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  • il y a 3 jours
On pourrait presque dire que l'histoire de la drogue est aussi vieille que le monde, sinon que les drogues ont pris des formes de plus en plus variées, que leurs usages ont considérablement augmenté, que les trafics de stupéfiants ont généré une économie parallèle qui se chiffre en dizaines de milliards d'euros, que le narcotrafic a généré une économie du crime qui ravage tous les territoires. Par ses enjeux socio-économiques et politiques, la lutte contre le narcotrafic prend l'allure d'une lutte extensive contre la criminalité organisée.
Pour ce qui concerne la France, nous sommes concernés à plusieurs niveaux : un Français sur deux a consommé au moins une fois du cannabis, un sur dix au moins une fois de la cocaïne et ces consommations sont en forte croissance. On chiffre à des centaines de milliards le chiffre d'affaires annuel mondial généré par le narcotrafic, pour la France les points de deal concernent à la fois les métropoles et les territoires ruraux et tout cela s'accompagne d'une ultraviolence avec de nombreuses victimes ,souvent très jeunes.
La répression gagne du terrain judiciaire ,avec des prisons dédiées aux plus gros trafiquants, et sur le plan du renseignement avec le « dossier coffre » pour protéger les techniques d'enquête mais en excluant la possibilité d'accéder aux messageries cryptées des trafiquants.

Émile Malet reçoit :
- Laurent Nuñez, Préfet de police de Paris, ancien ministre,
- Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille,
- William Lowenstein, médecin, addictologue, président de SOS Addictions,
- David De Pas, juge, président de cour d'assise à Paris,
- Didier Jayle, dermatologue, directeur de la revue Swaps.

Présenté par Emile MALET
L'actualité dévoile chaque jour un monde qui s'agite, se déchire, s'attire, se confronte... Loin de l'enchevêtrement de ces images en continu, Emile Malet invite à regarder l'actualité autrement... avec le concours d´esprits éclectiques, sans ornières idéologiques pour mieux appréhender ces idées qui gouvernent le monde.

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:23Bienvenue dans ces idées qui gouvernent le monde.
00:26Narcotrafic et délinquance.
00:28On pourrait presque dire
00:30que l'histoire de la drogue est aussi vieille que le monde,
00:32sinon que les drogues ont pris
00:34des formes de plus en plus variées,
00:36que leurs usages ont considérablement
00:38augmenté, que les trafics
00:40de stupéfiants ont généré une économie
00:42parallèle qui se
00:44mesure en dizaines de milliards d'euros,
00:46que le narcotrafic a généré
00:48une économie du crime
00:50qui ravage tous les territoires.
00:52Par ces enjeux socio-économiques
00:54et politiques, la lutte contre
00:56le narcotrafic prend l'allure d'une lutte
00:58extensive contre la
01:00criminalité organisée.
01:02Pour ce qui concerne la France, nous sommes
01:04concernés à plusieurs niveaux.
01:06Un Français sur deux a consommé au moins
01:08une fois du cannabis,
01:10un sur dix au moins une fois
01:12de la cocaïne et ses consommations
01:14sont en forte croissance.
01:16On chiffre à des centaines
01:18de milliards le chiffre d'affaires
01:20annuel mondial
01:22généré par le narcotrafic.
01:24Pour la France, les points de deal
01:26concernent à la fois les métropoles
01:28et les territoires ruraux,
01:30et tout cela s'accompagne d'une ultra-violence
01:32avec de nombreuses victimes
01:34et parfois des très jeunes.
01:36La répression gagne
01:38du terrain judiciaire,
01:40avec des prisons dédiées aux plus gros
01:42narcotraficants, et sur le plan
01:44du renseignement avec le dossier
01:46coffre, pour protéger les techniques
01:48d'enquête, mais en excluant jusque-là
01:50la possibilité d'accéder aux messageries
01:52cryptées des narcotrafiquants.
01:54De ce sombre tableau,
01:56nous allons discuter avec mes invités
01:58que je vous présente.
02:00Laurent Nunez, vous êtes préfet
02:02de police de Paris
02:04et ancien ministre.
02:06William Levenstein, vous êtes
02:08ministre addictologue,
02:10président de SOS Addiction.
02:12Médecin addictologue, je crois.
02:14Je rêve que nous ayons un
02:16ministère de la Dictologie,
02:18mais vous avez dit ministre addictologue.
02:20Vous avez raison, médecin,
02:22mais ça viendra peut-être.
02:24Nous avons en visioconférence
02:26Nicolas Besson,
02:28vous êtes procureur de Marseille,
02:30je vous remercie d'être avec nous.
02:32Didier Geyl, vous êtes dermatologue
02:34et vous êtes
02:36le directeur de la revue Swaps.
02:38Je voudrais excuser
02:40Hélène Geoffroy, maire de
02:42Vau-en-Velin, ancien ministre,
02:44qui devait participer à cette émission
02:46et du fait d'un règlement de compte
02:48mortel à Vau-en-Velin,
02:50n'a pas pu y participer.
02:52Avant de démarrer, je vous demande
02:54d'écouter un extrait.
02:56Nous sommes à l'Assemblée nationale
02:58le 7 novembre 2024
03:00et c'est l'intervention du député
03:02d'Ille-et-Vilaine, Michael Boulou,
03:04du groupe Socialiste et Apparenté.
03:06Mexicanisation,
03:08narco-racaille, opération place nette,
03:10les propos sont forts,
03:12le verbe se veut haut.
03:14Pourtant, le répressif nécessaire
03:16ne peut être la seule réponse.
03:18Le narcotrafic s'étend désormais
03:20dans le sang, à tout le territoire national,
03:22des pays des océans,
03:24à nos villes, à nos territoires ruraux.
03:26Face à une violence de plus en plus décomplexée,
03:28la lutte contre le narcotrafic
03:30doit devenir une cause nationale
03:32qui peut nous unir.
03:34Il faut s'intéresser aux racines
03:36du trafic de drogue
03:38qui repose notamment sur l'exploitation
03:40des mineurs et implique des jeunes
03:42de plus en plus jeunes.
03:44Il faut s'intéresser à l'argent généré.
03:46Le gouvernement doit prendre sa part.
03:48Le manque de moyens est criant
03:50pour la police, pour la justice,
03:52pour mener les enquêtes spécialisées,
03:54pour les douanes,
03:56pour toucher réellement les narcotrafiquants
03:58au portefeuille.
04:00Mais ce n'est pas tout.
04:02Il faut repartir la politique de la ville,
04:04lutter contre la pauvreté,
04:06terreau privilégié du narcotrafic.
04:08Applaudissements
04:10Soutenir les services de santé
04:12pour aider les consommateurs de drogue à en sortir.
04:14Redonner enfin les moyens
04:16à l'éducation nationale, pour nos enfants.
04:18Applaudissements
04:20Vous venez d'écouter ce député
04:24et il relatait les propos
04:26du ministre de l'Intérieur.
04:28Mexicanisation,
04:30mobilisation tous azimuts,
04:32plus de limites.
04:34Vous agréez avec ce langage
04:36de combat radical contre le narcotrafic ?
04:38Contre le narcotrafic ?
04:40Oui, contre le narcotrafic,
04:42on mène un combat qui est radical.
04:44Les services de police,
04:46sous l'autorité évidemment des parquets,
04:50singulièrement moi,
04:52pour ce qui me concerne sur l'agglomération parisienne,
04:54sous l'autorité des quatre parquets,
04:56correspondant aux quatre départements,
04:58Paris, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis et Hauts-de-Seine.
05:02Je crois que ce qu'il faut retenir de tout ça,
05:04c'est que depuis des années maintenant,
05:06on mène une lutte acharnée
05:08contre le trafic de stupéfiants.
05:10Depuis des années,
05:12chaque année, on interpelle plus de monde,
05:14chaque année, on met en cause
05:16plusieurs trafiquants,
05:18les saisies augmentent,
05:20les avoirs qui sont gelés autour du trafic augmentent.
05:22On a fait beaucoup de choses.
05:24La lutte contre le narcotrafic
05:26ne démarre pas aujourd'hui.
05:28Je veux rappeler qu'en 2019,
05:30l'OFAST a été créé.
05:32D'ailleurs, il a été annoncé à Marseille.
05:34L'annonce de l'OFAST a été faite à Marseille.
05:38On a renforcé les moyens des services.
05:40On a imposé une plus grande coordination,
05:42toujours sous l'autorité des parquets.
05:44On a créé des cellules de renseignements opérationnels
05:46dans tous les départements.
05:48On a fait beaucoup.
05:50Or, force est de constater que,
05:52malgré ces résultats qui sont très positifs,
05:54autour du trafic de stupes,
05:56je parle évidemment sous le contrôle
05:58et l'autorité du procureur de la République de Marseille,
06:02on constate que les règlements de comptes augmentent.
06:06La violence autour du trafic de stupéfiants,
06:08et donc la délinquance autour du trafic de stupéfiants,
06:12ce qui fait qu'on parle de narcotrafic maintenant,
06:14augmente aussi.
06:16pour se procurer de l'argent,
06:18c'est des séquestrations dans le cadre de règlements de comptes,
06:22des règlements de comptes,
06:24des vols simples tout simplement pour rembourser des dettes.
06:28On voit que la délinquance autour du trafic augmente.
