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  • il y a 4 jours
Avec ses plages de sable blanc et ses eaux turquoise, Hawaï incarne le rêve tropical.
Mais sous ce décor idyllique, la réalité est tout autre : montée des eaux, coulées de lave, infrastructures en péril. L’île est un laboratoire du changement climatique, du risque volcanique et des dérives de l'urbanisation. Le documentaire explore les menaces croissantes qui pèsent sur l’archipel : érosion littorale, tsunamis récurrents, pression immobilière dans des zones à risque, et une population tiraillée entre attachement à la terre et nécessité de fuir.
À travers les témoignages de scientifiques, habitants et gardiens de la mémoire locale, ce film interroge : combien de temps ce « paradis » pourra-t-il résister ?

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Personnes
Transcription
04:29L'homme n'est pas n'importe qui.
04:33Depuis plus de 50 ans, il traque le rouge, cette lave en fusion qui sort des entrailles de la terre.
04:39Après une demi-heure de marche, nous approchons du but.
04:44Et bien là, on arrive au barrage, donc on est près du lac de l'âme d'Alemao-Mao et l'observatoire volcanologique qui surveille le lac est à 3 km d'ici, 2 km et demi.
04:59Oui, très, très, très, très discret à partir d'ici.
05:02Officiellement, seuls les volcanologues et quelques rangers du parc peuvent s'aventurer dans ce parc national.
05:08Guy connaît les lieux comme sa poche.
05:10Le cratère d'Alemao-Mao-Mao est en activité.
05:18Le cratère d'Alemao-Mao est en activité.
05:28Comme à chaque fois, Guy de Saint-Cyr s'approche au plus près.
05:31Il ne veut rien rater du spectacle qu'offre la nature.
05:46Là, on est exactement à l'aplomb du point chaud qui alimente le volcan.
05:51Et le cratère d'Alemao-Mao, c'est la demeure, c'est la maison de la déesse Pelée.
05:55La déesse Pelée est très importante pour les Hawayens.
05:58C'est la déesse du feu.
06:00Et le point chaud, c'est un flux de magma, c'est un faisceau de magma
06:04qui part entre le manteau et le noyau.
06:09Voilà, regardez, regardez, c'est fabuleux.
06:14Là, vas-y, c'est beau.
06:17Il y a un gros bout de paroi qui est tombé.
06:21Et c'est juste quand on en parlait.
06:26C'est fabuleux.
06:27Là, on a de la chance de voir ça.
06:35Un enfer pour le commun des mortels,
06:38mais un paradis pour les amateurs de sensations fortes.
06:40Aujourd'hui, on a tout.
06:52On a les fontaines, on a les hébrures.
06:54Donc, ça veut dire qu'il y a un beau dégazage
06:56et que le lac est en belle activité.
06:59Et vous voyez ce qui se passe là-bas,
07:00cette fontaine de lave.
07:01Eh bien, le magma, il creuse, il creuse en profondeur,
07:04il creuse sous les falaises, sous la falaise.
07:07Donc, toute la partie haute de la falaise est en porte-à-faux.
07:11Les failles s'ouvrent et elles s'écartent, elles s'écartent
07:13et brutalement, elles tombent.
07:14C'est comme ça que le lac de lave s'agrandit.
07:23Donc là, peut-être, on revient ici dans deux ans, trois ans,
07:26il aura peut-être 200, 250 mètres de diamètre, 300 mètres peut-être.
07:30Hawaï, c'est le seul point au monde
07:34où on peut voir naître, vivre, se développer
07:37et mourir un volcan.
07:41Une passion, c'est de voir naître la terre,
07:43c'est de voir quand même cette terre-là qui nous porte,
07:47eh bien, on voit la naissance.
07:52Grâce à cette activité volcanique,
07:55l'île d'Oaous s'est formée il y a plus de 2 millions et demi d'années.
07:58Puis celle de Molokai.
08:05Une île après l'autre
08:06pour constituer aujourd'hui l'archipel d'Hawaï,
08:09enfant de la mer et du feu.
08:15Nous sommes à Big Island,
08:17c'est la plus grande terre, de la taille de la Corse.
08:21Aujourd'hui, une dernière île est en formation.
08:24Elle a déjà un nom, l'Oi.
08:28Toutes sont dans un même alignement.
08:33C'est la version officielle et scientifique.
08:36Mais il existe aussi la légende,
08:38celle qui fait de la déesse Pelée
08:39la patronne de ces lieux magiques.
08:43Ce cratère est son domicile.
08:47Là, tu vois, c'est des cheveux de Pelée.
08:50Ces cheveux de Pelée, en fait, c'est des filaments de silice,
08:52de silice pur, c'est du vert volcanique, pratiquement,
08:56qui se forment au-dessus des fontaines de lave.
08:58Et c'est entraîné par le vent.
09:00Ça peut monter très haut, à plusieurs centaines de mètres,
09:03entraîné par le vent.
09:04Et ensuite, ça retombe, quelquefois,
09:06à plusieurs kilomètres de distance.
09:08Et ça s'amoncelle sur les reliefs.
09:11Et ça arrive à former comme des chevelures.
09:13C'est pour ça qu'on appelle ça les cheveux de Pelée.
09:19On a l'impression, quand on est ici,
09:20qu'on est sur une autre planète, en fait.
09:35Une autre planète.
09:37Une Terre lunaire que l'on découvre mieux depuis les airs.
09:40L'île de Big Island est couverte de cette lave
09:44qui a coulé ici et là.
09:47Mais le volcan reste bien actif.
09:52Pour bien le comprendre,
09:54il faut encore suivre le guide
09:55et tenter d'approcher d'autres zones interdites.
10:01Nous arrivons à proximité de Paoa,
10:03une ville d'un millier d'habitants environ.
10:07C'est par là que j'ai essayé de passer.
10:10Là, c'est impossible d'entrer.
10:16Un peu.
10:19Route barrée.
10:20Et pour cause,
10:21la lave est à seulement quelques mètres
10:23d'un site de traitement de déchets.
10:25Comme par miracle,
10:26la coulée s'est arrêtée
10:27juste avant d'atteindre les installations.
10:29Les fumées sont juste à côté.
10:32Regardez.
10:34Là, derrière.
10:35Là, c'est pas loin.
10:37Regardez, c'est passé sous les barrières
10:39et ça coulait jusqu'au parking.
10:41C'est incroyable.
10:42C'est arrêté en limite.
10:45Ça peut encore progresser ?
