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  • 09/07/2025
Le 1er juillet, la commission des affaires sociales du Sénat organisait une table-ronde sur les expériences de l'euthanasie dans les pays étrangers. Alors que deux propositions de loi, relatives aux soins palliatifs et à la fin de vie, arrivent à l'automne au Sénat, les sénateurs ont commencé à auditionner des spécialistes du sujet. Ils ont ainsi entendu Jacqueline Herremans, avocate au barreau de Bruxelles et présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité de Belgique, Pierre Deschamps, avocat et membre émérite du barreau du Québec et éthicien, ainsi que Theo Boer, professeur d'éthique de la santé à l'université à l'université théologique protestante de Groninge et ancien membre d'un comité de contrôle de l'euthanasie du gouvernement néerlandais. Les trois experts ont expliqué la manière dont l'aide à mourir a été mise en place dans leur pays, ainsi que les débats que cela occasionne.
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Transcription
00:00:00Bonjour à tous, bienvenue, prenez place dans 100% Sénat, l'émission qui vous fait vivre le cœur du travail parlementaire.
00:00:17Les sénateurs continuent de nourrir leurs réflexions sur la fin de vie et sur les soins palliatifs.
00:00:22Les deux textes de loi arrivent au palais du Luxembourg à l'automne.
00:00:25D'ici là, les auditions s'enchaînent. Ils ont entendu plusieurs experts étrangers, deux avocats de Bruxelles et du Québec et un professeur d'éthique de santé néerlandais. On regarde.
00:00:37Tout d'abord, je tiens vraiment à vous remercier de m'avoir invité ce jour, même si ce n'est peut-être pas dans des circonstances merveilleuses avec la température.
00:00:47Mais vous m'avez demandé quelque peu l'impossible. Parler de la loi belge relative à l'euthanasie, c'est déjà une histoire de presque un quart de siècle.
00:00:59Parler du développement des soins palliatifs, c'est encore antérieur, mais je vais m'y employer.
00:01:06Tout d'abord, en ce qui concerne l'année 2002. L'année 2002, pour ce qui concerne le droit médical, a été vraiment un tournant en Belgique.
00:01:16Trois lois ont été votées. Deux d'initiatives parlementaires, des sénateurs qui étaient issus de la majorité, constitués de libéraux, de socialistes et d'écolos en Belgique.
00:01:28Nous devons travailler avec des coalitions. Donc, on présentait des propositions de loi. L'une concernant les soins palliatifs et l'autre, l'euthanasie.
00:01:43Et la troisième loi concernait les droits du patient. Je n'aurai que fort peu de temps pour parler de la loi relative aux droits du patient.
00:01:51Pourtant, elle est fondamentale parce qu'en quelque sorte, c'est la colonne vertébrale pour tout ce qui concerne les droits du patient.
00:01:58Et elle vient d'être révisée. Donc, en 2024, une révision qui a porté essentiellement pour accroître, je dirais, le rôle du patient et de permettre d'aller vers une co-construction des décisions médicales.
00:02:16D'une part, une autonomie relationnelle. L'autonomie ne peut s'exercer qu'en relation avec les autres.
00:02:24Autonomie relationnelle du patient et donc liberté thérapeutique du médecin.
00:02:29Et un outil a été défini dans cette révision, c'est la planification anticipée des soins, qui est déjà un outil qui est utilisé en soins palliatifs et également dans les maisons de repos et de soins vos EHPAD.
00:02:46Je n'en dirai pas tellement plus par rapport aux droits du patient.
00:02:52Et donc, en ce qui concerne les soins palliatifs, la loi de 2002, en fait, présente un cadre.
00:03:06Parce que ce qu'il faut savoir, c'est qu'en Belgique, en ce qui concerne l'application pour les soins palliatifs,
00:03:14c'est une compétence des entités fédérées, des régions et des communautés.
00:03:19La loi, en quelque sorte, définit les principes.
00:03:23Et ce qui est important, c'est qu'en 2016, on a étendu notre définition des soins palliatifs pour ne pas rester cantonnés à la seule fin de vie.
00:03:35Et donc, la définition qui a été donnée, c'est de prévoir un accès universel aux soins palliatifs pour tout patient.
00:03:43Lorsqu'il se trouve à un stade avancé ou terminale d'une maladie grave, évolutive, émettant au péril le pronostic vital.
00:03:51Et ce, quelle que soit son espérance de vie.
00:03:55Ce qui permet, effectivement, de pouvoir passer, parfois plus rapidement, en soins palliatifs, même quand il y a encore des traitements thérapeutiques.
00:04:07Et un travail important qui a été réalisé, c'est l'élaboration du PICT.
00:04:12Comme on a en Belgique, on aime bien des terminologies en anglais.
00:04:17Cela veut dire palliative care indicators tool.
00:04:20C'est-à-dire une échelle permettant d'identifier un patient palliatif à un stade le plus précoce possible de sa maladie.
00:04:30Cet outil a été introduit en 2018.
00:04:32Et le contact que j'ai avec des professionnels de la santé en France, c'est un outil qui est parfois également utilisé en France.
00:04:43Donc, nous pouvons de temps en temps, j'allais dire, innover, être des pionniers, pas seulement qu'en matière d'euthanasie.
00:04:51Trois remarques en ce qui concerne le lien entre euthanasie et soins palliatifs.
00:05:00Au cours du débat, et c'est un débat qui a été très riche, avec des auditions qui étaient retransmises à la télévision,
00:05:07au cours de ces débats qui ont précédé les votes de ces deux lois, il a été fort question des soins palliatifs.
00:05:20Le focus a été mis sur les soins palliatifs et donc de la nécessité de les développer.
00:05:26Et ce que l'on a voulu d'emblée éviter en Belgique, c'est une opposition entre soins palliatifs et euthanasie.
00:05:36C'est donc de pouvoir avoir ce continuum, c'est-à-dire de pouvoir accéder aux soins palliatifs
00:05:44et éventuellement, si à un moment donné, la situation médicale du patient s'aggrave,
00:05:51qu'il n'y a pas d'autre solution d'en arriver à l'euthanasie.
00:05:55Et ce que je dois vous dire aussi, c'est que des chefs des soins palliatifs en Belgique,
00:06:04pas tous, pas tous certainement, mais plusieurs d'entre eux étaient en faveur d'une dépénalisation de l'euthanasie.
00:06:12Et donc on n'a pas eu, comme vous en France, cette opposition entre soins palliatifs et euthanasie.
00:06:18Et ce que je voudrais également souligner, c'est que, si je prends les chiffres de 2024,
00:06:296,3% des euthanasies se sont déroulées dans des unités de soins palliatifs.
00:06:38Je suis certaine que j'aurai des questions concernant les soins palliatifs, j'espère pouvoir vous y répondre.
00:06:44Mais j'en arrive maintenant à cette loi du 28 mai 2002 relative à l'euthanasie.
00:06:52Dans un premier temps, j'avais pensé vous démonter toutes les caricatures,
00:06:58toutes les mythes, toutes les contre-vérités qui sont dites et redites
00:07:02à propos de la loi relative à l'euthanasie belge et de son application.
00:07:08Mais je ne crois pas que vous souhaitez qu'on reste jusqu'à minuit.
00:07:13Et donc, je vais me contenter de dire ce qui est, tout ce qui est, rien que ce qui est.
00:07:21Le jour du vote, un parlementaire socialiste flamand, Frédéric Hermann,
00:07:25qui avait fort travaillé à l'élaboration de la loi,
00:07:29notamment avant même cette législature, avec celui qui est, pour moi, un modèle, le sénateur Roger Nallement.
00:07:39Donc, Frédéric Hermann avait déclaré qu'il s'agissait d'une loi, mais pas de la loi.
00:07:46C'est-à-dire que c'est une solution, avec ses qualités, avec ses imperfections,
00:07:53avec ses possibilités aussi, donc de développer par après
00:07:58et aussi de donner corps à cette loi par nous, les hommes et les femmes.
00:08:03Et je dois d'emblée faire une remarque importante.
00:08:11Vous ne m'entendrez jamais parler de légalisation de l'euthanasie en Belgique.
00:08:16Il s'agit bien d'une dépénalisation.
00:08:19En fait, si les conditions sont observées,
00:08:24le médecin ne s'expose pas à des poursuites.
00:08:28Enfin, c'est-à-dire qu'il pourrait avoir des poursuites,
00:08:30mais en tout cas, il ne commet pas d'infraction par rapport à la loi,
00:08:34pour autant, bien sûr, que les conditions soient respectées.
00:08:39Et donc, je parle du médecin.
00:08:45Et c'est vrai que l'on a donné une responsabilité très importante au médecin.
00:08:51Et ça m'amène également à vous présenter
00:08:56qu'elle a été quelque peu notre réflexion pour construire cette loi.
00:09:02Nous n'avions pas beaucoup de références à l'époque à l'étranger.
00:09:05Nous avions l'Oregon,
00:09:07avec donc la loi qui avait été votée par référendum en 1997,
00:09:16Deaths with Dédicts Act,
00:09:19et nous avions les Pays-Bas.
00:09:20Nous n'étions pas intéressés par la solution de l'Oregon,
00:09:27même si nous reconnaissons que c'était déjà un pas très important
00:09:32par rapport au respect de la volonté d'une personne en fin de vie.
00:09:39Mais cela étant, pourquoi est-ce que nous n'étions pas très convaincus
00:09:43par ce modèle ?
00:09:45D'une part parce qu'il est question de patients
00:09:50qui ont une espérance de vie de maximum six mois.
00:09:55Et d'autre part,
00:09:56si le médecin a la responsabilité
00:10:00de prescrire le sirop de barbiturique,
00:10:05en revanche,
00:10:07il n'a aucune responsabilité le jour de l'acte.
00:10:09Et c'était quelque chose que l'on ne souhaitait pas.
00:10:14Et donc, il est vrai
00:10:16que l'on s'est tourné vers les Pays-Bas
00:10:18avec leur expérience de la dépénalisation de fait
00:10:22depuis, je dirais,
00:10:25les années 90,
00:10:27avec une jurisprudence abondante,
00:10:30avec ce qu'on a appelé le rapport Ramelling.
00:10:32Donc, on avait des bases
00:10:35sur lesquelles on pouvait mieux s'appuyer
00:10:37que sur celles de l'Oregon.
00:10:42Même si ce n'est pas un copier-coller
00:10:45de la loi des Pays-Bas,
00:10:46nous avons nos différences.
00:10:49Et nous avons également, je dirais,
00:10:52évolué de conserve
00:10:54puisqu'en fait, la loi aux Pays-Bas
00:10:56a été votée en 2001
00:10:58et chez nous en 2002.
00:11:00Mais donc, c'était bien plutôt ce modèle-là.
00:11:05Et pourquoi ?
00:11:06Pourquoi avoir choisi cette voie tout d'abord ?
00:11:09Parce qu'en fait,
00:11:11l'euthanasie n'est pas un but en soi.
00:11:15Et le colloque singulier
00:11:17qui s'instaure entre médecin et patient
00:11:19permet d'examiner d'autres possibilités,
00:11:23d'autres voies possibles.
00:11:26On n'a pas les statistiques,
00:11:28mais peut-être que sur dix demandes
00:11:30d'euthanasie,
00:11:33trois seulement ne vont jusqu'à leur terme.
00:11:36Parce que justement,
00:11:37il y a cette possibilité de dialogue.
00:11:39De dialogue après que le patient
00:11:41a été bien informé.
00:11:43Et également, je dirais que
00:11:50nous préférions
00:11:52avoir
00:11:54la possibilité
00:11:56pour le patient et pour le médecin
00:11:57du choix
00:11:58entre la voie orale
00:12:00et l'intraveineuse.
00:12:02Et si vous regardez les chiffres
00:12:04en Belgique
00:12:06en ce qui concerne ce choix,
00:12:08rares
00:12:09sont les patients
00:12:11et les médecins
00:12:12qui choisissent la voie orale.
00:12:13Certains médecins ne veulent même pas
00:12:14en entendre parler.
00:12:16Parce que
00:12:17cette voie
00:12:18qui est
00:12:19excellemment bien maîtrisée,
00:12:21par exemple en Suisse,
00:12:23mais les médecins
00:12:24n'ont pas toujours
00:12:25le sentiment
00:12:26de bien pouvoir
00:12:27la maîtriser.
00:12:29Et donc,
00:12:30de pouvoir apporter
00:12:31ce qui est le but,
00:12:34une mort sereine
00:12:35dans les meilleures conditions.
00:12:36Mais je vois que
00:12:38j'anticipe.
00:12:39Oui, Mme Hermance,
00:12:40juste si vous pouvez
00:12:41un petit peu,
00:12:42parce que c'est 5-10 minutes
00:12:44de présentation.
00:12:45Merci beaucoup.
00:12:46Mais,
00:12:47donc, j'anticipe
00:12:48parce qu'en fait,
00:12:48j'ai très peu parlé
00:12:49de la loi.
00:12:50Et donc,
00:12:50je vais essayer
00:12:51en très peu de temps
00:12:52de vous décliner
00:12:54les conditions.
00:12:56Nous parlons
00:12:57d'une demande volontaire,
00:12:58réfléchie, répétée,
00:13:00sans pression extérieure,
00:13:01émanant d'un patient compétent.
00:13:03Un patient
00:13:07qui éprouve
00:13:08des souffrances
00:13:08physiques ou psychiques
00:13:10inapaisables
00:13:10causées par une affection
00:13:12grave et incurable.
00:13:15Ce sont les conditions
00:13:16essentielles.
00:13:18Et vous avez
00:13:19les conditions
00:13:19de procédure
00:13:20et de forme.
00:13:22Recueillir
00:13:22la demande écrite
00:13:23du patient,
00:13:24informer le patient,
00:13:25c'est essentiel
00:13:27concernant sa situation
00:13:28médicale,
00:13:29traitement possible,
00:13:30éventuellement
00:13:31les soins palliatifs,
00:13:32mais pas de filtres palliatifs.
00:13:35Il y a également
00:13:36le fait
00:13:37qu'il y aura
00:13:37plusieurs entretiens.
00:13:39Il y aura peut-être
00:13:40des entretiens
00:13:41aussi avec les proches
00:13:42si le patient
00:13:43le souhaite.
00:13:44Il y aura
00:13:45un entretien
00:13:45avec l'équipe
00:13:46qui peut apporter
00:13:47beaucoup d'informations.
00:13:49Il y a également
00:13:50l'obligation
00:13:51de consulter
00:13:52un autre médecin
00:13:54qui doit être
00:13:54indépendant
00:13:55de la relation
00:13:56thérapeutique
00:13:58patient-médecin
00:13:59et qui doit être
00:14:00indépendant
00:14:00par rapport
00:14:01aux médecins
00:14:01aussi
00:14:02et qui devra
00:14:03répondre à deux questions.
00:14:05Est-ce que
00:14:05l'affection
00:14:06est grave
00:14:08et incurable
00:14:08et les souffrances
00:14:09sont-elles
00:14:10inapaisables ?
00:14:12Dans le cas
00:14:13où le décès
00:14:14n'est pas prévu,
00:14:16n'est pas prévisible
00:14:16plutôt,
00:14:17dans un bref délai,
00:14:20des conditions
00:14:21sont ajoutées.
00:14:22Il faut la consultation
00:14:23d'un autre médecin,
00:14:25toujours indépendant,
00:14:26mais cette fois-ci,
00:14:27il faudra
00:14:27qu'il soit psychiatre
00:14:29ou spécialiste
00:14:30de la pathologie
00:14:31concernée.