06:32Le député cité à l'instant,
06:34mais les ministres d'Etat le dit aussi,
06:36on constate une implication de plus en plus fréquente maintenant
06:38de personnes jeunes,
06:40des jeunes guetteurs, des personnes très très jeunes,
06:42y compris d'ailleurs parmi les auteurs d'homicides liés au trafic de stupes.
06:46Et donc il est apparu assez rapidement
06:48cette nécessité de passer à la vitesse supérieure.
06:50Et c'est le projet
06:54qui est porté par la proposition de loi
06:58pour lutter contre le narcotrafic.
07:00Cette idée de passer à une dimension supérieure.
07:02Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur,
07:04compare d'ailleurs ça à la lutte contre le terrorisme,
07:06à ce qu'on a fait à partir de 2017 dans ce pays,
07:10c'est-à-dire avoir une coordination plus soutenue entre les services,
07:14la création d'un PNAT.
07:16Donc il y a une volonté forte de passer à l'échelle supérieure
07:19en réorganisant les services.
07:22Ce n'est pas une réorganisation structurelle massive,
07:24c'est cette idée qu'il faut mieux coopérer ensemble,
07:26mieux travailler ensemble.
07:28Et pour ce faire, on a aussi besoin d'outils,
07:30d'outils juridiques, d'outils budgétaires,
07:32et c'est ce que contient la proposition de loi sur le narcotrafic.
07:36Mais on ne baissera pas les bras, on continuera cette lutte,
07:42c'est compliqué, c'est difficile,
07:44on gagne des batailles dans cette guerre,
07:47mais il en reste encore beaucoup à mener.
07:49– Alors Nicolas Besson, sans vous provoquer,
07:51Marseille jumelée avec Mexico, mexicanisation ?
07:55– Oui, et malheureusement, depuis de nombreuses années,
08:00l'épicentre du trafic de stupéfiants,
08:03malgré là aussi une posélytique très volontariste,
08:07à la fois de la préfecture de police,
08:09que M. Nouniez connaît bien également,
08:12et du parquet des magistrats instructeurs.
08:15Sauf qu'on a effectivement une augmentation considérable,
08:20notamment en 2023, du nombre de narcomicides,
08:24et on a eu une cinquantaine de morts
08:26sur une agglomération comme Marseille.
08:28Ça a évidemment suscité une révolte de la population
08:32et une prise en compte très forte des pouvoirs publics.
08:35Dans le prolongement de ce qu'a indiqué le préfet de police,
08:37M. Nouniez, il y a cette loi qui va nous permettre
08:41de passer à la vitesse supérieure
08:43et dont je pourrais vous évoquer les principales dispositions.
08:46Mais je suis ravi de participer à ce débat
08:48avec des gens qui doivent assumer la mission répressive
08:52qui est la nôtre, c'est-à-dire les forces de sécurité intérieure.
08:56– Et également éducatives, on va en parler.
08:58– La justice, mais également, moi je le dis toujours,
09:02on a besoin d'un gros marteau pour taper sur la tête des trafiquants,
09:06excusez-moi cette métaphore un peu triviale,
09:08mais on a également besoin de traiter l'addiction,
09:11les consommateurs et la problématique sociale dans nos quartiers.
09:14Alors deux mots pour vous dire que nous avions besoin
09:20d'une loi nouvelle qui nous mette à niveau
09:23puisque nous avons tous constaté, les policiers et les magistrats,
09:26que nous nous trouvions dans une lutte finalement asymétrique
09:29avec les trafiquants, c'est-à-dire ceux qui disposaient
09:33de moyens considérables, qu'ils soient technologiques
09:36ou financiers, et bien c'est télétrafiquant.
09:40Et cette loi qui arrive 20 ans après la loi
09:43qui a créé les juridictions interrégionales spécialisées,
09:46va dans le bon sens en nous permettant,
09:49en nous dotant de moyens juridiques,
09:51nous permettant d'être plus efficaces,
09:54statut du collaborateur de justice,
09:57cours d'assises spécialement composées pour juger,
10:01comme le disait le préfet de police,
10:03qui essaie un peu de s'aligner à la hauteur des enjeux,
10:06un peu comme il a été fait en terrorisme,
10:09en lutte contre le terrorisme, développement du renseignement
10:12et nécessité d'une coordination renforcée
10:15avec la création d'un parquet national anti-criminalité organisée.
10:19Merci, M. Besson.
10:21Alors, les médecins que vous êtes,
10:23en quoi vous aidez, si je puis dire,
10:26vous êtes des substituts de la police ou de la justice
10:29dans cette lutte contre le narcotrafic,
10:32William Levenstein ?
10:34Oui, c'est...
10:36On va rentrer après dans les drogues elles-mêmes.
10:38Bien sûr, c'est en effet en tant que médecin
10:41et remontée de terrain que je peux m'exprimer
10:46et en ayant, en tant que citoyen,
10:49le souhait que sécurité publique et santé publique
10:53se coordonnent, se complètent
10:56et gagnent en efficacité.
10:58Donc, je vais essayer de dire un peu ce qu'on observe
11:01depuis les années SIDA,
11:03ça fait une quarantaine d'années,
11:06très rapidement.
11:08C'est-à-dire, en effet,
11:10malgré toutes les déclarations,
11:12une aggravation de la situation.
11:15Alors, aggravation, qu'est-ce que ça veut dire ?
11:17Ça veut dire, d'abord, un âge plus précoce
11:21et ça, en addictologie,
11:23c'est vraiment un facteur qui nous inquiète.
11:25Ca démarre à quel âge ?
11:27Et c'est important de le souligner,
11:29pardon, parce que, vous voyez,
11:30sur le sujet du cannabis,
11:32c'est pas du tout la même histoire
11:34en termes de dommages et de méfaits
11:37sur un cerveau adulte que sur un cerveau adolescent.
11:40Donc, ce sont deux problèmes quasiment différents.
11:43Donc, quand on parle le cannabis,
11:45un peu comme quand on parle l'addiction,
11:47vous voyez, on a du mal à tout rassembler.
11:50Donc là, on voit quand même
11:52qu'on a maintenant des usagers
11:54et qui sont en fait déjà des personnes
11:56dans le mésusage,
11:58c'est-à-dire qui commencent à avoir des problèmes
12:00avec leur consommation
12:01et des conséquences de cette consommation
12:04à partir de 15, 16, 17 ans,
12:07ceux qu'on ne voyait pas avant 18, 19, 20, 21.
12:12Et là, d'ailleurs, par rapport aux campagnes actuelles,
12:16il y a une précision qu'on a depuis longtemps testée
12:19en leur disant...
12:20M. Levenstein, même pour les drogues dures...
12:22Bien sûr, la cocaïne notamment,
12:24et j'insiste là-dessus parce que,
12:26à nos yeux vus du terrain,
12:30je dirais que la répression, la prohibition,
12:34avant qu'il y ait vraiment cette menace du narcotrafic
12:37d'un point de vue sanitaire, je vais m'exprimer,
12:39la prohibition était une mauvaise politique.
12:43Tout le monde lui aurait pardonné si elle avait réussi.
12:46Ce n'est pas le cas, vu des cabinets médicaux,
12:50vu des centres, vu des consultations jeunes consommateurs.
12:53Je ne crois pas que ce soit le cas, d'ailleurs,
12:55du point de vue de sécurité publique.
12:57Donc, c'est pour ça qu'en termes de citoyens,
12:59je dis attention, bien sûr, au moment de la bascule,
13:03parce que c'en est une, et Rotaillot, sur le sujet,
13:06fait un lanceur d'alerte qu'on peut entendre.
13:09C'est vraiment en termes d'augmentation des violences,
13:12vous le savez mieux que moi, M. le Préfet,
13:14en termes d'augmentation des corruptions,
13:16vraiment des menaces.
13:18Mais dans le cabinet médical,
13:20ce qu'on voit, c'est que quand on culpabilise nos patients,
13:23ce que ne fait jamais un médecin,
13:25évidemment, c'est contre-productif,
13:27ça n'a jamais protégé personne.
13:29Et deuxièmement, ça se retourne assez vite contre nous,
13:32dans le sens où ils disent, mais en quelque sorte,
13:35pourquoi l'Etat ne s'en occupe pas ?
13:38Est-ce qu'on a le choix ?
13:40On voudrait ne plus avoir à commander
13:42un mafia sans frontières ?
13:44M. Levenstein, je voudrais demander à Didier Geyl
13:46de nous préciser cette perversion
13:49peut-être encore plus grave
13:51avec ce qu'on appelle le chemsexe.
13:54Est-ce que vous pouvez en parler, Didier Geyl ?
13:56Parce que ça touche de plus en plus de jeunes,
13:58et d'ailleurs, vous alertez à travers votre vue
14:01Swaps ?
14:02M. Le chemsexe, c'est une pratique
14:04qui est très développée
14:06essentiellement dans le milieu gay
14:08et qui consiste à s'injecter...
14:10M. Mais qui ne concerne pas exclusivement...
14:12M. Marginalement, ça s'étend, oui,
14:15ça s'étend un peu aux hétérosexuels,
14:17mais c'est le coeur...
14:18M. Qui font partie de la communauté nationale.
14:21M. La communauté gay,
14:22pratique de s'injecter des drogues
14:25qui augmentent le plaisir
14:27et qui augmentent les sensations,
14:29et de le faire souvent en sexualité de groupe,
14:34pendant les week-ends.
14:38Le problème, c'est que les substances qui sont prises
14:42sont très addictives.
