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  • 10/03/2023
Lors des discussions autour de l'extension du dispositif de carrières longues, Emmanuel Capus, sénateur (Les Indépendants) de Maine-et-Loire, Vice-Président de la commission des finances déplore d'assister "à une opposition systématique, complètement stupide et des débats lunaires".

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Transcription
00:00 – Merci Emmanuel Capu de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:02 Élu de Maine et Loire, membre du groupe Les Indépendants en République et Territoire.
00:05 On va bien sûr longuement revenir sur ce qui se passe au Sénat
00:08 et sur l'examen de cette réforme des retraites.
00:09 Mais d'abord une autre question d'actualité.
00:11 Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi dans les prochains mois
00:15 qui vise à inscrire la liberté des femmes à recourir à l'IVG.
00:18 Il a donc repris la formulation qui avait été votée par le Sénat
00:20 sous l'impulsion de Philippa, qui avait d'ailleurs divisé la majorité sénatoriale.
00:24 Est-ce que vous auriez préféré qu'il reprenne la formulation droit à l'IVG,
00:28 qui était la formulation initiale qui avait d'ailleurs été votée à l'Assemblée ?
00:31 – Pas du tout, pour deux raisons.
00:33 La première c'est qu'effectivement il semble reprendre les termes
00:37 qui sont ceux qui ont été adoptés par le Sénat,
00:40 grâce à l'amendement du sénateur LR Philippe Bas que moi j'ai voté,
00:44 et qui consacre une liberté de la femme dans le cadre de la loi,
00:49 et pas le texte précédent qui est tombé,
00:53 et qui présentait des risques en termes d'équilibre,
00:57 par rapport à un équilibre qui est compliqué à trouver sur ce sujet.
01:00 Et donc le texte du Sénat, c'est une bonne chose,
01:03 qu'effectivement le Président de la République envoie un signal fort
01:06 en reprenant la façon dont c'est écrit.
01:11 C'est pas de moindre portée, je dirais que c'est à droit constant,
01:14 c'est-à-dire que c'est l'objectif qui avait été fixé,
01:16 constitutionnalisé, à droit constant.
01:19 On ne modifie pas le droit constant actuel,
01:24 en revanche on l'inscrit dans la Constitution,
01:26 c'était ça qui était proposé,
01:27 et c'est ça qui est fait par l'amendement de Philippe Bas,
01:30 et qui a entraîné l'adoption de la loi votée par le Sénat.
01:34 – Le Président de la République, il souhaite englober ça
01:35 dans une réforme plus globale,
01:37 une réforme constitutionnelle plus globale.
01:38 Est-ce qu'en faisant ça, il ne prend pas le risque
01:40 d'enterrer cet IVG dans la Constitution ?
01:43 – Ça je ne sais pas, alors en dehors des sujets sur l'IVG,
01:48 effectivement j'entends parler de certains autres sujets,
01:51 moi je suis extrêmement sensible à la protection de la Constitution,
01:58 donc je suis comme beaucoup de ceux qui considèrent
02:01 qu'on doit toucher la Constitution avec énormément de précautions.
02:04 Donc évidemment, si c'est mis dans un package global,
02:08 ça multiplie nécessairement le risque qu'il y ait des oppositions.
02:12 – Donc vous souhaitez quelque chose de spécifique sur l'IVG ?
02:14 – Je ne sais pas, parce qu'on ne va pas revenir devant le Congrès
02:16 tous les 36 du mois non plus, donc c'est sans doute la seule solution,
02:22 mais ça multiplie évidemment les oppositions possibles.
02:26 – Alors on va évidemment parler de ce qui se passe au Sénat,
02:27 le Sénat qui poursuit l'examen de la réforme des retraites
02:30 dans une ambiance quelque peu électrique,
02:32 les débats se sont enlisés hier soir,
02:33 récits de ces dernières heures de séance,
02:35 avec Quentin Calmet qui nous rejoint.
02:38 [Générique]
02:45 – Bonjour Quentin. – Bonjour Auriane.
02:47 Bonjour Emmanuel Capu.
02:48 – Quentin de retour le matin après avoir suivi des séances
02:50 jusqu'au bout de la nuit.
02:51 Alors vous suivez les séances jour et nuit,
02:53 Quentin, avant de parler de l'ambiance,
02:54 le point sur ce qui a été voté au Sénat hier.
02:56 D'abord les sénateurs qui ont adopté le dispositif carrière longue.
