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Début 1985, une « petite main » déferle dans les collèges et les lycées, s'imposant comme le signe de ralliement d'une jeunesse révoltée par les crimes racistes, les violences policières et la percée de l'extrême droite.
Un an après la « Marche des beurs », des centaines de milliers de manifestants se joignent aux enfants d'immigrés pour dénoncer les discriminations et les inégalités... Un concert géant est organisé à Paris, place de la Concorde, tandis que des intellectuels, des journalistes, des vedettes du show-biz s'engagent aux côtés de SOS Racisme, l'association présidée par Harlem Désir. Touche pas à mon pote devient le slogan phare du mouvement antiraciste et le symbole de toute une génération.
Mais derrière ces mobilisations de masse, se dessine une autre histoire dans les coulisses du pouvoir, sur fond de montée inexorable du Front National. Une histoire méconnue, racontée ici pour la première fois par ses principaux acteurs.

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00:00...
00:00Touche pas, touche pas à mon pote.
00:07Peut-être avez-vous déjà vu ce badge.
00:10Touche pas à mon pote, ça vous dit ?
00:11Ah, touche pas à mon pote. Ah oui, bien sûr.
00:14Ah, ça. On en a tellement entendu parler.
00:17Au début des années 80, une petite main fleurit sur les vestes en jean de milliers de jeunes.
00:23Dans les collèges, les concerts et les manifs,
00:26elle devient bientôt le symbole de toute une génération.
00:28Un signe de ralliement contre le racisme et la montée de l'extrême droite.
00:34Mais derrière ce cri du cœur, une autre histoire se dessine dans les coulisses du pouvoir.
00:38En mai 1981, la gauche revient au pouvoir après 23 ans d'opposition.
01:06Un immense espoir gagne le pays.
01:10Son programme tient en un slogan.
01:12Changer la vie.
01:14Porté par l'élan de la victoire, une poignée d'étudiants d'extrême gauche,
01:17réunis autour de la figure charismatique de Julien Bray,
01:20peut s'inviter dans le jeu politique.
01:24Il quitte alors les organisations trotskistes pour se rapprocher du nouveau pouvoir.
01:27Parmi eux, un jeune étudiant de 21 ans, Arlem Désir.
01:35Moi, je suis un étudiant militant, notamment dans le syndicalisme étudiant.
01:42J'étais à la manifestation à la Bastille le 10 mai au soir.
01:45Ça a beaucoup marqué, je pense, les jeunes militants que nous étions.
01:50Comme beaucoup de Français, on s'est engagés.
01:52Beaucoup d'entre nous venons de l'extrême gauche,
01:55mais on a en même temps eu la volonté de plutôt participer à ce grand mouvement
02:01depuis 1981 qui a représenté l'arrivée de la gauche et du Parti socialiste au pouvoir,
02:08en militant dans ce parti.
02:09Parce qu'il nous semble que c'est là que la gauche a la possibilité de transformer le pays.
02:13Je suis une étudiante sérieuse, je suis militante.
02:17Je suis militante à la fois à la Ligue communiste révolutionnaire,
02:21je suis militante féministe et on est aussi, avec tout ce milieu,
02:26aussi militante dans le syndicalisme étudiant.
02:29Tous ces gens s'affrontent, débattent, se construisent dans le milieu étudiant.
02:35Le but d'un militant étudiant à cette époque, c'était de mettre son amphi en grève.
02:39Il y a toujours une bonne raison de mettre un amphi en grève.
02:41Et évidemment, à l'université Vitaneuse Paris XIII, ça bouillonne.
02:46Et quand la gauche vient de gagner, tu veux en être.
02:49Et tu te dis que tu vas essayer de participer à ce grand mouvement de transformation de la société,
02:55et tout particulièrement pour la jeunesse.
02:57Et donc, on est un certain nombre à quitter les organisations d'extrême-gauche
03:01pour rejoindre le Parti socialiste.
03:04En plus, le Parti socialiste, c'est un parti dans lequel il y a une diversité.
03:06Donc, chacun peut venir avec ce qu'il est et trouver sa place.
03:10En même temps, le début des années 80,
03:22et je pense que les gens qui n'étaient pas nés à cette époque
03:25ou qui n'ont pas vécu cette époque ne le savent pas,
03:29c'est que c'est une époque pendant laquelle les crimes racistes sont fréquents.
03:32et passent souvent en dessous du radar.
03:40Moi, je suis un enfant d'une fin de guerre.
03:43Je suis né dans les années 63 en Algérie.
03:46Au tout début des années 70, on est venu en France.
03:49On est arrivé à Vénissieux et on a bénéficié d'un grand F5.
03:53Donc, c'est des immeubles très verticaux.
03:54On avait 20 ans, on voulait vivre comme tout le monde.
03:59Une élection présidentielle arrive en 1981.
04:02Un candidat de la gauche qui était censé changer la vie des gens.
04:07On avait espoir, on l'attendait.
04:10C'est arrivé, mais la vie n'a jamais changé.
04:12Le racisme s'étend en France
04:15et c'est surtout un racisme anti-maghrébin.
04:18Il faut savoir qu'à cette époque-là,
04:19tous les 2-3 jours, vous aviez un jeune
04:22avec un prénom à connotation maghrébine
04:24qui se faisait abattre jusqu'à des gamins de 10 ans
04:27parce qu'ils ont fait trop de bruit,
04:29parce qu'ils ont fait péter un pétard.
04:32C'était vraiment ce qu'on appelait, nous,
04:34l'époque des tontons flingueurs.
04:36On a vu arriver une quinzaine de personnes
04:38crânes rasées, habillées, entraînées,
04:41avec des barres dans les mains, des chaînes, tout.
04:44Tout d'un coup, ils ont crié
04:45« Amor les Arabes, vive la France libre »,
04:49des trucs comme ça.
04:50C'est là qu'ils ont commencé à mettre
04:51des coups de poing, des coups de barbe, tout.
04:54Puis il y en a un qui est arrivé vers moi,
04:55il a commencé à me déchifter avec le rasoir.
04:58Et la police, qu'est-ce qu'elle fait ?
04:59La police, elle fait des rondes,
05:02mais on a l'impression que c'est...
05:04qu'elle nous contrôle, nous,
05:05au lieu de contrôler les agresseurs.
05:07On se sent plutôt agresseur qu'agressé.
05:09Ça peut paraître absurde dans la France des années 80,
05:12mais quand vous étiez un gosse d'immigrés
05:14de 14, 15 ans,
05:16il fallait faire attention.
05:17Il ne fallait pas rentrer dans n'importe quel café.
05:20Il ne fallait pas traîner le soir n'importe où.
05:22Les contrôles de police,
05:23qui commençaient à devenir réguliers,
05:25tout le temps, tout le temps.
05:26Je dirais presque qu'on vivait avec.
05:29Ça révoltait, mais on vivait avec
05:31parce qu'on n'avait pas beaucoup de choix.
05:32Et je pense que le reste de la société
05:34le voyait sans le voir.
05:36Et c'était une zone un peu comme ça,
05:40ambiguë,
05:40où le racisme était normal en France.
05:51En 1983,
05:53le Front National, jusqu'alors marginal,
05:55obtient ses premiers succès électoraux.
05:58À Dreux,
05:58il recueille près de 17 % des suffrages
06:00et scelle une alliance inédite avec la droite.
06:03Dans le 20e arrondissement de Paris,
06:06Jean-Marie Le Pen dépasse les 10 %.
06:08Le Front National fait irruption
06:10dans le paysage politique français.
06:15Le début des années 1980,
06:17c'est aussi la première percée électorale
06:19du Front National
06:20qui se produit sous l'effet de plusieurs facteurs.
06:23Il y a une alliance qui se met en place
06:24entre droite et extrême droite.
06:26Et ça, c'est une grande nouveauté
06:27dans la vie politique de cette époque-là.
06:30Et qu'est-ce qui se passe à Dreux ?
06:31Tout le monde a oublié.
06:32Mais à Dreux,
06:33il y a un accord
06:34entre la droite républicaine et le FN.
06:36Et ça, ça fait peur.
06:39La campagne électorale a prouvé, en tout cas,
06:41que la lutte sur les thèmes du Front National
06:45était bonne,
06:46contre l'immigration,
06:47contre l'insécurité.