10:47Mais ça va progresser, c'est sûr.
10:48Mais bien sûr, ça va progresser.
10:49Quelques semaines avant notre arrivée,
10:56au même endroit,
10:57les autorités locales ont tourné ces images.
11:00Aucun média n'est autorisé
11:01à se rendre dans les zones touchées.
11:03Le risque est trop grand, selon elle.
11:06La lave a déjà envahi certaines routes,
11:09détruit plusieurs maisons.
11:11Chaque jour,
11:18les rangers survolent la région
11:19pour voir la progression découler
11:20qui apparaissent tout autour de la ville.
11:28Une avancée très lente.
11:32Depuis juin 2014,
11:34la lave menace la ville de Paoa,
11:36située sur les flancs du volcan.
11:37Mais les habitants
11:41ne semblent pas terrorisés.
11:42Loin de là,
11:44certains profitent déjà
11:45de cette opportunité.
11:49Vous avez vu tous les touristes
11:50qu'il y a en ville ?
11:52On n'a jamais eu autant de monde.
11:54Les propriétaires de magasins
11:55ou les restaurateurs sont contents.
11:58Je suis moi-même propriétaire
12:00d'une maison que je loue pour les vacances.
12:02Et c'est plutôt bénéfique
12:03pour nous aussi, vous voyez.
12:07Pourtant, les risques sont bien réels.
12:11L'éruption du volcan Kiloéa
12:13n'est pas qu'un spectacle.
12:15Les experts sont sur des charbons ardents.
12:18Surveillance 24 heures sur 24
12:20et 7 jours sur 7.
12:23Leur laboratoire est basé
12:24dans l'enceinte du parc national,
12:26à quelques centaines de mètres du cratère,
12:28celui où, de nuit,
12:30Guy de Saint-Cyr nous avait emmenés.
12:31C'est d'ici que nous surveillons
12:38tout ce qu'il se passe aux alentours.
12:43Nous recevons les informations
12:44des sismomètres,
12:46des GPS,
12:48des capteurs
12:48et des caméras.
12:55Voici l'une des dernières images
12:57filmées à l'intérieur du cratère.
12:58Preuve que le volcan
13:00est toujours très actif.
13:05Là, c'est une carte
13:06qui montre le flot de lave.
13:09C'est le cratère du Pouhou.
13:12Et ce qui est en rose,
13:14c'est la coulée de lave
13:15qui s'en échappe
13:15depuis le 27 juin 2014.
13:19En rouge foncé,
13:20c'est la zone
13:21où, la semaine dernière,
13:22la lave était la plus active.
13:24comme vous pouvez le voir,
13:27elle a parcouru
13:27une grande distance
13:28et elle menace toujours
13:29la ville de Pauha,
13:31juste ici.
13:32Vous pensez
13:33qu'il est mieux
13:33pour la population
13:34de vivre sans imaginer le pire ?
13:36La situation est très difficile
13:39là-bas
13:39parce que les gens
13:40vivent dans une zone à risque.
13:42Si le danger frappe
13:43à votre porte,
13:44il faut savoir
13:44comment survivre.
13:49Le soir même,
13:50nous décidons
13:51de suivre Guy de Saint-Cyr.
13:54il veut se rendre
13:56sur les dernières coulées
13:57de lave.
13:59Il faut là encore
13:59être prudent
14:00et discret.
14:16Vous n'avez pas un GPS
14:17si vous êtes mal.
14:18Pourquoi on peut
14:19vraiment se perdre ?
14:20On peut se perdre
14:21au moins pendant
14:23un bon moment,
14:24oui.
14:28On se retrouve,
14:29mais ça peut prendre
14:30du temps.
14:31il faut qu'on surveille
14:47où on met les pieds.
14:48il faut pas marcher
14:50au-dessus
14:50d'un tunnel fragile,
14:52au-dessus de...
14:52Bon.
14:53Et là,
14:53il faut regarder
14:54surtout la topographie
14:55du terrain.
14:57Regarder dans le sens
14:58de l'écoulement
14:58par où la lave a pui passer
15:00et par où elle passe actuellement.
15:01il fait très chaud,
15:13il fait chaud, là.
15:16Oui, il fait chaud, ouais.
15:19Quelle température, là ?
15:21La surface des laves,
15:23là, il fait 60.
15:27Je parle pas le sol,
15:28le sol, il est à 80-90.
15:30Nous progressons lentement
15:41vers la ville de Paua.
15:43Là, il y a la porée
15:44qui est en train de brûler.
15:51Là, on est à peu près
15:52encore à 400 mètres
15:53du village.
15:54Et ça, le danger ?
15:59Eh oui.
16:01Je pense que celui-là,
16:02dans quelques heures,
16:02il sera par terre.
16:03Cet arbre, là ?
16:04Oui.
16:04Ah oui.
16:06Vous voyez, celui-là,
16:07il est en train de tomber, là.
16:09Le feu est au pied.
16:10Là, dans une heure,
16:11il est par terre.
16:13Celui-là aussi.
16:21Tu regardes,
16:21si je suis sur du...
16:24un truc qui brûle, là ?
16:26Non, non, ça va, c'est bon, là.
16:28C'est vrai qu'on voit
16:28les flammes sous toi,
16:29encore pas, là.
16:46On a l'impression
16:47que ça bouge pas,
16:47mais ça avance, ça avance.
16:49Ils couchent les unes
16:49par-dessus les autres.
16:54Voilà, c'est de nombreuses
16:56petites coulées comme ça
16:57qui menacent le village
16:58de Paoua.
17:12Ils pourraient quand même
17:13essayer de faire quelque chose
17:14pour éviter que la lave
17:16détruise les maisons,
17:17mais non,
17:18ils ne font rien
17:19parce qu'on ne doit pas
17:20contrarier
17:21les désirs
17:22de la déesse polée.
17:30Lors de la dernière éruption,
17:32en 1990-91,
17:34qui a détruit
17:34Calabana,
17:36il y a des gens
17:37qui avaient une piscine
17:38qui essayaient
17:38de refroidir la lave
17:40devant pour essayer
17:41de la détourner
17:42de leur maison.
17:43Et pendant qu'ils faisaient cela,
17:44les voisins
17:46leur jetaient des pierres.
17:54Ici, on est tranquille.
18:09Le lendemain,
18:10Guy de Saint-Cyr
18:11veut nous montrer
18:11que la nature ici
18:12ne représente pas
18:13qu'une menace
18:14pour les populations.
