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À 6000 kilomètres de Paris, la Sibérie est une terre glaciale où les conditions de vie sont extrêmes, avec des températures descendant à -63°C. Nous partons dans des villes comme Yakoutsk, le pôle du froid, et Norilsk, l'une des villes les plus polluées du monde. Ces régions, jadis des goulags et aujourd'hui des zones industrielles, sont marquées par un climat impitoyable et des vies difficiles. Ce film rare plonge dans l’existence de ces habitants et montre comment certains fuient vers Novossibirsk, une ville offrant un meilleur avenir.

Sous l’influence de leurs parents, les adolescents quittent le domicile et s’inscrivent à l’université de Novossibirsk. Capitale de la Sibérie, cette ville offre une vie moderne et confortable à ses habitants. Ville de la réussite, elle est la promesse d’une autre vie pour la jeunesse de Sibérie. Depuis la capitale jusqu’aux territoires les plus hostiles, ce documentaire propose une immersion inédite en Sibérie, royaume de tous les extrêmes.

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Personnes
Transcription
00:00:00En plein cœur de la Sibérie, Yakuts, la ville la plus froide au monde.
00:00:09En hiver, la température peut descendre jusqu'à moins 64 degrés.
00:00:17Ici, tout gèle en moins de 5 minutes.
00:00:20Le marché de Yakuts est un congélateur à ciel ouvert.
00:00:32Salut, comment ça va ?
00:00:34Salut, ça va et toi ?
00:00:35Salut !
00:00:37On va acheter du poisson ?
00:00:41Victor, 25 ans, est le seul français parmi les 290 000 habitants de la ville.
00:00:47Fasciné par la Sibérie, ce professeur de français s'est installé ici, il y a 6 mois.
00:00:54Ce soir, il organise avec ses amis un apéro typiquement russe.
00:00:59C'est très simple, on va simplement manger ce poisson, ça s'appelle stroganine.
00:01:03Et simplement, on va le couper en fines tranches avec du sel et du poivre et le manger directement comme ça.
00:01:08Il n'y a rien besoin de préparer, c'est déjà tout prêt.
00:01:11Donc un poisson cru, c'est un peu bizarre, mais c'est pas mauvais.
00:01:17Particularité de Yakuts, la température est si basse qu'à l'air libre, tous les aliments restent congelés.
00:01:31La tradition sibérienne est de les manger crus et glacés.
00:01:42On va prendre la moitié.
00:01:46Ça, c'est du foie.
00:01:49Le foie de poulain gelé, c'est l'une des spécialités locales.
00:01:53C'est un peu impressionnant, comment ils coupent la viande.
00:01:59Les étals regorgent de produits pour le moins surprenants.
00:02:03J'avais encore jamais vu ça ici.
00:02:06Victor vit à Yakuts depuis plusieurs mois.
00:02:09Et pourtant, il continue à faire des découvertes sur ce marché.
00:02:12Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
00:02:13Ça, un intestin de poulain.
00:02:15Et ça se mange ?
00:02:16Ah, putain, c'est un intestin de poulain, ça, en fait.
00:02:21Je croyais que c'était un légume.
00:02:23Trop exotique pour Victor,
00:02:25qui se contentera d'un simple assortiment de poissons
00:02:29et du fameux foie de poulain gelé.
00:02:33Ça me vient ?
00:02:33Ça est froid, non ?
00:02:34Non, ça va.
00:02:35Moi, si.
00:02:36En tout cas, moi, ça y est, je suis gelé.
00:02:38Donc, on va aller se réchauffer dans la voiture.
00:02:40Si Victor va pouvoir se mettre à l'abri,
00:02:46les vendeurs du marché, eux,
00:02:47sont loin d'avoir terminé leur journée.
00:02:50Ils sont surnommés les forçats du froid.
00:02:53Par moins 30, 12 heures par jour,
00:02:56ils servent les clients.
00:03:00Zina est vendeuse de poissons depuis 10 ans.
00:03:03Ses joues sont littéralement gelées
00:03:05par l'air glacial de Yakuts.
00:03:10On a tous peur de mourir de froid.
00:03:12Je me souviens qu'un homme ici
00:03:14a gelé sur le marché
00:03:15et on lui a amputé les mains.
00:03:19Maintenant, il ne peut plus travailler.
00:03:21La vie est pure ici ?
00:03:23Oui, ce n'est pas facile de vivre ici.
00:03:25Le climat est très rude.
00:03:26Il ne pardonne rien.
00:03:30L'année dernière,
00:03:32une centaine d'habitants sont morts gelés à Yakuts.
00:03:36Cette ville incarne à elle seule
00:03:38le mode de vie en Sibérie,
00:03:40une vie à la dure.
00:03:46La Sibérie représente
00:03:48les trois quarts du territoire russe.
00:03:5113 millions de kilomètres carrés,
00:03:53plus de 20 fois la France.
00:03:55Une terre hostile
00:03:56au climat impitoyable.
00:03:59Le froid,
00:04:00la glace et les tempêtes de neige
00:04:02plongent les habitants
00:04:03dans un enfer quotidien.
00:04:04Mon Dieu, le toit tombe !
00:04:10Le toit tombe !
00:04:13Ou pour survivre,
00:04:16il faut aimer souffrir.
00:04:19Bienvenue en Sibérie !
00:04:21En Sibérie,
00:04:23les températures polaires
00:04:24font plusieurs centaines
00:04:25de victimes chaque année.
00:04:26Un homme est couché par terre.
00:04:29Il a perdu connaissance dans la rue.
00:04:32Et dehors,
00:04:33il fait moins 30.
00:04:35C'est pour ça que nous devons nous dépêcher.
00:04:38Si la personne a perdu connaissance,
00:04:40elle peut mourir gelée
00:04:41en quelques minutes.
00:04:43Le froid sibérien
00:04:44provoque des blessures irréversibles.
00:04:46La limite de la partie nécrosée
00:04:48est nette.
00:04:49Nous allons commencer
00:04:50la préparation
00:04:51pour une amputation
00:04:52de tous les orteils du pied.
00:04:54Au cœur du cercle polaire,
00:04:56les territoires
00:04:57les plus reculés de Sibérie
00:04:58cachent des zones fermées,
00:05:01interdites aux étrangers.
00:05:03Mettez-vous là sur le côté.
00:05:05Ne discutez pas,
00:05:05c'est comme ça.
00:05:07En exclusivité,
00:05:09nous avons pu pénétrer
00:05:10dans Norilsk,
00:05:11un ancien goulag stalinien
00:05:13qui abrite
00:05:14une des plus grandes usines
00:05:16de nickel au monde.
00:05:18Le précieux minerai
00:05:19se cache dans les entrailles
00:05:21de la terre
00:05:21à plus de 800 mètres
00:05:23de profondeur.
00:05:27Voilà notre trésor.
00:05:29Regardez comme elle brille.
00:05:30Ce sont uniquement des métaux.
00:05:32Il y a de l'or,
00:05:33du nickel,
00:05:34du platine et de l'argent.
00:05:36Une ville usine
00:05:36où les conditions de vie
00:05:38sont extrêmes.
00:05:39Norilsk est la sixième ville
00:05:41la plus polluée de la planète.
00:05:43Pour moi,
00:05:44il ne faut pas rester
00:05:45vivre ici trop longtemps.
00:05:46Il faut qu'on parte.
00:05:49En Sibérie,
00:05:51il ne fait pas froid
00:05:52partout et tout le temps.
00:05:54La capitale Novosibirsk
00:05:56incarne modernité
00:05:57et richesse,
00:05:59attirant des milliers
00:06:00de jeunes russes
00:06:02avides de liberté.
00:06:03« Ce n'est pas parce qu'on est
00:06:08en Sibérie
00:06:09que rien n'est développé.
00:06:12On est aussi moderne que vous. »
00:06:15Anna fait partie
00:06:16de cette nouvelle génération
00:06:17qui refuse la vie à la dure.
00:06:19« C'est trop cool
00:06:22d'être à Cherégèche. »
00:06:25Depuis la capitale
00:06:26et sa jeunesse décomplexée
00:06:27jusqu'aux territoires
00:06:29les plus hostiles.
00:06:31Immersion inédite
00:06:32en Sibérie,
00:06:34royaume de tous les extrêmes.