06:49Parce qu'on en a mort, c'est tout.
06:50Alors on vous pique le sac dans la rue,
06:54on se bat ici,
06:55on vous sort le couteau,
06:56on ne peut pas sortir la nuit
06:57parce qu'on est attaqués,
06:58on ne peut rien faire.
06:59On est obligé sur le boucle à la maison.
07:00Je suis française,
07:01je veux que mon territoire soit défendu.
07:03Comme n'importe quel animal défend son terrain,
07:06n'importe quel animal défend son territoire.
07:09Les propos racistes,
07:10les acteurs racistes,
07:11trouvent en 1983
07:13un prolongement politique,
07:15une organisation politique,
07:16l'EFN de Jean-Marie Le Pen,
07:18qui va leur donner
07:19une consistance supérieure.
07:23L'extrême droite articule
07:25ces sujets traditionnels
07:28de xénophobie,
07:30de racisme,
07:31de haine de l'étranger
07:31avec des problèmes
07:33qui marquaient
07:34la vie politique,
07:35en particulier
07:35la montée du chômage
07:36en ressortant
07:37un bio-thème classique
07:40de désignation de l'étranger
07:42comme responsable
07:43des tensions
07:44sur le marché du travail.
07:45Au terme de la guerre d'Algérie
07:50le 19 mars 1962,
07:52avec l'arrivée en France
07:53d'un nombre très important
07:54de pieds noirs,
07:55cette défiance
07:57qui peut se transformer en haine
08:00à l'endroit des Algériens
08:02va se reporter
08:04et se porter
08:05sur les émigrés algériens
08:09présents en grand nombre.
08:11C'est ça la France des années 80.
08:13Cette espèce de...
08:15de double face,
08:17c'est-à-dire la gauche
08:18qui gouverne,
08:18les valeurs de la gauche
08:19d'un côté
08:19et puis d'un autre côté
08:20les crimes racistes,
08:23le racisme
08:23clairement anti-arabe
08:26et la percée
08:27du Front National
08:28sur des discours
08:31clairement racistes.
08:38À Vénissieux,
08:39dans la banlieue de Lyon,
08:41Jamel Attala
08:41et son ami Toumi Jaïja
08:43fondent SOS Avenir Minguet.
08:45une association
08:46pour lutter
08:46contre le racisme
08:47et les discriminations.
08:49L'existence de 2500 logements
08:51vides aux Minguet
08:52est un scandale
08:53alors que tant de familles
08:54sont mal logées.
08:56Bon,
08:56tu demandes un logement,
08:57il est vide,
08:58on te le refuse
08:59parce que tu es arabe
08:59ou étranger,
09:00on n'est pas d'accord.
09:02Mais durant l'été 83,
09:04un nouvel affrontement
09:05avec la police dégénère
09:06et Toumi est blessé par balle.
09:08avec d'autres jeunes
09:12du quartier,
09:13ils se lancent alors
09:13dans un pari fou,
09:15une marche pacifique
09:16à travers le pays.
09:17Tout le monde marchait,
09:22ça venait de partout.
09:23C'était une marche
09:23de toutes les couleurs.
09:26C'était une marche
09:26de la France.
09:29Les revendications,
09:30c'était des revendications
09:31très simples.
09:32C'était simplement
09:33l'application des règles
09:35républicaines
09:36pour tous,
09:38même pour celui
09:38qui s'appelle
09:39Jamel Mohamed
09:40ou Pereira
09:41ou Traoré.
09:42C'était aussi simple
09:43que ça.
09:45Dès qu'on est partis
09:46à l'Est,
09:47il y a eu un avènement
09:48important,
09:48on était autour
09:49de novembre
09:50et il y a eu
09:51le fameux meurtre
09:52crapuleux
09:54Abim Grimzi
09:55et là,
09:56c'était un choc,
09:57un véritable choc
09:58pour tout le pays.
10:00La France venait
10:01de découvrir
10:02en fait
10:02le niveau
10:03et le degré
10:04de racisme
10:05dans lequel on était.
10:06C'est un mélange
10:07de stupeur
10:07et d'indignation
10:08qui se manifeste
10:09un peu partout
10:10après l'assassinat
10:11horrible
10:11d'un jeune nord-africain
10:12de 26 ans.
10:13Abib Grimzi
10:14a été jeté
10:15par la fenêtre
10:16du train
10:16Bordeaux-Vintimille
10:17après avoir été
10:18proprement massacré
10:19par de futurs recrues
10:21de la légion étrangère.
10:22Ça se passe
10:23au moment
10:23où il y a la marche.
10:24Donc forcément,
10:26la marche
10:26devait réussir
10:27et le lendemain,
10:29la presse nationale,
10:30toute la presse nationale
10:31était focalisée
10:33sur la marche.
10:36Le 3 décembre 1983,
10:39les marcheurs
10:39arrivent à Paris.
10:41Marseille d'assassinat.
10:43Ils étaient seulement
10:4423 au départ de Marseille.
10:46Ils sont désormais
10:47100 000 à défiler
10:48dans la capitale.
10:49Honnêtement,
10:50ce jour-là,
10:50tout le monde
10:51y croyait véritablement,
10:53profondément.
10:54C'était...
10:55Il y a des mots
10:57qu'il faudrait inventer
10:58pour qualifier
10:58cette journée.
11:00C'était hyper,
11:01hyper électrique,
11:02mais vraiment.
11:03On entendait même
11:04les gens dire
11:04ça y est,
11:05on y arrive,
11:07on a trouvé la voie.
11:09Ce qui m'avait marqué
11:13quand je suis arrivé
11:14à la manif,
11:14c'était la première
11:15manif de ma vie.
11:15Je n'aurais jamais été
11:16dans une manif avant,
11:18je ne savais même pas
11:18ce que c'était.
11:19C'était massif
11:20et surprenant.
11:21En fait,
11:21je crois que tout le monde
11:22était surpris
11:22de ce qui se passait.
11:25Le lendemain,
11:26Jamel Attala
11:26et une délégation
11:27de marcheurs
11:28sont reçus
11:28à l'Elysée
11:29par François Mitterrand.
11:30J'ai tout à fait
11:34l'impression
11:35d'être témoin
11:36d'un mouvement
11:36qui est,
11:38c'est ainsi du moins
11:39que je le perçois,
11:39qui est au fond
11:40sans précédent.
11:41Sans précédent
11:42parce que c'est un mouvement
11:43qui est autonome
11:44des forces politiques
11:45traditionnelles,
11:46des organisations
11:46syndicales traditionnelles,
11:47des associations
11:48des défenses
11:49des droits de l'homme
11:49parce que c'est un mouvement
11:51qui, d'une part,
11:53est à l'initiative
11:53des premiers concernés
11:54comme on le dit aujourd'hui
11:55et qui est animé
11:56par ces premiers concernés.
11:57Donc la marche pour l'égalité
11:58contre le racisme
11:59qui sera renommée
12:00Marche des Beurres
12:00notamment par le journal
12:01Libération
12:02et qui est un moment
12:03qui va marquer
12:04la politisation,
12:06la visibilisation
12:07de ce qu'on va appeler
12:08la seconde génération.
12:09Donc c'est-à-dire
12:09des gens qui sont nés en France
12:11ou qui sont arrivés
12:12très tôt en France
12:12mais surtout
12:13dont on prend conscience
12:14qu'ils vont rester,
12:15qu'ils vont s'installer
12:16et donc qui font partie
12:16de la société française.
12:17On n'est pas des beurres.
12:19On est simplement
12:20des Français un peu colorés,
12:23des Français pas acceptés,
12:24des Français pas admis
12:25jusqu'au jour
12:27où la République
12:27elle se décidera
12:28d'appliquer ses règles
12:29et à ce moment-là
12:30on pourra se sentir
12:31véritablement français.
12:42Ceux de la Ligue,
12:43on a vraiment été élevés
12:44à la culture
12:45du mouvement social,
12:46à l'auto-organisation.
12:48Donc on regarde
12:49ce mouvement
12:50avec intérêt
12:51mais d'un certain point de vue,
12:55c'est pas le nôtre.
12:56On était des jeunes militants
12:58hyper politisés.
