- 20/06/2025
Nicolas Sarkozy, de Neuilly à l’Élysée l’obsession du pouvoir – Documentaire Politique - 2KF
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00:00:00Paris, 2016.
00:00:08Après avoir été entendu pendant 12 heures par la justice,
00:00:11Nicolas Sarkozy est mis en examen,
00:00:13soupçonné d'avoir participé au financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012.
00:00:23L'ancien président accuse le coup, mais ne vacille pas.
00:00:27Et tournant le dos aux oiseaux de mauvaise augure,
00:00:29le voilà qui continue comme si de rien n'était son bonhomme de chemin,
00:00:32entre selfie et dédicace.
00:00:40Étrange Nicolas Sarkozy, à qui ses adversaires de gauche comme de droite
00:00:43prédisent désormais le pire, et notamment la prison,
00:00:46comme s'il était devenu quantité négligeable.
00:00:49C'est pourtant lui, et pas un autre,
00:00:51qui a profondément changé la façon de gouverner en France.
00:00:54C'est pourtant lui, et pas un autre,
00:00:56qui a imposé à la quasi-totalité de la classe politique
00:00:59un vocabulaire et des thèmes qui jusque-là étaient proscrits.
00:01:02C'est pourtant lui, et pas un autre,
00:01:04qui incarne le mieux la victoire idéologique de la droite.
00:01:06Et c'est justement ce qui m'a donné envie de faire ce film.
00:01:17Comprendre quel désir l'anime depuis tant d'années,
00:01:19et quelle logique il a suivi,
00:01:21pour transformer à ce point le visage de la France.
00:01:24Nicolas Sarkozy, à Neuilly, mais 33 ans plus tôt.
00:01:42« Monsieur de la guerre, à votre vie. »
00:01:47Filmé par la caméra d'un amateur,
00:01:49il attend de savoir si les dieux de la politique lui seront favorables.
00:01:53Son air sage ne trompe personne.
00:01:56À 28 ans, il risque déjà son vatou.
00:01:59Trahissant la confiance de son mentor, Charles Pasqua,
00:02:03et contre la vie unanime de tous les dirigeants de son propre parti,
00:02:05le RPR, il a décidé de s'emparer de la mairie de Neuilly,
00:02:09dont le maire vient de mourir brusquement.
00:02:11À la différence de tous les hommes politiques de sa génération,
00:02:15qui ont gagné leur premier galon en se montrant bien sages,
00:02:19Nicolas Sarkozy, lui, tente un véritable coup d'État.
00:02:23« Quand il a décidé d'être candidat,
00:02:26il a un peu scotché sa famille,
00:02:31moi-même et un certain nombre d'autres amis très proches,
00:02:34parce que ça nous paraissait très audacieux.
00:02:37Mais c'est un audacieux réfléchi.
00:02:39Et donc, oui, il y avait l'audace,
00:02:41mais il y avait aussi le résultat d'une réflexion.
00:02:44Il a pensé que c'était possible. »
00:02:46« La genèse même du sarkozisme,
00:02:47c'est une forme de violence politique assumée.
00:02:50Et la façon dont Nicolas Sarkozy conquiert la mairie de Neuilly,
00:02:52alors qu'elle était promise à Charles Pasqua,
00:02:54lequel était arrêté, était à l'hôpital à ce moment-là,
00:02:58et pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy est supposé démarcher
00:03:00chacun des conseillers municipaux au profit de Charles Pasqua,
00:03:03et il va les retourner un par un à son propre profit. »
00:03:06« Il y avait une atmosphère à la mairie de Neuilly
00:03:15qui était une atmosphère incroyable,
00:03:17à la fois d'inquiétude, de pression,
00:03:20de tension aussi. »
00:03:23Le vote a lieu.
00:03:26Le public comptait les voix une par une,
00:03:29un, deux, trois, quatre, je crois qu'à l'époque,
00:03:31il devait y avoir une majorité de 25 ou 26 voix,
00:03:35et Nicolas Sarkozy l'emporte.
00:03:36« Sarkozy ! »
00:03:37« Tout de suite, j'ai senti une vitalité exceptionnelle
00:03:48chez ce bonhomme qui venait de poignarder dans le dos
00:03:51Charles Pasqua, et qu'il n'avait absolument aucun regret,
00:03:56aucune culpabilité d'avoir dépossédé l'ancien.
00:04:00Et lui, il me racontait comment il avait été chercher
00:04:02les voix des responsables de Neuilly.
00:04:06Il me disait-il à la fourchette à escargot. »
00:04:10« C'était la première fois que publiquement
00:04:12la transgression était là.
00:04:15À 28 ans, on n'est pas naturellement maire de Neuilly.
00:04:18C'est pas la ville la plus jeune de la République
00:04:20et c'est pas la ville où un type de 28 ans
00:04:22pouvait être maire facilement. »
00:04:24Il n'a pas hésité, il y est allé,
00:04:26contre un monstre sacré du RPR,
00:04:27contre les autorités du RPR,
00:04:29qui lui disait « Si tu arrives à gagner,
00:04:32c'est très bien pour toi,
00:04:33mais ton avenir politique, il est derrière toi.
00:04:35C'est terminé.
00:04:36Tu ne seras jamais député, tu ne seras jamais rien.
00:04:38On va s'occuper de toi. »
00:04:40Il n'a pas hésité, il y est allé, il a gagné.
00:04:42En fait, déterminé et sans état d'âme,
00:04:46Nicolas Sarkozy l'était depuis longtemps,
00:04:48sans doute même depuis toujours.
00:04:49Étudiant à Nanterre,
00:04:56il avait adhéré au parti de Jacques Chirac,
00:04:58qui s'appelait encore l'UDR,
00:05:00et lors de sa première apparition à la télévision,
00:05:02à 20 ans,
00:05:03il témoignait déjà d'un bagout et d'un aplomb
00:05:05qui n'allaient plus jamais se démentir.
00:05:08Nicolas, tu as 20 ans,
00:05:10tu es étudiant à Nanterre.
00:05:11Pourquoi es-tu à l'UDR ?
00:05:13Oui, je suis à l'UDR, je n'ai pas connu 1940,
00:05:15je n'ai pas connu 1958, je n'ai même pas connu 1968.
00:05:19Et pourtant, je suis à l'UDR.
00:05:20Pourquoi ? Je voulais participer à l'effort de construction
00:05:23de la société de demain,
00:05:24parce que j'estimais que nous ayant donné le droit de vote,
00:05:26nous les jeunes, nous n'avions pas le droit
00:05:27de participer à la construction de cette société
00:05:30où nous allons vivre.
00:05:31Et puis à l'UDR, on ne m'a pas désigné un ennemi tout fait,
00:05:34on ne m'a pas dit la vérité est une,
00:05:36et c'est nous qui l'avons.
00:05:37On m'a simplement dit que pour construire cette société
00:05:39de demain, il fallait l'effort de tous
00:05:41et la participation de tous.
00:05:43Voilà pourquoi je suis UDR.
00:05:47Mais la politique, Nicolas Sarkozy
00:05:49ne l'imaginait pas seulement derrière un micro.
00:05:52Il voulait militer sur le terrain,
00:05:53coller des affiches, faire du porte-à-porte,
00:05:56et il lui arrivait même parfois
00:05:57de faire le coup de poing.
00:05:59Je présidais un syndicat étudiant
00:06:01proche des gaullistes,
00:06:02et c'était une période un peu mouvementée.
00:06:04Nicolas Sarkozy est arrivé au siège,
00:06:08chemise déchirée, une chemise blanche,
00:06:10je m'en souviens encore, déchirée.
00:06:12Et en fait, il y avait eu des bagarres
00:06:14à Nanterre, à la fac de droit,
00:06:16et des militants d'extrême-gauche
00:06:19s'en étaient pris à Nicolas Sarkozy,
00:06:21qui était déjà un responsable UDR jeune
00:06:24à l'époque et connu comme tel.
00:06:26Bonjour, je voudrais au nom des jeunes UDR
00:06:28vous souhaiter la bienvenue en France d'abord,
00:06:30et puis aussi vous montrer
00:06:31qu'on peut avoir moins de 20 ans,
00:06:33qu'on peut avoir 18-20 ans
00:06:34et être lycéen,
00:06:35et être fidèle à la pensée du général de Gaulle.
00:06:37Alors nous sommes là pour
00:06:38essayer de répondre à vos questions,
00:06:40c'est ce qu'on va essayer de faire
00:06:40le plus sympathiquement
00:06:42et le plus sincèrement possible.
00:06:44Il y avait déjà le côté fonceur,
00:06:46extraordinairement dynamique,
00:06:48que rien n'assomme.
00:06:49Il était le chef de meute,
00:06:51c'est pas la peine de se raconter d'histoire,
00:06:53nous nous étions là,
00:06:55mais c'était lui
00:06:56qui en réalité était le leader.
00:06:59Ce leader, ce chef de meute,
00:07:02Jacques Chirac,
00:07:02qui est alors le dirigeant le plus emblématique
00:07:04de la droite française,
00:07:06n'est pas très long à le remarquer.
00:07:08Son ambition lui plaît,
00:07:09et bien sûr sa jeunesse
00:07:10qui tranche avec le look habituel
00:07:12des notables gaullistes.
00:07:14Dès 1975,
00:07:16il offre à Nicolas Sarkozy
00:07:17ses premières tribunes.
00:07:19Et celui-ci,
00:07:19ravi de taper à bras raccourcis
00:07:21sur la majorité,
00:07:22regroupé autour du président de la République,
00:07:24Valéry Giscard d'Estaing,
00:07:26que les Chirakiens détestent,
00:07:28peut dès lors se livrer
00:07:29à ce qui deviendra l'un de ses arts préférés,
00:07:31la déclamation.
00:07:33Peu importe que nous soyons
00:07:35ou non dans la majorité,
00:07:37qu'on nous y accepte
00:07:39ou qu'on nous y refuse,
00:07:41cette majorité ne nous intéresse pas.
00:07:43Elle appartient au passé.
00:07:45Ce qui nous intéresse,
00:07:58c'est d'aimer Jacques Chirac
00:07:59assumer pleinement le destin
00:08:02qui est le sien
00:08:03et qui est grand,
00:08:04tellement grand.
00:08:06Assumer pleinement le destin
00:08:07qui est le sien
00:08:08et qui est grand,
00:08:10tellement grand.
00:08:11Nicolas Sarkozy s'est-il souvenu
00:08:13de cette formule,
00:08:13qu'il avait peut-être prononcée
00:08:15pour lui-même,
00:08:16quand quelques années plus tard,
00:08:17entouré de son père
00:08:18et de sa mère,
00:08:20il fêtera son coup de force réussi
00:08:21à la mairie de Neuilly.
00:08:24Pour l'instant cependant,
00:08:25même si la chance lui souriait,
00:08:27son destin était loin
00:08:28d'être accompli.
00:08:29D'autant plus loin
00:08:30qu'il ne se faisait aucune illusion
00:08:32sur les sentiments
00:08:32de ceux-là même
00:08:33qu'il avait élus.
00:08:35Certes,
00:08:35c'était comme eux,
00:08:36un bourgeois
00:08:37et pas un ennemi de classe,
00:08:38mais ils n'appartenaient pas
00:08:39pour autant à leur milieu.
00:08:41Ils ne ressemblaient pas
00:08:42à la bourgeoisie traditionnelle
00:08:44de Neuilly.
00:08:45Incontestablement,
00:08:46Nicolas Sarkozy
00:08:46est un bourgeois
00:08:47qui est issu d'un milieu favorisé
00:08:48et il incarne
00:08:50la droite française.
00:08:50Il a eu
00:08:51une famille
00:08:52qui a traversé des difficultés,
00:08:54des parents qui sont séparés,
00:08:55un père qui est parti,
00:08:56une mère qui a travaillé,
00:08:58mais pour autant,
00:08:59il ne vient pas
00:09:00d'un milieu
00:09:00totalement défavorisé.
00:09:02Mais d'une part,
00:09:03ça n'est pas un héritier
00:09:04au sens traditionnel
00:09:06de la droite bourgeoise.
00:09:08Et en plus,
00:09:09il n'a pas en quelque sorte
00:09:10aussi la dimension
00:09:11aristo
00:09:12de toute une frange
00:09:13de la droite française.
00:09:14C'était un enfant d'immigrés.
00:09:17Il venait d'ailleurs
00:09:18côté juif,
00:09:20côté hongrois.
00:09:23Et même s'il l'écartait,
00:09:26il le ressentait quand même.
00:09:27Il se considère vraiment
00:09:37comme un immigré carré aussi
00:09:39et ça fait partie
00:09:40de son identité.
00:09:42C'est le fond de sauce
00:09:42de sa personnalité.
00:09:43Il sera toujours
00:09:44un Français de sang mêlé
00:09:46et il aura toujours
00:09:47le sentiment
00:09:47de ne pas complètement
00:09:48appartenir
00:09:49à l'establishment.
00:09:51Ensuite,
00:09:51c'était un canard noir
00:09:52parce qu'il était
00:09:53enfant de divorcer.
00:09:54Il faut se souvenir
00:09:54qu'à cette époque-là,
00:09:55enfant de divorcer,
00:09:56dans ces milieux-là,
00:09:57c'était quand même
00:09:59être à part.
00:09:59Et enfin,
00:10:01il le reconnaissait volontiers
00:10:02à l'époque,
00:10:03ça avait été
00:10:03un très mauvais élève.
00:10:05Il avait fait
00:10:06les 400 coups,
00:10:07il passait plus de temps
00:10:08dans les buissons
00:10:09du parc Monceau
00:10:10que devant ses cahiers.
00:10:13C'est un mouton noir,
00:10:14Nicolas Sarkozy,
00:10:15de la bourgeoisie,
00:10:15en ce sens
00:10:16qu'il n'en a pas les codes,
00:10:17qu'il n'en a pas les rites,
00:10:19que ces rites,
00:10:20ces codes,
00:10:20l'énervent,
00:10:22la gasse,
00:10:22qu'il prend un malin plaisir
00:10:23à les piétiner.
00:10:24Et en plus,
00:10:25il surjoue la revanche.
00:10:26Je pense qu'il faut
00:10:27comprendre Nicolas Sarkozy
00:10:28par l'envie.
00:10:29Alors l'envie
00:10:29de montrer
00:10:30à celui
00:10:31qui est mieux né,
00:10:33qui est mieux loti
00:10:33dès la naissance,
00:10:34que lui,
00:10:35il va y arriver
00:10:36et qu'il ira plus loin.
00:10:37Il n'était pas de ce monde
00:10:38et il ne le sera jamais.
00:10:40Et ce monde
00:10:40ne l'aimait pas d'ailleurs.
00:10:42C'était quelqu'un
00:10:42nécessaire
00:10:43pour apporter
00:10:43du sang frais
00:10:44parce qu'il avait
00:10:45cette puissance,
00:10:47cette énergie
00:10:47que les fils
00:10:49de bonne famille
00:10:49n'avaient plus
00:10:50et qu'il leur apportait
00:10:51le vent du large.
00:10:52Mais bon,
00:10:55il faudra quand même
00:10:56revenir.
00:10:58Conscient des obstacles
00:10:59qu'il va devoir surmonter,
00:11:01y compris dans son propre camp,
00:11:03Nicolas Sarkozy
00:11:04fait son job de maire
00:11:05sans rechigner.
00:11:06Il s'occupe
00:11:07de ses administrés,
00:11:08des personnes âgées,
00:11:09des commerçants,
00:11:10mais également
00:11:11de tous ceux
00:11:11qui ont une once
00:11:12de célébrités
00:11:13et qui pourront
00:11:14lui être utiles
00:11:15un jour.
00:11:16Se préparant déjà
00:11:17aux étapes suivantes,
00:11:18il cultive ses relations
00:11:20avec la nouvelle bourgeoisie
00:11:21qui s'installe à Neuilly
00:11:22et tisse consciencieusement
00:11:24sa toile,
00:11:24notamment dans les médias.
00:11:26Oui,
00:11:27parce qu'il s'appuyait
00:11:27sur le tissu
00:11:28qui était celui
00:11:29de sa commune.
00:11:31Tout simplement,
00:11:31à Neuilly,
00:11:32il y avait le siège
00:11:32de la SACEM
00:11:33qui protège
00:11:34les droits d'auteur.
00:11:35Il y avait
00:11:36le siège d'M6,
00:11:38il y avait
00:11:38le siège d'Avas.
00:11:40Donc,
00:11:41c'est vrai
00:11:41que c'était
00:11:42son rôle de maire
00:11:43que de les rencontrer,
00:11:44que de les voir.
00:11:45Comme le disait
00:11:46son prédécesseur,
00:11:47quand un de ses administrés
00:11:49venait le rencontrer,
00:11:50son prédécesseur,
00:11:51c'était
00:11:52souvent
00:11:53le fils
00:11:54du général,
00:11:55le neveu
00:11:56du ministre,
00:11:56le cousin
00:11:57de l'évêque.
00:11:58Donc,
00:11:58c'est une population
00:11:59aussi
00:12:00qui est aussi
00:12:01particulière
00:12:02à gérer.
00:12:05Mesdames,
00:12:05messieurs,
00:12:06je ne voudrais pas
00:12:06commencer
00:12:07cette première émission
00:12:08de SIG
00:12:08Bonne Mémoire
00:12:09sans saluer
00:12:10les personnalités
00:12:11qui ont dénié
00:12:11nous honorer
00:12:12de leur présence
00:12:12et notamment
00:12:13au premier rang,
00:12:16mon mère,
00:12:17Nicolas.
00:12:18Et c'est ainsi
00:12:18que l'enfant de la télé
00:12:19qu'est Nicolas Sarkozy
00:12:21va bientôt quitter Marie,
00:12:23sa première épouse,
00:12:24pour Cécilia,
00:12:25la femme de l'un des animateurs
00:12:26les plus célèbres
00:12:27du petit écran,
00:12:28Jacques Martin,
00:12:30alors même
00:12:30qu'il les avait mariés
00:12:31un peu plus tôt.
00:12:32Marie,
00:12:33voilà.
