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Comédienne hors-pair, elle a marqué son époque. Véritable mythe du cinéma français, elle n'aime pas parler d'elle : «¿Je ne me trouve pas très intéressante, ni très belle, ni très intelligente¿» dit-elle. A l'écouter, on pourrait presque croire qu'elle n'a rien de si spécial. Un franc-parler, qui ferait passer le fait d'avoir joué avec les plus grandes figures du cinéma pour un évènement banal. Vilar, Py, Barrault, Ribes ou encore Lelouch, Podalydès, Guédiguian... Que lui reste-t-il à accomplir ? Comment à 95 ans passés cette passionnée de théâtre a-t-elle gardé le goût pour les caméras, pour la scène ? Cette semaine, Judith Magre est l'invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.
Une collection de grands entretiens inspirante dans un monde en manque de repères et de modèles. Année de Production :

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Transcription
00:00Il ne va pas être simple d'interviewer mon invitée
00:25parce qu'elle n'aime pas revenir sur son parcours.
00:28Elle n'aime pas parler d'elle.
00:30« Je ne me trouve pas très intéressante, ni très belle, ni très intelligente » dit-elle.
00:35Et quand on lui dit qu'elle est une comédienne hors pair,
00:37que son histoire est extraordinaire, qu'elle n'est pas comme tout le monde,
00:41elle rétorque avec son franc-parler légendaire
00:44que toutes les vies sont pleines d'histoires,
00:46qu'une vie d'acteur n'est pas spécialement fascinante.
00:50Quand enfin on lui demande comment elle prépare un rôle,
00:52comment elle fait pour l'interpréter avec tant de force,
00:55là encore, elle démythifie, elle minimise.
00:59« Je ne suis rien du tout, je ne réfléchis pas beaucoup,
01:01je ne fais qu'apprendre par cœur un texte et le lire. »
01:05Non, vraiment, vous ne lui ferez pas dire
01:07qu'avoir joué avec les plus grands et pour les plus grands
01:10dès l'âge de 20 ans, c'est avoir une vie exceptionnelle.
01:13« Villard, Régi, Hossein, Leub, Tesson, Higel, Lelouch, Rib,
01:18Podalides, Guédigian, Ozon, Pi.
01:21Quel texte n'a-t-elle pas lu ?
01:22Quel auteur n'a-t-elle pas joué ?
01:24Quel metteur en scène n'a-t-elle pas convaincu ?
01:26Ma vie, c'est le théâtre.
01:28Autrement, je m'emmerde, dit-elle.
01:30Depuis novembre, elle lisait Baudelaire au théâtre de Poche-Montparnasse.
01:34Aujourd'hui, elle dit Apollinaire en duo avec Éric Nolot.
01:38Et demain, que jouera-t-elle encore ?
01:41Comment a-t-elle gardé le goût ?
01:42Quel plaisir prend-t-elle toujours ?
01:44Posons-lui toutes ces questions.
01:46Bienvenue dans Un monde, un regard.
01:47Bienvenue à vous, Judith Magre.
01:49Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:51Je suis ravie.
01:51Ici au Sénat, nous aussi, on est ravis.
01:53Peut-être parlez-nous d'abord de ce nouveau spectacle.
01:56Judith Magre dit Apollinaire en duo avec Éric Nolot
02:00au théâtre de Poche-Montparnasse.
02:02De quoi s'agit-il ?
02:03Il s'agit, je lis des textes d'Apollinaire.
02:09Et Éric Nolot, qui est un être intelligent, cultivé
02:13et qui sait très bien parler d'Apollinaire,
02:15a fait tout un texte où il commente.
02:18C'est une chose aussi que je faisais avant
02:20à propos de Baudelaire et de Racine,
02:23que je faisais avec Olivier Barraud.
02:25C'est vraiment très intéressant, ce qui raconte.
02:28Et c'est encore une nouvelle aventure.
02:29Vous ne vous arrêtez jamais.
02:31Vous n'avez jamais envie d'arrêter la scène.
02:32Alors, si j'arrête, qu'est-ce que je fais ?
02:34Je suis dans mon fauteuil, là, à m'emmerder.
02:38Ce n'est pas votre truc, ça.
02:40C'est vrai que quand vous ne jouez pas,
02:41vous vous ennuyez, vraiment ?
02:44Non, mais attendez.
02:45Quand je ne joue pas, il y a les moments,
02:48les moments de voyage,
02:50les moments pendant lesquels j'apprends les textes, d'ailleurs.
02:54Enfin, je veux dire, je ne suis pas 365 jours sur 365 sur scène,
02:59mais 360, ça me dirait.
03:03Qu'est-ce que vous trouvez sur scène que vous ne trouvez pas dans la vie ?
03:07C'est la vie, pour moi, le théâtre.
03:09Ça ne me coupe pas de la vie dans la journée.
