie du pilote, oui, on a essayé de le faire,
09:27mais même la Malaisie, qui était plus ou moins en charge de l'enquête,
09:32n'a pas réussi à le prouver et n'a pas dit que c'est le pilote.
09:35Donc ce non, ce n'est pas le pilote.
09:38Quand tu dis huit heures plus tard, c'est parce que l'avion a continué de voler
09:41du moment où on a perdu sa trace ?
09:43Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on ne sait rien au départ.
09:46On dit l'avion a disparu au bout d'une heure.
09:48Et au bout d'une semaine, on nous dit, après avoir cherché là où l'avion a disparu,
09:54donc c'était en mer de Chine, c'est-à-dire c'était entre la Malaisie et le Vietnam,
09:57on l'a cherché là, au bout d'une heure, il était là.
10:01Donc on a cherché, on a mis des avions, des bateaux, on a cherché des débris dans cet endroit-là.
10:05Il faut savoir qu'une semaine plus tard, on nous dit,
10:07au fait, les militaires malaisiens ont vu l'avion traverser la Malaisie,
10:12aller des milliers de kilomètres dans l'autre sens et aller de l'autre côté.
10:15Donc ils disent, pendant la nuit, les militaires malaisiens l'ont vu.
10:18Et on nous dit une semaine, puis on nous dit ça, alors qu'on a cherché ici pendant une semaine.
10:22Donc au bout d'une semaine, il est clair qu'on comprend qu'il y a un vrai problème
10:26et qu'on nous cache la vérité.
10:27Donc au bout d'une semaine, on se dit, c'est une sale histoire,
10:31on va nous cacher la vérité, il va falloir qu'on fasse quelque chose.
10:35Les familles, il va falloir qu'on se prenne en main.
10:37Visiblement, on ne veut pas nous dire la vérité.
10:40Visiblement, on nous cache la vérité.
10:42Visiblement, cet avion, il n'est pas là où on nous dit qu'il est.
10:45Et on nous dit, en plus, il y a des données d'une société qui s'appelle Imarsat,
10:50qui suit plus ou moins les données des avions,
10:53mais qui ne peut pas les suivre vraiment à la trace,
10:55mais qui obtient des données des avions,
10:58qui a reçu des données de cet avion pendant huit heures.
11:01Donc non seulement on nous dit, il a traversé la Malaisie de l'autre côté,
11:04mais en plus, il a volé huit heures.
11:06Voilà. Donc d'où les huit heures.
11:08D'après, encore, d'après l'enquête officielle,
11:11il a volé encore pendant huit heures,
11:13avant de s'écraser au fond de l'océan Indien.
11:16Alors rapidement aussi, on nous parle de deux Iraniens,
11:19de deux Iraniens qui sont dans cet avion
11:22et qui ont volé des passeports en Asie et qui sont dans cet avion.
11:26Donc rapidement, on dit, il y a des terroristes dans l'avion.
11:29Après l'enquête, et là, tout le monde est assez d'accord là-dessus,
11:32l'enquête est rapidement menée et tout le monde a dit,
11:35oui, ces gens-là, en fait, c'est des gens qui essaient d'immigrer en Allemagne.
11:40Ils avaient volé de faux passeports pour rentrer en Europe.
11:44Et voilà. Mais ce n'était pas des terroristes.
11:46Donc il y a eu cette thèse-là un moment,
11:49mais qui a rapidement été coupée, celle-là.
11:51Il y a un grand mystère aussi autour de la soute.
11:53Est-ce que tu peux m'expliquer ?
11:55Il y a plein d'autres théories aussi,
11:57et notamment par rapport à ce que transporte cet avion,
12:01parce que dans cet avion,
12:04effectivement, il y a beaucoup de chargements,
12:06et il y a un chargement qui est très mystérieux.
12:08Il y a un chargement où on nous dit que c'est des fruits qui s'appellent des mangoustines,
12:11qui sont des fruits de saison, et on nous dit qu'il y a deux tonnes de mangoustines.
12:14Or, il s'avère que ce n'est pas la saison des mangoustines.
12:16Bon, ce n'est clairement pas ça.
12:18Mais il y a aussi un chargement d'équipement électronique
12:21qui n'a pas été…
12:23Ce qu'on sait, c'est qu'il n'est pas passé aux douanes,
12:25il a été mis directement dans l'avion sans passer par les douanes.
12:28Donc on ne sait pas ce que c'est.
12:29Donc il y a deux chargements dans cet avion qui sont extrêmement suspects.
12:33On ne sait pas du tout ce que c'est.
12:34– Et vous avez mis du temps à savoir ce qu'il y avait dans cet avion.
12:36C'est même plusieurs années, il me semble.
12:38– Oui, ça en a mis du temps.
12:39On ne sait toujours pas d'ailleurs ce qu'il y avait à la place des mangoustines.
12:41On ne nous a toujours pas dit.
12:42Bon, il s'avère qu'on a mené l'enquête
12:44et qu'on a regardé sur les avions précédents,
12:46et même les avions suivants.
12:48C'est un peu bizarre.
12:50Il s'avère que la Malaisie est visiblement au milieu de trafic de ce genre-là,
12:55et on ne sait pas toujours ce qu'il y a dans les avions.
12:57Donc ce n'est pas forcément une preuve.
12:59Mais néanmoins, le chargement, on ne sait toujours pas ce qu'il y avait dedans.
13:02– Il y a une théorie aussi sur le crash.
13:04L'avion aurait peut-être pu tout simplement se crasher.
13:06– Alors il y a eu plein de théories d'accidents, oui.
13:09Plein de théories d'accidents en disant que l'avion est tombé
13:11parce qu'il y a eu un problème technique et qu'il est tombé.
13:14Il s'avère que quand on regarde comment ça s'est passé,
13:17on se dit que ça ne peut pas se passer comme ça.
13:18Dans un avion, oui, il peut y avoir…
13:20On nous a dit qu'il y a eu feu dans l'avion, dans la soute,
13:22notamment ce chargement électronique qui a pris feu.
13:25Mais quand même il y a ça, il y a toujours des alertes qui démarrent.
13:27Il y a toujours quelque chose.
13:28Il y a toujours le pilote qui lance une alerte.
13:30Il y a absolument rien eu.
13:32Ce qu'il y a eu, c'est que tout d'un coup,
13:34toutes les communications de l'avion se sont coupées.
13:36C'est tout ce qu'on sait.
13:38Et il n'y a pas eu d'autres communications.
13:41– Alors des débris vont être retrouvés après.
13:43Est-ce qu'il y a des preuves qu'ils appartenaient bien au MH370 ?
13:46– Alors moi, ce que je dis toujours, c'est qu'on a essayé de fabriquer une histoire.
13:51Donc l'histoire a commencé une semaine plus tard
13:53où on nous dit que l'avion a traversé la Malaisie.
13:55Pourquoi on met une semaine pour nous dire ça ?
13:58Ensuite, on va nous dire qu'effectivement, on a vu des débris.
14:00Il faut savoir que les premiers débris qu'on a vus,
14:02c'est les Chinois, c'est un satellite chinois
14:04qui dit les avoir vus en mer de Chine.
14:06En mer de Chine ?