00:12:35Leur garçon est né
00:12:37deux jours
00:12:38après ma fille.
00:12:39J'ai eu un cadeau
00:12:40de mariage,
00:12:42mais je n'ai pas rendu
00:12:43de cadeau
00:12:44pour la naissance
00:12:44du petit.
00:12:45Or,
00:12:46si vous êtes
00:12:46un maire excellent,
00:12:48il faut aussi
00:12:48être un père
00:12:49absolument irréprochable.
00:12:51Et l'important
00:12:52pour un papa,
00:12:53c'est de faire rire
00:12:54son garçon.
00:12:54Je m'attends à tout.
00:12:55Alors,
00:12:56la dernière invention
00:12:56américaine
00:12:57pour faire rire
00:12:58les enfants.
00:12:59Monsieur le maire,
00:13:00regardez,
00:13:01le soir,
00:13:02près du berceau,
00:13:02Nicolas,
00:13:08c'est pour vous.
00:13:10Voilà,
00:13:11ça fait rire Marie.
00:13:15Ah,
00:13:15le fringant
00:13:16jeune Sarkozy.
00:13:17Vous qui l'avez
00:13:18si souvent dénoncé
00:13:19quand il sera plus tard
00:13:20ministre ou président,
00:13:22il ne vous intéresse pas
00:13:23comme maire de Neuilly ?
00:13:24Il m'intéresse beaucoup,
00:13:25au contraire.
00:13:26Car c'est un laboratoire
00:13:27assez monstrueux
00:13:28de notre histoire républicaine.
00:13:30Neuilly,
00:13:31les Hauts-de-Seine,
00:13:32Pasqua,
00:13:32tout ce monde
00:13:34qui incarne
00:13:35vraiment
00:13:37la part d'ombre
00:13:39de ce qu'on appelait
00:13:40le gaullisme.
00:13:42C'est là
00:13:42où on trouve
00:13:43les personnages
00:13:44du gaullisme immobilier,
00:13:46des pires scandales
00:13:47immobiliers,
00:13:48y compris
00:13:49dans les années
00:13:5060-70.
00:13:52C'est là
00:13:52qu'on trouve
00:13:53les personnages
00:13:54liés
00:13:54à ce qui fut
00:13:56la milice
00:13:57de ce pouvoir,
00:13:59le service
00:13:59d'action civique,
00:14:00le SAC.
00:14:01C'est la pire école
00:14:03politique à droite.
00:14:05Faisant ses classes
00:14:06dans ce haut lieu
00:14:07des turpitudes politiques,
00:14:09Nicolas Sarkozy
00:14:10n'ignore rien,
00:14:10bien sûr,
00:14:11des filous
00:14:11qui sévissent
00:14:12dans sa commune.
00:14:14Mais dès le début
00:14:14de son mandat,
00:14:16il est clair
00:14:16qu'il n'a pas l'intention
00:14:17de se laisser empoisser
00:14:18par eux.
00:14:19Il les laisse
00:14:20grenouiller tranquilles,
00:14:21mais met un point
00:14:22d'honneur
00:14:22à être lui-même
00:14:23au-dessus
00:14:24de tout soupçon
00:14:24et commence
00:14:25une carrière nationale
00:14:26qui tout de suite
00:14:27le fait sortir
00:14:28du lot.
00:14:30On voyait
00:14:31qu'il était
00:14:31très différent.
00:14:33Il était
00:14:33très intelligent,
00:14:34il faut bien le dire.
00:14:36Il s'exprimait
00:14:36très bien,
00:14:37il avait une force
00:14:37de conviction
00:14:38et surtout,
00:14:39il était éclectique
00:14:40dans ses curiosités.
00:14:43Il s'intéressait
00:14:43à l'économie,
00:14:44il s'intéressait
00:14:45aux religions,
00:14:46déjà,
00:14:47il s'intéressait
00:14:48aux phénomènes
00:14:49de société.
00:14:49Il n'était pas seulement
00:14:52un type de droite
00:14:53qui pense à son élection.
00:14:55Il avait vraiment
00:14:56une autre idée,
00:14:57une autre ambition
00:14:58et il mettait
00:14:59tout en œuvre pour ça.
00:15:00Donc,
00:15:00il détenait absolument
00:15:02parmi les élus de droite
00:15:04qui étaient
00:15:05classiquement conservateurs.
00:15:08C'est un nombre de droites,
00:15:09en vrai,
00:15:10qui est accroché
00:15:11sur les valeurs
00:15:12de la droite,
00:15:12les manières d'être
00:15:13de la droite,
00:15:14mais pas de la droite
00:15:15conservatrice
00:15:16ou de la droite
00:15:17républicaine,
00:15:19traditionnelle française.
00:15:21Il est plutôt positionné
00:15:23sur le registre
00:15:24des néoconservateurs américains.
00:15:25C'est une vision du monde
00:15:26extrêmement violente,
00:15:29très simple.
00:15:30C'est l'idée
00:15:30du choc des civilisations
00:15:31qui les habitent
00:15:33et ils y croient vraiment.
00:15:34Je ne pense pas
00:15:35qu'ils fassent semblant.
00:15:40Tactiquement,
00:15:41sa décision est prise
00:15:42et ne variera pas
00:15:43pendant des années.
00:15:45Emboîter le pas
00:15:46de Jacques Chirac,
00:15:47dont chacun pense
00:15:48qu'il deviendra
00:15:48le prochain locataire
00:15:49de l'Élysée.
00:15:51Il est souvent masqué
00:15:52par les autres,
00:15:53plus grand que lui.
00:15:54Materné par Édouard Balladur
00:15:56et Jacques Chirac,
00:15:57le petit Sarkozy
00:15:58sort de l'ombre
00:15:59et ce n'est pas un hasard.
00:16:00Si Chirac décroche
00:16:01l'Élysée,
00:16:02il acceptera sans doute,
00:16:04sans se faire prier
00:16:04très longtemps,
00:16:05un bon portefeuille
00:16:06ministériel.
00:16:07En attendant ce jour béni,
00:16:11Nicolas Sarkozy
00:16:12tente de se rendre
00:16:13indispensable
00:16:13auprès de Jacques Chirac.
00:16:15Il transforme
00:16:16ses meetings en concerts,
00:16:17les modernise
00:16:18en imitant ce qu'il a vu faire
00:16:19à la télévision
00:16:20et sans hésiter,
00:16:22il joue lui-même
00:16:23le rôle du chef d'orchestre,
00:16:24de l'animateur,
00:16:25du maître de la piste,
00:16:27apportant à son grand homme
00:16:28un regain de jeunesse.
00:16:29Mais le 8 mai 1988,
00:16:39patatras.
00:16:40François Mitterrand,
00:16:41le président de la République
00:16:42sortant,
00:16:43bat très largement
00:16:43Jacques Chirac
00:16:44et Nicolas Sarkozy
00:16:46se retrouve grosjean
00:16:47comme devant.
00:16:48Sept ans de plus
00:16:48à attendre
00:16:49un poste ministériel,
00:16:50sept ans de plus
00:16:51à ronger son frein.
00:16:55Fort heureusement pour lui,
00:16:57arrivent en 1993
00:16:58les élections législatives.
00:16:59la victoire de la droite
00:17:01et la cohabitation.
00:17:03D'un coup d'un seul,
00:17:04le nouveau chef du gouvernement,
00:17:06Édouard Balladur,
00:17:08place enfin Nicolas Sarkozy
00:17:09au cœur même de l'État.
00:17:12Il y a un homme
00:17:13qui est très proche
00:17:14d'Édouard Balladur,
00:17:15il est aussi très proche
00:17:15de Jacques Chirac,
00:17:16il fera souvent le lien
00:17:17entre les deux hommes,
00:17:18c'est Nicolas Sarkozy
00:17:19qui devient ministre du budget
00:17:21et porte-parole du gouvernement.
00:17:26C'était une marque
00:17:28à la fois de confiance
00:17:29et d'audace
00:17:30d'Édouard Balladur.
00:17:31Édouard Balladur
00:17:32devient premier ministre,
00:17:33il décide
00:17:34de confier
00:17:37la responsabilité
00:17:38d'un ministère
00:17:39pour lequel Nicolas Sarkozy
00:17:40n'était pas un spécialiste,
00:17:41n'était pas un expert,
00:17:43n'était pas un technicien,
00:17:44n'était pas issu
00:17:45de la haute fonction publique
00:17:46et il place
00:17:47au cœur de la machine
00:17:48qui est sans doute
00:17:49la plus puissante
00:17:50de l'État
00:17:51un jeune élu
00:17:53qui n'était pas
00:17:55a priori
00:17:55prédisposé
00:17:56à exercer cette fonction.
00:17:57Et Nicolas Sarkozy
00:17:58découvre à cette occasion
00:17:59ce qu'est
00:18:00le pouvoir de l'État,
00:18:02ce qu'est
00:18:02le pouvoir central
00:18:04et c'était aussi
00:18:05l'exercice
00:18:07d'un pouvoir fort
00:18:07puisque vous savez
00:18:08que les ministres,
00:18:10au moment où ils
00:18:10préparent
00:18:11leur propre budget,
00:18:13ce sont eux,
00:18:13quel que soit leur grade,
00:18:14qui se déplacent
00:18:15pour aller rencontrer
00:18:16le ministre du budget
00:18:18sur son lieu
00:18:18d'exercice.
00:18:22Nicolas Sarkozy
00:18:23n'a sans doute
00:18:24jamais éprouvé
00:18:24quelque chose
00:18:25d'aussi fort
00:18:26que ce qu'il éprouve
00:18:27à Bercy.
00:18:28D'être ainsi propulsé
00:18:29au cœur même
00:18:29de l'État
00:18:30génère en lui
00:18:31un bonheur
00:18:32à nul autre pareil
00:18:33et on ne comprend rien
00:18:34à ce qui va se passer
00:18:35ensuite
00:18:36si on ne comprend pas
00:18:37que lui,
00:18:38qui était pourtant
00:18:39comme le fils adoptif
00:18:40de Jacques Chirac,
00:18:41découvre grâce
00:18:42à Édouard Balladur,
00:18:44à qui un fil d'amour
00:18:45le relie désormais
00:18:46en permanence,
00:18:47la vraie jouissance
00:18:48du pouvoir.
00:18:49Voilà,
00:18:50ce téléphone-là,
00:18:51c'est plutôt
00:18:52que le sien,
00:18:53c'est l'interministériel.
00:18:54Et ça sonne
00:18:54combien de fois par jour ?
00:18:55Ça sonne souvent.
00:18:57Souvent.
00:18:58Souvent.
00:18:59Très souvent.
00:19:01Mais quand on aime,
00:19:01on ne compte pas.
00:19:03J'ai cette ambition
00:19:04de bien faire,
00:19:06de servir mes idées,
00:19:08de servir mon pays
00:19:09et puis bien sûr,
00:19:11dans cette aventure,
00:19:13une véritable aventure,
00:19:14il y a aussi
00:19:15la part de la volonté
00:19:16personnelle
00:19:17de se dépasser,
00:19:17de se surpasser.
00:19:23Se surpasser.
00:19:25Un événement imprévu
00:19:26et dramatiquement médiatique
00:19:28va justement
00:19:29lui en donner l'occasion.
00:19:30Mais tout d'abord,
00:19:31cette prise d'otages.
00:19:32Une trentaine d'enfants
00:19:33d'une école maternelle
00:19:34sont en ce moment même
00:19:35les otages
00:19:36d'un homme armé.
00:19:37N'y allait pas,
00:19:41monsieur le ministre.
00:19:42N'y allait surtout pas.
00:19:43Tout le monde le lui disait.
00:19:45Le préfet de police,
00:19:46le ministre de l'Intérieur,
00:19:48les hommes du Raid
00:19:48qui encerclaient
00:19:49l'école maternelle
00:19:50de Neuilly
00:19:50ou celui qui se faisait
00:19:51appeler Human Bomb,
00:19:53la bombe humaine,
00:19:54avaient pris en otage
00:19:5521 enfants
00:19:56et leur institutrice.
00:19:58Mais Nicolas Sarkozy
00:19:59n'écouta personne
00:20:00et pénétra dans l'école
00:20:02pour négocier en direct
00:20:03avec l'homme
00:20:04qui s'était entouré
00:20:04d'explosifs.
00:20:06Donnez-moi cette petite voix-là.
00:20:09Je sais que vous êtes
00:20:10quelqu'un de l'autre.
00:20:11On peut être un dit conscient.
00:20:13On peut avoir confiance
00:20:13l'un en l'autre.
00:20:14J'essaie de sortir
00:20:15d'un panade.
00:20:16J'essaie de trouver
00:20:17le pognon.
00:20:18J'essaie de trouver
00:20:18la voiture.
00:20:19Je vais porter le message
00:20:20au ministre de l'Intérieur.
00:20:21Qu'est-ce que je peux faire ?
00:20:22Qu'est-ce que je peux faire ?
00:20:23Et le ministre
00:20:26de ramener à l'air libre
00:20:28comme autant de trophées
00:20:29un enfant
00:20:30puis un autre
00:20:31puis un autre encore.
00:20:35Son intervention
00:20:36lui ressemble.
00:20:38Il va braver le danger,
00:20:39sauver un enfant
00:20:40dans les bras.
00:20:42Ça lui ressemble.
00:20:43Il a toujours voulu
00:20:44faire justement
00:20:46le geste
00:20:46qui frappe l'opinion.
00:20:48Il peut risquer sa vie.
00:20:51Réellement.
00:20:52Et en même temps,
00:20:52s'il réussit,
00:20:53s'il sort avec un enfant
00:20:54dans les bras,
00:20:56c'est formidable.
00:20:56Il sera vraiment
00:20:57le héros.
00:20:59Et il l'a compris
00:20:59tout de suite.
00:21:00Moi,
00:21:02cet épisode
00:21:02m'a un petit peu rassuré
00:21:04sur la classe politique
00:21:05parce que je me disais
00:21:06que les vieux,
00:21:09finalement,
00:21:10ils avaient traversé
00:21:10des guerres,
00:21:11ils avaient traversé
00:21:11des épreuves,
00:21:12ils avaient traversé
00:21:13une époque épique.
00:21:15Alors que les jeunes politiques,
00:21:16comme l'était Sarkozy,
00:21:18ils n'avaient rien traversé.
00:21:20En tout cas,
00:21:20cette action,
00:21:21il était un peu plus
00:21:22qu'un homme politique
00:21:23qui était malin,
00:21:25habile.
00:21:26Il avait une certaine
00:21:26forme de courage.
00:21:27Il y a un courage réel
00:21:29chez cet homme-là.
00:21:31Moi, je l'ai vu
00:21:31dans plusieurs reprises,
00:21:32pas seulement avec Human Bomb,
00:21:33mais dans des manifestations
00:21:35ouvrières, par exemple,
00:21:36dures,
00:21:37aller au contact,
00:21:39aller au corps à corps
00:21:40en se disant
00:21:41« Allez, hop ! »
00:21:43On y va, on affronte
00:21:44en m'expliquant toujours
00:21:46qu'on a peur des choses
00:21:49qu'aussi longtemps
00:21:50qu'on ne les a pas vues
00:21:51en face,
00:21:51les yeux dans les yeux.
00:21:52Ce n'est pas seulement
00:21:53une question de courage.
00:21:54Il y a une part de courage,
00:21:55quand même,
00:21:56il ne faut pas lui dénier ça,
00:21:56mais c'est aussi l'idée
00:21:59qu'il va marquer l'opinion.
00:22:00Et ça, il a toujours eu
00:22:01ce souci-là,
00:22:02de marquer l'opinion,
00:22:04d'être exceptionnel,
00:22:05d'être comme un acteur de cinéma.
00:22:08Pendant deux jours,
00:22:09Nicolas Sarkozy
00:22:09n'a pas vraiment pu se laver
00:22:11et seulement se changer.
00:22:11Il dort deux heures par nuit
00:22:13dans la loge
00:22:14de la gardienne de l'école.
00:22:15Toutes les heures et demie,
00:22:16il parle aux parents.
00:22:17Il leur raconte tout
00:22:17ce que dit le ravisseur,
00:22:19ce que prévoit le raide.
00:22:20Il s'assied avec eux
00:22:21et tente de les rassurer.
00:22:23Je pense que c'est
00:22:24sa communication à lui.
00:22:26C'est d'être omniprésent.
00:22:28Il est hanté par le fait
00:22:29qu'il veut que les Français
00:22:30voient ce qu'il fait.
00:22:31Et c'est sa personnalité,
00:22:33il est comme ça.
00:22:34Il a toujours considéré
00:22:35qu'il fallait aller en première ligne,
00:22:37montrer que c'est lui
00:22:38qui s'occupait des choses.
00:22:38Au bout de 46 heures,
00:22:42le preneur d'otage
00:22:43est abattu
00:22:44par les hommes du raide
00:22:45et tous les enfants
00:22:46sont libérés.
00:22:47Au bout de 46 heures,
00:22:49Nicolas Sarkozy,
00:22:50qui était jusqu'alors
00:22:51un inconnu
00:22:52pour la grande majorité
00:22:53des Français,
00:22:54force la porte
00:22:55de leur imaginaire.
00:22:57Le sentiment,
00:22:58c'est que la vie est belle.
00:22:59Vous savez ce que c'est ?
00:23:00Trop heureux.
00:23:00Eh bien, c'est ça.
00:23:01C'est voir que le ciel est bleu,
00:23:03que les enfants sont chez eux
00:23:04et puis que nous,
00:23:05pour sortir tranquillement
00:23:06de cet enfer.
00:23:14L'histoire de la maternelle
00:23:15de Neuilly
00:23:16a illustré à la fois
00:23:18cette audace transgressive
00:23:20de Nicolas Sarkozy,
00:23:22hors les codes,
00:23:23j'y vais,
00:23:24et qui lui a donné
00:23:25une popularité
00:23:26auprès des forces de sécurité,
00:23:28et en même temps,
00:23:29le symbole
00:23:30de l'aventure personnelle,
00:23:31le symbole du cow-boy
00:23:34qui va sauver des enfants,
00:23:36les prendre dans ses bras,
00:23:38un peu John Wayne
00:23:39sans la stature,
00:23:40mais avec l'allure du geste.
