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  • il y a 5 jours
Dans ce nouveau numéro de ZED, Valérie Brochard et les équipes de LCP ont posé leurs caméras dans une classe de 3ème du collège Georges Clémenceau, à Paris 18ème.
Après le visionnage du documentaire : « Heïdi's Ice», les élèves ont échangé avec le réalisateur, Pierre Dugowson, et avec la glaciologue Daphné Buiron.
A quelle allure les glaciers fondent-ils ? quelles conséquences pour la planète ? comment lutter contre le climato-scepticisme ?

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:23Bienvenue en tête, zone d'éducation documentaire.
00:00:25Pour vous donner la parole et vous aider à décortiquer le travail journalistique,
00:00:29LCP apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
00:00:33Mais on est où là ?
00:00:34Dans le collège Georges Clemenceau.
00:00:35À Paris.
00:00:36Et vous avez regardé quel film ?
00:00:37Red is Ice.
00:00:38Alors vous savez quoi ? On va laisser les téléspectateurs et téléspectatrices le découvrir eux aussi
00:00:42et on se retrouve tous ensemble pour en discuter dans votre CDI.
00:00:59Musique douce
00:01:03Musique douce
00:01:07Musique douce
00:01:11Musique douce
00:01:15Musique douce
00:01:19Musique douce
00:01:23Musique douce
00:01:27Musique douce
00:01:31Musique douce
00:01:35C'est trop beau.
00:01:36T'as vu les nuages là, qui sont vraiment rouges, super puissants là ?
00:01:41Musique douce
00:01:46Je me demande si on voit encore le soleil aujourd'hui.
00:01:49Peut-être qu'il est déjà trop bas au-dessous de l'horizon.
00:01:52Musique douce
00:01:55On va voir.
00:01:56On va guetter parce que s'il sort, il va sortir juste là.
00:01:58Musique douce
00:02:00Mais normalement, d'ici quelques jours, c'est officiellement le début de la nuit polaire.
00:02:04Donc là, on est vraiment à la frontière jour-nuit.
00:02:07Musique douce
00:02:14Mais tu comprends ce que je te dis avec ces lumières, ces fameuses lumières du mois d'octobre.
00:02:18Ça, tu vois ça, si je le vois pas, dans l'année, j'ai un besoin physique, tu vois, de voir ça.
00:02:25Musique douce
00:02:27Il n'y a rien de plus beau, quoi.
00:02:29Mais là, t'arrives à voir qui se dessine tout au fond du fjord.
00:02:33Ce que je préfère.
00:02:36Ça, c'est un des plus gros glaciers qu'on a dans la région.
00:02:40Et on devrait s'en rapprocher dans les prochaines heures.
00:02:44Musique douce
00:03:03Donc là, on est en train de se rapprocher de ce glacier de fou, quoi.
00:03:06Qui s'appelle Nordensjøllbren.
00:03:08Je pense que c'est un de mes glaciers préférés, ici, aux Svalbard.
00:03:13Voilà, j'en reviens pas à quel point on s'approche.
00:03:20Regarde-moi toutes ces crevasses, quoi.
00:03:22C'est un des glaciers qui est les plus crevassés par ici.
00:03:27T'as vraiment l'impression de voir les entrailles du glacier.
00:03:31Et c'est fou, c'est que le glacier change ultra rapidement, ici, comme tu le sais.
00:03:36Chaque année, en fait, il est différent.
00:03:38Là, cette grotte de glace, elle n'y était pas il y a quelques mois à peine.
00:03:43Ah, c'est trop beau !
00:03:48Mais tu vois, tous ces glaciers qui se rapprochent de l'océan,
00:03:51c'est les glaciers qui ont été devapés par l'eau.
00:04:01Donc, ça reste un peu la même chose.
00:04:03Ah, c'est trop beau !
00:04:07Mais tu vois tous ces glaciers là qui se rapprochent de l'océan,
00:04:11c'est les glaciers qui se retirent aussi le plus rapidement ici au Svalbard, parce que l'océan se réchauffe vachement,
00:04:17aussi bien sur les températures de l'air.
00:04:19Mais toute cette glace qui est encore en contact avec l'eau, c'est vraiment la glace qui fond le plus rapidement et qui se retire,
00:04:25qui remonte en fait sur terre.
00:04:27Et là tu vois, c'est une sorte de mécanisme de protection du glacier quoi, qui recule, recule, recule.
00:04:32Et une fois qu'il est sur terre, il fond un petit peu moins rapidement.
00:04:41Ah là, c'est tellement beau !
00:04:43D'avoir cette petite couche de neige qui vraiment met les reliefs en valeur,
00:04:48c'est somptueux quoi !
00:04:50Et tu vois souvent, là près de ces grottes, il y a plein d'oiseaux. On les voit, ils sont tout petits, assez lointains.
00:04:56Mais c'est parce qu'au front des glaciers, t'as une sorte de contraste entre l'eau douce du glacier et l'eau salée de l'océan.
00:05:02Et toutes les petites crevettes, tous les petits organismes qui eux, aiment l'eau salée,
00:05:07se retrouvent tout d'un coup baignés dans l'eau douce, ne comprennent pas ce qui se passe, remontent à la surface et les oiseaux vont l'hypnotiser.
00:05:18On dirait du marbre presque, c'est fou hein !
00:05:22Je crois que le bleu de la glace, c'est quelque chose qui nous hypnotise tous.
00:05:27C'est une grande partie de la raison pour laquelle je suis venue au glacier d'Oyne.
00:05:31C'est voir des trucs comme ça quoi.
00:05:34C'est vraiment rare en tout cas de pouvoir voir la toute basse du glacier.
00:05:39Et la raison pour laquelle la glace est toute aussi bleue, c'est parce que la glace qui est à la base, elle est tellement écrasée sous le poids de la glace au-dessus,
00:05:50que toutes les petites bulles d'air qui sont prises au piège dans la glace, se sont échappées en fait, sous la pression.
00:05:55Et plus il y a de bulles d'air, plus la glace a l'air blanche et moins il y a de bulles d'air, plus elle est bleue.
00:05:59Et le bleu c'est la seule couleur qui ne passe pas au travers de la glace, qui est rebondie en quelque sorte.
00:06:06Et c'est pour ça qu'on voit par nos yeux que la glace est bleue.
00:06:14C'est fou quoi. Et là c'est sûrement un endroit qui est très actif, où on a ce qu'on appelle ces fameux vélages d'icebergs.
00:06:21Donc là où la glace se casse, tombe dans l'océan et forme tous ces icebergs qui contribuent à l'augmentation du niveau des océans.
00:06:29Et c'est là que l'on voit les glaciers.
00:06:44Il est magnifique. Je vois plein de signes de la fonte, quoi qu'il y ait eu lieu cet été.
00:06:49Ça a été un été juste désastreux ici pour les glacios Valbah.
00:06:53En fait, chaque été est pire que l'été précédent.
00:06:55On a perdu vraiment un énorme volume de glace ces derniers mois.
00:07:00Donc là, même si c'est très beau, je ne peux pas m'empêcher de remarquer tous ces petits signes qui nous montrent que le glacier s'est vraiment aminci, il a perdu beaucoup d'épaisseur.
00:07:10On ne voyait pas du tout autant de roches l'année dernière.
00:07:16Et le problème, c'est que c'est un vrai cercle vicieux qui se met en place ici.
00:07:20Tu vois, déjà, le glacier est en contact avec l'océan et l'océan se réchauffe de façon catastrophique ici dans l'Arctique.
00:07:27Mais aussi, plus il y a de roches exposées autour du glacier, plus ces roches emmagasinent la chaleur du soleil et plus le glacier se retire.
00:07:37Et là, tu vois, c'est des lambeaux ce qui reste ici.
00:07:41Tu vois, même si ça reste un monstre de glace, tu te rends compte qu'ils sont hyper fragiles, hyper sensibles à ce qui se passe.
00:07:49Ah, un petit oiseau.
00:07:51Finalement, ces glaciers contribuent directement à tout un écosystème ici.
00:07:56Ce n'est pas que important pour les glaciologues, c'est sûr.
00:07:59Mais c'est magique.
00:08:01Tu vois qu'il a quand même un corps de l'énergie, ce glacier. Franchement, il se bat.
00:08:05Le fait qu'il soit ultra crevassé, ça nous montre qu'il y a encore énormément de glace qui pousse,
00:08:10qui essaie de bouger toute cette masse en direction de l'océan.
00:08:13Donc, il en a un corps sous le pied.
00:08:15Nord d'Unscholbrenn.
00:08:17Il est connecté à une partie de l'Océan.
00:08:20Il est connecté à une partie de l'Océan.
00:08:22Il est connecté à une partie de l'Océan.
00:08:24Il est connecté à une partie de l'Océan.
00:08:25Il est connecté à une partie de l'Océan.
00:08:27Nord d'Unscholbrenn.
00:08:29Il est connecté à une énorme calotte juste derrière les montagnes.
00:08:33Donc, il a de la chance. Il a encore pas mal de décennies devant lui.
00:08:37Mais là, tu vois, en partie basse, tout montre que le glacier est en train de subir un changement climatique catastrophique.
00:08:49Je ne sais pas si tu arrives à voir, mais on voit ses veines, ses lignes dans la glace.
00:08:55Et en fait, chaque ligne, c'est une année d'accumulation de neige sur le glacier.
00:09:02C'est un peu comme les cernes d'un arbre, où en fait, tu peux, si on le faisait comme
00:09:07il faut, tu peux compter le nombre de ces lignes pour reconstruire l'âge du glacier.
00:09:14Et donc là, on est en face d'un sacré vieillard quand même.
00:09:19Cette glace, elle a facilement plusieurs centaines d'années.
00:09:23Et tout ça, toute cette mémoire, on est en train de la voir disparaître sous nos yeux.
00:09:28Mais il y a toujours un aspect de fou, quand tu regardes ces glaciers, c'est que pour
00:09:33moi, c'est vraiment la pureté absolue.
00:09:35Il n'y a pas plus beau, je trouve, sur Terre, ou du moins dans l'Arctique, des glaciers
00:09:40pareils.
00:09:41Mais tu sais que s'il y a un morceau de glace qui se décroche, franchement, on est tellement
00:09:45proche, on est mort.
00:09:47Et donc, il y a toujours ce contraste où tu te dis « Ah ouais, c'est super beau ! »
00:09:51Et en même temps, tu sais que c'est « deadly », des paysages comme ça, ils sont toujours
00:09:57beaucoup plus forts que toi.
00:09:58Si tout le monde pouvait voir ça sur Terre, t'imagines ?
00:10:04Je pense que si les gens avaient l'occasion de voir ça, de sentir l'air qui vient des
00:10:11glaciers, t'as vraiment l'impression de sentir le pouls du glacier.
00:10:15Je suis sûre qu'on s'intéresserait beaucoup plus à ce qui se passe ici.
00:10:20Déjà qu'on comprendrait leur force, c'est quand tu vois ça, et ça c'est un glacier
00:10:26parmi des centaines de milliers d'autres, quand tu vois ça, tu comprends la force du
00:10:32truc.
00:10:33C'est ça que j'essaie de partager, de montrer déjà à quel point c'est beau, c'est magnifique
00:10:38ces monstres de glace.
00:10:39Mais à quel point, malgré leur beauté, malgré le fait qu'ils soient gigantesques, c'est
00:10:47ultra fragile pour un glacier.
00:10:49Il y a besoin de peu de choses pour que toute cette glace parte, et que tout ça contribue
00:10:56à l'élévation du niveau des océans.
00:10:57En plein été, t'imagines des températures assez hautes, énormément d'eau qui ruisselle
00:11:04du glacier, et sans arrêt, t'as des vélages, des morceaux de glace qui se décrochent du
00:11:13fond du glacier.