03:12Je suis dans la vie avec mes amis, mes amours,
03:15tout ce qu'on veut, mes chats, mes chiens.
03:18Et puis, j'ai un moment privilégié.
03:23Enfin, privilégié, les autres moments sont aussi privilégiés, souvent.
03:28Et par exemple, je suis sur scène,
03:31en général avec des gens que j'aime,
03:33puisque j'ai joué avec des gens que j'ai adorés.
03:37Enfin, je peux en citer quelques-uns, si ça vous amuse.
03:39Oui.
03:39Barreau, Villard, Wilson, Laveli,
03:44et puis des acteurs, Perrier, Dilsa Restrup,
03:49enfin, des tas de gens.
03:50La liste est très longue.
03:52C'est fou quand même quand on sait que votre première représentation
03:55a été une torture.
03:57Vous êtes à Innsbruck, en Autriche,
03:59et c'est un régisseur qui vous pousse sur scène
04:02parce que vous êtes tétanisé.
04:04Vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé ?
04:06Effectivement, j'étais morte de peur.
04:10Je ne pouvais pas bouger, j'étais absolument paralysée.
04:13Le régisseur m'a poussée
04:15et c'était une pièce où j'avais un très joli petit costume 1900
04:19avec un petit canotier, une petite ombrelle, etc.
04:23Et j'étais absolument paralysée, tétanisée.
04:27Il m'a poussée, j'ai fait un vol plané,
04:29j'ai atterri sur le ventre.
04:31Je me suis dit, j'y suis, j'y reste.
04:33Ou plutôt, j'y suis, j'y reste pas.
04:37Et j'ai attrapé le parapluie d'un côté,
04:40le chapeau de l'autre, j'ai remis tout ça et puis voilà.
04:43Et ça a été le déclic.
04:44Là, vous vous êtes dit, je suis faite pour la scène.
04:46J'ai envie de faire ça, en tout cas.
04:49Je me suis dit, c'est bien,
04:52j'ai réussi à rattraper mon parapluie, mon petit chapeau
04:55et à dire le texte quand même.
04:57Parce qu'avant cela, il y avait eu un autre incident.
05:01Il y avait eu aussi des larmes sur scène.
05:03Quand vous intégrez les Cours Simon à Paris,
05:06vous devez réciter un texte de Guillaume Apollinaire
05:08et vous éclatez en sanglots.
05:10Et là, René Simon vous traite de cloche.
05:14Vous dites là aussi que vous étiez terrorisé.
05:15De cruche.
05:16De ?
05:17De cruche.
05:17De cruche.
05:18Il vous traite de cruche à ce moment-là.
05:19Oui, mais d'ailleurs, c'est ce qu'Éric Nolot raconte
05:22dans le spectacle que nous faisons en ce moment.
05:24Mais début avec le poème de La Lorelai d'Apollinaire.
05:30Et oui, je n'arrivais pas à dire trois mots.
05:34Tout d'un coup, je m'étais mis à…
05:36Oui, enfin, je dis sangloter.
05:40Oui, enfin, disons sangloter pour faire bien.
05:43Et il a dit, effectivement,
05:46cette cruche va peut-être quand même faire ce métier.
05:50Oui.
05:51Et que ça marchera peut-être.
05:53Mais comment on passe de cette terreur que vous décrivez,
05:57du côté tétanisé que vous avez,
05:58à l'aisance que vous avez eue ensuite ?
06:00Comment vous avez fait pour vous débarrasser de cette peur ?
06:03Je ne suis jamais débarrassée.
06:05Vous avez toujours peur ?
06:06Non, mais…
06:06Non.
06:07Non, je n'ai pas peur,
06:11mais c'est toujours impressionnant
06:16d'être en face des gens qui vous regardent.
06:18Moi, je ne trouve pas que je sois…
06:19Je ne me trouve pas très regardable.
06:21Je ne me trouve pas très écoutable.
06:23Mais il y a beaucoup de gens qui m'ont dit que ça allait,
06:26qu'ils pouvaient m'écouter et me regarder.
06:28Eh bien, de temps en temps, je leur fais confiance.
06:30Pas à tous.
06:32Et puis voilà, c'est parti.
06:34Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre ?
06:36Je ne sais rien faire.
06:37À part ça, mais c'est déjà pas mal.
06:39En tout cas, il y en a un qui a cru en vous,
06:41c'est René Simon.
06:42Parce que lui, il a bien senti votre potentiel
06:44puisqu'il vous offre les cours gratuits, je crois.
06:46Il vous permet de suivre ses cours gratuitement.
06:49Et c'est lui qui vous donne un rôle trois mois plus tard.
06:51Qu'est-ce qu'il a vu en vous
06:52que vous-même, vous ne voyez pas ?
06:56Vous savez,
06:58je ne me penche pas beaucoup sur moi.
07:04Parce que si je me penche trop, ça ne me fait pas plaisir.