14:07Pas du tout dans les sons indiens où on nous dit qu'on a trouvé les débris ensuite.
14:10En mer de Chine.
14:11Il faut savoir que des débris de plus de 20 mètres de long qu'on montre,
14:13qui flottent parfaitement,
14:15et on va sur place, on ne les retrouve pas,
14:17les débris de 20 mètres de long.
14:18Donc ça, c'est extrêmement mystérieux aussi.
14:20C'est les premières fois qu'on nous parle de débris.
14:22Après, beaucoup plus tard, effectivement,
14:24il faut savoir que les débris officiels
14:26dont parle l'enquête,
14:28ce sont des débris qu'on retrouve
14:30plus d'un an plus tard
14:32sur des plages du côté de Madagascar
14:34et du côté de l'Afrique.
14:36Donc c'est quand même relativement loin.
14:38Et ça, c'est plus d'un an plus tard.
14:40Donc ces débris-là,
14:42on va nous dire à un moment donné,
14:44alors le premier est à l'île de la Réunion, d'ailleurs en France,
14:46ce qui a permis aux Français
14:48d'avoir un petit bout de cette enquête.
14:50On va nous dire assez rapidement
14:52que ces débris appartiennent à l'avion.
14:54Fort probablement à l'avion.
14:56Pas de preuves formelles.
14:58Et nous, on a demandé bien évidemment les preuves.
15:00Les preuves ne sont pas irréfutables.
15:02Oui, c'est des débris de Boeing.
15:04Oui, ça peut être des débris de 777.
15:06Ce ne sont pas forcément des débris de cet avion.
15:08Pour nous, la preuve n'est absolument pas irréfutable.
15:10Il faut savoir que des Boeing de ce genre-là,
15:12il y en a eu énormément de démantelés.
15:14Des pièces de Boeing comme ça,
15:16il y en a un peu partout.
15:18Après, on nous a dit par exemple
15:20qu'il y a eu, l'Australie,
15:22à un moment donné, nous dit,
15:24il y a une semaine plus tard,
15:26il y a une énorme trace de kérosène dans la mer,
15:28donc l'avion doit être là.
15:30Il faut savoir que l'Australie a dit n'importe quoi.
15:32Le kérosène s'envole immédiatement.
15:34Enfin, s'évapore immédiatement.
15:36Donc, il ne peut pas rester une semaine comme ça.
15:38Des choses comme ça.
15:40Le truc le plus bizarre de l'Australie,
15:42dans cette zone de l'océan Indien,
15:44on envoie des bateaux chercher.
15:46On envoie deux bateaux chercher.
15:48Un bateau chinois et un bateau australien.
15:50Qu'est-ce qu'ils cherchent ?
15:52Ils cherchent les pings des boîtes noires.
15:54Les boîtes noires émettent des bruits pendant un mois.
15:56On envoie des bateaux chercher là-bas.
15:58Le 28e jour,
16:00ils émettent pendant 30 jours.
16:02Comme par hasard, le 28e jour,
16:04les deux bateaux ont entendu les pings.
16:06Ça y est, on a retrouvé le MH370.
16:08Malheureusement,
16:10le bateau chinois nous dit très rapidement,
16:12le lendemain,
16:14je suis désolé, je n'ai pas enregistré les pings,
16:16je ne peux pas vous dire si ça vient du bateau.
16:18Ils cherchent des bruits, mais ils ne les enregistrent pas.
16:20C'est un oubli ?
16:22Non, mais c'est pour vous dire
16:24à quel point on nous prend pour
16:26des imbéciles.
16:28Je trouve que le pire, c'est le bateau australien.
16:30On nous dit, au bout d'un mois,
16:32oh, by the way,
16:34le bruit qu'on a entendu,
16:36c'est un bruit qui venait de notre propre bateau.
16:38C'était pas la bonne fréquence,
16:40mais on met un mois à nous dire ça.
16:42Encore une fois, on a construit cette histoire,
16:44on nous a fait croire qu'il y avait des débris,
16:46qu'on avait entendu les boîtes noires,
16:48qu'on avait vu l'avion, mais tout ça est faux.
16:50Tout ça est totalement faux.
16:52Mais il fallait construire une histoire.
16:54Depuis 11 ans, t'as reçu plein de messages
16:56comme quoi des personnes avaient trouvé ta famille,
16:58des arnaques financières.
17:00Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?
17:02Ça a été très dur.
17:04Un des plus gros problèmes que j'ai eu dans cette histoire,
17:06c'est qu'on s'aperçoit qu'il y a un problème
17:08qu'on ne nous dit pas la vérité.
17:10Moi, à ce moment-là, j'ai un boulot
17:12et je me dis qu'il faut que j'enquête.
17:14Malheureusement, j'avais un boulot important
17:16et je faisais très mal mon boulot
17:18et très mal cette enquête.
17:20Il a fallu que je quitte mon boulot.
17:22Par exemple, tous les jours,
17:24nous avions un mail de Malaysia Inline
17:26à 16h, tous les jours.
17:28Vous imaginez quand vous êtes au boulot,
17:30à partir de 15h, vous êtes devant votre ordinateur
17:32et vous regardez ce qu'il se passe.
17:34On n'est plus dans le boulot.
17:36C'était un mail pour donner des nouvelles chaque jour ?
17:38Oui, je donnais tous les jours des nouvelles.
17:40Pendant trois mois, ça a été comme ça.
17:42Ça, c'était impossible.
17:44Je n'arrivais pas à mener les taux.
17:46Je faisais mal mon boulot et je faisais mal mon enquête.
17:48À un moment donné, j'ai décidé de quitter mon boulot
17:50et de ne faire que ça.
17:52Je me suis mis à l'enquête.
17:54Je n'ai fait que ça.
17:56Comment tu fais financièrement quand tu quittes ton travail ?
17:58Heureusement, j'ai été aidé
18:00parce que ma boîte a été rachetée à ce moment-là
18:02et j'ai profité d'un plan de départ.
18:04J'ai eu un peu d'argent,
18:06ce qui m'a permis de ne pas travailler
18:08pendant un certain temps.
18:10Ce n'était pas prévu, mais ça s'est passé comme ça.
18:12Financièrement, ça allait à peu près
18:14et je pouvais me consacrer
18:16à cette enquête-là.
18:18Mener l'enquête pour moi,
18:20je suis devenu petit à petit un expert aéronautique.
18:22Un des soucis que j'ai eus
18:24dans cette enquête,
18:26c'est que vous avez des milliers de personnes
18:28qui, tout d'un coup, vous contactent.
18:30Soit ils sont sur Internet, soit le site qu'on avait créé
18:32sur Facebook,
18:34soit ils trouvent mon numéro de téléphone,
18:36soit ils trouvent mon adresse chez moi,
18:38ils arrivent chez moi dimanche après-midi,
18:40etc.
18:42Des milliers de personnes me contactent à ce moment-là.
18:44Le plus dur, c'est de faire le tri
18:46et de savoir si ces gens-là
18:48sont avec toi ou pas avec toi.
18:50Faire le tri, c'est très dur.
18:5290% des gens qui vous appellent ou qui vous disent
18:54« je peux t'aider », c'est des gens qui sont dans le malheur.