13:00Tout ce qui émergeait
13:02comme mobilisation
13:03d'une façon générale
13:05dans la société
13:07nous intéressait
13:08et on ressentait
13:09nous-mêmes
13:10à l'université
13:11et dans la jeunesse
13:12en général autour de nous
13:13une disponibilité,
13:15une envie
13:16de se battre
13:18contre le racisme.
13:18Et en tant que militants
13:20socialistes
13:20on s'ennuie un peu
13:21au Parti socialiste
13:22la vérité.
13:23Nous on était arrivés
13:23de la Ligue,
13:24on était super bons,
13:25on était formés,
13:26on avait mis nos amphis
13:26en grève,
13:27on était calme
13:28de raconter l'histoire
13:28du mouvement ouvrier
13:29et puis on s'attendait
13:30à ce qu'on nous déroule
13:31le tapis rouge
13:32et puis en fait
13:32pas du tout.
13:33Dans leurs yeux
13:33on est toujours
13:34des trotskistes
13:35et on est toujours
13:36susceptibles de monter
13:37les coups les plus tordus.
13:39Donc oui, voilà,
13:40on s'ennuie
13:41au Parti socialiste
13:42et comme on s'ennuie
13:45comme notre culture
13:46c'est celle
13:46du mouvement social
13:47on commence à réfléchir
13:49de qu'est-ce qu'on peut faire.
13:51En octobre 1984
13:52Julien Drey
13:53et Harlem Désir
13:54déposent les statuts
13:55d'une nouvelle association.
13:57SOS Racisme
13:58est né.
14:00Donc c'est des gens
14:02qui sont au Parti socialiste
14:03mais qui n'ont pas
14:03de perspective de progression
14:04au sein de l'appareil
14:05et qui donc passent
14:06par l'extérieur
14:07et qui vont mettre
14:08sur pied
14:08une organisation de masse.
14:10Ils comprennent
14:10les pulsations
14:11de la jeunesse
14:12ils comprennent
14:12qu'il y a quelque chose
14:12qui se passe
14:13qu'il y a une matrice là
14:14et ça c'est un vrai talent
14:15un vrai talent politique
14:16de la part de Julien Drey
14:17c'est qu'il a senti
14:18qu'il y avait quelque chose
14:18qui était en train de se lever.
14:20On est un certain nombre
14:20et en particulier
14:22autour de Julien Drey
14:23à dire
14:25on ne peut pas laisser
14:26l'extrême droite
14:27et le racisme
14:28s'installer
14:29dans la vie politique française
14:31sans réagir.
14:33Julien est un très bon théoricien
14:35un très bon stratège
14:36déjà à l'époque
14:37et à partir de là
14:38on commence à élaborer
14:39et mettre sur papier
14:41ce que pourrait être
14:43un mouvement antiraciste.
14:48Après deux ans au pouvoir
14:49les socialistes
14:50prennent le tournant
14:51de la rigueur
14:52et adoptent
14:52des mesures impopulaires.
14:54Le chômage grimpe
14:55la droite guette
14:56et la montée
14:57du Front National inquiète.
14:59Affaibli
14:59Mitterrand cherche
15:00un second souffle
15:01pour reconquérir l'opinion.
15:03Pour Julien Drey
15:04et ses amis
15:04l'heure est venue
15:05de montrer
15:06de quoi ils sont capables.
15:07ils adressent une note
15:08à l'Elysée.
15:18On avait des réseaux
15:19quand même
15:20après tant d'années
15:21au mouvement étudiant
15:21et pour faire arriver
15:23la note
15:24jusque sur le bureau
15:25je pense de Jean-Louis Bianco
15:26et du bureau
15:27de Jean-Louis Bianco
15:28la note
15:29est redescendue
15:30chez François Hollande
15:31qui est devenu
15:32l'interlocuteur
15:33de SOS
15:34et en particulier
15:35de Julien et de l'Elysée.
15:36C'est comme ça
15:37qu'on a rencontré
15:38un jeune conseiller
15:39qui s'appelait
15:39François Hollande.
15:42Je suis alerté
15:43par Jean-Louis Bianco
15:44qui est secrétaire général
15:46de l'Elysée
15:47à ce moment-là
15:48et qui m'informe
15:51qu'il y a une initiative
15:52qui lui a été présentée
15:54et qui commence
15:54à se former
15:55dans les milieux étudiants
15:57et donc l'Elysée
16:00regarde ça
16:00avec attention.
16:01Dans cette note
16:08les fondateurs
16:09de SOS Racisme
16:10exposent leur stratégie
16:11mobiliser la jeunesse
16:13autour de l'antiracisme
16:14pour favoriser
16:15la réélection
16:15de Mitterrand
16:16en 88.
16:18SOS Racisme
16:18amène une pierre
16:19qui est extrêmement importante
16:20parce qu'il va construire
16:21un mouvement
16:22très populaire
16:23consensuel
16:24c'est-à-dire
16:25que les fondateurs
16:25de SOS Racisme
16:26vont mettre à disposition
16:27de François Mitterrand
16:28un objet
16:29qui répond
16:30à ses propres ambitions
16:31à son propre agenda
16:32qui est de fédérer
16:33l'opinion publique
16:34la plus large possible
16:35autour de la gauche
16:36sur des questions
16:37qui sont des questions
16:37de valeur
16:38de fraternité
16:39contre les relents
16:40les plus xénophobes
16:41dans la population.
16:42On est en plein tournant
16:43de la rigueur
16:43on est au moment
16:44où Mitterrand
16:45tourne le dos
16:45à ses promesses
16:46et trahit le peuple de gauche
16:47qui avait voté pour lui
16:48et il y a donc
16:49ce choix
16:50de la part du pouvoir
16:51mitterrandien
16:52de prendre en main
16:52bichonner
16:53aider
16:54cette jeune organisation
16:55de jeunes sympas.
16:57On est assez
16:58sûrs de nous
16:59c'est-à-dire qu'on sait
17:00que ce qu'on fait
17:01peut marcher.
17:03Ça n'existe pas
17:04les mouvements sociaux
17:05qu'on invente
17:06dans un bureau
17:07et qu'on plaque
17:08comme ça
17:09dans la société.
17:10Si la société
17:11n'est pas disponible
17:11s'il n'y a pas de besoin
17:12s'il n'y a pas d'attente
17:13ça ne marche pas.
17:14D'autant qu'on venait
17:14exactement au même moment
17:15de faire sortir
17:16de sa boîte
17:17l'ogre absolu
17:18le diable Le Pen
17:19que moi-même
17:19j'avais vu à la télévision
17:20et qui m'avait fait
17:21très très peur.
17:22Mon père m'avait dit
17:28tu vois ce monsieur
17:29avec ses cheveux
17:30blonds paillasses
17:31qui gesticulent
17:31sur le plateau
17:32de télévision
17:32tu vois mon fils
17:33c'est le diable.
17:34Ce sont les gens
17:35qui veulent
17:37fermer les yeux
17:37qui veulent frapper
17:38cette question de tabou
17:40qui portent
17:40la responsabilité
17:41des conséquences
17:43racistes
17:43de cette politique
17:44et non pas ceux
17:45qui sonnent l'alerte.
17:46Monsieur Le Pen.
17:47Très clairement
17:48Mitterrand
17:48a utilisé
17:51le Front National
17:52pour diviser la droite
17:53et pour fédérer la gauche
17:54autour d'un pôle antiraciste
17:56évidemment
17:56qui va faire ensuite
17:58le lit des premiers succès
17:59des SOS Racisme
18:01avec un jeu mimétique
18:02très très clair
18:03entre SOS Racisme
18:04et le Front National
18:05ces deux petites entreprises
18:07qui n'auraient jamais pu
18:08prospérer l'une sans l'autre.
18:10Il y a une réaction
18:11épidermique
18:12face à la résurgence
18:14de l'extrême droite
18:15de la plurance.
18:16Ça va nourrir
18:16une mobilisation
18:18assez forte
18:19notamment dans la jeunesse
18:20parce qu'on ne tolère pas
18:21ce discours
18:22et la virulence
18:24de ce discours-là.
18:25Une des choses
18:25importantes
18:27qu'a fait SOS
18:29pour défendre
18:30l'idée du cordon sanitaire
18:32c'était de mobiliser
18:33des dirigeants
18:34à la fois de la gauche
18:36et de la droite
18:36à s'engager
18:37à ne jamais faire d'alliance
18:39avec le Front National.
