- aujourd’hui
Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur analysent les temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale.Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Isabelle Rauch, députée Horizons et indépendants de Moselle et Bernard Jomier, sénateur Place publique de Paris, membre du groupe socialiste. Au programme : la proposition de loi de programmation de l’énergie et la proposition de loi Duplomb, visant à “lever les contraintes du métier d’agriculteur”.La proposition de loi de programmation de l’énergie, rédigée par le sénateur LR des Vosges Daniel Gremillet, a été adoptée par le Sénat le 8 juillet, après avoir été rejetée par l’Assemblée nationale en juin. Le texte fixe un cap en termes de mix énergétique pour le pays jusqu’en 2030 : 27 GW de capacités nucléaires et 58% de l’énergie finale consommée décarbonée.La proposition de loi du sénateur LR de Haute-Loire Laurent Duplomb, visant à “lever les contraintes du métier d’agriculteur”, a été adoptée par le Parlement cette semaine. Elle contient des mesures polémiques, comme la réintroduction sous conditions du pesticide néonicotinoïde l’acétamipride, ou encore la facilitation des méga-bassines. Année de Production :
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00:00Générique
00:00Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour le dernier numéro de Parlement Hebdo de la saison.
00:13Parlement Hebdo, c'est l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:17Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat entre une députée cette semaine et un sénateur.
00:22Nous sommes ravis d'accueillir Isabelle Roche, bonjour.
00:25Bonjour.
00:25Députée Horizon de Moselle, Horizon c'est le parti d'Edouard Philippe.
00:28Alors face à vous Bernard Jaumier, on ne vous présente plus, sénateur de Paris, membre du groupe socialiste au Sénat et du parti Place Publique de Raphaël Glucksmann.
00:37Et vous débattrez tous les deux de l'avenir énergétique de la France alors que le Sénat a adopté cette semaine une proposition de loi qui relance le nucléaire
00:44et renforce la part des énergies décarbonées dans notre consommation.
00:49Et puis on parlera d'agriculture puisque l'Assemblée nationale a adopté définitivement la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb,
00:55un texte controversé qui réautorise un pesticide néonicotinoïde.
01:00Mais d'abord, le nucléaire relancé par la majorité de droite du Sénat.
01:05Résumé de Fabien Recker.
01:10Une feuille de route pour la transition énergétique adoptée par 221 voix contre 24.
01:16La majorité sénatoriale mise sur la relance du nucléaire.
01:21Les enjeux pour la société, pour notre pays, pour la planète, c'est bien de décarboner nos activités.
01:28Il était nécessaire de relancer la politique nucléaire dans notre pays.
01:32C'est absolument stratégique.
01:33Notre indépendance et notre vision en dépend.
01:36Le texte fixe l'objectif de 27 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050,
01:42avec 60% de nucléaire dans notre mix énergétique en 2030.
01:47Ce qui implique la construction de 14 nouveaux EPR, dont 6 sont déjà en chantier chez EDF.
01:54Dans leur projet, les LR au Sénat veulent aussi renforcer les énergies renouvelables,
01:59en contradiction avec les mots clivants du chef de leur propre parti, Bruno Rotaillot,
02:04qui réclamait il y a quelques jours dans les colonnes du Figaro un arrêt des subventions à la filière.
02:10Je ne peux pas soutenir.
02:10Je suis d'un territoire dans lequel il y a trois parcs éoliens, une filière de construction d'Épale.
02:16Le mix énergétique, j'y tiens beaucoup.
02:18C'est une part de nucléaire, mais c'est aussi une part de renouvelable,
02:20dont de l'éolien en mer, qui produit aujourd'hui une dose importante à des prix tout à fait compétitifs.
02:25Malgré ce signal aux acteurs du renouvelable,
02:28la gauche dans son ensemble n'a pas voté le texte,
02:31dénonçant le choix d'une proposition de loi issue du Parlement
02:34au lieu d'un projet de loi gouvernementale pour définir la politique énergétique du pays.
02:39Qu'est-ce que ça veut dire quand c'est issu du Parlement ?
02:42Ce n'est pas le problème de l'initiative parlementaire.
02:44Ça veut dire qu'en fait, vous n'avez pas d'études d'impact.
02:46On n'étudie pas les conséquences d'une loi qui, sur la loi Grumier,
02:51projette la France sur le reste du siècle en matière d'infrastructures énergétiques.
02:54Il n'y a pas d'études d'impact. C'est une aberration absolue.