18:56Je ne sais pas pourquoi, ça leur fait plaisir
18:58de discuter avec quelqu'un qui est dans le malheur.
19:00Vous jouez un peu le rôle du psy.
19:02Ça, ça va assez vite aller les éliminer,
19:04mais ça dure un certain temps.
19:06Il y a des fous furieux qui disent
19:08« il y a un mec qui arrive chez moi dimanche après-midi,
19:10qui me dit « je sais où est l'avion »,
19:12il sort une carte, il dit « j'ai mis mon pendule,
19:14il est à l'avion ».
19:16Ou une personne, un jour, qui m'appelle,
19:18il me dit « ils sont dans la troisième dimension,
19:20tu ne sais pas ce que c'est que la troisième dimension,
19:22mais ils sont là-bas, je te promets. »
19:24Ou quelqu'un qui vous dit « moi, je discute avec les morts,
19:26je ne sais pas ce qu'il s'est passé ».
19:28Donc il y a toute cette quête d'horreur,
19:30c'est assez facile à balayer.
19:32Après, les complotistes,
19:34je ne sais pas où les mettre,
19:36parce qu'on traite de complotistes,
19:38je ne sais pas qui est complotiste.
19:40Pour moi, dans cette histoire,
19:42il est clair que des États se sont mis d'accord,
19:44ou en tout cas, des États sont impliqués
19:46dans la disparition de cet avion.
19:48Est-ce que c'est un complot de dire ça ?
19:50Est-ce que c'est complotiste ? Peut-être.
19:52Mais il y a un complot entre plusieurs États, c'est évident.
19:54Après, il y a les gens qui sont experts,
19:56aéronautiques,
19:58et qui vous disent « je peux t'aider ».
20:00Ou qui sont des gens du monde du renseignement.
20:02Là, vous vous apercevez rapidement
20:04qu'il y en a un qui va dire noir,
20:06l'autre qui va dire blanc.
20:08Ils ont l'air tous les deux très honnêtes.
20:10Il y en a un des deux qui me dit des conneries.
20:12Il y en a un des deux qui n'est pas là pour me renseigner.
20:14Et vous ne savez pas lequel c'est, en fait.
20:16Donc c'est très compliqué.
20:18Et enfin, il y a les gens malsains
20:20qui veulent vous soutenir de l'argent,
20:22qui veulent soutirer de l'argent
20:24à des gens dans la peine comme moi,
20:26et qui sont habitués à faire ce genre de choses-là,
20:28et qui sont prêts,
20:30et qui vous demandent de l'argent en échange d'informations.
20:32Et des fois, ça va très très loin.
20:34On t'a même fait croire à un moment que tes enfants étaient en Birmanie,
20:36tes enfants et ta femme.
20:38Un jour, un Français m'appelle de Thaïlande,
20:40il me dit « j'habite dans le nord de la Thaïlande »,
20:42puis il m'envoie des articles sur lui,
20:44il m'envoie une photo de son passeport,
20:46pour montrer que c'est un mec bien.
20:48Et il me dit « écoute, j'ai des preuves comme quoi
20:50il y a des Thaïlandiens au nord de la Thaïlande,
20:52en Birmanie, dans un camp,
20:54ils sont là, je les ai vus,
20:56je sais qu'ils sont là, ils sont tous là ».
20:58Il m'explique comment il a su ça,
21:00par son beau-fils qui travaille à la douane,
21:02qui a vu un car traversé un jour,
21:04escorté par l'armée
21:06birmane et thaïlandaise,
21:08il y a eu un échange,
21:10ils sont tous là, ils sont vivants,
21:12et il peut me donner des preuves.
21:14Il me dit « il faut que tu viennes
21:16en Thaïlande,
21:18et on va se rencontrer,
21:20je vais te donner les preuves ».
21:22En général...
21:24On a envie d'y croire.
21:26Mon problème dans cette histoire,
21:28c'est que je n'ai toujours pas de preuves
21:30qu'ils sont morts. On est quand même 11 ans plus tard,
21:32donc je pense qu'effectivement, ils sont bien décédés.
21:34Mais à ce moment-là, j'en ai pas.
21:36Quelqu'un qui vous dit « ils sont vivants »,
21:38vous avez envie de vous raccrocher au truc.
21:40Même s'ils sont dans un camp,
21:42vous avez envie de vous raccrocher au truc.
21:44Peut-être qu'il y a encore un espoir.
21:46En plus, il me dit « ils sont en bonne santé,
21:48ils vont bien, ils sont juste dans un camp,
21:50ils sont juste prisonniers ».
21:52Il me dit « il faut que tu viennes ».
21:54J'étais prêt à prendre mon biais d'avion,
21:56et j'allais prendre mon biais d'avion pour aller le voir.
21:58Il m'appelle la veille,
22:00parce qu'on devait se voir à Bangkok,
22:02il me dit « non, non, il faut que tu viennes me voir
22:04au nord de la Thaïlande ».
22:06Je lui dis « bah non, on avait dit Bangkok ».
22:08Il me dit « non, non, il faut que tu viennes me voir
22:10tout au nord à tel endroit ».
22:12Là, j'ai commencé à me dire « tiens, c'est bizarre,
22:14tu m'emmènes un peu d'argent,
22:16il faudrait que tu m'envoies un peu d'argent,
22:18parce qu'ils vont faire des photos et t'envoyer des photos ».
22:20Dès qu'ils vont me parler d'argent, j'ai arrêté.
22:22Rapidement, j'ai donné ces coordonnées-là
22:24à des gens que je connaissais, des séries secrets,
22:26qui m'ont dit « écoute, ce mec-là est connu,
22:28tu aurais été là-bas, tu aurais été enlevé,
22:30t'aurais été otage,
22:32et on aurait fait chanter la France ».
22:34J'ai échangé assez longtemps avec lui.
22:36Comment tu fais pour garder espoir
22:38face à de telles manipulations ?
22:40Garder espoir ?
22:42Je ne sais pas ce que ça veut dire,
22:44parce que je n'ai pas eu espoir tout le temps.
22:46Il y a l'espoir de les retrouver,
22:48et à un moment donné, ça s'est arrêté.
22:50Aujourd'hui, mon espoir, c'est de savoir ce qui s'est passé.
22:52C'est ça, aujourd'hui, garder l'espoir.
22:54J'ai tourné la page en ce qui concerne
22:56de revoir ma femme et mes enfants,
22:58mais aujourd'hui,
23:00j'ai toujours l'espoir de savoir ce qui s'est passé,
23:02même si je pense que je sais à peu près
23:04ce qui s'est passé aujourd'hui.
23:06Mais je voudrais qu'on le dise et que ça se sache,
23:08parce que je pense que tout le monde a intérêt à...
23:10Donc garder l'espoir,
23:12c'était un peu le combat de ma vie.
23:14Je savais pourquoi je me levais le matin.
23:16C'est ça qui m'a fait tenir, en fait.
23:18Il y a deux choses qui m'ont fait tenir.
23:20Un, j'avais un fils, il me restait un fils.
23:22Ce fils avait 20 ans, et ce fils,
23:24il fallait que je lui dise, oui, la vie peut être belle,
23:26oui, le monde est beau,
23:28oui, on peut vivre des moments sympas,
23:30il faut que ça continue,
23:32et il faut que je te montre l'exemple.