00:14:33Et donc,
00:14:35nous avons ici
00:14:37le tableau
00:14:39qui constitue
00:14:41les conditions
00:14:42essentielles
00:14:43et les conditions
00:14:44de forme
00:14:44et de procédure.
00:14:49Je pourrais dire
00:14:49un mot
00:14:50sur la déclaration
00:14:51anticipée,
00:14:51mais pour l'instant,
00:14:52nous sommes en train
00:14:53de discuter
00:14:54d'une révision
00:14:55de la déclaration
00:14:56anticipée,
00:14:57donc je ne serai pas
00:14:58longue à ce sujet.
00:15:00Nous avons
00:15:00la clause de conscience,
00:15:01nul ne peut être obligé,
00:15:04que ce soit le médecin,
00:15:05que ce soit,
00:15:06par exemple,
00:15:07un infirmier,
00:15:08une infirmière,
00:15:09nul ne peut être obligé
00:15:11à participer
00:15:12à une procédure
00:15:13d'euthanasie.
00:15:15Je ne vais pas entrer
00:15:16dans les détails,
00:15:17mais si vous voulez
00:15:17que je vous les donne,
00:15:19concernant l'exercice
00:15:21de la clause de conscience,
00:15:22je suis à votre disposition.
00:15:25Le contrôle à postériori.
00:15:28Vous allez avoir des questions,
00:15:28madame Hermann.
00:15:29Oui, le contrôle à postériori.
00:15:32Donc, le contrôle à postériori
00:15:34en ce qui concerne
00:15:35le rôle de la commission
00:15:37d'évaluation et de contrôle.
00:15:39Donc, commission de contrôle
00:15:41qui est composée
00:15:42de huit médecins,
00:15:43de quatre juristes
00:15:48et de quatre personnes
00:15:49issues de la société
00:15:50spécialisées dans la problématique
00:15:53des patients
00:15:54donc incurable.
00:15:59Alors, ce que je voudrais dire,
00:16:01c'est important,
00:16:03c'est que la loi relative
00:16:05à l'euthanasie
00:16:05a été, si j'ose dire,
00:16:08challengée devant
00:16:09la Cour européenne
00:16:09des droits de l'homme.
00:16:11Et la Cour européenne
00:16:13des droits de l'homme,
00:16:14dans son arrêt
00:16:14du 4 octobre 2022,
00:16:17arrêt mortier contre Belgique,
00:16:19a validé la loi,
00:16:21a validé le cas
00:16:23qui lui a été soumis,
00:16:24a validé le contrôle
00:16:25à postériori,
00:16:27a validé la proposition
00:16:28de la commission
00:16:29et simplement,
00:16:30ce qu'il y a,
00:16:31c'est qu'elle a atterri
00:16:32l'attention sur une apparence
00:16:34de non-indépendance
00:16:35de la commission.
00:16:37Je vais...
00:16:37Oui, mais je vais terminer.
00:16:39Non, non, non.
00:16:40Je voulais parler
00:16:41des Français
00:16:41qui viennent en Belgique.
00:16:42Oui, vous allez avoir
00:16:44des questions, madame.
00:16:45Mais une table ronde,
00:16:47c'est aussi
00:16:47une répartition du temps.
00:16:50Alors, je vais passer
00:16:50la parole
00:16:51à M. Pierre Deschamps.
00:16:58Alors, bonjour à tout le monde.
00:17:00Vous avez la canicule
00:17:01chez vous,
00:17:02on a été épargné jusqu'à date.
00:17:04Mon propos sera,
00:17:06en trois temps,
00:17:07vous présenter
00:17:07d'une façon globale
00:17:08la législation
00:17:09en vigueur au Canada,
00:17:12des commentaires généraux
00:17:13et mes impressions personnelles.
00:17:16Je suis membre
00:17:17de la commission
00:17:17sur les soins
00:17:18de fin de vie
00:17:18depuis neuf ans déjà.
00:17:21J'ai revisé
00:17:21plus de 15 000 déclarations
00:17:24au sein de la commission
00:17:27et je dois dire
00:17:28que c'est la commission
00:17:28sur les soins
00:17:29de fin de vie
00:17:29qui, en principe,
00:17:31doit s'intéresser
00:17:33à l'aide médicale
00:17:33à mourir
00:17:34et aux soins palliatifs.
00:17:36Mais je dois vous dire
00:17:36dans toute honnêteté
00:17:37que les soins palliatifs
00:17:39sont le parent pauvre.
00:17:41Alors, je vais essayer
00:17:42d'être le plus bref possible,
00:17:43mais c'est important
00:17:44de positionner
00:17:45où on se situe au Canada.
00:17:48Au Canada,
00:17:49je parle du médecin québécois
00:17:50qui est assujetté
00:17:50à deux régimes juridiques
00:17:52en matière
00:17:52d'aide médicale
00:17:53à mourir.
00:17:54Le régime fédéral,
00:17:56canadien,
00:17:57en vertu
00:17:57des dispositions particulières
00:17:58du Code criminel canadien
00:17:59et le régime provincial,
00:18:01québécois,
00:18:02en vertu
00:18:02des dispositions
00:18:03sur la loi
00:18:04sur les soins
00:18:05de fin de vie.
00:18:06Brièvement,
00:18:07la législation fédérale
00:18:09depuis 2015,
00:18:11à la suite
00:18:11de modifications
00:18:12apportées
00:18:12au Code criminel canadien,
00:18:15et on se situe
00:18:15non pas
00:18:16dans une légalisation,
00:18:19mais une dépénalisation,
00:18:21un médecin
00:18:21peut,
00:18:21sans recourir
00:18:22de responsabilité criminelle,
00:18:24prescrire
00:18:25une substance létale
00:18:26qu'une personne
00:18:27s'administrera
00:18:28ou lui administrer
00:18:31lui-même
00:18:31la substance
00:18:32par voie d'injection.
00:18:34mais je dois
00:18:35vous dire
00:18:36qu'au niveau
00:18:37statistique,
00:18:38les gens
00:18:39qui vont
00:18:39s'auto-administrer
00:18:40la médication,
00:18:41c'est un faible
00:18:42nombre de personnes.
00:18:44La majorité,
00:18:46à la majorité
00:18:47des gens
00:18:47qui ont demandé
00:18:48l'aide médicale
00:18:49à mourir
00:18:49et qui ont été
00:18:50considérés
00:18:51comme admissibles,
00:18:53c'est par voie
00:18:55d'injection
00:18:56de la part
00:18:56d'un médecin.
00:18:58Il y a différents
00:18:59critères
00:18:59que l'on posait
00:19:01au début
00:19:03qui ont évolué
00:19:04avec le temps,
00:19:05notamment
00:19:05au niveau
00:19:06de la législation
00:19:07fédérale,
00:19:09on nous imposait
00:19:10comme critère
00:19:11d'admissibilité
00:19:12que la mort
00:19:13naturelle
00:19:15de la personne
00:19:15soit raisonnablement
00:19:16prévisible.
00:19:18Ce critère-là
00:19:18a été contesté
00:19:21devant les tribunaux
00:19:22et ce critère-là
00:19:24a été jugé
00:19:25non constitutionnel,
00:19:27si vous voulez.
00:19:30Donc,
00:19:30le critère
00:19:31est disparu,
00:19:32mais il est réapparu
00:19:34dans le cadre
00:19:34de mesures
00:19:35de sauvegarde.
00:19:37Ce que l'on a fait
00:19:38par la suite,
00:19:39on a permis
00:19:40à ce qu'un patient,
00:19:42parce qu'en principe,
00:19:43la personne doit consentir
00:19:45au moment
00:19:45de l'administration,
00:19:47mais au niveau
00:19:47du droit criminel,
00:19:48on a permis
00:19:48à ce que la personne
00:19:49renonce
00:19:50au consentement final
00:19:52par voie d'entente
00:19:53avec le médecin.
00:19:54Donc,
00:19:55on élargissait,
00:19:56si on veut,
00:19:58la portée
00:19:59de la loi
00:20:00initiale.
00:20:03Ce que l'on a dit
00:20:04aussi,
00:20:05c'est que,
00:20:05et c'est encore
00:20:06sujet à débat
00:20:07au Canada,
00:20:08la maladie mentale
00:20:10ne peut pas
00:20:10être un critère
00:20:11pour obtenir
00:20:12l'aide médicale
00:20:13à mourir.
00:20:14Et ça,
00:20:15ça va être
00:20:15jusqu'en 2027.
00:20:17Il y a une autre
00:20:18législation
00:20:18qui s'impose
00:20:19aux médecins québécois,
00:20:20c'est la législation
00:20:21provinciale québécoise,
00:20:24qui a vu le jour
00:20:25avant les changements
00:20:26apportés
00:20:26au Code criminel
00:20:27canadien.
00:20:28Donc,
00:20:29ça a été adopté
00:20:30en 2014,
00:20:31c'est venu en vigueur
00:20:32en 2015,
00:20:33et il y a
00:20:34des problèmes
00:20:35d'intégration
00:20:37des deux législations
00:20:39qui ne sont pas
00:20:39toujours
00:20:40au même diapason.
00:20:43Ce qui est important
00:20:44de retenir
00:20:45dans la législation
00:20:46québécoise,
00:20:47ce qui n'est pas
00:20:48le cas
00:20:48dans la législation
00:20:49fédérale,
00:20:50c'est qu'on a fait
00:20:51de l'aide médicale
00:20:51à mourir
00:20:52un soin.
00:20:53Et l'aide médicale
00:20:54à mourir
00:20:55est définie
00:20:57comme un soin
00:20:58consistant
00:20:58à l'administration
00:20:59de médicaments
00:21:00ou de substances
00:21:01par un médecin
00:21:02à la demande
00:21:03de celles-ci
00:21:04dans le but
00:21:04de soulager
00:21:05ses souffrances
00:21:06et en entraînant
00:21:07son décès.
00:21:11Au Québec,
00:21:12le médecin québécois
00:21:13ne peut pas
00:21:14prescrire
00:21:14une médication
00:21:15que le patient
00:21:16va s'auto-administrer,
00:21:17mais il ne peut
00:21:19qu'en fait
00:21:22injecter
00:21:22une substance
00:21:23létale.
00:21:252021,
00:21:27constatation
00:21:28judiciaire
00:21:28dans le même
00:21:29domaine
00:21:31que,
00:21:31dans le même
00:21:32cas
00:21:33qu'au niveau
00:21:35fédéral,
00:21:36on a enlevé
00:21:37le critère
00:21:38de la fin de vie.
00:21:39Donc,
00:21:40une personne
00:21:40peut maintenant
00:21:41obtenir
00:21:42l'aide médicale
00:21:43à mourir
00:21:43au Québec
00:21:44et elle n'a pas
00:21:44besoin d'être
00:21:45en fin de vie.
00:21:49Donc,
00:21:49on voit
00:21:50que la législation
00:21:50initiale
00:21:51peut être contestée
00:21:52devant les tribunaux
00:21:53et est appelée
00:21:54à prendre
00:21:55de nouvelles
00:21:55couleurs.
00:21:57En 2023,
00:21:59on a permis
00:22:00à des infirmières
00:22:02praticiennes,
00:22:04au-delà
00:22:04des médecins,
00:22:06d'administrer
00:22:07l'aide médicale
00:22:08à mourir.
00:22:10On a inclus
00:22:11la déficience
00:22:11physique grave
00:22:13qui entraine
00:22:13des incapacités
00:22:14alors qu'au fédéral,
00:22:16dans la législation
00:22:17fédérale,
00:22:18on parle de maladies
00:22:18d'affection
00:22:19et d'handicap.
00:22:20Le Québec
00:22:20ne parlait
00:22:20que de maladies.
00:22:22On a introduit
00:22:23la déficience
00:22:23physique.
00:22:25Et sans doute,
00:22:26l'élément
00:22:26le plus important
00:22:27des derniers temps,
00:22:28c'est que depuis
00:22:29octobre 2024,
00:22:31la loi permet
00:22:32les demandes
00:22:33anticipées
00:22:34d'aide médicale
00:22:34à mourir.
00:22:36Et déjà,
00:22:36un certain nombre
00:22:37de personnes
00:22:37ont fait
00:22:38des demandes
00:22:38anticipées.
00:22:40Mais ce qui
00:22:40n'importe
00:22:41de retenir,
00:22:42c'est que
00:22:42la porte d'entrée,
00:22:43c'est qu'il faut
00:22:44que la personne
00:22:45soit atteinte
00:22:45d'une maladie
00:22:46grave
00:22:46incurante
00:22:47menant à
00:22:48l'inaptitude
00:22:49à consentir
00:22:50aux soins.
00:22:51Donc,
00:22:52une personne
00:22:52qui deviendrait
00:22:53inapte,
00:22:54qui développerait
00:22:54un cancer,
00:22:55ne peut pas
00:22:56par voie
00:22:57de déclaration
00:22:57anticipée
00:22:58obtenir
00:22:59l'aide médicale
00:23:01à mourir.
00:23:01Maintenant,
00:23:02je saute
00:23:02aux commentaires
00:23:03généraux.
00:23:04Il est important
00:23:05de réaliser
00:23:06que différents
00:23:06types
00:23:06de législation,
00:23:09certaines
00:23:10privilégient
00:23:11la fourniture
00:23:13d'une substance
00:23:15égale
00:23:15à un patient
00:23:16qui va
00:23:16s'auto-administrer
00:23:17la substance.
00:23:21C'est notamment
00:23:23le cas
00:23:24aux États-Unis
00:23:25et les États
00:23:26américains
00:23:26qui ont
00:23:27une législation,
00:23:28c'est le patient
00:23:29qui est en phase
00:23:30terminale
00:23:31pronostic
00:23:31moins de six mois
00:23:32qui s'auto-administre.
00:23:34Le Royaume-Uni
00:23:34s'oriente
00:23:35vers ce type
00:23:36de législation
00:23:37et
00:23:39la France
00:23:41semble-t-il
00:23:42s'oriente
00:23:42vers ce type
00:23:44de législation.
00:23:46Il importe
00:23:47que
00:23:47dans ces
00:23:49législations-là,
00:23:51le nombre
00:23:52de personnes
00:23:52qui ont recours
00:23:53à l'aide
00:23:54à mourir
00:23:55est beaucoup
00:23:56moindre
00:23:56que dans
00:23:57les législations
00:23:58où c'est le médecin
00:23:59qui est appelé
00:24:00à intervenir
00:24:02comme en Belgique,
00:24:03aux Pays-Bas,
00:24:03au Canada
00:24:04et au Québec.
00:24:05Il y a une différence
00:24:06majeure suivant
00:24:07que la législation
00:24:08porte essentiellement
00:24:11sur la prescription
00:24:12d'une médication
00:24:13versus
00:24:14l'administration
00:24:16par injection
00:24:16létale.
00:24:18Dans certaines
00:24:18juridictions,
00:24:19on a
00:24:20les deux.
00:24:25Les mécanismes
00:24:26de surveillance
00:24:27au Canada,
00:24:29il n'y a pas
00:24:29de commission
00:24:30nationale
00:24:31qui surveille
00:24:33l'aide médicale
00:24:34à mourir.
00:24:35Le Canada
00:24:35est dans une population
00:24:36de 40 millions.
00:24:38Au Québec,
00:24:39on est la seule province
00:24:39qui a une commission,
00:24:41mais dans d'autres
00:24:42juridictions,
00:24:43ils ont,
00:24:44par exemple,
00:24:44le médecin légiste
00:24:45en chef
00:24:47qui va regarder
00:24:48les déclarations.