02:59 – Voilà, on l'a vu dans le reportage, le sujet de Jérôme Rabier,
03:03 effectivement on parle de cette mesure qui permet aux Français
03:06 qui ont commencé à travailler tôt de partir à la retraite
03:10 avant l'âge de 64 ans.
03:12 Alors on ne va pas rentrer dans la mécanique complexe de ce dispositif
03:15 parce que c'est très difficilement compréhensible
03:17 la façon dont ça fonctionne exactement.
03:18 D'ailleurs hier René-Paul Savary a essayé d'expliquer ce tableau-là
03:22 qu'on voit à l'antenne, c'est-à-dire la prise en compte
03:25 de multiples facteurs, les facteurs d'âge, les annuités etc.
03:29 Simplement le principe que l'on retient c'est qu'il va y avoir des dispositifs
03:35 pour permettre de partir à la retraite quand vous avez cotisé 43 ou 44 ans
03:40 si vous avez commencé à travailler avant 20 ans,
03:43 comme on le lit sur ce tableau dans la partie orange,
03:45 c'est ce qui est la porte de la réforme avec ce que les sénateurs sont en train d'adopter.
03:50 Les sénateurs ont même rajouté une nouvelle borne d'âge à ce tableau hier en séance.
03:54 Les Français ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans
03:58 vont pouvoir prendre leur retraite avec un départ anticipé à 63 ans.
04:01 – Alors Emmanuel Caput, oui, c'est ce que j'allais vous demander comme question.
04:05 Il était important de lisser un peu plus ce tableau,
04:09 on a entendu Jean-Marie von Lorenberg qui est pourtant centriste
04:12 et qui est donc au modem avec la majorité,
04:16 dire qu'on n'y comprenait pas grand-chose et que ce serait difficilement compréhensible
04:19 pour les Français ce qui se joue avec ces dispositifs carrière longue.
04:23 – Ce qui est certain c'est qu'effectivement c'est très très difficilement compréhensible,
04:27 déjà pour les parlementaires, donc pour les Français…
04:30 – Même pour vous ?
04:31 – Même pour nous c'est compliqué,
04:33 donc pour les Français c'est sûr que c'est totalement incompréhensible.
04:36 Donc ce qu'il faut retenir, ce qui est intéressant
04:37 et ce que je pense les Français n'ont pas du tout compris,
04:39 c'est qu'avec le dispositif carrière longue tout le monde ne part pas à 62 ans.
04:43 Si vous avez commencé tôt… – 64.
04:45 – 64 ans pardon.
04:48 Tout le monde ne part pas à 64 ans, on peut partir beaucoup plus tôt,
04:52 c'est le tableau que vous avez sous les yeux.
04:54 Donc oui, moi je suis tout à fait favorable au fait d'améliorer le texte,
04:59 c'est notre rôle ici de lycée, j'avais déposé un amendement
05:03 qui allait dans ce sens, qui allait un peu plus loin aussi,
05:07 qui est tombé du coup par l'adoption des autres amendements,
05:09 mais c'est les débats que nous avons ici pour améliorer le texte,
05:13 pour le rendre un petit peu compréhensible,
05:15 puis pour rappeler qu'en fait avec la loi Touraine,
05:18 c'est déjà, il y a beaucoup de choses qui sont déjà le cas,
05:22 et ça les Français je crois n'ont absolument pas compris
05:24 que d'ores et déjà ils risquaient, enfin ils devaient travailler 43 années
05:29 dans les dispositifs avant la réforme.
05:31 – Mais est-ce qu'il faut aller encore plus loin ?
05:32 Est-ce qu'il faut 43 ans pour tous les Français
05:34 qui sont dans un dispositif carrière longue ?
05:36 – Oui parce qu'on le voit, excusez-moi,
05:37 mais on le voit il y a une alternance entre 43 et 44 ans,
05:40 en fonction de l'âge auquel vous commencez à travailler,
05:43 vous pouvez être mécaniquement perdant,
05:45 et c'est assez arbitraire, sur le nombre d'annuités au total.
05:51 Moi c'est le sens de l'amendement que j'avais déposé,
05:54 notamment avec mes collègues, c'était le même
05:56 que mes collègues Horizon à l'Assemblée Nationale,
05:59 après ça fait partie je pense des choses
06:01 qui peuvent encore être améliorées dans le cadre de la navette.