02:57Le texte issu du Sénat sera examiné à l'Assemblée en septembre
03:01et doit être précisé dans un décret de programmation pluriannuelle
03:05de l'énergie du gouvernement, attendu à l'automne.
03:09Bernard Jomy, une première question pour vous.
03:11Ce texte renforce la part des énergies décarbonées dans notre pays
03:14pour la porter à 58% de notre consommation d'ici à 2030.
03:19Mais vous, les sénateurs PS, vous êtes abstenus. Pourquoi ?
03:25C'est une question qui est fondamentale, la question de l'énergie.
03:27On vit un réchauffement climatique avec toutes ses conséquences.
03:30Il faut qu'on diminue nos émissions de gaz à effet de serre.
03:33Il faut qu'on diminue la part des énergies fossiles
03:37pour essayer de la ramener à zéro.
03:39Et d'ailleurs, c'est dit dans le texte de notre collègue Grémier.
03:44Donc il y a dans ce texte des éléments qui sont intéressants.
03:46Mais vous êtes abstenus.
03:47Mais comment est-ce qu'on peut discuter d'un sujet aussi sérieux
03:50sans avoir tous les tenants et les aboutissants sur la table
03:54et le temps du débat ?
03:55Juste deux exemples rapides.
03:57Le nucléaire.
03:58Bien sûr, il faut une part de nucléaire dans le mix énergétique.
04:01Nous, nous y sommes favorables.
04:03Mais combien ça va coûter ?
04:04À quel rythme ?
04:05Personne ne le sait.
04:07On a entendu même parler de petits réacteurs nucléaires
04:09comme si on allait faire dans notre canton un réacteur nucléaire.
04:13Ou des EPR qui sont à l'autre bout de la chaîne,
04:17si je puis dire, de la production nucléaire.
04:19Donc il faut préciser tout de même cette question-là.
04:21Et puis les énergies renouvelables.
04:23Regardez la prise de position de Bruno Retailleau.
04:25Vous y comprenez quelque chose ?
04:27Ça, ça veut dire que le débat n'est pas stabilisé
04:30et que si on ne veut pas virer à la guerre de religion,
04:33il fallait prendre le temps,
04:34il fallait que le gouvernement s'engage.
04:36Ça n'a pas été fait.
04:37On ne peut pas délibérer dans des bonnes conditions.
04:39Isabelle Roche, alors certes, il y a ce débat parlementaire
04:41sur cette proposition de loi d'initiative sénatoriale.
04:45Mais au final, le gouvernement va décider
04:46de l'avenir énergétique de la France par un seul décret
04:49en contournant le Parlement,
04:51son véritable étude d'impact, son véritable projet de loi.
04:53Est-ce que ce n'est pas un problème démocratique ?
04:55C'est clair que moi, j'aurais aussi préféré un projet de loi
04:58sur cette programmation,
05:01sur cette possibilité pour l'énergie.
05:06Et je suis convaincue que nous avons besoin du mix énergétique.
05:11Ça, c'est fondamental et indispensable.
05:14Nous avons besoin de sortir des énergies fossiles.
05:17Donc ça, c'est aussi très, très important.
05:20Donc moi, je suis déjà très heureuse
05:22que finalement, on ait pu avoir en partie le débat au Parlement.
05:27C'est vrai que certes, ça peut paraître insatisfaisant,
05:30mais au moins, ça a pu clarifier la position des uns et des autres
05:32pour savoir où est-ce qu'on se positionnait,
05:34savoir si on était pour le nucléaire, contre le nucléaire,
05:37par rapport aux énergies décarbonées.
05:40Donc ça, ça me paraît fondamental,
05:42qu'au moins, ce débat ait déjà pu avoir lieu.
05:44Oui, mais que finalement, c'est insuffisant,
05:45comme le dit Yannick Jadot,
05:46puisqu'il n'y a pas d'étude d'impact.
05:48Un projet de loi, ça permet une étude d'impact.
05:49Donc ça, vous le regrettez aussi ?
05:51Est-ce que vous êtes d'accord avec Bernard Jomier,
05:53qui parle un peu d'un débat précipité,
05:55qui ne se tient pas dans de bonnes conditions ?
05:57À l'heure actuelle, pour tenir un débat dans de bonnes conditions
05:59à l'Assemblée nationale,
06:00avec la façon dont est composée l'hémicycle,
06:03c'est extrêmement difficile.
06:04Donc on a fait au mieux pour tenir le débat.
06:07Mais certes, je préfère toujours les projets de loi
06:09aux propositions sur des sujets comme celui-ci.