07:07Ce que vous voyez ne vous plaît pas.
07:08Oui, mais moi, ce que j'aime beaucoup,
07:11que des gens me regardent,
07:13éventuellement me disent des choses aimables,
07:15que je crois plus ou moins.
07:18Enfin, vous voyez,
07:19c'est compliqué,
07:21les rapports avec soi-même et les autres.
07:22Vous démythifiez complètement le métier d'actrice,
07:27de manière générale.
07:28Vous dites,
07:28pour lire un poème ou jouer un rôle,
07:30il suffit de savoir lire,
07:31de les apprendre par cœur et de parler.
07:34Cela n'a jamais vraiment paru un métier.
07:36Pourtant,
07:37il y en a des centaines et des milliers
07:39de jeunes acteurs, actrices potentielles,
07:41qui prennent des cours
07:42et qui apprennent le métier.
07:43Ça, ça prend.
07:44On a l'impression,
07:45quand vous parlez,
07:45que c'était naturel chez vous,
07:47que c'était même un accident.
07:48– Ben oui,
07:51mais on n'est pas tous pareils.
07:53Il y en a qui ont besoin
07:54de prendre des cours.
07:57Moi, j'ai passé trois mois
07:59au cours Simon,
08:00mais c'était surtout pour rigoler
08:03et aller boire des cours
08:05avec les camarades au café
08:08où tout le monde allait le village.
08:11Je crois que je n'ai jamais passé une sède.
08:15Je me suis dit,
08:16si, j'ai commencé à l'heure là
08:17et puis j'ai arrêté.
08:19Je me suis arrêté
08:19au bout de sa verre
08:21et puis c'est René Simon
08:24qui a dit,
08:26eh ben, cette cruche,
08:27peut-être qu'elle fera
08:27quand même quelque chose.
08:28Et pour se débarrasser de moi,
08:30il m'a obtenu mon premier contrat
08:31qui était donc
08:33une pièce à Hesbrouk
08:35avec l'histoire de mon chapeau
08:36et tout ça.
08:37Voilà.
08:38– Votre univers d'origine,
08:40ce n'est ni le théâtre,
08:41ni le cinéma,
08:42ni la scène.
08:43Vous êtes née en Haute-Marne.
08:44Vous êtes originaire
08:45de Montier-Ander,
08:47petite commune de 2000 habitants.
08:49Votre père avait une usine
08:50de machines agricoles,
08:52des machines inventées
08:53par votre arrière-grand-père.
08:54– Ah oui, ça,
08:55je suis très fière de mon arrière-grand-père.
08:56– Oui, vous en êtes très fière.
08:57Vous aimez en parler.
08:58– Quand j'étais en classe,
09:00on avait des beaux buvards jaunes
09:02avec une machine agricole dessinée,
09:08inventée par mon arrière-grand-père.
09:10Ça, j'étais fière.
09:11Il y avait les gommes aussi.
09:13Enfin, j'étais très, très fière.
09:15D'ailleurs, mon arrière-grand-père,
09:17il ne devait pas être idiot
09:18pour inventer un truc pareil.
09:20Mon grand-père,
09:21que j'ai bien connu,
09:22n'était pas idiot non plus.
09:24Eh bien, mon père non plus,
09:25figurez-vous.
09:26– Et vous non plus, peut-être ?
09:27Je suis née dans une famille bourgeoise,
09:30catholique,
09:31de parents absolument merveilleux,
09:33dites-vous,
09:33avec lesquels je me suis horriblement bagarrée
09:36parce que je n'étais pas
09:37d'un naturel facile.
09:39Pas d'un naturel facile.
09:40J'ai trouvé que la formule était jolie.
09:43Qu'est-ce qu'elle veut dire ?
09:44Pas d'un naturel facile.
09:46– C'est-à-dire que quand il voulait
09:49que je fasse quelque chose
09:50qui ne me plaisait pas,
09:51je ne le faisais pas.
09:53Et oui, ça donnait
09:55quelques petites bagarres.
09:58– Qu'est-ce que vous avez refusé,
09:59par exemple ?
10:00– Pas mal de choses
10:02dont je ne vous parlerai pas,
10:03mais une chose très simple.
10:05Par exemple, je déteste
10:06manger de la viande.
10:07Alors, mes parents avaient comme principe,
10:12tu mangeras de tout,
10:14même une bouchée,
10:16mais tu goûteras.
10:18Et un jour, je suis restée
10:20devant une minuscule petite côtelette d'agneau,
10:23minuscule, très bien cuit,
10:26et j'ai dit non,
10:28je ne la mangerai pas.
10:29Eh bien, je suis restée devant.
10:34Je ne l'ai pas mangée,
10:36mais je suis allée me coucher,
10:37quand même,
10:37sans l'avoir mangée.