23:34Donc ça, ça me faisait tenir.
23:36Et le deuxième truc qui me faisait tenir, c'est le combat.
23:38Pour chercher la vérité.
23:40Et ça, ça permet de tenir.
23:42C'est ça qui permet de tenir.
23:44Pendant combien de temps t'as gardé espoir ?
23:46En fait, moi, le moment où je me suis dit
23:48ils reviendront pas,
23:50c'est au moment où on a retrouvé le premier débris
23:52à La Réunion.
23:54On nous disait depuis le début, ils sont morts, ils sont morts,
23:56ils sont décédés, il y a eu un crash, ils sont tombés dans l'eau.
23:58Donc petit à petit, on nous dit,
24:00bon, on veut pas nous dire la vérité,
24:02mais on nous dit quand même qu'ils sont...
24:04Parce que je suis persuadé que depuis le début, on sait ce qui s'est passé.
24:06Donc si on nous dit qu'ils sont morts, c'est qu'insemblablement, ils sont morts.
24:08Et le débris retrouvé à La Réunion,
24:10ça a été un peu le moment où je me suis dit, bon,
24:12on essaie de nous montrer des débris,
24:14donc on veut vraiment nous prouver que...
24:16Voilà, ça a été ce moment-là où je me suis dit,
24:18bon, ils reviendront pas.
24:20Mais c'était un peu plus d'un an plus tard.
24:22OK, donc pendant un an, tu croyais,
24:24t'avais vraiment l'espoir de les retrouver vivants.
24:26Comment on vit avec cette absence,
24:28cette incertitude-là, comme ça ?
24:30Même si c'est 11 ans après, ta femme,
24:32tes deux enfants ont disparu.
24:34Oui, 11 ans, on sait toujours pas ce qui s'est passé,
24:36on sait que c'est une sale histoire.
24:38Et en fait, comment on vit avec ça ?
24:40On est obligé de vivre avec ça.
24:42Je veux dire, on n'a pas le choix.
24:44Et comme je dis, j'ai toujours un fils,
24:46puis on se dit, allez, il faut que la vie continue,
24:48donc on vit avec ça.
24:50Autant les premières années, 100% de mon temps
24:52c'était consacré à ça, autant ça l'est plus aujourd'hui.
24:54Aujourd'hui, j'ai une vie tout à fait normale,
24:56comme tout le monde.
24:58Même si de temps en temps, je fais une interview,
25:00même si de temps en temps, je vois toujours des journalistes,
25:02de temps en temps, j'ai des gens qui m'informent
25:04de certains trucs, mais oui, on vit avec.
25:06Mais on n'est plus le même.
25:08On n'est plus le même, c'est-à-dire que
25:10je pense que j'étais bien naïf avant,
25:12je le suis un peu moins maintenant.
25:14Je sais qu'il se passe des choses comme ça.
25:16Et d'ailleurs, des avions qui ont été abattus depuis,
25:18il y en a eu, il y en a eu depuis.
25:20Deux mois plus tard, il y a la même compagnie,
25:22le même avion
25:24qui est abattu sur l'Ukraine.
25:26Donc,
25:28très bizarre.
25:30Le Malaysia Airlines abattu sur l'Ukraine
25:32et on sait que ce sont les Russes qui l'ont abattu.
25:34Pourquoi très bizarre ?
25:36Parce que c'est la même compagnie, même avion.
25:38C'est quand même la probabilité
25:40très faible.
25:42Et là, on sait que c'est les Russes,
25:44on sait que c'est un missile russe.
25:46Moi, j'ai ma théorie là-dessus.
25:48Moi, ma théorie, c'est que ce sont les Américains
25:50qui ont abattu, l'avion était
25:52ma famille et qu'il faut savoir
25:54que c'est en 2014 et que cet avion
25:56est abattu sur l'Ukraine
25:58deux mois plus tard, en 2014.
26:00Et on sait que c'est Poutine qui l'a abattu.
26:02Pour moi, c'est très clair, c'est la réponse
26:04de Poutine à Obama qui dit, moi, je peux le faire.
26:06Il faut savoir qu'au Poutine, derrière, qu'est-ce qu'il fait ?
26:08Il va encrimer. Donc, c'est le début de toute cette histoire.
26:10Quand je dis des trucs comme ça, je suis complotiste.
26:12Mais,
26:14c'est bizarre que tout le monde dise
26:16que cet avion a été abattu par les Russes
26:18et tout le monde est d'accord là-dessus.
26:20On ne dit pas pourquoi. Personne ne dit pourquoi.
26:22Et pourquoi, selon toi,
26:24les Américains auraient abattu l'MH370 ?
26:26Alors, selon moi, cet avion est abattu
26:28effectivement par les Américains
26:30parce qu'il y a quelqu'un et quelque chose
26:32dans l'avion qu'ils ont essayé d'intercepter
26:34avant qu'il ne doit pas arriver à Pékin.
26:36Comme quoi ?
26:38C'est justement ce qui est dans la soute et on ne sait pas ce que c'est.
26:40C'est du matériel militaire informatique,
26:42c'est des secrets militaires qui sont dans l'avion.
26:44Tu penses que les États-Unis seraient capables
26:46d'abattre un vol avec autant de passagers
26:48pour du matériel informatique ?
26:50Il y en a eu d'autres, des avions abattus.
26:52En Iran, en Ukraine,
26:54il y en a eu.
26:56Il y a eu un vol en Corée.
26:58Je pense qu'aujourd'hui,
27:00on ne fait pas la guerre,
27:02mais abattre un avion civil, oui,
27:04c'est un signal fort
27:06qu'on se permet de faire de temps en temps, oui,
27:08et qui ne déclenche pas une guerre.
27:10Et il y a des preuves pour appuyer ce que tu dis ?
27:12J'ai mené une longue enquête.
27:14Déjà, ce qu'il faut comprendre, c'est pourquoi je dis
27:16que les Anglo-Saxons en général sont impliqués.
27:18Il faut comprendre très rapidement ce qui se passe.
27:20L'avion disparaît le 8 mars.
27:22Le 9 mars, au matin,
27:24le FBI est à Kuala Lumpur,
27:26chez le pilote,
27:28et prend le simulateur de vol de pilote.
27:30Donc, il faudra m'expliquer
27:32pourquoi le FBI est à Kuala Lumpur
27:34le lendemain et prend le simulateur de vol de pilote.
27:36Que fait le FBI là-bas ?
27:38Il y a des Américains dans le vol.
27:40Oui, OK, mais ce n'est pas eux qui mènent l'enquête.
27:42Ils n'ont rien à faire là.
27:44Déjà, le FBI est impliqué dès le départ.
27:46Il faut savoir que le FBI n'a jamais rien versé
27:48à l'enquête officielle.
27:50Donc, qu'est-ce qu'ils font du simulateur ?
27:52Pourquoi ils ne nous le donnent pas ?
27:54Première chose.
27:56Deuxième chose.
27:58Qui nous dit où est l'avion ?
28:00Ce sont les Anglais.
28:02C'est une société immarsat,
28:04très liée aux services secrets anglais,
28:06qui nous dit que l'avion est dans l'océan Indien,
28:08avec ses satellites.