18:40Donc on va travailler
18:41aussi beaucoup
18:42avec y compris
18:44des membres éminents
18:45de la droite républicaine
18:46à faire que ça soit
18:47bien étanche
18:48entre la droite républicaine
18:49et le Front National.
18:50Vous nous avez parlé
18:53de ce badge.
18:54Alors je le montre
18:55
18:55cette main ouverte
18:57
18:57où il y a écrit
18:58touche pas
18:59à mon pote.
19:00Voilà.
19:01La première fois
19:01que j'entends parler
19:01de SOS Racisme
19:02j'ai exactement 11 ans
19:04et on regarde en famille
19:05l'émission 7 sur 7
19:07animée par Anne Sinclair
19:08et Simone Signoret
19:09est invitée
19:10et moi je me souviens
19:11je regarde Simone Signoret
19:12qui s'oppose au racisme
19:14qui dit
19:15il faut rejoindre
19:15cette association
19:16et moi j'ai qu'une seule
19:17envie, qu'une seule volonté
19:18qu'un seul souhait
19:19quand je vais au collège
19:20le lendemain matin
19:20ou trouver un badge.
19:22C'est combien un badge ?
19:235 ?
19:24Quand j'ai appris
19:26qu'il faisait des badges
19:27contre la France
19:28j'ai pas hésité
19:29j'en ai tout de suite
19:30acheté pour toute la famille
19:31et je suis très content.
19:32On savait qu'il fallait un badge
19:33parce que l'idée c'était
19:35je m'affiche
19:35et que le maximum de gens
19:37s'affichent
19:38pour montrer
19:39un mouvement large
19:41dans la jeunesse
19:42et pour que les gens
19:43se reconnaissent
19:44se parlent
19:45et se sentent nombreux
19:46et solidaires
19:47donc on savait
19:47qu'il fallait un badge
19:48et après
19:49on va faire appel
19:51à des professionnels
19:53et c'est avec Pilon
19:55que c'est la bourre
19:56la petite main
19:57dans laquelle
19:58on écrit
19:59Touche pas mon pote
20:00ça veut dire
20:00c'est halte quoi.
20:01Un slogan choc
20:03très court
20:03des mots simples
20:04mais forts
20:05la recette miracle
20:06l'idée dont rêvent
20:07tous les publicitaires
20:08Et c'est bien
20:09une opération de com
20:10de génie
20:11qui est prise en main
20:11par les communicants
20:12de l'Elysée
20:13comme Jacques Pilon
20:14le sorcier d'Elysée
20:15qui invente le badge
20:16à la main ouverte
20:17à mi-chemin
20:17entre la main de Bouddha
20:19et celle de Fatma
20:20Le badge
20:21c'est une sorte
20:21de ralliement
20:22entre les antiracistes
20:23ça prouve aux gens
20:25que
20:26porter le badge
20:27c'est déjà une première étape
20:28pour lutter
20:29tu montres aux gens
20:31que t'es pas d'accord
20:32avec eux
20:32que tu portes ce badge
20:33Je crois que derrière
20:35le côté
20:35communication
20:37moderne
20:38goodies
20:39comme on dirait aujourd'hui
20:40en fait
20:41c'est des outils
20:42qui ont percuté
20:43un changement
20:43dans la forme
20:45d'engagement
20:45en France
20:46C'est que tout d'un coup
20:47on vous demande
20:47à toi personnellement
20:48est-ce que t'es raciste
20:49ça fait déjà longtemps
20:50que je le voulais
20:51pourquoi tu le voulais
20:52c'est contre Hassim
20:54je trouve que
20:55c'est bien de faire ça
20:56et effectivement
21:00à partir du moment
21:01où on commence
21:01à sortir la petite main
21:02les demandes affluent
21:04les commandes arrivaient
21:05de partout
21:06on pouvait pas tourner
21:07la tête
21:07si on voyait pas
21:08une petite main
21:09au local de SOS Racisme
21:11jeudi dernier
21:12en quelques heures
21:1345 000 badges
21:14ont été vendus
21:15on était étonné
21:18en tous les cas
21:18moi très étonné
21:19par la force
21:20et la puissance
21:21des moyens
21:22qui avaient été mis
21:23en place
21:24autant nous
21:25pendant la marche
21:26on faisait du bricolage
21:28mais là
21:30comme ça
21:31avec la petite main
21:32qui est arrivée
21:34c'était la Formule 1
21:36et moi
21:38moi j'appelle un copain
21:39je lui dis
21:39mais t'as vu hier
21:40je crois que je l'avais vu
21:42à droit de réponse
21:43qui était une top émission
21:45de l'époque
21:45et j'ai dit
21:47il m'a dit
21:47ouais
21:47ça dirait pas
21:48qu'on aille voir
21:49comment ça marche
21:50cette assoce
21:50puis on y a été
21:51j'ai trouvé ça bien
21:52j'ai été accueilli
21:53on m'a dit
21:55écoute rentre
21:55si tu veux filer un coup de main
21:56vois ce que tu peux faire
21:58SOS Racisme bonjour
22:00bonjour
22:01je vous ai vu
22:02à l'émission
22:02de Michel Polak
22:03la Voix de Réponse
22:04et donc
22:05il y a une prise de conscience
22:06qui s'opère
22:07dans la tête
22:08de plein de gens
22:09et qui vont
22:10changer leur façon
22:12de voir la société
22:13et qui vont accepter
22:13que la société
22:15d'accepter une société française
22:16qui n'est pas blanche
22:17qui est de toutes les couleurs
22:19qui est diverse
22:20qui est métissier
22:21SOS Racisme
22:22SOS Racisme
22:23touche pas à mon pote
22:24SOS Racisme
22:26touche pas à mon pote
22:27on se disait
22:28réussir à mobiliser
22:30des personnalités
22:31des artistes
22:32des vedettes
22:33des gens qui sont visibles
22:35nous on était
22:35totalement inconnus
22:36évidemment
22:37pour donner de l'écho
22:39à notre mouvement
22:41ça pourrait être
22:42une façon
22:43de passer
22:45à une étape supérieure
22:45et donc
22:46on déploie
22:47tout ce qu'on peut
22:48déployer
22:48comme réseau
22:49connaissance
22:50pour arriver
22:51à accrocher
22:52des personnalités
22:53qui vont
22:54porter le badge
22:55de manière visible
22:57en particulier
22:57à la télévision
22:58pour populariser
23:00et faire connaître
23:00le badge
23:01L'association
23:02SOS Racisme
23:03organise aujourd'hui
23:04une série de manifestations
23:06à travers toute la France
23:07et notamment
23:08dans les établissements scolaires
23:09comme ce matin
23:10au lycée Henri IV
23:12à Paris
23:12avec la participation
23:14exceptionnelle
23:15de Coluche
23:16qui à sa façon
23:16est venue
23:17devant les élèves
23:18traiter de ce problème
23:19Il y en a qui sont beurre
23:21parmi vous
23:21comme on dit
23:21moi je suis fromage
23:23mais d'origine parmesan
23:26quand même
23:26Je suis juif polonais
23:27je suis venu en France
23:29je me suis réfugié ici
23:30comme des millions
23:31de maghrébins
23:32des africains
23:33des juifs aussi
23:34Je suis quoi ?
23:36Vous avez toute une série
23:37de petites mains
23:38alors je reconnais
23:39elle ne touche pas à mon pote
23:40la couleur jaune orange
23:41mais il y en a d'autres
23:42Le racisme est ringardisé
23:43et l'antiracisme
23:45est en train de devenir
23:46dominant en France
23:46Je joue ça très beau
23:51Je suis ravie
23:52Il y a une fringale
23:53il y a un enthousiasme
23:54journalistique incroyable
23:55on n'a jamais vu
23:56une association
23:57fédérer autant
23:58de journalistes
23:59et on comprend très vite
24:00que le SOS de cette époque-là
24:02c'est avant d'être
24:03une construction militante
24:05c'est d'abord et surtout
24:06une construction médiatique
24:07qui repose son lancement
24:09quasi exclusivement
24:10sur les médias
24:11et sur les stars du showbiz
24:14c'est SOS showbiz
24:15comme on l'a parfois
24:16caricaturé à l'époque
24:17on avait les journaux
24:18puis on était là
24:18on cherchait
24:18Julien Clerc
24:19passe à 7 sur 7
24:21donc il faut aller
24:22chez Julien Clerc
24:23qui va porter le balle
24:24chez Julien Clerc ?