10:39Et ils n'ont plus essayé
10:41de me mettre des côtelettes d'agneau
10:42sous le nez.
10:43– Oui, vous saviez tenir tête
10:44à votre famille.
10:46Vous juriez un peu,
10:47vous tranchiez dans cet univers
10:49bien rangé, bien élevé,
10:51avec toutes ces manières.
10:53Vous n'étiez pas à votre place ?
10:55– Oh non, mes parents ont été…
10:59D'abord, il y avait beaucoup de musique
11:01à la maison.
11:03Papa jouait du violon,
11:04pas très bien,
11:05mais enfin suffisamment bien
11:07pour que ça fasse plaisir.
11:09Maman avait une voix extraordinaire,
11:13et à la maison,
11:13on chantait tout le temps.
11:15On chantait des cantats de Bach,
11:16on chantait des chants grégoriens,
11:18on chantait « Tout va très bien,
11:19Madame la marquise ».
11:20Tout le temps, tout le temps,
11:21on chantait.
11:22et ça faisait une atmosphère
11:25quand même gai et agréable.
11:28– Donc finalement,
11:29il y avait quand même
11:30une ambiance artistique à la maison ?
11:32– On ne parlait pas d'art,
11:33c'était absolument naturel
11:35de chanter, jouer du piano,
11:37de faire des choses, oui.
11:42C'était normal.
11:44Comme mes parents étaient pions,
11:45on allait à l'église,
11:47et moi, j'ai adoré
11:49chanter le chant grégorien.
11:51Moi, je ne croyais à rien du tout,
11:54mais enfin, il m'emmenait à l'église,
11:56il me traînait à l'église,
11:57j'y allais,
11:58et le chant grégorien,
11:59c'était tellement beau
12:00que je me suis même payé
12:01quelques semaines
12:03à l'abbaye de Solem plusieurs fois,
12:06uniquement pour le chant,
12:07pas du tout pour prier le bon Dieu,
12:08que je ne prie pas.
12:10– C'est quand même une dispute
12:13avec vos parents
12:14qui vous fait tout quitter
12:15et vous retrouver à Paris.
12:17Vous dites,
12:17un jour, on s'était engueulé à la maison,
12:19j'ai foutu le camp dans la nuit
12:20et je me suis retrouvée
12:21place Saint-Germain-des-Prés
12:22avec rien.
12:24Pas un sou,
12:25pas de bagage,
12:26rien.
12:27C'est ce fameux naturel pas facile
12:28qui vous a permis
12:31de devenir actrice, justement,
12:33et de tout quitter.
12:35– Vous savez, je ne peux pas
12:37et je ne veux pas raconter
12:38tout ce qui fait
12:40que je me suis retrouvée
12:42place Saint-Germain-des-Prés
12:44sur le banc devant l'église
12:46dans une ravissante petite robe
12:49de crème de cidre blanc cassé
12:53à la suite d'un tas d'événements
12:55que je n'ai pas envie de raconter.
12:58– D'accord.
12:58– Et puis,
13:00il y a eu un moment
13:03où j'en ai, oui,
13:04j'en ai bavé, oui.
13:05– Vous en avez bavé ?
13:06– Oui.
13:07– Arrivé à Paris ?
13:09– Ben, oui,
13:11je n'avais pas,
13:12je n'avais pas d'argent,
13:16j'ai habité dans une chambre de bonne,
13:19mais je savais quand même
13:21que mes parents de loin,
13:23enfin, je les suis après,
13:25s'arrangeaient toujours
13:26pour être sûre
13:27que je n'étais pas passée
13:29sous un train,
13:31mais ils n'avaient pas
13:35de nouvelles de moi
13:36parce que je sentais bien
13:39que je faisais des trucs
13:40qui ne leur plaisaient pas beaucoup.
13:43– À la lueur de celle
13:44que vous êtes aujourd'hui,
13:45quel conseil donneriez-vous
13:46à la petite fille
13:47ou à la jeune fille
13:48que vous étiez ?
13:49Qu'est-ce que vous lui diriez
13:50avant qu'elle ne se lance dans la vie ?
13:51Peut-être avant qu'elle ne parte à Paris ?
13:53– Quand j'étais petite fille,
13:58jeune fille,
14:00je me disais que j'aurais une vie
14:02avec un métier qui m'amuserait,
14:06je ne savais pas exactement
14:07si ce serait le théâtre,
14:09si ce serait…
14:11et avec un amoureux.
14:16– Ah oui ?
14:17– Ben oui, c'est quand même important
14:19dans la vie.
14:19– Oui.
14:20– Et une vie sous les projecteurs ?
14:22Il y avait une envie
14:22d'avoir une vie sous les projecteurs ?
14:25– Non, pas sous les projecteurs.
14:28Envie, envie…
14:31Oui, ben envie de dire des textes,
14:33envie de chanter,
14:34envie de…
14:36Je suis allée chanter aussi,
14:38je suis allée…
14:38Enfin, j'avais plein de trucs.