00:11:15T'as l'impression d'être dans un terrain miné, t'as l'impression que c'est la guerre,
00:11:19tellement que le glacier est actif, tellement qu'il est vivant, et tellement qu'il fond
00:11:24rapidement.
00:11:25Et maintenant, là que l'hiver arrive, tout se calme un petit peu.
00:11:30Mais tu vois là, toutes ces petites îles, toutes les roches qu'on a juste à côté
00:11:38de nous, il y a quelques années c'était sous la glace, c'était complètement sous
00:11:42la glace.
00:11:43Là tu vois, même le trou là-haut, il n'y était pas, ça n'y était pas il y a quelques
00:11:52mois.
00:11:53Et là tu vois, le glacier il est en train de se faire attaquer de partout, de partout.
00:11:59Et ce qui me touche, c'est que ce glacier, ça fait super longtemps que je le connais,
00:12:04je crois que c'était en 2008, la première fois où je suis allée sur le glacier, c'était
00:12:08le premier glacier que j'ai étudié au Svalbard, à l'époque j'étais étudiante
00:12:12en licence, donc je commençais vraiment mes études en glaciologie, et on nous avait
00:12:17fait camper juste là sur la gauche, pendant une quinzaine de jours, et je me souviens
00:12:22avec mes profs, marcher au milieu des crevasses, on n'était même pas encordés, je crois
00:12:26que je ne me souviens même plus, on avait des crampons, et les profs nous disaient juste
00:12:29« évitez de tomber dans les crevasses quand même, ce serait sympa ». Et à l'époque,
00:12:34je pense qu'on ne se rendait pas du tout compte à quel point le glacier était dangereux,
00:12:38et maintenant ce n'est plus autorisé, maintenant ils ne le font plus comme ça à l'université,
00:12:41mais oui, ça fait longtemps que je le crois ce glacier, et ça me désole de voir l'état
00:12:46dans lequel il est aujourd'hui.
00:13:01T'as l'impression d'avoir des écailles de dragon, non ? Qui caressent les rochers.
00:13:11Je suis tellement contente qu'on voie ces couleurs.
00:13:41Merci beaucoup d'être là. Je dois dire que c'est toujours une joie de revenir à l'Unis.
00:13:46Je m'appelle Heidi Silvestre, mon background est en biologie, et laissez-moi vous dire
00:13:51que j'ai passé assez de temps assis dans cette salle, que ce soit en tant qu'étudiante
00:13:55de bachelor, ou en tant qu'étudiant de Ph.D. au département de géologie.
00:14:00Et c'est vraiment pendant mon temps ici à l'Unis que j'ai eu l'occasion de m'intégrer
00:14:06à l'art de l'accueil. Et chaque et chacune d'entre vous ici est au bon endroit
00:14:12au bon moment. Vous devez comprendre qu'en étant ici, dans l'un des environnements
00:14:19les plus chauds de la Terre, vous avez un énorme pouvoir. Vous pouvez passer du temps
00:14:24dans l'espace. Vous pouvez witnesser des changements incroyables.
00:14:31Vous pouvez collecter les données pour les synthétiser pour la communauté scientifique.
00:14:36Mais évidemment, avec ce grand pouvoir de connaissance, vient une grande responsabilité.
00:14:42Et aujourd'hui, mon discours s'adresse à l'obligation que nous avons en tant qu'experts
00:14:48de communiquer sur ce que nous voyons dans l'espace, de communiquer sur ce que nous
00:14:52voyons dans l'espace, de communiquer sur ce que nous voyons dans l'espace, de communiquer
00:14:57sur ce que nous voyons dans l'espace, de communiquer sur ce que nous apprenons,
00:15:01sur ce que nous comprenons, et de raconter au monde entier ce qui se passe dans l'Arctique.
00:15:07Parce que ce qui se passe ici, à Svalbard, affecte évidemment le reste du monde.
00:15:12Et cela m'a permis de créer un projet qui a eu lieu l'année dernière, qui s'appelle
00:15:18Climate Sentinels. Nous avons essayé de complètement changer la façon dont nous faisons
00:15:23l'apparition de la science dans l'Arctique.
00:15:25Tout d'abord, nous avons créé un équipe de scientifiques femmes.
00:15:30Nous avons aussi connecté avec des écoles dans le monde entier, du Canada à l'Australie,
00:15:35la France, les Etats-Unis. Et puis, le plus important, nous avons montré que même dans
00:15:40les environnements les plus extrêmes, nous pouvons essayer de réduire notre
00:15:44empreinte carbone autant que possible.
00:15:46Évidemment, ici à Svalbard, vous n'avez pas beaucoup d'options pour réduire votre
00:15:50empreinte carbone. C'est principalement lié à la façon dont vous voyagez dans l'espace.
00:15:55Et l'unique option que nous avions, c'était de skier, de tirer une polka pendant un mois,
00:16:00de skier de Hornsund à Nialesund. Et c'est ce que nous avons fait pendant 32 jours.
00:16:07Et je peux vous dire que je suis toujours totalement cassée de l'expédition.
00:16:11C'était dur, mais nous voulions montrer que nous pouvons faire mieux, que nous pouvons
00:16:16faire la science différemment, même dans les environnements les plus extrêmes.
00:16:20Nous avons collecté des samples de neige de plus de 450 kilomètres pour mieux
00:16:25comprendre la déposition de carbone noir sur la neige ici à Svalbard.
00:16:29Comme vous le savez, la pollution du sud est venu jusqu'ici,
00:16:33changeant l'albido de ces environnements, faisant qu'ils s'éteignent encore plus rapidement.
00:16:38Et aujourd'hui, nos samples sont à l'Université de Washington au sud, et ils nous aideront
00:16:43à comprendre d'où vient la pollution, mais aussi à ce qui a brûlé en premier lieu.
00:16:49Et cela nous aide vraiment à pointer ces zones dans le monde qui affectent le plus
00:16:55la neige et l'eau ici à Svalbard.
00:16:59Et cette expédition, par ailleurs, a été la chose la plus difficile que j'ai jamais faite.
00:17:04Et nous n'avons pas pris des photos quand les conditions étaient vraiment horribles,
00:17:09mais elles étaient vraiment horribles.
00:17:11Je ne sais pas si certains d'entre vous étaient ici en avril de l'année dernière,
00:17:15mais il y avait littéralement une tempête après l'autre, après l'autre, après l'autre.
00:17:20Nous n'avons jamais vu la fin de tout ça.
00:17:23Chaque jour, nous risquions de perdre nos chambres ou notre camp.
00:17:27Nous devions trouver des trous dans la neige pour éviter d'être évacués par Sissomanen.
00:17:33Et cela nous a aidés à continuer et à réussir à terminer l'expédition.
00:17:39Mais ce que nous avons rencontré jour après jour
00:17:42était directement le résultat du changement climatique.
00:17:46Nous avons vu ce que les scientifiques ont dit pendant des décennies et des décennies,
00:17:50c'est qu'avec chaque augmentation du degré,
00:17:54ce que nous obtenons à Svalbard sont des températures plus élevées,
00:17:57des conditions moindres, mais aussi des systèmes de neige complètement imprédictables.
00:18:03C'était fou pour nous de voir ça.
00:18:06Depuis que je suis arrivée à Svalbard en 2008, j'ai vécu ici pendant 4 ans,
00:18:10je n'avais jamais vu quelque chose comme ça.
00:18:13Et je peux vous dire que nous sommes revenus de cette expédition avec tellement de rage
00:18:19pour dire au monde ce que nous avons vécu,
00:18:22pour dire au monde le fait que ce qui se passe ici dans l'Arctique
00:18:26affecte vraiment le reste du monde.
00:18:29Je suis sûre que tous vous êtes sur LinkedIn, sur Facebook, sur Snapchat,
00:18:35sur Twitter, Instagram, TikTok,
00:18:39tous vous avez les outils nécessaires pour faire accessible cette science
00:18:43à autant de personnes que possible.
00:18:45C'est notre devoir, en tant que personnes de Svalbard,
00:18:49qui ont le privilège d'être ici,
00:18:51de communiquer sur ces questions.
00:18:54Et donc, dès que nous sommes revenus de l'expédition,
00:18:56la première nuit que je suis retournée en ville,
00:18:58je parlais aux policiers en France
00:19:00sur ce que nous avions vécu.
00:19:02Et j'ai commencé à recevoir des milliers et des milliers de messages
00:19:05sur cette expédition.
00:19:07Et encore aujourd'hui, presque tous les jours,
00:19:09je reçois des messages des enfants du monde entier
00:19:12qui me demandent des questions sur le changement climatique.
00:19:15Et il y a quelques années, j'ai reçu des messages bizarres sur Instagram.
00:19:18C'était en 2019.
00:19:21J'ai vérifié mon Instagram et j'ai commencé à voir ces messages
00:19:25d'une organisation nommée Cumbres Blancas Colombia.
00:19:29Je me disais, qu'est-ce que c'est?
00:19:31Donc, j'ai commencé à lire les messages et il disait,
00:19:34« Chère Heidi, ce serait génial de t'avoir ici
00:19:37et de visiter nos glaciers glaciers.
00:19:40Nous avons tellement à apprendre sur les glaciers tropiques
00:19:43et malheureusement, ces glaciers ne vont pas exister
00:19:45dans les prochains 30 ans. »
00:19:47Donc, Cumbres Blancas Colombia
00:19:49est cet incroyable groupe de personnes
00:19:51qui mènent des montagnes dans leur pays.
00:19:54Ils ne sont pas des scientifiques.
00:19:56Ils sont des jeunes, des influenceurs, des artistes.
00:20:01Ils travaillent avec des communautés indigènes
00:20:04et ils ont réalisé qu'il y avait des glaciers dans leur pays.
00:20:08Et ils feront tout ce qu'il faut
00:20:10pour préserver ces glaciers le plus longtemps possible.
00:20:14Et cinq mois après avoir reçu ce message,
00:20:16j'étais là, dans une chambre fumée,
00:20:19pendant un jour et demi,
00:20:22parlant à ces communautés indigènes
00:20:25et ils m'ont donné la permission
00:20:27d'aller étudier les glaciers de Colombia.
00:20:30Ils ont 70 petits glaciers
00:20:33qui sont appelés « glaciers tropiques ».
00:20:36Ils s'éloignent de l'équateur
00:20:38et ils se battent fort pour survivre.
00:20:41Mais aujourd'hui, malheureusement,
00:20:42il n'y a rien qu'on peut faire pour sauver ces glaciers tropiques.
00:20:45Il n'y a rien qu'on peut faire
00:20:47pour les empêcher de disparaître complètement.
00:20:50Leur point de température est de 1°C.
00:20:52Au-dessus de ça, ces glaciers disparaîtront.
00:20:55Et comme vous le savez,
00:20:56nous sommes déjà bien au-dessus, plus 1°C.
00:21:00L'eau va dans ces écosystèmes fous
00:21:04appelés paramos.
00:21:06Les paramos sont remplis d'espèces endémiques
00:21:08et c'est une image d'un drone en regardant en bas.
00:21:11Les paramos sont ces eaux mouillées
00:21:13qui fonctionnent comme des éponges naturelles.
00:21:17Elles récupèrent l'eau des glaciers
00:21:19et relâchent l'eau pendant l'année.
00:21:21Finalement, l'eau descend dans les vallées
00:21:25et ces glaciers peuvent avoir une influence
00:21:27sur des dizaines de kilomètres,
00:21:29même des centaines de kilomètres,
00:21:31de l'endroit où ils sont trouvés.
00:21:33Et ces glaciers aident à soutenir
00:21:35toutes les économies en Colombie.
00:21:38C'est ici que se trouvent les lieux de café.
00:21:41C'est ici que le café croît.
00:21:43C'est pour cela que, aujourd'hui,
00:21:45ces glaciers sont toujours si importants.