18:16Il nous emmène
18:17à quelques kilomètres
18:18de là,
18:18sur les traces
18:19d'une ancienne
18:19coulée de lave.
18:22Nous empruntons
18:22des routes chaotiques
18:23qui traversent
18:24la grande île.
18:26Sous ces dos d'âne,
18:27il y a l'un des secrets
18:28de Big Island.
18:31Une fois de plus,
18:32il faut suivre le guide.
18:35On va aller
18:36dans la forêt vierge.
18:37Ah oui, là,
18:38c'est assez serré
18:39comme végétation.
18:40Mais c'est bien
18:40parce que le tunnel
18:42est bien caché.
18:43C'est un peu
18:49bas de plafond,
18:50mais ça va.
18:51Ça se relève vite,
18:52c'est bon.
18:55Là, on vient de pénétrer
18:56dans la plus longue
18:57cavité la ville du monde.
19:0062 kilomètres
19:01de longueur
19:02et 1200 mètres
19:04de dénivelé.
19:05Il aura fallu
19:14une vingtaine d'années
19:15à quelques explorateurs
19:16pour découvrir
19:17l'intégralité
19:18de ce tunnel.
19:20C'est une coulée
19:21de lave
19:22qui l'a creusée
19:22il y a plus de 200 ans.
19:28S'aventurer
19:28dans ces lieux
19:29n'est pas sans risque.
19:30la plaque
19:34elle est au plafond
19:35sur 3-4 mètres de haut
19:36et elle est prête
19:37à se détacher.
19:40Là, on voit
19:41qu'elle est décollée
19:42du plafond
19:42déjà d'une dizaine
19:43de centimètres
19:44et elle est prête
19:45à tomber.
19:46Donc, on va passer
19:47rapidement
19:48et on va se protéger
19:49du petit surplomb
19:50qui est à gauche.
19:50Pour Guy de Saint-Cyr,
20:04le sous-sol de l'île
20:05est comme un livre ouvert.
20:08Ces stalactites
20:09qui sont au sommet
20:11de la voûte
20:11s'appellent
20:12des stalactites
20:13de surfusion.
20:14C'est très rare
20:14de trouver ça
20:15dans des cavités
20:15et ça se forme
20:16très rapidement.
20:17Lorsque la lave
20:18est à un niveau
20:19moyen dans la galerie,
20:20la chaleur dégagée
20:23par la lave
20:23refond la voûte
20:24au-dessus
20:25et cette voûte
20:26elle coule
20:26et forme ses stalactites
20:28et ça, ça se fait
20:28très très rapidement.
20:31Neuf mois de l'année,
20:33Guy de Saint-Cyr
20:34est sur le terrain
20:34toujours en quête
20:35de territoires interdits
20:37ou difficiles d'accès.
20:39Les volcans de la planète
20:40sont ses terrains de jeu,
20:42des terrains
20:42qui ne cessent
20:43de le fasciner.
20:44Waouh,
20:45impressionnant là.
20:46Oui, là c'est
20:47c'est superbe
20:48et impressionnant aussi.
20:50c'est l'une des 19 entrées
20:55de cette cavité
20:56qui, lorsque la lave
21:03descendait dans le tunnel,
21:06représentait
21:06un superbe skylight.
21:09Là on pouvait voir
21:09la lave défiler
21:10du sommet
21:11et là c'est un spectacle
21:12produit.
21:13Vous êtes chez vous ici, hein ?
21:20Ah oui,
21:21là je suis chez moi.
21:24Cette cavité,
21:25j'ai dû l'explorer
21:26une cinquantaine,
21:29peut-être une soixantaine
21:30une deux fois.
21:36Une cinquantaine d'années
21:37qu'il fréquente
21:38amoureusement
21:39Big Island
21:39et ces lieux
21:40qui se transforment
21:42au gré
21:42des éruptions volcaniques.
21:44Nous sommes à Kalapana,
22:03un lieu unique
22:04où souffle l'esprit Aloha.
22:07Un esprit propre à cette île
22:09où l'on peut faire comme ici.
22:11De drôles de rencontres.
22:12Fabienne Kirby
22:19est guide touristique
22:20et une adepte
22:21de la déesse Pelé.
22:25C'est une façon
22:27de rendre hommage
22:27à Pelé.
22:28Je danse pour elle,
22:30elle danse pour moi
22:32et nous dansons
22:33pour l'une et l'autre.
22:38Si la lave arrive
22:39dans ma direction,
22:40alors oui,
22:40je danse en offrant
22:41la Pelé.
22:42Pelé est la déesse
22:48créatrice de la terre
22:49mais elle a aussi
22:50le pouvoir
22:51de la détruire.
22:54Nous,
22:54les habitants
22:55de l'île d'Hawaï,
22:56nous vivons
22:56sur la terre de Pelé
22:57donc nous la respectons
22:59en l'honorant.
23:01Et elle va
23:02où elle le souhaite.
23:03Nous survolons ici
23:11les flancs du volcan
23:12Kiloéa,
23:13le plus actif au monde.
23:16Tout autour,
23:17une terre brûlée
23:18ou comme une succession
23:19de tableaux
23:20qui rappellent le travail
23:21du peintre français
23:22Pierre Soulage.
23:23dégradé de noir et de gris
23:26d'où jaillissent
23:27la lumière et la vie.
23:30Impressions étranges
23:31et pourtant,
23:31dans ce monde à part,
23:33il y a une communauté,
23:35un petit village.
23:36Gary Sleck,
23:39charpentier à la retraite,
23:41s'est installé là
23:42il y a déjà dix ans.
23:46Une des raisons
23:49pour lesquelles j'habite ici,
23:50c'est le climat
23:50et cette terre fertile.
23:54Là, j'ai des blettes,
23:56des concombres,
23:57de la coriandre.
24:00Oui, c'est mon paradis.
24:03Je suis originaire
24:04du Wisconsin.
24:06Là-bas,
24:06on ne peut cultiver
24:07que trois mois par an.
24:10Mais maintenant,
24:10je peux cultiver
24:11toute l'année.
24:13Ça fait une grande différence.
24:15Plus besoin de mettre
24:16en bocal
24:16ou de congeler
24:17les légumes et les fruits.
24:18On peut les cueillir
24:19et les rapporter chez nous
24:20et les manger.
24:23Un jardin des Danes
24:24a ses yeux,
24:24mais pas seulement.
24:26Ils sont plus de 300
24:27à vivre aujourd'hui
24:27dans ces conditions.