00:06:35À Yakuts,
00:06:44en ce soir de février,
00:06:46l'air frôle
00:06:47les moins 40 degrés.
00:06:50Victor, le français,
00:06:52et son ami Jorah
00:06:53préparent la glace
00:06:54pour l'apéro.
00:06:57Mais cette glace
00:06:58ne servira pas
00:06:59à rafraîchir leur vodka.
00:07:01« Qu'est-ce que c'est ça, Victor ? »
00:07:03« Vous voyez, c'est de la glace. »
00:07:05« Ils ont pris de la glace
00:07:06pour boire, du coup,
00:07:07vu qu'ici, il n'y a pas
00:07:07l'eau courante.
00:07:09Du coup, ils prennent de l'eau
00:07:10sur la rivière pour...
00:07:11Ils découpent des blocs de glace
00:07:12sur la rivière
00:07:13pour avoir de l'eau potable
00:07:15à la maison.
00:07:16Et voilà, ils stockent ça
00:07:18pendant tout l'hiver, ici. »
00:07:23« Jorah, tu passes devant. »
00:07:25Jorah habite dans une isba,
00:07:27une maison en bois
00:07:28typique de Sibérie.
00:07:31Ici,
00:07:31impossible d'avoir
00:07:33de l'eau courante.
00:07:34Aucune canalisation
00:07:35ne résiste au froid.
00:07:37« On dépose l'eau
00:07:39tout de suite. »
00:07:42C'est dans ce réservoir
00:07:43en métal
00:07:44de 200 litres
00:07:45que toute l'eau potable
00:07:46de la maison est stockée.
00:07:50Sans eau courante,
00:07:51le confort est réduit
00:07:52au strict minimum.
00:07:53« La salle de bain ? »
00:07:58« Enfin, il n'y a pas de bain,
00:07:59mais c'est là qu'il y a l'eau.
00:08:01Donc, ils mettent de l'eau ici,
00:08:02simplement un petit réservoir,
00:08:03ils remplissent ça d'eau
00:08:04et ça fait office
00:08:05de robinet, quoi. »
00:08:08« Mais bon, c'est quand même pas mal.
00:08:09On peut se laver les dents,
00:08:10on peut se laver le visage,
00:08:11on peut se laver aux gants de toilette,
00:08:12comme à l'époque. »
00:08:13« Pour un Français,
00:08:14ce genre de salle de bain,
00:08:15c'est... »
00:08:16« Qu'est-ce que tu en penses ? »
00:08:17« C'est pour un Français
00:08:18des années 50, quoi. »
00:08:20« Non, bien sûr,
00:08:21ça manque de douche, quoi. »
00:08:24Victor, lui,
00:08:26n'habite pas Unisba.
00:08:28Professeur de français
00:08:29à l'université,
00:08:31il bénéficie
00:08:31d'un logement tout confort.
00:08:34Passionné depuis l'enfance
00:08:35par les déserts de glace
00:08:36du Grand Nord,
00:08:38grâce à ce poste,
00:08:39il réalise son rêve.
00:08:41« J'ai toujours voulu
00:08:42aller vers le froid.
00:08:43Et donc, maintenant,
00:08:44je suis assez content,
00:08:44je suis en plein dans le froid,
00:08:46donc c'est bon,
00:08:47j'avais trouvé la Yakuti,
00:08:48quoi, le paradis. »
00:08:51Un paradis
00:08:51qui se consomme
00:08:53sans modération.
00:08:55L'apéro à la mode sibérienne
00:08:57commence toujours
00:08:58de la même façon.
00:09:00Un verre de vodka,
00:09:02cul sec.
00:09:07« Donc, en fait,
00:09:08il fait moins 40 dehors
00:09:09et on boit de la... »
00:09:10« Ça fait zéro. »
00:09:11« Ça fait zéro,
00:09:12et comme ça,
00:09:12tout le monde est content.
00:09:13Viennent ensuite
00:09:17les poissons du marché,
00:09:19servis crus,
00:09:20en fines tranches
00:09:21comme des chips,
00:09:22mais surgelés.
00:09:28Et surtout,
00:09:30le fameux foie
00:09:31de poulain gelé
00:09:31que Victor goûte
00:09:35pour la toute première fois.
00:09:36c'est un goût de sang,
00:09:43qu'est-ce que tu en penses ?
00:09:44« Oui, j'aime pas. »
00:09:45« Oui, j'aime pas. »
00:09:46« C'est un goût de foie, ouais. »
00:09:52« Sauf que c'est froid et... »
00:09:55« Ouais, c'est pas terrible. »
00:09:58« Ça, c'est très bon, par contre. »
00:10:03« Autant j'aime pas beaucoup le foie. »
00:10:04« Mais ça, j'adore. »
00:10:08Pour se réchauffer,
00:10:10Victor et ses amis
00:10:11n'ont pas vraiment besoin
00:10:12de vodka.
00:10:12Il fait presque 30 degrés
00:10:15dans l'Isba,
00:10:16grâce au gaz fourni par la ville
00:10:18qui alimente la chaudière
00:10:19et la dizaine de radiateurs
00:10:21de la petite maison.
00:10:23Mais à cause d'une envie pressante,
00:10:24Victor va devoir quitter
00:10:27cette chaleur tropicale.
00:10:31« Voilà les belles toilettes.
00:10:34Un joli trou
00:10:34et deux planches de bois, quoi.
00:10:37Voilà.
00:10:38Ça fait pas rêver,
00:10:38mais c'est pas le temps
00:10:40de faire ça ici,
00:10:43c'est plutôt le fait
00:10:43de devoir sortir,
00:10:44de devoir s'habiller,
00:10:45de devoir passer
00:10:47de plus 30 à la maison
00:10:49à moins 30 à l'extérieur
00:10:50pour aller pisser, quoi.
00:10:53C'est pas terrible.
00:10:54Je vais vous laisser,
00:10:56je vais pisser, quoi.
00:11:01Une vie rude
00:11:02que Victor prend
00:11:03avec le sourire,
00:11:05mais qui,
00:11:06pour d'autres habitants,
00:11:08est synonyme de souffrance.
00:11:1120 heures
00:11:12sur le marché de Yakuts.
00:11:16Après 12 heures passées
00:11:17par moins 30 degrés,
00:11:19Zena, la vendeuse de poissons,
00:11:21et Roma, son patron,
00:11:22remballent leur stand.
00:11:24Je suis fatiguée.
00:11:28Quand je rentre,
00:11:29je me couche aussitôt.
00:11:31Je bois du thé
00:11:31et parfois,
00:11:32je n'ai même pas
00:11:33la force de cuisiner.
00:11:34Je me couche tout de suite.
00:11:35C'est dur.
00:11:37On n'a rien oublié ?
00:11:39Allez, je ferme.
00:11:40Roma, 54 ans,
00:11:45et Zena, 53 ans,
00:11:46se sont rencontrées
00:11:47il y a 10 ans.
00:11:49Elle était alors
00:11:50au chômage,
00:11:51seule
00:11:51et sans argent.
00:11:56Roma l'embauche
00:11:57comme une petite main
00:11:58pour un salaire de misère.
00:12:01En échange,
00:12:02il lui offre
00:12:03la nourriture
00:12:03et le logement.
00:12:04chaque soir,
00:12:07elle rentre avec lui
00:12:08dans un petit studio
00:12:09du centre-ville.
00:12:10Entrez, venez.
00:12:13Enfin la maison.
00:12:15On est vraiment soulagés
00:12:16d'être chez nous.
00:12:17Je vais enlever mon chapeau.
00:12:19Mes cheveux sont
00:12:19tous décoiffés.
00:12:23Ils mangent,
00:12:24vivent
00:12:25et dorment
00:12:26dans une seule pièce
00:12:27de 12 mètres carrés.
00:12:28Moi, je dors ici
00:12:32et lui,
00:12:35là-bas,
00:12:35dans ce lit.
00:12:36Moi, je dors là.
00:12:40On dort comme ça,
00:12:41mais parfois,
00:12:41je la rejoins
00:12:42et on fait l'amour.
00:12:49C'est comme ça
00:12:50que nous vivons.
00:12:51Quand je rentre du marché,
00:12:52j'écoute
00:12:53David Coverdell.
00:12:54Vous connaissez
00:12:54le groupe White Snake ?
00:12:57Voilà,
00:13:02j'écoute ça.