28:10Et troisième chose.
28:12Qui cherche l'avion ?
28:14Ce sont les Australiens.
28:16Donc là, vous êtes en plein.
28:18Les Five Eyes, c'est les 5 services secrets anglo-saxons.
28:20On est en plein dedans.
28:22Et c'est eux qui mènent la danse.
28:24C'est l'Australie qui mène l'enquête.
28:26Alors, ce n'est pas eux qui devraient mener l'enquête, rapidement.
28:28Ça devrait être la Malaisie.
28:30Officiellement, c'est la Malaisie qui doit mener l'enquête.
28:32Ce sont les règles.
28:34Mais rapidement, c'est l'Australie qui mène l'enquête.
28:36Ils n'ont rien à faire.
28:38C'est eux qui cherchent l'avion.
28:40C'est les Anglais qui disent où est l'avion.
28:42Et c'est les Américains avec le FBI qui mènent l'enquête.
28:44C'est pour ça que les Américains mènent l'enquête.
28:46Deux, il faut comprendre aussi que c'est une des zones
28:48les plus surveillées au monde.
28:50Il faut savoir qu'il y a une base
28:52qui s'appelle Diego Garcia
28:54qui est dans cet endroit-là.
28:56Diego Garcia, c'est la plus grosse base américaine
28:58en dehors des Etats-Unis,
29:00qui est au sud des Maldives.
29:02Sur cette base-là, ils voient tout ce qui se passe dans la région.
29:04De cette base-là,
29:06ils ne nous ont jamais rien dit.
29:08Il faut savoir que
29:10cette nuit-là, j'ai la preuve qu'il y avait deux
29:12ce qu'on appelle des AWACS,
29:14c'est des avions-espions avec les champignons au-dessus.
29:16J'ai eu la chance de faire un vol en AWACS.
29:18Je peux vous dire que quand vous êtes
29:20dans un avion comme ça, vous voyez tout ce qui se passe
29:22à 600 km autour.
29:24Cette zone est totalement surveillée.
29:26Les Américains savent parfaitement où est l'avion.
29:28Ils l'ont suivi de A jusqu'à Z.
29:30Ils sont impliqués, ils ne veulent pas le dire.
29:32Pour moi, rapidement,
29:34après, j'ai eu pas mal de contacts
29:36qui m'ont confirmé tout ce que je pensais.
29:38Je n'ai pas de preuves aujourd'hui.
29:40Néanmoins, j'ai suffisamment de faisceaux
29:42qui me permettent de dire qu'ils sont impliqués
29:44et qu'ils ne veulent pas nous dire la vérité.
29:46De là à dire qu'ils ont abattu l'avion,
29:48ça, c'est une théorie que je dis, parce qu'il faut bien
29:50que l'avion tombe à un moment donné et disparaisse.
29:52Mais voilà, quoi.
29:54– Quand tu dis des contacts,
29:56c'est des personnes plutôt haut placées ?
29:58C'est des gens des services secrets ?
30:00– Oui, c'est des gens des services secrets.
30:02C'est des gens de l'armée.
30:04C'est des gens de l'étranger,
30:06d'autres services secrets étrangers.
30:08C'est des gens... Par exemple,
30:10quelqu'un, un jour, m'a dit...
30:14Mon père ou ma maman,
30:16travaille pour Imarsat,
30:18et m'a dit, un jour, que les données Imarsat
30:20avaient été brouillées.
30:22C'est des infos comme ça que vous recoupez petit à petit,
30:24et par plein de gens différents, oui.
30:26– Pour toi, est-ce qu'il y en a une ?
30:28Tu as déjà cité plein de choses,
30:30mais est-ce qu'il y a une chose que tu trouves
30:32la plus louche dans cette histoire ?
30:34Toi, c'est quoi le plus bizarre ?
30:36– Le départ, ça commence tout de suite.
30:38On met une semaine à nous dire,
30:40l'avion, il a traversé la Malaisie,
30:42les militaires malaisiens l'ont vu,
30:44à des milliers de kilomètres
30:46de là où il a disparu,
30:48et là où on l'a cherché.
30:50Dès le départ, c'est très bizarre.
30:52Pour moi, c'est déjà une preuve
30:54qu'on manipule la vérité dès le départ.
30:56Et même la Malaisie,
30:58à un moment donné, le Premier ministre malaisien
31:00est interrogé et dit,
31:02vous voyez un avion dans la nuit,
31:04vous ne savez pas ce que c'est,
31:06vous devez envoyer les chasseurs.
31:08Vous savez ce qu'il répond ?
31:10Parce que normalement, vous voyez un avion
31:12qui est là où il ne devrait pas être,
31:14les militaires envoient tout de suite
31:16des chasseurs pour l'intercepter.
31:18Ah ben non, on a estimé que c'était un avion ami.
31:20Et il rigole quand il dit ça.
31:22Donc on nous prend vraiment pour des imbéciles.
31:24Le plus bizarre, c'est ça.
31:26Pour moi, c'est une preuve énorme.
31:28On nous dit n'importe quoi,
31:30mais on met une semaine à nous fabriquer ce truc-là.
31:32Les soi-disant données Marsat
31:34qui disent que l'avion a volé pendant 8 heures.
31:36Comme ça, on va nous dire que l'avion est au fin fond de l'océan Indien,
31:38où on est sûr qu'on ne trouvera jamais rien.
31:40Pour moi, c'est une évidence
31:42qu'on a fabriqué
31:44une théorie
31:46qu'il faut cacher la vérité.
31:48J'ai du mal à trouver des preuves.
31:50Mais je travaille aussi avec des journalistes qui ont travaillé là-dessus.
31:52J'ai aussi écrit un bouquin.
31:54J'ai une journaliste avec qui je travaille beaucoup qui a écrit un bouquin.
31:56Si les gens sont intéressés, il faut lire ces bouquins-là.
31:58Ce que je n'ai pas dit aussi,
32:00c'est qu'on a porté plainte en France
32:02pour actes de terrorisme.
32:04Il y a toujours des juges français
32:06qui sont là et qui mènent l'enquête.
32:08Le problème des juges français,
32:10c'est que les preuves ne sont pas en France.
32:12Il faut aller chercher les preuves aux États-Unis.
32:14Il faut aller chercher les preuves en Malaisie.
32:16Il faut aller chercher les preuves en Angleterre.
32:18C'est toujours dur d'aller chercher des preuves dans les pays étrangers.
32:20On travaille beaucoup là-dessus.
32:22Moi, ce que je sais, c'est que l'enquête française,
32:24elle n'a pas les preuves,
32:26mais elle nous dit en permanence
32:28que la version officielle, elle ne tient pas.
32:30Tout ça fait que je suis arrivé à cette conclusion.
32:32Et pour toi, à quel point la Malaisie
32:34est responsable de ce qui s'est passé ?
32:36Je ne pense pas que la Malaisie soit responsable.
32:38Je pense que la Malaisie
32:40est un peu le dindon de la farce dans cette histoire.
32:42Je pense qu'ils savent,
32:44presque, ce qui s'est passé, mais on les a fait taire.
32:46Et j'en veux pour preuve.
32:48Là, j'en veux pour preuve.
32:50Un mois après
32:52la disparition du vol,
32:54visite historique d'un président américain en Malaisie.