00:23:43Je dis juste que
00:23:44ces aventures-là,
00:23:46il vaut mieux
00:23:47qu'elles soient réservées
00:23:48à d'autres réalités humaines
00:23:50plutôt qu'à l'avenir
00:23:52d'une société,
00:23:53qu'à l'avenir d'un pays.
00:23:54Après Human Bomb,
00:23:58le ministre du budget
00:23:59reprend le chemin de Bercy,
00:24:01mais personne ne se méprend
00:24:03et surtout pas émis.
00:24:04Ce n'est pas la routine
00:24:05qui l'attend.
00:24:07La prochaine grande échéance politique
00:24:08est déjà là,
00:24:09l'élection présidentielle,
00:24:11et coup de théâtre,
00:24:12alors qu'il était décidé
00:24:13depuis longtemps
00:24:14que Jacques Chirac
00:24:15serait le candidat
00:24:16de toute la droite,
00:24:17voilà Nicolas Sarkozy
00:24:18qui trahit son grand homme
00:24:20pour un autre,
00:24:21Édouard Balladur.
00:24:22C'est qu'après Bercy,
00:24:23Nicolas vise Matignon
00:24:25et son ambition
00:24:26passe désormais
00:24:27par Édouard
00:24:28et non plus par Jacques.
00:24:30Nicolas Sarkozy,
00:24:31ministre du budget,
00:24:33porte-parole,
00:24:33il avait les médias
00:24:34dans la main,
00:24:36les industriels,
00:24:37tous les puissants déjà.
00:24:38Donc là,
00:24:39il avait goûté
00:24:39à ce grand frisson
00:24:40et effectivement,
00:24:41il en voulait plus.
00:24:42Premier ministre,
00:24:43c'était qu'une étape.
00:24:46Il était déjà persuadé
00:24:47qu'il serait un jour
00:24:48président de la République.
00:24:48Ma conviction,
00:24:52c'est qu'Édouard Balladur
00:24:53est toujours celui
00:24:54qui, dans la majorité,
00:24:56est le plus susceptible
00:24:57de rassembler
00:24:58le plus grand nombre
00:24:59de nos compatriotes.
00:25:01Ce qui me dérangeait,
00:25:03c'est qu'il ait fait
00:25:03le choix d'Édouard Balladur
00:25:05alors qu'il y avait
00:25:06un accord entre Édouard Balladur
00:25:07et Jacques Chirac
00:25:08puisque Jacques Chirac
00:25:09avait refusé
00:25:10d'être premier ministre,
00:25:13laissant cette fonction
00:25:14Édouard Balladur
00:25:14qui lui avait fait
00:25:17l'engagement à Jacques Chirac
00:25:18de ne pas être candidat
00:25:19à l'élection présidentielle.
00:25:20Il n'a pas tenu
00:25:21cet engagement.
00:25:22Et donc,
00:25:23j'étais évidemment
00:25:24très déçue
00:25:25qu'il suive Édouard Balladur,
00:25:27mais vraiment très déçue.
00:25:28Plus qu'une trahison,
00:25:29c'était une blessure en fait.
00:25:31Vous voyez ?
00:25:31C'est de se dire,
00:25:32il est chez nous,
00:25:34proche de Chirac,
00:25:36un intime de Chirac,
00:25:37il est parti ailleurs.
00:25:39Après, il dira,
00:25:40j'ai choisi par conviction.
00:25:43J'avais plus d'accord
00:25:44avec les idées
00:25:44d'Édouard Balladur,
00:25:45ses idées libérales,
00:25:46je pensais que c'était
00:25:47mieux pour la France.
00:25:48Peut-être qu'il le pensait
00:25:50vraiment d'ailleurs,
00:25:51mais il a habillé
00:25:52sa trahison
00:25:53sous les atours
00:25:54plus acceptables
00:25:56de la conviction.
00:25:58La droite est sous le choc
00:25:59de cette guerre intestine,
00:26:01mais Nicolas Sarkozy
00:26:02n'est pas homme
00:26:03à s'en inquiéter.
00:26:04Devenu le principal lieutenant
00:26:06d'Édouard Balladur,
00:26:07il mène campagne
00:26:08sabre au clair,
00:26:09vomissant les tièdes
00:26:11et sonnant la lèche.
00:26:12À cette époque-là,
00:26:13il menaçait,
00:26:15non pas les journalistes,
00:26:16mais les députés de droite,
00:26:17puisqu'il disait aux députés
00:26:19« on se souviendra,
00:26:21t'inquiète pas,
00:26:23on a la mémoire longue,
00:26:24tu sais,
00:26:25un parcours politique,
00:26:26ça se mène avec des alliés,
00:26:28si tu n'en as pas,
00:26:29gare à toi ».
00:26:29Enfin, vraiment,
00:26:30il était très menaçant
00:26:31et très brutal déjà.
00:26:33Dans sa génération,
00:26:33Nicolas Sarkozy,
00:26:34c'était un des premiers
00:26:35à avoir assumé,
00:26:37de façon aussi claire,
00:26:39aussi transparente,
00:26:40la nécessité de recourir
00:26:42à la violence en politique
00:26:43pour éliminer son rival.
00:26:45Et cet usage de la violence
00:26:47et de la trahison en politique,
00:26:50Nicolas Sarkozy,
00:26:51est probablement un de ceux
00:26:51qui l'a le moins caché,
00:26:54le moins masqué.
00:26:54Hélas, pour Nicolas Sarkozy,
00:27:02comme les sondages le prédisaient
00:27:03depuis quelques semaines,
00:27:05Édouard Balladur est éliminé
00:27:06au premier tour
00:27:07et Jacques Chirac triomphe
00:27:09de Lionel Jospin au second.
00:27:11Nicolas Sarkozy
00:27:12est l'autre grand perdant
00:27:14de cette élection.
00:27:15Car à la différence
00:27:16des nombreux sourisseaux
00:27:17qui avaient quitté le navire
00:27:19dès qu'il avait commencé
00:27:20à prendre l'eau,
00:27:21il était resté fidèle
00:27:22à son champion
00:27:23et allait maintenant
00:27:24en payer le prix.
00:27:27Moi, j'étais parmi
00:27:28les militants à l'époque
00:27:28et je le vois rentrer
00:27:30et j'entendais les militants
00:27:31siffler,
00:27:32le traité de traître
00:27:33et son nom même
00:27:35était quasi banni.
00:27:39Il se fait beaucoup d'ennemis
00:27:40et lorsqu'il a perdu,
00:27:41lorsqu'Édouard Balladur a perdu,
00:27:42et donc lui avec,
00:27:43il a été totalement
00:27:44vilipendé pour ça.
00:27:47C'est-à-dire que tous ceux
00:27:47qui avaient eu peur de lui,
00:27:49qui avaient été menacés par lui,
00:27:51se sont tout d'un coup redressés
00:27:52et l'ont poursuivi
00:27:54de leur vindicte.
00:27:57Commence alors
00:27:57ce que Nicolas Sarkozy
00:27:58n'avait pas prévu
00:27:59dans son calendrier personnel,
00:28:01une longue traversée
00:28:02du désert
00:28:03où, prenant son mal
00:28:04en patience,
00:28:05il peut tout à loisir
00:28:06cogiter sur sa magistrale
00:28:08erreur de stratégie,
00:28:09mais cogiter aussi
00:28:10à la suite,
00:28:12c'est-à-dire à sa revanche.
00:28:13Le Nicolas Sarkozy
00:28:14le plus intéressant
00:28:15que j'ai vu,
00:28:16c'est quand il a été perdant.
00:28:17C'est-à-dire que
00:28:18dans ce moment-là,
00:28:19entre 95 et 97, 98,
00:28:22si vous voulez,
00:28:23il est effectivement
00:28:24tout seul dans sa mairie
00:28:25et c'est quand même difficile
00:28:27parce que c'est vrai
00:28:28qu'il a été
00:28:29le futur premier ministre
00:28:31et tout d'un coup,
00:28:31il n'est plus rien.
00:28:32De cet échec,
00:28:33il tire un certain nombre
00:28:35d'analyses,
00:28:36de conséquences.
00:28:37Et ce qu'il voit d'abord,
00:28:38c'est qu'Édouard Balladur
00:28:40est un homme très compassé,
00:28:41qui est très figé
00:28:42et au fond,
00:28:43il comprend assez bien
00:28:45que les Français
00:28:46veulent du naturel.
00:28:48Et ça, je crois
00:28:49que ça date
00:28:50de ces années-là.
00:28:51C'est le moment
00:28:51où il se rend compte
00:28:52qu'au fond,
00:28:53le naturel,
00:28:54le style qui est le sien
00:28:55peut correspondre
00:28:56à une attente du public.
00:28:57Et donc,
00:28:58vers la fin des années 90,
00:29:00début des années 2000,
00:29:01il s'est mis au diapason
00:29:02de ce qu'il pensait être
00:29:03l'attente d'un public
00:29:04et il s'est mis
00:29:05à parler plus
00:29:06comme au fond,
00:29:07il parlait déjà en privé.
00:29:09Ah non, putain !
00:29:10Chier le con !
00:29:11Il veut perdre du temps.
00:29:12Mais attends,
00:29:12je les ai préparés
00:29:13pour son chambre.
00:29:14Mais si !
00:29:14Mais est-ce que j'en ai
00:29:15un papier, moi ?
00:29:16Mais putain,
00:29:16tu dois tout savoir
00:29:17par cœur, toi !
00:29:18Il est con, celui-là !
00:29:19Il a tout abîmé, maintenant !
00:29:22Attends, regarde !
00:29:25Arrête !
00:29:25Si tu fais ça,
00:29:26je te jure !
00:29:27Je te...
00:29:28Quel déconneur !
00:29:29Arrête, écoute !
00:29:32Il cherche !
00:29:34Tu veux me troubler ou quoi ?
00:29:36Allez, vas-y.
00:29:39Nicolas, bonjour !
00:29:40Salut, Carme !
00:29:40Tu as l'air en forme ?
00:29:41Et toi aussi.
00:29:43C'est un des premiers
00:29:44à avoir été justement
00:29:46un enfant de la télé
00:29:46aux responsabilités,
00:29:47Nicolas Sarkozy.
00:29:48Il sait que pour parler
00:29:49et pour être entendu,
00:29:51il ne faut pas faire
00:29:51des périphrases
00:29:52et il ne faut pas être
00:29:53un techno.
00:29:54Parce que sinon,
00:29:55on n'imprime pas.
00:29:56Donc ça,
00:29:57il l'a compris.
00:29:58C'est un de ses talents.
00:29:59C'est qu'à un moment donné,
00:30:00on a découvert
00:30:01un homme politique
00:30:02qui parlait comme les gens.
00:30:06Il allait faire
00:30:07des réunions Tupperware.
00:30:09Il allait faire
00:30:10des meetings
00:30:10dans des petites fédérations,
00:30:12dans des hôtels Ibis,
00:30:14au fin fond de la province.
00:30:16Il était mal accueilli
00:30:17et il le faisait.
00:30:18Il continuait.
00:30:20Ce qui a été intéressant,
00:30:22c'est qu'il l'a assumé.
00:30:23Il a assumé
00:30:24d'avoir à jouer le méchant
00:30:26et alors qu'il allait
00:30:27dans les meetings
00:30:28que les gens le huaient
00:30:29quand même.
00:30:31Il prenait la parole
00:30:32en disant
00:30:33« Merci d'avoir invité
00:30:35un traître.
00:30:36Oui, j'ai soutenu
00:30:37Edore Balladur
00:30:38et je vais vous dire
00:30:39quelles sont mes convictions. »
00:30:40Et ça,
00:30:40quand vous parlez évidemment
00:30:41à des militants,
00:30:43de cette façon-là,
00:30:44vous les retournez.
00:30:46Et c'est ce qui s'est passé.
00:30:47Il a retourné
00:30:47peu à peu,
00:30:49en quelques années,
00:30:50en peu de temps en fait.
00:30:51Il a retourné
00:30:52ceux qui l'avaient haï.
00:30:54Quand on regarde
00:30:55ce qu'était la politique
00:30:56des années 90,
00:30:59c'était une politique
00:31:00très lente
00:31:00où on commandait
00:31:02des rapports,
00:31:04ensuite on consultait
00:31:04des commissions,
00:31:06des comités théodules.
00:31:07Les choses prenaient
00:31:08énormément de temps.
00:31:09La droite,
00:31:09au fond,
00:31:10c'était beaucoup
00:31:11technoisé.
00:31:12Elle assumait plus
00:31:13ses idées,
00:31:14elle assumait plus
00:31:14ses valeurs.
00:31:15Il a fait bouger
00:31:16les lignes.
00:31:16Aujourd'hui,
00:31:23c'est sous les acclamations
00:31:24que Nicolas Sarkozy
00:31:25monte à la tribune
00:31:26du RPR.
00:31:28Il n'en savoure
00:31:29que davantage
00:31:30sa popularité retrouvée.
00:31:32Sarkozy fait à nouveau
00:31:33recette auprès des militants.
00:31:35J'ai fait aussi partie
00:31:35de ceux qui l'ont sifflé,
00:31:37comme d'autres,
00:31:38et je considère
00:31:39qu'il a su écouter
00:31:40les militants
00:31:40et se remettre à la page.
00:31:41Il a osé franchir le pas
00:31:42et chaque semaine,
00:31:44il est présent sur le terrain,
00:31:45il vient nous voir
00:31:45dans les fédérations,
00:31:46dans les circonstructions.
00:31:47En revanche, non,
00:31:48je suis un militant
00:31:49depuis de nombreuses années.
00:31:51Je suis toujours un militant,
00:31:53je le suis toujours resté.
00:31:54J'ai toujours affirmé
00:31:55mes choix
00:31:55sans l'acheter.
00:31:58Même la porte de l'Elysée
00:32:00qui lui était fermée
00:32:01par Jacques Chirac
00:32:01s'est réouverte
00:32:02ces derniers mois.
00:32:03Une carrière politique,
00:32:04c'est long
00:32:05et c'est mouvementé.
00:32:07À 43 ans,
00:32:07Nicolas Sarkozy
00:32:08en sait déjà quelque chose.
00:32:11Nicolas Sarkozy
00:32:11n'est pas revenu en grâce.
00:32:13Il s'est rendu incontournable.
00:32:15C'est différent.
00:32:16C'est-à-dire qu'il a fait en sorte
00:32:18d'être le meilleur,
00:32:21le plus convaincant,
00:32:22le plus novateur,
00:32:23celui qui avait le plus d'idées nouvelles
00:32:26pour cette droite
00:32:26qui n'en avait pas beaucoup.
00:32:27Du coup,
00:32:31quand arrive la réélection
00:32:32de Jacques Chirac
00:32:32à la présidence
00:32:33de la République,
00:32:34on le retrouve
00:32:35frais comme un gardon
00:32:36et bien décidé
00:32:37à repartir au combat.
00:32:42Je pense qu'en 2002,
00:32:43il aurait préféré
00:32:43être Premier ministre.
00:32:45N'ayant pas Matignon,
00:32:47il savait
00:32:48que le ministère
00:32:49dans lequel
00:32:50vous pouvez vous exprimer,
00:32:52vous pouvez être visible,
00:32:53vous pouvez avoir
00:32:54une personnalité,
00:32:55une identité.
00:32:57C'est le ministère
00:32:57à l'Intérieur.
00:32:58À 47 ans,
00:33:00Nicolas Sarkozy
00:33:00est toujours pressé.
00:33:02Il rêvait de Matignon,
00:33:03il aura en charge
00:33:04la sécurité intérieure.
00:33:07Et là,
00:33:07on a un Sarkozy
00:33:08au tout début
00:33:09inattendu.
00:33:10On a un Sarkozy
00:33:11un peu de gauche.
00:33:13On a un Sarkozy
00:33:14qui critique
00:33:14la double peine.
00:33:16On a un Sarkozy
00:33:17qui fait des ouvertures
00:33:18à la diversité
00:33:19de la société française.
00:33:21On a même un Sarkozy
00:33:23farouchement anti-Le Pen
00:33:24qui n'hésite pas
00:33:25à rappeler
00:33:26ses origines étrangères
00:33:27et son attachement
00:33:28à l'un des fondements
00:33:29de la législation française
00:33:30sur la nationalité,
00:33:32le droit du sol,
00:33:33dont l'extrême droite
00:33:34demandait l'abolition
00:33:35depuis plus de 25 ans.
00:33:37Non seulement j'ai un père
00:33:38qui était étranger
00:33:39quand je suis né,
00:33:40mais le père de ma mère
00:33:42était étranger lui-même.
00:33:44Est-ce que ça suffit
00:33:44pour avoir le droit du sang,
00:33:46M. Le Pen ?
00:33:46C'est pour ça
00:33:47que le droit du sang,
00:33:48c'est une bêtise.
00:33:49Parce que le droit du sang
00:33:51ne peut pas être suffisant.
00:33:52Il faut le droit du sol.
00:33:53Parce qu'il y a toujours
00:33:54quelqu'un qui a une idée folle
00:33:55dans la tête.
00:33:56Parce qu'on a toujours
00:33:57un sang qui n'est pas
00:33:58suffisamment pur.
00:33:59Il faut combien de parents
00:34:00pour être français ?
00:34:01Le droit du sol
00:34:02fait partie de nos traditions,
00:34:03M. Le Pen.
00:34:04Pour être français par naissance...
00:34:05Alors il y a un moment,
00:34:06là, on se dit,
00:34:07tiens, il a peut-être
00:34:08appris quelque chose,
00:34:09il a peut-être bougé,
00:34:10il a peut-être changé.
00:34:11Et puis ce Sarkozy-là
00:34:13s'est éclipsé très vite.
00:34:14Vous savez que Sarkozy,
00:34:15c'est quelqu'un
00:34:16qui fait un peu du surf
00:34:17en politique.