14:44Et...
14:45Je dirais que c'est un petit peu comme toutes les drogues.
14:48Il y en a qui supportent très bien et qui gèrent bien.
14:51C'est l'ONU qui dit qu'il y a à peu près 90%
14:54des usages de drogues qui sont sans problème,
14:56puis il y en a 10% qui ont des problèmes.
14:58Les 10%, c'est ceux qu'on voit.
15:00Et donc, il y a des gens qui...
15:02Généralement, ce sont les gens qui sont les plus fragiles,
15:04des gens qui sont seuls,
15:06qui n'ont pas un environnement social,
15:08qui n'ont pas un boulot formidable,
15:10qui n'ont pas un environnement social positif,
15:12qui vont tomber dans l'addiction et qui ne vont plus gérer.
15:14– Et Didier Gell, ils peuvent y aller librement.
15:16Il suffit d'aller sur Internet.
15:18– Vous savez, maintenant, les drogues sont...
15:20C'est vrai que la lutte contre le trafic
15:23a fait des saisies incroyables et d'énormes progrès.
15:26Moi, je me suis occupé un peu de politique des drogues,
15:29à travers la mission interministérielle
15:31de lutte contre la drogue et la toxicomanie
15:33dans les années 2000,
15:35où on saisissait 3 à 5 tonnes de cocaïne par an.
15:41– Là, c'est avec 10 fois plus.
15:43– En 2010, on est monté à 10 tonnes.
15:472020, 20 tonnes.
15:49Cette année...
15:51Enfin, 2024, 53 tonnes.
15:53Donc, c'est vrai, 10 fois plus.
15:55– Mais avec un prix du gramme, pardonne-moi,
15:57juste de t'interrompre,
15:59un prix du gramme qui n'a pas baissé.
16:01C'est-à-dire, pour les usagers,
16:03ce qui pourrait être, si j'ose dire,
16:05une sorte de réflexion qui pose quelques questions,
16:09c'est cette histoire, si vous voulez,
16:11de prix du gramme.
16:13Est-ce que ça doit être inclus dans nos critères
16:15d'évaluation d'efficacité ?
16:17D'ailleurs, que ça soit pour la répression,
16:19la réduction des risques, la prévention au choix.
16:21Pardon, Didier, de t'avoir interrompu.
16:23– Allez-y, terminé, Didier Jey.
16:25– Donc, c'est assez simple, si vous voulez.
16:27C'est vrai que ça se commande sur Internet,
16:31ou vous pouvez même, pour plein de drogue,
16:33un peu comme une pizza,
16:35vous appelez un numéro d'un dealer
16:37qui vient vous livrer chez vous
16:39et vous n'avez pas besoin de vous exposer.
16:41– Didier Jey, ces substances qu'on peut avoir
16:43via Internet,
16:45les effets augmentent
16:47sont conjugués à l'alcool, etc.
16:49– L'alcool majeure les effets de toutes les drogues.
16:52– De toutes les drogues.
16:53– Mais d'ailleurs, souvent,
16:54les chemsexeurs, qui sont aussi responsables,
16:56ne vont pas associer l'alcool aux drogues.
16:59C'est-à-dire, ils le savent, ils l'apprennent,
17:02même s'il n'y a pas assez de prévention,
17:05pas assez d'informations sur la consommation.
17:07Mais c'est très difficile.
17:08C'est un problème de la prohibition.
17:10C'est la prohibition qui engendre un peu la violence,
17:14qui engendre l'augmentation des prix,
17:19qui entraîne les guerres des gangs.
17:23Ce n'est pas les produits qui font ça,
17:25c'est la prohibition.
17:26Donc, on est dans un système de prohibition
17:28qui a été décidé par les États-Unis,
17:30un peu il y a 100 ans,
17:31au moment des premières conventions internationales,
17:33et puis beaucoup à partir de Nixon,
17:35la fin de la guerre du Vietnam,
17:36on fait la guerre à la drogue,
17:37c'est l'ennemi public numéro un,
17:39et ils ont entraîné le monde entier dans ce système.
17:41Et on est un peu coincés dans ce système.
17:43– Alors, monsieur Nunes,
17:44vous entendez ce que disent les médecins,
17:46la prohibition a engendré la violence.
17:49Je voudrais avoir votre avis.
17:52Il y a des drogues licites,
17:53il y a des drogues illicites.
17:55Certains disent que le tabac, l'alcool aussi,
17:58sont des drogues, mais elles sont licites,
18:00si on peut dire.
18:01À votre avis, la répression doit se conduire
18:04de la même manière, d'une manière générale,
18:07et qu'est-ce que vous pensez de cette idée
18:09que c'est la prohibition qui entraîne la violence ?
18:13– Alors d'abord, vu de notre fenêtre,
18:16puisque vous avez cité le ministre des Etats,
18:18ministre de l'Intérieur, vu de notre fenêtre,
18:21et je crois que vous le dites vous-même finalement,
18:2490% des consommateurs ne posent pas de problème,
18:27ce sur quoi on cherche à sensibiliser les gens,
18:31c'est sur la consommation récréative.
18:34Et je pense qu'on peut parler d'une consommation récréative de stupes.
18:39– Vous pourriez dire ce que ça veut dire
18:40pour les téléspectateurs ?
18:41– Ça veut dire que c'est la consommation…
18:42– Les gens qui ne sont pas dépendants.
18:43– Voilà, ils ne sont pas dépendants,
18:45c'est pour s'amuser, pour créer des effets euphorisants.
18:48– Mais il y a une accotubance.
18:50– Oui, mais on peut basculer.
18:52– Comme un risque d'accotubance.
18:53– C'est ce que vous disiez, on peut basculer.
18:54– Comme l'alcool.
18:55– L'idée de culpabiliser,
18:58parce que c'est le mot qu'employait le ministre des Etats,
19:00de culpabiliser le consommateur.
19:03Et de mon point de vue, une bonne idée sur la partie,
19:05ces 90% qui sont dans le récréatif,
19:07qui peuvent basculer.
19:08Et c'est une politique qu'on mène,
19:10qui est une politique répressive aussi.
19:12Vous savez, on a créé l'amende forfaitaire délictuelle
19:14pour les consommateurs.
19:15Quand ils reconnaissent le délit,
19:16ils sont verbalisés immédiatement.
19:18Ça explose.
19:19Pour le Mazone, on en a fait 42 000 en 2024.
19:23C'était 28 000 en 2023.
19:25Donc on augmente les choses.
19:27Et il y a cette idée aussi, donc,
19:29le volet répressif qui s'applique aussi aux consommateurs.
19:32Après, il y a effectivement les consommateurs
19:34qui sont tombés dans une addictologie très forte.
19:37– Addiction.
19:38– Addiction forte.
19:39Addictologie, effectivement.
19:40Donc dans une addiction très forte,
19:42on le voit par exemple dans le Nord-Est parisien
19:44avec les consommateurs de crack.
19:46L'action répressive que nous menons avec la Procureur de la République de Paris,
19:51moi sous son autorité avec mes policiers, elle atteint des limites.
19:56On a du mal à l'expliquer.
19:58Parce que là, on est dans un studio, c'est facile à dire,
20:01on disserte entre nous.
20:02Mais quand vous allez voir les habitants du Nord-Est parisien
20:0519ème du côté de Rosa Parc, c'est compliqué à leur expliquer
20:10que l'action répressive, elle atteint des limites.
20:12Parce qu'il n'y a plus que l'action de prise en charge de ces gens qui peut s'en prendre.
20:15– Et en plus, c'est compliqué.
20:16On n'a pas de traitement de substitution pour la cocaïne.
20:19– On n'a pas de traitement de substitution.
20:20– Et c'est vraiment ça qu'il faut souligner.
20:22– On a besoin de les prendre en charge.
20:23Donc voilà, je veux dire, vu de notre fenêtre,
20:26nous ne disons pas forcément des choses contradictoires.
20:28Nous, on a bien compris que quand on bascule
20:30dans une addiction extrêmement forte,
20:33il faut passer aussi sur des mesures médicales.
20:36Ça, on ne le conteste pas.
20:38Mais l'idée de cibler les consommateurs
20:40quand ils sont justement dans cette phase de montée en puissance,
20:42quand ils peuvent basculer,
20:43je pense, de mon point de vue, que c'est une excellente idée.
20:45– C'est une excellente idée, il faut qu'on continue à le faire.
20:48– Permettez juste qu'on demande à monsieur Nicolas Besson
20:51ce qu'il pense de cette conversation
20:54maintenant orientée vers le consommateur.
20:56Monsieur Besson.
20:57– Oui, alors là encore, je suis assez en phase avec le préfet de police,
21:02même si j'entends les arguments des deux médecins.
21:05Quelle est l'alternative à la prohibition ?
21:09C'est la légalisation.
21:11La problématique de la légalisation, c'est l'évolution d'abord
21:20du degré de concentration des drogues pour la résine de cannabis,
21:23puisque personne, un petit peu sérieux, ne va parler de l'égalisation
21:28de l'héroïne, de la cocaïne ou à fortiori du crack.
21:31– Le problème du taux de THC, qui est fumé effectivement,
21:36on le voit tous les jours dans nos procédures,
21:38par des adolescents de plus en plus jeunes,
21:41est-elle qui peut rendre notre jeunesse schizophrène ?