00:21:49Et nous devons dire au monde entier
00:21:51dessus ces glaciers tropiques.
00:21:53Parce que si ces glaciers disparaissent,
00:21:55qu'est-ce qui vient après ?
00:21:57D'après les glaciers des Himalayas,
00:21:59d'après les glaciers de Patagonie,
00:22:01les glaciers d'Alaska.
00:22:03Et tous ces glaciers
00:22:05s'importent encore aujourd'hui.
00:22:07C'est essentiel que vous compreniez
00:22:09la responsabilité que nous avons
00:22:11en tant que personnes qui tournent
00:22:13le champ ici, dans Svalbard.
00:22:15En tant que personnes qui comprennent
00:22:17la science, en tant que personnes
00:22:19qui peuvent synthétiser la science.
00:22:21Parce que si ce n'était pas nous,
00:22:23qui dirait aux policiers
00:22:25ces environnements ?
00:22:27Qui dirait au secteur privé
00:22:29ce qui se passe ici,
00:22:31dans l'Arctique ?
00:22:33Qui dirait vos parents,
00:22:35vos amis ?
00:22:37Qui dirait votre cercle d'influence
00:22:39sur ces changements ?
00:22:41Bien, personne ne le dirait.
00:22:43C'est très clair.
00:22:45Je n'expecte personne d'autre
00:22:47que vous pour partager
00:22:49votre science,
00:22:51pour rendre votre science plus accessible.
00:22:53Et aujourd'hui, nous n'avons absolument
00:22:55pas de temps resté
00:22:57pour commencer la lutte contre
00:22:59le changement climatique.
00:23:01Et vous le savez tous,
00:23:03ici, dans cette salle.
00:23:05Donc, c'est vraiment l'heure
00:23:07de parler, de parler.
00:23:09Et j'espère vraiment pouvoir
00:23:11compter sur chacun d'entre vous.
00:23:13Applaudissements
00:23:17Beaucoup de gens se sont rendu compte
00:23:19que le changement climatique
00:23:21n'est pas réel.
00:23:23Et en même temps,
00:23:25comme quelqu'un
00:23:27qui fait de l'accueil,
00:23:29de l'éducation scientifique,
00:23:31vous devez essayer d'y arriver.
00:23:33Comment faites-vous ça ?
00:23:35J'ai conduit un expériment
00:23:37il y a quelques années.
00:23:39Je ne sais pas si c'était bon ou pas.
00:23:41J'ai été totalement banquée
00:23:43de Facebook à cause de ça.
00:23:45J'ai voulu apprendre plus
00:23:47sur ces gens.
00:23:49Je voulais vraiment
00:23:51comprendre pourquoi
00:23:53les gens croient que la Terre est plate,
00:23:55que le changement climatique
00:23:57n'est pas réel,
00:23:59que le CO2 ne peut pas
00:24:01affecter les températures de la Terre.
00:24:03En France, j'ai rejoint
00:24:05deux groupes sur Facebook
00:24:07qui s'appellent
00:24:09« We don't know what's happening ».
00:24:11Mais j'ai vraiment
00:24:13rejoint eux avec un bon cœur.
00:24:15Je voulais vraiment
00:24:17comprendre comment
00:24:19on peut vivre aujourd'hui
00:24:21en tant qu'adulte
00:24:23et en essayant de combattre
00:24:25la science de l'IPCC,
00:24:27de la NASA, de l'ESA.
00:24:29Pour deux ans,
00:24:31j'étais sur ces pages.
00:24:33Ils avaient tellement de connaissances
00:24:35sur la science et le changement climatique.
00:24:37Ça m'a permis d'être tellement mieux
00:24:39à connaître les principes.
00:24:41Finalement, ils ont commencé
00:24:43à partager des choses sur les glaciers.
00:24:45Je n'arrivais pas à rester calme.
00:24:47J'ai commencé à interagir avec eux.
00:24:49J'ai toujours été extrêmement police.
00:24:51C'est très important, sinon
00:24:53vous serez bloquée tout de suite.
00:24:55Mais j'ai vraiment appris
00:24:57que ces gens ont perdu
00:24:59la confiance dans les institutions
00:25:01en général.
00:25:03Ils ont perdu la confiance dans les gouvernements.
00:25:05Ils ont perdu la confiance dans la NASA et l'ESA.
00:25:07Ils n'ont même pas mentionné l'IPCC.
00:25:09Ils ont créé
00:25:11une petite communauté
00:25:13où ils appartiennent.
00:25:15Une communauté où,
00:25:17tout d'un coup,
00:25:19ils sont rélevants.
00:25:21Ils jouent un rôle.
00:25:23Les gens l'écoutent.
00:25:25Ils se sentent aussi
00:25:27vraiment menacés
00:25:29par les changements climatiques
00:25:31que nous mentionnons.
00:25:33Ce n'est pas une question
00:25:35d'argumentation,
00:25:37de données,
00:25:39de rapports, de publications.
00:25:41Ils ne s'intéressent absolument pas.
00:25:43Je pense qu'il n'y a pas de point
00:25:45d'essayer de perdre du temps
00:25:47pour amener ces gens de retour,
00:25:49à moins qu'ils soient
00:25:51les décideurs.
00:25:53À moins qu'ils aient un rôle
00:25:55vraiment important à jouer
00:25:57et qu'ils puissent vraiment changer tout.
00:25:59La première chose qu'ils vont vous attaquer
00:26:01c'est les médias sociaux.
00:26:03Nous voulons tous faire le travail sur le terrain.
00:26:05Je suis l'une des premières
00:26:07qui veut toujours prendre un avion
00:26:09pour faire le travail sur le terrain
00:26:11où il se trouve.
00:26:13Mais il faut vraiment
00:26:15réfléchir.
00:26:17Est-ce qu'il y a quelqu'un
00:26:19dans cette région
00:26:21qui peut faire le travail sur le terrain
00:26:23au lieu de moi?
00:26:25Dans l'Arctique, par exemple,
00:26:27nous travaillons de plus en plus
00:26:29avec les médias sociaux.
00:26:31Nous devons réfléchir
00:26:33avant de nous retrouver
00:26:35dans le domaine
00:26:37pour réduire le caractère carbone
00:26:39de la recherche.
00:26:41Si vous voulez être la personne
00:26:43qui dit aux policiers
00:26:45qu'il faut être compatible
00:26:47à 1.5,
00:26:49votre recherche doit être compatible
00:26:51à 1.5 aussi.
00:26:59L'Arctique,
00:27:01c'est une région
00:27:03où il y a
00:27:05beaucoup d'informations
00:27:07sur le terrain.
00:27:09Il y a beaucoup
00:27:11d'informations sur le terrain.
00:27:13Il y a beaucoup
00:27:15d'informations sur le terrain.
00:27:17Il y a beaucoup
00:27:19d'informations sur le terrain.
00:27:21Il y a beaucoup
00:27:23d'informations sur le terrain.
00:27:25Il y a beaucoup
00:27:27d'informations sur le terrain.
00:27:29Mon glacier, voilà ce que j'ai fait.
00:27:59Qu'es-tu devenu ?
00:28:00Les éclats de glace, partout, que tu laisses dans l'océan glacial arctique.
00:28:07Regarde-moi ça, éparpillé à droite, à gauche,
00:28:23écrit au piège dans la banquise, le reste de ton corps.
00:28:32Ces icebergs ne sont plus du tout connectés à toi.
00:28:48Dès que l'été sera venu, ils vont fondre, attaqués par le soleil, par les températures.
00:29:01D'ici quelques mois, il n'y aura plus rien à cet endroit.
00:29:08Tout cet univers blanc, gigantesque,
00:29:38se fait attaquer de toutes parts aujourd'hui.
00:29:40Pourtant, ça fait longtemps que t'es là, si longtemps, que tu façonnes ce paysage,
00:29:51que tu amènes ton eau dans l'océan arctique, c'est aussi riche qui fertilise les fjords
00:30:01et l'océan tout autour.
00:30:02C'est fou de se sentir comme à la maison.
00:30:32Alors que tout est froid, tout est blanc, tout est glacé, mais entouré par tes icebergs,
00:30:50c'est là où je me sens bien.
00:31:02Il y a quelque chose de magique ici, quelque chose d'indescriptible.
00:31:19C'est jamais pareil, il y a toujours quelque chose qui s'y passe, que ce soit le vent
00:31:30qui caresse ces dunes de neige, ces icebergs qui se décrochent pour être pris au pied
00:31:38de leurs banquises, les sons, le manque d'odeur, le froid qui nous paralyse mais qui aussi
00:31:56nous remet bien les idées en place.
00:32:26C'est vraiment un des environnements les plus puissants, un des environnements les
00:32:51plus mortels aussi.
00:33:21Que chaque iceberg qui se décroche de toi a des conséquences partout ailleurs sur terre.
00:33:27Que chaque graine, chaque bloc de glace que tu perds affecte des milliers voire des millions
00:33:42de personnes bien au-delà de l'Arctique.
00:33:44Est-ce que tu sais aussi que ton eau, elle permet à des millions voire carrément des
00:33:56milliards de personnes de boire, d'avoir une agriculture, de produire de l'hydroélectricité.
00:34:04Alors aujourd'hui, pour te remercier, on est carrément en train de te faire disparaître.
00:34:14Je crois qu'on a vraiment rien compris.
00:34:19T'en as tellement besoin de toi, de ton eau, de ta couleur, de ta glace.
00:34:49Si tu pouvais parler, je me demande ce que tu nous dirais.
00:35:07Je me demande si tu nous demanderais de nous battre pour toi, juste d'accepter les choses
00:35:16telles qu'elles sont.
00:35:17Je me demande si tu souffres, si tu ressens ce qui se passe.
00:35:25Alors qu'aujourd'hui, le regard de toi, tes entrailles complètement exposées, tes crevasses
00:35:41qui te traversent.
00:35:42J'ai bien conscience que quand je te regarde aujourd'hui, je ne sais plus jamais je te
00:36:02reverrai aussi gros, aussi beau, aussi majestueux, qu'année après année, tu ne fais que reculer,
00:36:13tu ne fais que partir.
00:36:14C'est vraiment une mort à petit feu, c'est une agonie qui continue et qui n'en finit
00:36:27pas.
00:36:28Moi, c'est impossible d'imaginer ces paysages sans toi, sans toi qui les couronne, sans
00:36:40toi qui les domine.
00:36:41Je te vois vraiment comme un sage, comme un ancêtre, comme celui qui a toujours été
00:36:54là.
00:36:57Quoi qu'il arrive, moi je te regarde et j'aimerais que tu tiennes.
00:37:24Et hop, sur la plage, sur la plage de Advenfjorden, qui est le fjord qui est directement connecté
00:37:43à la capitale du Svalbard, Longyearbyen, et là on est début mai et comme vous pouvez
00:37:52le voir, il n'y a pas du tout, du tout de banquise dans le fjord, et ce fjord est connecté
00:37:58à un fjord encore plus grand, qui est juste ici sur la droite, qui s'appelle Isfjorden.
00:38:05Alors cette année, ça a été super compliqué pour la banquise, en fait ça fait des mois
00:38:13ici que les scientifiques de l'université prévoient que ça va être presque un point
00:38:19de non-retour pour les fjords ici au Svalbard.
00:38:22Dès le mois de novembre, ils nous annonçaient qu'en fait que la température de l'eau était
00:38:27beaucoup beaucoup trop chaude.
00:38:28Alors là je suis sûre que si je mets les doigts dedans, ça va pas être à 20 degrés.
00:38:32Ouais, elle est quand même bien fraîche.
00:38:35Mais ce qui se passe, c'est que ces fjords en fait, ils reçoivent de l'eau qui vient
00:38:41du Gullstream, et cette eau malheureusement, elle est de plus en plus chaude, donc on a
00:38:46de l'eau qui est beaucoup trop chaude ici, au Svalbard, dans ce fjord-là en particulier
00:38:53pour que la banquise se forme.