00:24:50La commission
00:24:52québécoise
00:24:53regarde
00:24:54mensuellement
00:24:55environ
00:24:57500 déclarations
00:24:58transmises
00:24:58par les médecins
00:25:00qui ont administré
00:25:01l'aide médicale
00:25:02à mourir.
00:25:04Ce qui fait
00:25:05que
00:25:06quand
00:25:06on regarde
00:25:08comment les choses
00:25:09se présentent
00:25:10au Québec,
00:25:11le Québec est devenu
00:25:12en moins de 10 ans
00:25:13la juridiction
00:25:14qui comporte
00:25:15un ratio
00:25:15de décès
00:25:15par aide médicale
00:25:16à mourir
00:25:17versus par mort
00:25:18naturelle
00:25:19qui dépensent
00:25:19celui de la Belgique,
00:25:20celui des Pays-Bas.
00:25:22En 2024,
00:25:24le ratio
00:25:26se situait
00:25:26à 7,8 %,
00:25:285,8 %
00:25:30pour les Pays-Bas
00:25:30et 3,8 %
00:25:33pour la Belgique.
00:25:34Et la question
00:25:35se pose,
00:25:36qu'est-ce qui fait
00:25:37que le Québec,
00:25:38le Canada,
00:25:39c'est 4,4,
00:25:40qu'est-ce qui fait
00:25:41qu'au Québec,
00:25:42il y aurait,
00:25:43et je mets ça
00:25:43en parenthèse,
00:25:45un tel engouement
00:25:46de la part
00:25:48des patients,
00:25:50de la part
00:25:50des citoyens
00:25:51et de la part
00:25:52des médecins
00:25:52pour l'aide médicale
00:25:53à mourir.
00:25:55À l'origine,
00:25:56il était prévu
00:25:57au Québec
00:25:58que le nombre
00:25:59d'aides médicales
00:25:59à mourir
00:26:00par année
00:26:00serait de 100.
00:26:02Maintenant,
00:26:02on est rendu
00:26:03à plus de 6 000
00:26:04et chaque cas
00:26:05doit être
00:26:06revisé.
00:26:09Il y a
00:26:09ici
00:26:10des propos
00:26:12que j'aimerais
00:26:12tenir
00:26:13en ce qui concerne
00:26:14la pratique médicale
00:26:15et ça explique
00:26:16peut-être
00:26:16pourquoi
00:26:17le Québec
00:26:18en est rendu
00:26:18où il est.
00:26:20Si à l'origine,
00:26:21il était envisagé
00:26:21que l'aide médicale
00:26:22à mourir
00:26:22serait administrée
00:26:23par le médecin
00:26:24traitant de la personne
00:26:25et enfin une demande,
00:26:26il n'a perd
00:26:27qu'à une grande
00:26:27proportion de cas.
00:26:28Le médecin
00:26:29administrant
00:26:29l'aide médicale
00:26:30à mourir
00:26:30et le médecin
00:26:31fournissant
00:26:32le second avis
00:26:33n'ont jamais
00:26:34traité la personne
00:26:35appelée
00:26:35à recevoir
00:26:36l'aide médicale
00:26:37à mourir
00:26:38avant qu'elle
00:26:38ne formule
00:26:39sa demande.
00:26:41Il y a
00:26:41certains médecins
00:26:42ayant délaissé
00:26:43leur champ de pratique
00:26:44professionnelle
00:26:44traditionnelle
00:26:45ont développé
00:26:46une pratique
00:26:47exclusivement
00:26:48consacrée
00:26:49à l'administration
00:26:50de l'aide médicale
00:26:51à mourir.
00:26:52Certains médecins
00:26:53pourront administrer
00:26:54deux, trois aides médicales
00:26:55à mourir
00:26:56dans une journée donnée.
00:26:58Dans certains camps,
00:26:59la personne
00:26:59ayant formulé
00:27:00une demande
00:27:00devra se plier
00:27:01à l'horaire
00:27:02du médecin
00:27:03devant administrer
00:27:04l'aide médicale
00:27:05à mourir
00:27:06certains jours
00:27:07de la semaine
00:27:07ou les fins de semaine.
00:27:09C'est ça la réalité
00:27:10dans la pratique.
00:27:12La relation
00:27:13entre le médecin
00:27:14et le patient
00:27:15a été mise
00:27:17à mal
00:27:18par l'arrivée
00:27:21de l'aide médicale
00:27:21à mourir.
00:27:23Je termine
00:27:24avec mes impressions
00:27:25personnelles.
00:27:27Après avoir
00:27:27examiné
00:27:2815 000 déclarations
00:27:29en plus de neuf ans,
00:27:32ça m'amène
00:27:32à dire
00:27:32que toute demande
00:27:33d'aide médicale
00:27:34à mourir
00:27:34amène un médecin
00:27:35saisie
00:27:35d'une telle demande
00:27:36à une évaluation
00:27:37de la demande
00:27:38en vue
00:27:39de déterminer
00:27:39si la personne
00:27:40rencontre l'écuteur
00:27:41et dans l'affirmative
00:27:43s'assurer
00:27:43que son opinion
00:27:44est validée
00:27:45par un autre médecin.
00:27:46Si les deux
00:27:47opinions concordent,
00:27:48la personne
00:27:49est, je le mets
00:27:49entre guillemets,
00:27:52en droit
00:27:52de recevoir
00:27:53le soin
00:27:54qu'elle aide médicale
00:27:55à mourir,
00:27:56le processus
00:27:57menant à l'aide médicale
00:27:58à mourir
00:27:58se faisant très souvent
00:27:59en marge
00:28:00de la relation
00:28:01traditionnelle
00:28:02médecin-patient.
00:28:02C'est ça
00:28:03que la pratique
00:28:04nous révèle.
00:28:08La relation
00:28:08médecin-patient
00:28:09est mise
00:28:10en mal.
00:28:13Dans bien
00:28:13des cas
00:28:14où on parle
00:28:15d'entretien
00:28:15entre le médecin
00:28:16et le patient,
00:28:17parfois les entretiens
00:28:18surviennent
00:28:19au cours
00:28:19d'une même journée,
00:28:21parfois à l'intérieur
00:28:22de deux,
00:28:22trois jours.
00:28:24Quand on parle
00:28:24de consulter
00:28:25les équipes médicales,
00:28:27ça se fait,
00:28:28ça ne se fait pas.
00:28:29l'encadrement
00:28:32de l'aide médicale
00:28:32à mourir
00:28:33par des législations
00:28:34vis-à-vis de mettre
00:28:36en place
00:28:36des régimes juridiques
00:28:37qui permettent
00:28:38un encadrement
00:28:39rigoureux
00:28:40permettant
00:28:41que les prescriptions
00:28:42de la loi
00:28:42en matière
00:28:43d'aide médicale
00:28:43à mourir
00:28:44soient respectées
00:28:44par le corps
00:28:45médical.
00:28:46L'expérience
00:28:47demande que
00:28:47la pratique médicale
00:28:48s'est affranchie
00:28:49de divers éléments
00:28:51d'encadrement
00:28:52de l'administration
00:28:53de l'aide médicale
00:28:53à mourir.
00:28:56Je dis
00:28:57que des médecins
00:28:58ont pris des libertés
00:28:59en ce qui concerne
00:28:59l'application
00:29:00de la loi
00:29:01telle qu'elle fut conçue.
00:29:04Par exemple,
00:29:05la procédure établie
00:29:06requiert que le médecin
00:29:07qui est saisi
00:29:07d'une demande
00:29:08confirme
00:29:10l'admissibilité
00:29:11d'une personne
00:29:12par un second médecin
00:29:13et s'ignorer,
00:29:16à savoir
00:29:16qu'il y a
00:29:17une première évaluation
00:29:18et une seconde évaluation.
00:29:19L'avis du second médecin
00:29:21pour fin de commodité
00:29:22étant rédigé
00:29:22avant l'évaluation
00:29:24de la demande
00:29:25par le premier médecin.
00:29:29Le concept
00:29:30de mort naturelle
00:29:31est raisonnablement
00:29:32prévisible
00:29:32qu'on retrouve
00:29:33dans la loi fédérale.
00:29:35Certains médecins
00:29:36disent qu'une personne
00:29:37qui a une espérance
00:29:38de vie
00:29:38de 10, 15, 20 ans,
00:29:41sa mort
00:29:41est raisonnablement
00:29:42prévisible.
00:29:44Il y a certains médecins,
00:29:45on a une association
00:29:46au Canada
00:29:47de médecins
00:29:48qui essaient
00:29:49de développer
00:29:50des règles
00:29:52particulières
00:29:53en ce qui concerne
00:29:54l'administration
00:29:55de l'aide médicale
00:29:56à mourir.
00:29:57Très souvent,
00:29:58la demande
00:29:58ne sera pas envoyée
00:30:00au médecin traitant,
00:30:01mais si elle est envoyée
00:30:02au médecin traitant,
00:30:03on va solliciter
00:30:04une tierce partie
00:30:05qui va choisir
00:30:06et le premier médecin
00:30:07qui va faire
00:30:08l'évaluation
00:30:08et le second médecin
00:30:10qui va faire
00:30:11l'évaluation.
00:30:14et ceci va se faire
00:30:18souvent à l'intérieur
00:30:19d'un court laps de temps.
00:30:21Le message
00:30:21que je vous envoie,
00:30:22c'est qu'on peut concevoir
00:30:23une loi la meilleure possible
00:30:25avec les meilleures garanties
00:30:26possibles,
00:30:27mais la pratique
00:30:29va faire en sorte
00:30:30que les choses
00:30:31sont appelées
00:30:32à changer.
00:30:36On regarde les statistiques,
00:30:37on dit
00:30:38qu'il n'y a pas
00:30:39de cas de déviation,
00:30:41mais ce n'est pas
00:30:41parce qu'il n'y a pas
00:30:42de cas de déviation
00:30:43que la pratique
00:30:44est nécessairement
00:30:46conforme.
00:30:51Comme dernier point,
00:30:53c'est au fil des ans
00:30:53l'aide médicale à mourir
00:30:54est devenue
00:30:55une avenue thérapeutique
00:30:56de première intention.
00:30:58Ce n'est pas
00:30:59un soin
00:30:59de dernier recours,
00:31:00ce n'est pas
00:31:01un soin ultime,
00:31:02c'est un soin
00:31:03qui est présenté,
00:31:06envisagé
00:31:06dès lors
00:31:08que la personne
00:31:08fait une demande,
00:31:09on regarde
00:31:10si les critères
00:31:10de la loi
00:31:11sont rencontrés
00:31:12et ça fait en sorte
00:31:14que ça explique
00:31:15peut-être
00:31:16pourquoi au Québec
00:31:17on a cet élément-là.
00:31:20Et je terminerai
00:31:21en disant
00:31:22qu'il y a des facteurs
00:31:23précipitants
00:31:24pour l'obtention
00:31:26de l'aide médicale
00:31:27à mourir
00:31:27qui émergent.
00:31:28Par exemple,
00:31:30chez une personne
00:31:30d'un grand âge,
00:31:31une fracture de la hanche
00:31:32non opérée,
00:31:33un isolement social
00:31:34à la suite
00:31:35de la perte
00:31:35d'un proche,
00:31:36le refus
00:31:37d'être relocalisé
00:31:38dans un centre
00:31:38d'hébergement,
00:31:40des soins de confort
00:31:40d'accompagnement
00:31:41déficient,
00:31:42autant de facteurs
00:31:43qui renforcent
00:31:44le désir
00:31:45d'une personne
00:31:45car il faut
00:31:47le connaître
00:31:47de faire une demande
00:31:48d'aide médicale
00:31:50à mourir.
00:31:53Je dirais maintenant
00:31:55que si on regarde
00:31:56les 20 000 aides médicales
00:31:57à mourir
00:31:57administrées au Québec
00:31:58depuis 10 ans,
00:31:59on compte 10 personnes
00:32:00qui sont venues
00:32:01en contact
00:32:02avec une personne
00:32:03ayant reçu
00:32:03l'aide médicale
00:32:04à mourir.
00:32:05C'est plus de 200 000
00:32:06personnes
00:32:07qui ont un contact
00:32:07direct ou indirect
00:32:09avec l'aide médicale
00:32:10à mourir
00:32:10et que mourir
00:32:12de cette façon
00:32:12est la meilleure façon
00:32:14de mourir
00:32:15pour plusieurs
00:32:16et pour plusieurs
00:32:17médecins
00:32:18qui se disent
00:32:19mieux vaut mourir
00:32:22par l'aide médicale
00:32:22à mourir
00:32:23que mourir
00:32:24dans des souffrances
00:32:25qui ne sont pas
00:32:26adéquatement contrôlées.
00:32:28Alors voici
00:32:29l'essentiel
00:32:29de mon propos
00:32:30et il me fera plaisir
00:32:31de répondre
00:32:32aux questions
00:32:34des membres
00:32:35de la commission.
00:32:37Merci beaucoup.
00:32:39Je vais passer
00:32:39donc la parole
00:32:40maintenant
00:32:40à monsieur
00:32:41Théobourg.
00:32:43Oui, voilà.
00:32:46Merci,
00:32:47madame la présidente,
00:32:48mesdames et messieurs.
00:32:50Je m'excuse
00:32:51par avance.
00:32:52Vous pouvez
00:32:53m'écouter,
00:32:55n'est-ce pas ?
00:32:56Oui, oui,
00:32:57tout à fait.
00:32:57Oui, c'est parfait.
00:32:58Merci beaucoup.
00:32:59Oui, oui, merci.
00:33:00Je m'excuse
00:33:01par avance
00:33:02pour mon français limité.
00:33:03Je peux prononcer
00:33:05un texte préparé
00:33:06assez bien
00:33:07grâce à Google.
00:33:09Neuf minutes exactement,
00:33:10mais je sais
00:33:11malheureusement
00:33:12par expérience
00:33:13que je ne comprends pas
00:33:14bien les questions
00:33:16orales.
00:33:17Donc,
00:33:18je ne ferai
00:33:19que l'introduction
00:33:21en français
00:33:21pour les réponses
00:33:23et je passerai
00:33:24au néerlandais.
00:33:26Donc,
00:33:26je vous salue
00:33:27depuis les Pays-Bas
00:33:29et je vous remercie
00:33:30de cette opportunité
00:33:32d'échanger
00:33:33avec vous.
00:33:34Je suis impressionné
00:33:36par le soin
00:33:36avec lequel
00:33:37les questions
00:33:38de fin de vie
00:33:39sont abordées
00:33:40en France.
00:33:42C'est une canule
00:33:43ici aussi
00:33:44et je suis reconnaissant
00:33:46de l'opportunité
00:33:47d'une connexion vidéo.
00:33:50Mesdames et messieurs,
00:33:51les Pays-Bas
00:33:51ont l'expérience
00:33:52la plus longue
00:33:54en matière
00:33:55du mort assistée.
00:33:58Depuis 40 années,
00:34:00les patients
00:34:01qui souffrent
00:34:02insupportablement
00:34:03peuvent demander
00:34:04à un médecin
00:34:05de mettre fin
00:34:06à leur jour
00:34:07ou demander
00:34:08un suicide assisté.
00:34:11Depuis 2005,
00:34:13j'étais membre
00:34:13d'un comité
00:34:14qui évalue
00:34:15chaque cas
00:34:17d'euthanasie
00:34:18à la lumière
00:34:18de la loi
00:34:20comme le docteur
00:34:21Deschamps
00:34:22le fait en Canada.
00:34:24J'ai évalué
00:34:254000 cas
00:34:26d'euthanasie
00:34:27en 10 ans
00:34:27et aux Pays-Bas,
00:34:29cela est fait
00:34:29de manière
00:34:30très approfondie.