06:12Alors Bernard Jomier,
06:13cette proposition de loi de la droite sénatoriale
06:14relance fortement le nucléaire,
06:17également les énergies renouvelables,
06:18mais dans une moindre mesure.
06:20Est-ce que c'est le bon mix énergétique ?
06:22C'est une position un peu théologique.
06:24C'est une position de principe,
06:25de dire qu'il y a une espèce de soulagement peut-être
06:30d'une partie du monde politique
06:33qui a craint que les antinucléaires prennent le dessus
06:36et qu'on abandonne les énergies nucléaires,
06:38ce qui n'a jamais été notre position.
06:40Je viens de le dire.
06:40On porte le mix énergétique depuis des années et des années.
06:45Et donc, il y a cette espèce d'un coup,
06:47vous savez, c'est ces mouvements de balancier
06:49que le Sénat, justement, a vocation à pondérer,
06:52et là qu'on ne pondère plus.
06:53Alors, ça va être le tout nucléaire.
06:55Mais la réalité, c'est qu'économiquement,
06:57ça n'est pas tenable.
06:58Ça coûte très cher.
06:59Pourquoi ?
07:00Tous les pays du monde entier
07:01ont une part très modérée de nucléaire.
07:03Pourquoi les forces économiques
07:05n'investissent pas dans le nucléaire ?
07:07Parce que c'est très coûteux.
07:09Et si on regarde les énergies renouvelables dans le mix,
07:12les conditions ont changé.
07:14La question de l'intermittence,
07:15on dit oui, mais l'éolien, le solaire,
07:17ça ne produit pas tout le temps.
07:19Ça se résout maintenant en partie
07:21par une question qui a considérablement évolué,
07:24c'est celle du stockage.
07:26La Chine, actuellement,
07:28met en place des capacités de stockage gigantesques
07:31et de production sur les renouvelables.
07:33Tous les cinq mois,
07:35la Chine augmente sa production renouvelable
07:39de l'équivalent de 20% de la production nucléaire
07:42du monde entier.
07:44C'est incroyable.
07:44Et nous, on est dans un débat théologique
07:46à dire, à victoire, va nous dire,
07:49Retailleau, on construit à nouveau des réacteurs nucléaires.
07:52Ce n'est pas sérieux.
07:52Voilà.
07:53Et c'est pour ça qu'il fallait le temps du débat.
07:54Alors, qui n'a pas eu lieu, vous dites.
07:59Bon, il y a quand même cette proposition de loi
08:01qui a été votée.
08:02Est-ce que miser sur le tout nucléaire,
08:04comme le dit Bernard Jomé,
08:05c'est une bonne stratégie,
08:06alors qu'il faut 15 ans pour construire
08:08une centrale nucléaire,
08:10et que l'urgence pour nous, dans la décennie,
08:12c'est de réduire nos gaz à effet de serre ?
08:14En fait, là, on ne mise pas tout sur le nucléaire.
08:16C'est le nucléaire et les énergies renouvelables.
08:19Il y a quand même une relance forte.
08:20Bien sûr, en fait,
08:20mais on n'a jamais arrêté d'investir dans le nucléaire.
08:22Depuis toutes ces dernières années,
08:24on a toujours investi dans le nucléaire
08:26et de façon continue.
08:28Donc, ce qui est surtout très, très important,
08:30c'est de voir aussi comment on sort des énergies fossiles.
08:32Je pense que ça, c'est vraiment la priorité
08:34par rapport à notre baisse des gaz à effet,
08:39des émissions à effet de serre.
08:40Je vais y arriver.
08:42Donc, ça, c'est vraiment fondamental.
08:44Donc, le nucléaire fait partie du mix énergétique,
08:47mais bien entendu, les énergies renouvelables aussi.
08:50Donc, on ne peut pas miser ni uniquement sur le nucléaire,
08:55ni uniquement sur les énergies renouvelables.
08:57On a besoin des deux pour avancer.
09:00Tout simplement, même par exemple, le nucléaire,
09:03et Édouard Philippe le dit,
09:05quand vous avez une énergie dont on…
09:08Enfin, si on ne dépend que d'une seule énergie,
09:10si à un moment, on voit qu'on a un problème,
09:11principe de précaution, on arrête tout.
09:13Ce n'est juste pas possible.
09:14Donc, on voit bien qu'on a besoin de cette complémentarité
09:17et qu'effectivement, c'est très important.