14:39– C'est à Paris
14:41que commence votre vie tumultueuse
14:44et vos rencontres incroyables,
14:46comme le sculpteur Giacometti
14:47à la Coupole,
14:48restaurant Boulevard Montparnasse
14:50où vous mangez des nouilles
14:51après avoir fait le mur,
14:52dites-vous.
14:53Dans la série
14:54des rencontres étonnantes,
14:55il y a eu aussi l'écrivain Céline
14:56chez lequel vous alliez
14:58toutes les semaines
14:59avec Marcel Aimé,
15:00autre écrivain.
15:01Qu'est-ce que ces rencontres
15:02ont permis,
15:04ont fait de vous ?
15:04Est-ce qu'ils ont aussi construit
15:06l'artiste
15:06que vous étiez en train de devenir ?
15:08– Vous savez,
15:09quand on rencontre les gens
15:10et que ces gens,
15:13non seulement vous sentez
15:14que vous êtes bien avec eux,
15:15mais eux,
15:18ils ont l'air d'être bien avec vous.
15:20Eh bien, ça va, quoi.
15:21– Mais intellectuellement,
15:22ils vous apportaient des choses,
15:23j'imagine,
15:24ce n'est pas des rencontres anodines ?
15:26On parle des gros intellectuels
15:27de l'époque ?
15:28– Je ne sais pas, moi,
15:28j'ai eu la chance
15:29de rencontrer beaucoup de gens
15:31qui n'étaient pas complètement idiots
15:32et moi, je ne me suis pas jamais trouvée
15:37spécialement idiote
15:38ni spécialement intelligente
15:39et très paresseuse.
15:41J'ai réussi mes examens,
15:43mon bac,
15:43mes machins,
15:44enfin bon,
15:44des trucs comme ça,
15:45mais je n'étais pas,
15:46je ne suis pas,
15:47mais je ne suis pas plus bête
15:54que la majorité des gens
15:55et j'ai rencontré des gens
15:58qui étaient beaucoup plus intelligents
16:00que la majorité des gens.
16:01– Vous pensez à qui ?
16:03Sartre, Simone de Beauvoir ?
16:05– À Sartre,
16:05à Berloponki,
16:06à Albert Cabu,
16:08à des tas de gens,
16:09moi, j'ai rencontré plein de gens
16:10dans ma vie.
16:11– Un autre intellectuel
16:12qui a marqué votre vie
16:13et l'histoire,
16:14c'est Louis Aragon
16:15et j'ai une archive
16:16à vous proposer
16:17à ce propos,
16:18la voici.
16:18– Ça, oui,
16:20vous allez me faire pleurer.
16:21– Oh non,
16:22ne vous inquiétez pas,
16:23je vais décrire le document
16:24mais il ne devrait pas
16:25trop vous émouvoir,
16:26non, non,
16:26c'est une archive.
16:26– Non, parce que
16:28le mois et demi,
16:30Aragon,
16:30je ne le connaissais
16:31par elle s'intrigoler,
16:32j'étais allégée
16:32à elle s'intrigoler
16:33qui faisait venir
16:35des poètes russes.
16:37Bon, et Aragon,
16:38à ce moment-là,
16:40passait en costume gris,
16:42sombre
16:42et avec les cheveux
16:44coupés en brosse
16:45et disait bonjour,
16:48comme ça.
16:48Et puis, un jour,
16:52les années ont passées
16:53et c'est lui
16:55qui m'a présenté
16:56Ritzsch, le poète,
16:57dont j'ai dit une pièce
16:58et c'est Aragon
17:00qui m'a demandé
17:01si je voulais bien
17:02aller la jouer
17:03en Russie
17:04et j'ai passé
17:06entre un mois
17:07à Moscou
17:08et qu'un jour
17:09à Saint-Bétersbourg
17:10le mois et demi
17:11le plus merveilleux
17:13de ma vie.
17:14– Alors justement,
17:15un mot de Louis Aragon
17:16à travers ce document,
17:18c'est une archive
17:18qui nous a été proposée
17:19par les archives nationales,
17:20nos partenaires
17:21sur l'émission.
17:22Il s'agit d'un tract
17:23qu'il a signé lui-même
17:24avec Georges Sadoul,
17:26un tract intitulé
17:27aux intellectuels révolutionnaires.
17:29Ça a été imprimé
17:30en décembre 1930
17:31à Paris
17:31et Aragon y annonce
17:33notamment son adhésion
17:34à l'Association
17:35des artistes révolutionnaires.
17:37Son objectif
17:38était de rassembler
17:39le monde de la culture
17:40dans la lutte
17:41contre le fascisme
17:42et le nazisme
17:42et convaincu
17:44que le bien
17:44était du côté
17:45de ce qui se passait
17:46en ex-URSS,
17:48en URSS à l'époque.