00:34:32Des dossiers
00:34:33de notification
00:34:34d'une centaine
00:34:35de pages
00:34:36ne font pas
00:34:37d'exception.
00:34:39Donc,
00:34:39quel développement
00:34:40avons-nous observé ?
00:34:44Premièrement,
00:34:45les chiffres.
00:34:46Par 20 années,
00:34:48ils sont passés
00:34:48de 2000
00:34:49à 10 000 cas
00:34:50et ils continuent
00:34:52à augmenter.
00:34:54Aujourd'hui,
00:34:55presque 6 %
00:34:56des Néerlandais
00:34:57meurent par
00:34:58l'euthanasie.
00:34:59Votre représentante,
00:35:01Mme Bonfanti,
00:35:02cite le cas
00:35:03de Québec
00:35:05où plus
00:35:06que 7 %
00:35:08des décès
00:35:08sont liés
00:35:09à l'euthanasie.
00:35:10Donc,
00:35:11en réponse
00:35:11à sa deuxième question,
00:35:13les Pays-Bas
00:35:14affichent également
00:35:15des chiffres élevés.
00:35:17Le chiffre national
00:35:19de presque 6 %
00:35:20est une moyenne
00:35:22composée
00:35:23des régions
00:35:23affichant
00:35:24des scores élevés
00:35:25et faibles.
00:35:27Le taux d'euthanasie
00:35:28dans certaines régions
00:35:30de mon pays
00:35:30se situe
00:35:31entre 15
00:35:34et 20 %
00:35:35et il continue
00:35:36à monter.
00:35:40Deuxièmement,
00:35:41les raisons
00:35:42pour choisir
00:35:44une mort assistée
00:35:45se multiplient.
00:35:47Dans environ
00:35:4820 %
00:35:49des cas
00:35:49d'euthanasie,
00:35:51l'espérance
00:35:51de vie naturelle
00:35:53est supérieure
00:35:55d'un homme.
00:35:56Démence,
00:35:57psychiatrie,
00:35:58handicap,
00:35:59le décès
00:35:59de mari,
00:36:00le vieillissement.
00:36:03Peut-être
00:36:03vous connaissez
00:36:04qu'une loi
00:36:05autorisant
00:36:06le suicide
00:36:07assisté
00:36:07pour les personnes
00:36:08âgées
00:36:09sans maladie
00:36:12sera bientôt
00:36:13discutée
00:36:14au Parlement.
00:36:15la plupart
00:36:16de ces patients
00:36:17ne craignent pas
00:36:18une mort grave,
00:36:20ils craignent
00:36:21une vie grave.
00:36:23L'euthanasie
00:36:23des bébés
00:36:24et des enfants
00:36:25est également
00:36:26possible
00:36:26depuis un an.
00:36:29Je pense
00:36:31qu'on peut
00:36:32affirmer
00:36:33avec probabilité
00:36:35que lorsque
00:36:36la France
00:36:37légalisera
00:36:38l'euthanasie,
00:36:40dans une
00:36:41ou deux
00:36:42décennies,
00:36:42elle va
00:36:43commencer
00:36:43à rassembler
00:36:44les pays
00:36:45pour le Canada,
00:36:46la Belgique.
00:36:48Quelles sont
00:36:48mes réserves?
00:36:51Résumé
00:36:51en un seul
00:36:52terme,
00:36:54je crois
00:36:55que la liberté
00:36:56des uns
00:36:57devient bientôt
00:36:58la contrainte
00:36:59des autres.
00:37:01Le patient
00:37:01néerlandais
00:37:02moyen
00:37:03doit de plus
00:37:04en plus
00:37:05justifier
00:37:06son choix
00:37:06de continuer
00:37:07à vivre
00:37:08jusqu'à
00:37:09une fin
00:37:09naturelle.
00:37:11Après tout,
00:37:12la loi
00:37:13le permet,
00:37:14les membres
00:37:15de la famille
00:37:15se signalent,
00:37:18les médecins
00:37:19se gèrent
00:37:20cette possibilité
00:37:21et les médias
00:37:22ne diffusent
00:37:23que des
00:37:23signaux
00:37:24positifs.
00:37:27L'un des conséquences
00:37:28est l'érosion
00:37:29de l'appréciation
00:37:30de ce que
00:37:31j'appelle
00:37:32les aspérités
00:37:33de la vie.
00:37:35Le vieillissement,
00:37:36la fragilité,
00:37:37la dépendance
00:37:38aux soins
00:37:39et une existence
00:37:40socialement
00:37:42marginalisée.
00:37:44Même
00:37:44les personnes
00:37:45qui meurent
00:37:46de mort naturelle
00:37:47se posent
00:37:48la question
00:37:49du choix
00:37:49de l'euthanasie
00:37:50en raison
00:37:51de la possibilité
00:37:52d'y avoir
00:37:53recours.
00:37:55Au début,
00:37:56on peut
00:37:56faire un choix
00:37:57et après
00:37:58quelques décennies,
00:38:00on doit
00:38:00faire ce choix.
00:38:02On est
00:38:02libre,
00:38:04mais on doit
00:38:05faire ce choix.
00:38:08Comme pour
00:38:09d'autres actes
00:38:09médicaux,
00:38:10on peut
00:38:10supposer
00:38:11qu'un médecin
00:38:12qui propose
00:38:13une mort
00:38:13assistée
00:38:14ou accepte
00:38:15d'accéder
00:38:16à une demande
00:38:17est convaincu
00:38:18du caractère
00:38:19raisonnable
00:38:20de cette option.
00:38:21Un bon médecin
00:38:22ne pratique
00:38:23pas d'actes
00:38:24médicalement
00:38:26inutiles,
00:38:27n'est-ce pas ?
00:38:28Le médecin
00:38:29donc envoie
00:38:30un signal
00:38:30indiquant
00:38:31que pour
00:38:32cette personne
00:38:33ou pour
00:38:33cette maladie,
00:38:35il considère
00:38:36effectivement
00:38:36que la mort
00:38:37est préférable
00:38:38à la poursuite
00:38:40de la vie.
00:38:41Cela
00:38:42se traduit
00:38:42par une dynamique
00:38:44continue
00:38:45entre les médecins
00:38:47et les futurs
00:38:48patients.
00:38:49Les patients
00:38:50demandent la mort
00:38:51pour les maladies
00:38:52A,
00:38:53B et C.
00:38:54Les médecins
00:38:55accordent la mort
00:38:56pour les maladies
00:38:57A,
00:38:58B ou C.
00:38:59Et cela
00:39:00attire
00:39:00des nouveaux
00:39:01patients.
00:39:02L'offre
00:39:03crée
00:39:03la demande.
00:39:06Finalement,
00:39:07les sceptiques
00:39:09de l'euthanasie
00:39:10évoquent souvent
00:39:11le risque
00:39:12de pression sociale
00:39:14sur les groupes
00:39:15vulnérables.
00:39:17J'ai deux commentaires
00:39:18à ce sujet.
00:39:20Premièrement,
00:39:21je pense
00:39:21qu'une telle pression
00:39:23est heureusement
00:39:24rare.
00:39:26Après tout,
00:39:27cette impolie
00:39:28de dire
00:39:28à un patient
00:39:29ou à une maman
00:39:30ou à un papa,
00:39:32il est temps
00:39:32pour vous
00:39:33de choisir
00:39:34la mort.
00:39:35Non.
00:39:36Mais,
00:39:37la pression
00:39:38la plus importante
00:39:40est une pression
00:39:43sociale
00:39:44intériorisée.
00:39:46Les patients
00:39:47eux-mêmes
00:39:48croient
00:39:48que continuer
00:39:50à vivre
00:39:50imprudent.
00:39:52Ils se croient,
00:39:53ils le croient
00:39:55sincèrement
00:39:56et volontairement.
00:39:57sinon,
00:39:59je ne peux pas
00:40:00expliquer
00:40:00les pourcentages
00:40:01mentionnés
00:40:02de 20%.
00:40:05Deuxièmement,
00:40:06je pense
00:40:06que les sceptiques
00:40:08du mort assisté
00:40:09ont une conception
00:40:10trop étroite
00:40:12de la vulnérabilité.
00:40:15Ils pensent
00:40:16aux personnes
00:40:17seules,
00:40:18aux personnes
00:40:19handicapées,
00:40:19aux personnes
00:40:20peu instruites
00:40:21et aux personnes
00:40:22au revenu
00:40:24modeste.
00:40:25Mon expérience
00:40:27avec 4000
00:40:28rapports
00:40:29d'euthanasie,
00:40:30c'est que
00:40:31la vulnérabilité
00:40:32touche
00:40:33toutes les couches
00:40:34de la société,
00:40:36y compris
00:40:37les plus instruits,
00:40:39les riches,
00:40:40ceux qui possèdent
00:40:40parquet
00:40:41et piano
00:40:42à queue.
00:40:43Georges et Anne
00:40:44dans le film
00:40:45Amour
00:40:46ne sont pas
00:40:47moins vulnérables
00:40:49que les plus démunis.
00:40:50Ce que nous
00:40:52constatons
00:40:53aujourd'hui,
00:40:54c'est une incapacité
00:40:56à faire face
00:40:57aux aspects
00:40:58sombres
00:40:58de la vie
00:40:59humaine.
00:41:01Mesdames et messieurs,
00:41:02que cela
00:41:03soit clair,
00:41:05je ne suis pas
00:41:06par principe
00:41:06opposé
00:41:07à l'euthanasie.
00:41:09Mais en entendant,
00:41:10je me demande
00:41:11si la légalisation
00:41:13n'a pas eu
00:41:14plus d'inconvénients
00:41:16que d'avantages.
00:41:19Je vous remercie.
00:41:20Il a été question
00:41:22de l'arrêt Truchon.
00:41:26Petite remarque,
00:41:28si on se réfère
00:41:29à l'arrêt initial
00:41:31Carter,
00:41:32l'arrêt Carter
00:41:33n'avait pas
00:41:33imposé
00:41:34de telles limites.
00:41:35Et en fait,
00:41:36c'est ça également
00:41:37qui a été
00:41:38la base
00:41:38de la réflexion
00:41:39de Mme le juge
00:41:41Baudouin,
00:41:42un excellent
00:41:43jugement,
00:41:43je dois dire,
00:41:44exemplaire
00:41:45par rapport
00:41:46à cette affaire
00:41:47Truchon.
00:41:49Donc,
00:41:49pour ma part,
00:41:51vous aurez compris
00:41:51que je considère
00:41:53que cette précision
00:41:57dans la loi
00:41:58était de bonne alloi.
00:42:01Pour ce qui concerne
00:42:03l'évolution
00:42:06des déclarations
00:42:09faites par les médecins
00:42:10en ce qui concerne
00:42:12les euthanasies
00:42:13en Belgique,
00:42:14je corrige un chiffre,
00:42:16en 2024,
00:42:17il était question
00:42:18de 3,6%
00:42:20de l'ensemble
00:42:21des décès.
00:42:22Alors,
00:42:23bien sûr,
00:42:23il y a une évolution,
00:42:24mais il faut dire
00:42:25qu'aussi,
00:42:25en Belgique,
00:42:26on est parti
00:42:26de zéro.
00:42:28Donc,
00:42:29qu'il y ait
00:42:29une évolution,
00:42:30plus de personnes
00:42:31connaissent la loi,
00:42:33c'est un fait.
00:42:34la génération
00:42:35qui est,
00:42:36je dirais,
00:42:37la plus susceptible
00:42:38de faire des demandes
00:42:40d'euthanasie,
00:42:41c'est rare
00:42:41que ce soit
00:42:42des personnes jeunes.
00:42:43En Belgique,
00:42:44il y a la possibilité
00:42:45pour les mineurs.
00:42:45nous avons enregistré
00:42:477 cas
00:42:47depuis 2014.
00:42:50C'est plutôt
00:42:51des personnes
00:42:52dans les tranches d'âge
00:42:53à partir
00:42:54de 70 ans,
00:42:5680,
00:42:5790 ans,
00:42:59100 ans,
00:42:59nous avons des centenaires.
00:43:01Et au fond,
00:43:01ce sont des personnes
00:43:02qui ont connu
00:43:03cette loi
00:43:04et l'évolution
00:43:05de cette loi.
00:43:07Donc,
00:43:07pour ma part,
00:43:08je ne suis absolument
00:43:09pas étonnée
00:43:10de voir
00:43:11qu'il y a
00:43:12une évolution
00:43:12en ce qui concerne
00:43:13les demandes.
00:43:14Et ce que je pourrais
00:43:16vous dire,
00:43:17c'est qu'il y a
00:43:18certainement
00:43:19un taux plus élevé
00:43:20en ce qui concerne
00:43:22les sédations
00:43:22profondes et continues.
00:43:24On aimerait bien
00:43:25avoir ces chiffres,
00:43:26mais on n'a pas
00:43:27les chiffres
00:43:27en ce qui concerne
00:43:28les sédations
00:43:29profondes et continues
00:43:30en Belgique.
00:43:32Donc,
00:43:32pour moi,
00:43:33je ne suis guère étonnée.
00:43:34Et évidemment,
00:43:36je me place
00:43:37du côté
00:43:37des personnes
00:43:39qui sont en demande.
00:43:40Toutes les demandes
00:43:41ne sont pas encore entendues.
00:43:43C'est un fait.
00:43:44Et donc,
00:43:45je ne serais guère étonnée
00:43:47qu'il y ait encore
00:43:48une évolution.
00:43:51Alors,
00:43:51en ce qui concerne
00:43:52les données sociologiques,
00:43:53c'est notre point faible.
00:43:55Je dirais,
00:43:55en ce qui concerne
00:43:56les études
00:43:57qui sont faites
00:43:57en Belgique,
00:43:58on aimerait bien
00:43:59avoir
00:44:01la possibilité,
00:44:02mais ça,
00:44:03il faudrait effectivement
00:44:04qu'il y ait aussi
00:44:04les moyens financiers
00:44:05pour procéder
00:44:06à ce type d'études.
00:44:08Ce que je peux dire,
00:44:10c'est que
00:44:10de la connaissance
00:44:12de terrain
00:44:12que j'ai,
00:44:13ce sont souvent
00:44:14des personnes
00:44:15qui ont
00:44:16des diplômes,
00:44:19qui sont
00:44:19dans la possibilité
00:44:21de connaître
00:44:22la loi.
00:44:24Donc,
00:44:24c'est rarement
00:44:26des personnes
00:44:27qui sont,
00:44:28je dirais,
00:44:29de classe défavorisée.
00:44:31Parce que
00:44:32ce n'est pas rien
00:44:33que de demander
00:44:33l'euthanasie.
00:44:35Il y a tout
00:44:35le chemin
00:44:36à accomplir.
00:44:37Donc,
00:44:38nous avons,
00:44:39par exemple,
00:44:40le cas
00:44:40du prix Nobel
00:44:41Christian de Duf.
00:44:44Ce n'était pas
00:44:45un exemple
00:44:46de quelqu'un
00:44:47défavorisé,
00:44:48faible,
00:44:49vulnérable
00:44:49ou que sais-je.
00:44:51Nous avons eu
00:44:51le cas
00:44:52d'un ancien
00:44:53premier ministre,
00:44:55Wilfried Martens,
00:44:57et aussi
00:44:58des personnes
00:44:59que je rencontre
00:45:00par rapport
00:45:01à des demandes
00:45:01de ténasie.