32:56Obama va en Malaisie.
32:58Jamais un président n'est allé en Malaisie.
33:00À ce moment-là, il faut savoir qu'avant,
33:02le gouvernement chinois était extrêmement
33:04agressif sur ce qui s'était passé.
33:06Parce qu'il y a beaucoup de Chinois dans l'avion.
33:08Et donc, les Chinois critiquaient énormément
33:10la façon dont la Malaisie avait géré l'affaire.
33:12Visite historique d'Obama en Malaisie.
33:14Et à partir de là,
33:16les Chinois ne disent plus rien.
33:18Et à partir de là, le gouvernement chinois
33:20dit aux familles chinoises,
33:22surtout, vous rentrez chez vous, il n'y a plus rien à voir,
33:24on va négocier des compensations pour vous,
33:26c'est fini, on n'en parle plus.
33:28Et les Chinois se taisent.
33:30C'est évident qu'Obama est allé négocier quelque chose
33:32à ce moment-là en Malaisie
33:34et a fait taire les Malaisiens
33:36et même les Chinois.
33:38Il a sûrement donné quelque chose en échange.
33:40Mais c'est comme ça que ça s'est passé.
33:42Il s'est passé quelque chose à ce moment-là.
33:44Il y a eu une négociation entre Obama et ces pays-là.
33:46On a mis un tapis
33:48sur l'histoire.
33:50Et on a décidé de ne plus en parler.
33:52Est-ce que ça a poussé à ne jamais rien lâcher
33:54dans ce combat ?
33:56D'abord pour mon fils.
33:58Si j'étais à sa place, j'aimerais savoir pourquoi
34:00on m'a enlevé ma maman, mon frère et ma sœur.
34:02Mais je pense aussi
34:04que c'est important
34:06pour moi aussi.
34:08Quelqu'un a décidé de nous les enlever.
34:10Je veux savoir pourquoi.
34:12C'est quand même important, non ?
34:14Peut-être que cette raison est bonne, j'en sais rien.
34:16Mais j'aimerais connaître la raison.
34:18Et tout le monde a intérêt à le savoir.
34:20Est-ce qu'il y a des jours où tu ressens encore leur présence,
34:2211 ans après ?
34:24Je vais répondre autre chose.
34:26Souvent, on me pose la question
34:28comment t'as fait ton deuil.
34:30Je réponds toujours
34:32que le deuil, pour moi, c'est...
34:34Il y a le déni au début.
34:36On est dans le déni.
34:38Non, c'est pas arrivé. Ils vont revenir.
34:40Le fait qu'on ait pas de corps, pas de débris,
34:42on peut toujours dire qu'ils sont toujours là.
34:44À un moment donné, on n'est plus dans le déni.
34:46À un moment donné, on dit qu'ils reviennent non plus.
34:48On commence à accepter le truc.
34:50Pour moi, le deuil, c'est...
34:52Je pense que j'ai fait mon deuil
34:54le jour où, quand je pense à eux,
34:56je souris.
34:58Maintenant, quand je pense à eux, ce n'est que des bons souvenirs.
35:00Je souris.
35:02Je pense que c'est ça, faire son deuil.
35:04Effectivement, je pense souvent à eux, mais en bien.
35:06Je suis content de les avoir rencontrés.
35:08Je suis content qu'ils aient été dans ma vie.
35:10Et je suis fier d'eux.
35:12Justement, on avait imprimé une petite photo
35:14de ta famille.
35:16Quand tu les regardes,
35:18qu'est-ce que ça t'évoque ?
35:20Ça m'évoque une famille sympa.
35:22On aimait bien
35:24être à cinq.
35:26On aimerait bien nos vacances à cinq.
35:28Ils avaient chacun leur caractère.
35:30Ils étaient comment ?
35:32Ils étaient comment ?
35:34Ils étaient tous très différents, déjà.
35:36On peut parler d'Ambre, d'Adrien.
35:38Ambre, c'était l'artiste.
35:40Adrien, c'était
35:42le rigolo, le leader
35:44qui faisait rire tout le monde.
35:46Et puis, ma femme,
35:48c'était elle qui organisait tout.
35:50Moi, je travaillais.
35:52Donc, j'étais assez bien rodé.
35:54Ça marchait bien.
35:56Il n'y avait pas de soucis dans cette famille.
35:58Faire le deuil sans certitude,
36:00oui, c'est dur.
36:02Mais c'est pour ça que ça a mis du temps.
36:04La première année, c'était pas question de faire le deuil.
36:06La deuxième année, à partir du moment
36:08où on nous a dit qu'il y avait des débris,
36:10petit à petit, vous dites,
36:12si le prisonnier était vivant quelque part,
36:14on aurait des trucs.
36:16C'est pas possible de ne rien savoir.
36:18Tu finis par savoir
36:20qu'ils ne reviendront pas.
36:22Ça met du temps.
36:24Mais voilà.
36:26Mais c'est compliqué parce que,
36:28par exemple, administrativement,
36:30je n'ai eu les certificats de décès qu'au bout de 3 ans.
36:32Ça paraît peut-être
36:34très neutre,
36:36mais il faut savoir que tant que je n'ai pas les certificats de décès,
36:38je ne peux pas faire prendre de prêts,
36:40je ne peux pas vendre ma maison
36:42parce que je n'ai pas l'accord de ma femme.
36:44Je ne peux rien faire administrativement.
36:46Des choses comme ça, je continue à payer les impôts
36:48pour 5.
36:50Je ne peux rien faire administrativement.
36:52Ils sont toujours là.
36:54C'est comme s'ils étaient toujours là.
36:56Pourquoi ça a mis autant de temps ? C'est à cause de l'Empire ?
36:58Je ne sais pas si c'est une loi, mais c'est une règle.
37:00En France, s'ils ont disparu, on te donne
37:02le certificat de décès qu'au bout de 3 ans.
37:04C'est comme ça. Au bout de 3 ans, on te dit,
37:06ça y est, on te donne les certificats de décès.
37:08Ce qui est bizarre, c'est qu'on te donne un certificat de décès,
37:10mais on te dit qu'ils sont décédés 3 ans avant.
37:12À ce moment-là, il y a les impôts qui retombent dessus
37:14en disant que tu as déclaré des enfants pendant 3 ans,
37:16mais en fait, tu étais tout seul.
37:18Les impôts m'ont relevé, par exemple.
37:20Des choses comme ça.
37:22Ça, c'est l'administratif.
37:24Faire son deuil, c'est compliqué.
37:26Il n'y a pas de corps.
37:28Moi, j'aurais aimé avoir une stèle, un machin, un truc.
37:30Je vais rapidement voir
37:32des cimetières pour avoir un truc.
37:34Non, vous n'avez pas de corps.
37:36Si vous donnez une tombe, vous n'avez pas de corps.
37:38J'ai fait des choses comme ça.
37:40Ce n'est pas possible.
37:42Tu ne peux rien faire.
37:44C'est compliqué.
37:46Tu n'as pas un monument qui dit qu'ils sont là.
37:48Tu ne sais pas où ils sont.
37:50Tout ça ne t'aide pas à faire son deuil.
37:52Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui pour honorer leur mémoire ?