09:20Moi, avant-hier, sur ma circonscription,
09:23on a inauguré…
09:24Oui, la Moselle, on a inauguré ce qu'on appelle une ferme solaire
09:30avec une capacité de pouvoir alimenter une ville de 30 000 habitants.
09:35Donc, très, très important d'avoir ces combinaisons.
09:39– Bernard Jomier, vous citiez Bruno Rotaillot.
09:41Je vais rappeler le fait que la semaine dernière,
09:44le président du Parti des Républicains a publié une tribune
09:47dans le Figaro pour défendre la suppression des financements publics
09:50de l'éolien et du solaire, des énergies qui, selon lui,
09:54sont intermittentes, coûteuses et qui n'ont pas besoin,
09:57qui sont matures économiquement,
09:58qui n'ont pas besoin d'argent public pour se développer.
10:01Est-ce que vous entendez ces arguments ?
10:03– Je pense que Bruno Rotaillot a à peu près 10 ans de retard.
10:06C'est ce que j'ai expliqué sur l'intermittence.
10:08La question du stockage a considérablement progressé.
10:11Et maintenant, on sait stocker pour stocker quand il y a moins besoin,
10:16relâcher quand il y a plus besoin.
10:17Et on finance d'ailleurs le stockage comme ça.
10:20C'est-à-dire qu'au moment où il y a moins besoin d'électricité dans les réseaux,
10:23le prix baisse, vous savez, ça bouge sans arrêt, le prix sur le marché.
10:26Et donc, quand vous relâchez parce qu'on en a besoin,
10:28vous vendez plus cher.
10:30Et ce delta vous permet de financer les capacités de stockage.
10:33Donc tout ça a évolué.
10:34Et Bruno Rotaillot mène un combat idéologique.
10:37On comprend pourquoi il n'y a pas de projet de loi du gouvernement.
10:39Parce que vous voyez la division qu'il y a,
10:41les discours qui sont complètement contradictoires.
10:44Bruno Rotaillot qui court après la position du Rassemblement national,
10:47pendant que d'autres dans la mouvance présidentielle,
10:49sont plus favorables à la position que je vous décris.
10:53Donc voilà, je trouve que c'est pas bien d'instrumentaliser
10:59l'avenir énergétique du pays
11:01et la lutte contre le réchauffement climatique
11:03avec des raisons politiciennes qui sont de courir après la position du RN.
11:07Vous êtes d'accord chez Horizon, Isabelle Roche,
11:09avec cette proposition de Bruno Rotaillot
11:11qui défend donc la suppression des financements publics
11:13pour l'éolien et le photovoltaïque.
11:15Que dit-on dans votre parti ?
11:17– Écoutez, la dernière dépêche ASP est quand même tout assez explicite
11:21puisque nous avons qualifié cette position de stupéfiante.
11:26Donc nous ne sommes pas d'accord.
11:28– Ça c'est la réaction ?
11:29– Ça c'est la réaction ?
11:30– Oui, c'est la réaction que Christophe Béchut a communiquée à la presse
11:34et qui est publique.
11:35Donc voilà, cette position qui consiste à courir pour les LR
11:40derrière le RN sur cette position a paru stupéfiante
11:45à bon nombre d'acteurs qui étaient…
11:47– C'est politique pour vous ?
11:49– Oui.
11:49– Ça ne répond pas sur…
11:50– Ça veut dire qu'au sein du socle commun du gouvernement,
11:52vous n'êtes pas d'accord sur l'avenir énergétique de la France ?
11:55– Au sein du socle commun, nous sommes d'accord pour le mix énergétique.
11:59Donc après qu'il y ait des positions de certains qui s'élèvent
12:03parce que politiquement ils pensent que c'est une bonne idée,
12:09ce n'est pas la position majoritaire au sein du socle commun, au contraire.
12:13– Et on a l'impression qu'il y a beaucoup de divisions ces dernières semaines
12:15au sein du socle commun sur ces questions d'énergie, d'écologie,
12:19que ce soit les éoliennes ou également les zones à faible émission
12:22qui interdisent la circulation des voitures polluantes dans les centres-villes.
12:26Sur ce thème-là de l'écologie, vous n'êtes pas du tout d'accord au sein du socle commun ?
12:30– Comme un peu dans la société où on n'a pas tous exactement la même vision
12:34et la même perception de la trajectoire nécessaire et la même temporalité.