00:45:02Je peux dire
00:45:03qu'en général,
00:45:04c'est plutôt
00:45:05des personnes
00:45:06éduquées
00:45:07qui ont la possibilité
00:45:08de connaître
00:45:09la loi,
00:45:10bien plus
00:45:10que des personnes.
00:45:11J'ai eu
00:45:12un cas
00:45:12dans toutes
00:45:13les déclarations
00:45:14que j'ai examinées.
00:45:15Comme vous pouvez
00:45:16l'imaginer,
00:45:17c'est un grand
00:45:17nombre de déclarations
00:45:19puisque je suis
00:45:19à la commission
00:45:20depuis sa mise
00:45:22en place.
00:45:23Un cas
00:45:24où la personne
00:45:25n'avait pas pu
00:45:25écrire la demande
00:45:26car elle était
00:45:28un alphabète.
00:45:29C'est le seul
00:45:29cas que j'ai connu.
00:45:31Voilà,
00:45:31j'ai répondu
00:45:32de façon succincte.
00:45:34Oui,
00:45:35merci beaucoup.
00:45:36J'ai compris
00:45:37votre réponse
00:45:38ou
00:45:39peut-être
00:45:40un détail
00:45:40en ce
00:45:41n'est-à-dire ?
00:45:42J'ai compris
00:45:44et je voudrais
00:45:45répondre
00:45:46à cette première
00:45:47question.
00:45:49Très bien.
00:45:50M. Boer
00:45:50a compris
00:45:51la réponse
00:45:52et pourrais
00:45:53également répondre
00:45:54à cette première
00:45:54question
00:45:55si vous le souhaitez.
00:45:56Je vais passer
00:45:58la parole
00:45:59à M. Boer.
00:46:02Oui.
00:46:03Merci.
00:46:04Je suis
00:46:04comme expert
00:46:05de l'expert
00:46:06de l'expert
00:46:06de la justice
00:46:07de la justice
00:46:08de la justice
00:46:08de l'expert
00:46:10au Canada.
00:46:11Je suis
00:46:12participé
00:46:13en tant
00:46:13que expert
00:46:14de l'expert
00:46:14lors
00:46:15de l'expert
00:46:16de l'expert
00:46:16de l'expert
00:46:16de l'expert
00:46:17de l'expert
00:46:18de l'expert
00:46:18de l'expert
00:46:19de l'expert
00:46:20de l'expert
00:46:20de l'expert
00:46:21et là
00:46:23il s'agissait
00:46:23d'euthanasie
00:46:25qui serait
00:46:26donnée
00:46:27à des patients
00:46:28qui n'étaient pas
00:46:28en phase
00:46:29terminale.
00:46:31Je pense
00:46:32que l'expert
00:46:32est logique
00:46:33et je pense
00:46:34que ça peut
00:46:34aussi
00:46:35en la future
00:46:35de l'expert
00:46:36de l'expert
00:46:37de l'expert
00:46:38de l'expert
00:46:38de l'expert
00:46:39de l'expert
00:46:40de l'expert
00:46:41et je pense
00:46:43que cela
00:46:45pourrait
00:46:45s'appliquer
00:46:46en France
00:46:47dans un avenir.
00:46:48parce que là
00:46:59il s'agit
00:47:00d'un discours
00:47:01d'égalité.
00:47:01pourquoi l'euthanasie
00:47:03pour des patients
00:47:04en phase
00:47:04terminale
00:47:05et pourquoi pas
00:47:06pour des malades
00:47:08souffrant de maladies
00:47:09chroniques ?
00:47:11Et pourquoi
00:47:17accorde-t-on
00:47:18l'euthanasie
00:47:19à des personnes
00:47:20atteintes
00:47:21physiquement
00:47:22et non pas
00:47:22mentalement ?
00:47:24Pourquoi
00:47:25accorde-t-on
00:47:26l'euthanasie
00:47:27à des personnes
00:47:28aptes,
00:47:28capables
00:47:29de demander
00:47:30cette
00:47:31euthanasie
00:47:31à des personnes
00:47:32atteintes
00:47:33et non pas
00:47:33mentalement ?
00:47:35Alors
00:47:35pourquoi
00:47:35accorder
00:47:36l'euthanasie
00:47:37à des personnes
00:47:38aptes,
00:47:39capables
00:47:39de demander
00:47:40cette
00:47:41euthanasie
00:47:42et on ne
00:47:43accorderait pas
00:47:44à des personnes
00:47:45qui voudraient bien
00:47:47mais qui n'ont pas
00:47:48l'aptitude
00:47:49de demander
00:47:49l'euthanasie ?
00:47:51Et tenslotte,
00:47:52pourquoi
00:47:53pour des personnes
00:47:54avec une
00:47:54médicale
00:47:55et non pour
00:47:56toutes les personnes
00:47:56qui souffrent
00:47:57par l'avance
00:47:58de l'amour,
00:47:59de l'âge,
00:47:59de la vie financière,
00:48:01etc.
00:48:01Alors,
00:48:03pourquoi
00:48:03accorder l'euthanasie
00:48:05à des personnes
00:48:06atteintes
00:48:06d'une affectation
00:48:07médicale
00:48:08et non pas
00:48:09pour d'autres
00:48:11raisons de souffrance ?
00:48:12J'ai perdu
00:48:13mon ou ma bien-aimé,
00:48:15j'ai des problèmes
00:48:16financiers
00:48:16graves,
00:48:17etc.
00:48:18A partir du moment
00:48:29où on accorde
00:48:30cette possibilité,
00:48:32à ce moment-là,
00:48:33cela entraîne
00:48:34ce discours d'égalité.
00:48:45Merci.
00:48:46Merci beaucoup.
00:48:47Est-ce que M. Deschamps,
00:48:48vous avez quelque chose
00:48:49à ajouter ?
00:48:51J'aurais plusieurs choses
00:48:53à ajouter.
00:48:53Premièrement,
00:48:54je vous inviterais
00:48:55à comparer
00:48:56la proposition de loi
00:48:57du Royaume-Uni
00:48:58à celle
00:49:00de la France.
00:49:01Celle du Royaume-Uni
00:49:03actuellement
00:49:04est plus robuste
00:49:05que celle
00:49:06de la France.
00:49:08Il y a plus
00:49:08de contrôles
00:49:09qui sont exercés.
00:49:11Contrôles,
00:49:11a priori,
00:49:12par un comité
00:49:15de révision,
00:49:16contrôle
00:49:16a posteriori.
00:49:19Il faut que la personne
00:49:20soit atteinte
00:49:20d'une maladie
00:49:21terminale
00:49:21en France
00:49:23et une affection
00:49:23grave et incurable
00:49:25engageant
00:49:26de pronostics
00:49:27vitales
00:49:27et des souffrances
00:49:28qu'on ne retrouve pas.
00:49:30Les législations
00:49:31sont similaires
00:49:32en ce sens
00:49:33qu'il me semble
00:49:34que la législation française,
00:49:35le rôle du médecin
00:49:36est d'accompagner
00:49:37la personne
00:49:37qui doit
00:49:38s'auto-administrer
00:49:39l'aide à mourir
00:49:41alors que
00:49:43dans le Royaume-Uni,
00:49:44on parle,
00:49:45dans le projet de loi,
00:49:46on parle d'assistance
00:49:47à la personne.
00:49:49C'est carrément
00:49:49très différent
00:49:50des législations
00:49:52belges
00:49:53et néerlandaises.
00:49:56On dirait
00:49:56qu'après une expansion
00:49:58en disant...
00:50:00Et j'entends
00:50:00les propos,
00:50:01c'est un peu
00:50:01comme si on disait
00:50:02en société,
00:50:03pourquoi pas avoir
00:50:04la mort sur demande ?
00:50:07Si je veux mourir,
00:50:08pourquoi je n'aurais
00:50:08pas le droit
00:50:09de mourir
00:50:09quand je veux,
00:50:11comment je veux
00:50:12puis dans le lieu
00:50:13que je veux ?
00:50:14Et c'est ça
00:50:15qu'on sent au Canada,
00:50:16une reconnaissance,
00:50:17on veut implicitement
00:50:18une reconnaissance
00:50:19du droit fondamental
00:50:20de tout être humain
00:50:21de choisir
00:50:23le moment,
00:50:24le comment
00:50:25et le lieu
00:50:26de son décès.
00:50:27Et ça,
00:50:27il faut se poser
00:50:28comme citoyen
00:50:29des questions.
00:50:31Et quand on parle
00:50:32d'égalité,
00:50:33égalité faisant partie
00:50:35d'un tribunal
00:50:35des droits
00:50:35de la personne
00:50:36au Québec,
00:50:37ce n'est pas
00:50:38traiter tout le monde
00:50:39de la même façon,
00:50:41c'est traiter les gens
00:50:42à la mesure
00:50:43de qui ils sont
00:50:44et de leurs besoins.
00:50:47Il y a comme
00:50:47une certaine,
00:50:50comment je pourrais dire,
00:50:51complaisance
00:50:52ou dérive
00:50:53et les lois
00:50:55sont adoptées
00:50:56mais il faut se,
00:50:57dites-vous
00:50:58que vous allez adopter
00:50:59éventuellement une loi
00:51:00mais la loi
00:51:01va changer.
00:51:02Elle va changer
00:51:03non pas pour être
00:51:04plus restrictive
00:51:04mais plus expansive.
00:51:05on va ajouter
00:51:07de plus en plus
00:51:08de personnes
00:51:09comme on a fait
00:51:10aux Pays-Bas
00:51:10avec les enfants,
00:51:12les nouveaux-nés,
00:51:13bon, etc., etc.
00:51:15Au Québec,
00:51:16au Québec,
00:51:16au Canada,
00:51:17on n'est pas encore
00:51:18rendu là.
00:51:21Mais il faut se...
00:51:24Et moi,
00:51:24une de mes philosophes
00:51:25préférées,
00:51:26c'est Anna Arène
00:51:27qui parle
00:51:27de la banalité
00:51:28du mal.
00:51:29et la banalité
00:51:30du mal,
00:51:31c'est quand
00:51:31les gens
00:51:32arrêtent
00:51:32de réfléchir.
00:51:34Et c'est ça,
00:51:35je pense,
00:51:35qu'il faut
00:51:36tenir à l'esprit.
00:51:39Il ne faut pas,
00:51:40malgré les dispositions
00:51:41législatives
00:51:41qu'on met en œuvre,
00:51:43réfléchir
00:51:44à qu'est-ce qu'on
00:51:44est en train
00:51:45de faire
00:51:46et où allons-nous.
00:51:47Et malgré
00:51:48une expansion
00:51:49des législations,
00:51:52la pratique médicale
00:51:54est expansive.
00:51:55Comme je disais,
00:51:56la mort naturelle
00:51:57est raisonnablement prévisible,
00:51:58c'est peut-être
00:51:59dans 5-10 ans.
00:52:01Des facteurs
00:52:02précipitants
00:52:03qui pèsent
00:52:04la fragilité
00:52:05de la personne,
00:52:07son isolement,
00:52:08etc.
00:52:10Et comme commissaire,
00:52:11on entend
00:52:12des choses
00:52:12des fois
00:52:13qui nous font
00:52:13dresser les cheveux
00:52:14sur la tête
00:52:15ou quelqu'un
00:52:16qui s'en va
00:52:17dans une maison
00:52:17de soins
00:52:19prolongés
00:52:21ou quelqu'un
00:52:22va dire
00:52:23de toute façon
00:52:23ces gens-là
00:52:24vont être morts
00:52:25dans un an.
00:52:26Pourquoi pas faire
00:52:27en sorte
00:52:27qu'ils meurent
00:52:28maintenant
00:52:29plutôt que plus tard.
00:52:31Il faut être sensible
00:52:32à ces considérations-là
00:52:33comme législateurs,
00:52:36réfléchir au-delà
00:52:37de ce qu'on nous présente
00:52:39parce qu'il y a des choses
00:52:41où est-ce que la société
00:52:43s'en va.
00:52:44Loin de moi
00:52:45d'être contre
00:52:45l'aide médicale
00:52:46à mourir
00:52:47ou l'aide à mourir
00:52:48ou l'euthanasie
00:52:49ou le suicide.
00:52:51Mais même si
00:52:52on se dit
00:52:52c'est un soin
00:52:53qui devrait être disponible,
00:52:56comme je vous disais
00:52:58pour expliquer
00:52:59l'expansion au Québec,
00:53:01ce n'est plus
00:53:01un soin ultime,
00:53:02ce n'est plus
00:53:03un soin
00:53:03de dernier recours,
00:53:05c'est un soin
00:53:06de première intention.
00:53:09Le Québec,
00:53:10le Canada
00:53:11ont pris l'option
00:53:12de privilégier
00:53:13l'option
00:53:14de l'injection
00:53:16d'une substance
00:53:17létale
00:53:18par un médecin.
00:53:19la France
00:53:20semble
00:53:21s'orienter
00:53:22différemment
00:53:23comme
00:53:23le Royaume-Uni
00:53:26et le pays
00:53:27inégal.
00:53:28Les États-Unis,
00:53:30eux,
00:53:30se sont limités
00:53:32à maladies
00:53:33terminales.
00:53:35Et ce qui nous
00:53:36perturbe
00:53:37parfois
00:53:37à la Commission,
00:53:39c'est quand une personne
00:53:40d'un certain âge
00:53:41dit
00:53:41ma maladie grave
00:53:42et incurable,
00:53:44c'est la cécité
00:53:44totale
00:53:45ou la surdité
00:53:47totale.
00:53:48et si je ne peux
00:53:50plus entendre
00:53:51parce que j'étais
00:53:52une musicienne,
00:53:53si je ne peux
00:53:54plus voir
00:53:54parce que j'étais
00:53:55peintre,
00:53:56ça rentre
00:53:58dans la catégorie
00:53:59de maladies
00:53:59graves et incurables
00:54:00sans qu'elle engage
00:54:02le pronostic
00:54:03vital.
00:54:05Et ça,
00:54:05je dois vous dire
00:54:06que ça nous cause
00:54:07des soucis.
00:54:10Les maladies
00:54:11chroniques,
00:54:13une seule maladie,
00:54:14là,
00:54:14on en va
00:54:15dans les
00:54:15polypathologies.
00:54:16je vous parle
00:54:18de cette expérience-là
00:54:19qui sont
00:54:20les éléments
00:54:22qui sont
00:54:22dérangeants,
00:54:24qui ne sont pas
00:54:25exposés
00:54:27dans le grand public.
00:54:29On a eu
00:54:29un monsieur,
00:54:30une enquête
00:54:30du médecin légiste
00:54:31qui a eu
00:54:32des plaies
00:54:33de lit
00:54:34qui n'avaient pas
00:54:35été bien traités.
00:54:37Ça constituait
00:54:39une maladie grave
00:54:39et incurable
00:54:40et la personne
00:54:41a eu
00:54:42l'aide médicale
00:54:42à mourir.
00:54:45N'arrêtez pas
00:54:45de vous poser
00:54:46des questions
00:54:47malgré
00:54:48le chemin
00:54:49que vous êtes
00:54:50en train
00:54:50de parcourir.
00:54:54Mais vous avez
00:54:54un régime
00:54:55qui est différent
00:54:55de celui
00:54:56de la Belgique,
00:54:56celui qui est proposé
00:54:57différent de la Belgique
00:54:58et des Pays-Bas.
00:55:00Il me semble
00:55:01qu'il est plus
00:55:01restrictif
00:55:02le médecin
00:55:03étant appelé
00:55:04soit d'accompagner,
00:55:05soit d'assister
00:55:06la personne,
00:55:07mais n'étant pas
00:55:08le prestataire
00:55:09de l'aide médicale
00:55:10à mourir.