00:13:03Je m'installe là
00:13:04et je bois un café.
00:13:06C'est mon moment
00:13:07de détente.
00:13:09Regardez,
00:13:09c'est génial.
00:13:14Zina et moi,
00:13:15on vit comme ça,
00:13:15on n'a pas le choix.
00:13:17Il n'y a pas d'amour
00:13:18entre nous.
00:13:18On habite ensemble
00:13:19pour survivre.
00:13:20Si je n'existais pas,
00:13:21elle ne pourrait pas travailler.
00:13:24Et si elle n'était pas là,
00:13:26il n'y aurait personne
00:13:26pour prendre soin de moi.
00:13:29Roma fait un bénéfice moyen
00:13:30de 300 euros par mois.
00:13:33Il donne à Zina
00:13:33juste de quoi
00:13:34s'acheter à manger.
00:13:36Mais si les affaires
00:13:36sont trop mauvaises,
00:13:38elles ne touchent rien.
00:13:39Aujourd'hui,
00:13:40on a fait 80 euros
00:13:41de chiffre d'affaires.
00:13:43Avec ça,
00:13:43pour le moment,
00:13:44je ne gagne rien.
00:13:46J'en ai assez.
00:13:47Je n'en peux plus
00:13:47de rester debout
00:13:48à geler toute la journée.
00:13:50Je me donne encore un an
00:13:51et j'arrête.
00:13:53Le climat est trop dur.
00:13:54Cela fait 10 ans
00:13:59que Zina
00:13:59affronte le froid
00:14:00de Yakuts
00:14:01pour survivre.
00:14:03Un climat impitoyable
00:14:04qui chaque nuit
00:14:05fait de nouvelles victimes.
00:14:11En hiver,
00:14:12les services d'urgence
00:14:13de Yakuts
00:14:14interviennent
00:14:14jour et nuit.
00:14:18Ce soir,
00:14:18la température
00:14:19est de moins 30 degrés.
00:14:22Un danger mortel.
00:14:23Katarina
00:14:26est médecin urgentiste
00:14:27depuis 20 ans.
00:14:29La première alerte
00:14:30vient de tomber.
00:14:34Un homme est couché
00:14:35par terre.
00:14:36Il a perdu connaissance
00:14:37dans la rue.
00:14:39Et dehors,
00:14:39la température
00:14:40est glaciale
00:14:41cette nuit.
00:14:43C'est pour ça
00:14:43que nous nous dépêchons.
00:14:44Si la personne
00:14:45ne se relève pas,
00:14:46elle peut mourir gelée.
00:14:47dans un quartier
00:14:51pauvre de la ville,
00:14:53un homme a été retrouvé
00:14:54inconscient
00:14:55dans la neige
00:14:56par des policiers.
00:14:59Bonjour.
00:15:01Ils ont mis
00:15:02la victime
00:15:02à l'abri
00:15:03dans le hall
00:15:04d'un immeuble.
00:15:07Tu as été frappé
00:15:08à la tête ?
00:15:09Oui.
00:15:10Mais le bleu
00:15:10est ancien.
00:15:12J'ai mal
00:15:12à la mâchoire.
00:15:13Faites attention.
00:15:14Tu as consommé
00:15:15de l'alcool ?
00:15:16Non.
00:15:18C'est ça,
00:15:18on va te croire.
00:15:19Non,
00:15:20je vous promets.
00:15:21L'homme est ivre.
00:15:22Il se serait battu
00:15:23dans la rue
00:15:23avant de perdre connaissance.
00:15:25Fais-nous voir.
00:15:26Tu n'as pas de coup
00:15:27ailleurs,
00:15:27pas de plaie ?
00:15:31Katarina et son équipe
00:15:34s'assurent
00:15:34qu'ils ne présentent
00:15:35pas de traumatisme
00:15:36avant de l'évacuer.
00:15:40Monte.
00:15:41Assieds-toi ici.
00:15:42Normalement.
00:15:47Allez,
00:15:47ne te couche pas là.
00:15:50Cet homme est un alcoolique.
00:15:51Quelqu'un l'a roué de coup.
00:15:53Il ne sait même pas qui.
00:15:55Il a un traumatisme crânien
00:15:56et une lèvre éclatée.
00:15:59Maintenant,
00:16:00nous allons l'emmener
00:16:00à l'hôpital.
00:16:04En Sibérie
00:16:04et en Russie,
00:16:06l'alcoolisme
00:16:06est un fléau
00:16:07que ses urgentistes
00:16:08côtoient quotidiennement.
00:16:09pour qu'une personne
00:16:12proche du coma éthylique
00:16:13retrouve ses esprits.
00:16:15Relève-toi.
00:16:16Ils ont une méthode
00:16:16imparable.
00:16:18Respire.
00:16:19Inhaler de l'ammoniaque
00:16:20à plein poumon.
00:16:22C'est bon,
00:16:22c'est bon,
00:16:23ça va.
00:16:24Ouvre tes yeux.
00:16:27Tu vas dessouler un peu.
00:16:29Reste tranquille.
00:16:31Il est SDF,
00:16:32il n'a pas de domicile.
00:16:34C'est pour cela
00:16:35qu'on le ramène
00:16:35à l'hôpital.
00:16:36On ne peut pas
00:16:37le laisser dans la rue
00:16:38par ce froid.
00:16:41Surtout alcoolisé
00:16:42comme il est.
00:16:46À moins 30 degrés,
00:16:48sans protection,
00:16:49l'hypothermie est fatale
00:16:50en quelques minutes.
00:16:53Des températures extrêmes
00:16:55qui font chaque jour
00:16:56plusieurs blessés
00:16:57et même des morts.
00:17:01Les victimes sont transférées
00:17:02dans cet hôpital spécialisé.
00:17:06au sein du service
00:17:07des blessures thermiques.
00:17:09L'un des rares centres
00:17:10de ce type en Sibérie.
00:17:13Les filles,
00:17:14vous êtes prêtes ?
00:17:15Oui, tout est bon.
00:17:17Entrez, s'il vous plaît.
00:17:20Svetlana Semenova,
00:17:22la chef de service,
00:17:23reçoit plusieurs centaines
00:17:24de patients par an.
00:17:26Cette patiente
00:17:28est arrivée
00:17:29avec le pied joli
00:17:29parce qu'elle a marché
00:17:31toute une soirée dehors.
00:17:33Elle s'est exposée
00:17:33trop longtemps au froid
00:17:34et ses chaussures
00:17:35étaient trop serrées.
00:17:39Ouvrons le pansement.
00:17:41Voilà,
00:17:42vous voyez le noir
00:17:43sur les doigts de pied.
00:17:44C'est une congélation
00:17:45au quatrième degré,
00:17:46une momification
00:17:47des tissus.
00:17:49La limite
00:17:50de la partie nécrosée
00:17:51est nette.
00:17:55Probablement,
00:17:55cette semaine,
00:17:56nous allons commencer
00:17:57la préparation
00:17:57pour une amputation
00:17:59de tous les orteils
00:18:00du pied.
00:18:04Par grand froid,
00:18:05tout se joue
00:18:06en quelques minutes.
00:18:08Les tissus gèlent
00:18:09et la circulation
00:18:10du sang se bloquent,
00:18:12provoquant une nécrose
00:18:13du membre touché.
00:18:15Comme pour cette jeune femme
00:18:16de 28 ans.
00:18:17Le froid ici est terrible.
00:18:22J'en suis l'exemple même,
00:18:23regardez.
00:18:26On dit qu'il faut s'habiller,
00:18:27qu'il faut faire attention.
00:18:29J'ai grandi ici
00:18:30et jamais je n'aurais pensé
00:18:31que ça m'arriverait à moi.
00:18:33Personne n'est à l'abri.
00:18:35J'ai marché trop longtemps
00:18:36dans la neige
00:18:37et lorsque je suis rentrée
00:18:38chez moi,
00:18:38j'ai enlevé mes bottes
00:18:39et j'ai vu que le pied
00:18:40était enflé.
00:18:42J'avais un œdème
00:18:43et donc j'ai tout de suite
00:18:43appelé le SAMU.
00:18:44Je ne marcherai plus
00:18:47jamais comme avant.
00:18:48À la sortie,
00:18:49je vais avoir un pied en moins.
00:18:53Fataliste,
00:18:54la jeune femme
00:18:55prend son accident
00:18:56presque avec le sourire.