24:30Et chaque semaine,
24:32de nouveaux propriétaires
24:33s'installent.
24:33des maisons en bois
24:36souvent construites
24:37sur pilotis.
24:39Des habitations
24:40provisoires
24:41car à Kalapana,
24:42personne ne doute
24:43qu'un jour ou l'autre,
24:44les laves du Kiloéa
24:45reviendront menacer
24:46le village.
24:49En 2010 déjà,
24:51Gary avait perdu sa maison
24:52dans les flammes.
24:53Voici ma nouvelle maison.
25:04La première a été brûlée
25:05par la coulée de lave.
25:08J'ai donc construit
25:09quelque chose
25:10de plus petit
25:11que celle d'avant.
25:12Voici l'endroit
25:14où je dors.
25:15Et là,
25:16c'est la cuisine.
25:17C'est petit,
25:18compact,
25:18et je peux facilement
25:20déplacer la maison.
25:21Un mobilhome
25:23de 37 mètres carrés.
25:25Son seul luxe
25:26est cet ordinateur
25:27où il conserve
25:27les photos
25:28et les films
25:28qu'il tourne lui-même,
25:30comme ces images
25:31de 2010.
25:32La lave a envahi mon jardin.
25:37Elle entourait
25:38trois côtés
25:38de la maison.
25:40J'avais des amis
25:40qui venaient de temps en temps,
25:42des photographes aussi.
25:44Et tous,
25:45on regardait
25:45ce qui était en train
25:46de se passer.
25:47C'était très lent.
25:49La lave grignotait
25:50mon jardin
25:51et mes plantations.
25:51La lave prend son temps.
26:00Pour parvenir
26:01jusqu'à sa maison,
26:02il lui faudra
26:03près de trois mois.
26:15Mère nature
26:15a toujours été
26:18la chose
26:18la plus importante
26:19dans ma vie.
26:20et je n'ai rien fait.
26:23Je ne voulais pas.
26:25Vous savez,
26:26c'est comme ça,
26:26c'est la nature.
26:27Ma maison a brûlé
26:29parce que je l'ai construite ici.
26:32Entre le volcan
26:33et l'océan,
26:34l'énergie qui se dégage
26:35de cet endroit
26:35est incroyable.
26:40Fataliste
26:40et respectueux
26:41de la déesse Pelé,
26:43Gary a regardé
26:43pendant des heures
26:44sa maison brûlée.
26:50cette nuit-là,
27:06c'est un spectacle unique
27:07qu'il partage
27:08avec ses amis.
27:09Je buvais du champagne
27:18en regardant
27:20ma maison brûlée.
27:22Ça n'était donc
27:23pas si terrible que ça.
27:25Personne n'était en danger.
27:29Quand j'ai construit
27:30ma maison,
27:31je ne savais pas
27:31que je pouvais l'assurer.
27:33Mais un an ou deux après,
27:34je me suis rendu compte
27:35que je pouvais contracter
27:36une assurance
27:36et c'est ce que j'ai fait.
27:44La lave a brûlé
27:45les arbres
27:45entre ma maison
27:46et l'océan.
27:47Maintenant,
27:47j'ai vu sur la mer
27:48ce que je n'avais pas
27:49jusque-là.
27:50Du coup,
27:50le terrain doit valoir
27:51un peu plus.
27:53En 1990,
27:54lors d'une précédente éruption,
27:56182 maisons
27:57disparaissent en fumée.
28:01Aujourd'hui,
28:02ce village alternatif
28:03ne dispose toujours pas
28:04d'eau courante
28:05ou d'électricité.
28:06Mais les autorités
28:10construisent une route
28:11d'évacuation.
28:12On ne sait jamais.
28:16Comment peut-on laisser
28:17construire un tel village
28:18alors que le danger
28:19est si présent ?
28:21Certes,
28:22les terrains sont jusqu'à
28:23dix fois moins chers
28:24que dans certaines zones
28:25de l'île.
28:26Mais cela n'explique pas
28:27cette situation
28:27qui peut paraître
28:28rubuesque.
28:31Nous sommes allés rencontrer
28:33le chef du service
28:34urbanisation
28:35au comté de Big Island.
28:38C'est dans ce bureau
28:39que l'on délivre
28:40les permis de construire.
28:44Tous ces formulaires
28:47et ces plans
28:47ce sont des permis
28:48de construire,
28:49prêts à être délivrés.
28:50Vous en avez combien
28:51par mois ?
28:52Oh, plus de mille par mois.
28:55Depuis 1992,
28:57les autorités ont publié
28:58une carte des zones
28:59les plus dangereuses.
29:01Ici, en violet
29:01et en rouge.
29:03Malgré tout,
29:04la pression immobilière
29:05est très forte.
29:06Comme vous pouvez le voir,
29:07il y a beaucoup d'endroits
29:08dans l'île
29:08qui sont classés à risque
29:09à cause de la lave.
29:11Où par exemple ?
29:12Ici, la zone 1,
29:13c'est la plus risquée.
29:15La seconde,
29:16c'est le long de la côte.
29:17Cela signifie
29:18que c'est dangereux
29:19de vivre là.
29:19Ce n'est vraiment pas
29:21une bonne idée
29:21de construire dans ces zones.
29:23Mais beaucoup de gens
29:24habitent ici
29:24et construisent
29:25le long de cette côte-là.
29:28Mais c'est possible.
29:29C'est légal.
29:31Vous pouvez empêcher
29:32les gens de construire
29:33dans la zone 2
29:34comme à Calapana ?
29:36Non, c'est le rêve américain.
29:39Vous êtes propriétaire
29:40du terrain
29:40et vous avez le droit
29:41de construire
29:41tant que vous êtes
29:42conscient du risque.
29:45Un véritable casse-tête
29:47pour les autorités
29:47locales et fédérales.
29:48Avec trois des volcans
29:50les plus actifs au monde,
29:52l'île d'Hawaii
29:52est assise
29:53sur une poudrière.
29:55Le Monaloa,
29:56qui culmine
29:56à 4169 mètres d'altitude,
29:59montre déjà
30:00des signes de réveil.
30:03Certains experts
30:04s'attendent
30:05à une nouvelle explosion,
30:06une éruption
30:07suivie d'un séisme
30:08qui pourrait provoquer
30:10un tsunami.
30:10un raz-de-marée
30:15que certains habitants
30:16ont déjà vécu.
30:17Terrible souvenir.
30:19En moyenne,
30:19l'île est touchée
30:20tous les 5 ans
30:21par ce type de phénomène.