00:55:12Merci.
00:55:13Je vais repasser
00:55:14la parole
00:55:14à Christine Bonfantidossa
00:55:17mais pour qu'elle pose
00:55:18les questions
00:55:19de M. Alain Milon,
00:55:21co-rapporteur.
00:55:23Je vais faire court.
00:55:26Donc,
00:55:27elle s'adresse
00:55:27aux trois intervenants.
00:55:29Les commissions
00:55:30de contrôle
00:55:31telles qu'elles existent
00:55:32dans vos pays
00:55:33sont-elles vraiment
00:55:34en mesure
00:55:35de contrôler
00:55:35les conditions
00:55:36de mise en place
00:55:38de l'aide
00:55:38à mourir ?
00:55:40Quelles sont
00:55:40les principales
00:55:41difficultés rencontrées
00:55:42par ces commissions
00:55:43dans l'exercice
00:55:44de leur mission ?
00:55:47Quel regard
00:55:47portez-vous
00:55:48sur le délit
00:55:49d'entrave
00:55:49que les députés
00:55:51ont inscrit
00:55:51dans la proposition
00:55:52de loi française
00:55:53contre l'avis
00:55:54du gouvernement ?
00:55:56De telles dispositions
00:55:57existent-elles
00:55:58dans vos pays respectifs
00:56:00ou au contraire
00:56:01existent-ils
00:56:02des délits
00:56:03d'incitation
00:56:04au recours
00:56:05de l'aide
00:56:05à mourir ?
00:56:07Et puis,
00:56:07pour finir,
00:56:09les données
00:56:09d'activité
00:56:10de vos pays
00:56:10montrent
00:56:11qu'une part
00:56:12importante
00:56:13des patients
00:56:13qui recourent
00:56:14à l'aide médicale
00:56:15à mourir
00:56:16sont atteints
00:56:17de cancer.
00:56:18Or,
00:56:19la cancérologie
00:56:20connaît de formidables
00:56:21avancées thérapeutiques
00:56:23pour traiter
00:56:24des patients
00:56:24que l'on disait
00:56:25incurables.
00:56:27Ne pensez-vous pas
00:56:28qu'en abrégeant
00:56:29la vie de ces patients,
00:56:30ceux-ci ont été privés
00:56:32de l'accès
00:56:33à des traitements
00:56:34novateurs
00:56:34qu'ils auraient
00:56:35pu expérimenter.
00:56:37Quel impact
00:56:38le recours
00:56:38de l'aide médicale
00:56:39à mourir
00:56:40peut-il avoir,
00:56:41selon vous,
00:56:42sur la recherche
00:56:43en oncologie ?
00:56:45M. Deschamps ?
00:56:47Sur la question
00:56:48des commissions
00:56:49de contrôle
00:56:51ou de surveillance,
00:56:52il faut bien dire
00:56:53que la déclaration
00:56:53d'une médecin,
00:56:55c'est une autodéclaration.
00:56:56Il va mettre
00:56:57dans sa déclaration
00:56:58les éléments
00:56:58qui tentent
00:56:59à démontrer
00:56:59la conformité.
00:57:01C'est évident
00:57:02qu'il ne mettra pas
00:57:02des choses
00:57:03qui vont mettre
00:57:04en question
00:57:04la conformité.
00:57:06À la commission,
00:57:07lorsqu'on a des doutes
00:57:09ou des questions
00:57:10sur certains éléments,
00:57:11on va s'adresser
00:57:14aux médecins.
00:57:14Un médecin
00:57:15de la commission
00:57:16va téléphoner
00:57:17au médecin,
00:57:18lui demander
00:57:19des explications
00:57:20pour que la commission
00:57:20puisse statuer
00:57:21si c'était conforme
00:57:23ou non à la loi.
00:57:25Deuxième élément,
00:57:26c'est un élément
00:57:27un peu bancal,
00:57:28c'est que la commission
00:57:29statue sur la conformité
00:57:31aux dispositions
00:57:32de la loi
00:57:33et en cas
00:57:34de non-conformité,
00:57:35la loi dit
00:57:36qu'on envoie
00:57:37le dossier
00:57:38à l'ordre
00:57:39des médecins
00:57:40qui, lui,
00:57:41n'agit pas
00:57:41en appel
00:57:42de la commission
00:57:42mais va regarder
00:57:44la qualité
00:57:45de l'acte professionnel.
00:57:48Il se peut
00:57:48que même
00:57:49si ce n'était
00:57:49pas conforme,
00:57:51le collège
00:57:52ou l'ordre
00:57:52des professionnels
00:57:53va dire
00:57:53que le médecin
00:57:54était bien intentionné,
00:57:56agit dans le meilleur
00:57:57intérêt du patient
00:57:58et agit
00:57:59avec bienfaisance.
00:58:02Et il n'y aura
00:58:03pas de suite.
00:58:05si on veut
00:58:06mesurer
00:58:07l'efficacité
00:58:08de la loi,
00:58:10ce n'est pas
00:58:11simplement
00:58:11en regardant
00:58:12le nombre
00:58:12de cas
00:58:13où il y a eu
00:58:13un élément
00:58:15de non-conformité
00:58:16jugé
00:58:16par la commission,
00:58:18il y a
00:58:18beaucoup
00:58:18d'autres éléments.
00:58:21Pour ce qui
00:58:22est des cas
00:58:23de cancer,
00:58:23c'est vrai
00:58:24que ce sont
00:58:24les cas
00:58:25qui ont été
00:58:26les plus
00:58:27à la base
00:58:30de demandes
00:58:32à l'aide médicale
00:58:33à mourir,
00:58:34mais aujourd'hui,
00:58:35ce qui est
00:58:36plus difficile
00:58:36pour la commission
00:58:37en termes
00:58:37d'évaluation,
00:58:39c'est les
00:58:39polypathologies.
00:58:42Un ensemble
00:58:43de conditions
00:58:44qui font en sorte
00:58:45qu'ils prient
00:58:45isolément
00:58:45ne donneraient
00:58:46pas ouverture
00:58:48nécessairement
00:58:49à l'aide médicale
00:58:50à mourir,
00:58:51mais dans leur ensemble
00:58:52font en sorte
00:58:53que
00:58:53leur agrégat
00:58:58fait en sorte
00:58:58qu'on dise
00:58:59finalement
00:59:00que ça équivaut
00:59:01à une maladie
00:59:01grave
00:59:02et incurable.
00:59:03Et on voit
00:59:04que ce qui était
00:59:05perçu à l'origine
00:59:06a évolué
00:59:06dans le temps
00:59:07sans changement
00:59:08législatif,
00:59:10ce qui pourrait
00:59:11expliquer
00:59:11pourquoi on en est
00:59:12rendu au Québec
00:59:13et même au Canada
00:59:15où on en est.
00:59:18Et j'insiste
00:59:19sur le fait
00:59:19que la relation
00:59:21médecin-patient
00:59:22qui était censée
00:59:23être le cadre
00:59:24dans lequel
00:59:25l'aide médicale
00:59:26à mourir
00:59:26serait administrée,
00:59:29ce n'est pas
00:59:30toujours le cas.
00:59:31dans certaines provinces,
00:59:33on adresse
00:59:34une demande
00:59:34à un service
00:59:36qui va choisir
00:59:37les médecins
00:59:38et après ça,
00:59:39la procédure
00:59:40va être
00:59:41enclenchée.
00:59:42On a parlé
00:59:43de l'arrêt
00:59:44Truchon-Gladu.
00:59:46Un petit bémol,
00:59:47c'est que cette décision-là
00:59:48est un juge
00:59:49de première instance
00:59:50qui l'a rendue,
00:59:52sans mettre en doute
00:59:53la décision,
00:59:54mais il n'a jamais
00:59:55été apporté
00:59:56en appel
00:59:56par le ministère
00:59:58public,
00:59:58la raison étant
00:59:59probablement
01:00:00qu'il y aurait eu
01:00:01un tollé
01:00:02de la part
01:00:03au niveau
01:00:05de la société
01:00:06quant au fait
01:00:08de porter
01:00:09en appel
01:00:09une décision
01:00:10qui aurait pu
01:00:11brasser
01:00:12encore
01:00:13les cartes.
01:00:17Merci.
01:00:18Mme Eromance.
01:00:19Le juge
01:00:24Baudouin
01:00:24préside
01:00:25la Cour suprême
01:00:26du Québec
01:00:26et donc
01:00:27effectivement,
01:00:28le Parc général
01:00:29n'a pas souhaité
01:00:30interjeter appel
01:00:31estimant
01:00:32vraisemblablement
01:00:34que cette décision
01:00:36était très bien
01:00:36fondée.
01:00:38Mais si vous me
01:00:39permettez,
01:00:40le juge
01:00:40Baudouin,
01:00:43c'est l'équivalent
01:00:44du tribunal
01:00:44de grande instance
01:00:45en France,
01:00:46ce n'est pas
01:00:46une Cour suprême,
01:00:47c'est une Cour
01:00:48de première instance.
01:00:48dans l'équivalent
01:00:49d'appel
01:00:49de la Cour suprême.
01:00:51Bon,
01:00:52ce qui est assez amusant,
01:00:54c'est qu'à la même époque,
01:00:55il y a un an,
01:00:57je rencontrais justement
01:00:58la juge Baudouin.
01:01:00Mais cela étant,
01:01:01pour revenir aux questions
01:01:02qui ont été posées,
01:01:04le rôle
01:01:04des commissions de contrôle,
01:01:07c'est un rôle
01:01:08très difficile.
01:01:09Et je vais vous dire
01:01:09pourquoi.
01:01:10Ce n'est pas pour les raisons
01:01:11qui ont été données
01:01:11jusqu'à présent.
01:01:13C'est parce que
01:01:14l'on découvre
01:01:14en lisant
01:01:16ces déclarations
01:01:17qui sont faites
01:01:18par les médecins,
01:01:20des trajets de vie,
01:01:21des souffrances.
01:01:22Et je dois dire
01:01:23que comme je ne suis pas
01:01:24médecin,
01:01:25parfois,
01:01:26la lecture
01:01:27de ces déclarations,
01:01:29c'est extrêmement
01:01:31éprouvant.
01:01:32Je peux vous dire
01:01:33que j'essaye
01:01:33de faire cela
01:01:34quand je suis
01:01:36bien dans ma peau,
01:01:39que je peux affronter
01:01:41ces trajets de vie.
01:01:42et il est un fait
01:01:46que ce que nous
01:01:48essayons de faire
01:01:49au niveau
01:01:50des commissions,
01:01:52au niveau
01:01:52de la commission
01:01:53d'évaluation
01:01:53et de contrôle,
01:01:55c'est de jouer
01:01:56un rôle pédagogique.
01:01:57Parce que,
01:01:57parfois,
01:01:58il est vrai
01:01:58que les médecins
01:02:00ne remplissent pas
01:02:02tout à fait correctement
01:02:03la déclaration.
01:02:04Elle est
01:02:05moins
01:02:06exhaustive
01:02:09que la déclaration
01:02:11des Pays-Bas.
01:02:11Parfois,
01:02:12nous recevons
01:02:12d'ailleurs
01:02:12des médecins
01:02:13qui utilisent
01:02:13le formulaire
01:02:14des Pays-Bas.
01:02:16Mais cela étant,
01:02:17les éléments,
01:02:19les questions
01:02:19qui sont posées
01:02:20portent,
01:02:22par exemple,
01:02:23quels sont
01:02:23les éléments
01:02:24qui vous ont permis
01:02:25d'estimer
01:02:26que la demande
01:02:27était bien volontaire
01:02:28sans pression extérieure.
01:02:29Donc,
01:02:30le médecin doit
01:02:31donner des explications
01:02:32à ce sujet.
01:02:34Pour ces questions
01:02:35d'affection grave
01:02:36et incurable,
01:02:37il doit décrire,
01:02:38il doit donc
01:02:40nous apporter
01:02:41l'information
01:02:41de telle façon
01:02:42que l'on puisse
01:02:43effectivement
01:02:44apprécier
01:02:45le caractère grave
01:02:46et incurable
01:02:47de la maladie.
01:02:48Et je dois dire
01:02:49que notre rôle
01:02:50s'est quelque peu
01:02:51amélioré
01:02:53depuis que,
01:02:54grâce à l'arrêt
01:02:55de la Cour européenne
01:02:56des droits de l'homme,
01:02:58nous avons pris
01:02:58la décision,
01:02:59ou plutôt
01:03:00le législateur belge
01:03:01a pris la décision
01:03:02de renoncer
01:03:03à l'anonymat.
01:03:04Et donc,
01:03:05nous recevons
01:03:06des déclarations
01:03:06avec les noms
01:03:07des médecins,
01:03:08les noms des patients
01:03:08et très souvent
01:03:10avec les avis
01:03:11des médecins consultés.
01:03:13Et ça nous permet
01:03:14effectivement
01:03:15d'aller bien plus loin.
01:03:16Et quand nous avons
01:03:17un doute,
01:03:18effectivement,
01:03:19nous demandons
01:03:20aux médecins
01:03:20de compléter.
01:03:22Éventuellement,
01:03:23nous l'invitons
01:03:23à une séance.
01:03:26Nous avons donc
01:03:26tous les mois,
01:03:27elle est en cours
01:03:28pour l'instant,
01:03:29je rate
01:03:30pour une fois
01:03:31la réunion
01:03:33de la commission
01:03:33d'évaluation
01:03:34et de contrôle.
01:03:34Je peux vous dire
01:03:35que ce n'est pas
01:03:35très fréquent.
01:03:36et donc,
01:03:39si la commission,
01:03:42après un vote qualifié
01:03:43des deux tiers,
01:03:45estime
01:03:45que le médecin
01:03:46n'a pas
01:03:47respecté
01:03:48les conditions,
01:03:49le dossier
01:03:50doit être transféré
01:03:51au parquet.
01:03:53Il y a eu
01:03:54un cas
01:03:54jusqu'à présent
01:03:55et en fait,
01:03:57la chambre du conseil,
01:03:58la chambre
01:03:59qui instruit
01:04:00le dossier
01:04:01avant éventuellement
01:04:02donc d'aller plus loin,
01:04:03à prononcer
01:04:05un non-lieu.
01:04:06Elle a été moins,
01:04:07je dirais,
01:04:08sévère
01:04:08que la commission.
01:04:11Et ce que je peux dire,
01:04:13c'est que
01:04:14ce n'est pas rien
01:04:17pour un médecin
01:04:18d'accompagner
01:04:19un patient
01:04:20jusqu'à la fin,
01:04:21jusqu'au dernier souffle.
01:04:24Et
01:04:24bien sûr,
01:04:27on pourra toujours dire
01:04:28qu'il y a des exceptions,
01:04:30qu'il y a éventuellement
01:04:31des cow-boys,
01:04:31que sais-je.
01:04:32mais en tout cas,
01:04:33d'après ce que je peux constater,
01:04:35d'après ce que je peux voir,
01:04:37ces demandes d'euthanasie
01:04:38sont examinées
01:04:39avec beaucoup
01:04:40de
01:04:41conscience.
01:04:44Et donc,
01:04:44des médecins
01:04:45qui sont connus
01:04:46pour être ouverts
01:04:47à des demandes d'euthanasie,
01:04:48je vais citer
01:04:48le docteur
01:04:49François Dama,
01:04:50et bien,
01:04:51dans certains cas,
01:04:52il dit à la personne
01:04:53non,
01:04:54vous n'êtes pas
01:04:54dans les conditions,
01:04:57je ne peux pas.