00:18:58À Yakout,
00:18:59chaque année,
00:19:00plus de 200 patients
00:19:01subissent une amputation
00:19:02et environ 150 personnes
00:19:05meurent de froid.
00:19:07Ces régions extrêmes
00:19:08de Sibérie,
00:19:09la jeune génération
00:19:10cherche à les fuir
00:19:11dès qu'elle le peut.
00:19:14plus au sud,
00:19:17à près de 3000 kilomètres
00:19:18de Yakout,
00:19:19la capitale de la Sibérie,
00:19:22Novosibirsk.
00:19:24Température,
00:19:2510 degrés.
00:19:27Ici,
00:19:28l'herbe est plus verte
00:19:29que partout ailleurs
00:19:30en Sibérie.
00:19:32Parmi les 1,5 millions
00:19:33d'habitants
00:19:33de la 3e ville de Russie,
00:19:36de nombreux jeunes
00:19:36venus de tout le pays
00:19:37s'installent pour étudier
00:19:39et faire carrière.
00:19:41Une jeunesse coupée
00:19:43de son passé.
00:19:45Alors ça,
00:19:47c'est un ancien dirigeant
00:19:48de notre pays.
00:19:50Je suis incapable
00:19:51de vous en dire plus.
00:19:54Je peux regarder
00:19:55sur Internet ?
00:19:57Mais vous ne savez pas
00:19:58qui est Lénine ?
00:19:59Non, désolé.
00:20:03C'est qui ?
00:20:04Réfléchis,
00:20:05c'est qui ?
00:20:05Non, je ne sais pas.
00:20:10Mais bon,
00:20:11c'est du passé.
00:20:12Il faut vivre au présent.
00:20:14Pour l'instant,
00:20:16c'est Poutine,
00:20:16notre président.
00:20:17Poutine,
00:20:17présidentage.
00:20:21Anna, 25 ans,
00:20:23a grandi
00:20:23à plus de 500 km
00:20:24à Novo Kuznets,
00:20:26une campagne pauvre
00:20:27de Sibérie.
00:20:28Cette fille d'ouvrier
00:20:32est aujourd'hui
00:20:33en master de science
00:20:34de l'environnement.
00:20:35Salut !
00:20:37Après les cours,
00:20:39elle est aussi
00:20:40l'une des danseuses
00:20:41du club le plus branché
00:20:42de la ville.
00:20:43Toi aussi,
00:20:44tu es venue
00:20:44pour le twerk ?
00:20:45Oui,
00:20:46j'espère que ça va aller.
00:20:47Vous vous préparez
00:20:48pour quoi ?
00:20:48Pour un petit entraînement
00:20:50de twerk.
00:20:51On va se secouer,
00:20:52se chauffer
00:20:53pour la beauty dance
00:20:54sibérienne.
00:20:55Et ça,
00:20:57c'est la petite culotte
00:20:58pour l'entraînement.
00:20:59C'est ma tenue
00:21:00pour le twerk.
00:21:04C'est une danse
00:21:05très sensuelle,
00:21:06très sexy.
00:21:07Tout à l'heure,
00:21:08ça va être chaud.
00:21:09Vous allez voir ça
00:21:09vous-même.
00:21:11C'est bon,
00:21:11on y va ?
00:21:13Tout droit à portée
00:21:16des Etats-Unis.
00:21:17Depuis peu,
00:21:18le twerk fait fureur
00:21:19en Russie.
00:21:19L'occasion
00:21:25pour les jeunes
00:21:25sibériennes
00:21:26de passer du temps
00:21:27entre elles.
00:21:29Les battles
00:21:29de twerk
00:21:30sont interdites
00:21:31aux hommes.
00:21:35Pour Anna
00:21:36et ses amis,
00:21:37cette danse
00:21:38provocante
00:21:38est aussi
00:21:39un symbole
00:21:39de modernité
00:21:40et d'émancipation.
00:21:42s'approprier
00:21:48leur corps
00:21:49pour casser
00:21:50les codes
00:21:50machistes
00:21:51de la société russe.
00:21:52Sous-titres
00:22:22Je pense que là, on vient de prouver à tout le monde que le twerk en Sibérie, c'est très chaud.
00:22:30Ici, les femmes sont très libérées.
00:22:34Ce sont des préjugés de penser qu'en Sibérie, on vit tellement loin que chez nous, rien n'est développé.
00:22:41Ce n'est pas vrai.
00:22:42Ici, on évolue au même rythme que le reste du monde.
00:22:45Anna, célibataire, fait partie de cette nouvelle génération de femmes sibériennes qui bouscule les traditions.
00:22:58Depuis trois ans, elle étudie dans le plus grand campus de Novosibirsk pour devenir ingénieure en écologie.
00:23:06Et voilà notre chez nous.
00:23:09Elle partage une chambre avec sa meilleure amie, Anastasia.
00:23:13Toutes les deux sont boursières.
00:23:15Voilà mon lit.
00:23:17Voilà celui d'Anastasia.
00:23:19Et là, il y a encore une fille d'achat.
00:23:22Moi, je rêve de devenir ingénieure dans l'environnement, de devenir une super écologiste.
00:23:29Entre le logement dans le campus et la vie quotidienne, l'année scolaire d'Anna coûte environ 5000 euros.
00:23:35Une petite fortune pour ses parents.
00:23:37Son père est ouvrier et sa mère caissière.
00:23:40Mes parents se sont sacrifiés pour que je vienne ici.
00:23:43Il me disait, ma fille, on vit pour toi.
00:23:48Je suis très reconnaissante.
00:23:49À Novosibirsk, il y a tout ce dont je rêve.
00:23:52Les études, la danse, du travail, de nouveaux amis.
00:23:57Une nouvelle vie, quoi.
00:23:58Une nouvelle vie dont Anna compte bien profiter un maximum.
00:24:05Dans quelques heures, elle part avec Anastasia pour un week-end à Chirégech, la station de ski branchée de Sibérie.
00:24:11Je vais te montrer la descente en maillot de bain.
00:24:14C'est dingue.
00:24:15C'était quand ?
00:24:17L'année dernière.
00:24:21Regarde.
00:24:25J'hallucine, c'est top.
00:24:27Le record a été battu.
00:24:32Il y avait 2000 skieurs qui ont fait la descente en maillot de bain.
00:24:38Ce festival a fait un buzz énorme sur Internet.
00:24:43Quand le record a été battu, tout le monde criait.
00:24:46Waouh !
00:24:47Il faut absolument qu'on y aille cette année.
00:24:49Dans deux jours, Anna et Anastasia découvriront pour la première fois la folie de Chirégech.
00:25:03Cette année encore, tous espèrent être assez nombreux pour battre à nouveau le record du monde de la plus grande descente de ski en maillot de bain.
00:25:19Si Novosibirsk incarne une Sibérie moderne et libérée, certaines régions reculées de cette province russe sont, elles, restées figées dans le temps.
00:25:33Vestige de l'époque soviétique, la Russie cache 42 villes surnommées les villes interdites.
00:25:40Des zones semi-fermées, protégées par l'armée et interdites aux étrangers.
00:25:49A l'aéroport de Novosibirsk, nous avons rendez-vous avec Marina, une journaliste russe.
00:25:59Avec elle, après des mois de négociations, nous avons obtenu une autorisation exceptionnelle.
00:26:05Voilà, ça, ça, pour ce papier, on a lutté pendant presque six mois.
00:26:13Le précieux sésame est délivré par le FSB.
00:26:16Les services secrets russes, chargés de la sécurité intérieure du pays.
00:26:22L'héritier du célèbre KGB.
00:26:25On autorise l'entrée à la ville de Novosibirsk.
00:26:30Les citoyens étrangers à partir du 15.
00:26:34Embarquement du vol pour Novosibirsk.
00:26:37Voilà, c'est notre vol.
00:26:38OK.
00:26:39Pour se rendre à Novosibirsk, pas de route, ni de train.
00:26:46Seul l'avion permet d'accéder à cette contrée reculée, coupée du monde.
00:26:51Située à 360 kilomètres à l'intérieur du cercle polaire,
00:26:59Novosibirsk est la grande ville la plus septentrionale de la planète.
00:27:04Une ville fermée aux non-russes.
00:27:07Mettez-vous là, sur le côté.
00:27:10Pourquoi ?