24:25Arlem Désir
24:29je m'occupe de lui
24:30Rocky je m'occupe d'Arlem
24:31l'idée du grand concert
24:38arrive en fait
24:39assez vite
24:40assez naturellement
24:41certains d'entre nous
24:42avaient été marqués
24:43par les
24:43les Rock Against Racism
24:45en Angleterre
24:46avec Jimmy Somerville
24:48les Clash
24:48etc
24:49qui était une autre façon
24:50de mobiliser
24:52très largement
24:52au-delà
24:53d'un public
24:54militant traditionnel
24:55quand Julien Drey
24:57arrive dans mon bureau
24:58je le connais absolument pas
24:59j'en ai jamais entendu parler
25:01et il me dit
25:02voilà
25:03pour donner de l'impact
25:05à l'association
25:06on va organiser un concert
25:07à la mutualité
25:08au mois de juin
25:08vu l'impact de l'association
25:10vu l'impact du badge
25:12vu tout le monde
25:13portait le badge
25:13et donc forcément
25:15le projet
25:16il a pris une toute autre ampleur
25:19et c'est à ce moment là
25:20peut-être
25:21je me souviens plus exactement
25:23mais sans doute
25:23en janvier, février
25:25un truc comme ça
25:26que Julien a dû me dire
25:28bon
25:29la mutu
25:30c'est peut-être un peu petit
25:31donc on va peut-être
25:33réfléchir à autre chose
25:34et
25:35on va faire la concorde
25:37il m'a dit
25:37Julien était complètement cinglé
25:39ben non
25:43il l'était pas
25:44manifestement
25:45on passe d'un concert
25:51où on pense rassembler
25:52deux à trois mille personnes
25:53à un projet
25:55où s'il n'y a pas
25:56cent mille personnes
25:57on va passer pour des rigolos
25:58par les discussions
26:04qu'on pouvait avoir
26:05avec des personnalités politiques
26:06en particulier
26:07avec Jean-Louis Bianco
26:09et à l'Elysée
26:11on a pu entrer en contact
26:13avec Jack Lang
26:14et on a présenté notre projet
26:17TF1 était intéressé
26:19parce que
26:19il y avait de plus en plus d'artistes
26:21qui disaient
26:22qu'ils étaient volontaires
26:23pour participer à ce projet
26:25tout le monde regardait ça
26:26avec bienveillance
26:27manifestement
26:28genre
26:30ils sont bien ces petits jeunes
26:31c'est super
26:32maintenant c'est devenu normal
26:39courant
26:40d'organiser des concerts comme ça
26:41mais à l'époque
26:41à l'époque non
26:43donc se pose le problème
26:44des écrans géants par exemple
26:45à l'époque
26:46les écrans géants
26:47ce sont des containers
26:48qu'on empile
26:49les uns sur les autres
26:51qui pèsent le poids
26:52de ce que pèsent les containers
26:53c'est-à-dire très lourd
26:54et donc un des problèmes
26:56auxquels on est confrontés
26:57c'est de calculer
26:59la résistance du sol
27:00de façon à être sûr
27:02que les containers
27:03ne vont pas finir dans le métro
27:04c'est assez impressionnant
27:15quand même
27:15c'est-à-dire que quand on voit
27:16où on en était
27:17il y a huit mois
27:17de construire une scène
27:19de 77 mètres de long
27:20sur la place de la Contore
27:22il manque plus les 100 000 mecs
27:24de l'autre côté
27:24c'est ça
27:25je sais pas
27:27on verra samedi soir
27:28il faut dire 100 000
27:28s'il y en a plus
27:29on sera content
27:29il vaut mieux pas trop rêver
27:31et les dimensions de la scène
27:33étaient disproportionnées
27:35et donc j'ai commencé à me dire
27:38mais il faut qu'il y ait du monde
27:39parce que franchement
27:40d'avoir déployé de tels moyens
27:42si la place n'est pas remplie
27:46ça va faire étrange
27:47Alain Bachon
27:48Guy Bedos
27:49L'Avilliers
27:49Murette
27:50Téléphone
27:50Charlélie Couture
27:51Coluche
27:52et bien d'autres encore
27:53se produiront gratuitement
27:55demain soir
27:55à la place de la Concorde
27:56donc oui quand on voit
28:17petit à petit
28:17la place se remplir
28:18et bien
28:20on se dit que finalement
28:22c'est pas bourré
28:22quand il est minuit
28:25on commence à s'inquiéter
28:26moi je commence à m'inquiéter
28:28en tout cas
28:28il y en a trop
28:29et ça a dépassé
28:33tous nos rêves les plus fous
28:35c'était gigantesque
28:38ce qui est marrant
28:39c'est qu'hier soir
28:39on était ici
28:40on disait
28:40c'était pas très impressionnant
28:41on a fait le tour
28:42on disait
28:43finalement c'est moins impressionnant
28:44puis là
28:44plus on se rapproche de l'heure
28:45et plus j'ai l'impression
28:46qu'on les a tous à zéro
28:47bonjour tout le monde
28:53contre le racisme au quotidien
28:58pour la France multiculturelle
29:00pour que notre logique de vie
29:02pour que la logique de l'amitié
29:04l'emporte toujours
29:05sur celle de la haine et de la mort
29:07et on est très contents
29:10pour le racisme
29:12et on espère qu'il y en aura
29:14encore un petit peu
29:14pour qu'on fasse encore
29:15une belle fête
29:16il y avait un phénomène d'entraînement
29:23par rapport à la jeunesse
29:24et là toutes les stars
29:26que nous réveillons
29:26étaient toutes présentes
29:27jusqu'à 5h du matin
29:28après le concert
29:42il va être 4h-5h du matin
29:44et on regarde la place de la Concorde
29:47en disant
29:47waouh
29:48il y a 3h, 4h
29:50elle était blindée de monde
29:52donc le concert est un immense
29:54un immense succès
29:55et qui va d'ailleurs
29:57se répéter d'année en année
29:58c'est à mon avis
30:02quelque chose
30:02de très très fort
30:04qui a permis
30:05beaucoup
30:05beaucoup de choses
30:06beaucoup plus que le soutien
30:08de certains politiciens
30:09c'est évident
30:09ça a donné un élan
30:11pendant des années
30:12des années au mouvement
30:13plus de 300 000 potes
30:15hier soir
30:16place de la Concorde
30:17tout cela juste et fait bien
30:18la venue à 7 sur 7
30:20Darlem Désir
30:21le président de SOS Racisme
30:23bonsoir et bienvenue ici
30:24bonsoir
30:25vous devenez en quelques mois
30:26le premier mouvement de jeunes
30:27d'une telle ampleur
30:28depuis mai 68
30:30la musique nous a semblé
30:31être le langage privilégié
30:33pour traduire l'idée
30:34que l'amitié n'a pas de frontière
30:36pour traduire l'idée
30:37que la diversité
30:39c'est une richesse
30:39si ça n'était qu'une mode
30:41et un phénomène médiatique
30:42suspendu comme ça
30:44dans le vide
30:45on n'aurait pas pu assister
30:46à la fois
30:46à la très forte mobilisation
30:48après les crimes racistes
30:49que vous avez évoqué
30:50tout à l'heure
30:51et à ce rassemblement
30:52aussi nombreux
30:53hier soir
30:54place de la Concorde
30:55Arlem Désir
31:07à l'époque
31:08un gars
31:08dans des émissions télé
31:09qui a la patate
31:11qui a le sourire
31:12qui est percutant
31:14contre le racisme
31:15mais positif
31:16qui n'est pas reveux
31:18qui n'est pas exactement black
31:20qui n'est pas exactement blanc
31:22plus top
31:22le mec représente tout le monde
31:24et il y a un phénomène Arlem
31:25et sans Arlem
31:26SOS Racisme
31:27n'est pas SOS Racisme
31:28il y a la magie d'Arlem
31:30qui va fonctionner
31:32formidablement
31:33qui est un jeune homme
31:34dans lequel
31:34la jeunesse peut se reconnaître
31:36c'est sûr que d'avoir
31:38un physique comme celui-là
31:39avec un cerveau
31:41comme il a
31:41parce que c'est pas que
31:43et s'appeler
31:44Arlem et Désir
31:45franchement c'est
31:46bah oui
31:46évidemment
31:47c'est sûr
31:49on a voulu dire
31:56touche pas à mon pote
31:57parce que non seulement
31:58c'est un devoir moral
31:59d'être contre le racisme
32:00mais en plus
32:01lorsqu'on humilie
32:02ou lorsqu'on menace
32:03d'expulser un arabe
32:04un asiatique
32:05c'est quelque chose
32:06de nous-mêmes
32:07qu'on risque d'amputer
32:08c'est un de nos amis
32:09donc c'est notre richesse
32:10qui finalement va être atteinte
32:11le succès de SOS Racisme
32:17repose aussi sur son discours
32:19un message simple et positif
32:21qui doit rassembler
32:22le plus grand nombre
32:23dénoncer le racisme
32:25est un devoir moral
32:26C'est un message de bon sens
32:29un message moral
32:30un message sympathique
32:32consensuel
32:32festif
32:33plein de bons sentiments
32:34comment ne pas être
32:36contre le racisme
32:37on est contre la guerre
32:38on est contre le viol
32:39on est contre la violence
32:41on est contre le malheur
32:42on est contre le racisme
32:43qui peut s'opposer
32:44à ce message-là ?