00:34:18Et quand il a vu, en fait,
00:34:19que dans les sondages,
00:34:20les Français plébiscitaient
00:34:22des mesures
00:34:22beaucoup plus sévères
00:34:23sur le plan de la sécurité,
00:34:25beaucoup plus dures,
00:34:26il est allé sur ce terrain-là.
00:34:27Mais je suis intimement
00:34:28persuadée que si les sondages
00:34:30lui avaient dit
00:34:30que les Français
00:34:31étaient en train
00:34:31de virer à gauche,
00:34:32Nicolas Sarkozy
00:34:32aurait viré à gauche.
00:34:33Tout simplement
00:34:34parce que c'est quelqu'un
00:34:35qui n'a pas de colonne
00:34:36vertébrale idéologique.
00:34:37Excusez-moi
00:34:39de vous faire marcher vite.
00:34:42Débat, c'est fini.
00:34:43On passe à l'action maintenant ?
00:34:46Dans quelques heures.
00:34:48Je vais reconquérir
00:34:48l'opinion par l'action.
00:34:50Et il a fait un spectacle
00:34:52de son action fabuleux.
00:34:55Dès la première seconde,
00:34:57il a réinventé
00:34:58le boulot de ministre.
00:34:59Non pas réinventé
00:35:00dans les décisions
00:35:01qu'il prenait,
00:35:01mais dans la mise en scène
00:35:02du travail de ministre
00:35:03de l'Intérieur.
00:35:04En dictant l'agenda médiatique
00:35:06de manière vraiment spectaculaire
00:35:08en donnant à manger
00:35:09à toutes les chaînes d'infos
00:35:11qui commençaient
00:35:12à l'époque tout juste
00:35:13et qui avaient besoin
00:35:14d'être alimentées.
00:35:16L'image est hautement symbolique.
00:35:19Un ministre de l'Intérieur
00:35:21reçu dans une brigade
00:35:22par des gendarmes
00:35:23au garde-à-vous.
00:35:25Avant les gendarmes,
00:35:26il avait débuté
00:35:26au commissariat de Saint-Ouen
00:35:27puis à Bobigny.
00:35:29Après, le voici de retour
00:35:30chez les policiers
00:35:31comme ici,
00:35:32à Villeneuve-la-Garenne.
00:35:34C'est un ministre
00:35:34qui ne voulait pas être enfermé
00:35:35dans son ministère.
00:35:37Moi, je l'ai vécu.
00:35:38J'étais sa collaboratrice.
00:35:39Il voulait être sur le terrain
00:35:40tout le temps.
00:35:41Tout le temps.
00:35:41Tout le temps.
00:35:42Et sur tous les sujets
00:35:43liés à la sécurité.
00:35:44Ça a été un des rares
00:35:45ministres de l'Intérieur
00:35:46pour ne pas dire le premier
00:35:47à être autant sur le terrain.
00:35:50À l'époque,
00:35:50tout le monde l'appelait
00:35:51Spidi Sarko.
00:35:52C'était ce personnage
00:35:53qui bondissait,
00:35:54qui jaillissait
00:35:55aux quatre coins du pays
00:35:56dès qu'il y avait
00:35:57un fait divers
00:35:58pour aller s'afficher
00:35:59en personnage ferme,
00:36:01rétablissant l'ordre
00:36:02et en digne héritier
00:36:02de Clémenceau
00:36:03du premier flic de France.
00:36:04Et il s'est vu
00:36:05comme une espèce
00:36:06de super shérif
00:36:07courant partout,
00:36:10présent sur la brèche,
00:36:11réconfortant les troupes,
00:36:13quasiment faisant
00:36:13lui-même la police.
00:36:15Ça, pour le coup,
00:36:16il a impacté,
00:36:17il a vraiment impacté
00:36:18la gouvernance
00:36:19et la façon
00:36:21de faire de la politique.
00:36:22Et on s'est rendu compte
00:36:23ensuite que
00:36:25ses successeurs
00:36:26à Beauvau,
00:36:27son successeur
00:36:28à l'Élysée,
00:36:29ont emprunté
00:36:30ce rythme également.
00:36:32Après les années Sarkozy,
00:36:33on ne s'est pas mis
00:36:34d'un coup
00:36:34à ralentir,
00:36:35à se dire
00:36:35bon, c'est fini,
00:36:36maintenant,
00:36:37on ne va plus
00:36:37surréagir à l'instant,
00:36:39on va prendre
00:36:40le temps de la réflexion.
00:36:41Non,
00:36:41c'était impacté.
00:36:42Ils ont tous pris
00:36:43le virus.
00:36:44Ils sont tous
00:36:45devenus fous.
00:36:46C'est lui
00:36:46qui a révolutionné ça.
00:36:47Tous ses successeurs
00:36:48après lui
00:36:49ont essayé
00:36:49de reprendre ça,
00:36:51de cultiver
00:36:52cet art
00:36:52de mettre en scène
00:36:54son action
00:36:54et surtout
00:36:55sa parole
00:36:56politique à Beauvau.
00:36:57Emmanuel Valls
00:36:58étant celui
00:36:58qui a le plus
00:36:59essayé
00:37:00de doucer
00:37:01le mimétisme.
00:37:02Pour moi,
00:37:04Valls
00:37:04c'est sa décalque.
00:37:05Comme ministre
00:37:06de l'Intérieur,
00:37:07c'était stupéfiant.
00:37:08Il y avait jusqu'aux gestes
00:37:09qui semblaient être
00:37:10les mêmes,
00:37:10la même agitation,
00:37:12le même corps saccadé,
00:37:15la même façon
00:37:16de parler
00:37:18par petite vague
00:37:20de paroles
00:37:20pour être bien sûr
00:37:21que tout le monde
00:37:22a bien compris.
00:37:26Les surréactions
00:37:27de Nicolas Sarkozy
00:37:28s'avèrent rapidement
00:37:29payantes
00:37:29et s'imposent
00:37:30ainsi l'image
00:37:31d'un dur à cuire
00:37:32misant sur la culture
00:37:33du résultat
00:37:34et résolus
00:37:35à recadrer
00:37:35sans ménagement
00:37:36les policiers
00:37:37qui oublieraient
00:37:38de faire du chiffre.
00:37:40Organiser un match
00:37:41de rugby
00:37:41pour les jeunes
00:37:41du quartier,
00:37:42c'est bien.
00:37:43Mais c'est pas
00:37:43la mission première
00:37:44de la police.
00:37:46Créer des contacts
00:37:47avec les balleures
00:37:48sociaux,
00:37:49c'est important.
00:37:50Mais c'est pas
00:37:51la mission première
00:37:51de la police.
00:37:52La mission première
00:37:53de la police,
00:37:54l'investigation,
00:37:56l'interpellation,
00:37:58la lutte contre
00:37:58la délinquance.
00:38:00Du coup,
00:38:01Nicolas Sarkozy
00:38:02devient le bon élève
00:38:02du gouvernement
00:38:03raffarin,
00:38:04celui qui tout bonnement
00:38:05proclame à la face
00:38:06du monde
00:38:07que l'ordre va régner
00:38:08d'un bout à l'autre
00:38:09du pays,
00:38:10à commencer par ses banlieues.
00:38:11J'ai trouvé
00:38:12pour la première fois
00:38:13un homme politique
00:38:14et en particulier
00:38:16un ministre de l'Intérieur
00:38:17qui parlait
00:38:18de problèmes
00:38:19d'insécurité
00:38:20dans les quartiers
00:38:21populaires.
00:38:22Les gens,
00:38:22ils ont des craintes,
00:38:23ils ont des attentes
00:38:24et c'est tout à fait
00:38:24normal que je sois
00:38:25là pour y répondre.
00:38:26On avait l'impression
00:38:27qu'il avait lui-même
00:38:28vécu dans un quartier
00:38:29populaire,
00:38:30que lui-même avait
00:38:30vécu cette insécurité
00:38:31et que lui-même
00:38:33avait été touché
00:38:35à titre personnel
00:38:36par ces sujets
00:38:37d'insécurité.
00:38:38Je vous dis
00:38:39une chose très simple.
00:38:41Ceux qui ne respecteront
00:38:42pas la loi,
00:38:43on les tapera dur.
00:38:45Ceux qui veulent s'en sortir,
00:38:46on les aidera fort.
00:38:47Tapez pour de vrai ?
00:38:48Tapez,
00:38:48c'est une façon de parler.
00:38:50Nicolas Sarkozy,
00:38:51c'est vrai que
00:38:52dans sa manière
00:38:53de parler très clairement
00:38:54et très directement
00:38:55justement sur les enjeux
00:38:56de la sécurité,
00:38:58c'était le client facile
00:38:59pour certains médias
00:39:01pour en faire des polémiques.
00:39:05Je n'ai pas l'intention
00:39:06de laisser une bande
00:39:07de voyous
00:39:07se tirer dessus
00:39:08et citer des capillons.
00:39:09Nombre de Français
00:39:13fascinés
00:39:14s'enthousiasment
00:39:15dès lors
00:39:15pour un ministre
00:39:16de l'Intérieur
00:39:16au verbe si haut
00:39:17qui à chacun
00:39:18de ses déplacements
00:39:19fait événement
00:39:20provoquant une effervescence
00:39:22et une tension palpable.
00:39:24Les habitants
00:39:24de la cité des 4000
00:39:25ont comme les autres
00:39:26habitants de France
00:39:27le droit à la sécurité.
00:39:29On va donc nettoyer
00:39:30au propre
00:39:30comme au figuré
00:39:31la cité des 4000.
00:39:33Avec le temps,
00:39:34Nicolas Sarkozy
00:39:35dont la cote
00:39:36de popularité
00:39:36progresse
00:39:37de façon spectaculaire
00:39:38prend manifestement
00:39:39goût à jouer
00:39:40les maths à mort
00:39:41se moquant
00:39:42d'exacerber
00:39:42les passions
00:39:43et de devenir
00:39:44lui-même
00:39:44un bout de feu.
00:39:45Le terme
00:39:46nettoyer au vercher
00:39:47est un terme
00:39:48qui s'impose
00:39:49parce qu'il faut
00:39:50nettoyer cela.
00:39:51Il est ses aspérités
00:40:01qu'il soit épicé
00:40:02c'est aussi ça
00:40:03Nicolas Sarkozy
00:40:04c'est pour ça
00:40:05qu'il a attiré
00:40:06c'est pour ça
00:40:07qu'il y a eu
00:40:08ce mouvement
00:40:08vers lui aussi
00:40:09parce que
00:40:10le peuple
00:40:12se reconnaît
00:40:13aussi
00:40:13dans quelqu'un
00:40:14qui a cette capacité
00:40:16à utiliser
00:40:17aussi des mots
00:40:18qui sont des mots
00:40:19utilisés au quotidien.
00:40:20Le terme
00:40:21nettoyer au karcher
00:40:22est un terme
00:40:23qui s'impose.
00:40:24Passer au karcher
00:40:25c'est utiliser
00:40:26un outil
00:40:27un instrument
00:40:28qui est théoriquement
00:40:29fait pour
00:40:30retirer
00:40:31pas les mauvaises herbes
00:40:32mais les mousses
00:40:34pour nettoyer
00:40:35ce qui est sale
00:40:36et quand on nettoie
00:40:37ce qui est sale
00:40:38avec un karcher
00:40:38qui est un instrument
00:40:39à haute pression
00:40:40qui peut être
00:40:41une arme létale
00:40:41on en voit
00:40:44à l'égout
00:40:44donc employer
00:40:45le karcher
00:40:46pour parler des jeunes
00:40:47c'est dire
00:40:48on va les éliminer
00:40:50comme des ordures
00:40:51comme on pouvait
00:40:59s'y attendre
00:41:00les sorties répétées
00:41:01de Nicolas Sarkozy
00:41:02en banlieue
00:41:03finissent par devenir
00:41:04des opérations
00:41:05commandeux
00:41:06où aux éructations
00:41:06du ministre
00:41:07répondent
00:41:08j'ai de pierre
00:41:09et insultent
00:41:09quelques dizaines
00:41:10de jeunes
00:41:11s'empressent
00:41:11aimablement
00:41:12de venir confirmer
00:41:13devant les caméras
00:41:14leur mauvaise réputation
00:41:15et Nicolas Sarkozy
00:41:19ravi de voir
00:41:21la banlieue
00:41:21se caricaturer
00:41:22ainsi devant les médias
00:41:23de relancer
00:41:24de plus belles
00:41:25les polémiques
00:41:25par de nouvelles
00:41:26invectives
00:41:27vous en avez assez
00:41:28vous avez assez
00:41:30de cette bande
00:41:30de racailles
00:41:31on va vous en débarrasser
00:41:33il était ministre
00:41:34de l'intérieur
00:41:35il répondait
00:41:35à une personne
00:41:36une femme
00:41:37qui l'interpellait
00:41:38depuis les fenêtres
00:41:40de son immeuble
00:41:41dans un quartier
00:41:42qui était traumatisé
00:41:43ou trafiquant de drogue
00:41:45imposait une loi
00:41:47qui n'est pas celle
00:41:48de la république
00:41:48je ne vois pas
00:41:49pourquoi ce débat polémique
00:41:51a pris cette ampleur
00:41:52cette force
00:41:53je crois que dans
00:41:54une société aussi
00:41:55le discours aseptisé
00:41:57ce n'est pas celui
00:41:59de nos concitoyens
00:42:00bien entendu
00:42:01il faut prendre
00:42:03la part des choses
00:42:04mais quelque part
00:42:06exprimer avec sincérité
00:42:07ce qu'on ressent
00:42:08on n'est pas des robots
00:42:09voilà
00:42:11c'est racailles
00:42:12vous voulez
00:42:12qu'on vous en débarrasse
00:42:13et bien on va
00:42:14vous en débarrasser
00:42:15après tout
00:42:16il aurait pu dire
00:42:17madame
00:42:18on va s'en occuper
00:42:19dans cette école
00:42:20dans ce quartier
00:42:20il y a 45 élèves
00:42:22par classe
00:42:22le centre social
00:42:24a été fermé
00:42:25il y a deux ans
00:42:25on va s'en occuper
00:42:27de ces enfants
00:42:27on va les éduquer
00:42:28on va les élever
00:42:29non
00:42:30on va vous en débarrasser
00:42:31la suite des événements
00:42:36fut incroyable
00:42:3724 heures seulement
00:42:38après la promesse
00:42:39faite par Nicolas Sarkozy
00:42:40de mettre au pas
00:42:41la racaille
00:42:42la mort de deux adolescents
00:42:44électrocutés
00:42:45dans l'enceinte
00:42:46d'un groupe électrique
00:42:47alors qu'ils cherchaient
00:42:48à échapper
00:42:48à un contrôle de police
00:42:49allait produire
00:42:50l'effet exactement inverse
00:42:52trois semaines
00:42:53d'émeutes
00:42:54incontrôlables
00:42:55toujours au début
00:43:00il y a ces voitures
00:43:01incendiées
00:43:02barricades de flammes
00:43:04qui attirent
00:43:04les escouades de CRS
00:43:06dans le piège
00:43:07des échauffourés
00:43:08écoles vandalisées
00:43:10bureaux saccagés
00:43:11bibliothèques ravagées
00:43:13ces émeutes donnent
00:43:14de la France
00:43:15l'image d'un pays
00:43:15en guerre civile
00:43:16presque toutes les nuits
00:43:18Nicolas Sarkozy
00:43:19est sur place
00:43:20dirigeant lui-même
00:43:21les opérations
00:43:22mais à aucun moment
00:43:23ne semble-t-il venir
00:43:24à l'esprit
00:43:24qu'il a peut-être
00:43:25contribué par ses redomontades
00:43:27à cette situation inédite
00:43:28et qu'en tout cas
00:43:29il est difficile
00:43:30de porter un tel déchaînement
00:43:31de violence
00:43:32au crédit d'un ministre
00:43:33de l'intérieur
00:43:34qui s'affirmait capable
00:43:35ô combien mieux
00:43:36que ses prédécesseurs
00:43:37de faire régner l'ordre
00:43:39des années plus tard
00:43:40dans son livre
00:43:41La France pour la vie
00:43:42où il multipliera
00:43:44les regrets
00:43:44Nicolas Sarkozy
00:43:45n'en formulera d'ailleurs
00:43:46aucun sur ses propres
00:43:48interventions en banlieue
00:43:49se contentant de rappeler
00:43:51que tout au long
00:43:51de cette interminable crise
00:43:53personne
00:43:54fort heureusement