17:49C'est une époque
17:50qui foisonnait
17:51d'idées
17:51et d'intellectuels
17:52qui pensaient le monde
17:54plus qu'aujourd'hui,
17:55vous diriez ?
17:56Peut-être
17:58qu'il pensait
17:59le monde
18:00mais en tout cas
18:01avec moi,
18:03ben oui,
18:04il me parlait.
18:04Quand j'étais avec Aragon,
18:05il me parlait.
18:06Mais il m'écrivait
18:09surtout des poèmes.
18:12Oui,
18:13j'ai vécu
18:14avec beaucoup de gens,
18:15des gens qui étaient…
18:17Engagés,
18:17engagés politiquement.
18:19Non ?
18:20Oui,
18:21mais moi,
18:24il y a des…
18:25il y a des gens
18:27d'une façon générale
18:29que je ne vais pas les aimer
18:32puis d'autres que j'aime
18:33mais je ne dirais pas…
18:36Je n'ai jamais participé
18:37à une manifestation,
18:38je n'ai jamais…
18:39vous ne vous sentiez pas
18:42artiste,
18:42engagez-vous ?
18:43Ce n'était pas votre…
18:44Ben non,
18:45mon engagement,
18:46c'est que les gens
18:47soient gentils
18:48et foutent la paix au monde.
18:50Alors,
18:51c'est rare,
18:52et si tout le monde
18:53m'écoutait,
18:53ça irait mieux.
18:54Mais hélas…
18:56Alors,
18:56à propos de Louis Aragon,
18:58vous dites,
18:58tous les soirs,
18:59il me parlait des femmes
19:00et de l'amour.
19:01Personne ne m'a parlé
19:02des femmes et de l'amour
19:03comme Aragon.
19:04Et c'est vrai
19:04qu'on a parlé théâtre,
19:06mais votre autre immense passion,
19:08c'est l'amour.
19:09C'est votre moteur,
19:10l'amour.
19:11Oui,
19:11oui,
19:11oui,
19:11oui,
19:12ben oui,
19:12oui,
19:13oui,
19:13oui,
19:13oui,
19:14oui,
19:14plutôt que l'amour des bébés.
19:16Moi,
19:16je n'aime pas les bébés,
19:17ça piaille,
19:17ça crie,
19:18c'est emmerdant,
19:19puis j'en ai pas.
19:20Oui,
19:21c'est ce que j'ai découvert
19:22que,
19:22alors autant parler
19:23de l'amour des hommes,
19:24c'était important pour vous,
19:27mais pas l'amour des enfants.
19:29Et je trouve que
19:29c'est pas si simple aujourd'hui
19:31de le dire,
19:31de l'affirmer,
19:32de l'assumer.
19:33Mais écoutez,
19:34moi j'avais plein
19:34de frères et sœurs
19:36merveilleux.
19:37On s'adorait,
19:38on se bagarrait,
19:39on s'adorait.
19:40J'ai maintenant
19:41plein de neveux,
19:44nièces,
19:45petits neveux,
19:45petites nièces
19:46qui viennent me voir,
19:48qui me téléphonent,
19:50qui sont adorables
19:51avec moi,
19:52avec qui je rigole beaucoup
19:53et je suis ravie
19:55de ne pas les avoir faits moi,
19:58de ne pas avoir
19:59la responsabilité
20:00et qu'ils s'occupent
20:01bien de moi
20:02et qu'ils viennent me voir
20:04et me téléphonent
20:06et me disent
20:06des choses aimables
20:07et je trouve
20:08qu'ils sont tous
20:09plus merveilleux
20:10et beaux
20:10et formidables
20:11les uns que les autres.
20:13Alors je me dis
20:14ben au moins,
20:15j'ai pas risqué
20:16de faire des enfants
20:17et de les rater.
20:17C'est ça qui vous faisait
20:20peur dans la maternité ?
20:21Non, mais je n'ai jamais
20:22eu envie d'enfant.
20:23Bon ben,
20:23je n'ai pas eu envie.
20:25Et aucun homme
20:26n'a eu envie
20:27d'en avoir avec moi.
20:28Ils se sont dit
20:28si jamais ça ressemblait
20:30à cette bonne femme.
20:32De manière plus générale,
20:34vous n'avez aucun mal
20:35à aller à contre-courant
20:36et d'affirmer
20:37vos points de vue.
20:38Vous aimez boire
20:38de l'alcool.
20:39Pendant des années,
20:40vous avez fumé
20:41deux paquets de cigarettes
20:42par jour.
20:43Vous avez eu
20:44une vie amoureuse
20:45riche et libre.
20:47Il y a la mort aussi
20:48dont vous parlez
20:48très librement.
20:49Vous dites
20:49mourir,
20:50ça m'est complètement égal.