01:04:58Et
01:04:59ce qui est
01:04:59vraiment
01:05:00fondamental,
01:05:01c'est que la demande
01:05:02émane du patient
01:05:03et de personne
01:05:04d'autre,
01:05:05pas quelqu'un
01:05:06de la famille.
01:05:08Et donc,
01:05:08je pense que
01:05:09nous pouvons
01:05:10effectivement
01:05:11effectuer
01:05:12notre mission
01:05:14et que
01:05:15cette mission
01:05:16ne s'arrête
01:05:17d'ailleurs pas
01:05:17au contrôle.
01:05:18Nous avons
01:05:18également
01:05:19l'obligation
01:05:21d'établir
01:05:22un rapport
01:05:23tous les deux ans,
01:05:24rapport qui est
01:05:25présenté à la
01:05:25commission de la santé
01:05:26et de l'égalité
01:05:27des chances
01:05:28de la Chambre
01:05:29des représentants.
01:05:31Donc,
01:05:32on en parle,
01:05:32on en discute
01:05:33et je vois,
01:05:34je dirais,
01:05:35qu'au fil des années,
01:05:37je vois l'évolution.
01:05:39Lorsque nous avons
01:05:40pour les premières fois
01:05:41présenté le rapport
01:05:42bisannuel
01:05:44à la Chambre
01:05:45des représentants,
01:05:46beaucoup de questions
01:05:47ont été posées,
01:05:48je dirais,
01:05:49d'une manière
01:05:49un petit peu agressive,
01:05:51nous mettant en doute.
01:05:52Ça n'a plus été le cas
01:05:55lors de la dernière
01:05:56présentation.
01:05:57Ça, c'est un fait.
01:05:59Et les questions
01:05:59étaient fort pertinentes,
01:06:01fort intéressantes,
01:06:02nous permettant
01:06:03parfois d'aller plus loin
01:06:04par rapport également
01:06:05aux demandes
01:06:06que l'on formule
01:06:07à l'égard
01:06:08des médecins.
01:06:10Alors,
01:06:11délit d'entrave,
01:06:12délit d'incitation,
01:06:13nous ne connaissons pas.
01:06:16Ni le délit d'entrave,
01:06:18ni le délit d'incitation,
01:06:20mais nous n'avons pas
01:06:21d'ailleurs
01:06:21le délit d'entrave
01:06:23en ce qui concerne...
01:06:24Si,
01:06:24il y a une amorce
01:06:25en ce qui concerne
01:06:27la législation
01:06:28sur l'avortement.
01:06:30Et donc,
01:06:31je dirais que
01:06:32je ne vais pas me prononcer
01:06:33là-dessus,
01:06:34ni, je dirais,
01:06:36positivement,
01:06:37ni négativement.
01:06:40Le délit d'incitation,
01:06:41ça me paraît encore
01:06:42plus étranger
01:06:45à nos préoccupations.
01:06:48Ça, c'est un fait.
01:06:49Parce qu'on ne pousse
01:06:51pas à l'euthanasie.
01:06:52Et quand j'entends
01:06:53qu'il y aurait une pression,
01:06:56ça me fait...
01:06:58Je me dirais...
01:06:59Je réagis en disant
01:07:00« Mais quelle pression ! »
01:07:02Parce que c'est...
01:07:04quand, par exemple,
01:07:06l'ancien Premier ministre
01:07:08Wilfrid Martin
01:07:09s'est demandé
01:07:10l'euthanasie,
01:07:11il était atteint
01:07:13d'un cancer
01:07:14et il se retrouvait
01:07:14dans une situation
01:07:15médicale sans issue.
01:07:19La pression...
01:07:20Moi, je vois plutôt
01:07:21la pression
01:07:21parfois dans un autre sens.
01:07:23La pression
01:07:24de personnes,
01:07:26de la famille
01:07:26qui s'opposent
01:07:28à la demande
01:07:29d'euthanasie
01:07:29d'un proche.
01:07:30Cela existe.
01:07:33Et je dois dire
01:07:34que ce sont
01:07:36des situations
01:07:37extrêmement
01:07:38difficiles
01:07:40à gérer
01:07:40pour les médecins
01:07:42qui sont confrontés
01:07:42à des demandes
01:07:43d'euthanasie
01:07:44avec les proches
01:07:44qui éventuellement
01:07:45s'y opposent.
01:07:46Ils n'ont pas le droit
01:07:46de s'y opposer.
01:07:48Mais entre-temps,
01:07:49qu'est-ce que va faire
01:07:49le médecin ?
01:07:50Il va essayer
01:07:51de crever l'abcès.
01:07:52Pourquoi est-ce qu'il y a
01:07:53cette opposition ?
01:07:54Pourquoi est-ce qu'on ne parvient
01:07:55pas à cheminer ensemble ?
01:07:59Parce que l'idéal,
01:08:01c'est qu'on arrive
01:08:02au dernier jour
01:08:04après avoir
01:08:06apaisé
01:08:07toutes les tensions.
01:08:08J'ai connu
01:08:09le cas
01:08:09d'une petite fille
01:08:10qui avait écrit
01:08:11à cinq grands-mères
01:08:11qui a demandé
01:08:12l'euthanasie.
01:08:14Cela veut dire
01:08:14que tu ne nous aimes pas.
01:08:16Donc, il a fallu
01:08:17expliquer les choses.
01:08:18Il faut prendre du temps.
01:08:20C'est pour cela
01:08:20que très souvent,
01:08:22ce que je dis,
01:08:23c'est qu'il faut
01:08:24être rapide
01:08:25pour entendre
01:08:26une demande d'euthanasie,
01:08:28mais il faut prendre
01:08:28le temps
01:08:29pour arriver
01:08:29à l'euthanasie.
01:08:32C'est du temps
01:08:32nécessaire
01:08:33pour que chacun
01:08:34soit au diapason.
01:08:37Alors,
01:08:38je vais donner
01:08:39la parole
01:08:42à Mme Guidez
01:08:43pour des questions.
01:08:44Je vais simplement dire
01:08:45aucune crainte
01:08:46en ce qui concerne
01:08:47les recherches
01:08:47au point de vue
01:08:48du cancer.
01:08:48Aucune.
01:08:50Merci beaucoup,
01:08:51Madame.
01:08:53Merci beaucoup.
01:08:54Moi, je vais revenir
01:08:55sur les soins palliatifs
01:08:56puisque vous savez
01:08:57qu'il y a deux lois
01:08:58et que je suis
01:08:59co-rapporteure
01:09:00sur les soins palliatifs.
01:09:03Vous avez commencé
01:09:04par votre audition
01:09:06en disant
01:09:07mourir
01:09:08en toute dignité.
01:09:09Je l'ai noté.
01:09:15Voilà.
01:09:16Donc, je voulais juste
01:09:17savoir
01:09:17qu'est-ce que vous appelez,
01:09:18vous,
01:09:18mourir en toute dignité.
01:09:20Est-ce que c'est pas
01:09:20plutôt mourir
01:09:21sans souffrance ?
01:09:26Voilà.
01:09:27Je vais aussi revenir
01:09:28puisque vous avez fait
01:09:30l'accompagnement
01:09:31des soins palliatifs
01:09:31à domicile,
01:09:32notamment en Belgique.
01:09:34Et ça, je trouve
01:09:35que c'est très important.
01:09:36Je cite notamment
01:09:38le forfait palliatif
01:09:39attribué sous condition
01:09:41afin de faciliter
01:09:42la prise en charge
01:09:43des patients
01:09:43qui souhaitent rester
01:09:45dans leur environnement
01:09:46familier
01:09:46ou encore les interventions
01:09:48à domicile d'équipe
01:09:49de soutien pluridisciplinaire.
01:09:51Quel bilan faites-vous
01:09:52de ces dispositifs
01:09:53en Belgique,
01:09:54mais aussi, pourquoi pas,
01:09:55dans les autres pays ?
01:09:57Si ces messieurs
01:09:58veulent bien répondre,
01:09:59faut-il encore renforcer
01:10:00la prise en charge
01:10:01palliatif à domicile ?
01:10:03Et je trouve que
01:10:04ma question va se poursuivre.
01:10:06Que faites-vous
01:10:07des enfants ou adolescents ?
01:10:09Parce que je trouve
01:10:11qu'on n'en parle pas
01:10:12comme si aujourd'hui
01:10:13on ne parlait
01:10:15que des personnes
01:10:16âgées,
01:10:17vieillissantes
01:10:18ou avec des maladies
01:10:20très graves,
01:10:21etc.
01:10:24Ensuite,
01:10:25pour M. Pierre Deschamps,
01:10:27le texte prévoit
01:10:28de remplacer
01:10:28l'appellation
01:10:29de soins palliatifs
01:10:30par la notion
01:10:31plus englobante
01:10:32d'accompagnement
01:10:33et soins palliatifs.
01:10:35L'accompagnement
01:10:35viserait à prendre en compte
01:10:37les soins de support
01:10:38comme l'aide
01:10:38à une activité physique
01:10:39adaptée
01:10:41ou encore
01:10:41des soins de confort
01:10:42comme la musicothérapie,
01:10:44par exemple.
01:10:46Quelle analyse
01:10:47faites-vous
01:10:47de cette évolution
01:10:48sémantique ?
01:10:49Quelle place
01:10:49doit être accordée
01:10:50à ces soins
01:10:51dans l'accompagnement
01:10:52des malades ?
01:10:53Et au Québec,
01:10:54comment cet accompagnement
01:10:55se matérialise-t-il
01:10:57dans la prise en charge
01:10:58des patients ?
01:10:59Et je reviens aussi
01:11:00à cette question.
01:11:02Que faites-vous
01:11:02de l'accompagnement
01:11:03des enfants ?
01:11:06Et bien sûr,
01:11:06des parents,
01:11:07parce que derrière,
01:11:07généralement,
01:11:08il y a des parents.
01:11:09Voilà.
01:11:11Et là,
01:11:11j'ai une question
01:11:12un peu grinçante,
01:11:15je trouvais,
01:11:15mais bon,
01:11:16je vais quand même
01:11:16la poser
01:11:16pour M. Théo Boer.
01:11:20L'aide à mourir
01:11:22n'est-elle pas finalement
01:11:23une réponse
01:11:23aux insuffisances
01:11:24des systèmes de santé
01:11:25plutôt qu'aux attentes
01:11:26des patients
01:11:27en recherche
01:11:28de soins palliatifs ?
01:11:30Voilà.
01:11:30Elle est très courte,
01:11:31mais un peu grinçante,
01:11:32celle-ci.
01:11:33Merci beaucoup.
01:11:34Merci.
01:11:35Alors,
01:11:35je vais donner la parole
01:11:36à Mme Eremont d'abord.
01:11:40Je pense que j'avais
01:11:41beaucoup plus parlé
01:11:42de mourir dans la sérénité,
01:11:44etc.
01:11:45Je pense que c'est
01:11:45le titre de l'association,
01:11:48c'est ça.
01:11:48Pour moi,
01:11:48c'est très clair.
01:11:50Il n'y a pas
01:11:51de signe égal
01:11:53mourir dans la dignité
01:11:54euthanasie.
01:11:55On peut effectivement
01:11:57arriver à mourir
01:11:59dans la dignité
01:12:00sans faire le choix
01:12:03de l'euthanasie.
01:12:04Ça doit être très clair.
01:12:06Je pense que ma mère
01:12:07est décédée
01:12:08dans la dignité.
01:12:11Il n'y a pas eu
01:12:12d'euthanasie,
01:12:13il n'y avait pas
01:12:14de soins palliatifs,
01:12:15il y avait un accompagnement.
01:12:16C'est un fait.
01:12:17Mais donc,
01:12:18pas de signe égal.
01:12:20Il n'y aurait
01:12:21qu'une seule forme
01:12:22pour mourir
01:12:23dans la dignité,
01:12:24certainement pas.
01:12:25pour ce qui concerne
01:12:28la question
01:12:29des soins palliatifs
01:12:31ambulatoires,
01:12:33il est vrai
01:12:34que la création
01:12:36de ces forfaits
01:12:37a été vraiment
01:12:38très utile.
01:12:39Et pas seulement
01:12:40pour le patient,
01:12:42mais aussi pour les aidants.
01:12:43Parce que,
01:12:44très souvent,
01:12:45on oublie
01:12:46le rôle
01:12:47des aidants
01:12:48par rapport
01:12:49à des personnes
01:12:50qui veulent rester
01:12:51à domicile
01:12:52et qui peuvent
01:12:53le faire
01:12:53justement
01:12:54parce qu'il y a
01:12:54ces offres
01:12:55de forfaits.
01:12:56Et le forfait,
01:12:58ce n'est pas seulement
01:12:58des sommes d'argent,
01:13:00mais c'est aussi
01:13:00les soins médicaux,
01:13:02les soins infirmiers
01:13:03et les soins
01:13:04de kinésithérapie.
01:13:06Et donc,
01:13:06très souvent,
01:13:07qu'est-ce que je dis
01:13:08à des personnes
01:13:09qui se retrouvent
01:13:10dans des situations
01:13:11où elles pourraient
01:13:12bénéficier
01:13:13justement du forfait ?
01:13:15Demandez à votre médecin
01:13:16généraliste
01:13:16d'introduire la demande.
01:13:17parce que,
01:13:19vraiment,
01:13:20cela apporte,
01:13:22je dirais,
01:13:23et je suis vraiment
01:13:25en faveur,
01:13:27je suis une militante
01:13:28pour une culture
01:13:29palliative.
01:13:31Pour ce qui concerne
01:13:33les enfants,
01:13:33c'est notre,
01:13:36je dirais,
01:13:37là,
01:13:37je dois introduire
01:13:38un bémol.
01:13:39Alors qu'on a pu
01:13:40bien développer
01:13:42les soins palliatifs,
01:13:43que ce soit
01:13:43en milieu hospitalier,
01:13:45que ce soit
01:13:46en ambulatoire
01:13:46et parfois aussi
01:13:47dans des centres de jour,
01:13:49surtout du côté
01:13:50néerlandophone,
01:13:51flamand plutôt,
01:13:53eh bien,
01:13:53là,
01:13:54pour les enfants
01:13:54à domicile,
01:13:57ce n'est pas encore
01:13:59la possibilité
01:13:59de répondre
01:14:00à cette demande.
01:14:03La demande
01:14:03est plus réduite
01:14:04fatalement,
01:14:05mais donc,
01:14:07là,
01:14:07c'est un point
01:14:08pour lequel
01:14:09on doit encore
01:14:10développer
01:14:10des efforts
01:14:11très sensibles
01:14:12par rapport à ça.
01:14:13Je suis totalement d'accord.
01:14:15et je voulais
01:14:18quand même
01:14:19dire une petite chose,
01:14:20c'est qu'à l'occasion
01:14:21de la modification
01:14:22de la loi
01:14:23en 2014,
01:14:25l'extension
01:14:26aux mineurs
01:14:26qui ont la capacité
01:14:28de discernement,
01:14:30il y a un petit article
01:14:30qui est passé peut-être
01:14:32inaperçu,
01:14:32qui vaut pour tous,
01:14:34c'est de prévoir
01:14:34un accompagnement
01:14:35psychologique
01:14:36pour toute personne
01:14:37qui a été
01:14:39impliquée
01:14:40dans une procédure
01:14:41d'euthanasie.
01:14:42M. Deschamps?
01:14:48Sur la première question,
01:14:49moi,
01:14:49je suis très favorable
01:14:50à ce qu'on parle
01:14:51d'accompagnement
01:14:52et de soins palliatifs.