06:04 Aujourd'hui on a trouvé un accord hier sur le dispositif tel qu'il a été voté,
06:09 moi je suis plutôt favorable à une amélioration encore dans ce sens-là.
06:14 – Donc ça peut être juste amélioré en CMP,
06:16 parce que Horizon est pour les députés,
06:18 les républicains sont également pour, la gauche est pour,
06:20 vous pensez qu'en CMP vous pouvez arriver à ce que tous les Français
06:23 dans un dispositif carrière longue travaillent 43 ans ?
06:26 – Peut-être pas tous, puisque ça dépend,
06:27 vous l'avez vu il y a des Français qui commencent encore plus tôt,
06:31 donc ils vont cotiser forcément plus de 43 ans,
06:35 là où ce serait, moi ce que je n'apprécie pas
06:39 c'est le dispositif proposé par Aurélien Pradié, qui est démagogique,
06:43 la question c'est le nombre de trimestres cotisés avant 20 ans en fait,
06:48 on comprend bien que ce n'est pas parce que vous avez été étudiant
06:52 et que vous avez fait un job d'été avant 21 ans
06:55 que ça peut valider une année de cotisation,
06:58 c'est là à mon avis où il y a une difficulté,
07:00 en revanche améliorer le taxe pour qu'il y ait un peu plus de monde
07:05 qui parte après 43 années, ça me paraît tout à fait juste.
07:09 – Autre mesure phare de la réforme des retraites,
07:11 votée dans la version des sénateurs, cette fois qu'on tend,
07:13 c'est cette surcote pour les mères de famille.
07:14 – Voilà, la droite y tenait beaucoup effectivement,
07:17 pour compenser certains effets délétères de la réforme,
07:21 Bruno Rotailleau en avait même fait une ligne rouge
07:24 pour soutenir cette réforme des retraites au Sénat,
07:27 et donc la majorité sénatorielle hier en séance a ajouté une surcote
07:32 pour les femmes ayant eu au moins un enfant,
07:34 si elles travaillent jusqu'à 64 ans, leur dernière année,
07:38 entre 63 et 64 ans, leur fait gagner un bonus sur leur pension,
07:43 jusqu'à 5% si elles ont toutes leurs annuités bien sûr,
07:46 pendant leur carrière, fait important,
07:48 le Sénat a adopté cette mesure à 280 voix pour et aucune contre,
07:54 même si une partie de la gauche s'est abstenue sur ce scrutin.
07:57 Emmanuelle Capu, c'est la démonstration que cette réforme,
08:00 elle pénalisait les femmes et qu'il fallait la rééquilibrer,
08:04 et donc en l'occurrence pour les mères de famille.
08:06 – C'est pas tout à fait ça en fait, la réforme, elle pénalise pas les femmes.
08:10 Les femmes sont pénalisées par leurs carrières qui sont hâchées
08:13 et par des rémunérations qui sont moins élevées que les hommes.
08:16 En moyenne 35% moins bien payées que les hommes.
08:19 – Donc de fait, effectivement, à partir du moment où vous rallongez
08:23 la durée de cotisation et vous repoussez l'âge de la retraite,
08:26 de fait, forcément, ça augmente cette pénalisation
08:30 qui vient de la vie en fait, de leur carrière.
08:32 Donc moi j'étais très favorable à prendre en compte
08:34 cette différence de rémunération, cette différence de carrière,
08:39 et la surcote me paraît être un bon mécanisme,
08:42 même si ça n'empêche pas qu'il faut s'attaquer au fond du sujet,
08:47 qui n'est pas celui des retraites, mais celui des égalités,
08:49 l'égalité des rémunérations et des carrières hâchées.
08:52 – Oui. – Quentin, une dernière question.
08:55 – Oui, juste, la gauche, elle dénonce le fait que,
08:58 eh bien, on s'occupe des femmes qui ont eu un enfant,
09:02 et qu'effectivement, on ne s'occupe pas de toutes les femmes avec cette mesure,
09:06 et donc du coup, il y a comme ça, un peu une politique nataliste
09:10 qui fait penser à une forme conservatrice de la vision de la société,
09:16 qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
09:18 – Là c'est pareil, c'est la loi actuelle,
09:20 ce sont les femmes qui ont arrêté de travailler pour s'occuper de leurs enfants,
09:25 qui sont le plus pénalisées aujourd'hui, pas par la réforme,
09:29 par le système, par répartition actuelle, donc il faut en tenir compte.