30:28Il reste ici et là
30:29quelques traces.
30:31Comme ce monument
30:31à la mémoire
30:32des victimes du tsunami
30:33qui a frappé l'île
30:34en 1946.
30:35122 victimes
30:37rien qu'à Big Island.
30:40Des jeunes pour la plupart.
30:44Ilo est touché
30:45de plein fouet.
30:48Cette ville
30:48de 45 000 habitants
30:49est celle qui,
30:50dans le monde,
30:51est le plus frappée
30:52par les tsunamis.
30:55L'un des plus dévastateurs
30:57se produit en 1960.
30:59Des vagues
30:59de près de 15 mètres,
31:01soit à la hauteur
31:01d'un immeuble
31:02de 5 étages,
31:03déferlent sur la baie.
31:05Pat Kogan
31:07n'a jamais pu oublier
31:08cette journée
31:09du 23 mai.
31:10Un traumatisme.
31:12Elle n'a à l'époque
31:13que 17 ans.
31:16Après son mariage,
31:17elle décide
31:17de vivre sur les hauteurs,
31:19loin de la mer
31:20et des risques
31:20qu'elle représente.
31:25Le danger
31:26est toujours là.
31:28Et vous savez,
31:29cette horloge,
31:30c'est un bon moyen
31:31de nous rappeler
31:32ce que nous avons vécu.
31:33Quand le temps s'arrête,
31:35il est plus d'une heure
31:36du matin.
31:47C'est difficile pour moi
31:50de venir ici.
31:51J'aurais pu être
31:52une de ces personnes,
31:54mais j'ai eu la chance
31:55de m'en sortir.
31:56pour s'arrêter.
32:00Pour sensibiliser
32:01les populations,
32:02un musée a été créé
32:03en 1994.
32:05Il est unique au monde.
32:07Pat Kogan
32:08intervient régulièrement
32:09auprès des enfants.
32:10J'ai survécu
32:17à ce terrible événement.
32:19La vérité,
32:24c'est qu'on ne faisait
32:24pas attention aux alertes.
32:26On a entendu
32:35l'océan rugir.
32:39Et l'eau a envahi
32:40notre maison
32:41de deux étages.
32:44Tout a été emporté.
32:46Est-ce que vous aviez peur ?
32:47Si j'avais peur,
32:50j'étais terrifiée.
32:52On entendait
32:56les gens crier,
32:58hurler
32:58et demander de l'aide.
33:01J'ai beaucoup de chance
33:02d'être ici aujourd'hui.
33:04Si mon oncle
33:05n'avait pas été là,
33:06je ne m'en serais
33:08jamais sortie.
33:11Je crois qu'il n'y a
33:13pas de témoignage
33:13plus fort
33:14que celui de quelqu'un
33:15qui a vécu
33:16personnellement le tsunami.
33:18Ça va se reproduire.
33:20C'est juste une question
33:21de temps,
33:21mais ça va arriver.
33:22Vous savez,
33:27l'être humain oublie,
33:28surtout ce qui est désagréable.
33:29Les gens relèquent ça
33:31dans un coin de leur tête.
33:32Une nouvelle génération
33:33arrive et ils ne sont pas
33:34conscients qu'un tsunami
33:35va frapper à nouveau.
33:38Tsunami,
33:39éruption volcanique,
33:40séisme,
33:41Big Island doit composer
33:43avec tous ses fléaux.
33:44Mais elle n'est pas
33:45la seule ligne de l'archipel
33:46à vivre avec une épée
33:48de Damoclès
33:48au-dessus de la Terre.
33:52à moins d'une heure
33:58d'avion,
33:59Oahu,
34:00l'île capitale.
34:03Nous sommes à Honolulu,
34:05connus pour ses plages
34:06paradisiaques
34:07et ses vagues impressionnantes.
34:09Chaque année,
34:18l'archipel reçoit
34:18plus de 8 millions
34:19de touristes.
34:23L'un des endroits
34:24les plus visités,
34:26la base navale
34:26de Pearl Harbor.
34:287 décembre 1941,
34:30attaque surprise
34:31des Japonais.
34:31un cataclysme
34:34pour les Américains
34:35qui entre alors
34:36dans la Seconde Guerre mondiale.
34:39Aujourd'hui,
34:40au cœur de cette base,
34:41il y a un musée
34:42qui rappelle ce drame.
34:44Mais à l'écart,
34:45il y a aussi
34:46le centre de surveillance
34:47des tsunamis
34:47pour toute la zone pacifique.
34:5115 personnes
34:52observent 24 heures
34:53sur 24
34:53les mouvements
34:54de l'océan.
34:55Voici l'océan Pacifique.
35:04Et ça,
35:04c'est la ceinture de feu,
35:06là où se trouvent
35:06de nombreux volcans
35:07et où ont lieu
35:08de grands tremblements
35:09de terre.
35:10Et au milieu
35:10du Pacifique,
35:11vous avez Big Island.
35:13Donc s'il y a un séisme
35:14en Amérique latine,
35:15le tsunami engendré
35:17traversera le Pacifique
35:18en direction d'Hawaï.
35:20S'il y a un grand
35:21tremblement de terre
35:22dans les îles
35:23aléousiennes,
35:24en Alaska,
35:25la vague se propagera
35:26jusqu'à Hawaï.
35:27Et si c'est au Japon,
35:28la vague frappera aussi Hawaï.
35:30L'archipel est vraiment
35:31au milieu.
35:33Hawaï,
35:33c'est la cible.
35:37Si nous avons un séisme
35:40du côté de Kona,
35:41à l'ouest de l'île,
35:43le tsunami provoqué
35:44atteindra Oahu
35:45en 30 minutes.
35:48C'est très court
35:51et il nous faut
35:52trois minutes environ
35:53pour donner l'alerte.
35:56Ici, nous avons
35:58le tsunami de 1975.
36:01Un séisme a eu lieu
36:01au large du volcan
36:02Kilauea.
36:04Et la vague
36:04s'est ensuite propagée
36:05vers les îles autour.
36:07Si cela arrivait
36:08en plein été
36:09pendant un week-end,
36:10quand il y a
36:10beaucoup de monde
36:11sur les plages,
36:12cela pourrait être terrible.
36:16Un tel scénario
36:17est parfaitement crédible
36:18et imaginable.
36:19Nous sommes dans un ancien bunker
36:26qui, jusqu'à la fin
36:27de la guerre froide,
36:28servait de quartier général
36:30aux forces américaines
36:31pour surveiller
36:32toute attaque nucléaire.