00:27:11Ne discutez pas, c'est comme ça.
00:27:12Attendez-moi, c'est un peu.
00:27:13Nos deux passeports français posent problème aux douaniers.
00:27:20Sans la lettre du FSB, notre voyage serait arrêté ici.
00:27:25C'est fini ?
00:27:25C'est juste, ils nous ont enregistré.
00:27:28On fait les copies de notre invitation à enregistrer.
00:27:34C'est la première fois qu'une caméra française pénètre sur le territoire de Novosibirsk.
00:27:38Nous découvrons un univers figé dans la glace et la neige.
00:27:51En hiver, les températures atteignent les moins 30 degrés.
00:27:58Bienvenue dans le Far West sibérien.
00:28:08Comme la majorité des habitants de Norilsk, notre chauffeur est né ici.
00:28:16Nous, on vit dans une ville fermée.
00:28:20C'est calme.
00:28:22Et ce qui compte, c'est le calme.
00:28:26Nous avons notre monde à nous.
00:28:28On se connaît pratiquement tous ici.
00:28:32Au loin, là, c'est l'usine de nickel.
00:28:35Si Norilsk est une ville fermée, c'est à cause de cette usine.
00:28:44Norilsk nickel.
00:28:47Le plus grand combina métallurgique au monde.
00:28:53Un site stratégique pour l'économie russe.
00:28:59Ses cheminées asphyxient la ville.
00:29:01Rustislav est notre interlocuteur imposé par le FSB.
00:29:10A 37 ans, il est directeur de l'information de Norilsk nickel.
00:29:14Il est chargé de contrôler notre tournage.
00:29:17Là, nous nous trouvons sur le site métallurgique de Norilsk nickel.
00:29:22Le premier producteur au monde de métaux de couleur.
00:29:30Et qu'est-ce que c'est que cette fumée, là ?
00:29:33Cette fumée noire ?
00:29:35Ce sont des rejets dans l'atmosphère qui se forment lors de la production des métaux.
00:29:38L'extraction des métaux de couleur n'est malheureusement pas très écologique.
00:29:50Mais par contre, je peux vous dire que ces rejets atmosphériques n'impactent pas les voies respiratoires.
00:29:56C'est sans conséquence pour la santé.
00:29:57Difficile à croire, quand on sait que les cheminées rejettent 2 millions de tonnes par an de dioxyde de soufre, un gaz toxique.
00:30:08Norilsk est la 6e ville la plus polluée au monde.
00:30:12A elle seule, Norilsk nickel génère autant de pollution que la France entière.
00:30:18Pour cette raison, l'usine est un lieu interdit aux journalistes.
00:30:22Nous sommes la première caméra française à pénétrer dans cette enceinte.
00:30:26La coulée de lave commence, regardez.
00:30:31On sait que la Russie et le monde ont besoin de notre nickel.
00:30:37C'est ça la force de l'usine.
00:30:42Dans des bains de flammes, le métal entre en fusion à plus de 1500 degrés.
00:30:56Une température extrême permettant d'extraire le soufre du minerai pour fabriquer des lingots de nickel.
00:31:06L'usine tourne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
00:31:14Le nickel s'utilise partout, presque dans tout ce que vous voyez.
00:31:25Dans les téléphones, les couverts, les lunettes, l'électronique, les ordinateurs, tout.
00:31:32Tout le monde a besoin de nickel.
00:31:33Les 60 000 salariés produisent plus de 200 000 tonnes de nickel par an.
00:31:46L'an passé, le chiffre d'affaires de nos risques nickel a dépassé les 7 milliards d'euros.
00:31:51Accrochez-vous bien.
00:31:58Cette industrie, capitale pour la Russie, tire sa richesse d'un trésor caché dans les entrailles de la terre.
00:32:07Nous sommes en train de descendre à une profondeur de 800 mètres dans la mine de Skalistaya.
00:32:13L'ascenseur va à 29 km heure.
00:32:16Dans cette cage, on fait rentrer jusqu'à 90 travailleurs.
00:32:21Nous pénétrons dans l'une des 6 mines de l'usine.
00:32:31Un monde souterrain, secret.
00:32:35Et qui tient à le rester ?
00:32:38Ici, les journalistes ne sont pas les bienvenus.
00:32:40En fait, il n'y en a jamais.
00:32:46Nous sommes plongés dans un labyrinthe.
00:32:51Plusieurs centaines de kilomètres de galeries pour enfin découvrir la plus grande richesse de Sibérie, le minerai de nickel brut.
00:33:06Voilà notre trésor.
00:33:20C'est grâce à ce minerai que nous sommes devenus le leader mondial de la métallurgie.
00:33:26Regardez comme elle brille.
00:33:27Elle est très lourde.
00:33:29Ce sont uniquement des métaux.
00:33:31Il y a de l'or, du nickel, du platine et de l'argent.
00:33:34Ils sont des milliers de mineurs à creuser la roche.
00:33:45Des ouvriers qui, chaque jour, subissent l'enfer industriel.
00:33:53Ruslav travaille ici depuis 8 ans.
00:33:55Pourquoi portez-vous un masque ?
00:34:01Il protège contre la poussière, contre le gaz.
00:34:05C'est pour ma protection personnelle, pour rester en bonne santé.
00:34:10Parce qu'il ne faut pas respirer l'air de la mine.
00:34:13Il est très nocif.
00:34:17Ruslav passe 8 heures par jour sous terre, sans jamais remonter à la surface.
00:34:21Il a seulement le droit à une pause, dans cette alcôve, à 800 mètres de profondeur, où il fait plus de 35 degrés.
00:34:32C'est étrange d'être sous terre, comme ça.
00:34:33Au début, c'était terrible de travailler ici.
00:34:39Mais je me suis adapté, et finalement, je m'y sens bien maintenant.
00:34:45Il fait bon ici, pas de vent, pas de neige, et il fait chaud.
00:34:51Et puis, il faut gagner sa vie.
00:34:52Si Ruslav ne se plaint pas, c'est parce qu'il touche un salaire de 1550 euros par mois.
00:35:15Trois fois plus que dans une autre usine, ailleurs en Russie.
00:35:18Comme une prime de risque pour ces ouvriers, qui n'ont quasiment pas d'autre perspective que de passer leur vie sous terre.
00:35:29Plus de la moitié des emplois de la ville dépendent directement de l'usine.
00:35:40Restez ici, faites attention.
00:35:41Le père et le grand-père de Pavel étaient de simples ouvriers.
00:35:49A seulement 34 ans, lui est ingénieur.
00:35:53Il dirige une quinzaine d'hommes.
00:35:55Forgé dans le moule du patriotisme russe,
00:35:58Pavel est un pur produit de la propagande industrielle de Norilsk.
00:36:03Comme en témoigne cette interview, sous la surveillance du directeur de l'information.
00:36:07Je suis né à Norilsk.
00:36:12Certains jeunes ici rêvent de quitter la Sibérie.
00:36:15Tout ça à cause des conditions climatiques trop dures.
00:36:18Moi, je n'ai pas cédé à la tentation.
00:36:20J'ai fait des études ailleurs et je suis rentré pour aider ma ville natale.
00:36:23J'aide le pays en travaillant ici.
00:36:26Dans une Russie en crise, depuis que le rouble a perdu la moitié de sa valeur,
00:36:30Norilsk-Nikel incarne encore la puissance de la Grande Russie.
00:36:34Et pour certains, un refuge.
00:36:37Avec des salaires élevés et de nombreux avantages.
00:36:41Vous voyez, cette école et cette crèche, Norilsk-Nikel nous a aidés à les construire.
00:36:49L'usine fait beaucoup de choses pour vous ?
00:36:52Énormément.
00:36:54Ils ont aidés à construire un complexe sportif,
00:36:57une salle de spectacle,
00:36:59ils rénovent les infrastructures,
00:37:01et ils contribuent à la bonne santé de la ville.
00:37:05Plus que la municipalité même.
00:37:08Et pourquoi l'usine, en fait, est-elle autant pour ses employés ?
00:37:10Un employé content est un bon employé.
00:37:14Des efforts payants.
00:37:16Malgré les conditions climatiques et la pollution,
00:37:19ils sont nombreux comme Pavel a décidé de rester vivre à Norilsk.
00:37:23Bonjour chéri.
00:37:26Salut toi.