09:32 En revanche, et j'ai déjà en fait répondu à votre question en réalité,
09:36 c'est la politique vis-à-vis de l'égalité de la rémunération,
09:39 l'égalité homme-femme, elle est beaucoup plus large,
09:41 ce n'est pas dans la loi sur les retraites qu'on va la régler.
09:43 – Et Quentin, on va voir ce qui s'est passé dans la soirée,
09:46 puisque c'est reparti de plus belle sur la suite de l'écrivain des articles,
09:49 et des nouvelles tensions ont électrisé l'hémicycle hier.
09:52 – Exactement, c'était électrique encore hier en séance,
09:54 comme on le voit depuis maintenant trois jours,
09:57 effectivement on est passé à l'article 9,
09:59 donc après tous ces éléments qu'on vient d'évoquer,
10:02 c'est la prise en compte de la pénibilité qui était débattue en séance,
10:06 mais la droite a voulu accélérer les débats et faire tomber,
10:10 c'est-à-dire supprimer une myriade d'amendements venus de la gauche.
10:15 Patatras, cette gauche a refusé de se laisser faire,
10:18 écoutez Claude Reynald en séance hier.
10:20 – Je vous signale simplement un seul mot,
10:24 il y a 70 amendements qui vont tomber,
10:27 ça aurait fait 70 prises de parole sur le sujet qui nous intéresse aujourd'hui.
10:34 On va le remplacer par 70 rappels du règlement,
10:40 c'est intelligent et c'est de droit.
10:43 Alors c'est intelligent, moi j'aimerais plutôt qu'on enlève ça
10:46 et qu'on travaille au fond.
10:48 – Voilà, on voit ce faux rythme qui s'installe au Sénat depuis trois jours,
10:52 des moments où on débat sur le fond et des moments où il y a des procédures,
10:56 l'utilisation du règlement du Sénat pour contraindre les débats
10:59 et dans ces cas-là, ces débats qui deviennent électriques.
11:02 Écoutez René-Paul Savary qui est le rapporteur de la branche EIS
11:06 qui parle au nom de la droite dans l'hémicycle.
11:09 Pour lui, la gauche refuse d'avancer,
11:11 contrairement à ce qu'elle aurait promis initialement.
11:15 Le Sénat devait attendre la mobilisation du 7 mars
11:18 pour passer à l'article 7 et ensuite avancer
11:21 et la gauche ne respecte pas ce pacte selon lui.
11:23 Écoutez René-Paul Savary.
11:25 – Moi dans la vie on m'a appris qu'on récoltait ce qu'on allait semer.
11:30 Et vous avez récolté ce que vous avez semé la semaine dernière.
11:38 Vous n'avez pas tenu vos engagements.
11:44 Et quand on ne tient pas les engagements,
11:46 demandez à vos présidents de groupe, ils savent bien de quoi je parle.
11:50 Demandez-leur, ne criez pas comme ça.
11:53 Tenez vos engagements.
11:55 Il était bien question que l'on puisse débattre du texte
11:58 pour aller jusqu'au bout du texte.
12:00 – Voilà, finalement un amendement de la droite et du centre
12:03 a bien été adopté en fin de séance, c'était vers minuit et demi.
12:06 Mais le débat autour de la pénibilité ne fait que commencer,
12:09 il continue aujourd'hui, et tout comme les tensions dans l'hémicycle.
12:13 Emmanuel Capu, c'est un degré d'énervement rarement atteint
12:16 autour de cette réforme qui se joue depuis trois jours en séance,
12:19 vous êtes d'accord ?
12:20 – Ça devient extrêmement compliqué,
12:22 parce qu'hier soir on n'a pas pu avancer d'un iota.
12:25 D'un iota, on devait parler de la pénibilité,
12:28 on devait parler de l'usure professionnelle,
12:29 on devait parler des gens qui travaillent dur,
12:32 qui travaillent la nuit, qui travaillent dans le froid,
12:34 qui portent des charges, c'était ça le sujet hier.
12:37 Et on devait améliorer leur sort, c'est quand même notre rôle,
12:39 essayer de trouver des solutions pour que le texte
12:42 prenne mieux en compte la pénibilité, l'usure professionnelle,
12:45 et l'article 9 c'est la création de nouveaux droits,
12:48 de nouveaux moyens pour lutter contre ça.
12:51 Au lieu de ça, à quoi on fait face ?