12:41On est tous d'accord, enfin je l'espère, parce que là ça me poserait un problème politique
12:47sur le fait que le réchauffement climatique est là,
12:49que nous avons besoin de prendre des mesures fortes,
12:52maintenant certains ont envie d'accélérer sur certaines mesures
12:55et d'autres sur d'autres, mais il est incontestable
12:58que nous sommes face au réchauffement climatique
13:00et que nous devons prendre des mesures par rapport à cela.
13:03– Juste une petite question Bernard Joly, est-ce que vous comprenez
13:06le ras-le-bol de la population aussi dans certaines zones
13:08par rapport au développement des éoliennes un peu partout,
13:12ce dont les députés du Rassemblement national ont utilisé comme argument
13:16pour faire passer un vote à l'Assemblée nationale
13:19qui finalement n'a pas été retenu, mais est-ce que vous comprenez ce ras-le-bol
13:22sur les éoliennes qui envahissent le visage ?
13:24– Le Rassemblement national, il surfe sur toute opposition à tout.
13:29Je ne dis pas qu'il n'y a pas des endroits où des éoliennes ont été imposées
13:33sans concertation et que c'est problématique.
13:35– Mais il ne faut pas de moratoire, eux ils veulent un moratoire.
13:36– Bien sûr, et alors ils veulent quoi ? Le développement des énergies fossiles ?
13:41La réalité c'est que le Rassemblement national porte des positions climato-sceptiques,
13:45de façon répétée chez leur leader.
13:48Et donc quand vous en êtes à nier quasiment le réchauffement climatique,
13:53vous n'avez pas de raison de sortir des énergies fossiles,
13:55et puis comme ça vous allez en Russie chercher vos financements.
13:58Voilà, c'est comme ça que ça se passe.
14:00Donc ça ne m'étonne pas du Rassemblement national et ce n'est pas sérieux.
14:03– Allez, on va continuer à parler d'écologie et d'agriculture cette fois-ci,
14:06puisque l'Assemblée nationale a adopté définitivement cette semaine
14:09la proposition de loi du sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb,
14:12un texte qui vise à lever certaines contraintes qui s'exercent sur l'agriculture
14:17et notamment à réautoriser l'utilisation d'un pesticide tueur d'abeilles.
14:21Les explications de Stéphanie Despierre.
14:24– C'est un pesticide qui enflamme les débats, l'acétamipride.
14:31La loi Duplomb permet de réautoriser ce produit utilisé sur les betteraves,
14:35les asperges ou encore les noisettes.
14:37La gauche dénonce haut et fort les risques pour l'environnement et pour la santé.
14:42Les écologistes ont donc rebaptisé la loi Duplomb.
14:45– Cette loi poison n'est pas juste un recul environnemental de plus parmi d'autres.
14:51C'est le feu vert donné à la déconstruction écologique.
14:55– Le rapporteur du texte, lui, rappelle que l'usage de l'acétamipride restera très encadré.
15:01– L'interdiction reste la règle.
15:03Nous n'instaurons dans la loi qu'une mesure de dérogation
15:05qui ne sera obtenue qu'après avoir gravi une échelle de critères.
15:09Dérogation qui ne concernera qu'au mieux 1,7% des surfaces agricoles
15:13si toutes les filières demandeuses en obtenaient la dite dérogation.
15:18– Ce texte, initialement écrit par le sénateur Les Républicains, Laurent Duplomb,
15:22a eu un parcours parlementaire très sinueux.
15:25– À l'Assemblée, la gauche dépose des centaines d'amendements.
15:29En réponse à la surprise générale, les quatre groupes du socle gouvernemental
15:33votent contre leur propre texte avant même le début des débats.
15:37Objectif, accélérer.
15:39La dernière mouture a donc été rédigée à huis clos en commission mixte paritaire.
15:44Pas de quoi aplanir les divisions ou pas les bourbons.
15:47– Il y a 21 sociétés savantes médicales qui disent la même chose.
15:50À commencer par M. Wig, directeur scientifique adjoint de l'INRA,
15:55qui dit que c'est le nouveau chlordécone, là, c'est à mi-pris,
15:58le nouveau chlordécone de l'Hexagone.
16:01– Avions-nous le droit, moralement, d'ignorer ces paysans
16:05quand ils supplient qu'on les laisse accéder à des produits
16:09qui permettent de sauver les récoltes ?
16:11Et vous portez, mesdames et messieurs les députés,
16:14en caricaturant ce débat, une très lourde, une funeste responsabilité.
16:20– Dans un hémicycle surchauffé, la loi est définitivement adoptée,
16:24316 voix pour, 223 contre.