00:43:55ne fut tué
00:43:56Il faut dire qu'à l'époque
00:43:59juste après les émeutes
00:44:01un sondage avait indiqué
00:44:02que le ministre
00:44:03recueillait 63%
00:44:05d'opinions favorables
00:44:06ainsi canonisé
00:44:07pourquoi diable
00:44:08se serait-il remis en cause
00:44:10Même si le nombre
00:44:14de ses détracteurs
00:44:15augmente avec le temps
00:44:16et qu'à son nom
00:44:18est souvent accolé
00:44:18le qualificatif
00:44:19peu flatteur
00:44:20de liberticide
00:44:21Nicolas Sarkozy
00:44:22savoure donc
00:44:23sa popularité
00:44:24Elle est d'autant plus grande
00:44:26que le ministre
00:44:27de l'intérieur
00:44:28a en permanence
00:44:29deux fers au feu
00:44:30la fermeté d'une part
00:44:32la compassion
00:44:33de l'autre
00:44:34On ne peut plus
00:44:37aborder la politique
00:44:38comme on pouvait l'aborder
00:44:40il y a une vingtaine
00:44:40d'années
00:44:40Un chef de l'état
00:44:42un ministre
00:44:43un responsable politique
00:44:45qui ne réagit pas
00:44:46immédiatement
00:44:47face à une catastrophe
00:44:49face à une difficulté
00:44:50on va se poser la question
00:44:52de savoir
00:44:52où est-ce qu'il est
00:44:55Nicolas Sarkozy
00:44:56a sans doute été
00:44:57l'un des premiers
00:44:57à être face
00:44:59à ce dilemme-là
00:45:00C'est une vision
00:45:00du ministère de l'intérieur
00:45:02qu'il aura lui transformé
00:45:04Cor aussi transformé
00:45:05le ministère de l'intérieur
00:45:07et habitué
00:45:08à l'idée
00:45:09que
00:45:10réagir émotionnellement
00:45:11à tout
00:45:12c'est la bonne manière
00:45:13de faire
00:45:13Portée par six collègues
00:45:17la dépouille du gendarme
00:45:18est arrivée
00:45:18peu après dix heures
00:45:19à la caserne de gendarmerie
00:45:20de l'Orient
00:45:21Près de la famille
00:45:22se tenaient
00:45:23les deux autres gendarmes
00:45:24présents
00:45:25lors de l'accident
00:45:26Pour le ministre de l'intérieur
00:45:27cette cérémonie
00:45:28a été aussi l'occasion
00:45:30de rappeler
00:45:30que la lutte
00:45:31contre la délinquance routière
00:45:32ne se relâchera pas
00:45:33Ce jeune gendarme
00:45:34de 25 ans mort
00:45:35je devrais dire assassiné
00:45:37ne doit pas être mort
00:45:39pour rien
00:45:40Le massacre des routes
00:45:43l'attitude irresponsable
00:45:45d'un certain nombre
00:45:46d'individus
00:45:47Tout ceci n'est plus tolérable
00:45:49et ne sera plus tolérable
00:45:50Dorénavant
00:45:53on considère
00:45:54que de la politique
00:45:55sans émotion
00:45:56c'est de la fausseté
00:45:58c'est de l'hypocrisie
00:45:59et donc
00:46:01les gens qui font
00:46:03de l'action politique
00:46:05publique
00:46:05sont priés
00:46:06de faire démarrer
00:46:07tout discours
00:46:07par de l'émotion
00:46:08Communiquant virtuose
00:46:12de son action politique
00:46:13Nicolas Sarkozy
00:46:14l'était également
00:46:15de sa vie privée
00:46:16mettant en scène
00:46:17son couple
00:46:18sa famille
00:46:19comme l'avait fait
00:46:1940 ans plus tôt
00:46:20John Fitzgerald Kennedy
00:46:22avec sa femme Jackie
00:46:23et leur petit John John
00:46:25Quand il s'installe
00:46:28Place Beauvau en 2002
00:46:29il s'installe
00:46:29avec son épouse
00:46:30Cécilia Sarkozy
00:46:32à l'époque
00:46:32qu'il montre beaucoup
00:46:33qu'il affiche beaucoup
00:46:34à ses côtés
00:46:35quand des journalistes
00:46:36viennent à Place Beauvau
00:46:37ils rencontrent toujours
00:46:38le couple
00:46:38le couple est tout le temps
00:46:39ensemble
00:46:40et ça participe
00:46:40de la mise en scène
00:46:41cette mise en scène
00:46:42elle va être aussi médiatique
00:46:44on va les voir
00:46:44s'étaler dans les journaux
00:46:45et ça
00:46:46ça va participer aussi
00:46:47de l'ascension de Sarkozy
00:46:48jusqu'en 2007
00:46:49et là-dessus aussi
00:46:50c'était en France
00:46:51en tout cas
00:46:52un pionnier
00:46:53où il faisait tomber
00:46:54une nouvelle barrière
00:46:55moi je me souviens
00:46:55de déjeuner
00:46:56de groupe de journalistes
00:46:58avec le ministre de l'Intérieur
00:46:59Place Beauvau
00:46:59il y avait systématiquement
00:47:01Cécilia Sarkozy
00:47:02qui était à table
00:47:03avec 6-7 journalistes
00:47:04et Nicolas Sarkozy
00:47:05et la cerise sur le gâteau
00:47:06si je veux dire
00:47:07c'était que vers le café
00:47:08on entendait gambader
00:47:10dans le couloir
00:47:11comme par hasard
00:47:12le petit Louis à l'époque
00:47:13qui était bien jeune
00:47:14qui jaillissait
00:47:15et qui venait sauter
00:47:16sur les genoux
00:47:17de papa et maman
00:47:18et évidemment
00:47:19papa et maman
00:47:19étaient extrêmement fiers
00:47:20de présenter le petit Louis
00:47:22aux journalistes présents
00:47:22pour Cécilia et Nicolas Sarkozy
00:47:26il n'y a pas de frontière
00:47:28vie publique
00:47:28vie privée
00:47:29il n'y a pas d'heure
00:47:30de visite non plus
00:47:31pour Louis
00:47:31leur petit garçon
00:47:32de 5 ans
00:47:33les bureaux
00:47:34de ses parents
00:47:35font partie
00:47:35de son univers
00:47:36et il bouscule
00:47:38les repères officiels
00:47:39et le protocole
00:47:40et comme on pouvait
00:47:56s'y attendre
00:47:57la femme du premier
00:47:58flic de France
00:47:59paye aussi de sa personne
00:48:00et va sur le terrain
00:48:01réconforter les troupes
00:48:03comme toujours
00:48:22ce sont des exercices
00:48:23extrêmement rapides
00:48:24mais c'est également
00:48:27la réalité
00:48:30merci monsieur
00:48:31c'était formidable
00:48:34bravo
00:48:34bravo pour tout ce que vous faites
00:48:37très très bien
00:48:37merci à vous
00:48:39pour cette démonstration
00:48:40et bon courage
00:48:41bravo
00:48:42épaulé par Cécilia
00:48:45et peaufinant au ministère
00:48:47de l'intérieur
00:48:48sa stature d'homme d'état
00:48:49du 21ème siècle
00:48:50Nicolas Sarkozy
00:48:51devient pour la classe
00:48:52dominante
00:48:53à qui il s'était imposé
00:48:54jeune homme
00:48:55à Neuilly
00:48:55le présidentiable légitime
00:48:57pour moi
00:48:59il est le fondé
00:49:00de pouvoir
00:49:00de ce monde là
00:49:01et ce qui fera
00:49:03sa légitimité
00:49:05et son succès
00:49:07dans un premier temps
00:49:08c'est que ce monde là
00:49:09qui a des intérêts
00:49:10à défendre
00:49:10va investir
00:49:11sur Sarkozy
00:49:12et va investir
00:49:14sur son énergie
00:49:15sur son talent
00:49:16sur sa capacité
00:49:18de mise en scène
00:49:19talent et mise en scène
00:49:24qui contribueront grandement
00:49:26à son succès
00:49:27lors de la campagne
00:49:27présidentielle de 2007
00:49:29et qu'il peut déjà
00:49:30rôder en se créant
00:49:31une véritable machine
00:49:32de guerre
00:49:33l'UMP
00:49:34nouveau parti de droite
00:49:35qui succède au RPR
00:49:37la super production
00:49:38en version extra large
00:49:39s'est jouée
00:49:40à guichet fermé
00:49:41la scénographie
00:49:42millimétrée
00:49:43dans les moindres détails
00:49:44pour ce congrès
00:49:45tout a été construit
00:49:47autour
00:49:47et pour Nicolas Sarkozy
00:49:49même la marseillaise
00:49:53est relookée
00:49:54interprétée
00:49:55par deux chanteuses
00:49:56en vogue
00:49:56dans le Sarkozy
00:49:58tout a été revu
00:49:59tout a été corrigé
00:50:01et arrive enfin
00:50:05à la veille
00:50:06de son 52e anniversaire
00:50:08la campagne présidentielle
00:50:09qui l'opposera
00:50:10à Ségolène Royal
00:50:11une apothéose
00:50:15dont les journalistes
00:50:16vont être les témoins
00:50:17on dira même parfois
00:50:18les complices
00:50:19et que les photos
00:50:20d'une conférence de presse
00:50:21improvisée à Marseille
00:50:22illustreront à merveille
00:50:24à ce moment là
00:50:26il est au centre
00:50:27de l'attention
00:50:28du paysage
00:50:29politico-médiatique
00:50:30il n'y a que lui
00:50:31qui fait vendre
00:50:32il n'y a que lui
00:50:32qui intéresse nos rédactions
00:50:33et voilà
00:50:34cette photo a été mythique
00:50:36parce qu'elle a
00:50:37à un moment donné
00:50:38illustré
00:50:38cette capacité
00:50:40qu'il a eue
00:50:40d'électriser
00:50:41le monde médiatique
00:50:43parce qu'il joue
00:50:44sur cette connivence
00:50:45il joue sur cette
00:50:46cette espèce
00:50:47de
00:50:47de connivence fin
00:50:49lui est dans une relation
00:50:51avec nous
00:50:52assez potache
00:50:54assez détendue
00:50:55pour faire tomber
00:50:57les barrières
00:50:57mais en tant que journaliste
00:50:59je n'ai jamais pensé
00:51:00qu'elles étaient tombées
00:51:01les barrières
00:51:01en tout cas
00:51:02cette photo
00:51:02est devenue quasiment
00:51:03un événement de campagne
00:51:05elle raconte
00:51:06ce que c'était
00:51:07à l'époque
00:51:07Nicolas Sarkozy
00:51:08c'était un élu
00:51:10qui faisait vendre du papier
00:51:12qui faisait de l'audience
00:51:13qui racontait des histoires
00:51:14qui nourrissait la machine
00:51:16de manière
00:51:17la bête même
00:51:18médiatique
00:51:19de manière considérable
00:51:20ah si l'expression culte
00:51:28de la personnalité
00:51:29n'avait pas connu
00:51:30ses heures de gloire
00:51:31dans des régimes
00:51:32autrement moins démocratiques
00:51:33que la 5ème république
00:51:35on aurait pu l'utiliser
00:51:36pour décrire la ferveur
00:51:38que Nicolas Sarkozy
00:51:39réussit alors à susciter
00:51:40et bien au delà
00:51:42de ses propres militants
00:51:43elle était magnifique
00:51:48cette élection
00:51:48parce que pour la première fois
00:51:50les promesses
00:51:51c'était pas juste
00:51:52des promesses
00:51:53d'une famille politique
00:51:54d'un moment
00:51:55c'était promesses
00:51:56d'un homme
00:51:56il arrêtait pas
00:51:57de faire des coups de menton
00:51:59de transgresser
00:52:00de dire je peux
00:52:00il nous a pas donné
00:52:01une direction en 2007
00:52:02il a pas dit
00:52:03je vais aller dans
00:52:03cette direction politique
00:52:04il a dit
00:52:05tout est possible
00:52:06c'est pour lui
00:52:10que réellement
00:52:11les français ont voté
00:52:12pour ce souffle
00:52:13qu'il incarnait lui
00:52:14plus que pour
00:52:15quelques propositions
00:52:17vous vous en souvenez
00:52:18vous du vrai programme
00:52:19de Nicolas Sarkozy
00:52:20sur quoi il a gagné
00:52:21Nicolas Sarkozy
00:52:22il a gagné
00:52:23sur une seule promesse
00:52:23qui est
00:52:24je vais y arriver
00:52:25je vais vous réveiller
00:52:27et je vais faire autrement
00:52:28pour faire autrement
00:52:38Nicolas Sarkozy
00:52:40commence par braconner
00:52:41sur les terres traditionnelles
00:52:42de la gauche
00:52:43inventant la France
00:52:44qui se lève tôt
00:52:45et qui veut gagner plus
00:52:46quand on a pas de quoi
00:52:48payer les vacances
00:52:48à ses enfants
00:52:49et qu'on a pas de quoi
00:52:52emmener sa femme
00:52:53en week-end
00:52:53le problème
00:52:54c'est pas celui
00:52:55des RTT
00:52:55le problème
00:52:57c'est celui
00:52:57de la feuille de pays
00:52:57je veux une révolution
00:52:59économique dans notre pays
00:53:00je veux que celui
00:53:01qui travaille plus
00:53:02il est plus
00:53:03dans le portefeuille
00:53:04à la fin du mois
00:53:05mais tout en se faisant
00:53:07le porte-parole
00:53:08autoproclamé
00:53:08de la classe ouvrière
00:53:09Nicolas Sarkozy
00:53:11chasse bien davantage
00:53:12sur les terres
00:53:13de l'extrême droite
00:53:13imposant comme pertinent
00:53:15des thèmes
00:53:15qui jusque là
00:53:16étaient rejetés
00:53:17par la droite républicaine
00:53:18ils considéraient
00:53:20notamment
00:53:20qu'il y avait
00:53:20un gros problème
00:53:21qui était posé
00:53:22par l'émergence
00:53:23du Front National
00:53:23et que le fait
00:53:25que le Front National
00:53:25dise un certain nombre
00:53:26de choses
00:53:27ne pouvait pas
00:53:28être considéré
00:53:29comme la spécialité
00:53:30du Front National
00:53:31si on peut même pas dire
00:53:32que dans nos quartiers
00:53:33il y a une population
00:53:35récemment française
00:53:36et que le nombre
00:53:38de cette population
00:53:38a créé des problèmes
00:53:39d'intégration
00:53:40qui fait que le pacte
00:53:42républicain
00:53:42menace d'exploser
00:53:43il n'y a aucune chance
00:53:44qu'on résolve le problème
00:53:45il y a un lien
00:53:46quand même
00:53:47qu'est-ce qui s'était passé
00:53:48en fait
00:53:49un thème abordé
00:53:50par le FN
00:53:51devenait un thème
00:53:52que plus personne
00:53:53dans la classe politique
00:53:54n'avait le droit
00:53:54de traiter
00:53:54donc
00:53:56les problématiques
00:53:57de l'Europe
00:53:58abordées par le FN
00:53:58on n'en parle pas
00:53:59les problématiques
00:54:00de l'immigration
00:54:01abordées par le FN
00:54:02on n'en parle pas
00:54:03la question de la sécurité
00:54:04non sujet
00:54:05c'est mortifère
00:54:07parce que pourquoi
00:54:09est-ce que les gens
00:54:10se tournent vers le FN
00:54:10ils se tournent vers le FN
00:54:12parce qu'ils ont l'impression
00:54:12que des problèmes
00:54:13auxquels eux sont confrontés
00:54:14dans leur vie quotidienne
00:54:15plus personne n'en parle
00:54:16je rappelle quand même
00:54:18ce point
00:54:19qui est un point de réflexion
00:54:20qu'on devrait tous avoir
00:54:21le seul moment
00:54:22où le FN a reculé
00:54:23c'est l'élection
00:54:24de Nicolas Sarkozy
00:54:25en 2007
00:54:25ils votent pour Le Pen
00:54:27pourquoi ?