00:38:54C'est fou de voir que tout est lié, que la perte de cette banquise au nord, elle impacte
00:39:00directement notre population, nos écosystèmes, notre économie, beaucoup plus au sud, en
00:39:06Europe et en France.
00:39:08Donc ça dépend vraiment que de nous, ce qu'on veut faire de cette banquise, chaque
00:39:13tonne d'énergie fossile que l'on brûle, que ce soit du gaz naturel, du pétrole ou
00:39:18du charbon, tout ça, ça participe activement à la disparition de la banquise.
00:39:24Donc très clairement, l'avenir de la banquise, il est entre nos mains, et notre avenir est
00:39:30directement lié à celui de la banquise, donc son avenir et notre avenir ne tient plus qu'à
00:39:36nous aujourd'hui.
00:40:44Ce qu'on est en train de voir là, c'est un énorme méandre qui a été créé par l'eau
00:40:58au contexte de la glace, et on a du mal à imaginer à quel point cette glace peut complètement
00:41:04changer le comportement du glacier.
00:41:06D'avoir de l'eau liquide ici, déjà ça réchauffe le glacier de l'intérieur, et cette eau au
00:41:11bout d'un moment, elle arrive toujours à trouver le moyen d'aller à la base du glacier.
00:41:16Et lorsqu'elle arrive à la base du glacier, elle peut lubrifier le mouvement du glacier
00:41:20sur un socle rocheux et en accélérer le mouvement.
00:41:24Donc d'étudier ces cavernes de glace, ces cathédrales de glace, c'est ultra important
00:41:29pour comprendre l'interaction entre l'eau et la glace et la dynamique du glacier.
00:41:41Ici, on voit un truc qui est assez rare dans ce genre de glacier, qui a l'air complètement
00:41:52statique, qui ne bouge plus du tout aujourd'hui.
00:41:54Ce qu'on voit, c'est l'indication qu'il y a un sacré petit bout de temps, probablement
00:41:59il y a 100-150 ans, le glacier était au contraire ultra actif, ultra dynamique.
00:42:06Et là, on voit bien la différence dans la couleur de la glace.
00:42:09De part et d'autre de cet endroit très sombre, on a de la glace de glacier normale.
00:42:15Alors c'est quoi de la glace de glacier normale ? En fait, c'est tout simplement de la glace
00:42:19qui est remplie de petites bulles d'air, qui s'est créée par l'accumulation de neige
00:42:24sur des dizaines, voire des centaines d'années.
00:42:27Et ça, on s'attend à voir ça dans tous les glaciers, c'est complètement normal.
00:42:31Et tout d'un coup, on a cette veine ici, où on a certes de la glace, mais on voit
00:42:38qu'elle est complètement transparente, et qu'il n'y a plus une seule bulle d'air
00:42:42à l'intérieur, ce qui est assez fou.
00:42:45Et de part et d'autre de cette zone toute noire, on a des sédiments.
00:42:49Et en fait, ce qu'on est en train de regarder ici, c'est une ancienne crevasse, une ancienne
00:42:53fracture qui s'est formée à un moment où le glacier était hyper actif, hyper actif
00:42:59dans le sens où le glacier bougeait très vite à l'époque, le glacier s'étirait
00:43:04dans tous les sens, ça formait ces fameux cracs, ces fameuses fractures.
00:43:08Et ce qu'on voit aussi, c'est cette zone sans bulle d'air, qui est faite de glace,
00:43:12mais pas de glace de glacier cette fois-ci.
00:43:14C'est tout simplement de l'eau qui a dû remplir ce crac à la fin de la période
00:43:20dynamique de la glace.
00:43:21Et ce qui est génial, c'est que cette énorme fracture, on la retrouve tout du long.
00:43:25Donc on voit que la fracture continue vraiment de part et d'autre ici, du tunnel, et elle
00:43:31continue.
00:43:32Et ça, si on n'avait pas ça, on aurait vraiment du mal à reconstruire l'histoire
00:43:37du glacier.
00:43:38Donc ça nous permet de comprendre que finalement, les glaciers peuvent changer très vite de comportement.
00:43:56Si on était venus ici il y a un an, le sol de la grotte de glace, il serait juste ici.
00:44:01Ce qu'on a ici, c'est l'ancien sol sur lequel les gens marchaient au printemps de
00:44:07l'année dernière.
00:44:08Ce qui se passe, c'est que l'eau de fonte, elle creuse ces galeries qui sont monumentales,
00:44:12ces canyons en fait, dans le glacier, et l'eau est vraiment capable de couper dans la glace
00:44:19comme dans du beurre.
00:44:20C'est vraiment ultra puissant.
00:44:22On se retrouve avec des canyons gigantesques comme celui qu'on a au-dessus de notre tête.
00:44:27Et là maintenant, on doit avoir bien 20-30 mètres de glace.
00:44:30Et ce qui se passe, c'est que ce canyon, le glacier en fait, il faut comprendre qu'il
00:44:36essaye toujours de le refermer.
00:44:37Donc pendant l'hiver, lorsqu'il n'y a plus du tout d'eau qui va continuer à creuser,
00:44:43lorsqu'il n'y a plus rien en fait qui maintient ces canyons ouverts, la glace naturellement
00:44:49de glacier va essayer de boucher tous ces trous.
00:44:52La glace, elle a l'air dure comme ça, mais elle est quand même un petit peu visqueuse.
00:44:56Et ainsi, on trouve ces canyons qui petit à petit vont se refermer.
00:45:10Symphonie pour un glacier.
00:45:21Symphonie pour un glacier.
00:45:23Symphonie pour un glacier.
00:45:25Symphonie pour un glacier.
00:45:48Ce glacier, c'est de loin un des glaciers que je connais le plus sur Terre.
00:45:53J'y ai passé mes dix jours, des semaines, des mois à mesurer sa taille, à mesurer
00:45:59à quelle vitesse ce glacier réagit au dérèglement climatique.
00:46:02Et en revenant ici aujourd'hui, que je remarque déjà, rien qu'en regardant le front du
00:46:06glacier là où on est, à quel point il a reculé ces dernières années.
00:46:09C'est un glacier qui s'est complètement métamorphosé en réagissant au dérèglement climatique.
00:46:15Et il faut dire qu'ici, au Svalbard, on est à l'endroit sur Terre qui se réchauffe
00:46:20le plus vite aujourd'hui.
00:46:22On mesure que le Svalbard se réchauffe six à sept fois plus vite que le reste de la planète.
00:46:29Je pense que le petit oiseau qui est dans la falaise est d'accord avec moi.
00:46:34Les changements qu'on observe ici sont juste hallucinants.
00:46:37Ce glacier là, c'est ce qu'on appelle un petit glacier, il fait 4-5 kilomètres de long.
00:46:42Mais c'est un glacier parmi les 200 000 glaciers dans le monde.
00:46:46Et on sait qu'aujourd'hui, tous ces glaciers réagissent au dérèglement climatique.
00:46:50Et une des conséquences de leur perte de glace, de leur perte de volume,
00:46:56c'est notamment l'élévation du niveau des océans.
00:46:59Même si tu as un glacier ici au Svalbard qui perd de la glace,
00:47:03cette glace va faire augmenter le niveau des océans partout sur Terre.
00:47:08Et on sait que tous les océans sont connectés.
00:47:10Que l'on habite dans les Philippines, que l'on habite à Miami ou que l'on habite au Havre,
00:47:17on remarque déjà aujourd'hui que le niveau des océans augmente.
00:47:21Et que cette augmentation, et c'est ça qui est vraiment terrible, s'accélère.
00:47:25Aujourd'hui, on est en train de suivre le pire scénario possible au niveau du dérèglement climatique.
00:47:31Et toute cette glace, on sait que si elle fondait aujourd'hui,
00:47:35elle pourrait augmenter le niveau des océans de 65 mètres.
00:47:39Et sur Terre, juste entre 0 et 10 mètres d'altitude, il y a 700 millions de personnes.
00:47:46Et c'est vraiment ces espaces littoraux, ces espaces économiques qui sont extrêmement riches,
00:47:51c'est là où il y a le plus de croissance,
00:47:53c'est là aussi où il y a le plus de croissance au niveau des populations.
00:47:56Et on sait que ces populations, si ça continue comme ça,
00:47:59elles commencent déjà à se déplacer, mais il y aura des déplacements de plus en plus importants
00:48:03qui vont toucher non pas que ces populations-là, mais tous les autres territoires sur Terre.
00:48:08Puisque ces populations-là, il faudra bien qu'elles aillent quelque part.
00:48:11Ces activités économiques, il faudra bien qu'elles se déplacent.
00:48:14Et donc, que l'on habite au Svalbard ou pas,
00:48:17on va tous être touchés par la fonte de ces glaciers et par l'augmentation du niveau des océans.
00:48:24Réalisation
00:48:42Je travaille pour AMAP, le Arctic Monitoring Assessment Program,
00:48:46qui est un des groupes de travail du Conseil de l'Arctique.
00:48:48Et on a un rôle vraiment clé dans la transmission des connaissances scientifiques.
00:48:52En fait, on est l'intermédiaire entre les scientifiques, le monde académique, et les gouvernements.
00:48:58C'est les gouvernements qui nous approchent avec une liste de questions.
00:49:03Et c'est à nous d'organiser le travail scientifique pour pouvoir répondre à ces questions.
00:49:07Donc nous, non seulement on leur produit des connaissances,
00:49:09mais aussi, ce qui est vraiment très très important, c'est qu'on produit des recommandations.
00:49:13Après, une fois qu'on partage cette science avec les gouvernements,
00:49:17nous ce qu'on souhaite voir, évidemment, et ce que le reste de la planète souhaite voir aussi,
00:49:21ce sont des réactions, des décisions prises le plus rapidement possible.
00:49:25Et on voit qu'il y a certains sujets où les gouvernements réagissent très très vite.
00:49:29Notamment au niveau de l'Arctique, tout ce qui touche la santé humaine,
00:49:33tout ce qui touche la dégradation des écosystèmes, les pays sont en train de réagir très vite.
00:49:37C'est de mettre en place vraiment des solutions très concrètes
00:49:42pour leur population qui habite au nord du cercle polaire.
00:49:46Il y a d'autres sujets qui sont super touchy, où là, ça avance beaucoup moins vite.
00:49:51C'est tout ce qui touche aux énergies fossiles.
00:49:53Parce que pour l'instant, c'est clair que l'Arctique est une des dernières régions
00:49:58où il y a encore énormément d'énergies fossiles.
00:50:01Que ce soit ici du charbon, à Osvalbard, il y a du charbon de partout.
00:50:05Du gaz et du pétrole.
00:50:07Il y a beaucoup de terres rares, de minerais rares, au niveau du Groenland notamment.
00:50:11Et là, on se rend compte que, malheureusement, comme partout ailleurs sur Terre,
00:50:15ça n'avance pas assez vite.
00:50:17Quitte, au niveau de la Norvège notamment, à ouvrir de plus en plus de champs de pétrole.
00:50:46C'est quoi, Heidi's Ice ?
00:50:51C'est ma plus grande histoire d'amour, je crois, ces glaciers.
00:50:55C'est mes ex qui ne vont pas être très contents d'entendre ça.
00:51:01Mais pour moi, c'est tout mon être, quoi.
00:51:05Et habité par ces glaciers.
00:51:07Et c'est vraiment...
00:51:11Pour moi, c'est toute ma vie.
00:51:13Je ne sais pas comment je peux me désolidariser, me détacher de ces environnements-là.
00:51:19Et pour moi, c'est extrêmement important aussi,
00:51:23de faire en sorte que ce ne soit pas que ma glace,
00:51:26mais que ce soit la glace de tout le monde, quoi.