21:46Quel est l'État qui se permettrait de vendre un produit
21:52qui rend sa jeunesse avec des troubles psychiatriques lourds ?
21:57Alors vous allez me dire, l'État pourrait vendre dans le cadre d'un marché
22:01contrôlé de la résine de cannabis avec un taux de THC inférieur
22:07à celui qui a des effets délétères sur la santé publique,
22:11mais subsisterait à côté de cette vente légale une vente illégale.
22:17Donc ça, c'est le premier point.
22:20Je suis assez d'accord avec les médecins sur la prise en charge du consommateur,
22:25mais je suis au regret de dire que l'alternative à la prohibition,
22:29c'est la légalisation, et pour les raisons que je viens de vous indiquer,
22:32elle me paraît totalement inopportune.
22:34La problématique, le deuxième point très intéressant,
22:37était celui de la culpabilisation.
22:40Et là aussi, moi je regrette, je pense qu'on pourrait faire des campagnes
22:45de prévention et d'accompagnement des toxicomanes peut être un peu plus dynamique.
22:52Et là, il y a deux cas de figure.
22:54Le consommateur récréatif, qu'il convient effectivement de culpabiliser,
23:00c'est-à-dire de lui faire reprendre une prise de conscience morale.
23:03Moi, c'est ce que j'ai dit plusieurs fois dans des interviews,
23:06ce qu'a dit M. Retailleau ou ce qu'a dit l'ancien garde des Sceaux du Pont-Moretti,
23:10quand vous fumez votre joint dans votre quartier bourgeois du 8e arrondissement de Marseille,
23:15votre frère de jeunesse qui n'a pas eu la même vie que vous
23:20et qui habite au fin fond des quartiers Nord,
23:22pendant ce temps, il se prend une rafale de Kalachnikov sur un point de dîme.
23:25Donc peut-être un appelé à la morale de ceux qui consomment de la drogue de manière récréative.
23:31En revanche, je suis totalement d'accord avec nos médecins.
23:35La culpabilisation du toxicomane lourd est totalement contre-productive.
23:40Et donc, autant je suis d'accord avec M. Nunez sur l'amende forfaitaire délictuelle,
23:47voire j'aurai une position encore plus ferme si les juges estimaient que c'est proportionné.
23:52Je saisis la voiture, l'hostine mini du petit bourgeois qui va aller s'acheter sa drogue dans les quartiers Nord.
23:59Je le ferai sans sourciller.
24:01Autant la culpabilisation du toxicomane lourd est mauvaise.
24:05Et là, j'ai un petit regret avec l'AFD.
24:08C'est pour ça qu'il faut que, comme le disait M. Nunez,
24:10sous le contrôle et sous la direction du parquet, on applique un certain nombre de critères.
24:15La multiplication des AFD nous a fait peut-être perdre la visée du toxicomane lourd
24:22qui, lui, mérite d'avoir un suivi à la fois coercitif, judiciaire,
24:27parce que ça fait également partie du traitement,
24:31mais avec un accompagnement médical beaucoup plus lourd.
24:35Voilà ce que je voulais vous dire sur ces éléments qui me paraissent au cœur.
24:40On ne peut pas, nous, je le dis encore avec le préfet de police,
24:44notre mission, c'est d'arrêter les trafiquants, d'éviter la multiplication du trafic,
24:48mais nous n'arriverons à rien sans également un regard sur les consommateurs
24:53et notamment les consommateurs lourds que l'on doit punir, certes, mais évidemment soigner.
25:01– Merci, M. Besson. Alors, M. Levenstein et M. Geil, pour vous appeler par vos noms,
25:10est-ce que vous pouvez dire aux citoyens, aux téléspectateurs,
25:15qu'il y a une différence de dangerosité entre les drogues naturelles,
25:20les drogues de synthèse, les drogues thérapeutiques, les psychédéliques ?
25:24Est-ce que c'est très différent, le cannabis et la mescaline,
25:28la cocaïne et la kétamine, voire le fentanyl ?
25:32Est-ce que, à ce niveau, vous êtes en mesure de dire
25:36qu'il y a des drogues qui ne sont pas dangereuses
25:39et, en même temps, vous avez l'air de dire
25:42que sur le cannabis, vous ne seriez pas contre la légalisation ?
25:46– Alors, oui, avec votre conclusion et beaucoup de précisions
25:51qui prendraient beaucoup de temps avec votre introduction.
25:54– Mais c'est bien que les citoyens sachent un petit peu
25:58la vie médicale. – Si je ne veux pas tomber
26:01sur un tableau à la Trump que personne ne va comprendre,
26:04vous voyez, sur les droits de douane,
26:06mais sur la dangerosité des drogues, il y a beaucoup de travaux
26:09et il suffit de taper sur Internet « dangerosité des drogues ».
26:13– Oui, mais là, on a des médecins,
26:15c'est peut-être mieux qu'Internet.
26:17– Si vous voulez, la drogue dite la plus dangereuse
26:20au bout du bout du bout de tous les items
26:23qui sont retenus, ça s'appelle le tabac avec combustion.
26:27C'est elle qui tue, en France, prématurément,
26:3075 000 personnes par an.
26:3375 000 personnes par an.
26:35– Ensuite, si on fait le critère de la dangerosité,
26:39donc de la mortalité… – Oui, mais là,
26:40on est dans les narcotrafiques, on n'est pas, si vous voulez…
26:43– Attendez, c'est le point du sujet.
26:45Ce n'est pas la science qui a décidé,
26:47pour vous le dire autrement,
26:49il n'y a aucun fondement scientifique sérieux
26:53qui ait différencié les drogues illicites
26:56des drogues licites.
26:57Ce sont des critères soit historiques,
27:00soit géographiques,
27:01parce que je vous rappelle qu'une société sans drogue,
27:04ça n'existe pas, ça n'a jamais existé,
27:07et ça n'existera jamais pour une simple et bonne
27:11ou malheureuse raison.
27:13C'est que le principal producteur de drogues au monde,
27:16il est le cerveau humain.
27:18Toutes ces drogues ne fonctionnent
27:20parce que nous avons des récepteurs
27:23qui sont dans notre cerveau, là,
27:25pour accueillir les dizaines de milliers d'années d'évolution
27:29des petits mammifères métaphysiques que nous sonnent.
27:32Et si j'insiste sur ce sujet-là,
27:34c'est parce que, bien sûr,
27:36pour la lutte contre le narcotrafic,
27:38et notre impression est qu'en effet,
27:41il était temps de passer de vider l'océan
27:44à la petite cuillère,
27:46à essayer de le vider à la louche,
27:48alors que nous avons vu l'exemple américain
27:50depuis les années 68-70,
27:53où eux, ils avaient des gros sauts,
27:55et ça a donné ce que ça a donné dans nos dents.
27:57Restant dans le présent, M. Levenstein.
27:59Donc je finis sur la dangerosité,
28:00parce que votre question est trop large.
28:02Sur la dangerosité, ce sont deux drogues licites
28:05qui, d'un point de vue sanitaire,
28:07tuent le plus, mais d'un point de vue social,
28:10n'ont pas entraîné les méfaits
28:13des mafias sans frontières
28:15que la prohibition entraîne.
28:17C'est ce que Didier avait dit tout à l'heure.
28:19Alors, après, en termes de dangerosité,
28:22les pires années sont à venir,
28:24parce que les nouvelles molécules
28:26et les nouveaux produits de synthèse,
28:28si on ne fait pas d'informations,
28:30c'est-à-dire une autre critique éventuellement
28:32qu'on puisse faire à la prédominance
28:35de la prohibition.
28:36Si on pense qu'interdire suffit
28:39en termes de prévention,
28:40il n'y a qu'à regarder les 50 années.
28:42Donc, à l'heure actuelle,
28:44c'est comment nous nous réunissons tous
28:46pour évaluer ce qui a été fait,
28:48pour voir ce que nous pouvons faire ensemble,
28:50d'efficace et pas simplement d'idéologique.
28:53Et je finirai là-dessus, pardon.
28:55Blaise Pascal disait à un moment donné,
28:58la vraie morale se moque de la morale.
29:02Et je voudrais que nous soyons
29:04dans cette réflexion pragmatique,
29:06parce que tous nous sommes
29:08contre les drogues, entre guillemets.
29:10Bien entendu, sauf qu'il nous faut apprendre
29:12à vivre avec les drogues
29:14pour en réduire les risques et protéger,
29:16comme vous le dites, les citoyens et les citoyennes.
29:18Et ça, on peut le faire.
29:20On vous a entendu.
29:21Basta la naïveté.
29:23Il faut vraiment lutter contre les narcotrafiques.
29:25Mais comment on évalue cette lutte ?
29:27Comment on peut faire ?
29:29Et avec trois autres facteurs
29:31que les Suisses ont identifiés,
29:33je conclue là,
29:34qui s'appelle la prévention,
29:35qui doit nettement s'améliorer,
29:37le soin qu'il faut financer beaucoup plus,
29:40et la réduction des risques,
29:41qui croyez-moi,
29:42pour avoir amené la méthadone en France,
29:44les seringues stériles, etc.
29:46a été, en 40 ans,
29:48ce que j'ai vu de plus efficace.
29:49Merci. Didier Jaïl.
29:51Sur les drogues de synthèse,
29:52vous partagez cet avis
29:54que ça va...
29:55On va assister à une multiplication
29:57dans les mois à venir.
29:59Sur les drogues de synthèse...