00:54:28parce qu'ils pensent
00:54:28que nous autres
00:54:29les responsables politiques
00:54:30républicains
00:54:31on ne parle pas
00:54:32de leurs problèmes
00:54:33on ne s'occupe pas d'eux
00:54:34et qu'est-ce qui fait
00:54:35peut-être ma différence
00:54:36depuis tant d'années
00:54:37c'est qu'il y a un certain
00:54:38nombre de gens
00:54:39très modestes
00:54:39qui se disent
00:54:40enfin
00:54:41il y en a un
00:54:42qui peut-être nous a compris
00:54:43et qui tient ses engagements
00:54:44personne n'est obligé
00:54:46je répète
00:54:46d'habiter en France
00:54:47mais quand on habite en France
00:54:49on respecte ses règles
00:54:50on n'est pas polygame
00:54:51on ne pratique pas
00:54:52l'excision sur ses filles
00:54:53on n'égorge pas le mouton
00:54:54dans son appartement
00:54:55on aime la France
00:54:56et on la respecte
00:54:58désagréable usage
00:55:02du pronom personnel
00:55:03on
00:55:03véhiculant la condescendance
00:55:05sinon le mépris
00:55:06image d'horreur
00:55:08stigmatisant les barbares
00:55:09qui viendraient jusque dans nos bras
00:55:11exciser nos filles
00:55:12et nos compagnes
00:55:13et remplir nos baignoires
00:55:14du sang
00:55:15de leurs victimes expiatoires
00:55:17écumant la gauche
00:55:18tout en dépouillant
00:55:19l'extrême droite
00:55:20faisant reculer
00:55:21le front national
00:55:21certes
00:55:22mais en légitimant ses haines
00:55:23il était clair
00:55:25que la campagne
00:55:25de l'ancien ministre
00:55:26de l'intérieur
00:55:27ferait feu de tout bois
00:55:28du coup
00:55:29à force de dire tout haut
00:55:31ce que la majorité
00:55:32des français
00:55:33étaient supposés
00:55:33penser tout bas
00:55:34Nicolas Sarkozy
00:55:36finit par céder au charme
00:55:37d'une sirène
00:55:38qu'une partie
00:55:39de son propre entourage
00:55:40considérait pourtant
00:55:41comme infréquentable
00:55:42Patrick Buisson
00:55:44chantre de l'extrême droite
00:55:45ancien directeur
00:55:47de la rédaction
00:55:47de minutes
00:55:48journal
00:55:49dont Pierre Desproches
00:55:50disait
00:55:50évoquant
00:55:51Jean-Paul Sartre
00:55:52qu'il donnait à la fois
00:55:53la nausée
00:55:54et les mains sales
00:55:55tout en restant
00:55:56dans l'ombre
00:55:57Buisson va donner
00:55:58à la campagne
00:55:59de Nicolas Sarkozy
00:56:00un véritable coup de fouet
00:56:01en multipliant
00:56:02les trouvailles
00:56:03et en imaginant notamment
00:56:04un ministère à même
00:56:06de réjouir
00:56:06les lepénistes
00:56:07les plus enragés
00:56:08au pied de la croix
00:56:10de Lorraine
00:56:11Nicolas Sarkozy
00:56:12s'affiche en patriote
00:56:13un lieu idéal
00:56:14pour défendre son projet
00:56:15qui fait polémique
00:56:16créer un grand ministère
00:56:17de l'immigration
00:56:18et de l'unité nationale
00:56:19deux mots étrangement liés
00:56:21comment peut-on intégrer
00:56:22des gens
00:56:23qui vont nous rejoindre
00:56:24si on ne leur dit pas
00:56:25qui nous sommes
00:56:26ce que c'est que la France
00:56:28quelles sont nos valeurs
00:56:29mais c'est notre devoir
00:56:31de le dire
00:56:31mars 2007
00:56:33coup de théâtre
00:56:34Bayrou s'envole
00:56:35dans les sondages
00:56:3618%
00:56:3721 dans certains coins
00:56:38les troupes de l'UMP
00:56:40s'en vont chez Bayrou
00:56:41et là il y a
00:56:42un sentiment de désarroi
00:56:43et c'est là
00:56:43où tel un cycliste
00:56:45épuisé
00:56:45il va chercher
00:56:46de l'EPO
00:56:47chez le docteur Buisson
00:56:48et qu'est-ce qu'il invente
00:56:49il invente
00:56:50le ministère
00:56:51de l'identité nationale
00:56:52j'ai envoyé un infonlement
00:56:53j'ai prononcé
00:56:55le mot
00:56:55identité nationale
00:56:57c'est pas seulement
00:56:58pour choquer le bourgeois
00:56:59c'est parce qu'il sait
00:57:01que ce thème
00:57:02gagne
00:57:03au sein de la population
00:57:04et surtout
00:57:05au sein
00:57:05des électeurs de droite
00:57:07qui sont de plus en plus
00:57:08attirés par l'extrême droite
00:57:09au fond
00:57:10Patrick Buisson
00:57:10représentait ça
00:57:12il représentait
00:57:13cette possibilité
00:57:13de faire le pont
00:57:14et de ramener
00:57:16vers la droite
00:57:17traditionnelle
00:57:17dite de gouvernement
00:57:18un électorat
00:57:19en ressortant
00:57:21l'un des thèmes
00:57:22sur lesquels
00:57:22il a bâti
00:57:23sa popularité
00:57:24l'immigration
00:57:24le candidat UMP
00:57:26espère occuper
00:57:26le maximum
00:57:27d'espace à droite
00:57:28de quoi lui garantir
00:57:29d'accéder au second tour
00:57:31l'histoire de la France
00:57:38nous a appris
00:57:39qu'il fallait pas
00:57:40mélanger
00:57:40les questions
00:57:42d'identité nationale
00:57:45avec d'autres questions
00:57:47qui tiennent à l'origine
00:57:49pourquoi rapprocher
00:57:50immigration et identité nationale
00:57:52je pense qu'il y a là
00:57:54dans l'usage des mots
00:57:55dans l'instrumentalisation
00:57:57du vocabulaire
00:57:58un clin d'oeil
00:57:59à l'égard des thèses
00:58:01du Front National
00:58:02et de l'extrême droite
00:58:03c'est un rapport
00:58:04avec l'interdit
00:58:05l'interdit c'est Patrick Buisson
00:58:06l'interdit c'est le populisme
00:58:08l'interdit c'est jouer
00:58:09avec le cortex national
00:58:10sur des choses limites
00:58:12le racisme
00:58:13l'étranger
00:58:14les assistés
00:58:15etc
00:58:15donc se construit
00:58:16un discours
00:58:16non conforme
00:58:18non conforme
00:58:20mais oui
00:58:21Nicolas Sarkozy
00:58:22était allé
00:58:23jusqu'au bout
00:58:23de son non conformisme
00:58:24de cette insolence
00:58:26qu'il affichait si fièrement
00:58:27lors de son élection
00:58:28à la mairie de Neuilly
00:58:29en 1983
00:58:30et au bout
00:58:32pour devenir président
00:58:33de la république
00:58:34il avait fait ce qu'il fallait
00:58:35sans état d'âme
00:58:37il avait cité Jaurès
00:58:39évoqué le Front Populaire
00:58:41rendu hommage à Blum
00:58:42et dans le même temps
00:58:43il avait encouragé
00:58:44chez les français
00:58:45ces pulsions noires
00:58:47qu'à intervalles réguliers
00:58:48certains s'efforcent
00:58:49de réveiller en eux
00:58:50pour le pire
00:58:51quand le 6 mai 2007
00:58:53Nicolas Sarkozy
00:58:54fut élu
00:58:55il ne dissimula pas
00:58:56sa joie
00:58:56d'avoir battu
00:58:57Ségolène Royal
00:58:58mais il ne cacha pas
00:58:59non plus
00:59:00qu'il était fourbu
00:59:00et crotté
00:59:01parce que la bataille
00:59:03avait été rude
00:59:03bien sûr
00:59:04et que Cécilia
00:59:05s'éloignait de lui
00:59:05au moment même
00:59:06où tous les deux
00:59:07avaient réussi leur pari
00:59:08mais aussi sans doute
00:59:09parce que trop de boue
00:59:11et de haine
00:59:11avaient été soulevés
00:59:12tout au long
00:59:13de cette campagne
00:59:14impurgatoire
00:59:16impurgatoire
00:59:17avant l'Elysée
00:59:18voilà ce qu'il lui fallait
00:59:19maintenant
00:59:20pour se refaire
00:59:21une virginité
00:59:21nous l'avions convaincu
00:59:25qu'au soir d'élection
00:59:26il devait aller dans un monastère
00:59:27et disparaître trois jours
00:59:28je vais me donner au peuple
00:59:32et je passe par un sas
00:59:33de silence
00:59:34et de purification
00:59:35c'est peut-être un peu
00:59:36grandiloquent
00:59:37puisque ce serait
00:59:37partir ainsi
00:59:39sans photographe
00:59:40avant de prendre
00:59:42ses fonctions
00:59:43et bien
00:59:45c'était vendu
00:59:45et puis ça s'est terminé
00:59:46comment ?
00:59:47alors qu'il savait
00:59:48que c'était une bonne solution
00:59:49un bon passage
00:59:50ça s'est terminé
00:59:50dans la soirée
00:59:51du Fouquettes
00:59:5221h
00:59:56Nicolas Sarkozy
00:59:57s'offre un bain de foule
00:59:58dans la rue
00:59:59les journalistes pensent
01:00:00qu'il rejoint
01:00:01la place de la Concorde
01:00:02où est organisé
01:00:02un grand concert
01:00:03pour fêter sa victoire
01:00:04mais non
01:00:05il se dirige vers le Fouquettes
01:00:07un des restaurants
01:00:08qui symbolise à Paris
01:00:09l'opulence
01:00:10et où Cécilia
01:00:11a réuni leurs amis
01:00:12industriels
01:00:13patrons de presse
01:00:14vedettes du showbiz
01:00:15loin
01:00:16très loin
01:00:16du monastère
01:00:17c'est le Sarkozy
01:00:20qui en a bavé
01:00:21pour arriver à ce niveau-là
01:00:23qui s'est battu
01:00:24toute sa vie politique
01:00:25pour être dans le palais
01:00:26de l'Elysée
01:00:27et qui a un moment dit
01:00:28je vais profiter quoi
01:00:29j'y suis
01:00:30ça y est
01:00:30ça a été dur
01:00:31ça a été long
01:00:32voilà
01:00:32vous pouvez raconter
01:00:33ce que vous voulez
01:00:33maintenant je suis président
01:00:34pour 5 ans
01:00:35pour lui
01:00:35son moteur
01:00:36c'est vraiment
01:00:36de voir la réussite
01:00:37des autres
01:00:38de ses amis patrons
01:00:39il y a une espèce
01:00:39d'admiration
01:00:41vraiment presque enfantine
01:00:42pour les grands patrons
01:00:44qui ont réussi
01:00:45c'est vraiment
01:00:46l'école américaine
01:00:47quelque part
01:00:48peut-être qu'il s'est dit
01:00:49je peux me dévoiler
01:00:50tel que je suis
01:00:51les gens vont m'aimer
01:00:51comme je suis
01:00:52et il expliquait
01:00:53très régulièrement
01:00:54je ne veux pas être
01:00:55un président hypocrite
01:00:56je ne veux pas me cacher
01:00:57sur ma vie personnelle
01:00:58ça peut choquer
01:00:59peut-être
01:00:59en tout cas
01:01:00dans une société
01:01:01comme la nôtre
01:01:02qui considère
01:01:03que gagner de l'argent
01:01:04ce n'est pas toujours
01:01:06la réussite
01:01:06c'est vrai
01:01:07qu'il n'y a pas
01:01:07beaucoup d'hommes
01:01:08ou de femmes politiques
01:01:09qui assument ce discours
01:01:09en tout cas en France
01:01:12et peu de temps après
01:01:16l'incorrigible Nicolas Sarkozy
01:01:18s'embarquera avec Cécilia et Louis
01:01:20sur un yacht
01:01:21le Paloma
01:01:22propriété de l'homme d'affaires
01:01:23Vincent Bolloré
01:01:24mer d'azur et cric paradisiaque
01:01:28sur internet
01:01:29le bateau se loue
01:01:30193 000 euros la semaine
01:01:32au retour de son footing quotidien
01:01:34Nicolas Sarkozy
01:01:36prend le temps de s'expliquer
01:01:37je connais Vincent Bolloré
01:01:39depuis 20 ans
01:01:40ça fait 20 ans
01:01:41qu'il m'invite
01:01:42et 20 ans que je refuse
01:01:43mais je pense qu'avec tout
01:01:45ce que a subi ma famille
01:01:47je me devais d'être avec eux
01:01:49le plus tranquille possible
01:01:50je vois pas où est la polémique
01:01:52je suis à Malte
01:01:53dans un pays européen
01:01:55je vais vous dire une chose
01:01:56j'ai pas l'intention
01:01:56de me cacher
01:01:57j'ai pas l'intention
01:01:58de mentir
01:01:59j'ai pas l'intention
01:02:00de m'excuser
01:02:01on est dans une phase
01:02:02où on demande des efforts
01:02:03aux français
01:02:03les français attendent
01:02:05de leurs élus
01:02:05qui se l'appliquent à eux-mêmes
01:02:06il l'a compris
01:02:08sur la deuxième partie
01:02:08de son quinquennat
01:02:09mais c'était sans doute
01:02:11trop tard
01:02:11parce que les marqueurs
01:02:12qui s'étaient mis au début
01:02:13avaient été trop lourds
01:02:14et en effet
01:02:15autre marqueur lourd
01:02:17l'utilisation de l'avion privé
01:02:19du même ami fortuné
01:02:20pour les fêtes de Noël
01:02:21ce que Nicolas Sarkozy
01:02:23justifiera
01:02:24en opposant la transparence
01:02:25de sa conduite
01:02:26à l'opacité de celle
01:02:27de François Bitterrand
01:02:28qu'est-ce qu'on préfère
01:02:30que je me déplace
01:02:31aux frais du contribuable français
01:02:32et que je fasse venir
01:02:34une seconde famille
01:02:34dans un autre avion
01:02:35du contribuable français
01:02:37ça, ça ne vous choquez pas
01:02:38et il s'est très vite
01:02:39rendu compte
01:02:39en fait
01:02:40qu'il avait totalement
01:02:41sous-estimé
01:02:42que notamment
01:02:42le rapport des français
01:02:43à l'argent
01:02:44était beaucoup plus complexe
01:02:47que ce qu'il pensait lui
01:02:47et que les français
01:02:49ne voulaient surtout pas
01:02:49qu'on désacralise
01:02:50la fonction
01:02:51à coup de people
01:02:52en étalant sa vie personnelle
01:02:54en fait
01:02:55il avait sous-estimé
01:02:55la dimension monarchique
01:02:57du job
01:02:57monarque souverain
01:03:00il accepte pourtant
01:03:01de l'être immédiatement
01:03:02en composant
01:03:03à rebrousse-poil
01:03:04de sa propre majorité
01:03:05le plus étonnant
01:03:07des castings gouvernementaux
01:03:08avec notamment
01:03:09la nomination
01:03:10à un poste clé
01:03:11d'une femme issue
01:03:12de la diversité
01:03:13comme on dit alors
01:03:14audace
01:03:15que la gauche
01:03:15n'avait jamais eue
01:03:16il a eu
01:03:19ce courage
01:03:21et cette responsabilité
01:03:22de me nommer
01:03:22garde des sceaux
01:03:23d'abord de me nommer
01:03:24porte-parole
01:03:24de sa campagne présidentielle
01:03:26à l'époque d'ailleurs
01:03:26même Claude Guéant
01:03:27n'était pas favorable
01:03:28en considérant
01:03:29qu'on allait faire fuir
01:03:30les électeurs
01:03:31et c'était se tromper
01:03:32sur ce qu'était la France
01:03:33et ça
01:03:35aussi bien lui
01:03:36que Cécilia
01:03:37à l'époque
01:03:38l'ont bien ressenti
01:03:39il savait
01:03:39à quoi je pouvais répondre
01:03:41et à quoi je pouvais
01:03:43ce que je pouvais
01:03:44incarner
01:03:44vis-à-vis de la France
01:03:45et
01:03:46je peux vous dire
01:03:47que Najet Vallaud-Balcacet
01:03:48ou Maria Melkomri
01:03:49ne serait pas dans ce gouvernement
01:03:50si Nicolas Sarkozy
01:03:52n'avait pas créé le précédent
01:03:53mais seul maître à bord
01:03:56comme la 5ème République
01:03:57le permet au président
01:03:59Nicolas Sarkozy
01:04:00ne se contente pas
01:04:01de cette nomination
01:04:02courageuse
01:04:03et prenant un malin plaisir
01:04:04à marier la carpe
01:04:05et le lapin
01:04:06il brouille les cartes
01:04:07en débauchant
01:04:08des hommes de gauche
01:04:09comme Bernard Kouchner
01:04:10ou Jean-Pierre Jouillet
01:04:11associent
01:04:12l'ultra-conservatrice
01:04:13Christine Boutin
01:04:14à Fadela
01:04:15Amara
01:04:16l'ancienne présidente
01:04:17de Ni pute ni soumise
01:04:18et envoie
01:04:19Eric Besson
01:04:20qui avait trahi
01:04:21Ségolène Royal
01:04:22en pleine campagne électorale
01:04:23au ministère
01:04:24de l'identité nationale
01:04:25il hérite d'un traître
01:04:29et du coup
01:04:30c'est vrai
01:04:31qu'il le pousse
01:04:34dans sa trahison
01:04:35alors là
01:04:36dans un angle incroyable
01:04:37parce que lui faire
01:04:38endosser le ministère
01:04:39de l'identité nationale
01:04:42c'est vraiment montrer
01:04:43à la gauche
01:04:45que même les siens
01:04:47peuvent faire le pire
01:04:48russes de guerre
01:04:50qui consiste à
01:04:52semer
01:04:53la panique
01:04:54et la pagaille
01:04:54dans les rangs
01:04:55adverses
01:04:55en prélevant
01:04:56des personnages
01:04:57qui acceptent
01:04:58de jouer le rôle
01:04:59c'était très réussi
01:05:00parce qu'après
01:05:01tout le monde
01:05:01s'en regardait
01:05:01en biais
01:05:02en disant
01:05:02mais c'est qui le prochain
01:05:03qui là-dedans
01:05:04est en train
01:05:05de se préparer
01:05:05à passer
01:05:06à écarmer le bagage
01:05:07de l'autre côté
01:05:07la gauche est perturbée
01:05:10d'avoir engendré
01:05:10de tels transfuges
01:05:12mais la droite
01:05:12ne l'est pas moins
01:05:13de voir tout ce petit monde
01:05:15aller à la soupe
01:05:16au nom du respect légitime
01:05:18des différences
01:05:19Nicolas Sarkozy
01:05:20a fort peu apprécié
01:05:22les critiques
01:05:22des élus UMP
01:05:23à Strasbourg
01:05:24sur sa méthode
01:05:25et surtout
01:05:25sur sa politique
01:05:26d'ouverture
01:05:27alors il persiste
01:05:28et signe
01:05:29et vante à sa manière
01:05:30les mérites des ministres
01:05:31venus de la gauche
01:05:32ou du centre
01:05:33justement si on les a choisis
01:05:34parce qu'ils sont différents
01:05:35parce que si c'est
01:05:37pour faire comme partout
01:05:38des petits poids là
01:05:40même couleur
01:05:42même calibre
01:05:43même absence de saveur
01:05:44avec ça
01:05:44vous rassemblez pas
01:05:45un pays comme la France
01:05:46pour lui c'est pas
01:05:47des prises de guerre
01:05:48parce qu'il estime
01:05:49que étant élu
01:05:51président de la république
01:05:52il doit être président
01:05:53de tous
01:05:54sauf que politiquement
01:05:55ça ne marche pas
01:05:56pourquoi
01:05:56parce que vous êtes élu
01:05:58par un électorat
01:05:59qui veut que vous mettiez
01:06:00en place une politique
01:06:01et quand après
01:06:03il regarde
01:06:03arriver
01:06:04Martin Hirsch
01:06:06Fadela Amara
01:06:07Bernard Kouchner
01:06:08et encore
01:06:09et on a échappé
01:06:10à Jacques Lang
01:06:10imaginez-vous
01:06:11mais nos électeurs
01:06:13et nos militants
01:06:14ça les rend
01:06:15hors d'eux
01:06:16parce qu'ils se disent
01:06:17mais nous on veut pas
01:06:18on veut pas de socialistes
01:06:19au pouvoir
01:06:19ce qui rendait également
01:06:23hors d'eux
01:06:24les électeurs
01:06:24de Nicolas Sarkozy
01:06:25en tout cas
01:06:26les plus bourgeois
01:06:27c'était que celui-ci
01:06:28continue de se concentrer
01:06:29à ce point
01:06:30sur sa propre image
01:06:31comme il l'avait fait
01:06:32tout au long
01:06:33de la campagne présidentielle
01:06:34pour arriver jusqu'à l'Elysée
01:06:36pour véhiculer
01:06:38ces messages
01:06:38toutes les images
01:06:39sont bonnes à prendre
01:06:40même les plus simples
01:06:41c'est beau la France
01:06:42Nicolas Sarkozy
01:06:44fait du vélo
01:06:44Nicolas Sarkozy
01:06:45fait du jogging
01:06:46le jour
01:06:47la nuit
01:06:48sous la pluie
01:06:50à New York
01:06:52et à l'Elysée même
01:06:55Nicolas Sarkozy
01:06:56ne voit pas pourquoi
01:06:57il devrait cesser
01:06:58d'amuser la galerie
01:06:59ce qui assurément
01:07:01réjouissait beaucoup
01:07:02la presse
01:07:03peut-être qu'avec le premier ministre
01:07:04on va enlever nos cravates
01:07:05ce soir simplement
01:07:07n'exagérons pas
01:07:09dans la rupture
01:07:10faut pas en faire trop
01:07:11et puis je voudrais dire
01:07:12à Cécilia
01:07:13et à Judith
01:07:15mais elles sont très belles
01:07:16toutes les deux
01:07:17sur le perron de l'Elysée
01:07:18et quelques mois plus tard
01:07:22de récidiver avec Carla
01:07:24cette fois
01:07:25c'est un touriste
01:07:26qui a filmé la scène
01:07:27avec son caméscope
01:07:29Nicolas Sarkozy
01:07:30samedi à Euro Disney
01:07:32avec l'ex top modèle
01:07:34Carla Bruni
01:07:35une sortie aux allures de romance
01:07:37des paparazzi étaient sur place
01:07:38leurs photos
01:07:40seront publiées cette semaine
01:07:41dans plusieurs magazines
01:07:43je ne sais pas si vous voulez
01:07:47qu'on organise
01:07:47les questions
01:07:48non on organise rien du tout
01:07:49et je vais essayer de m'adapter
01:07:51est-ce que vous allez vous marier
01:07:53avec Carla Bruni
01:07:54et quand ?