32:46SOS a mis en avant
32:49a porté ce discours
32:51de on est une société
32:53bigarrée
32:55et on a envie
32:58de vivre ensemble
32:59c'est un message
33:01extrêmement positif
33:02C'était joyeux
33:03c'est-à-dire
33:04on luttait contre
33:05un fléau
33:07le racisme
33:08avec une envie
33:10qui était celle
33:11d'une solidarité
33:13qui créait
33:15de l'enthousiasme
33:16et donc je regarde ça
33:19avec non seulement
33:21attention
33:22mais aussi bienveillance
33:25parce que je trouve
33:25que c'est un mouvement
33:26qui justement
33:27n'est pas agressif
33:30parce qu'en fait
33:31c'est pas tellement
33:32les revendications
33:32c'est même pas
33:34d'être anti-raciste
33:36qui était fort
33:36c'était une base
33:37bien sûr
33:38c'était d'être positif
33:40c'est-à-dire
33:41c'était de donner
33:41quelque chose de positif
33:43comme réponse
33:43à la situation
33:44et non pas
33:45de proposer un combat
33:46on a voulu
33:47qu'il y ait des sportifs
33:48on a voulu
33:49qu'il y ait des artistes
33:50on a voulu
33:50qu'il y ait des gens
33:51qui d'habitude
33:52ne prennent pas
33:53vraiment position
33:53sur des problèmes sociaux
33:54mais qui ont envie
33:56de dire
33:56il y a un certain
33:57nombre de valeurs
33:58qui sont communes
33:59qui font la richesse
34:00et qui font le bien
34:01vivre en France
34:02et à ça
34:02on ne doit pas toucher
34:03on ne peut pas
34:03accepter de toucher
34:04est-ce que vous pensez
34:05pas que ça risque
34:05de devenir une simple mode
34:06et que les gens
34:07qui vont porter ce badge
34:08maintenant
34:08ne vont pas vraiment
34:09se poser de questions
34:10sur le racisme
34:10c'était pas une association
34:12qui était dans une lutte
34:15antiraciste
34:15comme notre vision à nous
34:17c'était plus
34:18un peu moraliste
34:19c'est pas bien
34:20d'être antiraciste
34:21c'est pas bien
34:23on va te faire
34:23voilà
34:24mais complètement
34:25dépolitisé
34:26vraiment
34:27et c'était l'objectif
34:28d'ailleurs
34:28il n'est où le problème
34:30de faire de la morale
34:31je ne comprends pas très bien
34:33tout le fondement
34:35de nos sociétés
34:36est de la morale
34:37le mal c'est le racisme
34:39et le bien
34:40c'est l'antiracisme
34:41évidemment
34:41mais très vite
34:44une fracture apparaît
34:45face à ce discours
34:47consensuel et fédérateur
34:48un discours plus politique
34:50dénonce un racisme
34:51ancré dans le fonctionnement
34:52des institutions
34:53le discours
34:55de SOS Racisme
34:57précisément
34:58parce qu'il a
34:58cette ambition
34:59de consensualité
35:00cette ambition
35:00de popularité
35:01dans la société
35:02il doit se construire
35:04sur des dimensions
35:05qui sont peu clivantes
35:06pensez-vous
35:07que le racisme existe
35:08madame
35:08mais non
35:09il existe peut-être
35:10individuellement
35:13pour le dire simplement
35:14le racisme
35:15est considéré
35:16comme une déviance
35:17c'est-à-dire un comportement
35:18un écart
35:18à la norme
35:19et donc un comportement
35:20individuel
35:21c'est-à-dire l'idée
35:22qu'on peut combattre
35:23le racisme
35:24par la discussion
35:25par la lutte
35:26contre les préjugés
35:27mais que ça ne suppose
35:28pas nécessairement
35:29de lutte politique
35:30plus radicale
35:31ou plus structurelle
35:32évidemment
35:33ce discours-là
35:33est assez fortement
35:34critiqué
35:35par d'autres mouvements
35:37antiracistes
35:37dès les années 80
35:38puis peut-être
35:40plus fortement encore
35:40dans les années 90
35:41le problème
35:43il est avec
35:43les autorités politiques
35:45avec ceux qui assument
35:46les responsabilités politiques
35:48pourquoi la république
35:49n'arrive pas
35:50à faire en sorte
35:51que ces principes
35:52soient applicables
35:53à tout le monde
35:53les marcheurs
35:55en fait
35:55ils ont un discours
35:56plus politique
35:57pour le coup
35:58de dénonciation
35:59des inégalités sociales
36:00de volonté
36:01de transformation sociale
36:02ils pensent
36:02qu'il y a un problème
36:03structurel
36:03et systémique
36:05au sein de la société française
36:06SOS Racisme
36:07va au fond
36:08jouer un rôle
36:09d'étouffoir
36:09justement
36:11de la marche
36:13contre le racisme
36:13et pour l'égalité
36:15cette association
36:16ne remet jamais
36:17fondamentalement
36:18en cause
36:19ni l'état
36:20ni les institutions
36:22le grand succès
36:28de SOS Racisme
36:29c'est d'avoir construit
36:30dans les années 80
36:31et par la suite
36:32un mouvement
36:33antiraciste de masse
36:34mais ça c'est vraiment
36:35le noyau des fondateurs
36:36auquel il ne faut pas
36:37résumer SOS Racisme
36:38qui rapidement
36:39va être animé
36:41déployé
36:42par des militants
36:44qui n'ont pas forcément
36:44d'intérêt politique
36:45ou d'engagement
36:46partisan par ailleurs
36:47mais qui sont sensibles
36:48à cette cause
36:48de l'antiracisme
36:49et qui donc
36:50vont faire vivre SOS
36:51SOS c'est pas
36:52qu'une action médiatique
36:53SOS comprend
36:54la force du média
36:57et des médias
36:58qui sont en plus
36:59eux aussi
37:00en train de se libérer
37:01mais il y a aussi
37:02des actions
37:03dans les facs
37:04dans les quartiers
37:05dans les villes
37:06dans les villages
37:07il y a des comités
37:08partout en France
37:10parfois même
37:11dans les familles
37:12on va passer notre temps
37:14à essaimer
37:14si j'ose dire
37:15notre action
37:16notre travail
37:17avec des gens
37:18de bonne volonté
37:19tout le monde fait un peu
37:20tout de toute façon
37:20là-dedans
37:21alors à part
37:22celles qui ont des tâches
37:25très précises
37:25des tâches administratives
37:26et dont le rôle
37:27est de mettre de l'ordre
37:28dans ce bazar
37:29parce que c'est quand même
37:31un fichu bazar
37:31tout le monde fait tout
37:33il y a des comités SOS
37:34partout
37:35partout
37:35partout
37:35ils se déplacent
37:36à chaque fois
37:37qu'il y a un acte raciste
37:38qui est commis
37:40quelque part
37:40pour aller mobiliser
37:42faire réagir
37:44pour que ces actes racistes
37:45qui se produisent
37:46en France à ce moment-là
37:47soient pas banalisées
37:49ou silenciées
37:50comme on dirait aujourd'hui
37:51je crois que ce qui était important
37:52c'était de faire la démonstration
37:54que l'agression
37:54n'était pas un fait divers
37:56tout à fait banal
37:57mais qu'il y avait
37:57une motivation raciste
37:59les amis me proposent
38:00puisque j'étais étudiante en droit
38:02de prendre en charge
38:04la commission juridique
38:05c'est-à-dire
38:06celle qui reçoit
38:06les gens victimes
38:07de discrimination
38:08de violence
38:11notamment policière
38:13mais pas que
38:14oui vous m'avez dit
38:15au téléphone
38:15que vous avez l'habitude
38:16de louer
38:17à des gens
38:18qui sont pas forcément
38:18de nationalité française
38:19et que les autres