16:27La bataille n'est pas tout à fait terminée,
16:29la gauche va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.
16:32– Isabelle Roche, est-ce que vous venez de voter un texte
16:35qui est un recul pour l'environnement ?
16:37– Je viens de voter un texte qui a été beaucoup caricaturé,
16:42et ça c'est aussi pour ça que j'ai accepté de venir dans ce débat.
16:47Il me semblait important de pouvoir remettre certaines choses au clair,
16:51et notamment sur le fait que c'est bien l'interdiction qui reste la règle,
16:55et ça a été rappelé, on le voit dans le reportage.
16:57– Sur l'acétamipride ?
16:58– Sur l'acétamipride, puisque c'est surtout ça qui est mis en avant.
17:02Donc c'est l'interdiction qui reste la règle,
17:04et la réautorisation qui ne peut être faite que sous condition,
17:07et les conditions c'est qu'il n'y ait pas de produit de substitution,
17:10qu'il y ait un impératif, donc on voit bien qu'il y a trois règles importantes,
17:18et qui doivent être ensemble, si elles ne sont pas là,
17:20ces conditions, on ne peut pas réautoriser le fait d'utiliser l'acétamipride,
17:26donc c'est vraiment très contraint pour les agriculteurs, très encadrés,
17:31et au maximum, ça a été rappelé, c'est 1,7% des surfaces cultivées,
17:35donc vraiment on est là sur quelque chose de très contraint,
17:37je rappelle juste que c'est autorisé dans les autres pays de l'Union Européenne,
17:41et que les cultures peuvent être faites avec ce produit,
17:44dans le reste de l'Union Européenne, sans aucun problème.
17:47Donc on voit bien qu'on a des agriculteurs très contraints,
17:50c'est très encadré, mais je rappelle juste quand même une chose,
17:54c'est que cette molécule, elle est en libre accès,
17:57pour chacun d'entre nous, et que nous en avons quasiment tous dans nos maisons.
18:02– Sur Internet ?
18:02– Non, sur Internet et même dans nos maisons, sous nos éviers.
18:05– Sous l'évier ?
18:06– Sous l'évier ?
18:07– Sous l'évier dans les produits qu'on peut utiliser,
18:10dans les produits ménagers ou dans certains…
18:12Donc voilà, on encadre strictement pour les agriculteurs,
18:15il faut faire très attention,
18:17mais attention à ce que nous avons au quotidien chez nous,
18:20et ça je pense que beaucoup d'entre nous n'en sont pas conscients.
18:23– Bernard Jaumet, cette réautorisation à titre dérogatoire
18:26sur certaines surfaces de l'acétamipride,
18:29le fameux néonicotinoïde qui cristallise les peurs,
18:32est-ce que ça ne permet pas aussi de sauver des récoltes ?
18:35Est-ce que vous entendez les demandes des agriculteurs qui se disent
18:38« il n'y a pas d'issue pour nous » et qui soutenaient ce texte et cette réautorisation ?
18:42– Les agriculteurs, ils sont confrontés comme chacun d'entre nous,
18:46comme chacun de nos secteurs, c'est un secteur de notre vie publique
18:49et de notre vie économique, aux nécessités de la transition écologique.
18:52Et ce n'est pas facile la transition écologique.
18:55Ça nécessite de prendre soin des uns et des autres
18:58et ça nécessite un effort continu et progressif.
19:02Et le problème de la loi de mon collègue Laurent Duplomb,
19:05c'est qu'elle fait un pas en arrière.
19:07C'est qu'elle indique, en gros, elle dit « en fait c'est trop dur,
19:10donc on va réautoriser des substances qui vont être interdites
19:15dans quelques années dans l'Union européenne »
19:16parce qu'elles sont très toxiques pour l'environnement,
19:19qu'elles portent atteinte à la biodiversité
19:20et qu'elles ont des conséquences pour la santé humaine.
19:24Et donc, de voter cette loi, c'est un peu faire une marche arrière.
19:28Ça porte deux principes, cette loi,
19:30qui sont deux principes qui sont, j'attire l'attention là-dessus,
19:35la marque du trumpisme.
19:36Le premier principe, c'est ce qu'on appelle le backlash,
19:39pardon pour l'anglicisme, écologique.
19:42Le retour en arrière.
19:42– C'est le retour en arrière.
19:43– On voit qu'il progresse en France,
19:46qui en gros, ce qui avait commencé il y a un certain nombre d'années
19:48avec l'environnement, ça commence à bien faire.
19:50Et qu'on voit à l'œuvre.