01:07:55écoutez
01:07:55comment vous répondre ?
01:08:00avec Carla
01:08:00nous avons décidé
01:08:01de ne pas mentir
01:08:02c'est du sérieux
01:08:03mais c'est pas le JDD
01:08:05qui fixera la date
01:08:06c'est l'idée que
01:08:07je suis plus fort
01:08:08que la fonction
01:08:09et je vais la changer
01:08:11et je suis Nicolas Sarkozy
01:08:13j'ai changé énormément de choses
01:08:15dans la façon de faire
01:08:17de la politique
01:08:17dans la façon de
01:08:18oui de communiquer
01:08:19autour de l'action politique
01:08:20et donc aux responsabilités
01:08:21je serai Sarkozy président
01:08:23je serai pas président Sarkozy
01:08:24et c'est ainsi que Sarkozy président
01:08:30en visite officielle
01:08:31tombe sur un mauvais coucheur
01:08:33et l'insulte allègrement
01:08:34comme si un président de la république
01:08:36pouvait se permettre
01:08:37une telle intempérance
01:08:38la réalité c'est que
01:08:46quand on marche sur le pied
01:08:48il réagit
01:08:49c'est pas quelqu'un
01:08:49qui va dire
01:08:50c'est pas grave
01:08:51vous pouvez marcher
01:08:51sur le deuxième pied
01:08:52il est pas comme ça
01:08:53c'est une réaction humaine
01:08:54et il se fait insulter
01:08:55il répond
01:08:55sauf que bien évidemment
01:08:57quand vous êtes chef de l'état
01:08:58c'est pas perçu
01:08:58de la même façon
01:08:59que lorsque
01:09:00vous êtes un qui-dame
01:09:01sans caméra
01:09:02c'est vrai que
01:09:03toutes les gaffes
01:09:04qu'il a pu faire
01:09:05toutes les maladresses
01:09:07insensées
01:09:08cette grossièreté
01:09:10dans l'élocution
01:09:11cette façon de se présenter
01:09:14a quand même
01:09:17étonné tout le monde
01:09:18là j'ai vu que
01:09:20cet homme qui s'était préparé
01:09:21très très minutieusement
01:09:23à la campagne
01:09:25ne s'était pas préparé
01:09:26au fond
01:09:27au pouvoir
01:09:28et à ce que c'était
01:09:29qu'être président
01:09:30mal préparé
01:09:32à l'exercice du pouvoir
01:09:33mais nous voulant
01:09:34surtout pas ressembler
01:09:35à Jacques Chirac
01:09:36son prédécesseur
01:09:37qui l'assimilait
01:09:38à un roi fainéant
01:09:39Nicolas Sarkozy
01:09:40n'en gouverne pas moins
01:09:42avec détermination
01:09:43et fermeté
01:09:44Nicolas Sarkozy
01:09:45avait une conception
01:09:46de la fonction présidentielle
01:09:48qui était une conception
01:09:50où le président
01:09:52de la république
01:09:53était au centre du jeu
01:09:56Nicolas Sarkozy
01:09:57voulait
01:09:57que le pouvoir
01:09:59soit concentré
01:10:00à l'Elysée
01:10:01et donc
01:10:02il a très vite pensé
01:10:03que François Fillon
01:10:05était un obstacle
01:10:06inutile
01:10:06il a d'ailleurs
01:10:07imaginé
01:10:08conduire une réforme
01:10:09de la constitution
01:10:10qui aboutirait
01:10:11à la suppression
01:10:12de Matignon
01:10:13et du premier ministre
01:10:14pendant des mois
01:10:15il va refuser
01:10:16un tête à tête
01:10:16à François Fillon
01:10:17pendant
01:10:184 à 5 mois
01:10:20de l'élection
01:10:21au mois d'octobre
01:10:23où il n'arrive pas
01:10:24à voir
01:10:25son premier ministre
01:10:26en tête à tête
01:10:26il lui annule
01:10:27tous les rendez-vous
01:10:28Tenant à distance
01:10:30François Fillon
01:10:31il le traite de fait
01:10:33comme un vague collaborateur
01:10:34sinon comme un valet
01:10:35et le premier ministre
01:10:36obéissant et stoïque
01:10:38ne peut que faire bon visage
01:10:40même lorsqu'il apprend
01:10:41par la presse
01:10:42ce que le président
01:10:42a décidé
01:10:43sans lui en souffler
01:10:44bon
01:10:44quand il est devenu
01:10:48président de la république
01:10:49il y a quelque chose
01:10:50qui peu à peu
01:10:50s'est imposé
01:10:52presque à lui
01:10:53c'est la force
01:10:54de son égo
01:10:55et vraiment
01:10:56peu à peu
01:10:57la certitude
01:10:58que seul lui
01:11:00non seulement
01:11:02pensait juste
01:11:03mais faisait tout
01:11:04le nouveau président
01:11:08est sur tous les fronts
01:11:09portable vissé à l'oreille
01:11:11des solutions
01:11:12toutes faites
01:11:12pour chaque problème
01:11:13on se croirait presque
01:11:15dans la série
01:11:1524 heures
01:11:16un super agent
01:11:17avec un super agenda
01:11:19en une journée
01:11:20il passe de la réforme
01:11:21des universités
01:11:22au problème du Darfour
01:11:23il est le président
01:11:24tout un faux
01:11:25qui parle
01:11:26à la place de tout le monde
01:11:27parlant à la place
01:11:29de tout le monde
01:11:30Nicolas Sarkozy
01:11:31transforme souvent
01:11:32l'exercice du pouvoir
01:11:33en exercice de style
01:11:35la médiatisation
01:11:36d'une décision
01:11:37l'intéressant manifestement
01:11:39plus que sa mise en oeuvre
01:11:40quand Nicolas Sarkozy
01:11:42annonce
01:11:43une loi
01:11:44on a l'impression
01:11:46que
01:11:47le moment fort
01:11:48de la vie
01:11:49de cette loi
01:11:50c'est le moment
01:11:51de l'annonce
01:11:52et non pas
01:11:52le moment
01:11:53de son application
01:11:54d'ailleurs
01:11:55il a
01:11:55il a annoncé
01:11:56je crois
01:11:57cette loi
01:11:57sur la sécurité
01:11:58et à chaque fois
01:12:00qu'il y avait
01:12:01une nouvelle loi
01:12:02les décrets d'application
01:12:03de la précédente
01:12:04étaient majoritairement
01:12:06pas pris
01:12:06la transgression majeure
01:12:08c'est d'annoncer
01:12:08qu'on va supprimer
01:12:09un fonctionnaire
01:12:12sur deux
01:12:12et ça
01:12:13on l'annonce partout
01:12:14mais quand
01:12:15un jour
01:12:16on s'intéresse
01:12:17à savoir
01:12:17qu'est-ce que ça va rapporter
01:12:19c'est peanuts
01:12:19mais il s'en fout
01:12:20l'important
01:12:21c'est l'effet d'annonce
01:12:22l'important
01:12:23c'est le chiffon rouge
01:12:25sur les retraites
01:12:26pour faire sortir
01:12:26la CGT dans la rue
01:12:27mais suffisamment
01:12:29pour que le Figaro
01:12:30soit content
01:12:31mais pas trop
01:12:31pour que ce soit dangereux
01:12:32pour autant
01:12:36on aurait tort
01:12:36de croire
01:12:37que multipliant
01:12:38les prises de parole
01:12:39Nicolas Sarkozy
01:12:40ne fait que déplacer
01:12:41du vent
01:12:41car progressivement
01:12:43ses discours
01:12:44ses interviews
01:12:45ses interventions
01:12:45de toutes sortes
01:12:47modifient la façon
01:12:47même de parler
01:12:48politique en France
01:12:49c'est ça qu'il faut comprendre
01:12:52c'est ça qui est absolument neuf
01:12:53personne ne parlait comme ça
01:12:55comme président de la république
01:12:57personne n'a employé
01:12:58des mots aussi droitiers
01:12:59par exemple
01:13:00répéter à tout bout de champ
01:13:01des charges sociales
01:13:03pour parler
01:13:04des cotisations
01:13:04sociales
01:13:06il a réussi
01:13:07magnifiquement
01:13:08parce que maintenant
01:13:09plus personne n'a l'air
01:13:10de réaliser
01:13:10que la part du salaire
01:13:12qui va en cotisation sociale
01:13:14c'est une part du salaire
01:13:14comment voulez-vous penser
01:13:16le problème
01:13:16d'une cotisation sociale
01:13:18si vous appelez ça
01:13:18une charge
01:13:19quand vous entendez
01:13:20parler de charge
01:13:20vous avez envie
01:13:21de décharger
01:13:21celui qui la porte
01:13:22c'est très habile
01:13:23donc oui
01:13:25cet homme a rompu
01:13:26des digues
01:13:26et changé un paysage
01:13:28parce qu'il a donné
01:13:29l'affor de la banalité
01:13:31et de l'évidence
01:13:32à tout un vocabulaire
01:13:33qui n'était ni banal
01:13:34ni évident
01:13:34pendant des décennies
01:13:36auparavant
01:13:37ça on ne peut pas
01:13:37le lui retirer
01:13:38convaincu d'être
01:13:41le premier de la classe
01:13:42s'infiltre alors
01:13:44dans la tête
01:13:44de Nicolas Sarkozy
01:13:45une idée surprenante
01:13:46mais qui illustre
01:13:47sa conception du pouvoir
01:13:48mettre en concurrence
01:13:50ses ministres
01:13:51et les noter
01:13:52comme un prof
01:13:52ses élèves
01:13:53après mettre des lieux
01:13:55pourquoi pas
01:13:56mettre des cols
01:13:57c'est le vœu
01:13:57de Nicolas Sarkozy
01:13:58qui va noter
01:13:59ses ministres
01:14:00et évaluer leurs résultats
01:14:01un cadeau de rentrée
01:14:02pour son équipe
01:14:03et ce matin
01:14:04la sortie du conseil
01:14:05les ministres
01:14:05ne commandent guère
01:14:06ou font bonne figure
01:14:07c'est très bien
01:14:08moi j'ai la culture
01:14:09du résultat
01:14:10je l'assume
01:14:10il n'y a aucun problème
01:14:11je pense que c'est quelqu'un
01:14:14qui au fond de lui
01:14:17croit
01:14:17dans la vie
01:14:19privée
01:14:20personnelle
01:14:20comme dans la vie
01:14:21publique
01:14:21il croit à la compétition
01:14:22je crois que c'est
01:14:22un des éléments
01:14:24pour comprendre Sarkozy
01:14:25c'est vraiment
01:14:26de l'indexer
01:14:28là dessus
01:14:28sur cette notion
01:14:29de compétition
01:14:30c'est quelqu'un
01:14:30qui ne comprend pas
01:14:32la notion d'égalité
01:14:33ça ne fait pas partie
01:14:34de sa vision du monde
01:14:35l'égalité en tant que telle
01:14:36alors qu'en revanche
01:14:37la compétition
01:14:39donc l'effort
01:14:40donc le mérite
01:14:41etc
01:14:41ça je pense
01:14:42que ça explique
01:14:43ce pragmatisme
01:14:45qui définit
01:14:47son action politique
01:14:47les ministres
01:14:48étaient terrorisés
01:14:49les ministres
01:14:50n'existaient pas
01:14:51c'était Bonaparte
01:14:52après le 18 brumaire
01:14:53l'hyper présidence
01:14:55cette idée
01:14:57que Nicolas Sarkozy
01:14:58allait montrer
01:14:59l'absolutisme
01:15:02final
01:15:02de la 5ème république
01:15:04un présidentialisme
01:15:05déséquilibré
01:15:06sans contre-pouvoir
01:15:07sans dialogue
01:15:09avec une vie
01:15:10parlementaire
01:15:11véritable
01:15:12des majorités
01:15:12automatiques
01:15:13au fond
01:15:13la nécrose
01:15:14de notre césarisme
01:15:16et de notre
01:15:16bonapartisme français
01:15:17l'hyper
01:15:18l'hyper présidence
01:15:20de cet hyper
01:15:23présidentialisme
01:15:24ceux qui ont travaillé
01:15:25avec Nicolas Sarkozy
01:15:26font cependant
01:15:27un bilan
01:15:27autrement
01:15:28plus positif
01:15:29citant notamment
01:15:30deux événements
01:15:31majeurs
01:15:31de 2008
01:15:32le conflit
01:15:33géorgien
01:15:34et la crise
01:15:34financière
01:15:35deux événements
01:15:36qui appartiendraient
01:15:37désormais à la légende
01:15:38de l'ancien président
01:15:39de la république
01:15:40L'Eman Brothers
01:15:41fait faillite
01:15:42les bourses
01:15:42dévissent
01:15:43le système bancaire mondial
01:15:44est menacé
01:15:45de ce côté
01:15:46de l'Atlantique
01:15:46Nicolas Sarkozy
01:15:47convoque d'urgence
01:15:48un sommet
01:15:49de l'eurogroupe
01:15:49pour organiser
01:15:50la riposte
01:15:51à l'étranger aussi
01:15:52les crises
01:15:52succèdent aux convulsions
01:15:53au coeur de l'été 2008
01:15:55la géorgie est envahie
01:15:56par les troupes russes
01:15:57de Medvedev
01:15:58Nicolas Sarkozy
01:15:59président de l'Union Européenne
01:16:00obtient
01:16:01sans mandat
01:16:02des 27
01:16:02un plan de paix
01:16:03et ses premiers galons
01:16:04diplomatiques
01:16:05Dans les moments
01:16:06je dirais essentiels
01:16:08lorsqu'il a présidé
01:16:09le G20
01:16:09qui avait autour
01:16:11de la table
01:16:11Obama
01:16:12Lula
01:16:14Merkel
01:16:15c'est lui
01:16:16qui a imposé
01:16:16les choses
01:16:17lorsqu'il est allé
01:16:18voir Poutine
01:16:18sur la crise
01:16:20georgienne
01:16:21c'est lui
01:16:21qui a imposé
01:16:22les choses
01:16:22donc il y avait
01:16:23une force
01:16:23lorsque le système
01:16:25bancaire
01:16:26était en train
01:16:27de s'effondrer
01:16:28en 2009
01:16:29c'est lui
01:16:31qui a convaincu
01:16:31Merkel
01:16:32de prendre
01:16:32les décisions
01:16:33Là où il m'a
01:16:33pressionné
01:16:34vraiment
01:16:34c'était
01:16:36sur la politique
01:16:36internationale
01:16:37sa vision
01:16:38de la politique
01:16:39étrangère
01:16:39la présidence
01:16:41française
01:16:41de l'Union Européenne
01:16:42qui a vraiment
01:16:43marqué
01:16:43nos partenaires
01:16:44européens
01:16:45et franchement
01:16:46au cours
01:16:46de la crise
01:16:47il a été
01:16:48un élément
01:16:48moteur
01:16:49pour sortir
01:16:49de cette crise
01:16:50C'est vrai
01:16:51qu'en plein été
01:16:52au mois d'août
01:16:53il n'est pas
01:16:53un notable
01:16:54sur la plage
01:16:55il prend son avion
01:16:56il va voir
01:16:57les géorgiens
01:16:58il va voir Poutine
01:16:59il y a quelque chose
01:17:00de la force
01:17:02d'entraînement
01:17:02de la force
01:17:03de conviction
01:17:03quasi magnétique
01:17:04effectivement
01:17:05j'ai revu
01:17:05G20
01:17:06et sur un certain
01:17:07nombre de dossiers
01:17:07cette capacité
01:17:09de bulldozer
01:17:10à réunir les gens
01:17:12à avancer
01:17:13est assez étonnante
01:17:14Sarkozy
01:17:16bulldozer
01:17:17l'image est parlante
01:17:19car même si on peut
01:17:20porter sur son action
01:17:21en dehors de nos frontières
01:17:22un regard bien plus critique
01:17:24ne serait-ce qu'en considérant
01:17:25que la terre entière
01:17:26a été mise à contribution
01:17:27pour renflouer les banques
01:17:29et amortir le choc financier
01:17:30de 2008
01:17:31cette image
01:17:32de bulldozer
01:17:33permet de comprendre
01:17:34la façon de faire
01:17:35de l'ancien président
01:17:36à Dakar
01:17:38par exemple
01:17:38où il évoque
01:17:39l'homme africain
01:17:40qui ne serait
01:17:41pas encore rentré
01:17:42dans l'histoire
01:17:43et où
01:17:44s'identifiant
01:17:45à on ne sait quel
01:17:46messie échevelé
01:17:47il indique
01:17:47à tout un continent
01:17:49le chemin à suivre
01:17:50ou encore
01:17:52en Libye
01:17:52lorsqu'il décide
01:17:53d'intervenir militairement
01:17:55sous l'égide
01:17:55de l'ONU
01:17:56contribuant à la chute
01:17:57de Kadhafi
01:17:58qu'il avait laissé
01:17:59parader à Paris
01:18:00quatre ans plus tôt
01:18:01mais bulldozer
01:18:03c'est aussi comme ça
01:18:04que beaucoup perçurent
01:18:05Nicolas Sarkozy
01:18:06en France même
01:18:08au quotidien
01:18:08assénant ses vérités
01:18:10fuyant le dialogue
01:18:11divisant la société
01:18:13et provoquant du coup
01:18:14colère
01:18:15et manifestation
01:18:16un discours
01:18:17va tout particulièrement