38:20c'est le chèque qu'on refuse
38:22parce que
38:23le nom est pas français
38:24c'est l'emploi
38:26qu'on ne donne pas
38:27parce que
38:28le faciès
38:28c'est pas le bon
38:29c'est le logement
38:31qui n'est pas outroyé
38:33franchement
38:33c'est tous les sujets
38:34tous les sujets
38:35on a des convictions
38:36et on est surtout
38:38une bande de copains
38:38pendant des mois
38:40et des années
38:42même pour certains
38:42on va vivre ensemble
38:44H24
38:45c'est-à-dire
38:46on ne fait que ça
38:47on vit au local
38:48la rue Martel
38:49il y en a qui mangent
38:50des fois il y en a qui dorment
38:51d'ailleurs
38:51parce qu'il y a des gens
38:52qui sont en galère
38:53donc on arrive le matin
38:54d'en trouver un dans un duvet
38:55et puis on est
38:56on est fasciné par ce qu'on fait
39:00voilà
39:00on regarde ça
39:02on dit
39:02waouh
39:03Arlène Désir et Julien Drey
39:13disent aussi
39:13qu'ils se détachent du PS
39:15et qu'ils deviennent indépendants
39:16mais bon
39:17pour devenir indépendant
39:18il faudrait qu'ils m'envoient
39:18un carton à chaussures
39:19à moi ou aux journalistes
39:20avec toutes leurs cartes
39:21du parti socialiste
39:22et puis qu'on les brûle
39:23en place publique
39:24êtes-vous comme le disent
39:25vos détracteurs
39:26une pure création des médias
39:28et du parti socialiste
39:29ou bien est-ce que vous représentez
39:31une nouvelle façon
39:32comme le disent vos fans
39:33une nouvelle façon
39:34de faire de la politique
39:37SOS Racisme a construit
39:39l'image d'un mouvement apolitique
39:41d'abord parce que
39:42pour être le plus large possible
39:43dans l'opinion publique
39:44pour avoir des relais médiatiques
39:46les plus larges possibles
39:46il fallait surtout ne pas paraître
39:48comme étant inféodé
39:49un mouvement politique
39:50c'est un peu difficile de dire
39:52qu'SOS Racisme
39:53était apolitique
39:54mais on avait pris la décision
39:57en tout cas de ne pas
39:58identifier l'association
40:02comme étant le relais politique
40:06d'une force en particulier
40:08et comme pouvant s'adresser
40:09à toutes les forces politiques
40:12et surtout à tous les français
40:14quelle que soit leur opinion politique
40:16même si tout le monde
40:18savait d'où on venait
40:18C'est un mouvement de masse
40:19dans la société
40:21qui contrairement à ce qu'on a beaucoup dit
40:23n'a pas été enfanté
40:23par le parti socialiste
40:25mais qui a plutôt des relations
40:26de distance et de méfiance
40:28avec le parti lui-même
40:29On n'a pas de mal à dire
40:30qu'on n'est pas lié au PS
40:31puisque le PS n'a pas du tout
40:32envie d'être lié à nous
40:33mais bien entendu
40:34la vocation de cette association
40:37est totalement politique
40:38c'est-à-dire qu'agir dans la société
40:40pour mobiliser les gens contre le racisme
40:43il n'y a rien de plus politique
40:44c'est évident
40:45mais d'ailleurs tout le monde le comprend
40:48il n'y a pas d'arnaque là-dessus
40:51Le parti socialiste de l'époque
40:52il ne supporte pas de voir
40:54quelque chose de net tout ça
40:55qui lui échappe
40:57qui n'est pas dans son cadre
40:59donc non
41:00en vérité
41:01évidemment que
41:03ce mouvement était non-partisan
41:05politique
41:06mais non-partisan
41:08Oui il y avait des réserves
41:09au sein du parti socialiste
41:10c'était aussi mon rôle
41:11que de
41:12que de les réduire
41:13ces réticences
41:15c'était de faire que
41:16que ce mouvement
41:17ne soit pas laissé à lui-même
41:19mais qu'il ne soit pas non plus
41:20mis sous tutelle
41:21parce que s'il apparaissait
41:23que le SOS racisme
41:25était finalement
41:25une dépendance de l'état
41:27ou une annexe du parti socialiste
41:29ça n'avait quand même
41:30plus beaucoup de sens
41:31Nous les rapports avec le PS
41:33ils ne sont pas bons
41:33ils ne nous aiment pas beaucoup
41:35le PS je ne parle pas de Mitterrand
41:36Mitterrand c'est autre chose
41:37Et puis à un moment donné
41:39les socialistes vont comprendre
41:40que
41:41en fait on les a contournés
41:43et que SOS parle directement
41:46avec l'Elysée
41:46et là ils vont se dire
41:48bon peut-être pas trop
41:49pas rajouté
41:50En 1986
41:57la droite remporte
41:58les législatives
41:59Jacques Chirac
42:00accède à Matignon
42:01tandis que le Front National
42:03réalise une percée historique
42:04en décrochant 35 sièges
42:06à l'Assemblée
42:06C'est le début
42:08d'une cohabitation houleuse
42:09entre François Mitterrand
42:10et son Premier ministre
42:11qui va durer deux ans
42:12C'est-à-dire qu'en fait
42:16on est à un moment donné
42:17où la droite
42:19en particulier
42:20parle d'assimilation
42:21donc c'est-à-dire que
42:23les personnes
42:24issues de cultures différentes
42:26de la culture traditionnelle française
42:27doivent s'assimiler
42:29donc renoncer
42:31à tout ce qu'elles ont apporté
42:33et nous nous défendons
42:35une société multiculturelle
42:37bien entendu
42:38On a été aussi
42:43en permanence rattrapés
42:44par l'actualité
42:45à partir du retour
42:47de la droite au pouvoir
42:48en 1986
42:49de positions très dures
42:52sur l'immigration
42:53chère de Pascua
42:54ministre de l'Intérieur
42:56des expulsions spectaculaires
42:58collectives de migrants
43:00un charter pour le Mali
43:01qui avait beaucoup marqué
43:03les esprits
43:03Alors Pascua
43:04quand il arrive au pouvoir
43:05il a la volonté
43:05de réformer le code
43:06de la nationalité
43:07et de remettre en question
43:08le droit du sol
43:09le droit du sol
43:10qui est quand même
43:10un très vieil héritage
43:11de la tradition
43:12républicaine française
43:13et qui était aussi
43:15quelque chose
43:15de considéré
43:16comme étant
43:16assez intouchable
43:17du point de vue
43:18en tout cas
43:18de l'imaginaire de gauche
43:20SOS va jouer
43:21un rôle majeur
43:22dans les mobilisations
43:23très fortes
43:24contre le code
43:24de la nationalité
43:25contre la réforme du code
43:26Et on considère
43:27que notre travail
43:28est d'empêcher ça
43:30d'une part
43:31pour protéger
43:32la république
43:33On a gagné d'ailleurs
43:34Ah mais on gagne
43:36à la fin
43:37L'intensité
43:40des mobilisations
43:41de la confrontation
43:42politique
43:43du débat
43:44sur le code
43:44de la nationalité
43:45des manifestations
43:46qu'on organise
43:46sur ce thème
43:47et puis du soutien
43:48qu'on apporte
43:49au mouvement étudiant
43:50pour faire que
43:51le mouvement
43:52va rester
43:53extrêmement dynamique
43:56du simple fait
43:57de son rôle
43:58dans la vie politique
44:00Tandis que la gauche
44:03perd du terrain
44:03l'association
44:04prend de l'ampleur
44:05Durant cette période
44:06de cohabitation
44:07SOS Racisme
44:09s'impose
44:09comme une force
44:10d'opposition
44:10Et le tour de force
44:25de SOS Racisme
44:26c'est de faire passer
44:27François Mitterrand