37:54Je pense souvent à eux.
37:56J'ai écrit un livre
37:58pour expliquer mon histoire.
38:00Je pense que ça m'a fait du bien aussi.
38:02Les familles, tous les ans,
38:04je leur fais des choses.
38:06Par exemple,
38:08au moment de l'anniversaire de l'accident,
38:10je fais souvent des petits trucs.
38:12Je pense à eux.
38:14Je mets une bougie.
38:16Ce n'est pas à espace régulier,
38:18mais ça m'arrive très souvent
38:20de mettre un cierge, une bougie, un machin,
38:22un petit truc à eux.
38:24Ou écouter une musique qu'ils aimaient bien.
38:26Il y a plein de petits gestes
38:28que je fais dans ma vie de tous les jours
38:30qui sont pour eux.
38:32Je leur envoyais des SMS tous les soirs.
38:34C'était mon moyen de communiquer avec eux.
38:36Et ça a duré un certain temps.
38:38Je communiquais avec eux par SMS.
38:40Je savais qu'ils n'avaient pas leur téléphone numérique,
38:42mais il y avait toujours leur numéro,
38:44donc je leur envoyais des SMS.
38:46Tu leur disais quoi ?
38:48Je leur disais ce que j'avais fait,
38:50je leur demandais comment ils allaient.
38:52Comme s'ils étaient toujours en vacances
38:54et qu'on communiquait.
38:56Ça a duré longtemps, ça ?
38:58Ça a duré au moins six mois.
39:00Mais j'avais besoin de ça,
39:02j'avais besoin de communiquer avec eux,
39:04donc je leur envoyais des SMS.
39:06En 2017, les recherches ont été arrêtées.
39:08Est-ce qu'il y a une conclusion officielle ?
39:10Oui, il y a une conclusion officielle
39:12de la part de l'enquête officielle
39:14qui est menée soi-disant par la Malaisie.
39:16La conclusion officielle,
39:18c'est qu'on a vu l'avion retraverser la Malaisie,
39:20puis, là, on ne dit pas pourquoi,
39:22l'avion a fait des milliers de kilomètres
39:24et est allé au sud,
39:26et au bout de huit heures,
39:28le carburant est tombé dans l'eau,
39:30à 2000 kilomètres de l'Australie,
39:32et là, tout le monde est décédé.
39:34Voilà le résultat de l'enquête officielle.
39:36Qu'est-ce que tu voudrais dire, toi,
39:38aux autorités qui gèrent ce dossier,
39:40si quelqu'un détient la vérité ?
39:42Un certain nombre de personnes dans ce monde
39:44connaissent la vérité.
39:46On n'a pas voulu nous la dire.
39:48Il y a des raisons qui sont peut-être valables,
39:50j'en sais rien.
39:52Je pense qu'aujourd'hui,
39:54on est onze ans plus tard,
39:56et sur cette histoire, je pense que ce serait bien,
39:58mais je pense qu'il y a beaucoup de gens,
40:00notamment en France, qui connaissent la vérité,
40:02à commencer par le président de l'époque.
40:04Qui était Hollande, à ce moment-là.
40:06Il faut savoir que François Hollande
40:08a mis énormément de temps à nous recevoir.
40:10Il faut savoir que François Hollande
40:12n'a jamais communiqué sur l'histoire.
40:14Or, on l'a vu, pareil,
40:16quelques mois plus tard,
40:18il y a un avion de RLG qui s'écrase,
40:20je ne sais plus où,
40:22où il y a des Français dans l'avion,
40:24il y a un avion qui s'écrase sur l'Ukraine,
40:26deux mois plus tard, Hollande monte au créneau
40:28et dit qu'il faut une enquête internationale.
40:30Il n'y a pas de Français dans cet avion-là.
40:32Sur la note, il n'a jamais rien dit.
40:34Le ministère des Affaires étrangères
40:36n'a jamais rien dit.
40:38Normalement, quand un Français se prend un coup de poing
40:40à Bamako ou au Vietnam,
40:42il y a un petit filet en disant
40:44qu'il y a un Français qui se fait attaquer.
40:46Nous, jamais rien. François Hollande n'a jamais rien dit.
40:48– Il est jamais rentré en contact avec toi ?
40:50– Nous, on a essayé d'entrer en contact avec lui,
40:52il a dit qu'il n'a jamais voulu nous recevoir, au départ.
40:55Savoir qu'il a reçu les familles de l'Air Algérie,
40:58qui est un avion,
41:00c'était quelques mois plus tard.
41:02Nous, il ne nous a jamais reçus.
41:04À force de demander, il a fini par nous recevoir.
41:06Donc il nous a dit, je ne sais rien,
41:08moi je lui ai dit, monsieur le Président, je ne vous crois pas.
41:10Il m'a dit, écoutez,
41:12je vous propose de voir mes services secrets,
41:15puisqu'eux me disent qu'ils ne savent rien.
41:17Donc il m'a fait rencontrer le patron des services secrets de l'époque,
41:20qui était un des rendez-vous les plus hallucinants que j'ai jamais eu.
41:23Vous êtes face au patron des services secrets français,
41:25et vous lui expliquez ce que vous pensez,
41:28et le mec vous prend pour un dingue,
41:30et le mec vous dit, mais non, le monde est rose.
41:32Le monde est rose, monsieur, les gens ne peuvent pas faire ça.
41:34Enfin, je veux dire, c'est comme si…
41:36Voilà, on m'a pris pour un imbécile, bien évidemment.
41:39Bon voilà, ça c'était les services secrets.
41:41Et Hollande m'avait dit à l'époque,
41:43je vais aller en Malaisie, et j'en parlerai.
41:46Bien évidemment, Premier ministre malaisien.
41:48Alors effectivement, il va en Malaisie.
41:50Je vois son équipe pour préparer son voyage en Malaisie.
41:52Il va en Malaisie, il ne dit pas un mot de cette histoire.
41:55À l'époque, il fallait négocier des rafales,
41:57et c'est ça qui est le plus important.
41:59Mais je sais qu'il n'a absolument rien dit sur cette histoire.
42:01Donc pour moi, il est une évidence que c'est quelqu'un
42:03qui n'a jamais rien dit sur l'histoire.
42:05Pourquoi il n'a jamais rien dit ?
42:06Parce qu'il savait parfaitement ce qui s'était passé,
42:08et il ne pouvait pas le dire.
42:09– Tu as eu des dédommagements dans la Malaisie airline ?
42:11Est-ce qu'il y a eu des choses qui ont été faites ?
42:13– Dans ces cas-là, il y a toujours une assurance
42:17qui est là pour vous dédommager.
42:19Donc ça, ça a été une histoire aussi assez complexe et assez pénible,
42:22parce qu'officiellement, ma famille habitait en Chine.
42:26Ces histoires, j'ai du mal à raconter,
42:28parce que c'est de l'argent et c'est rien,
42:30mais la valeur d'une vie en Chine...
42:32Donc si je portais plainte,
42:34je ne pouvais porter plainte que en Chine,
42:36parce que j'habitais en Chine,
42:38ou en Malaisie, où est la Malaisie airline.
42:42Je ne pouvais pas le faire en France.
42:44Donc ça se passait là.