30:01Oui.
30:02Vous prenez l'exemple du vin d'anil,
30:04qui est une drogue de synthèse
30:06qui ressemble à l'héroïne.
30:09Fabriquée beaucoup en Syrie.
30:11Oui, fabriquée dans différents pays.
30:13Oui, dans beaucoup de laboratoires.
30:15Oui, dans beaucoup de laboratoires.
30:17Beaucoup de laboratoires.
30:18A fait aux Etats-Unis
30:20deux fois plus de morts
30:22que les accidents de la route.
30:2470 000 morts par an aux Etats-Unis.
30:27Depuis 10 ans,
30:28700 000 morts,
30:29plus que le nombre de morts au Vietnam.
30:31Ça, c'est les drogues de synthèse.
30:33Donc, ces drogues de synthèse,
30:35il faut vraiment informer les gens
30:37sur les dangers de ces drogues de synthèse.
30:40Parce qu'on peut les acquérir.
30:43C'est 50 fois plus fort que l'héroïne,
30:46si vous voulez,
30:47mais ça peut s'envoyer dans une enveloppe.
30:50Et donc, il y a eu énormément
30:52de ce qu'on appelle d'overdoses,
30:53de surdoses mortelles,
30:54liées à ces drogues de synthèse
30:56qui sont redoutables.
30:57En France, on est relativement protégés
31:00grâce à la politique de réduction des risques,
31:02qui est une politique qui est née avec le sida.
31:05C'est-à-dire qu'avant, finalement,
31:07on n'offrait rien aux toxicomanes.
31:08Si ce n'est, on leur prouvait se sevrer.
31:10Et là, on pouvait bien s'en occuper.
31:12Comme on a vu que ça n'empêchait pas
31:14l'épidémie de sida, on s'est dit
31:15« Oh là là, il y a urgence,
31:16il faut s'occuper du sida ».
31:17Donc, on s'est dit
31:18« De quoi ils ont besoin ? »
31:20Déjà, s'ils attrapent le sida,
31:21c'est parce qu'ils partagent les seringues.
31:22Or, les seringues,
31:23elles sont interdites, ça.
31:24Pour ne pas inciter
31:25à s'injecter des drogues.
31:27Donc, on a autorisé
31:28la vente libre des seringues.
31:29Le gouvernement de Barzac, 1987.
31:31Et puis, ensuite,
31:33il y a eu les traitements de substitution
31:35qui permettent de donner un opiacé
31:37parce qu'un traitement de substitution,
31:38c'est la méthadone ou le subutex.
31:39Ce sont des traitements opiacés,
31:41mais qui se donnent en comprimés
31:43et parfois injectables
31:44et qui permettent d'être
31:46dans un état normal.
31:47Ça empêche le manque.
31:48Parce que ce qu'il faut savoir,
31:49c'est qu'avec les drogues de synthèse ou pas,
31:52au début,
31:53il y a une espèce d'euphorie
31:55à consommer et un grand plaisir.
31:57Et puis, après,
31:58il y en a de moins en moins,
31:59mais on en reprend
32:00parce qu'on est devenus dépendants.
32:01C'était le cas, surtout,
32:03de l'héroïde.
32:04Et c'est aussi un petit peu
32:05le cas de la cocaïne.
32:06Alors, monsieur...
32:07Je crois que s'il y a une urgence,
32:09aujourd'hui,
32:10c'est de trouver...
32:13d'essayer d'être pragmatique.
32:16Essayer d'être pragmatique
32:17et de chercher pour...
32:19Comme disait William,
32:20on n'a pas de traitement
32:21de substitution pour la cocaïne,
32:22mais il faut travailler.
32:23Il faut trouver des modèles.
32:24Il faut créer des modèles.
32:25Il faut créer des modèles
32:27pour s'occuper des gens.
32:28Et...
32:29C'est...
32:30Et là, pour l'argent
32:31de la recherche...
32:32Juste l'argent de la recherche.
32:33Attendez, juste sur l'argent.
32:35Si vous permettez,
32:36je voudrais demander
32:37à monsieur Laurent Nunez
32:39qu'est-ce que vous faites
32:41par rapport à ces drogues de synthèse
32:43qui sont quasiment en accès libre
32:46et même, on peut les commander
32:49à partir des prisons,
32:50puisque la nouvelle loi
32:52n'autorise pas
32:54à capter les communications cryptées.
32:58Est-ce que...
32:59Comment faites-vous organiser
33:00la lutte contre ces drogues de synthèse ?
33:03Qui sont très dangereuses,
33:05comme vous venez de l'entendre.
33:06Les drogues de synthèse,
33:07je parle pour l'agglomération parisienne.
33:09Pour l'agglomération parisienne,
33:10on a une montée en puissance
33:11des saisies de drogues de synthèse
33:13et des dossiers,
33:14des mis en cause
33:15pour trafic de stupéfiants.
33:18Donc, en matière de drogues de synthèse,
33:20maintenant, on n'est pas loin
33:21du tiers des dossiers.
33:22Donc, ça augmente.
33:24Effectivement, comme vous le dites,
33:26on peut se la procurer...
33:28Alors, pour l'agglomération parisienne,
33:30essentiellement en Belgique,
33:31aux Pays-Bas,
33:32où ce sont des livraisons qui sont faites.
33:34Les gens commandent par Internet
33:36et le grossiste reçoit cette drogue
33:38et puis ensuite,
33:39il y a des livraisons à domicile.
33:40C'est une évolution aussi
33:41du trafic de stupéfiants,
33:43qui concerne aussi la cocaïne
33:45ou le cannabis,
33:46où on a un peu moins de trafic de rue,
33:48un peu plus de trafic par livraison.
33:51Ce qui nous oblige, d'ailleurs,
33:53à créer des groupes dédiés
33:55à ce type de trafic,
33:57du trafic, ce qu'on appelle
33:58le Uber-trafic,
34:00qui sont faites par des plateformes d'achat.
34:03Et les drogues de synthèse transitent aussi par là.
34:06Donc, effectivement, oui, elles augmentent.
34:08Juridiquement, d'ailleurs,
34:10pour certaines d'entre elles,
34:11la qualification ne les classe pas
34:13dans les drogues docives.
34:14Chaque fois, il faut remettre à jour la liste.
34:16Il n'y a pas une définition un peu générale
34:19du produit stupéfiant.
34:20Il y a aussi une liste.
34:21Et donc, voilà, ça impose pour nous
34:23de faire rassurer le préfet.
34:24Mais est-ce que c'est vrai
34:25qu'une partie du trafic
34:26se fait depuis les prisons ?
34:27Oui, mais ça, ça...
34:28Oui, bien sûr.
34:29Enfin, monsieur le procureur
34:30le dira également.
34:31Il va nous donner...
34:32Mais bien sûr.
34:33Mais ça, c'est pour tous les trafics.
34:34Pour tous les trafics.
34:36Cocaïne, cannabis,
34:38et sans doute aussi drogue de synthèse.
34:40Mais il y a encore effectivement des dealers
34:42qui sont incarcérés
34:43qui continuent à organiser le trafic
34:44depuis leur lieu de détention.
34:45C'est pour cela que le garde des Sceaux
34:48a prévu donc des...
34:50Je vais dire la mise en place
34:51de quartiers de détention à haute sécurité,
34:53où il y aura des fouilles plus régulières
34:55pour éviter qu'on continue à organiser
34:58un trafic depuis la prison.
35:00Et après, l'autre mesure
35:01que vous avez évoquée
35:02qui est la possibilité d'intercepter
35:07donc des communications sur les...
35:09Des messages récryptés.
35:11Ça, c'est autre chose.
35:13Et ça concerne aussi tous les trafics de stupes.
35:15Ça concerne tous les trafiquants
35:16et pas forcément ceux qui sont en détention.
35:18C'est-à-dire que voilà,
35:19les trafiquants maintenant
35:20ne communiquent plus en clair, comme on dit.
35:22Et donc évidemment,
35:23tant en matière de renseignements
35:24qu'en matière judiciaire,
35:26pour ce qu'on appelle...
35:27Il y a les techniques de renseignement
35:28quand on est en phase de renseignement,
35:29puis quand on passe en phase judiciaire,
35:31il y a les techniques spéciales d'enquête.
35:34Techniquement, voilà, juridiquement,
35:36on ne peut pas accéder à ces communications cryptées.
35:39Or, les trafiquants les utilisent de plus en plus.
35:41Et comme le disait M. le procureur tout à l'heure,
35:43il ne faut pas qu'on reste en décalage
35:45par rapport aux moyens dont disposent les trafiquants.
35:48Et l'idée, un jour,
35:49de pouvoir accéder à ces messageries cryptées,
35:51elle va persister.
35:53Elle va persister pour les magistrats
35:55et pour les services de police.
35:59C'est extrêmement important.
36:00S'il vous plaît, on va demander son avis
36:01au procureur de Marseille
36:02sur le non-accès aux messageries cryptées
36:04et ce qu'il en pense.
36:06– Alors, le texte est, je crois actuellement,
36:12devant la commission mixte paritaire,
36:14puisqu'il n'a pas été adopté de manière équivalente
36:20par l'Assemblée nationale et le Sénat.
36:22Moi, je crois que dans les questions de narcotrafic,
36:25il faut mettre un terme à la naïveté,
36:28et c'est nos médecins qui l'ont dit.