00:51:28C'est ce que j'essaie de faire tous les jours,
00:51:30c'est de faire en sorte que toutes les personnes auxquelles je m'adresse,
00:51:34elles aussi prennent un petit bout de cette glace,
00:51:37et comprennent à quel point cette glace est majestueuse,
00:51:41à quel point c'est magique quand tu regardes des paysages pareils,
00:51:44et surtout à quel point cette glace est importante.
00:51:47Et qu'aujourd'hui, chaque mètre cube de glace qui disparaît
00:51:51est en train de tous nous impacter,
00:51:53et d'impacter nos enfants, leurs enfants, etc. sur des générations entières.
00:51:59Et pour moi, d'arriver à partager ce message, ça passe avant tout par les émotions, quoi.
00:52:06Au-delà des connaissances scientifiques, il faut que ça passe par le cœur,
00:52:10et c'est ce que j'espère que les personnes qui regarderont, en tout cas, ces documentaires-là,
00:52:16comprendront à quel point on a de la chance, quoi.
00:52:20C'est un privilège pour nous, encore aujourd'hui, d'avoir des glacés sur Terre,
00:52:24et qu'il faut tous ensemble tout faire pour les préserver le plus longtemps possible.
00:52:33Et voilà, c'était « Heidi's Eyes », un formidable film réalisé par Pierre Dugovson.
00:52:37Bonjour.
00:52:38Bonjour.
00:52:39On fait donc l'honneur de participer à Z, la zone d'éducation documentaire,
00:52:42et c'est parce qu'Heidi Sevestre est en ce moment même en mission
00:52:46que nous avons invitée Daphné Buiron. Bonjour.
00:52:48Bonjour.
00:52:49Alors, merci infiniment d'avoir accepté notre invitation.
00:52:51Vous êtes aussi glaciologue, docteur en climatologie et glaciologie,
00:52:55et vous allez tous les deux répondre aux questions des élèves du Collège Clémenceau, ici à Paris.
00:52:59Bonjour les élèves.
00:53:00Bonjour.
00:53:01Alors là, je tiens à le dire dès le début, pour Heidi, pour vous, Pierre,
00:53:05vous les avez embarquées, vous les avez captées avec ce documentaire.
00:53:09Vous aviez au moins une cinquantaine de questions.
00:53:11On a dû faire beaucoup, beaucoup de tri, mais c'était déjà pour rassurer Heidi
00:53:15sur la communication, la transmission.
00:53:17Je crois que le message est très bien passé ici.
00:53:20Et juste avant de passer à vos questions, je voulais d'abord savoir
00:53:23est-ce que vous aviez conscience que sur la planète, il y avait des glaciers ?
00:53:28Oui, oui.
00:53:29Je savais qu'il y en avait même dans les Alpes françaises.
00:53:34Bien sûr.
00:53:35Et j'ai appris ça en lisant des documentaires ISO et CDI.
00:53:40Ok. Je te vois, Isia, réagir. Dis-moi, qu'est-ce que toi, t'as appris dans ce documentaire ?
00:53:46Ça m'a permis d'en avoir beaucoup plus conscience qu'il y avait vraiment une forte fonte des glaces.
00:53:57Je me suis dit que c'est loin, du coup, je ne pense pas que j'irai un jour.
00:54:00Et que ça se trouve, ça aurait disparu peut-être avant que j'y aille.
00:54:04Et voilà, c'est tout.
00:54:05Vous vous souvenez du passage où Heidi Sevestre, elle plonge comme ça dans la glace ?
00:54:09Elle descend comme ça dans une espèce de colonne à 20 mètres ?
00:54:12Je trouve que c'est déjà impressionnant que l'activité humaine peut rentrer dans un glacier.
00:54:17Parce que personnellement, je pense que j'aurais jamais vu un glacier de l'intérieur.
00:54:26Et je trouve que c'est déjà impressionnant.
00:54:28Allez, on va s'arrêter là parce que c'est vous, les journalistes, aujourd'hui.
00:54:31Et on va passer à vos questions.
00:54:33Et on va commencer par Isia.
00:54:35Moi, j'ai une question pour Pierre Dugovson.
00:54:38Pourquoi vous êtes-vous intéressé au réchauffement climatique ?
00:54:41Et pourquoi avez-vous eu envie de réaliser un documentaire sur le sujet ?
00:54:45Je n'étais pas, moi, particulièrement focalisé sur les glaciers.
00:54:48En fait, tout est venu de ma rencontre avec Heidi.
00:54:52En fait, je l'ai découverte dans un festival qui existe à Courbevoie, qui s'appelle Atmosphère.
00:54:58Elle donnait une petite conférence.
00:55:00Et elle y montrait des images, déjà, de ce que vous avez un petit peu vu dans le documentaire,
00:55:07qui s'appelle Climate Sentinelle.
00:55:08En fait, elle revenait.
00:55:10Et moi, ce que j'y ai ressenti, c'était l'urgence.
00:55:14Non seulement je trouvais ça beau, mais j'ai vraiment senti l'urgence du danger, en fait, de cette fonte.
00:55:22Et je lui en ai parlé après.
00:55:25Et donc, c'est vraiment né d'elle.
00:55:26Moi, je n'avais aucun projet d'aller faire un film de la barre.
00:55:29C'est vraiment en voyant cette petite conférence que tout s'est déclenché.
00:55:34A la fois, ma sensibilité à cette urgence-là.
00:55:38Et puis, la décision de faire ce film, qui s'est faite très vite.
00:55:42Alors, moi, j'ai une question pour Daphné Buiron.
00:55:46Est-ce que vous connaissez Heidi Sevestre ?
00:55:49Travaillez-vous avec elle ou avec d'autres glaciologues ?
00:55:52Et combien existent-ils de lieux de recherche sur les glaciers ?
00:55:55Ça fait plein de questions dans la question, ça.
00:55:58C'est vrai.
00:55:59Merci.
00:56:00Alors, est-ce que je connais Heidi ?
00:56:01Oui, bien sûr.
00:56:02Heidi, c'est une collègue depuis longtemps.
00:56:04On est une petite communauté, mine de rien, de glaciologues en France.
00:56:08Donc, on se connaît un peu tous.
00:56:10Et donc, nous, en plus, on est la même génération.
00:56:12Donc, on a eu à se rencontrer très tôt,
00:56:15que ce soit sur le terrain ou quand on était guide
00:56:17ou quand on fait de la communication, maintenant, souvent ensemble.
00:56:20Combien existent-ils de lieux de recherche ?
00:56:22Alors, de lieux de recherche sur les glaciers,
00:56:24il y en a beaucoup aujourd'hui, des centaines, peut-être des milliers,
00:56:29puisqu'il y a de nombreux pays qui possèdent des glaciers
00:56:32et donc de nombreux pays qui s'intéressent aujourd'hui à la recherche sur les glaciers.
00:56:36Donc, je dirais que presque tous les pays
00:56:38qui ont eux-mêmes des glaciers dans leur pays déjà s'y intéressent
00:56:41et donc ont installé des stations de recherche en général
00:56:44ou même juste des petits instruments de mesure posés sur le glacier.
00:56:48Et en plus, il y a aussi des grands projets de recherche internationaux
00:56:52où là, plusieurs pays, comme la France souvent, se groupent ensemble
00:56:55pour monter un projet plus important, par exemple,
00:56:58sur les glaces de l'Arctique ou en Antarctique.
00:57:01Par exemple, la France, elle possède deux bases
00:57:04où vraiment, tu peux aller habiter quelques mois en Antarctique,
00:57:08qui est le continent du pôle sud où personne n'habite,
00:57:10qui est le plus englacé et le plus gigantesque au monde.
00:57:13Et elle possède deux bases, une sur la côte du Mont d'Urville
00:57:16et une à l'intérieur, vraiment posée sur la calotte glaciaire.
00:57:19Donc, les lieux pour étudier les glaciers, selon la taille du glacier,
00:57:22selon s'ils se trouvent dans une montagne, dans les Alpes, sous les tropiques
00:57:26ou dans les régions polaires, ça va être des choses différentes.
00:57:29Ça va être soit des grandes stations où les gens peuvent venir
00:57:32dans des bâtiments, vivre, habiter, le temps d'étudier,
00:57:35soit juste venir poser un instrument ou poser des balises, des bâtons,
00:57:39qui permettent de mesurer l'évolution du glacier dans l'année,
00:57:42ensuite s'en aller et, à distance, avoir accès aux données.
00:57:45Et puis, il y a aussi tous les satellites aujourd'hui.
00:57:48Il y a plein de satellites qui ont été envoyés pour l'étude des glaciers,
00:57:51qui font des photos depuis l'espace, ce qui permet d'accéder à des données
00:57:56que nous, on ne peut pas aller voir sur le terrain,
00:57:58parce que c'est trop inaccessible, trop dangereux,
00:58:00on ne peut pas y aller tout le temps en plus.
00:58:02Donc, en fait, ils sont très surveillés maintenant, les glaciers.
00:58:04On continue avec Zema.
00:58:06J'ai des questions pour Pierre Dugovson.
00:58:08Comment s'organise le tournage ? Est-ce que les conditions de tournage étaient difficiles ?
00:58:12Combien étiez-vous et combien de temps cela prend ?
00:58:17Dès la première conversation qu'on a eue avec Heidi pour préparer ce film,
00:58:23on s'est posé la question de notre empreinte carbone,
00:58:26à quel point notre film allait polluer ou non.
00:58:30Et puis, ça nous posait un vrai problème,
00:58:33parce que pour aller là-bas, il faut y aller en avion, etc.
00:58:37Donc, c'est un vrai sujet.
00:58:40Et je lui ai dit, écoute, le seul moyen de réduire réellement l'impact de ce tournage,
00:58:48c'est que je vienne seul.
00:58:50Donc, je suis parti seul.
00:58:52Moi, j'étais formé à l'image, j'ai dû me former au son.
00:58:55Et je suis parti tout seul rejoindre Heidi.
00:58:58J'ai fait le film entièrement seul.
00:59:00Et la difficulté...
00:59:02Alors, techniquement, il y a une difficulté qui vient du froid.
00:59:06Donc, on doit gérer vraiment, on doit vraiment être très, très attentif à nos appareils,
00:59:10parce que le froid peut créer des condensations terribles
00:59:14qui peuvent vraiment endommager nos optiques.
00:59:16Et puis, les batteries, les piles se déchargent très, très vite dans le froid.
00:59:21Donc, on doit les garder sur nous.
00:59:23Enfin, il y a tout un jeu à faire.
00:59:25Bref, tout ça, ça amène des petites complications.
00:59:27Il faut avoir un matériel qui est capable d'encaisser le froid, mais ça va encore.
00:59:31Par contre, moi, à titre personnel, ce qui était plus compliqué,
00:59:34c'est d'être seul à gérer le film.
00:59:37C'est-à-dire que non seulement je porte tout mon matériel,
00:59:40mais il fallait que je sois équipé pour pouvoir le gérer seul.
00:59:43Et y compris, je n'avais pas d'interlocuteur, à part Heidi,
00:59:48mais Heidi n'est pas cinéaste, elle est glaciologue.
00:59:51Je n'avais pas d'interlocuteur de ma partie à moi
00:59:54pour discuter de ce qu'on était en train de faire.
00:59:58Donc, il fallait que je décide un peu de tout, tout seul, tout le temps.
01:00:02Et ça, c'est très fatigant, en fait.
01:00:04Je n'avais pas l'habitude de ça.
01:00:05En général, on discute avec les autres.
01:00:07L'intérêt des films, c'est que c'est des aventures collectives, normalement.
01:00:11Combien de temps ça a duré ? Vous êtes resté combien de temps sur place ?
01:00:14J'ai fait deux voyages, et donc ça a pris deux fois deux semaines.
01:00:18Une fois en avril, au moment où on passait au jour permanent.