42:45Donc deux systèmes judiciaires dans lesquels j'ai parfaitement confiance.
42:48L'assurance étant quand même une assurance européenne,
42:51mais eux, ils disaient, nous, c'est la Chine et c'est la Malaisie.
42:54Donc ils ont joué là-dessus.
42:56Donc ça a été des négociations qui ont duré un certain temps.
42:58Ce n'était pas le plus important.
43:00Oui, on a reçu des compensations,
43:02qui n'étaient pas extraordinaires,
43:04mais on a reçu des compensations.
43:05Après, c'est quelque chose qui vous permet aussi peut-être de faire votre deuil,
43:08parce que tant que vous n'avez pas ça,
43:10ce n'est pas forcément autre chose.
43:12Donc oui, on a eu des choses,
43:13mais encore une fois, ça a été fait d'une façon très bizarre.
43:16Ça a été négocié famille par famille.
43:18Je ne sais pas ce qu'ont touché les Chinois,
43:20je ne sais pas ce qu'ont touché les Malaisiens,
43:22mais c'était compliqué,
43:23parce qu'en plus, vous avez deux ans pour le faire.
43:25Et à un moment donné, on dit, si vous n'avez pas porté plainte...
43:28Moi, j'étais obligé de porter plainte en Chine, par exemple.
43:30Je l'ai fait en Chine, parce que je me suis dit,
43:32en Malaisie, c'est Malaisie airline,
43:35je n'ai pas confiance.
43:36Ce n'est qu'en Chine, les Chinois aussi,
43:38donc je l'ai fait en Chine.
43:39Mais au bout de deux ans, les Chinois, ils nous ont dit,
43:42écoutez, maintenant, il faut accepter,
43:45sinon vous n'aurez rien.
43:46Tu as créé du lien avec votre famille ?
43:48Oui, on a créé, bien évidemment.
43:49Quand une histoire comme ça vous arrive,
43:52il y a d'autres familles qui ont vécu la même chose que moi.
43:54Oui, on a créé des liens
43:56qui, aujourd'hui, sont un peu plus distendus,
43:58mais on a une histoire commune
44:00et on a plaisir à se retrouver.
44:02Parce qu'il y avait aussi la petite amie de ton fils dans l'avion.
44:05Tu m'avais dit au téléphone
44:06qu'ils n'ont pas choisi de poursuivre le combat autant que toi.
44:09Non, eux, c'était des Chinois,
44:12mais qui vivaient en France,
44:14qui vivent ici aujourd'hui.
44:16Eux, c'était leur fille unique,
44:18donc c'était vraiment une histoire horrible pour eux aussi.
44:24Et vraiment, ils ne voulaient pas s'impliquer du tout.
44:27C'était leur façon.
44:28Quand il arrive des choses comme ça,
44:30on s'aperçoit que les gens réagissent tous différemment
44:32et c'est des choses qu'on accepte ou qu'on n'accepte pas.
44:34Même dans ma famille,
44:35je voyais d'énormes différences entre certains de mes copains
44:39ou mes parents, mes beaux-parents.
44:41Les gens réagissent complètement différemment,
44:44donc j'ai accepté le fait...
44:46Il faut accepter que les gens réagissent différemment.
44:49Eux n'ont pas voulu du tout s'impliquer dans l'histoire.
44:51Tu penses que ça éclatera un jour ?
44:53Il y a des affaires similaires qui datent de plus de 40 ans
44:56qui n'ont toujours pas éclaté.
44:58Il y a un avion qui a été abattu,
45:00une caravel en Italie, il y a plus de 40 ans.
45:03Tout le monde dit que ce sont les services secrets français
45:06qui l'ont abattu cet avion,
45:07pensant qu'il y avait des cadavis dans cet avion.
45:09Tout le monde le dit,
45:10mais on n'a jamais apporté la preuve et on n'a jamais dit oui.
45:12Donc je pense que notre histoire, ça va être un peu comme ça,
45:15petit à petit, on va savoir à peu près ce qui s'est passé,
45:17mais on n'aura jamais la preuve.
45:19Une nouvelle enquête s'ouvre en France,
45:21qu'est-ce que ça signifie pour toi ?
45:22Là, on l'a vue il y a quelques semaines.
45:24Effectivement, dernièrement,
45:26une société qui fait de la recherche en mer,
45:30c'est des gens qui cherchent des trésors,
45:32qui ont un matériel absolument incroyable,
45:34et qui a déjà cherché pour le MH370 il y a quelques années,
45:38mais qui n'a rien trouvé,
45:39a dit qu'elle avait trouvé un deal avec le gouvernement malaisien
45:42où ils allaient continuer à chercher pendant un certain temps
45:45et ils seraient payés que s'ils trouvent l'avion.
45:47Donc ça, ça fait du bruit, dernièrement, effectivement.
45:50Moi, j'étais content parce que ça fait toujours parler de l'affaire,
45:53mais je préfère qu'on parle de l'affaire plutôt qu'on l'oublie.
45:56Néanmoins, ils vont toujours chercher dans la même zone
45:59où, personnellement, je ne crois pas à cette zone-là.
46:02Donc c'est toujours dans la même zone, un peu plus au nord.
46:07Donc ils vont faire ça.
46:08Il faut savoir qu'ils sont quand même extrêmement peu transparents.
46:11C'est des gens, la dernière fois qu'ils ont cherché,
46:13c'est des chercheurs de trésors.
46:14Donc ces gens-là se font de la pub
46:16en installant la recherche des trésors
46:18en disant qu'ils cherchent le MH370.
46:20Donc ils n'emmènent jamais des familles,
46:21ils n'emmènent jamais de journalistes avec eux.
46:23Moi, je ne crois pas dans la zone où ils vont aller.
46:25S'ils trouvent l'avion, tant mieux.
46:26Alors maintenant, tu as refait ta vie.
46:27Tu as monté une start-up.
46:28D'abord, j'avais quitté mon boulot.
46:31Donc il fallait que je mène cette enquête.
46:36Après avoir mené cette enquête
46:37et après avoir fait tout ce que je pensais pouvoir faire
46:39qui était en mon pouvoir.
46:40Je suis allé en Malaisie, je suis allé à Singapour.
46:43On a fait du crowdfunding.
46:46On a levé des fonds.
46:48On a mené notre enquête avec ces fonds-là, etc.
46:52Après une fois qu'on a fait tout ça,
46:53j'ai dit bon, j'ai fait ce que je pouvais.
46:55J'ai décidé effectivement de me lancer dans un autre projet.
46:59J'ai créé une start-up pour essayer de sauver le monde,
47:04mais au niveau de la décarbonisation de certaines grosses industries.
47:09J'ai monté une start-up pour décarboner un monde industriel
47:13qui est très carboné.
47:15J'ai refait ma vie.
47:16J'ai rencontré quelqu'un.
47:17Je me suis marié.
47:19Aujourd'hui, personnellement, tout va bien.
47:22Mon fils aussi, tout va bien.
47:24Il s'est marié.
47:25On mène notre petit bout de chemin.
47:28Je pense qu'aujourd'hui, on a réussi à l'un et l'autre
47:31à devenir heureux et à vivre une vie tout à fait normale.
47:35Merci beaucoup, Guylain.
47:36Merci.
47:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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