00:37:29Un bisou.
00:37:29Viens, rentre.
00:37:34Je vais te faire un thé.
00:37:37Marié depuis 5 ans et père de 2 enfants,
00:37:41Pavel a pu acheter cet appartement de 2 pièces grâce à son salaire d'ingénieur.
00:37:48Notre salaire à Norilsk est comparable à vos salaires.
00:37:53Il faut savoir que nous avons le même pouvoir d'achat que les ingénieurs
00:37:56qui travaillent dans le secteur de la métallurgie en France.
00:37:58Pavel gagne 1 400 euros par mois.
00:38:02Un bon salaire pour la Russie, même s'il n'est pas comparable avec celui d'un ingénieur en Europe de l'Ouest.
00:38:09Il y a une autre raison qui pousse le couple à rester dans cette ville polaire.
00:38:13Pour eux, l'isolement n'est pas un problème, bien au contraire.
00:38:17Est-ce que vous trouvez ça bien que cette ville soit fermée et que vous puissiez vivre entre vous ?
00:38:24Oui, je crois que ce système fermé est bénéfique.
00:38:27Avec ce que l'on voit aujourd'hui à la télévision, je trouve ça vraiment bien.
00:38:31Ce contrôle est nécessaire dans notre ville et il devrait d'ailleurs exister dans toute la Russie.
00:38:35Nous avons la responsabilité de nos enfants.
00:38:40Avec les attentats terroristes, j'ai commencé à avoir peur pour ma famille.
00:38:44Mais heureusement, nous vivons à Norilsk et nous sommes protégés.
00:38:48Nous sommes des patriotes.
00:38:50Nous travaillons pour le bien du pays.
00:38:53Et notre système, si on le change, tout va se dégrader.
00:38:55Ça ne sera plus chez nous.
00:39:03Norilsk semble aujourd'hui protéger les siens.
00:39:05Mais c'est loin d'avoir été toujours le cas.
00:39:10La ville est encore hantée par son passé, par une page terrible de l'histoire russe.
00:39:16Ce dimanche, Elisaveta Hobbs, 66 ans, brave la tempête.
00:39:23Pour rendre hommage à ceux qui ont construit Norilsk,
00:39:25ceux qui furent les premiers à travailler dans les mines.
00:39:32Ils reposent aujourd'hui dans le cimetière de Golgatha.
00:39:38C'est une façon de dire à tous les morts que nous nous souviendrons d'eux pour toujours.
00:39:43Et que nous viendrons toujours les voir.
00:39:46En 1935, à l'époque de la dictature stalinienne,
00:39:51Norilsk était un goulag, l'un des pires de Russie.
00:39:55En creusant cette terre gelée,
00:39:58des dizaines de milliers de prisonniers sont morts de froid et de faim.
00:40:01Ici, c'était les déportés hongrois.
00:40:06Cette stèle est pour eux.
00:40:10Et là, c'est le monument pour les japonais.
00:40:16Les prisonniers arrivaient de toute l'ex-URSS,
00:40:19mais aussi d'Europe et d'Asie.
00:40:20Pendant 20 ans,
00:40:26Norilsk s'appelle Norilag,
00:40:28l'un des plus grands camps de travail de la dictature soviétique.
00:40:31Ça, c'est une tombe construite récemment.
00:40:38Un jour, pendant le dégel,
00:40:39il y a eu un torrent d'eau qui a fait apparaître des ossements.
00:40:44Alors les habitants de Norilsk les ont rassemblés dans quelques sacs
00:40:47et ils ont fait une tombe pour ces restes anonymes.
00:40:52Au total, environ 100 000 personnes seraient mortes dans ce goulag.
00:41:06Norilsk niquel n'a financé aucune des tombes.
00:41:15Elisaveta est fille de prisonniers.
00:41:18Pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:41:19son père juif allemand a été déporté
00:41:22pour 5 ans de travaux forcés,
00:41:24comme beaucoup de ses compatriotes vivant en URSS.
00:41:28Staline voulait ainsi se protéger
00:41:30d'une éventuelle trahison ultérieure.
00:41:3370 ans plus tard,
00:41:35il ne reste que 2 survivantes du Norilag.
00:41:40Bonjour Olga, comment vas-tu ?
00:41:42Bien, entrez !
00:41:44Aujourd'hui, Elisaveta rend visite à l'une d'elles.
00:41:47Olga, 83 ans.
00:41:51C'est ma maman et elle, c'est sa cousine.
00:41:55C'est ta mère ?
00:41:56Oui, c'est ma mère.
00:41:58Et c'est un costume polonais ?
00:41:59Oui, et le costume s'appelle un krachowiak.
00:42:03Olga est arrivée à Norilag à l'âge de 15 ans.
00:42:07Comment je suis arrivée dans le goulag ?
00:42:12Le grand Staline m'a amenée ici, ce salaud.
00:42:17Soi-disant, j'étais une ennemie du peuple.
00:42:20Nous avons construit Norils que de nos mains,
00:42:23sans salaire, sans rien,
00:42:27sous la surveillance des fusils.
00:42:29A cette époque, la terreur plane sur l'URSS.
00:42:35Une simple phrase suffit à être classée ennemie du peuple.
00:42:40Olga et sa famille sont juifs polonais.
00:42:42Pour avoir publiquement critiqué le régime,
00:42:45ils sont condamnés à 10 ans de travaux forcés.
00:42:47On ne peut pas appeler ça une vie.
00:42:52Vous vous rendez compte ?
00:42:53C'est quoi se lever à 6h du matin,
00:42:55travailler 12h du rang,
00:42:57et pour ça, on nous donnait un tout petit morceau de pain
00:43:00et des miettes de harang salé.
00:43:05Avec ça, il fallait tenir toute la journée.
00:43:09Et ça, ça ne s'oublie pas.
00:43:12J'avais un numéro dans le dos.
00:43:13Je ne pourrais jamais l'oublier.
00:43:15J'avais le X401.
00:43:17Je l'avais sur le front
00:43:20et dans le dos.
00:43:35Olga est libérée en 1956,
00:43:383 ans après la mort de Staline.
00:43:44Il y a un ennemi qui, lui, ne disparaîtra jamais.
00:43:47Le climat.
00:43:51Et en cette fin d'hiver,
00:43:53la ville va connaître la pire tempête de neige
00:43:55de ces 5 dernières années.
00:43:57Faites attention, ne restez pas là !
00:44:10Le vent glacé souffle en rafale à plus de 120 km heure.
00:44:17La municipalité vient de déclarer l'état d'urgence.
00:44:20Les habitants ont interdiction de sortir de chez eux.
00:44:25Derrière leurs fenêtres,
00:44:27certains assistent au spectacle d'une nature déchaînée.
00:44:34Mon Dieu, le toit tombe !
00:44:35Le toit tombe !
00:44:37Nous avons rendez-vous avec une famille
00:44:53qui accepte de nous faire partager son quotidien à Norilsk.
00:44:57Nous profitons d'une légère accalmie pour les rejoindre.
00:45:00Maman, je peux en avoir plus ?
00:45:03Non, non.
00:45:05T'en as assez.
00:45:08Pour Olga et Sergei fonctionnaires,
00:45:12mettre leur famille en sécurité n'a pas été simple.
00:45:15Ce couple de fervents orthodoxes s'est installé à Norilsk,
00:45:21attiré par les salaires plus élevés qu'ailleurs.
00:45:26Aujourd'hui, Olga et Sergei ont dû courir aux 4 coins de la ville
00:45:31pour récupérer leurs enfants, leurs 14 enfants.
00:45:35Ça a été vraiment dur de tous vous retrouver.
00:45:42Le vent soufflait si fort que j'ai failli m'envoler.
00:45:47Le blizzard était si puissant.
00:45:50Mais on vous a récupérés, grâce à Dieu.
00:45:52Il ne faut plus s'inquiéter.
00:45:57Les tempêtes aussi fortes sont rares.
00:46:02Et maintenant, il faut qu'on reste à la maison.
00:46:05Bonsoir, bienvenue sur les ondes du Télécanal de Russie,
00:46:19le programme d'information sur Norilsk.
00:46:21Norilsk est actuellement touché par une forte vague de tempêtes.
00:46:24Il y a au moins 3 victimes, des piétons.
00:46:26L'un d'eux est décédé.
00:46:29Le vent est puissant.