36:34Peter Hirai,
36:35un ancien militaire,
36:36gère aujourd'hui
36:37une cellule dédiée
36:38en priorité
36:39au risque tsunami.
36:40Nous pensions être préparés
36:45au pire,
36:46mais nous nous sommes trompés.
36:47On pourrait être frappés
36:49par ce qu'on appelle
36:49un tsunami extrême,
36:51quelque chose de similaire
36:52à celui du Japon.
36:54Il y a très peu
36:55de probabilités
36:56pour que cela se produise,
36:57mais si un jour
36:58c'est le cas,
36:59les conséquences
37:00seront dramatiques.
37:00Est-ce que vous pensez
37:07que les gens de l'île
37:07sont conscients du danger ?
37:10Non, ils ne le sont pas.
37:12On doit faire
37:13plus de prévention.
37:17Avec la carte de 2010,
37:19que nous utilisons encore
37:20pour la plupart
37:21des scénarios de tsunami,
37:22il y aurait 100 000 personnes
37:23concernées.
37:25Avec cette nouvelle zone
37:26jaune d'évacuation
37:27en cas d'extrême tsunami,
37:28on passe à 350 000 personnes.
37:30Donc, le nombre de personnes
37:33à évacuer
37:33est beaucoup plus significatif.
37:38C'est facile
37:38d'évacuer autant de monde ?
37:40Non.
37:43Malgré un environnement
37:44paradisiaque
37:45et un climat rêvé,
37:46Hawaï est confronté
37:47à bien des fléaux.
37:49L'envers du décor
37:50est à l'opposé
37:51de l'image de cartes postales
37:52vantées par les agences
37:54de tourisme.
37:55Waikiki,
37:56sûrement la plage
37:57la plus connue au monde,
37:58est menacée
37:59par la montée des eaux
38:00et l'érosion.
38:03Ce bâton représente
38:07la hauteur de la mer
38:07avant la fin du siècle.
38:10Presque un mètre.
38:12Avec l'élévation
38:13du niveau de la mer,
38:14nous allons voir
38:15les problèmes d'érosion
38:16empirés partout
38:16dans le monde,
38:18mais surtout ici,
38:19à Hawaï.
38:19à l'origine,
38:23Waikiki n'était qu'un marais,
38:25pas de plage,
38:26pas d'hôtel.
38:28Le premier palace
38:28voit le jour
38:29en 1901.
38:32Le sable
38:32est à portée
38:33de Long Beach
38:34en Californie.
38:36Waikiki
38:36devient alors
38:37un lieu incontournable
38:38pour les touristes
38:40qui débarquent
38:41par charters entiers.
38:42La plupart de ces hôtels
38:47ont été construits
38:48il y a une centaine
38:49d'années,
38:49entre 80 et 100 ans.
38:53Nous réalisons aujourd'hui
38:55qu'ils sont bien
38:56trop près de l'océan
38:57et qu'ils sont vulnérables
38:58à la montée
38:58du niveau de la mer.
38:59On imagine très bien
39:03que lorsque l'eau
39:03va finir par atteindre
39:04cette hauteur,
39:05il n'y aura plus de plage.
39:08Comment la population
39:09va-t-elle pouvoir
39:09s'adapter à cette situation
39:11vu les constructions
39:13gigantesques
39:14le long de la côte ?
39:15Pour éviter que l'eau
39:19ne pénètre
39:19dans leurs propriétés,
39:21certains hôteliers
39:22construisent des murs.
39:24Conséquence,
39:25la plage disparaît
39:26comme ici
39:27où il ne reste
39:28qu'une étroite bande
39:29de sable.
39:32Plus loin,
39:33ce sont des digues
39:34qui sont construites.
39:36Mais rapidement,
39:36sous la pression
39:37des surfeurs,
39:38très influents
39:39dans ce coin d'Amérique,
39:40les autorités
39:40interdisent la construction
39:42de ces brises-lames
39:43car elles perturbent
39:44la formation des vagues
39:45et la pratique
39:46de ce sport,
39:48véritable religion ici.
39:59mais comment lutter
40:05contre un phénomène
40:06qui semble inéluctable ?
40:08Les projections
40:08des scientifiques
40:09sont hélas
40:10pessimistes.
40:13Voici une carte
40:16qui montre
40:17les conséquences
40:18de la montée des eaux
40:19à Waikiki
40:19et à Honolulu.
40:20les couleurs
40:24montrent
40:24ce qui serait inondé
40:25si l'océan
40:26monte de 30 cm,
40:2760,
40:2890
40:29et 1,20 m.
40:3190 cm
40:33à 1,20 m,
40:34c'est ce qui est attendu
40:35avant la fin du siècle.
40:36Si nous ne faisons rien
40:39pour nous préparer
40:40à la hausse
40:40du niveau de la mer,
40:41nous perdrons
40:42les plages d'Hawaï
40:44qui sont la raison première
40:46pour laquelle
40:46les gens viennent
40:47passer leurs vacances ici.
40:51Le tourisme
40:52est notre première
40:53source de revenus.
40:5642 %
40:57de l'économie
40:58de l'archipel
40:58est directement
41:00liée au tourisme.
41:01Chaque année,
41:02les chiffres progressent.
41:04Hawaï
41:05reste l'un des sites
41:06les plus visités
41:07aux Etats-Unis.
41:08Les Asiatiques,
41:09Japonais en tête,
41:10sont les premiers
41:11à venir dépenser
41:12leur argent
41:12dans les commerces
41:13de l'avenue Karakoa.
41:16Elle est située
41:16juste derrière
41:17la plage de Waikiki.
41:20Cette plage
41:20constitue
41:21le pôle d'attraction
41:22numéro 1.
41:24Que se passerait-il
41:25si elle venait
41:26à disparaître ?
41:30Les acteurs
41:34du tourisme
41:34en sont bien conscients.
41:35En 2012,
41:37ils réalisent
41:37une enquête
41:38d'envergure.
41:39Les chiffres
41:40parlent d'eux-mêmes.
41:43En 2014,
41:45l'archipel
41:46d'Hawaï
41:46a accueilli
41:468,3 millions
41:48de visiteurs
41:48et ils ont dépensé
41:5014,75 milliards
41:52de dollars.
41:52C'est donc
41:53très important
41:54pour nous.