01:18:18marquer les esprits
01:18:20et devenir emblématique
01:18:21de son quinquennat
01:18:22c'est le discours
01:18:23de Grenoble
01:18:24que Nicolas Sarkozy
01:18:25prononce en 2010
01:18:26et où il décide
01:18:27de cibler les Roms
01:18:28à gauche
01:18:29et même à droite
01:18:30le tollé fut général
01:18:31contre ce président
01:18:32qui désignait
01:18:33à la vindicte populaire
01:18:34certains êtres humains
01:18:35en leur refusant
01:18:36toute singularité
01:18:38en les regroupant
01:18:39dans une catégorie
01:18:40qui les niait
01:18:40individuellement
01:18:41comme sujet de droit
01:18:42Emmanuel Valls
01:18:44par exemple
01:18:45de dénoncer
01:18:46cette politique
01:18:46du bouc émissaire
01:18:47qui visait en creux
01:18:48tous les immigrés
01:18:49on utilise
01:18:51l'immigré
01:18:52l'immigration
01:18:53ou le Roms
01:18:54à des fins politiques
01:18:56comme si c'était eux
01:18:57qui étaient
01:18:58les responsables
01:18:59de la situation
01:19:00économique du pays
01:19:01le gros problème
01:19:02de Nicolas Sarkozy
01:19:02c'est que
01:19:04l'antagonisme
01:19:05il le maîtrise parfaitement
01:19:07pour atteindre le pouvoir
01:19:08mais il continue
01:19:09à utiliser cette méthode
01:19:11une fois qu'il est au pouvoir
01:19:12il est dans
01:19:13dans la confrontation
01:19:15parce que ça
01:19:16c'est sa façon d'être
01:19:18en même temps
01:19:18et il a fini
01:19:19par le théoriser
01:19:20à savoir que
01:19:22c'est le conflit
01:19:23qui provoque l'avancée
01:19:24donc il y va
01:19:26il y va comme ça
01:19:28il prend le pont d'Arcole
01:19:29tous les jours
01:19:29et matin, midi et soir
01:19:31et même à l'heure du thé
01:19:33et ça correspond
01:19:34à l'idée
01:19:34qu'il se fait
01:19:35du mécanisme
01:19:36de la conviction
01:19:36je ne crois pas
01:19:38qu'il pense
01:19:38qu'on peut convaincre
01:19:39les gens
01:19:40je pense qu'il se dit
01:19:41on les secoue
01:19:42on doit les rudoyer
01:19:44pour les faire
01:19:46se mettre dans l'ordre
01:19:47dans l'ordre mental
01:19:49c'est l'idée
01:19:49que je m'en fais
01:19:50parce que
01:19:50c'est trop constant
01:19:51chez lui
01:19:51pour que ce soit un jeu
01:19:53si c'était un jeu
01:19:54on s'en apercevrait
01:19:55au bout d'un moment
01:19:56il se mettrait tout d'un coup
01:19:56à parler autrement
01:19:57mais non
01:19:58ça a été toujours
01:19:59sa façon de réagir
01:20:02Résultat
01:20:04une impopularité galopante
01:20:06un rejet
01:20:07parfois viscéral
01:20:08non seulement
01:20:09de sa politique
01:20:10mais de sa personne
01:20:11elle-même
01:20:11rejet qu'il cherchera
01:20:12à s'expliquer
01:20:13à coup de sondage
01:20:14jusqu'à la fin
01:20:15de son quinquennat
01:20:16oui il était accro
01:20:18au sondage
01:20:18dès qu'il y avait
01:20:19une enquête
01:20:19qui tombait
01:20:20il regardait
01:20:21et il regarde encore toujours
01:20:22d'ailleurs je pense
01:20:23aujourd'hui
01:20:23avec beaucoup de précision
01:20:27ce que le pays
01:20:29pensait de lui
01:20:30ce que les sondeurs
01:20:31disaient de lui
01:20:32il y a toujours eu
01:20:33chez lui
01:20:33une espèce de boulimie
01:20:35d'enquête d'opinion
01:20:36sondage sur son mariage
01:20:41avec Carla Bruni
01:20:41sondage sur une prestation
01:20:43télé de Dominique Strauss-Kahn
01:20:45sondage sur les vacances
01:20:47en Tunisie
01:20:47de Michel Alliomari
01:20:48plus de 330 sondages
01:20:51commandés en 5 ans
01:20:52par l'Elysée
01:20:52pour un montant
01:20:53avoisinant
01:20:54les 10 millions d'euros
01:20:55ce qui provoquera
01:20:56une enquête judiciaire
01:20:57pour détournement
01:20:58de fonds publics
01:21:00et ce ne sera
01:21:00que l'une des nombreuses
01:21:02affaires qui entoureront
01:21:03Nicolas Sarkozy
01:21:04d'un halo de soupçons
01:21:05et d'investigation
01:21:07jamais un président
01:21:09n'a été autant concerné
01:21:13par des affaires
01:21:13de corruption
01:21:14que Nicolas Sarkozy
01:21:16alors certes
01:21:17lui judiciairement
01:21:18n'est pas touché
01:21:19mais son entourage
01:21:20est touché
01:21:22l'affaire Karachi
01:21:23l'affaire Taqedine
01:21:26l'affaire Bettencourt
01:21:27l'affaire Libienne
01:21:28on pourrait en montrer
01:21:31bien d'autres
01:21:32bien d'autres en effet
01:21:35à commencer
01:21:36par l'invraisemblable
01:21:37affaire Aziber
01:21:38où pour sécuriser
01:21:40leur conversation
01:21:40l'avocat de Nicolas Sarkozy
01:21:43admis lui avoir
01:21:44ouvert une ligne
01:21:45au nom fictif
01:21:46de Paul Bismuth
01:21:47qu'est-ce que c'est
01:21:49s'agissant
01:21:50d'un ancien président
01:21:51de la république
01:21:52un téléphone
01:21:53avec une puce
01:21:55provisoire
01:21:57avec des lignes
01:21:58où on s'appelle
01:21:59et on doit se rappeler
01:22:00sinon
01:22:01des anecdotes
01:22:03de films noirs
01:22:04où on essaye
01:22:05en l'occurrence
01:22:05d'avoir des contacts
01:22:07au coeur
01:22:07de l'appareil judiciaire
01:22:09pour maîtriser
01:22:10les décisions de justice
01:22:11dans cette affaire
01:22:16et dans toutes les autres
01:22:17Nicolas Sarkozy
01:22:18vit la preuve
01:22:19que comme dans
01:22:19l'affaire Clearstream
01:22:20véritable machination
01:22:22montée contre lui
01:22:22en 2004
01:22:23il était entouré
01:22:24d'ennemis impitoyables
01:22:26adversaires politiques
01:22:27juges
01:22:28ou journalistes
01:22:29mais plus que ses ennemis
01:22:30c'était souvent ses amis
01:22:31tels Bernard Tapie
01:22:33ou Patrick Balkany
01:22:34qui se retrouvaient
01:22:35à l'origine de ses déboires
01:22:36ou de sa mauvaise réputation
01:22:37il a beaucoup trop d'amis
01:22:40fortunés ou puissants
01:22:42dans son entourage
01:22:42dont il ne s'est pas
01:22:43forcément suffisamment méfié
01:22:46ou avec lesquels
01:22:47il n'a pas pris suffisamment
01:22:48de gants
01:22:48ou de distance
01:22:49ce sont des gens
01:22:50qui manipulent
01:22:52énormément d'argent
01:22:53depuis toujours
01:22:55et donc forcément
01:22:56à un moment
01:22:56vous courez le risque
01:22:57d'être embarqué
01:22:57dans une affaire
01:22:58même si vous-même
01:22:59à l'arrivée
01:22:59vous héritez d'un non-lieu
01:23:01le fait est que des risques
01:23:05Nicolas Sarkozy
01:23:06ne cessa pas d'en prendre
01:23:07pendant 5 ans
01:23:08semant derrière lui
01:23:10des affaires
01:23:10comme le petit pousset
01:23:11des cailloux
01:23:12convaincu sans doute
01:23:13que sa réélection
01:23:14aux présidentielles
01:23:14de 2012
01:23:15remettrait les compteurs
01:23:17à zéro
01:23:17il repartit donc
01:23:19à la bataille
01:23:20mais plus par automatisme
01:23:21que par conviction
01:23:22et sa campagne
01:23:24qu'il voulut pourtant
01:23:25aussi musclée
01:23:25que celle de 2007
01:23:27ne réussit pas
01:23:28à convaincre
01:23:28le peuple de France
01:23:29n'ayez pas peur
01:23:31ils ne gagneront pas
01:23:33si vous décidez
01:23:34que vous voulez gagner
01:23:36certes
01:23:37comme un joueur
01:23:38faisant confiance
01:23:38à sa martingale
01:23:39il flatta de nouveau
01:23:41l'extrême droite
01:23:42mais en dépit
01:23:43d'une quarantaine
01:23:43de meetings
01:23:44dont certains pharaoniques
01:23:46ce qu'il trouva
01:23:47sur la ligne d'arrivée
01:23:48le soir du second tour
01:23:49ce fut un échec cuisant
01:23:51et un peu plus tard
01:23:52une nouvelle affaire
01:23:53l'affaire Big Malion
01:23:55dans laquelle il sera
01:23:56mis en examen
01:23:57le coût de sa campagne
01:23:58ayant dépassé
01:23:59de 18 millions
01:24:00le plafond autorisé
01:24:0148,52
01:24:0451,49
01:24:06les enfants
01:24:08ça a l'air mal barré
01:24:09les premiers chiffres
01:24:10ne sont pas super bons
01:24:11je vous dis ça
01:24:1248,52
01:24:136 mai 2012
01:24:15palais de l'Elysée
01:24:17juste avant
01:24:18l'annonce des résultats
01:24:19on ne peut pas dire
01:24:22qu'on n'a pas fait
01:24:23le maximum
01:24:24je trouve que c'est
01:24:26extraordinaire
01:24:27par rapport aux autres
01:24:29en Europe
01:24:30ce qu'il a fait
01:24:31c'est déjà extraordinaire
01:24:33non
01:24:34je serai tout à fait triste
01:24:36pour lui
01:24:36parce que tu sais
01:24:37combien d'années
01:24:37d'avis politique
01:24:38il a fait Nicolas
01:24:3937 ans
01:24:40aujourd'hui
01:24:41il ferme la porte
01:24:43de 37 ans
01:24:44de vie politique
01:24:44donc c'est à lui
01:24:45qu'il faut penser
01:24:46il faut être très gentil
01:24:47fermer la porte
01:24:59après 37 ans
01:25:00de vie politique
01:25:01mais comment Nicolas Sarkozy
01:25:03allait-il y arriver
01:25:04lui qui avait passé sa vie
01:25:06allait enfoncer les portes
01:25:08et bien il n'y arriva pas
01:25:10et ce qui devait être
01:25:11un grand adieu
01:25:12se transforma très vite
01:25:14en un petit au revoir
01:25:15pendant deux ans
01:25:18Nicolas Sarkozy
01:25:19se fit discret
01:25:20et laissa planer le doute
01:25:22semblant même apprécier
01:25:23sa nouvelle vie
01:25:24à défaut de se lancer
01:25:26dans les affaires
01:25:26comme il en avait
01:25:27plusieurs fois
01:25:28exprimé le désir
01:25:29il profita de son
01:25:30expérience présidentielle
01:25:31pour entreprendre
01:25:32à travers le monde
01:25:33une série de conférences
01:25:34rémunérées
01:25:35et gagner beaucoup d'argent
01:25:37à l'instar de Bill Clinton
01:25:38ou de Tony Blair
01:25:39quand ils arrêtèrent
01:25:40tous deux la politique
01:25:41sauf que lui
01:25:43pendant ce temps
01:25:44prépara soigneusement
01:25:45son retour sur la scène
01:25:46publique
01:25:47il reprit la tête
01:25:48de l'UMP
01:25:49inventa les républicains
01:25:51prononça quelques discours
01:25:52sulfureux
01:25:53donna plusieurs interviews
01:25:55remarquées
01:25:55écrivait un best-seller
01:25:57fit son autocritique
01:25:58et expliqua que cette fois
01:25:59il avait changé
01:26:00pour de bon
01:26:01et en 2016
01:26:03quand s'ouvrit
01:26:04la perspective
01:26:04des primaires de droite
01:26:06chacun compris
01:26:07que Nicolas Sarkozy
01:26:08ferait bientôt
01:26:09une nouvelle fois
01:26:10don de sa personne
01:26:11à la France
01:26:12et bien
01:26:17au moment de terminer
01:26:18ce film
01:26:18et sans savoir
01:26:19bien sûr
01:26:20si la justice
01:26:20mettra un terme
01:26:21prématuré
01:26:22à cette histoire
01:26:23je trouve tout cela
01:26:24très cohérent
01:26:25pourquoi en effet
01:26:26Nicolas Sarkozy
01:26:27n'aurait-il pas eu envie
01:26:28de remonter sur le ring
01:26:29scrutin après scrutin
01:26:31municipal
01:26:32européen
01:26:33départemental
01:26:34régional
01:26:35les français votent
01:26:36de plus en plus à droite
01:26:37et à peine arrivés
01:26:38au pouvoir
01:26:39les socialistes eux-mêmes
01:26:40reproduirent sa façon
01:26:41de faire
01:26:42communiquant tous azimuts
01:26:43surréagissant à chaque événement
01:26:45transformant un problème
01:26:47local en affaire nationale
01:26:48et souvent
01:26:49de la pire façon possible
01:26:51comme par exemple
01:26:52dans l'affaire Léonarda
01:26:53où s'engouffrant
01:26:54dans la brèche
01:26:54ouverte par Nicolas Sarkozy
01:26:56dans son discours
01:26:57de Grenoble
01:26:58les nouveaux dirigeants
01:26:59excommunièrent à leur tour
01:27:00les 17 000 boucs émissaires
01:27:02que l'ancien président
01:27:03avait ciblés
01:27:04nous ne sommes pas là
01:27:06pour accueillir
01:27:06ces populations
01:27:07je crois qu'il faut dire
01:27:08les choses
01:27:08vous dites clairement
01:27:09les choses ce matin
01:27:09et très tranquillement
01:27:10encore une fois
01:27:11il ne s'agit pas
01:27:11de stigmatiser
01:27:12mais il s'agit
01:27:13de regarder la réalité
01:27:15en face
01:27:15où ces familles
01:27:16ont vocation
01:27:17à retourner
01:27:17en Roumanie
01:27:18ou en Bulgarie
01:27:19si la gauche au pouvoir
01:27:22se montrait aussi intraitable
01:27:24que lui-même
01:27:24l'avait été
01:27:25si François Hollande
01:27:26un peu plus tard
01:27:27hésitait à accueillir
01:27:2830 000 migrants
01:27:29quand Angela Merkel
01:27:30en accueillait
01:27:31plus d'un million
01:27:32n'était-ce pas la preuve
01:27:33que la France
01:27:33avait changé
01:27:34grâce à lui
01:27:35et que dire
01:27:36de ce qui se passa
01:27:37après les monstrueux attentats
01:27:39de novembre 2015
01:27:40quand la déchéance
01:27:41de nationalité
01:27:42vieille revendication
01:27:44de l'extrême droite
01:27:45fut reprise à son tour
01:27:46par les socialistes
01:27:47parce que c'était lui
01:27:48Nicolas Sarkozy
01:27:49qui le premier
01:27:50l'avait évoqué
01:27:51au sommet de l'État
01:27:52nous devons pouvoir
01:27:53déchoir
01:27:54de sa nationalité française
01:27:56un individu condamné
01:27:58pour une atteinte
01:27:59aux intérêts fondamentaux
01:28:00de la nation
01:28:01ou un acte terroriste
01:28:02même s'il est né français
01:28:04je dis bien
01:28:05même s'il est né français
01:28:06on avait dénoncé
01:28:09chez Nicolas Sarkozy
01:28:10la dévalorisation
01:28:11de l'action publique
01:28:12mais alors que dire
01:28:13de son successeur
01:28:14qui affirma à la jeunesse
01:28:15qu'elle était sa priorité
01:28:16et qui ne lui proposa
01:28:18pratiquement rien
01:28:18sinon la loi travail
01:28:20contre laquelle
01:28:20elle se révolta
01:28:21oui vraiment
01:28:23pourquoi Nicolas Sarkozy
01:28:24n'aurait-il pas souhaité
01:28:25revenir à l'Élysée
01:28:26quand sa façon de gouverner
01:28:28ses idées
01:28:28voire ses propositions
01:28:30les plus décriées
01:28:30semblent désormais
01:28:31si banales
01:28:32alors c'est vrai
01:28:34Nicolas Sarkozy
01:28:36est aujourd'hui affaibli
01:28:37et demain peut-être
01:28:38hors jeu
01:28:39mais quatre ans
01:28:40après sa présidence
01:28:41la droite est hégémonique
01:28:42dans les esprits
01:28:43la gauche au pouvoir
01:28:44s'en accommode
01:28:45et avant même de savoir
01:28:47s'il reviendra un jour
01:28:48à l'Élysée
01:28:48l'homme qui courait
01:28:50plus vite que son ombre
01:28:51a paradoxalement gagné
01:28:52l'avenir dira
01:28:54pour combien de temps
01:28:55à l'Élysée
01:28:57l'Élysée
01:28:57l'Élysée
01:28:58l'Élysée
01:28:59l'Élysée
01:29:00l'Élysée
01:29:01l'Élysée
01:29:03l'Élysée
01:29:04l'Élysée
01:29:05l'Élysée
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