36:31Vous voyez, c'est ni M. Nunez, ni moi-même qui l'avons indiqué.
36:35Et puis, nous restons malgré tout un état de droit.
36:37Et donc, la question qui devra être appréciée,
36:40c'est la proportionnalité.
36:42C'est-à-dire que moi, je suis naturellement,
36:44pour que nous soyons en capacité de lutter
36:48contre le plus haut du spectre de la criminalité,
36:50qu'on ait la possibilité de craquer, d'écouter
36:54ceux qui utilisent cette messagerie cryptée
36:57dans des conditions légales qui devront être définies
37:00et protectrices des libertés individuelles
37:02et du respect de la dite proportionnalité.
37:08Deuxième point dont vous aviez parlé,
37:11sur les établissements.
37:13Et c'est pour ça que ce débat,
37:15moi, je le trouve très intéressant,
37:17parce que si on veut avoir des résultats
37:19à la fois contre le narcotrafic
37:21et sur l'état sanitaire de notre population,
37:23on a besoin à la fois d'une politique répressive forte,
37:27de sortir de la naïveté,
37:29mais on doit également faire un véritable accompagnement.
37:35Et donc, les prisons de haute sécurité,
37:37qui sont prônées par le garde des Sceaux,
37:40vont dans le bon sens.
37:41Là aussi, c'est proportionné.
37:43Ceux qui sont capables de commanditer des assassinats,
37:46de s'évader avec,
37:48tout le monde a bien en tête le drame d'Incarville,
37:52de continuer leur trafic,
37:54il faut les isoler dans un régime très dur.
37:57Et parallèlement, j'ai également entendu
37:59ce qu'a dit le ministre de la Justice,
38:01une prison pour d'autres types de publics,
38:05beaucoup moins sécuritaires,
38:06est tournée vers la réinsertion.
38:08Et c'est la même chose que nous devons faire
38:10vis-à-vis des consommateurs de drogues dures,
38:13de personnes,
38:15de ces 10% dont parlaient nos médecins,
38:17qui décrochent,
38:19qui vont commettre des infractions dédiées,
38:21qui vont mourir d'overdoses.
38:23Cela, il faut naturellement les suivre.
38:26Et j'ai bien aimé aussi le terme,
38:28si je puis me permettre,
38:29et après j'en aurai terminé,
38:30je suis déjà trop long,
38:31de prévention des risques.
38:32Effectivement, nous devons faire des campagnes préventives,
38:36nous devons trouver des produits de substitution,
38:39et il faut une évolution dans la société,
38:41dans sa globalité.
38:42Je vous donne un dernier exemple sur une salle de shoot à Marseille,
38:47qui était déterminante,
38:49puisqu'on a des quartiers du centre-ville de Marseille très paupérisés,
38:54où tout le monde était d'accord pour cette salle de shoot,
38:58qui permettait dans des conditions sanitaires,
39:00et puis d'engager une démarche de soins auprès du toxicomane.
39:03Tout le monde était d'accord,
39:05sauf que quand il a fallu trouver l'endroit où on l'installait,
39:09c'est un peu comme les prisons,
39:11personne n'en voulait à côté de chez soi.
39:13Merci Monsieur le Procureur.
39:15Si vous voulez bien, on va faire une coupure.
39:17On va écouter le ministre d'Etat,
39:21ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
39:23Il échange ou il répond à une question de la députée de l'ISER,
39:27Anna de Mansouri de l'UDR.
39:30Lundi à Grenoble, un homme de mon âge a été touché par 3 balles
39:33en plein jour sous les yeux des passants.
39:35Ce week-end, dans la même rue,
39:37un automobiliste a été sorti de force de son véhicule
39:40par plusieurs délinquants avant que ceux-ci n'incendie sa voiture.
39:43Il y a 2 semaines, une bibliothèque municipale a été brûlée par les racailles.
39:46Il y a 3 semaines encore, une grenade explosait dans un bar du village olympique,
39:50quartier qui m'a vu grandir à une époque où il faisait encore bon vivre à Grenoble.
39:54Votre immobilisme, Monsieur le Premier ministre,
39:56face à la montée de la criminalité est coupable.
39:58Comment tolérer que des maires aient le droit
40:00de laisser les villes entre les mains des narcotrafiquants
40:02sans que l'Etat ne fasse rien pour démanteler ses réseaux ?
40:05Vous avez égréné une longue litanie d'exactions
40:09et j'en suis informé.
40:11D'où l'urgence du vote de la PPL sur le narcotrafic,
40:15sur la criminalité organisée dans quelques jours ici.
40:18Et j'espère que, comme au Sénat,
40:20l'ensemble des groupes politiques
40:22sera au rendez-vous pour accorder à la République
40:25précisément une première victoire législative.
40:27Pour ce qui concerne Grenoble,
40:29je suis allé le 14 février
40:31pour annoncer et justifier une nouvelle stratégie en trois temps
40:35judiciaire, sécuritaire et administrative.
40:39Le judiciaire, pour avoir des résultats avec les services de renseignement,
40:43avec un travail très en amont avec l'autorité judiciaire,
40:47nous allons démanteler les réseaux pour judiciariser
40:50et ne pas faire simplement un seul coup,
40:53mais pour pouvoir justement avec un coup de filet
40:55retirer ceux qui sont responsables des réseaux.
40:57Ça, c'est le judiciaire.
40:59Ensuite, c'est le sécuritaire
41:00pour qu'on puisse occuper la voie publique,
41:02toute la voie publique,
41:03les transports en commun, la rue bien sûr,
41:05en allant fouiller dans chaque immeuble,
41:07les cages d'armes, les cages de drogue,
41:09les cages de cigarettes de contrebande,
41:11la police bien sûr, mais aussi la gendarmerie.
41:14Et enfin, la réponse administrative,
41:18qui consiste à taper l'écosystème au portefeuille.
41:22Le blanchiment, la fermeture de commerce,
41:24mais aussi des enquêtes de patrimoine
41:26qui seront draconiennes.
41:28Monsieur Laurent Nunez,
41:30vous venez d'écouter cette expansion
41:34du trafic de drogue partout sur le territoire,
41:38y compris dans des lieux où on devrait les exclure.
41:44Je parle des écoles, de ces lieux extrêmement sensibles.
41:48Cette densification de la drogue,
41:51est-ce que vous pensez que les moyens de police
41:54sont ajustés à cette densification de la drogue ?
41:58Et à quoi vous l'attribuez ?
42:00Est-ce que c'est simplement une consommation qui croît
42:04ou est-ce que l'offre internationale suscite une demande ?
42:09– Non, il y a une consommation qui croît, c'est évident,
42:11mais est-ce que les moyens sont suffisants ?
42:14Le ministre d'État,
42:16quand il répond à cette parlementaire,
42:18sur Grenoble, historiquement,
42:20il y a toujours eu un trafic important à Grenoble,
42:22c'est comme à Marseille,
42:23c'est comme dans l'agglomération parisienne.
42:25Moi, sur le secteur d'Aulnay-Sevran,
42:27j'ai un contexte qui ressemble beaucoup à Grenoble, à Marseille.
42:32– Encore que je se généralise.
42:34– Oui, justement, pour lutter contre ces généralisations,
42:37le ministre définit aussi une méthode.
42:40Il a raison d'insister sur le fait que,
42:42évidemment, ce qui paye le plus en matière de lutte
42:44contre le narcotrafic,
42:46c'est le démantèlement judiciaire des réseaux.
42:48C'est l'action qui est menée sous l'autorité des préfets
42:50auxquelles participent les services de police,
42:53dont ceux dont j'ai la responsabilité.
42:55Et il n'y a que ça qui paye,
42:56c'est le démantèlement des réseaux en profondeur.
42:59Et ensuite, et le ministre le dit bien,
43:01l'action de sécurisation qu'on met en place
43:04une fois que le réseau est démantelé,
43:06une occupation de voie publique du terrain par des effectifs
43:08pour empêcher que le réseau ne se réimplante,
43:11et l'utilisation, et le ministre le dit aussi,
43:13d'armes qui sont des armes judiciaires,
43:17ça peut être la saisie des avoirs,
43:19ou des armes de police administrative,
43:21la possibilité de fermer des commerces
43:22quand on sait qu'ils ont été adossés au trafic.
43:24Et d'ailleurs, de ce point de vue-là,
43:26la loi narcotrafic va étendre le pouvoir des préfets, là où...
43:30– Mais vous concevez que des citoyens s'émeuvent
43:33quand des points de deal sont près des écoles,
43:35et ce sont les écoles qui feront.
43:37– Bien sûr.
43:39D'abord, je termine,
43:40il y a aussi des mesures de police administrative
43:42qui vont être étendues par la loi sur le narcotrafic
43:45où un préfet pourra fermer maintenant
43:47tout type d'établissement
43:48dès lors qu'il est en lien avec le trafic.
43:50Là où avant, on ne pouvait le faire que pour certaines catégories de commerce,
43:53comme les débits de boissons qui sont très réglementés,
43:55et pour d'autres, on pourra le généraliser.
43:57Après, oui, dans l'expansion du trafic,
43:59mais c'est vrai un peu partout.
44:01On a vécu l'affaire récemment à Saint-Ouen,
44:03avec cette école qui a déplacé quatre classes
44:05parce qu'il y a un point de deal à proximité.
44:08Ça existe malheureusement dans d'autres endroits
44:11sur le territoire national.