20:52Ce que je redoute,
20:52c'est d'être
20:53un vieux truc dégueulasse
20:54et de souffrir.
20:55Du coup,
20:56comment vous vous y retrouvez
20:57dans notre époque,
20:59cette époque
20:59qui voudrait
21:00lisser,
21:01moraliser,
21:03dire le bien,
21:03dire le mal ?
21:04Vous vous y retrouvez
21:05dans cette époque ?
21:06Vous savez,
21:07moi maintenant,
21:09j'ai la chance.
21:11Bon,
21:11j'ai eu un accident
21:12qui me permet
21:13de...
21:14En ce moment,
21:14je marche mal.
21:15Ça va s'arranger,
21:16j'espère,
21:17mais bon,
21:18depuis quelques mois,
21:19ça ne va pas.
21:21Et moi,
21:21j'ai toujours aimé
21:22nager,
21:23courir,
21:24à sauter,
21:24faire des tas de trucs.
21:25Et en ce moment,
21:28alors peut-être
21:29que ça va revenir
21:30quand j'aurai 100 ans
21:31parce que j'en ai 98,
21:33j'ai encore le temps.
21:35Et le fait
21:36d'assumer comme ça ?
21:38J'ai fumé
21:38deux paquets par jour
21:39pendant...
21:40Oui,
21:40pendant 80 ans.
21:42Oui,
21:43oui.
21:45Bon,
21:45ben,
21:45j'aime bien boire
21:48et j'ai toujours vécu
21:50ou eu des amis
21:51qui aimaient boire,
21:52mais pas des sous-l'eau.
21:54Je n'ai jamais vu
21:55des gens
21:56vomir,
21:58se rôler par terre.
21:59Non,
21:59des gens
21:59qui aimaient boire.
22:02Et alors,
22:02cette époque
22:03qui aurait tendance
22:04à dire
22:04il ne faut pas fumer,
22:06il ne faut pas boire,
22:07il ne faut pas trop ci,
22:08il ne faut pas trop ça.
22:08Écoutez,
22:09si les gens
22:09écoutent les conseils,
22:11si ça leur fait plaisir,
22:13qui les écoute ?
22:14Moi,
22:15je fais ce que je veux
22:15et on peut me raconter
22:17ce qu'on veut,
22:18si ça ne me plaît pas,
22:19je ne le fais pas
22:19puis c'est tout.
22:20Ça a toujours été le cas ?
22:21Ça a toujours été ça ?
22:22Oui.
22:22C'est toujours ce que vous êtes dit ?
22:23Ah oui,
22:24toujours.
22:25La liberté,
22:26votre liberté avant tout ?
22:28Ben oui,
22:28enfin,
22:29bon,
22:29il y a des choses,
22:31j'obéissais par exemple
22:32dans le travail,
22:34j'ai toujours été
22:35quelqu'un d'extrêmement
22:36ponctuel,
22:38obéissant,
22:40d'ailleurs dans ma famille,
22:41il fallait être à l'heure,
22:43moi je ne supporte pas
22:43les gens qui ne sont pas
22:44à l'heure,
22:44moi je suis très ponctuelle.
22:46Bon,
22:46il y a une discipline
22:47que j'ai connue dans ma famille,
22:50que je connais dans le métier,
22:52bon ben,
22:54bon ben,
22:55puis voilà quoi.
22:56Cette liberté,
22:57elle se voit aussi
22:57dans vos choix de carrière,
22:59c'est-à-dire vous ne vous êtes
23:00jamais cantonnée
23:01à un registre,
23:02à un style de jeu,
23:03à un registre,
23:05ça peut être le comique,
23:06ça peut être le tragique,
23:07ça peut être le dramatique,
23:09ça aussi,
23:09vous avez gardé
23:10cette liberté d'actrice.
23:11J'ai surtout fait
23:14ce qu'on me demandait
23:15de faire,
23:15je veux dire,
23:16j'ai eu la chance
23:17que des gens formidables
23:19me proposent
23:20de travailler avec eux,
23:21c'est grâce à ça
23:22que j'ai connu Villard,
23:23que j'ai connu Barrault,
23:24que j'ai connu Lavelli,
23:25que j'ai connu,
23:26puis que j'ai connu
23:27des auteurs,
23:28que j'ai connu René Indy,
23:30j'ai fait des rencontres
23:31extraordinaires dans ma vie,
23:33j'ai eu une chance folle,
23:35alors bon ben,
23:38oui,
23:38j'ai eu beaucoup de chance.
23:39Mais vous avez joué
23:40du boulevard,
23:41vous avez joué
23:41dans la cour du Palais des Papes,
23:43vous avez,
23:44rares sont les acteurs
23:45et les actrices
23:45qui peuvent le dire.
23:47Ben oui,
23:48ben moi je peux le dire.
23:50C'est une fierté
23:51de pouvoir...