41:56Disposer
41:57de telles plages
41:57ou de telles
41:58attractions naturelles,
41:59c'est essentiel
42:00pour nos clients,
42:01comme pour l'archipel
42:01d'Hawaï,
42:02d'ailleurs.
42:04On ne pourra
42:06jamais prendre
42:07le risque
42:07de perdre
42:07nos plages.
42:08C'est ce qui fait
42:09la réputation
42:10d'Hawaï,
42:11ce qui en fait
42:11un endroit
42:12si particulier.
42:13Nous devons
42:14tous travailler
42:14ensemble
42:15et tout faire
42:15pour conserver
42:16ces plages.
42:19Avez-vous estimé
42:19le manque à gagner
42:20si la plage
42:21disparaissait ?
42:24Dans le passé,
42:25pour Waikiki Beach,
42:27ils ont estimé
42:27les pertes
42:28à 2 milliards
42:28de dollars.
42:30Un peu moins
42:31de 2 milliards
42:32d'euros.
42:32Ce chiffre
42:33a fait l'effet
42:34d'une bombe
42:34à Hawaï.
42:35Très vite,
42:36les acteurs
42:36du tourisme
42:37décident
42:38de réensabler
42:38Waikiki.
42:40Scott Sullivan
42:41a supervisé
42:42les travaux.
42:44Le projet de 2012
42:48nous a permis
42:48d'apporter
42:4930 000 tonnes
42:49de sable.
42:52Cela a coûté
42:52environ 2,5 millions
42:54de dollars.
42:55Et ça devrait suffire
42:56pour les 10
42:56ou 20 prochaines années.
42:59C'est exactement
42:59pareil qu'une route.
43:01Tous les 10
43:01ou 20 ans,
43:02il faut l'entretenir.
43:03Tous les 10
43:04à 20 ans,
43:04il faut réensabler
43:05Waikiki.
43:07C'est le prix
43:07à payer
43:07pour avoir
43:08une plage
43:08comme celle-ci.
43:13Waikiki,
43:14c'est la vitrine
43:15d'Hawaï.
43:16Mais c'est aussi
43:16l'arbre
43:17qui cache la forêt.
43:19Aujourd'hui,
43:2070% des plages
43:22de l'archipel
43:22perdent du terrain.
43:24L'érosion est galopante
43:26et toutes les plages
43:28n'ont pas la chance
43:29de disposer
43:30d'acteurs économiques
43:31qui peuvent payer
43:32le réensablement.
43:33J'ai montré
43:38cette simulation.
43:40J'ai fait
43:40des conférences
43:41auprès de scolaires,
43:42de politiques.
43:44Je suis intervenu
43:45devant l'Assemblée
43:45législative de l'État.
43:48Je l'ai même montré
43:48au gouverneur d'Hawaï.
43:50Tout le monde
43:51ouvre de grands yeux.
43:52Ils sont tous d'accord
43:53pour dire
43:54qu'une catastrophe
43:54va arriver.
43:57Mais les choix
43:58de planification urbaine
43:59à Hawaï
44:00sont guidés
44:00par les urgences
44:01d'aujourd'hui.
44:04C'est une bombe
44:05à retardement.
44:09Aujourd'hui,
44:1130% des plages
44:11de Hawaï
44:12ont quasiment disparu.
44:14Aucune zone
44:14n'est épargnée.
44:16Enfant du pays,
44:17le président Barack Obama
44:19est-il conscient
44:20que la plage
44:20où il passe ses vacances
44:21ne sera bientôt
44:22plus qu'un lointain souvenir ?
44:25Ici,
44:33à chaque tempête,
44:34les propriétaires
44:35voient un bout
44:35de leur terre
44:36ou de leur jardin
44:37dévoré par l'océan.
44:40Au prix du mètre carré,
44:41c'est 10 000 euros
44:42la meute de terre
44:43qui disparaît.
44:47En traversant Wahou,
44:49du sud au nord,
44:51l'île change
44:51de physionomie.
44:52Un autre monde
44:55avec ses collines
44:56verdoyantes.
44:59L'intérieur des terres
45:01n'est guère urbanisé.
45:07Mais en revenant
45:08sur la côte,
45:10nous retrouvons
45:10les stigmates du mal
45:11qui altèrent
45:11le mythe d'Hawaï
45:12et ses plages
45:13de sable blanc.
45:16Chaque hiver,
45:18le littoral est attaqué
45:18de plein fouet
45:19par la houle
45:20et les vagues.
45:22Nous sommes à Pao Malou,
45:27au Sunset Beach,
45:28l'autre mec
45:29des surfeurs.
45:35Chaque jour,
45:36depuis son balcon,
45:37Léa Albert
45:37peut les regarder
45:38affronter
45:39les vagues
45:39les plus impressionnantes.
45:41Elle sait qu'à
45:42d'autres moments
45:42de l'année,
45:43c'est elle
45:43qui devrait faire face
45:44aux coups de boutoir
45:45de l'océan Pacifique.
45:46Quand il y a
45:51de grosses vagues,
45:53ça fait le bruit
45:53d'une locomotive
45:54qui passe dans la maison.
46:00Hiver 2014,
46:02l'océan se déchaîne.
46:05Les vagues déferlent
46:06les unes après les autres
46:07sur la plage
46:08et frappent de plein fouet
46:09les villas
46:10construites
46:11les pieds dans l'eau.
46:30Nous avons été touchés
46:34par un épisode
46:35de fortes houles
46:36qui venaient de l'Est.
46:37Quand les vagues
46:42ont frappé,
46:43la mer a emporté
46:45les maisons là-bas.
46:47Notre propriété
46:48se trouvait
46:49à l'extrémité
46:50et tout a été grignoté
46:52jusqu'à ce palmier.
46:56La maison
46:56à côté de chez nous
46:57pendait à moitié
46:58dans le vide.
46:59Le sol s'était dérobé.
47:01La maison d'à côté,
47:02ils ont dû la couper
47:03en deux pour la sauver.
47:07Si l'érosion continue
47:09à ce rythme,
47:10dans 50 ans,
47:11notre maison
47:12va se retrouver
47:12sur la jetée.
47:16Léa et son voisin
47:17font partie de ceux
47:18qui n'ont pas été
47:19trop sévèrement touchés
47:20par ces vagues
47:20d'une grande violence.
47:25Mais un jour
47:25ou l'autre,
47:26Randy Moore
47:27en est convaincu,
47:28son terrain
47:28sera submergé.
47:32Votre maison
47:32est plus proche
47:33de l'océan maintenant,
47:34non ?
47:34Elle est très proche
47:35de la mer.