01:00:21En arrivant, j'ai assisté au tout dernier coucher de soleil
01:00:25avant qu'il ne se couche plus et qu'il ne reste là tout le temps.
01:00:28Et le deuxième voyage, c'était exactement l'inverse.
01:00:31Je suis arrivé en octobre et j'ai assisté au moment
01:00:34où le soleil ne réapparaîtrait pas, pour plusieurs mois.
01:00:39Et en fait, la première partie du film, où on est sur le bateau,
01:00:43était le tout dernier jour de l'apparition du soleil.
01:00:47Quand on voit le soleil rouge au début, je ne sais pas si vous vous souvenez de ça.
01:00:50Vous vous souvenez de ça ?
01:00:51Le soleil en feu, comme ça.
01:00:52En fait, le soleil n'est quasiment pas apparu.
01:00:55C'était très peu et surtout très peu de temps.
01:00:57C'était à peine une minute.
01:00:59Et après ça, il disparaissait pour plusieurs mois.
01:01:03On continue avec Boris.
01:01:05Comment se déroulent vos explorations des glaciers ?
01:01:09Est-ce que c'est dangereux ?
01:01:11Pouvez-vous nous raconter un souvenir ?
01:01:13Si c'est dangereux, oui, bien sûr.
01:01:16Les glaciers, c'est quelque chose de sauvage.
01:01:18Ça peut être dangereux, soit quand tu marches dessus,
01:01:20s'il y a des crevasses, il faut faire très attention.
01:01:22Si elles sont couvertes de neige, le risque, c'est de tomber dans une crevasse.
01:01:25On est toujours, en général, encordé, si vraiment on va sur un glacier.
01:01:29Ça peut être dangereux quand on navigue devant un glacier,
01:01:31si on est trop près.
01:01:32Tu sais que constamment, les glaciers vèlent des icebergs.
01:01:35Il y a des gros morceaux de glace qui tombent du front du glacier dans la mer,
01:01:38si c'est un glacier qui arrive à la mer.
01:01:40Et donc, si tu es trop près, ça peut faire des vagues.
01:01:42Ça peut être dangereux.
01:01:43Donc, il faut toujours rester quand même à distance.
01:01:46Et sinon, en Antarctique, quand j'ai hiverné,
01:01:49c'était pour la surveillance notamment d'un glacier.
01:01:52C'est un glacier, il y a déjà au moins 20 ans,
01:01:54il y a un laboratoire qui a planté des bâtons à l'intérieur,
01:01:58donc ces balises d'accumulation.
01:02:00Et tous les ans, il faut mesurer, tous les mois,
01:02:03le hauteur de combien le bâton dépasse.
01:02:05Ce n'est pas compliqué comme mesure.
01:02:06Il faut aller se promener avec des crampons sur le glacier,
01:02:08retrouver les bâtons, c'est souvent ça le plus dur,
01:02:10parce qu'ils sont transparents ou couverts de neige.
01:02:12Donc, on a des GPS, les positions.
01:02:14Et puis, mesurer de combien le bâton dépasse de la glace
01:02:17pour voir si ça a gagné en glace, si on a perdu de la glace.
01:02:21Et à la fin de l'année, tu comptes et on regarde
01:02:24si le glacier l'a grossi par rapport à l'année d'avant
01:02:27ou si au contraire, il a diminué.
01:02:29Donc ça, je l'ai fait quand j'étais en Antarctique.
01:02:31Tous les mois, il fallait quand même aller sur un glacier
01:02:33qui était à 5 km de la base.
01:02:35En général, on marchait par la banquise.
01:02:37Donc, ça prenait une journée.
01:02:38On y allait à 4, on ne va jamais tout seul sur un glacier.
01:02:41Et puis, il fait toujours plus froid aussi sur un glacier.
01:02:43Donc, il faut prévoir ça, plus le temps du retour.
01:02:46Voilà.
01:02:47Donc après, les dangers, c'est...
01:02:49Enfin, on choisit la journée avec la meilleure météo possible
01:02:52pour le faire, pour ne pas se faire surprendre.
01:02:54Et voilà.
01:02:55Est-ce que c'est dur de rester très longtemps
01:02:59dans des camps l'hiver ?
01:03:02En hivernage ?
01:03:03Oui.
01:03:04Alors, c'est un vrai village.
01:03:06En camp, on n'est pas sous tente.
01:03:07On est vraiment dans des bâtiments chauffés, confortables.
01:03:10Et c'est dur.
01:03:11Oui et non.
01:03:12Une année, ça passe très vite puisque tu as toutes les saisons.
01:03:14Donc, tout est différent à chaque fois.
01:03:17Ça dépend aussi beaucoup avec qui tu es.
01:03:19Donc, il faut savoir que là, on était une petite communauté.
01:03:22C'était 28 personnes à rester pendant un an.
01:03:25Et pendant l'été, il y a le bateau qui fait des allers-retours,
01:03:28qui amène des nouvelles personnes qui viennent travailler.
01:03:30Mais ensuite, le dernier bateau s'en va et on reste 8 mois
01:03:33sans bateau qui vient.
01:03:34C'est-à-dire 8 mois isolés sur une petite île en Antarctique
01:03:36avec seulement les mêmes personnes.
01:03:38En gros, le nombre qu'on a dans la classe là.
01:03:40Donc, ça va dépendre de si c'est avec un groupe sympa
01:03:42avec qui tu t'entends bien ou pas.
01:03:44Et nous, cette année-là, on était un groupe qui s'entendait bien.
01:03:47Donc, ça s'est bien passé.
01:03:48Est-ce que c'est difficile d'être une femme scientifique ?
01:03:50Et est-ce que vous avez déjà vécu du sexisme dans votre carrière ?
01:03:54– Moi, je n'ai pas vécu, à titre personnel, vraiment de sexisme.
01:03:58Si c'est difficile, en termes…
01:04:01Oui, enfin, en temps général, il faut quand même plus prouver, je trouve,
01:04:05qu'on est sérieux dans notre domaine
01:04:07et qu'on est aussi sérieux que les hommes.
01:04:10C'est un sentiment général.
01:04:13Moi, je ne vais pas inventer.
01:04:15Je n'ai pas à me plaindre d'avoir subi spécialement du sexisme.
01:04:18Juste, je vous dis, souvent avoir à argumenter un peu plus
01:04:24pour prouver que ce qu'on dit, c'est juste, en fait,
01:04:27aussi valable que quelqu'un d'autre.
01:04:29Et comme anecdote, je me souviens surtout, par exemple,
01:04:32sur le terrain en Antarctique,
01:04:34les combinaisons qui étaient faites pour aller dans le grand froid
01:04:38n'avaient jamais été pensées pour les femmes
01:04:40puisque jusque dans les années 90,
01:04:42les femmes étaient interdites sur les bases australes.
01:04:45Il a fallu du temps pour qu'elles soient invitées.
01:04:47En France, on n'est jamais trop les premiers là-dedans non plus.
01:04:50Les vêtements n'ont pas été adaptés non plus.
01:04:52Par exemple, il n'y a pas de moyen,
01:04:54si tu as envie de faire pipi sur la banquise
01:04:56quand il fait moins 30 degrés,
01:04:57quand tu es un homme, c'est pensé pour,
01:04:59pas quand tu es une femme.
01:05:00Donc, c'est des petites anecdotes et des choses
01:05:02qui, je pense, ont peut-être évolué depuis déjà.
01:05:05Vous voulez rajouter un truc ?
01:05:07Oui. Moi, j'avais eu vent d'autres histoires.
01:05:10Ce n'était pas des problèmes de sexisme,
01:05:12mais c'était juste que la culture générale de la recherche
01:05:16en général était quand même très masculine.
01:05:19Et quand j'ai fait le film,
01:05:22ça m'a encore plus motivé à faire un film comme celui-là.
01:05:27Quitte à donner la parole à un ou une scientifique,
01:05:30j'étais heureux de pouvoir le faire avec une scientifique.
01:05:32Et du coup, pour aller un peu plus loin dans la démarche,
01:05:35j'ai demandé à une compositrice de faire la musique du film.
01:05:47J'ai une question pour Daphné Buron.
01:05:50C'est dans combien de temps les glaciers risque-t-il de disparaître
01:05:53et quels incidents sur la planète ?
01:05:55Et pouvez-vous nous expliquer l'impact de la fonte des glaciers ?
01:05:59Ça, c'est une question très importante.
01:06:01C'est pour ça qu'on a envie que tout le monde s'intéresse aux glaciers.
01:06:05Ce n'est pas juste pour sauver les glaciers parce que c'est joli,
01:06:07c'est un patrimoine naturel.
01:06:09Et ce qui est le cas, c'est déjà une première raison.
01:06:12Mais c'est aussi parce qu'ils ont un impact sur la nature.
01:06:15Et c'est aussi parce qu'ils ont un impact sur le climat de toute la Terre
01:06:19et notamment sur nos pays à nous, même sur la France.
01:06:22Quand les glaciers fondent, qu'est-ce qui se passe à votre avis ?
01:06:28Déjà, il y a l'eau qui monte.
01:06:31En plus, en France, dans les villages de montagne,
01:06:34ça fait des inondations.
01:06:36Et après, ça se répercute dans les villages de montagne,
01:06:39puis dans les vallées.
01:06:42Après, il y a des crues dans les villages et dans les villes.
01:06:45Effectivement, tu l'as dit, il y a des risques qui sont déjà de crues
01:06:51quand on est vraiment en local dans les Alpes
01:06:53ou de déversement de lacs ou de glissement de terrain,
01:06:56quand les glaciers fondent.
01:06:57Mais c'est surtout tous les glaciers polaires,
01:06:59quand ils fondent, on rajoute finalement de l'eau
01:07:01qui était posée sur un continent, on la rajoute dans l'océan.
01:07:04On met plein d'icebergs dans l'océan.
01:07:06Donc le niveau des océans mondiaux, il monte, on rajoute de l'eau dedans.
01:07:10Et comme ils montent, tous les pays qui sont bordés par des océans
01:07:14vont voir leurs côtes reculer petit à petit puisque l'eau va monter.
01:07:18Donc si les côtes reculent, ça veut dire des zones qui vont être inondées
01:07:22où potentiellement il y avait des villes, des villages
01:07:24où on a des activités qu'il va falloir déplacer, des infrastructures.
01:07:28Donc c'est quelque chose de très problématique.
01:07:30Et il y a aussi plein d'autres incidences.
01:07:33Les glaciers ont tendance aussi eux-mêmes à refroidir le climat global.
01:07:36Donc moins on a de glaciers,
01:07:38plus le soleil va avoir la capacité de réchauffer la Terre,
01:07:43plus l'effet de serre aussi va être important,
01:07:45et donc moins on va avoir de glaciers.
01:07:47Donc c'est quelque chose qui va s'accélérer, s'emballer.
01:07:50Donc aujourd'hui, on essaie de faire vraiment faire attention à ça
01:07:53parce qu'il ne faut pas qu'il n'y ait pas d'emballement.
01:07:56Et tu sais, dans combien de temps les glaciers vont disparaître ?
01:07:58J'espère jamais.
01:08:00Mais on sait que les glaciers, notamment alpins et tropicaux,
01:08:04certains ont déjà disparu,
01:08:06sont extrêmement menacés aujourd'hui.
01:08:08Les glaciers tropicaux, probablement que dans 50 ans jusqu'à un siècle,
01:08:12la majeure partie aura disparu, quoi qu'il en soit,
01:08:16parce que même si on arrête aujourd'hui de réchauffer,
01:08:18après il y a un temps d'inertie encore avant que le climat se restabilise.
01:08:22Donc l'idée c'est, si on veut en sauver le plus possible
01:08:25et limiter la hausse du niveau des mers,
01:08:27c'est rapidement arriver à stabiliser le climat et cette fonte.