44:12Et c'est pour ça qu'il faut intensifier et amplifier
44:15l'action qu'on mène,
44:16qui est une action judiciaire.
44:18Il faut démanteler en profondeur les réseaux,
44:20puis de l'occupation de la loi publique
44:22pour empêcher la réimplantation,
44:23et des mesures qui permettent de taper le trafic à la tête.
44:26Ce sont des mesures d'avoir, de gel financière,
44:28et puis des mesures de fermeture de commerce.
44:30Dans l'agglomération parisienne,
44:32il y a pas mal de trafic
44:34qui sont aussi adossés à des commerces
44:36qui servent soit de lieux de transaction,
44:38en même temps d'ailleurs de lieux de blanchiment et autres.
44:40Et la possibilité qu'on aura,
44:42grâce à la nouvelle loi, de fermer,
44:44pour les préfets, en administratif,
44:46de fermer ce type de commerce,
44:48possibilité étendue sera évidemment très utile.
44:50Mais je comprends,
44:52je termine là-dessus,
44:54je comprends évidemment l'exaspération
44:56de nos concitoyens,
44:58je la comprends,
45:00c'est pour ça qu'on parle de démantèlement en profondeur.
45:02Pour nous, il n'y a que ça qui paye réellement.
45:04L'alternative, c'est quoi ?
45:06Si on ne fait pas d'action judiciaire,
45:08si on ne mène pas des actions de démantèlement en profondeur,
45:10la présence des fonctionnaires de voies publiques
45:12qui dispersent le trafic,
45:14mais qui ne les radiquent pas.
45:16Et c'est vraiment l'action judiciaire
45:18qui est au centre de tout.
45:20Et tout le dispositif de la loi narcotrafic,
45:22elle donne des outils aux policiers,
45:24mais les place sous l'autorité évidemment des parquets.
45:26J'insiste là-dessus, monsieur le procureur,
45:28c'est l'attachement que je porte,
45:30le respect que je porte à l'autorité judiciaire.
45:32C'est très important qu'on démantèle en profondeur les trafics.
45:35Voilà, il n'y a que ça qu'ils ne comprennent.
45:37La présence de voies publiques n'est pas suffisante.
45:39Elle n'est pas suffisante.
45:40Et y compris dans le cas de trafics
45:42qui sont à proximité d'une école.
45:43Alors évidemment, oui, on déploie des effectifs,
45:45il faut protéger les élèves,
45:46mais il n'y a que le démantèlement en profondeur qui paye.
45:48– Dédier Gail, oui ?
45:50– Oui, je vais dire deux choses.
45:51Vous avez parlé tout à l'heure des drogues de synthèse
45:53et des drogues naturelles.
45:54Bon, le cannabis, c'est une drogue naturelle.
45:56Il y a des cannabines.
45:57Il y a des synthèses aussi, d'ailleurs, qui sont peut-être pires.
45:59Les cannabines, on le connaît bien.
46:01On a fait quand même pas mal d'informations sur le cannabis.
46:03La population est au courant qu'il ne faut pas conduire
46:05en ayant fumé du cannabis,
46:07et surtout si on l'associe avec l'alcool.
46:09On connaît les risques.
46:10Et comme le disait William, le vrai problème,
46:12c'est les très jeunes,
46:13parce que le cerveau, il n'est pas mature.
46:15Donc, en France, on a 5 millions de consommateurs de cannabis.
46:19Ce qui est dans une tranche d'âge relativement limitée.
46:23Ça veut dire que la consommation,
46:24elle est devenue tellement massive
46:26que je pense que c'est être pragmatique,
46:28et c'est pas baisser les bras,
46:29que de dire on va contrôler comme on le fait pour l'alcool,
46:32comme on le fait pour le tabac.
46:33On va contrôler,
46:34on va faire une distribution contrôlée en France.
46:36Ce qui se passe,
46:37c'est les Etats-Unis qui ont porté
46:39l'interdiction et les conventions.
46:41Maintenant, dans beaucoup d'États américains,
46:43c'est légalisé avec différents modèles.
46:46L'Allemagne a décidé de légaliser.
46:48La Suisse est en train de le faire,
46:49le Luxembourg, le Portugal.
46:51Je pense que nous, on est toujours en retard.
46:53Je pense qu'il faut que je commence à changer...
46:55Est-ce qu'il y a des résultats sanitaires ?
46:57Oui, il y a des résultats sanitaires
46:58qui sont plutôt pas mal
47:00en termes de consommation des jeunes
47:02puisque les consommations des jeunes
47:03ont tendance à baisser dans tous les Etats américains
47:05qui ont légalisé.
47:06Donc, c'est ça qui est important.
47:07C'est ça qui est le plus important.
47:08Ça, c'est la première chose.
47:09La deuxième chose que je voudrais dire,
47:11c'est qu'il y a vraiment cette politique de réduction des risques
47:13qui est née avec le SIDA.
47:15C'est-à-dire, pour la première fois, on s'est dit
47:16on va s'occuper des gens.
47:18Là, je parle des dépendants.
47:19On va s'occuper des gens.
47:21Et on va alors essayer, non pas simplement les docteurs,
47:24mais essayer de réfléchir de quoi ils ont besoin.
47:26La première chose, c'était des seringles.
47:28Donc, on a autorisé la vente des seringles.
47:30En style, des traitements de substitution.
47:32Et puis, il a fallu faire beaucoup d'échanges
47:35entre les forces de police et les médecins
47:39pour que tout ça puisse marcher ensemble
47:42et que les policiers puissent amener éventuellement,
47:44d'ailleurs, des personnes dans ces centres.
47:47Monsieur le procureur a cité tout à l'heure
47:49les salles de shoot.
47:50On préfère dire salle de consommation à moindre risque
47:52ou H.A.S.
47:54HALT Santé, soins HALT Santé.
47:58Il y en a 13 à Berlin, 7 à Barcelone, une à Paris
48:03et une à Strasbourg, 2 en France.
48:05Je crois qu'Elisabeth Avril, qui dirige le centre de Paris,
48:11fait un travail absolument extraordinaire
48:13en très étroite collaboration avec les commissaires du 10e arrondissement
48:16qui se félicitent du travail qui est accompli
48:18et toutes les évaluations, que ce soit l'Inserm,
48:20l'inspection générale de l'administration.
48:23Récemment, oui.
48:24Grâce à vous.
48:25Récemment, récemment.
48:26Récemment.
48:27Vraiment, toutes les évaluations sont en faveur de ce dispositif
48:30et le ministre de la Santé lui-même, récemment, l'a soutenu
48:34et on entend encore des gens qui disent
48:36je suis contre les salles de shoot.
48:38Je crois qu'il y a vraiment besoin là
48:41qu'il y ait une évolution.
48:43Et que cette évolution est l'indispensable.
48:45C'est l'indispensable.
48:46Et le dernier exemple, je veux citer, c'est par rapport au Chemsex,
48:48on a fait ce numéro de la revue Swap sur le Chemsex,
48:52dans plusieurs villes européennes.
48:54Et en gros, dans toutes les villes, que ce soit Barcelone, Amsterdam,
48:57Londres, Berlin, c'est à peu près la même chose.
49:00C'est essentiellement des prises en charge associatives,
49:03parce que les professionnels ont été un petit peu débordés par le sujet.
49:06Donc c'est surtout des associations qui s'en occupent.
49:09Mais il y a une différence, c'est les pouvoirs de police.
49:13La police, que ce soit à Barcelone, à Zurich, à Berlin,
49:18n'intervient pas.
49:19C'est-à-dire que quand quelqu'un fait un malaise,
49:22qui peut être mortel, dans une soirée...
49:25Le SAMU, c'est pas la police, et les pompiers non plus.
49:28Et bien, figurez-vous que si,
49:30quand on appelle les pompiers à Paris,
49:32les pompiers, c'est des militaires,
49:34immédiatement, à la police,
49:36qu'il y a un problème de stup',
49:38et la police vient.
49:39Ce qui fait que les gens, quand quelqu'un tombe mal,
49:42et va peut-être mourir,
49:43ils osent pas appeler.
49:44Généralement, ils disparaissent.
49:46Ils disparaissent.
49:47Ils n'appellent pas, et la personne meurt.
49:49Et ça, c'est vraiment un souci.
49:52C'est une demande forte qui nous est faite
49:54par certaines associations.
49:55Ce serait que les pompiers n'appellent pas la police,
49:57dans ce genre de situation.
49:59Mais dans les personnes qui accompagnent...
50:01Donc la personne fait un malaise, une overdose.
50:03C'est une overdose.
50:04Il est souvent mortel.
50:05Souvent mortel.
50:06Oui.
50:07Dans les personnes qui accompagnent,
50:08qui sont autour,
50:09vous pouvez avoir celui qui est arrivé avec le produit,
50:12qui l'a introduit,
50:13et c'est quelqu'un qu'on ne peut pas...
50:15Nous, on ne peut pas laisser partir cette personne
50:18et considérer que finalement,
50:19elle est libre d'aller et de venir.
50:21Et donc, on est obligé d'intervenir.
50:23Mais c'est ce qui passe dans toutes les autres villes européennes.
50:25Mais je vous explique pourquoi on a cette position
50:28qui consiste de demander une intervention des forces de l'ordre,
50:31si on prévient le parquet.
50:32Et puis, il y a des poursuites.
50:33Voilà.
50:34Mais là où vous avez avancé...