00:46:31Il faut rester chez vous.
00:46:32Ne sortez pas, même pour acheter du pain.
00:46:35Avec 14 enfants,
00:46:39impossible de rester plusieurs jours sans nourriture.
00:46:42Olga et Sergei prennent le risque de sortir.
00:46:45Non, tu es trop petit, il y a trop de vent dans la rue.
00:46:55Tu as vu ce qui se passe dehors ?
00:46:57Tu as vu ?
00:46:59Même papa a failli se faire renverser.
00:47:03Olga et Sergei sortent au moment d'une accalmie.
00:47:05La tempête a ravagé une partie de la ville.
00:47:13Regarde ce que le vent a fait.
00:47:15Ça peut tomber, ça.
00:47:16Il y a eu des bourrasques de vent et elles ont littéralement arraché le toit de l'immeuble.
00:47:26C'est vraiment dangereux.
00:47:27La ferraille du toit vole comme ça, au-dessus des gens, des voitures.
00:47:35C'est effrayant.
00:47:40Sergei et sa famille ne sont pas les seuls à ignorer les consignes de sécurité.
00:47:45Prenons deux briques de lait.
00:47:50Cette marque-là, c'est bien ?
00:47:53Oui, comme ça.
00:47:56Nous sommes obligés de faire vite parce que l'aéroport est fermé
00:47:59et bientôt il n'y aura plus d'approvisionnement ici.
00:48:01C'est pour ça que nous devons acheter beaucoup.
00:48:04Chéri, prends l'huile.
00:48:06La grosse bouteille.
00:48:11Le blizzard signifie la fermeture de l'aéroport.
00:48:15Et donc, la rupture du ravitaillement de la ville.
00:48:19Car à Norilsk, aucune culture ni d'élevage.
00:48:23Tout est importé, sauf le poisson.
00:48:29Et là, vous allez pouvoir tenir combien de jours ?
00:48:31Si on se fie à notre expérience, le blizzard ne devrait pas durer plus de 5 jours.
00:48:37Je pense que nous aurons assez de provisions jusqu'à la fin de la tempête.
00:48:40A l'extérieur, la tempête semble sur le point de se lever à nouveau.
00:48:53Sous les assauts du blizzard,
00:48:56Norilsk se transforme peu à peu en cité fantôme,
00:49:00figée dans la glace.
00:49:01Comme au temps du goulag,
00:49:05seule l'usine continue à tourner.
00:49:09Après 5 jours de bourrasques incessantes,
00:49:12le passage de la tempête
00:49:13est visible à chaque coin de rue.
00:49:15La catastrophe climatique
00:49:25a fait 2 morts.
00:49:33Cela fait plusieurs jours,
00:49:34Kolga, Sergei et leurs 14 enfants
00:49:36vivent les uns sur les autres,
00:49:39enfermés chez eux.
00:49:39Ce matin,
00:49:45les enfants peuvent enfin prendre l'air.
00:49:48Un air toxique.
00:49:52Vous voulez faire des glissades ?
00:49:53Ici.
00:49:54Non, pas ici, c'est trop dangereux.
00:49:57Car pour Sergei,
00:49:59la tempête n'est pas le plus inquiétant.
00:50:01C'est un tout autre danger
00:50:02qui lui fait peur
00:50:03pour l'avenir de sa famille.
00:50:05C'est dur de vivre ici ?
00:50:07Oui, c'est vraiment dur.
00:50:09Le plus grave,
00:50:10ce sont les problèmes écologiques.
00:50:13Ici, l'usine détruit tout.
00:50:16Il y a des jours
00:50:17où le gaz enveloppe la ville
00:50:18et on ne peut plus respirer.
00:50:22Entre les tempêtes
00:50:22et la pollution,
00:50:23les enfants ne sortent
00:50:24presque jamais.
00:50:27C'est vraiment dangereux
00:50:28pour eux.
00:50:31Sergei ne laisse jamais
00:50:33ses enfants jouer
00:50:33plus de 40 minutes
00:50:34à l'extérieur.
00:50:36Il craint les conséquences
00:50:37de la pollution
00:50:38sur leur santé.
00:50:39Je ne sais pas
00:50:41comment tout ça
00:50:42va tourner,
00:50:42mais pour moi,
00:50:44il ne faut pas rester
00:50:45vivre ici trop longtemps.
00:50:47Il faut qu'on parte.
00:50:51Pourtant,
00:50:52après leur mariage,
00:50:53c'est Sergei
00:50:54qui a convaincu
00:50:54Olga de venir vivre ici.
00:50:5615 ans plus tard,
00:51:03plusieurs de ses enfants
00:51:04ont des problèmes respiratoires.
00:51:06sont les seuls habitants
00:51:19qui sont les seuls habitants
00:51:28à nous avoir parlé
00:51:28des dangers de la pollution.
00:51:30dans la ville,
00:51:33c'est l'Omerta.
00:51:35L'usine fait vivre Norilsk,
00:51:38alors tout le monde se tait.
00:51:39A plus de 1800 kilomètres,
00:51:48bien loin des bourrasques
00:51:49pollués de Norilsk,
00:51:51à Chéregech,
00:51:53la station de ski
00:51:53la plus courue de Sibérie,
00:51:55il fait 5 degrés.
00:51:56Dans quelques heures,
00:52:05cette piste accueillera
00:52:06plus de 1000 jeunes
00:52:07qui tenteront de battre
00:52:08le record du monde
00:52:09de descente
00:52:10en maillot de bain.
00:52:16Comment tu me trouves ?
00:52:17T'es super sexy.
00:52:19Un grand jour
00:52:21pour Anna et Anastasia
00:52:22qui y participent
00:52:23pour la première fois.
00:52:24Tu peux me serrer
00:52:26les bretelles,
00:52:27s'il te plaît ?
00:52:28Il faut qu'elles soient
00:52:30pareilles.
00:52:31Peu importe la température,
00:52:33proche de zéro
00:52:34à l'extérieur,
00:52:35ces bikinis seront
00:52:36l'unique tenue
00:52:37des deux amis
00:52:37pour descendre la piste
00:52:39afin de séduire
00:52:40les hommes
00:52:41et surtout
00:52:42concurrencer
00:52:43les femmes.
00:52:46C'est sûr
00:52:47que la rivalité
00:52:48entre filles
00:52:48va être forte.
00:52:50Je pense qu'on va
00:52:50toutes faire attention
00:52:51les unes aux autres.
00:52:53Oui, carrément.
00:52:54La chose la plus importante
00:52:55en Sibérie,
00:52:56c'est la beauté.
00:52:59La beauté
00:53:00et la sensualité.
00:53:02Je ne pense pas
00:53:03que les garçons
00:53:03se préparent comme ça
00:53:04pour la descente.
00:53:06Ils se préparent
00:53:07à nous regarder.
00:53:12Anna et Anastasia
00:53:13savent que les plus
00:53:14jolies filles
00:53:15de la descente
00:53:15seront prises en photo
00:53:17des dizaines de fois.
00:53:18Alors, les deux étudiantes
00:53:21soignent chaque détail.
00:53:23Elles veulent être
00:53:23les reines de la fête.
00:53:27Je suis très excitée.
00:53:29J'ai des frissons
00:53:29qui montent
00:53:30parce qu'on participe
00:53:31à un des événements
00:53:32les plus importants
00:53:33de la saison.
00:53:34J'y crois même pas
00:53:35d'être là.
00:53:37Pourtant,
00:53:37il y a trois ans,
00:53:39la station était
00:53:39au bord de la faillite.
00:53:42La création
00:53:42de cette descente
00:53:43en maillot de bain
00:53:43a tout fait basculer.
00:53:45La nouvelle génération
00:53:48se retrouve ici
00:53:49en masse
00:53:49pour s'amuser
00:53:51et échapper
00:53:52au quotidien
00:53:52parfois difficile
00:53:54de la vie
00:53:54en Sibérie.
00:54:02On dit que la vie
00:54:03est dure en Sibérie,
00:54:04mais regardez,
00:54:05les gens n'arrêtent pas
00:54:06de sourire.
00:54:07La vie n'est pas dure,
00:54:08c'est du plaisir.
00:54:10Amateurs de ski
00:54:11ou simples débutants,
00:54:13ces jeunes Sibériens
00:54:14ont tous payé
00:54:15200 euros
00:54:16pour être ici.