12:55 70 amendements identiques, ils étaient tous identiques,
12:57 moi je les ai, on nous les a distribués,
13:00 70 amendements quasiment des copiers-collés,
13:03 certains étaient à quelques virgules près différents,
13:06 70 amendements non seulement pour supprimer l'article 9
13:09 qui crée des droits pour les salariés,
13:11 ce qui est déjà un vrai problème,
13:13 et deux qui sont identiques, qui font uniquement perdre du temps,
13:17 et quand la commission fait ce qu'elle a à faire,
13:22 c'est-à-dire elle met la priorité pour éventuellement
13:24 faire tomber les amendements suivants,
13:26 et pour faire avancer les débats conformément,
13:28 parce que ce qui est intéressant c'est que René-Paul Savary
13:30 a expliqué pourquoi est-ce qu'on était obligé d'accélérer,
13:33 parce que pendant 5 jours, il y a visiblement eu un accord
13:36 entre les présidents de groupe pour dire
13:38 "Ok, on avance tranquillement jusqu'au jour de la manifestation du 7 mars,
13:43 pour des raisons qui vous appartiennent,
13:44 les groupes d'opposition, vous avez envie de discuter
13:47 de l'article 7 après le 7 mars, après la manifestation,
13:52 tant mieux pour vous, la majorité accepte, très aimablement,
13:57 c'est un gentleman's agreement, et juste après, qu'est-ce qu'on observe ?
14:00 On observe qu'en fait le gentleman's agreement,
14:02 visiblement n'est absolument pas respecté,
14:03 et aujourd'hui vous avez une opposition systématique,
14:06 complètement stupide, on a eu des débats lunaires,
14:09 Claude Reynaud est un des plus modérés,
14:11 vous avez vu ensuite tous ses collègues
14:14 faire des rappels aux règlements totalement abscons
14:16 sur l'article 44 bis, sur l'article 46 bis,
14:18 sur tout et n'importe quoi, plutôt que de débattre…
14:20 – Mais vous regrettez d'avoir accepté cet accord du coup ?
14:25 – Et de l'usure professionnelle, moi je n'ai accepté aucun accord,
14:27 – Mais votre président de groupe a dû le faire,
14:29 puisque c'était en conférence des présidents.
14:31 – Moi je suis un groupe minoritaire,
14:32 je ne suis pas sûr que ce soit en conférence des présidents
14:33 que ce soit passé, je pense que ça s'est fait plutôt
14:37 entre les présidents Cannaire, Gontard et Assassi,
14:43 et directement effectivement avec d'autres.
14:44 – Donc il n'aurait pas fallu le faire ?
14:46 – Ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui…
14:47 – Non mais il n'aurait pas fallu céder à la gauche ?
14:48 – Non, mais manifestement l'accord n'est pas du tout respecté
14:51 par les autres qui maintenant ont clairement un objectif,
14:56 qui était limpide hier, et certains l'ont dit d'ailleurs à votre micro,
14:59 je vois Daniel Brouillet, il a été très clair et très sympathique,
15:03 il a dit "nous notre objectif unique c'est que le vote n'ait pas lieu".
15:07 – N'ait pas lieu sur l'ensemble du texte.
15:09 – Maintenant je crois que c'est très clair,
15:10 les groupes de l'opposition ne veulent pas que le vote ait lieu,
15:14 et donc ils font tout pour faire durer les débats,
15:16 hier soir on s'est couché, il y avait quasiment plus d'amendements
15:19 que le matin quand on est arrivé.
15:20 – Oui puisque les sénateurs peuvent déposer des sous-amendements
15:24 effectivement pendant la séance, mais vous êtes d'accord pour dire
15:26 que c'est une forme de guérilla parlementaire qui se joue ?
15:29 La droite sénatoriale qui use du règlement article 38
15:32 pour contraindre le nombre de prises de parole,
15:33 ce dépôt de sous-amendements, la commission qui fait voter
15:36 en priorité ses amendements à elle, pour faire tomber des sous-amendements,
15:39 c'est une forme de guérilla parlementaire,
15:41 il y a des moments où on perd le fil avec le débat sur les retraites.
15:44 C'est un truc tout à fait nouveau au Sénat,
15:46 et c'est sur quoi j'ai alerté hier mes collègues des groupes d'opposition,
15:50 ça n'est pas du tout la tradition du Sénat.
15:51 – C'est vrai.