01:08:32Mais c'est dans le siècle qui vient que quelque part tout va se jouer.
01:08:36Adam ?
01:08:37J'ai une question pour Pierre Dugovson.
01:08:40Durant le documentaire, quand les glaciologues effectuaient leur métier,
01:08:46avez-vous appris des choses ? Avez-vous pratiqué avec eux ?
01:08:51Le plus grand souvenir de ma vie, c'est le jour où j'ai découvert la banquise.
01:08:55En soi, ce n'est pas faire œuvre de glaciologie que de voir la banquise.
01:09:00Et pourtant, c'était absolument dingue.
01:09:04Je m'en suis toujours parmi.
01:09:05Mais ça dépasse l'idée de glaciologie.
01:09:09Et en même temps, on est dans la glace.
01:09:12Je ne sais pas si je peux dire que j'ai appris de la glaciologie,
01:09:15mais j'ai appris énormément à toutes les étapes de ce film.
01:09:19Je peux rebondir sur la banquise.
01:09:22Tu dis que ce n'est pas faire œuvre de glaciologie que de découvrir la banquise.
01:09:26Là, on parle des glaciers aujourd'hui.
01:09:28Ce qu'on n'a pas parlé, vous l'avez compris dans le film,
01:09:32vous le savez aussi sûrement déjà, la banquise, c'est un autre type de glace.
01:09:35C'est différent des glaciers.
01:09:37C'est vraiment l'océan qui gèle tous les hivers sous l'action du froid.
01:09:40Et cette banquise, elle a aussi un impact énorme sur le climat.
01:09:43Et elle fait partie des thématiques de la glaciologie.
01:09:46Parce que c'est de la glace.
01:09:47Donc, il y a plein de personnes aujourd'hui qui s'intéressent à la banquise,
01:09:51qui font des recherches sur la banquise.
01:09:52C'est un milieu fascinant, absolument passionnant aussi.
01:09:55Et donc, on peut faire de la glaciologie qui va être de la glaciologie de banquise
01:09:58et pas de glacier.
01:09:59Et profitons-en pour ajouter un mot qui est très utile,
01:10:02et c'est toi qui va l'expliquer, c'est l'albédo.
01:10:04Vous savez ce que c'est l'albédo, du coup ?
01:10:06L'albédo, c'est...
01:10:08En fait, la couleur blanche, elle attire pas le soleil,
01:10:13mais la couleur noire, elle attire le soleil.
01:10:16Donc, avec la couleur noire, ça chauffe plus vite.
01:10:19Et ça fait fondre la glace, du coup.
01:10:22On peut dire que le noir, il absorbe la lumière,
01:10:24alors que le blanc, il va la réfléchir.
01:10:27On va demander à la glaciologue, à l'experte, quand même.
01:10:30Il y a un peu de ça, hein ?
01:10:31Vous avez tout dit, pratiquement.
01:10:33Vous le savez peut-être tous.
01:10:34Déjà, vous le ressentez vous-même.
01:10:35En été, quand vous avez chaud, vous préférez porter un tee-shirt blanc
01:10:38qu'un tee-shirt noir.
01:10:39Vous avez l'impression que le noir, ça vous donne encore plus chaud.
01:10:41Et c'est pas une impression.
01:10:42Et on dit noir, mais c'est pas forcément noir.
01:10:44C'est toutes les couleurs, en fait.
01:10:45Ce qu'on dit vraiment, ce qu'on appelle l'albédo,
01:10:47c'est le pouvoir de réflexion d'une surface par rapport à sa couleur.
01:10:51Donc, plus une surface, elle est foncée, comme tu disais,
01:10:54plus elle va absorber les rayons du soleil et donc réchauffer la surface.
01:10:58Et plus une surface, elle est claire,
01:11:00et bien plus les rayons du soleil, en fait, ils vont taper dessus et repartir.
01:11:03Donc, ils ne vont pas avoir le temps de réchauffer.
01:11:06Donc, la glace, c'est quelque chose de très clair.
01:11:08C'est l'albédo le plus fort.
01:11:09La glace est blanc, vraiment extrêmement clair.
01:11:12Donc, le soleil, quand il tape sur de la banquise ou sur un glacier,
01:11:15en gros, son rayon, il rebondit, il y réfléchit, il repart.
01:11:18Donc, il conserve le froid, il ne réchauffe pas.
01:11:21Mais si la glace, elle a fondu à la place de la glace,
01:11:23soit on va avoir un rocher qui va être marron,
01:11:26soit on va avoir de l'océan, si c'était de la banquise, qui va être bleu foncé.
01:11:29Donc, cette surface, elle va être plus foncée que la glace.
01:11:32Donc, elle va absorber le soleil.
01:11:34Donc, elle va réchauffer la surface où déjà la glace a fondu,
01:11:37ce qui va faire que la glace va fondre encore plus ce qui restait autour, etc.
01:11:42Donc, c'est ça l'albédo.
01:11:43J'ai une question pour Daphné Buron, la glaciologue.
01:11:47Êtes-vous directement impactée par les fake news dans votre travail ?
01:11:50Oui, bien sûr.
01:11:51Quand on fait de la communication sur le climat, depuis le début,
01:11:56on est toujours confronté, alors heureusement de moins en moins,
01:11:59aux gens qu'on a classés comme climato-sceptiques, par exemple,
01:12:02qui vont être, alors à la base, ce n'était pas forcément malveillant,
01:12:06des gens qui ne croyaient pas à ce phénomène de réchauffement
01:12:09parce qu'on n'avait pas assez de preuves, etc.
01:12:11Aujourd'hui, on a vraiment des preuves
01:12:13puisqu'on fait des mesures tous les jours du fait que ça se réchauffe.
01:12:16On voit les animaux qui en souffrent, qui en disparaissent.
01:12:19On voit les glaciers qui fondent.
01:12:20Mais il y a encore des personnes, pour des aspects politiques, économiques,
01:12:24qui ont intérêt à plutôt dire le contraire
01:12:27et à essayer de trouver des preuves du contraire,
01:12:30à dire, mais non, regardez, cette année-là, il y a fait froid,
01:12:32donc ce n'est pas vrai le réchauffement.
01:12:34Et bien, nous, notre travail, c'est d'aller à l'encontre de ça,
01:12:39d'avoir des arguments encore pour montrer que,
01:12:42ben non, si, c'est vrai que ça se réchauffe
01:12:44et de ne pas cacher ce danger-là.
01:12:47Pourquoi les gens croient que la Terre est plate ?
01:12:49Pourquoi les gens croient que le climat ne chauffe pas
01:12:52ou que le CO2 ne peut pas affecter les températures sur la Terre ?
01:12:55Ces gens, peu importe ce que j'apporterais sur la table,
01:12:59peu importe les arguments, les données, les rapports, les publications,
01:13:02ils n'en seraient absolument pas intéressés.
01:13:04Maintenant, je pense qu'il n'y a pas de point
01:13:07de s'efforcer de retrouver ces gens,
01:13:10à moins que ces gens soient les décideurs.
01:13:16C'est la partie où Heidi parle des fake news.
01:13:19Dans cette réunion qu'il y a après la conférence qu'elle donne,
01:13:24ils étaient pas loin d'une vingtaine,
01:13:27et ce qu'on a ressenti, mais très très fortement,
01:13:30c'était un désespoir total.
01:13:32Et un désespoir qui venait du fait, ils nous le disaient,
01:13:36quand ils rentraient chez eux à Noël dans leur famille,
01:13:39ils voulaient partager ce qu'ils avaient vu, ce qu'ils apprenaient,
01:13:42la catastrophe à venir, on peut dire,
01:13:45ce qui est en train de se passer.
01:13:48Et en fait, d'une manière générale,
01:13:51autour d'eux, y compris leurs amis, leurs familles,
01:13:54leurs parents, leurs frères et soeurs, tout le monde s'en foutait un peu.
01:13:57Est-ce que les personnes qui sont climato-sceptiques, elles vous énervent ?
01:14:00C'est une très bonne question.
01:14:02Et qu'avez-vous à leur dire en fait ?
01:14:04C'est une très bonne question.
01:14:06Il y a ceux qui ne m'énervent pas, ça va être ceux qui n'ont juste pas l'information,
01:14:09pas l'éducation, qui doutent vraiment parce qu'on ne leur a pas encore expliqué
01:14:12ou qui n'ont pas eu accès à l'explication vraiment aux preuves
01:14:15parce qu'ils ont d'autres problèmes dans la vie que d'aller voir comment fonctionnent les glaciers.
01:14:18Et qui donc, quand on ne sait pas, on ne peut pas vraiment savoir.
01:14:23Donc dans ces cas-là, c'est juste un besoin d'éduquer et de partager.
01:14:27Et puis, il y a ceux qui le savent très bien
01:14:30et qui, eux, font le forcing dans l'autre sens pour des questions économiques
01:14:33où là, oui, ils m'énervent.
01:14:36Disons que c'est eux les dangers.
01:14:38J'ai une question pour Pierre Dugovson.
01:14:41Essayez-vous d'agir sur ces fake news avec votre documentaire ?
01:14:45Très directement.
01:14:47C'est pour ça que je donne la parole à une scientifique et seulement à une scientifique.
01:14:51Et on n'a aucune autre source dans ce film qu'une scientifique
01:14:57et que la parole d'une scientifique est le fait de voir nous-mêmes par nos yeux
01:15:01ce que je montre dans le film, ce que j'ai pu filmer, l'état des glaciers.
01:15:07Donc au moins, vous voyez, vous êtes témoins directs, comme je l'ai été moi.
01:15:11Il n'y a pas de triche.
01:15:12J'ai une question pour Daphné Buran.
01:15:15Comment vous vous y preniez pour analyser une carotte glaciaire ?
01:15:19Est-ce que vous l'analysez directement ?
01:15:22Oui, alors ça, c'est aussi une vaste question parce que ça prend du temps.
01:15:27Une carotte glaciaire, il y a différentes spécialités qui vont s'y intéresser.
01:15:31Donc chacun veut un petit morceau pour pouvoir analyser son paramètre à lui à l'intérieur.
01:15:36Le plus important, avant tout, c'est de calculer l'âge,
01:15:39de construire la chronologie de la carotte de glace.
01:15:41Puisqu'on va étudier des climats qui sont anciens,
01:15:44il faut qu'on sache à telle profondeur, ça correspond à tel âge.
01:15:48Ça, c'est la base et c'est ce qu'il y a de plus difficile à obtenir.
01:15:50Mais si tu ne l'as pas, ça ne sert à rien d'analyser la carotte
01:15:53parce que ce qu'il y a à l'intérieur, tu ne sauras jamais à quelle période ça correspond.
01:15:56Donc la première chose à faire, c'est construire la chronologie.
01:15:59Là, je ne vais pas pouvoir tout expliquer parce que ce n'est pas très facile.
01:16:02Ce n'est pas écrit dans la glace à quel âge elle a.
01:16:04Il faut comparer à des glaces dans le Nord, il faut faire de la modélisation.
01:16:08Il faut mesurer des gaz à l'intérieur des petites bulles d'air
01:16:11qui vont participer à construire la chronologie.
01:16:14Une fois qu'on a une belle chronologie,
01:16:17même avec son incertitude de carotte de glace,
01:16:20on va mesurer les signaux des petites choses à l'intérieur.
01:16:23Moi, par exemple, j'étudiais le méthane,
01:16:25qui est un des gaz dans l'atmosphère,
01:16:28qui se trouvait dans les petites bulles d'air.
01:16:31Quand la glace se forme, elle piège des petites bulles
01:16:34qui correspondent à de l'air qui voyageait à l'intérieur à ce moment-là.
01:16:38On sait que même au travers de centaines de milliers d'années,
01:16:42les petites bulles restent inchangées.