44:28pour quelqu'un de jeune
44:29ou en tout cas
44:30dans phase avec la jeunesse
44:31Et donc ils vont construire
44:33un mouvement
44:33entre 86 et 88
44:35qui consiste à montrer
44:37que la jeunesse militante
44:38la jeunesse active du pays
44:39est du côté
44:40de François Mitterrand
44:41Ça a entré en résonance
44:44avec cette nouvelle figure
44:48qu'il avait commencé à incarner
44:50Certains l'appelaient tonton
44:52qui était celle
44:53d'une sorte de grand-père
44:54un peu protecteur
44:56vis-à-vis des jeunes générations
44:58Et c'est comme ça
44:59qu'on a cheminé ensemble
45:00chacun poursuivant
45:01ses propres objectifs
45:03Par ailleurs
45:05c'est un bon politique
45:06et il sait que la question
45:07de la jeunesse
45:07est toujours un enjeu
45:08François Mitterrand
45:09à juste titre
45:10et j'en ai vraiment
45:11j'en tire presque de la fierté
45:13considère que SOS
45:15va aider la jeunesse
45:17à être restée arrimée
45:20aux valeurs de la gauche
45:22Et c'est bien
45:23Et donc en 88 notamment
45:25il y a une campagne
45:26qui est lancée
45:26Les jeunes avec François Mitterrand
45:27qui est animée
45:28par les gens
45:29qui sont au sein
45:29de SOS Racisme
45:30et au sein du Parti Socialiste
45:31mais pas au nom
45:32de SOS Racisme
45:33ce qui est une manière
45:34de préserver la marque
45:35de toute forme
45:36de marquage politique
45:37Est-ce qu'il voulait
45:37l'instrumentaliser politiquement
45:39pour parler clair
45:40On était dans une période
45:42où la gauche
45:43n'était pas flamboyante
45:44où l'alternance
45:46à droite
45:48se précisait
45:50François Mitterrand
45:51et il avait raison
45:53d'y croire
45:53se disait
45:54qu'il y avait là
45:55toutes les conditions
45:56pour faire renaître
45:57un engagement militant
45:58qui lui servirait
45:59après à lui
46:00ou à ses successeurs
46:01Est-ce que vous voulez
46:02prendre le café
46:03tout à l'heure ?
46:04Très volonté
46:04Et pour lui
46:06ça a eu évidemment
46:07aussi une très grande
46:08importance
46:08dans la bataille politique
46:10pour l'élection
46:11de 1988
46:12pour sa réélection
46:13parce que
46:15il ne voulait pas
46:18être simplement
46:19le candidat
46:20le vieux président
46:22socialiste
46:23soutenu par son
46:24parti traditionnel
46:25mais être
46:26un personnage
46:28qui pouvait rassembler
46:29et unir
46:29la France
46:31la France unie
46:32et un des thèmes
46:33c'était aussi
46:34de pouvoir
46:34rassembler
46:35la jeunesse
46:36contre
46:36un pouvoir
46:38de droite
46:38qui avait été
46:39particulièrement
46:40dur avec elle
46:41En 1988
46:49Mitterrand
46:50est réélu
46:51face à Chirac
46:51après un premier tour
46:52marqué par le score
46:53spectaculaire de Le Pen
46:5414%
46:56Néanmoins
46:57le cordon sanitaire
46:58autour du Front National
46:59a tenu
47:00SOS Racisme
47:01a réussi son pari
47:02La réélection
47:05de François Mitterrand
47:06en 1988
47:07a été quand même
47:09portée par une
47:10partie de la jeunesse
47:11celle-là même
47:12qui s'était engagée
47:14dans SOS Racisme
47:15La génération Mitterrand
47:16finalement
47:17c'était la génération
47:18SOS Racisme
47:19Quand on a créé SOS
47:28on n'aurait
47:29jamais imaginé
47:30que 40 ans après
47:31SOS Racisme
47:33existerait encore
47:34et qu'il faudrait
47:35encore se battre
47:36C'était une naïveté
47:38de jeunesse
47:39d'avoir aidé
47:40toute une génération
47:41à prendre conscience
47:43du fait
47:44qu'elle devait jouer
47:45un rôle
47:46pour que la France
47:47reste une terre
47:48justement
47:49d'antiracisme
47:50et d'universalisme
47:51je pense que ça
47:51c'est un grand succès
47:52de SOS
47:53Ces débats-là
47:59il y a 40 ans
48:00et ces débats-là
48:01aujourd'hui
48:01sont totalement différents
48:03Les questions religieuses
48:05étaient marginales
48:06pour ne pas dire
48:07absentes
48:08de notre vie politique
48:09de notre vie quotidienne
48:11De temps en temps
48:12les juifs et les arabes
48:13s'engueulaient
48:13sur le conflit
48:14israélo-palestinien
48:15ça était récurrent
48:17et puis après
48:18quand ils avaient fini
48:18de s'engueuler
48:19on allait tous dîner ensemble
48:20J'ai conscience
48:29d'avoir vécu
48:30quelque chose
48:31d'assez exceptionnel
48:33quand j'avais 20 ans
48:35ça continue
48:37de m'habiter
48:38aujourd'hui
48:39dans ma vie
48:40de tous les jours
48:41je suis fier
48:42d'appartenir
48:42à cette histoire-là
48:43franchement
48:44et je suis fier
48:45de voir qu'elle continue
48:46SOS a pas réussi
48:55à elle seule
48:55à faire baisser
48:56l'extrême droite
48:56mais à la faire disparaître
48:58à casser les ghettos
48:59à assurer
49:01que la France
49:03soit un pays
49:04qui intègre
49:05complètement
49:06les enfants
49:07de toutes les origines
49:08à bâtir
49:09une politique
49:10d'immigration
49:10acceptée par tous
49:11mais je pense
49:12que ça peut pas relever
49:13que d'une association
49:14ça relève de l'effort
49:15de tout un pays
49:16donc moi je vois
49:18les jeunes d'aujourd'hui
49:19se mobiliser
49:20et je trouve ça formidable
49:21parce que malheureusement
49:22le racisme
49:24il est toujours là
49:25et lui-même
49:26même s'il change
49:28et se renouvelle
49:29il disparaît
49:30jamais complètement
49:31il y a du racisme
49:32il y a de l'antisémitisme
49:33il y a de la discrimination
49:35il y a de tout
49:36ça montre juste
49:39qu'il y a une montée
49:39de l'extrême droite
49:40et du racisme
49:41et que du coup
49:42on est mal barré
49:43donc il y a encore
49:45beaucoup de boulot
49:46voilà
49:47il y a de l'extrême droite
49:50il y a de l'extrême droite
49:53il y a de l'extrême droite
49:56il y a de l'extrême droite
49:58il y a de l'extrême droite
49:59il y a de l'extrême droite
50:00il y a de l'extrême droite
50:01il y a de l'extrême droite
50:02il y a de l'extrême droite
50:03il y a de l'extrême droite
50:04il y a de l'extrême droite
50:05il y a de l'extrême droite
50:06il y a de l'extrême droite
50:09il y a de l'extrême droite
50:10il y a de l'extrême droite
50:11il y a de l'extrême droite
50:13il y a de l'extrême droite
50:15il y a de l'extrême droite
50:16et c'est
50:20et
50:22...
50:26...
50:29...
50:38...
50:42...
50:44This was a funk decision, I even had funky premonitions of me floating around the room,
50:52passing flowers to all the boys and girls.
50:59Was it that time to trip?
51:05Or was I just high on the sounds of the speaker that was coming out the wall?
51:14Or was this just another dream?
51:18It was one of those nights I was feeling kind of lethargic and I knew I shouldn't went to that place at all, but...
51:29It just wanted to fly.
51:35This was a funk decision, I even had funky premonitions of me floating around the room,
51:40passing flowers to all the boys and girls.

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