15:52 – La tradition du Sénat c'est, même si on est contre un texte,
15:55 d'essayer de l'améliorer et en tout état de cause,
15:59 de le voter, de voter contre si on est contre,
16:01 mais d'essayer de montrer que nous ne sommes pas à l'Assemblée Nationale,
16:04 que nous nous écoutons et que nous votons les textes
16:08 en ayant exprimé nos opinions.
16:09 – Mais la gauche dit aussi, la tradition au Sénat
16:11 c'est le respect de l'opposition,
16:12 et là elle n'est plus respectée l'opposition.
16:14 – L'opposition est extrêmement respectée,
16:16 ça fait jeudi, vendredi, sabdi, dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi,
16:22 on est vendredi, qu'on écoute jour et nuit des soliloques,
16:26 totalement hors sujet parfois,
16:29 sur soit des rappels aux règlements sans aucun rapport avec le sujet,
16:33 soit sur des amendements qui n'ont que pour but,
16:37 c'est-à-dire de faire tomber, de faire perdre du temps.
16:39 Quand vous avez 70 orateurs différents qui répètent le même amendement rédigé
16:45 de la même façon, ça n'a aucun intérêt,
16:47 en fait il faut leur expliquer, on peut co-signer les amendements si on veut.
16:50 – Bon et du coup en attendant l'heure, l'heure je tourne,
16:51 pour arriver dimanche minuit,
16:52 est-ce que pour vous le gouvernement doit prolonger un peu les débats
16:55 pour aller un peu au-delà de dimanche minuit ?
16:57 Il y a la journée de lundi par exemple.
16:59 – En fait, ça fait 5 ans et demi que je suis sénateur,
17:02 je n'ai pas souvenir qu'on ait passé autant de temps,
17:04 à part sur des PLF, sur un texte,
17:05 c'est un texte extrêmement important qui concerne les Français,
17:08 là les règles du jeu, elles sont fixées depuis le début.
17:12 Le président Larcher a ouvert comme jamais les séances,
17:16 on travaille longtemps, de jour, de nuit, le samedi, le dimanche…
17:22 – Faut-il ouvrir du coup dimanche après dimanche ?
17:25 – Il faut ouvrir au maximum…
17:26 – Mais faut-il dimanche ?
17:27 – Non, il ne faut pas ouvrir après dimanche,
17:29 les règles elles sont posées depuis le départ, donc évidemment non.
17:33 – Très bien.
17:34 – Un mot parce qu'après il y aura une CMP, une commission mixte paritaire,
17:38 donc il va chercher un accord entre députés,
17:39 – On la voit ici, effectivement.
17:41 – Ce sera mercredi matin, vous pensez qu'elle sera conclusive ?
17:43 – Non, moi ce que je veux dire, parce que c'est extrêmement important,
17:46 c'est que le petit jeu des groupes d'opposition
17:48 est extrêmement dangereux pour la démocratie, pourquoi ?
17:50 Parce qu'on perd l'image que nous avions jusqu'à maintenant très clairement
17:53 d'une assemblée sérieuse qui travaille et qui propose,
17:56 on rentre dans une sorte, comme vous l'avez dit, de guérilla
17:59 qui n'est pas du tout l'usage et qui donne une image détestable,
18:02 ce qui fait que les Français vont se dire que,
18:04 à l'Assemblée Nationale comme au Sénat,
18:05 on a des gens qui ne sont pas responsables
18:07 et qui ne prennent pas leurs responsabilités.
18:09 Moi je pense que le Sénat doit prendre ses responsabilités,
18:11 qu'il doit voter, oui ou non, et qu'ensuite, effectivement,
18:16 de façon démocratique, on arrive à une décision en CMP
18:19 et qu'on ne soit pas obligé d'utiliser des instruments
18:23 qui ne sont normalement pas utilisés et qui ne sont pas les meilleurs instruments.
18:28 – Un dernier mot sur l'équilibre financier de cette réforme,
18:31 parce que c'est important et ça fait partie des choses auxquelles vous tenez,
18:35 est-ce que, là Olivier Dussopt dimanche dernier a déjà alerté
18:38 sur le fait qu'à l'horizon 2030, il allait manquer 300 ou 400 millions d'euros,
18:41 est-ce que le gouvernement a trop cédé,
18:43 est-ce qu'il faut revoir l'équilibre financier de cette réforme ?