19:51Et le deuxième, qui est la mise en cause de faits scientifiques.
19:54Et je le dis…
19:55– Vous êtes très sain, par ailleurs.
19:57– Et je le dis parce que quand dans l'hémicycle,
19:59notamment, j'ai dit, mais il y a tout de même…
20:01Les agriculteurs ont à leur tableau des maladies professionnelles
20:04cinq maladies dues aux pesticides.
20:07Laurent Dupland a crié, c'est pas vrai.
20:09Il y a une négation.
20:10Et quand on part, on ne peut pas débattre.
20:13Moi, je n'ai pas eu l'habitude, dans l'hémicycle du Sénat,
20:15de débattre en niant les faits.
20:16On est en désaccord, ce n'est pas un souci.
20:18On fait de la politique, mais de nier des faits scientifiques.
20:21Et quand vous croisez la négation des faits scientifiques
20:24et le backlash écologique, vous avez la loi Dupland,
20:27qui est une loi de lâcheté politique, au fond.
20:29– Une loi de lâcheté politique.
20:30– Mais oui, c'est une loi de lâcheté politique,
20:31parce que ça ne résoudra rien aux problèmes des agriculteurs,
20:35parce qu'il y a une substitution aux néonicotinoïdes, aux spécificides.
20:39Ça s'appelle l'agriculture biologique.
20:41Alors, ce n'est pas les mêmes conditions de production.
20:43– Sur les betteraves et les noisettes, ça apparaît compliqué.
20:45– Et sur les betteraves, notre collègue Jean-Claude Tissot,
20:47qui est agriculteur, l'a expliqué, il y a des solutions.
20:50Mais c'est compliqué, oui, j'en conviens, j'en conviens.
20:53Et on est tous face à cette complexité.
20:56Et je termine par là, la deuxième grande faute de cette loi,
21:00c'est d'avoir opposé les agriculteurs à l'opinion publique,
21:02parce que l'opinion publique ne veut pas de ce retour en arrière.
21:04– Isabelle Roche, est-ce que ce texte est un texte,
21:06pour reprendre les mots de Bernard Jaumier, trumpiste,
21:09qui nie certaines vérités scientifiques sur les pesticides ?
21:11– Moi, je suis très choquée.
21:14Moi, je ne nie absolument pas l'effet scientifique.
21:16J'ai bien rappelé quand même les conditions,
21:17que c'était aussi parce que c'était autorisé
21:19dans l'ensemble de l'Union européenne,
21:21que nous avions un problème avec nos agriculteurs
21:23et sur certaines cultures de façon très précise,
21:25et que c'était très encadré,
21:27et que quand il y avait des produits de substitution,
21:29c'était hors de question de réautoriser cette molécule.
21:32Donc, je ne nie absolument pas l'effet scientifique.
21:35Et m'accuser de cela me choque profondément.
21:39– Je ne vous accuse pas.
21:40– Non, non, mais…
21:40– Voilà, votre mouvement politique a eu trois votes.
21:42Vous avez voté pour la loi, certains votaient contre,
21:44d'autres se sont abstenus.
21:45Ça montre bien qu'il y a quand même un peu de complexité.
21:47– Un peu de…
21:48– À un moment, il y a aussi le fait que moi,
21:52je préfère que nos agriculteurs puissent produire
21:55et que nous puissions contrôler ici
21:56et trouver des solutions ensemble.
21:59Et c'est bien le cas de mettre aussi l'accent là-dessus.
22:03C'est extrêmement important.
22:03plutôt que d'aller importer des produits
22:06où il n'y aura absolument aucun contrôle
22:08et où je ne sais pas du tout comment ça va être produit.
22:09Donc, ça, c'est vraiment très clair.
22:11C'est aussi dans le cadre de cette souveraineté alimentaire
22:15et de ce contrôle que je préfère que,
22:17vraiment sous certaines conditions,
22:19on puisse réautoriser.
22:21mais c'est vraiment très, très limité.
22:25Parce que quand on va importer des produits
22:27où on ne sait absolument pas comment ça va être…
22:30enfin, comment les…
22:32– Les conditions de production.
22:33– Les conditions de production.
22:34Merci.
22:35La fin de session, c'est difficile pour tout le monde.
22:37Les conditions de production sont…
22:39Moi, ça m'inquiète.
22:40– Moi, je suis d'accord avec vous là-dessus.