23:51Ben c'est pas une fierté,
23:53mais moi j'ai joué
23:54dans la...
23:56j'ai joué pendant 10 années
23:58avec le TNP,
24:00avec Villard,
24:00avec Wilson,
24:01dans la cour d'honneur
24:02à Avignon.
24:05Bon,
24:06alors il y avait toujours,
24:07surtout les mecs d'ailleurs,
24:08il fait chaud,
24:09oh là là,
24:11évidemment.
24:12Ben non,
24:13il fait chaud,
24:13c'est bien d'avoir chaud.
24:15Enfin...
24:16J'ai des photos
24:17à vous proposer,
24:18Judith Magre,
24:19ça fait partie des rituels
24:20de cette émission.
24:22La première,
24:22la voici,
24:23il s'agit de Patrick Sébastien,
24:25qui après avoir animé
24:27le plus grand cabaret du monde,
24:29ouvre le plus petit cabaret du monde,
24:32dans le Lot,
24:33160 places,
24:34et il dit ceci,
24:35c'est une forme de résistance
24:37à la morosité.
24:39Il dit vouloir réinventer
24:40le spectacle vivant
24:41loin des codes parisiens
24:43et des critiques.
24:44Vous qui êtes aussi
24:45une grande dame de cabaret,
24:47vous trouvez qu'il a raison ?
24:50Écoutez,
24:51moi je trouve que les gens,
24:52quand ils parlent
24:53et...
24:55d'une façon sincère,
24:57moi je ne cherche pas
24:58à discuter
24:58s'ils ont raison ou pas,
25:00ça ne me regarde pas...
25:04Ça a pu vous gêner
25:05dans votre carrière
25:06les codes parisiens,
25:07ce qu'il décrit
25:08comme une forme
25:09de snobisme parisien ?
25:11Une forme de quoi ?
25:12De snobisme parisien.
25:14Des codes, des codes...
25:15Écoutez,
25:16les gens qui disent des coderies,
25:17on n'y fait pas attention
25:18et puis c'est tout.
25:19Ça ne me dérange pas.
25:21Moi je l'ai...
25:23Je me suis arrangée
25:24pour ne fréquenter
25:25que des gens que j'aimais,
25:27que je ne trouvais
25:28pas trop imbéciles,
25:30qui avaient la gentillesse
25:31de me trouver
25:32pas trop imbécile
25:33et puis ceux
25:34qui ne me plaisaient pas,
25:35je les laissais de côté
25:36et puis c'est tout.
25:38C'est...
25:39Et vous aimez Paris,
25:40vous aimez cette ville,
25:41Paris.
25:43Oui, j'aime beaucoup Paris.
25:44Mais il y a d'autres villes
25:45qu'on peut aimer.
25:48Je...
25:48Il y a beaucoup de villes.
25:50Moi j'aime bien...
25:52Mais je suis très heureuse
25:53d'avoir vécu à Paris, oui.
25:55J'ai une dernière question
25:56qui est en lien
25:57avec le lieu
25:58dans lequel nous sommes,
25:59Judith Magre.
25:59nous sommes entourés
26:00de quatre statues.
26:02Ah oui ?
26:02Vous l'aimez ce rituel.
26:04Quatre statues
26:05qui représentent
26:06chacune une vertu.
26:07Il y a la sagesse,
26:09la prudence,
26:10la justice
26:10et l'éloquence.
26:12Est-ce qu'il y a
26:12une de ces vertus
26:13que vous avez envie
26:14de défendre
26:15ici et maintenant ?
26:16Euh...
26:16Attendez, je ferai...
26:17Ah, mais ça me grimpe,
26:18sur quoi je vais tomber ?
26:20La sagesse.
26:21La sagesse ?
26:21C'est vrai ?
26:22La sagesse ?
26:23Ben oui,
26:23parce que je...
26:24si j'apprenais
26:25à être sage,
26:26peut-être que ce serait bien
26:27que ma vie changerait.
26:29Vous aimeriez être sage ?
26:31Je m'en fous.
26:33Trop tard.
26:34Eh ben, on s'arrêtera
26:36sur ce mot quand même,
26:37sur la sagesse.
26:38Merci infiniment,
26:39Judith Magre,
26:40d'avoir été avec nous.
26:40Merci, ça me fait tellement
26:41plaisir de vous voir.
26:42Ça nous a fait vraiment plaisir
26:43de vous recevoir.
26:44Merci de votre franc parler
26:45et de votre sincérité.
26:47Et merci à vous,
26:48comme chaque semaine,
26:49de nous suivre dans cette émission.
26:50Émission à retrouver en replay
26:52sur notre plateforme
26:53publicsénat.fr
26:54mais aussi en podcast.
26:55À très vite.
26:55Merci beaucoup.
26:56Merci, Judith Magre.
26:57Merci.
26:57Merci.
26:58Merci.
27:04Merci.

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