47:36Il y a un an et demi,
47:38le bord se trouvait ici.
47:40Mais les voisins
47:41ont fait appel
47:42à un entrepreneur
47:43pour réensabler.
47:45Ils ont pris du sable
47:46à l'embouchure,
47:47là-bas.
47:48Ils ont réensablé
47:49jusque là.
47:53À un moment,
47:54l'érosion a grignoté
47:55du terrain jusqu'ici.
47:59Depuis qu'il a construit
48:00sa maison,
48:01Randy Moore
48:01a perdu du terrain.
48:02Mais rien comparé
48:03à ses voisins.
48:04Certains,
48:05lors de l'hiver 2014,
48:07ont failli voir
48:08leur résidence sombrer.
48:10Aujourd'hui,
48:10plus aucun rempart
48:11face aux éléments déchaînés.
48:14Pour se protéger,
48:15certains posent
48:15des sacs de sable
48:16ou récupèrent,
48:18comme ici,
48:19le moindre morceau
48:20de pelouse.
48:21Moyen qui semble dérisoire.
48:24Randy, lui,
48:25a d'ores et déjà
48:26prévu une parade
48:27si l'océan
48:28venait à avaler
48:29sa pelouse.
48:29Ma maison repose
48:32sur Piloti.
48:34Comme ça,
48:35si la mer
48:35s'approche trop près,
48:36je peux la soulever
48:37et la déplacer
48:38plus loin derrière.
48:41La maison là-bas
48:41est construite
48:42sur une dalle de béton
48:43et c'est très difficile
48:45à déplacer.
48:47Il y a un an et demi,
48:48quand l'érosion
48:48a grignoté du terrain,
48:50la dalle se trouvait
48:50à seulement un mètre
48:51du bord de la dune.
48:53Et c'est pour ça
48:53qu'ils l'ont renforcée
48:54avec des étais
48:55pour éviter
48:56que la maison
48:56ne s'écroule.
48:57Ici,
49:03contrairement à Waikiki Beach,
49:04il n'y a pas
49:05d'hôtel ou de palace.
49:07Mais la plupart
49:07de ces maisons
49:08se louent
49:08quelques milliers
49:09d'euros la semaine.
49:10Certains propriétaires
49:11peuvent gagner
49:12500 000 euros par an,
49:14parfois plus.
49:17Un investissement
49:18très rentable,
49:20même si les dangers
49:20sont réels,
49:22personne ici
49:22ne songe à quitter
49:23ces lieux paradisiaques.
49:24Comme vous le voyez,
49:28le problème
49:29dans cette zone,
49:30c'est que les maisons
49:31ont été construites
49:31dans un lieu
49:32où il ne fallait pas.
49:35La zone est dangereuse
49:36à cause
49:36de la très forte érosion.
49:39Cela nous met
49:40dans une situation délicate
49:41et il faut faire un choix.
49:43Est-ce que nous laissons
49:44les gens construire
49:45des structures
49:45sur la plage ?
49:47Si des digues
49:47sont construites,
49:48alors nous perdrons
49:49cette magnifique attraction
49:50que représente la plage.
49:51est-ce qu'on permet
49:55aux habitants
49:56de réensabler ?
49:57Peut-être,
49:58mais ça ne leur garantit
49:59pas pour autant
50:00d'être en sécurité.
50:03Ou alors,
50:04est-ce qu'on cherche
50:05une autre solution ?
50:06Peut-être.
50:07On pourrait mettre
50:08en place un programme
50:08volontaire dans lequel
50:09le gouvernement
50:10proposerait de racheter
50:11des terrains
50:12et de créer
50:13une zone tampon
50:13avec des arbres.
50:17Mais acheter
50:17ces propriétés,
50:18cela coûterait très cher.
50:192 à 5 millions d'euros ?
50:24Oui,
50:24vous avez raison.
50:25Mais c'est très difficile
50:26de chiffrer la valeur
50:27de cette plage.
50:29Et on doit tout faire
50:30pour la protéger
50:30car elle est inestimable.
50:36La plage
50:37est inestimable
50:38comme les villas
50:39qui bordent
50:40Sunset Beach.
50:41Il suffit
50:42d'interroger
50:42Randy Moore,
50:43l'un des plus anciens
50:44propriétaires des lieux.
50:49Quand est-ce que
50:52vous avez acheté
50:52cette maison ?
50:53J'ai acheté
50:53le terrain
50:54en 1969.
50:56Cela m'a pris
50:57un an
50:57pour débroussailler
50:58et tout nettoyer.
51:01A l'époque,
51:01combien cela a coûté ?
51:0428 000 euros
51:06pour le terrain nu.
51:08Et aujourd'hui ?
51:09Avec la maison,
51:10le terrain
51:11a pris de la valeur.
51:12Les contrôleurs
51:14des impôts
51:14disent que la propriété
51:15vaut près
51:16de 2 millions d'euros,
51:17ce qui est bien plus
51:19que je ne pourrais
51:20payer pour la racheter.
51:24Mais parfois,
51:25ça se transforme
51:26en enfer ?
51:27Non,
51:28même quand c'est
51:29l'horreur avec les vagues,
51:30c'est bien de vivre ici.
51:31Vraiment ?
51:32Même si l'érosion menace ?
51:33Oui,
51:33même si l'érosion menace.
51:35J'ai beaucoup de chance
51:35de vivre ici.
51:39Une chance unique
51:40à condition
51:41d'accepter
51:42d'en payer le prix.
51:47Vous devez toujours
51:49respecter l'océan.
51:50Toujours.
51:52Toujours.
51:56L'État
51:57a pris conscience
51:58des risques,
51:59tardivement certes.
52:01Aujourd'hui,
52:02ses responsables
52:02sont au pied du mur
52:03avec une question
52:05incontournable.
52:06Est-il possible
52:07de continuer
52:07à faire venir
52:08les touristes
52:09du monde entier
52:09au risque
52:10de les décevoir ?
52:12Vital pour l'économie
52:13de l'archipel,
52:14le développement
52:15du tourisme
52:16ne pourra se poursuivre
52:17qu'au prix
52:18d'un investissement
52:19permanent.
52:22Aujourd'hui,
52:23Hawaï réussit
52:23à rester
52:24un petit paradis
52:24sur Terre.
52:26Mais jusqu'à quand ?
52:27un petit paradis
52:34qui est en train
52:35de se poursuivre
52:36d'un investissement
52:37à la fin.
52:37C'est parti !

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