50:35Attendez, laissez-le s'exprimer.
50:36Je vous donnerai la parole.
50:37Juste sur la légalisation,
50:38vous êtes revenu dessus.
50:39Moi, je partage ce qu'a dit M. le procureur.
50:41Je pense que la légalisation, je n'y crois pas...
50:44Elle est inéluctable, de toute façon.
50:45Moi, je n'y crois pas une seconde.
50:46Elle est inéluctable.
50:47Pour les raisons qui ont été rappelées sur le cannabis,
50:49par M. le procureur,
50:50c'est-à-dire qu'il y aura forcément un marché parallèle
50:52avec du produit qui aura un taux supérieur.
50:54Et puis, ça ne peut pas concerner tous les types de drogues.
50:56Donc, c'est très...
50:57Ah non, non, non.
50:58Si vous permettez...
50:59Si vous permettez...
51:00Je crois aussi porter la voix du gouvernement.
51:02Oui.
51:03À ce niveau du débat, je vais vous donner la parole.
51:05M. Nicolas Besson,
51:07qu'est-ce que vous pensez de cette logique
51:10qui serait plus permissive
51:11et qui permettrait peut-être
51:13de mieux contrôler les choses ?
51:15On a peu de temps,
51:16mais je sais que c'est une question importante.
51:18Le magistrat que vous êtes.
51:22Non, je ne suis pas favorable à la légalisation.
51:28En revanche, je suis favorable
51:30à la responsabilisation collective
51:33qui veut qu'à côté de l'outil répressif
51:36que la police et les magistrats doivent mettre en œuvre,
51:40on ait un accompagnement,
51:41et moi j'étais très favorable effectivement,
51:43le terme salle de shoot en plus fait peur,
51:45halte-soin-addiction.
51:47Ça s'appelait à Marseille.
51:48J'aimerais qu'il y ait une vraie prise de conscience
51:51dans la société pour dire
51:53que le toxicoman lourd est certes un délinquant,
51:57mais il est presque minoritairement un délinquant.
52:00Il est un malade qui a besoin d'être soigné,
52:03il ne doit pas être mis à la marge de nos villes.
52:06Donc moi je crois...
52:07Et puis un dernier aspect que nous n'avons pas envisagé,
52:10c'est la reconquête républicaine des quartiers,
52:13c'est-à-dire que ce narcotrafic,
52:16la difficulté...
52:18Moi sur une ville comme Marseille,
52:20je le dis,
52:2230% de notre espace,
52:24de notre population,
52:26vit sous le joug du narcotrafic,
52:28et on profite également quelque peu
52:30par ce qui ruisselle,
52:32donc la reconquête par une vraie politique sociale,
52:34une autre modélisation.
52:36Le préfet de police a parlé de la confiscation,
52:38vous faites de la confiscation de villas de narcotrafiquants,
52:42vous l'affectez socialement,
52:44la loi française le permet désormais,
52:46en étant un centre de soins de rééducation des toxicômes.
52:50Je pense que c'est une boucle complète
52:52et où tout le monde a sa place et a son rôle à jouer.
52:56Et d'ailleurs, ce qui est bien dans ce type d'émission,
52:58c'est que chacun a eu le temps de s'exprimer,
53:00et le problème est très complexe,
53:02et je pense qu'il faut jouer sur toutes les cordes
53:06que nous avons à disposition pour régler la toxicomanie.
53:08Mais en revanche, non.
53:10Moi, ma ligne rouge, ma limite,
53:12c'est de dire non,
53:14la légalisation est une fausse bonne idée.
53:16C'est intéressant ce qu'il dit sur des états
53:21qui ont légalisé ou ventes contrôlées avec des résultats.
53:25Je peux vous donner d'autres exemples
53:27qui démontrent que la légalisation a entraîné
53:31une explosion de la consommation.
53:33Bon, voilà, je pense que c'est une fausse bonne idée.
53:39En revanche, je suis mille fois d'accord avec vous,
53:41il faut qu'il y ait une évolution de la société très forte.
53:45Nous avons affaire à des malades,
53:47ce sont nos concitoyens,
53:49nos concitoyens fragiles, en difficulté,
53:51et il faut les aider, il faut les soigner,
53:53il faut faire des campagnes,
53:55et puis il faut sortir nos quartiers
53:57de la règle du coup du barco.
53:59– Monsieur Levenstein.
54:01– Ça fait à peu près 20 ans qu'on dit la même chose.
54:04C'est-à-dire que la prohibition toute seule ne suffira pas.
54:08Ça ne veut pas dire encore une fois qu'il ne faut pas
54:11plus que jamais défendre nos démocraties,
54:15c'est tout le problème.
54:16Si j'ose dire, si on était une dictature,
54:17on serait plus efficace contre les narcotrafiques,
54:20contre ces mafias, contre...
54:22Mais qu'on soit efficace et qu'on évalue
54:25où on en est de la prévention,
54:27où on en est de la réduction du risque,
54:29où on en est du soin, où on en est de la répression,
54:33et qu'on s'en donne les moyens.
54:35Et c'est là où la réflexion sur la légalisation
54:38et les 4 milliards qu'on déclare d'ailleurs dans notre PIB
54:41viendrait un peu enrichir notre débat.
54:44Parce qu'on ne peut pas dire qu'on met deux balles
54:46dans la tête d'un enfant de 5 ans en fumant un joint,
54:49et ne pas considérer la position française
54:51qui déclare dans son PIB 3 à 4 milliards d'économies de la drogue.
54:55Il y a une incohérence.
54:56Merci, monsieur Loewenstein.
54:57Didier Geyl, un mot là-dessus ?
54:59On est dans un système de prohibition
55:04qui génère la violence et qui génère la guerre des drogues,
55:08la guerre des cartels.
55:10Et puis, d'un autre côté, on a des malades.
55:15Et on a aussi des consommateurs qui veulent consommer
55:19et qui consomment bien.
55:20Donc, je pense qu'on n'est pas à la hauteur de la demande,
55:25ni en termes de soins,
55:27ni en termes d'écoute et de prévention
55:29pour les gens qui pensent que c'est normal
55:31de pouvoir consommer un joint ou une drogue.
55:35Et la société fait que l'offre est extraordinairement
55:39diverses et que la prohibition n'arrive pas
55:44à résoudre ce problème.
55:45Merci beaucoup.
55:46Monsieur le Préfet,
55:47je voudrais un mot de conclusion de votre part.
55:49Est-ce qu'à votre avis,
55:51la lutte contre le trafic de stupéfiants,
55:54le trafic d'armes, la grande délinquance,
55:57est-ce que tout ça aujourd'hui est relié ?
56:00Et c'est ce qui rend le combat difficile.
56:02Oui, c'est très relié
56:04puisqu'il y a beaucoup de délinquances
56:06autour du trafic d'armes,
56:07des violences qui sont liées au trafic.
56:09Et donc, c'est pour ça qu'on parle de narcotrafic.
56:11Oui, oui, tout est lié.
56:12Et c'est ce qui rend le combat difficile,
56:14mais passionnant.
56:15Mais passionnant aussi.
56:16C'est pour ça qu'on va continuer.
56:17Et juste un mot vraiment de conclusion.
56:19Pour les consommateurs les plus lourds,
56:21je pense à ce qui se passe dans le nord-est parisien
56:23où l'action répressive,
56:24on est au bout de ce qu'on peut faire.
56:26On a des consommateurs.
56:27Moi, je sais que je vais vous choquer,
56:29mais j'aimerais tellement que mes policiers,
56:31quand, vers 3 heures du matin,
56:34sur les quais du côté de Rosa Parc,
56:38quai du Lot notamment,
56:40quand ils tombent sur des consommateurs
56:42en grande détresse,
56:43j'aimerais tellement qu'on ait la possibilité
56:45de les confier à des structures associatives,
56:47à des établissements de soins,
56:48et qu'il puisse y avoir pour ces personnes
56:50une contrainte, une véritable contrainte,
56:52et qu'ils soient pris en charge.
56:54Ça éviterait de les avoir sur la voie publique.
56:56Malheureusement, aujourd'hui,
56:57ça n'est pas possible.
56:58Et pour moi, c'est un grand regret
57:00parce que l'action répressive,
57:02là où elle trouve ses limites,
57:03il faut que la dictologie, pour le coup,
57:06commence vraiment de manière contrainte.
57:08Malheureusement, pour certains consommateurs,
57:10il n'y a que la contrainte qui permettra les soins.
57:12Merci, monsieur le préfet.
57:13Merci, monsieur le préfet.
57:15Écoutez, je voudrais, avant de nous quitter,
57:18signaler la publication d'une revue
57:21qui s'appelle Swaps,
57:23qui est dirigée par Didier Geil
57:25et dans laquelle nous apprenons beaucoup de choses
57:29sur les drogues, leur diversification,
57:32leur consommation,
57:33et je crois que c'est un outil extrêmement éducatif.
57:36Merci, messieurs, d'avoir participé à cette émission,
57:40d'avoir apporté un éclairage.
57:42C'est un problème tellement important
57:44qu'il faudrait continuer
57:45et qu'il y a de nombreuses questions.
57:47Je voudrais remercier l'équipe de LCP
57:50qui a permis la réalisation de cette émission
57:53et je vous dis à bientôt.
57:55Merci beaucoup.
57:56Merci.
57:57Merci.
57:58Merci.
57:59Merci.

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