18:46 – Alors ça c'est sûr que, mon groupe Les Indépendants,
18:48 on est extrêmement sensible à l'équilibre,
18:50 parce que ça, ce sera la pire des choses,
18:52 c'est que non seulement on n'arrive pas à voter,
18:54 mais qu'en plus, par souci du consensus,
18:57 on ait une réforme qui ne rapporte pas assez d'économie,
19:01 et c'est bien ça l'enjeu, c'est pour ça que cette réforme est utile,
19:04 c'est pour qu'on préserve pour chacun une retraite à des niveaux corrects de pension,
19:11 et sans que… en trouvant un équilibre, donc c'est ça l'enjeu, c'est pour ça qu'il faut…
19:16 – Donc il faut d'autres économies ?
19:17 – Il ne faut pas d'autres économies, il faut arrêter, je pense,
19:20 il faut trouver un équilibre, il faut faire attention à l'équilibre général,
19:24 et il faut effectivement ne pas en rajouter systématiquement,
19:28 parce qu'on voit qu'en plus ça n'est pas payé de retour.
19:31 – Par les LR ?
19:32 – Pas par les LR, par la gauche non, par les LR,
19:36 moi je trouve objectivement que jusqu'à maintenant,
19:39 l'attitude est plutôt responsable, il y a une position qui est assez claire,
19:44 il y a un accord qui est tout à fait correct entre les positions des LR
19:51 et la majorité présidentielle.
19:53 – Merci Quentin, à tout à l'heure.
19:54 – Merci Marie-Anne, on va reparler de ce débat électrique dans l'hémicycle.
19:57 – Ce sera à suivre dans le club, on va continuer à parler de cette réforme
20:00 avec nos partenaires de la presse régionale, on va à Chartres,
20:02 où on retrouve Sébastien Baize.
20:03 Bonjour Sébastien, merci beaucoup d'être avec nous,
20:05 rédacteur en chef de l'Éco-Républicain.
20:07 Sébastien, vous revenez dans vos pages sur l'impact du mouvement
20:10 de contestation de cette réforme sur le quotidien de vos lecteurs.
20:14 – Oui, dans les quotidiens du groupe Centre France,
20:15 nous nous tâchons ce matin sur la mobilisation des éboueurs
20:19 et la mobilisation dans les industries électriques et gazières,
20:21 et donc ses impacts sur le quotidien.
20:23 L'enjeu pour ces grévistes, c'est la défense de leurs régimes spéciaux,
20:27 une grève des éboueurs de la ville de Paris a commencé lundi,
20:29 depuis on l'a vu, les poubelles s'accumulent dans la rue,
20:32 dans la moitié des arrondissements.
20:34 Les éboueurs occupent aussi l'usine d'incinération de la Porte d'Ivry,
20:37 environ 2000 tonnes de déchets y sont traités tous les jours.
20:40 La grève des éboueurs ne touche pas seulement Paris,
20:42 c'est aussi le cas par exemple,
20:44 dans l'agglomération de Sofian-Antipolis, dans les Alpes-Maritimes.
20:48 Du côté des industries gazières et électriques,
20:50 en Ile-de-France, les usines d'incinération sont à l'arrêt à Saint-Ouen,
20:54 Ivry-sur-Seine et ici les Moulineaux.
20:56 Ce sont des usines qui brûlent les déchets pour les transformer en énergie.
20:59 Selon Régis Bicelli, le secrétaire général CGT Nettoyement,
21:03 éboueur à la ville de Paris,
21:04 plus aucun déchet en Ile-de-France ne serait actuellement traité.
21:08 Conséquence, il y a on l'a dit, l'amonciellement des ordures,
21:10 mais aussi, selon un autre syndicaliste, en cas de grand froid,
21:14 cet arrêt des usines d'incinération pourrait jusqu'à priver les Parisiens de chauffage.
21:18 La mobilisation des éboueurs, Régis Bicelli affirme qu'elle se poursuivra
21:23 jusqu'au retrait de la réforme.
21:24 Pourquoi ? Parce que pour lui, cette réforme est un non-sens.
21:27 Il fait valoir l'espérance de vie des éboueurs, 12 ans de moins qu'un autre travailleur.
21:31 Selon lui, un éboueur peut actuellement prétendre à la retraite à 57 ans.
21:35 Personne ne part à cet âge-là, dit-il.
21:37 Il donne l'exemple d'un collègue qu'il a récemment rencontré, un collègue de 63 ans.
21:42 Ça fait deux ans qu'il est à la retraite et il a toutes les maladies du monde,
21:45 assure le syndicaliste, qui conclut, la retraite à 64 ans,
21:50 pour un grand nombre d'entre nous, c'est la mort assurée au boulot.