22:43On ne doit pas autoriser en importe…
22:44Mais on ne doit pas faire du moins-disant,
22:46qui est de dire,
22:47puisqu'ils utilisent des produits toxiques,
22:49utilisons-les à notre…
22:50Il faut protéger nos agriculteurs,
22:52il faut protéger nos agriculteurs
22:54pour leur permettre d'être à armes égales.
22:56Tout à fait d'accord.
22:58Mais donc, il ne faut pas autoriser
22:59l'importation de ces produits.
23:03Et les traités de libre-échange,
23:04c'est leur problème.
23:05– Mais on est dans ce monde-là.
23:08Donc, dans ce monde-là, je ne veux pas…
23:10Je fais tout pour qu'on puisse évoluer,
23:13mais je prends aussi la réalité là où on en est
23:15et je ne vais pas mettre à mal
23:16des agriculteurs, une agriculture,
23:18des produits dont on a besoin
23:19pour finalement avoir des produits importés
23:22dont on ne connaît pas les conditions de production
23:23et où les Français, finalement, vont manger
23:25des choses qui seront moins bonnes.
23:27Donc, c'est ça la problématique.
23:29Maintenant, je suis d'accord avec vous
23:31qu'il faut impérativement que collectivement
23:33et au niveau européen,
23:34nous soyons vigilants
23:36et nous ayons cette réflexion
23:38et ces capacités de recherche
23:40pour justement pouvoir trouver
23:41des produits de substitution.
23:42– Alors, on continue avec une question
23:45sur les méga-bassines.
23:47Puisque Bernard Jaumy,
23:48ce texte facilite la création
23:51de ces méga-bassines,
23:51de ces capacités de stockage de l'eau
23:53pour les agriculteurs.
23:55Mais finalement, est-ce que capter l'eau
23:57qui est plutôt abondante en hiver
23:58pour l'utiliser l'été
23:59dans les périodes de sécheresse,
24:00est-ce que ce n'est pas du bon sens
24:02vis-à-vis du climat ?
24:03– Le bon sens, c'est ce qu'on invoque
24:06quand on n'a plus d'argument, excusez-moi.
24:08C'est-à-dire que, bien sûr,
24:10que l'eau ne pose pas de problème.
24:12D'ailleurs, il y a quelque chose qui existe,
24:13ça s'appelle les nappes phréatiques.
24:14En sous-sol, ça stocke très bien l'eau.
24:17Dans certains territoires,
24:19dans certains bassins de production,
24:21dans certains départements,
24:22dans certains lieux,
24:23il peut être utile de créer des réserves d'eau.
24:26Bien sûr, ça se fait depuis,
24:29c'est-à-dire la nuit des temps.
24:30Et ça se fait aujourd'hui,
24:32dans certains départements,
24:33sans conflit.
24:34La question, c'est de savoir
24:35comment on partage l'eau,
24:38qui est en train de devenir une ressource,
24:40si ce n'est rare,
24:40en tout cas,
24:41alors elle, intermittente pour le coup,
24:43avec, on a connu quand même
24:44un an de grosses précipitations,
24:46et depuis plusieurs mois,
24:47une sécheresse.
24:47Et donc, il faut mettre tout le monde
24:48autour de la table,
24:49Il y a des grands feux,
24:49et des grands feux.
24:52Donc, il y a des usages de l'eau.
24:53Et le problème, là aussi,
24:55c'est que la loi qui a été votée,
24:58elle revient en arrière,
24:59en ce sens qu'elle impose
25:00le point de vue d'une part.
25:02Et on va faire réagir ça.
25:04Sur les méga-vacines.
25:05J'aurais tendance à dire
25:09que je suis complètement d'accord
25:12avec le fait que c'est le partage
25:14des usages qui est très important,
25:15et qu'effectivement,
25:16à certains endroits,
25:17nous avons besoin de retenue d'eau.
25:18C'est ce que va permettre la loi.
25:20Mais il y a d'autres,
25:21nous avons d'autres façons de faire
25:24pour irriguer les cultures.
25:26Donc, voilà.
25:27– Mais la loi le permettait déjà.
25:29La nouveauté, c'est par exemple
25:30qu'on pourra le faire
25:31aux dépens des espèces protégées.
25:33– Eh bien, ce sera le mot de la fin.
25:34– Et c'est la fin de ce débat.
25:35– Merci d'avoir participé
25:36à ce dernier débat.
25:37– C'est court.
25:38– Oui, c'est court,
25:39parce qu'il y a eu de très vite.
25:40– Merci beaucoup à vous.
25:41– A bientôt.
25:42– Ciao, ciao.
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