00:54:19Non, au contraire,
00:54:21il fait chaud,
00:54:225 degrés.
00:54:23Je dirais même
00:54:23que le soleil brûle,
00:54:25surtout les jambes.
00:54:27Comme à la plage,
00:54:29Anna et Anastasia
00:54:30peaufinent même
00:54:31leur bronzage.
00:54:36Je suis impatiente
00:54:37de descendre
00:54:38en maillot de bain.
00:54:40Je dirais même
00:54:41que c'est mieux
00:54:41qu'avec les vêtements.
00:54:42il n'y a rien
00:54:43qui gêne,
00:54:44rien de trop.
00:54:45En haut de la piste,
00:55:10juste avant le départ,
00:55:11la température monte encore
00:55:13de quelques degrés.
00:55:25Anna et Anastasia
00:55:26espèrent bien
00:55:27se faire repérer
00:55:28au milieu de la foule.
00:55:29Cette année,
00:55:38ils sont presque 1900
00:55:39faitards à descendre
00:55:40la piste
00:55:41du jamais vu.
00:55:44Les jeunes russes
00:55:45ont à nouveau
00:55:46battu le record du monde.
00:55:47C'était top !
00:56:00Une fierté
00:56:01pour soi-même,
00:56:03pour tout le monde.
00:56:05À un moment,
00:56:06j'ai eu peur
00:56:07que certains commencent
00:56:08à tomber,
00:56:09comme il y a des gens
00:56:10qui ne savent pas
00:56:10ce qu'il y a.
00:56:11Mais tout le monde
00:56:12a réussi
00:56:13et on est tous
00:56:14heureux
00:56:15de l'avoir fait.
00:56:19Pour les deux étudiantes,
00:56:21la réussite est complète.
00:56:22Elles font partie
00:56:23des filles
00:56:23les plus photographiées
00:56:25de chez Regèche 2016.
00:56:26Et vous ne trouvez pas ça
00:56:32dégradant
00:56:33de vous faire
00:56:33photographier comme ça ?
00:56:35Non, ça me fait plaisir.
00:56:36Je me trouve tellement belle
00:56:38que si j'étais un mec,
00:56:39moi aussi,
00:56:39je voudrais ma photo.
00:56:42C'est vrai,
00:56:42c'est les deux plus
00:56:43canons de la descente.
00:56:45Oui,
00:56:46c'est nous les plus sexys.
00:56:47Nous sommes les plus belles.
00:56:49Et on s'aime.
00:56:50Il faut toujours s'aimer.
00:56:52Vive chez Regèche,
00:56:53vive l'amour !
00:56:56Après la descente
00:57:01en maillot,
00:57:02le show continue
00:57:03sur la piste de danse.
00:57:06L'ambiance
00:57:07est bon enfant,
00:57:09loin des fêtes
00:57:10déjantées
00:57:10des boîtes
00:57:10de nuit moscovites.
00:57:15C'est le pied,
00:57:16c'est le paradis.
00:57:18Ici,
00:57:18les gens sont venus
00:57:19tout simplement
00:57:20pour se reposer,
00:57:21profiter
00:57:22et danser.
00:57:23On fait tout
00:57:24ce qu'on veut aujourd'hui.
00:57:25C'est le plaisir
00:57:26du grand air.
00:57:29La nouvelle génération
00:57:30sibérienne
00:57:31boit avec modération.
00:57:34Ils rejettent
00:57:34le modèle
00:57:35de leurs parents
00:57:35et grands-parents,
00:57:37touchés massivement
00:57:37par les problèmes
00:57:38d'alcool.
00:57:41Il y a de l'ambiance.
00:57:44C'est la vie pure,
00:57:45le kiff,
00:57:46le bien-être.
00:57:49C'est une ambiance bonheur
00:57:51où l'on s'aime tous
00:57:52les uns les autres.
00:57:55Vive la Sibérie !
00:57:56Vive Moscou !
00:57:57Moscou !
00:57:58Novo Kuznets !
00:58:00Novo Kuznets !
00:58:01Novo Kuznets !
00:58:03Novo Kuznets !
00:58:04Moscou !
00:58:05Peu importe,
00:58:06on s'aime tous ici
00:58:06et venez nombreux.
00:58:12Alors que la jeunesse
00:58:13sibérienne profite
00:58:14de l'air pur
00:58:14et du soleil
00:58:15de chez Régev.
00:58:16à Norilsk,
00:58:22la température frôle
00:58:23les moins 20 degrés.
00:58:27Pourtant,
00:58:28au club des nageurs
00:58:29de la ville,
00:58:31comme chaque soir,
00:58:34ils sont une trentaine
00:58:35à se baigner
00:58:36dans une eau polluée
00:58:37à 3 degrés
00:58:38réchauffée
00:58:39par les canalisations
00:58:40de l'usine.
00:58:41Un panneau
00:58:44interdit
00:58:45de nager
00:58:45dans le fleuve.
00:58:47Mais personne
00:58:47n'y prête attention.
00:58:48Non, non,
00:58:56l'eau est très pure ici.
00:58:58Il n'y a aucun impact
00:58:59négatif sur la santé
00:59:00et il n'y a pas
00:59:01de problème écologique.
00:59:04Par exemple,
00:59:04nous avons un lac
00:59:05près d'ici,
00:59:05le lac Lama.
00:59:06On peut boire son eau
00:59:07sans aucune indigestion
00:59:08ni d'empoisonnement.
00:59:11A quelle température
00:59:12est l'eau ?
00:59:13Environ 3 à 4 degrés.
00:59:17Mais là-bas,
00:59:18il y a un remous.
00:59:18Elle est à 0 degrés.
00:59:24En Sibérie,
00:59:25affronter le froid
00:59:26est une fierté nationale
00:59:27et même
00:59:29un signe de virilité.
00:59:35Quatre soirs par semaine,
00:59:37Pavel, l'ingénieur
00:59:37et son ami Dimitri
00:59:39viennent ici
00:59:40pour perpétuer
00:59:40une tradition sibérienne,
00:59:42le bagna.
00:59:45Un sauna version russe
00:59:47dont le rituel
00:59:47n'a pas évolué
00:59:48depuis 1 000 ans.
01:00:02Pourquoi vous faites ça ?
01:00:03pour accélérer la circulation
01:00:05du sang
01:00:05et pour bien ouvrir
01:00:08les portes de la peau.
01:00:11Il faut respirer en même temps,
01:00:12c'est encore mieux.
01:00:16Là, on oublie le travail,
01:00:18on fait le vide.
01:00:19Et c'est comme ça
01:00:194 fois par semaine.
01:00:21C'est notre histoire,
01:00:22notre tradition.
01:00:22dans chaque village,
01:00:25il y a un bagna.
01:00:27Là, il fait très chaud,
01:00:28mais après,
01:00:29je vais aller dans l'eau
01:00:29et ça va être que du plaisir.
01:00:33Allez, maintenant,
01:00:34on y va.
01:00:35On voit dans le froid.
01:00:37C'est un passage obligé.
01:00:40Dans le bagna,
01:00:41la température est de 70 degrés.
01:00:44Dehors,
01:00:45il fait moins 20.
01:00:46un choc thermique
01:00:48qui favorise
01:00:49une bonne circulation sanguine
01:00:51à condition
01:00:52d'avoir le coeur bien accroché.
01:01:02C'est génial, ici.
01:01:04C'est super.
01:01:08On donnerait presque 18 ans, regarde.
01:01:11Et lui,
01:01:11s'il continue comme ça,
01:01:13il va presque pouvoir
01:01:14retourner à l'école.
01:01:16A l'usine,
01:01:18c'est le travail.
01:01:18Ici, c'est le repos.
01:01:20Mais franchement,
01:01:20ça fait du bien.
01:01:22Allez, on y retourne.
01:01:26Malgré une pollution record
01:01:28et un climat polaire,
01:01:30ces habitants de Norils
01:01:31que semblent se satisfaire
01:01:32de leur sort.
01:01:34Un paradoxe
01:01:35à l'image de la Sibérie.
01:01:37Une région riche à milliards
01:01:38grâce à ses ressources naturelles,
01:01:41mais où l'espérance de vie
01:01:42ne dépasse pas les 55 ans
01:01:44contre 82 ans en France.
01:01:46Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01:50Sous-titrage Société Radio-Canada
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