01:16:45Quand on va analyser des petites bulles d'air qui ont 200 000 ans,
01:16:48c'est comme si on trouvait de l'air de l'atmosphère qu'on respirait il y a 200 000 ans.
01:16:52Aujourd'hui, on va être capable de mesurer à l'intérieur
01:16:55quelle était la composition de cet air,
01:16:57combien il y avait de CO2, combien il y avait de méthane,
01:17:00pour comprendre l'état de la planète à cette époque-là.
01:17:03L'autre partie, c'est faire fondre la glace
01:17:06et aller étudier la chimie des atomes qui forment l'eau à l'intérieur.
01:17:10On appelle ça les isotopes.
01:17:12Là, c'est vraiment de la chimie un peu plus fine.
01:17:14Ce qui est magique, c'est qu'on a découvert que les atomes de l'eau,
01:17:18selon quels sont leurs isotopes, comment ils sont formés,
01:17:21ça permet de reconstruire directement
01:17:24quelle était la température à la surface de la Terre à l'époque.
01:17:27C'est comme si on avait un thermomètre direct.
01:17:29C'est comme ça qu'on dit qu'on peut reconstruire le climat.
01:17:32Après, il y a des gens qui vont aller étudier
01:17:34les poussières qui ont été piégées à l'intérieur.
01:17:36Le vent a apporté des poussières sur la neige.
01:17:38Elle a été ensevelie, transformée en glace.
01:17:40Les poussières sont toujours piégées.
01:17:42Il va y avoir des cendres volcaniques.
01:17:44Il va y avoir la forme des cristaux de glace à l'intérieur.
01:17:46Selon la spécialité, chacun va essayer d'obtenir
01:17:49un petit échantillon de la glace qui l'intéresse
01:17:51et de faire sa mesure.
01:17:53On continue avec Kavisha.
01:17:55Est-ce que vous avez peur de découvrir un microbe inconnu
01:17:57dans la glace et d'être contaminé ?
01:17:59Ça peut être une imagination pour de la science-fiction,
01:18:01mais pourquoi pas ?
01:18:02Par contre, l'autre danger aujourd'hui,
01:18:04c'est que tous ces sols dans les régions arctiques
01:18:07sont gelés depuis des dizaines de milliers d'années,
01:18:10depuis l'ancienne période glaciaire.
01:18:12C'est-à-dire que l'eau contenue à l'intérieur
01:18:14est sous forme de glace.
01:18:16On a retrouvé des mammouths momifiés en Sibérie
01:18:19parce qu'ils avaient été conservés dans ces sols tout gelés
01:18:23qui conservent toute la vie qu'il y avait dans les périodes glaciaires.
01:18:26Aujourd'hui, avec le réchauffement, ces sols gelés fondent.
01:18:29Et quand ils fondent, ça fait plein de dangers.
01:18:32Déjà, si on a construit sa maison au-dessus
01:18:34parce qu'on est un village en Arctique,
01:18:36ça va faire des glissements de terrain.
01:18:38En ce moment, il y a des villages qui doivent être déplacés
01:18:40parce que le terrain fond dessous.
01:18:42Ensuite, quand ça fond, ça libère surtout du méthane.
01:18:45On en parlait tout à l'heure.
01:18:46Ce méthane, c'est un des gaz puissants des gaz à effet de serre.
01:18:50Donc, quand on libère du méthane,
01:18:52on renforce encore le réchauffement.
01:18:54Ça, ce n'est pas bon pour nous.
01:18:55Et on peut imaginer que si, à l'époque glaciaire,
01:18:57il y a des bactéries plus ou moins dangereuses
01:18:59ou des virus qui avaient été piégés dans ce sol,
01:19:02elles vont être libérées et potentiellement se réveiller.
01:19:05Ce sont des scénarios auxquels on se prépare ou pas du tout ?
01:19:08Parce que vous parlez de science-fiction,
01:19:10mais en même temps, vous dites que ça peut aller.
01:19:12C'est la science-fiction qui pourrait être réaliste.
01:19:13C'est-à-dire qu'il y a énormément de recherches
01:19:15qui sont ciblées sur le permafrost.
01:19:17Aujourd'hui, c'est un des plus grands secteurs de recherche.
01:19:19Pas dans la glace.
01:19:20Ce que vous nous dites, c'est que dans la glace, c'est bon.
01:19:23La glace, elle peut fondre.
01:19:24C'est terrible.
01:19:25Mais ça ne libérera pas de virus.
01:19:27Il n'y aura pas de virus.
01:19:28Par contre, dans le permafrost, on n'en a aucune preuve.
01:19:32Simplement, on surveille.
01:19:33On surveille et il y a beaucoup de recherches
01:19:35qui sont faites sur la fonte du permafrost,
01:19:37sur tous ces différents aspects, dont l'aspect bactériologique.
01:19:40Pour la glaciologue, est-ce que les humains
01:19:43sont capables d'arrêter la fonte des glaciers ?
01:19:47Imaginons que les humains se mettent d'accord
01:19:49sur le fait de baisser nos consommations
01:19:51juste d'hydrocarbures,
01:19:53que l'effet de serre redescende un petit peu.
01:19:56En une décennie ou en quelques années,
01:20:00ça va avoir un impact sur le climat.
01:20:03Le réchauffement va diminuer, va ralentir.
01:20:07Et donc, les glaciers vont arrêter de fondre.
01:20:09J'ai une question pour la glaciologue.
01:20:13Est-ce qu'ajouter de la neige artificielle en Arctique
01:20:17peut aider à lutter contre la fonte des glaciers ?
01:20:21Non, c'est un des autres sujets dont Heidi parle souvent.
01:20:25C'est toutes ces nouvelles propositions de technologie
01:20:29qui viendraient arrêter le glacier
01:20:33parce qu'on va aller mettre des choses dessus,
01:20:35l'aider à ne pas trop fondre.
01:20:38C'est plus un nouveau concept économique
01:20:40qu'on essaie de vendre que quelque chose qui fonctionne.
01:20:42Puisqu'on ne va pas travailler à la cause du problème,
01:20:45on va juste essayer de mettre des petites solutions locales.
01:20:48Mais si derrière, globalement, on continue de réchauffer,
01:20:51la neige artificielle ne va pas fonctionner longtemps.
01:20:53Peut-être que tu pourras aller au ski un peu plus longtemps,
01:20:56pendant trois ans, mais la fin sera la même.
01:20:59Ce qui compte, c'est d'agir sur la cause du réchauffement.
01:21:02Vous vous souvenez de la lettre qu'Heidi a écrite aux glaciers
01:21:06et qu'elle lui lit à voix haute ?
01:21:08Mon glacier, voilà ce que tu es devenu.
01:21:12Si tu pouvais parler, je me demande ce que tu nous dirais.
01:21:16Je me demande si tu nous demanderais de nous battre pour toi,
01:21:21ou juste d'accepter les choses telles qu'elles sont.
01:21:24Qu'est-ce que vous, si vous vous mettez à la place du glacier,
01:21:28qu'est-ce qu'il dirait le glacier ? Dis-moi, Souelio.
01:21:32Moi, je pense qu'il dirait qu'il devrait éviter de manger autant
01:21:37et d'utiliser autant de plastique,
01:21:39pour pouvoir éviter la fonte des glaciers.
01:21:42Qu'il faudrait agir maintenant ?
01:21:44Il faut arrêter maintenant et pas après,
01:21:46parce que c'est maintenant que tout se joue.
01:21:48Et qu'il faut persévérer, parce que sinon ça ne va jamais marcher.
01:21:53Le glacier, il répondrait, pense aux autres.
01:21:57C'est-à-dire qu'on ne doit pas penser qu'à nous et à notre plaisir personnel.
01:22:03Il faut penser au glacier, lui aussi, parce que lui aussi, il va fondre.
01:22:07Moi, j'ai pris de l'empathie pour le glacier,
01:22:09mais dans tous les cas, il va mourir, c'est son problème maintenant.
01:22:12Tu crois que c'est son problème maintenant ?
01:22:14Il va mourir dans tous les cas, un an ou deux ans, ça ne change rien, il va mourir.
01:22:17C'est ce que toi, tu as compris de tous les échanges qu'on a eus, là ?
01:22:20Non, mais on ne peut pas le sauver.
01:22:22C'est une vraie question.
01:22:23Non, moi, je n'ai pas compris que ça.
01:22:24Alors, dis-moi.
01:22:25Moi, j'ai compris qu'en fait, il a un impact sur nous plus tard,
01:22:29mais dans tous les cas, on ne pourra pas le sauver.
01:22:31Même si on arrête nos activités, il va mourir.
01:22:34C'est un petit peu plus complexe.
01:22:36En fait, il se trouve que concrètement, nous savons quoi faire.
01:22:41Une des particularités des derniers rapports du GIEC,
01:22:44ça a été de donner beaucoup de recommandations,
01:22:46ce qui n'était pas forcément le cas dans les rapports précédents.
01:22:49Là, tout d'un coup, on sait en gros ce qu'il faut arrêter de faire,
01:22:53ce qui pose problème.
01:22:54On sait où sont les problèmes et on peut très concrètement les résoudre.
01:22:58Derrière, ce qui va manquer d'une façon générale, c'est une volonté politique.
01:23:03Il va falloir que tout le monde, en prenant conscience des choses,
01:23:07agisse pour que les gouvernements finalement admettent
01:23:12qu'il faut prendre ces sujets en considération.
01:23:14Est-ce que les gouvernements sont vraiment intéressés
01:23:16par les conséquences du réchauffement climatique et la fonte des glaciers ?
01:23:20Oui, parce que ça commence à leur coûter de plus d'argent
01:23:23de faire face aux conséquences néfastes du réchauffement
01:23:26que de maintenir les activités comme elles sont.
01:23:29Et c'est comme ça qu'on va arriver à convaincre aussi,
01:23:31c'est de montrer que ça coûte plus cher, en gros,
01:23:34après essayer de réparer les dégâts, que de prévenir en avance et de les éviter.
01:23:40Les feux en Californie, vous avez vu ces images ?
01:23:43Oui, levez la main ceux qui ont vu les images de la Californie en train de brûler.
01:23:47Ouais, quand même.
01:23:49Ça, c'est typiquement conséquence du réchauffement climatique aussi.
01:23:53Alors, vous l'avez compris, Heidi, elle accorde quand même
01:23:55beaucoup d'importance à la réception aussi de son travail, de ces images.
01:24:02Alors, je vous propose de lui faire un retour.
01:24:04Là, depuis son expédition, depuis là où elle se trouve,
01:24:07elle va, c'est sûr, regarder l'émission, elle va vous regarder.
01:24:10Oui.
01:24:11Et j'aimerais que vous lui fassiez un retour.
01:24:14Si vous l'aviez en face de vous, là, qu'est-ce que vous avez envie de lui dire, Heidi Sevestre ?
01:24:18Je lui dirais qu'elle continue à nous montrer toutes les facettes, déjà, de ce métier.
01:24:25Je trouve que ça nous fait apprendre un peu plus sur les glaces, sur notre monde.
01:24:31Elle m'a inspiré.
01:24:32Ah ouais ? Qu'est-ce qu'elle t'a inspiré ?
01:24:34Je ne savais pas de toutes ces informations.
01:24:37Moi, j'aurais dit merci pour ces films et abandonnez pas vos recherches.
01:24:42On lui passe donc le message merci.
01:24:43Merci infiniment à tous les deux d'avoir participé à cette émission.
01:24:46Merci, les élèves, bravo, vous pouvez vous applaudir.
01:24:49Vous avez posé des super touchants, vous étiez super brillants.
01:24:51Très bien préparés par vos professeurs, évidemment.
01:24:54Vous avez bossé comme il fallait pour préparer cette émission.
01:24:57Et puis, nous, on se retrouve très vite avec un nouveau film et un nouveau documentaire
01:25:00parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
01:25:03Salut, les élèves !
01:25:04Salut !

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