21:53 Bonjour Emmanuel Capu.
21:55 Bonjour.
21:57 Les syndicats avaient promis de mettre le pays à l'arrêt le 7 mars.
22:00 Pensez-vous que le blocage de la France pourrait finalement se trouver devant nous ?
22:05 J'espère pas.
22:06 J'espère pas.
22:07 Je constate qu'il y a eu une forte mobilisation le 7 mars,
22:09 mais qu'elle n'a pas été beaucoup plus forte que les fois d'avant.
22:13 Je constate que les grèves ont été beaucoup moins suivies
22:19 dans la fonction publique notamment que précédemment.
22:23 Donc moi j'espère un retour à la normale le plus rapide possible.
22:27 J'espère d'abord un vote du texte, vous l'avez compris,
22:29 et puis ensuite, une fois que le texte sera voté, qu'on retourne à la normale.
22:34 Mais selon vous ce vote du texte ?
22:36 Ce que vous avez dit, je rappelle quand même qu'on a décidé de ne pas supprimer les régimes spéciaux.
22:41 On a décidé de fermer 5 régimes spéciaux avec la clause du grand-père,
22:46 c'est-à-dire sur 40 années.
22:47 Donc en fait personne n'est affecté, aucun des salariés actuels des industries gazières,
22:53 de l'ensemble des 5 régimes qui sont concernés, ne sont affectés par la réforme.
22:56 Il y aura un débat d'ailleurs là-dessus au Sénat,
22:58 puisque Bruno Rotailleau veut accélérer cette suppression,
23:00 un débat à venir dans les prochaines heures.
23:02 Vous êtes pour ou pas cette accélération ?
23:05 Moi je suis plus mitigé dans l'absolu par principe.
23:09 Évidemment les régimes spéciaux ont vocation à disparaître
23:12 et plutôt plus rapidement que ce que le texte propose.
23:14 En tous les cas c'est la position de mon groupe régulièrement.
23:17 Dans le contexte actuel, dans le contexte que vient de rappeler votre collègue,
23:22 je pense que la position qui est proposée par le gouvernement,
23:25 qui est un compromis avec ce qu'on appelle la clause du grand-père,
23:28 c'est-à-dire une extinction assez longue, me paraît raisonnable.
23:32 Donc c'est pour ça, et ce sera ma position dans l'examen de ce texte.
23:36 Un dernier mot là-dessus, est-ce que vous pensez que le vote,
23:38 si vote il y a, ça va accentuer, ça va radicaliser la contestation
23:42 ou au contraire ça va l'étendre ?
23:45 Moi je pense que les Français, ils ont compris que cette réforme,
23:49 elle était indispensable et qu'elle allait se faire.
23:53 Et donc j'espère que le vote va mettre un terme à la contestation.
23:59 Oui ils l'ont compris mais ils ne sont pas pour.
24:01 Non mais personne n'est pour.
24:03 Vous comme moi, quand on nous dit qu'il va falloir peut-être travailler deux ans de plus,
24:07 ce n'est pas agréable et on n'en a pas envie.
24:10 Personne n'a envie de travailler, sauf quelques exceptions.
24:14 Mais la grande majorité des Français, ils n'ont pas envie de cette réforme.
24:19 Ce n'est pas ce que je dis.
24:20 Je dis que beaucoup, en leur fort intérieur, savent qu'elle est indispensable
24:24 et qu'elle permettra de garantir des retraites pour leurs enfants, pour leurs petits-enfants.
24:27 – Merci beaucoup Romain.
24:29 On va remercier Sébastien Besse, merci Sébastien Lallune,
24:31 de L'Éco-Républicain, pour "Une maison plus économe".
24:34 C'est à Lallune de votre journal.
24:36 Merci beaucoup Sébastien Besse et merci Emmanuel Capu.
24:39 – Merci, vraiment, salut.
24:40 – On va évidemment continuer à suivre sur l'antenne de Public Sénat
24:43 vos débats dans l'hémicycle, ça dure jusqu'à dimanche minuit.
24:46 Merci beaucoup Emmanuel Capu d'avoir été avec nous.
24:49 Et dans 20 minutes, dans le Club, on va revenir sur l'examen de ce texte au Sénat.
24:52 On en parle d'ailleurs tout de suite avec notre prochaine invitée,

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