01:14:55Soins palliatifs,
01:14:56il faut les entendre
01:14:57au sens large,
01:14:59mais il y a
01:15:00une partie
01:15:01qui est un peu
01:15:01occultée
01:15:02et c'est celle
01:15:03des proches,
01:15:04ceux qui accompagnent
01:15:05les personnes,
01:15:06que ce soit
01:15:07le mari
01:15:07et les enfants.
01:15:09Et je pense que,
01:15:10et je vous dis ça,
01:15:11mon épouse a été
01:15:12durant 15 ans
01:15:14directrice
01:15:15d'un service
01:15:16de soins palliatifs
01:15:17dans un hôpital général
01:15:18à Montréal
01:15:19et j'ai été
01:15:22très sensibilisé
01:15:23à cette question
01:15:24non seulement
01:15:25de donner des soins
01:15:26à la personne,
01:15:27mais d'accompagner
01:15:28la personne
01:15:28et d'accompagner
01:15:29tous ceux
01:15:31qui gravitent
01:15:32autour de la personne.
01:15:33Donc, moi,
01:15:34je suis très favorable
01:15:35à la notion
01:15:37d'accompagnement
01:15:38et j'avais lancé
01:15:40un colloque
01:15:40de soins palliatifs,
01:15:42un congrès
01:15:43de soins palliatifs
01:15:43au Québec
01:15:44et j'avais lancé
01:15:45d'avoir comme titre
01:15:46« Accompagner
01:15:47avec humanité ».
01:15:49Je préfère
01:15:49le terme humanité,
01:15:51sérénité,
01:15:52c'est excellent aussi,
01:15:54mais trop souvent,
01:15:55le terme dignité,
01:15:57ceux qui font
01:15:57la promotion
01:15:58de l'euthanasie,
01:16:00je parle de ceux
01:16:00qui font la promotion,
01:16:02se sont accaparés
01:16:03le terme dignité
01:16:04à un point tel
01:16:05qu'on dit
01:16:06pour mourir
01:16:06dans la dignité,
01:16:07il faut mourir
01:16:08par euthanasie
01:16:11ou en ayant
01:16:12l'aide médicale
01:16:13à mourir,
01:16:14ce qui n'est pas
01:16:15du tout le cas
01:16:16et que l'association
01:16:18française
01:16:19parle d'accompagnement,
01:16:21moi,
01:16:21je suis très favorable
01:16:21à ça.
01:16:23Pour ce qui est
01:16:23des enfants,
01:16:26ici au Québec,
01:16:27ce ne sont pas
01:16:28les,
01:16:29comme on dit,
01:16:30ne sont pas délaissés
01:16:31et ça depuis
01:16:32moultes années.
01:16:34On a un centre
01:16:35pédiatrique
01:16:36qui est consacré
01:16:37notamment
01:16:38à ces enfants-là.
01:16:41J'ai été
01:16:41l'instigateur
01:16:42d'un centre
01:16:42de cancérologie
01:16:43à Montréal,
01:16:45à l'hôpital
01:16:46Sainte-Justine,
01:16:47l'hôpital
01:16:47pour enfants.
01:16:49Il y a
01:16:49des associations
01:16:50de parents
01:16:51qui s'occupent
01:16:53des enfants
01:16:54et de leur famille.
01:16:56Il y a
01:16:57le Phare
01:16:58qui est un centre
01:16:58de répit.
01:16:59donc
01:17:01c'est,
01:17:03comment dirais-je,
01:17:05il y a
01:17:05des initiatives
01:17:06de la société,
01:17:09de la communauté
01:17:10qui ont été,
01:17:12qui ont vu
01:17:13le jour.
01:17:13On peut parler
01:17:14de communautés
01:17:15bienveillantes
01:17:16ou compatissantes,
01:17:18mais je reviens
01:17:19sur ce que vous disiez
01:17:20en introduction.
01:17:22Pour moi,
01:17:22le terme
01:17:22accompagnement
01:17:23est fondamental
01:17:24en matière
01:17:25de soins palliatifs
01:17:27et c'est vrai
01:17:28que les discussions
01:17:29ont très souvent
01:17:30aux adultes,
01:17:32mais les enfants
01:17:32sont partie prenante
01:17:35de tout le processus
01:17:37des soins.
01:17:38Moi-même,
01:17:39quand j'avais
01:17:39de 18 ans
01:17:40à 28 ans,
01:17:41j'ai fait du bénévolat
01:17:42dans l'hôpital
01:17:43soins palliatifs
01:17:44il y a plus de 50 ans
01:17:46pour accompagner
01:17:47justement
01:17:47les enfants
01:17:48et les familles.
01:17:49Il y a comme
01:17:50une tradition
01:17:51qui existe
01:17:52en société,
01:17:53du moins
01:17:53à Montréal
01:17:54et au Québec,
01:17:55de s'occuper
01:17:56d'une façon
01:17:57très particulière
01:17:58des enfants.
01:18:00On n'aura pas
01:18:01le temps
01:18:01de parler
01:18:02des patients
01:18:03atteints
01:18:04de problèmes
01:18:05psychiatriques,
01:18:06mais je veux
01:18:07quand même
01:18:07vous revenir
01:18:07sur une chose.
01:18:09M. Deschamps
01:18:09m'a choqué
01:18:10profondément
01:18:11tout à l'heure
01:18:11lorsqu'il a parlé
01:18:13de personnes
01:18:14qui faisaient
01:18:14la promotion
01:18:15ou d'associations
01:18:16qui faisaient
01:18:16la promotion
01:18:17de l'euthanasie.
01:18:18Il n'est pas question
01:18:19de faire la promotion
01:18:20de l'euthanasie.
01:18:21Ça doit rester
01:18:23un choix,
01:18:24un choix
01:18:24qui peut aller
01:18:25dans un sens
01:18:26comme dans l'autre.
01:18:28Mais il n'y a pas
01:18:28de promotion
01:18:29de l'euthanasie,
01:18:30bon Dieu de bon sens.
01:18:32Alors,
01:18:32en ce qui concerne
01:18:33les questions
01:18:34que vous avez posées
01:18:35en ce qui concerne
01:18:37les douleurs,
01:18:38l'algologie,
01:18:39etc.
01:18:40Oui,
01:18:41c'est un domaine
01:18:42dans lequel
01:18:42on investit
01:18:44énormément.
01:18:45Je ne vais pas
01:18:46vous parler
01:18:47par exemple
01:18:48des expériences
01:18:50qui sont faites
01:18:51à partir
01:18:52du cannabis,
01:18:53etc.
01:18:53C'est un domaine
01:18:55qui est vraiment
01:18:57très approfondi
01:18:58et c'est même
01:18:59inscrit
01:19:01dans la loi
01:19:01relative au droit
01:19:02du patient,
01:19:03la lutte contre
01:19:03la douleur.
01:19:05Pour moi,
01:19:06ça paraissait évident,
01:19:07mais ce sont parfois
01:19:08des évidences
01:19:09qu'il faut rappeler.
01:19:11Je connais par exemple
01:19:12un médecin
01:19:13qui accepte
01:19:14de pratiquer
01:19:15des euthanasies,
01:19:17mais dont c'est
01:19:17le domaine,
01:19:19l'algologie.
01:19:19et donc
01:19:21j'envoie
01:19:21quand des amis
01:19:23me posent la question,
01:19:24je dis
01:19:24aller chez ce médecin
01:19:25par rapport
01:19:27au traitement
01:19:27de la douleur.
01:19:29Donc,
01:19:30vous avez la douleur
01:19:31et vous avez
01:19:33les souffrances
01:19:34existentielles.
01:19:38Je vais utiliser
01:19:39le mot
01:19:39perte de dignité,
01:19:41mais sa conception
01:19:42de la dignité,
01:19:45le fait que
01:19:46demain,
01:19:47on sait que
01:19:48ça ne sera pas
01:19:48mieux qu'aujourd'hui.
01:19:50La désespérance,
01:19:52la perte d'autonomie.
01:19:54Là,
01:19:54ce sont
01:19:55des éléments
01:19:56dont on peut
01:19:57difficilement,
01:19:59je dirais,
01:20:00qu'on peut
01:20:01difficilement rencontrer,
01:20:02qu'on peut
01:20:02difficilement
01:20:03appaiser.
01:20:05Mais donc,
01:20:06oui,
01:20:07il est important
01:20:07de,
01:20:09comme pour la recherche
01:20:10sur le cancer,
01:20:11comme la recherche
01:20:12sur l'Alzheimer,
01:20:13comme la recherche,
01:20:14mais dans tous
01:20:15les domaines,
01:20:16il faut poursuivre,
01:20:17poursuivre,
01:20:18et encore poursuivre.
01:20:19Et il faut également
01:20:20que l'on ait
01:20:21une attention
01:20:23toute particulière
01:20:24concernant
01:20:25la sécurité sociale,
01:20:27les soins de santé.
01:20:29On ne peut parler
01:20:30d'un choix
01:20:31pour l'euthanasie
01:20:32que si on est
01:20:34dans un système
01:20:34de sécurité,
01:20:37je dirais,
01:20:38de bonne qualité,
01:20:39avec des soins
01:20:40de bonne qualité.
01:20:41pour ce qui concerne
01:20:45les Français
01:20:46qui viennent
01:20:47chez nous.
01:20:50Eh oui,
01:20:52que voulez-vous ?
01:20:54Ce que l'on refuse
01:20:59de prendre en considération
01:21:00pour des non-résidents,
01:21:03c'est des demandes
01:21:04qui émanent
01:21:04de patients
01:21:05avec une problématique
01:21:07psychiatrique.
01:21:08parce que là,
01:21:10ça prend
01:21:10beaucoup plus de temps.
01:21:12Il faut qu'il y ait
01:21:13concertation
01:21:14avec les professionnels
01:21:15de la santé
01:21:16qui suivent
01:21:17le patient,
01:21:18etc.,
01:21:19pour qu'on arrive
01:21:20à la conclusion
01:21:20qu'on a
01:21:21essayé tous les traitements
01:21:24evidence-based.
01:21:25Ça ne peut pas
01:21:26se faire à distance.
01:21:27Il faut que la personne
01:21:28réside
01:21:29dans le pays.
01:21:30ce sont des patients
01:21:32qui sont atteints
01:21:33de cancer,
01:21:34quand ces patients
01:21:35peuvent encore
01:21:36se déplacer.
01:21:38Ce sont des patients
01:21:38qui sont atteints
01:21:40de maladies neurologiques,
01:21:43la maladie de Charcot
01:21:45dont on parle
01:21:46très souvent.
01:21:47Mais donc,
01:21:48c'est ce type
01:21:50de patients
01:21:50qui viennent
01:21:51en Belgique.
01:21:53L'année passée,
01:21:56nous avons reçu
01:21:56100 et 6 déclarations
01:21:58qui concernaient
01:21:58des Français.
01:21:59je peux vous dire
01:22:01qu'alors
01:22:01qu'on n'a pas encore
01:22:02reçu
01:22:02toutes les déclarations
01:22:04pour le mois de juin,
01:22:05nous sommes déjà
01:22:06à 60.
01:22:07Alors,
01:22:08vous allez me dire
01:22:08que c'est peu.
01:22:10Mais il faut voir
01:22:11que ce sont
01:22:11des situations
01:22:13qui demandent
01:22:14parce que quand on dit
01:22:15que ça ne coûte rien,
01:22:17l'euthanasie,
01:22:18ça coûte du temps.
01:22:20Ça coûte du temps
01:22:21avec les entretiens
01:22:22pour s'assurer
01:22:23que c'est bien
01:22:24la demande du patient
01:22:25et pas une demande
01:22:27qui est induite
01:22:27par une pression extérieure.
01:22:30Donc,
01:22:30c'est vrai
01:22:31que si j'ose dire
01:22:32qu'on est plus compétitif
01:22:33que la Suisse,
01:22:35pourquoi ?
01:22:35Parce que ça en rentre
01:22:36dans notre système
01:22:37de sécurité sociale
01:22:38et que même
01:22:39les frais
01:22:40d'hospitalisation,
01:22:42grâce à la réglementation
01:22:44européenne,
01:22:45ils peuvent
01:22:46les ayant droit,
01:22:47mais même
01:22:48parce qu'en réalité,
01:22:49il y a parfois
01:22:50une période d'observation
01:22:51dans un hôpital.
01:22:52j'ai connu le cas
01:22:54pour une personne
01:22:55qui était atteinte
01:22:55de la sclérose en plaques
01:22:56et qui restait
01:22:58donc en observation
01:22:59pendant une semaine.
01:23:01Et c'est vrai
01:23:02que quelque part,
01:23:03il y a toujours
01:23:03l'idée,
01:23:04mais est-ce qu'on pourrait
01:23:05pas trouver
01:23:06une autre solution ?
01:23:07Mais donc,
01:23:08ça prend du temps.
01:23:09Voilà les Français
01:23:10qui viennent,
01:23:10mais vous avez
01:23:11beaucoup de demandes
01:23:12qui ne peuvent pas
01:23:13être suivies.
01:23:14de bons soins palliatifs,
01:23:23ça prend un dépistage
01:23:24précoce
01:23:25des besoins
01:23:27de la personne.
01:23:29Et on est en retard
01:23:30dans les établissements
01:23:31de santé au Québec
01:23:32sur le dépistage
01:23:33précoce
01:23:34des gens
01:23:35qui pourraient
01:23:36bénéficier très tôt
01:23:37dans leur maladie
01:23:39de soins palliatifs.
01:23:41Ça prend du temps,
01:23:43ça prend des ressources,
01:23:44dans un système
01:23:45de santé
01:23:46qui est orienté
01:23:47vers des coupures
01:23:48plutôt que
01:23:49des augmentations
01:23:50de budget.
01:23:53Dans un système
01:23:54qui est en train
01:23:55de se réformer
01:23:56de fond en comble,
01:24:00il ne faut pas
01:24:00négliger le fait
01:24:02qu'il y a des patients
01:24:03qui vont laisser
01:24:04pour compte
01:24:05que les soins
01:24:07dont ils auraient
01:24:08pu bénéficier,
01:24:09ils ne pourront pas
01:24:10en bénéficier
01:24:11parce que,
01:24:12on le sait,
01:24:13les soins palliatifs
01:24:14c'est de l'accompagnement,
01:24:17ce sont des soins
01:24:20ne pas curatifs,
01:24:21mais des soins
01:24:21de confort,
01:24:23mais ça prend du temps
01:24:24si on fait ça
01:24:24à domicile,
01:24:26ça prend des équipes,
01:24:28on a des SIAD,
01:24:29des équipes
01:24:30de soins à domicile,
01:24:32il faut s'organiser,
01:24:34mais si on n'est pas
01:24:35capable de s'organiser,
01:24:37et si on n'est pas
01:24:38capable chez des gens
01:24:39qui ont des souffrances,
01:24:41des douleurs,
01:24:41de s'occuper
01:24:45de ces gens-là
01:24:47d'une façon adéquate,
01:24:48que le reste-t-il?
01:24:50Que le reste-t-il?
01:24:52Et comme j'ai dit
01:24:53au départ,
01:24:54et c'est ce que l'on voit,
01:24:56l'aide médicale à mourir
01:24:57devient une avenue thérapeutique
01:25:00de première ligne.
01:25:02Ce n'est plus,
01:25:03comme dans le temps,
01:25:04là on dit qu'en Belgique,
01:25:06il y a 60 cas en juin,
01:25:07nous on en a probablement
01:25:08500 cas en juin.
01:25:10Puis on se pose la question,
01:25:12comment cela se peut-il?
01:25:15Pourquoi est-ce qu'on en est rendu là?
01:25:18Est-ce parce que les soins
01:25:19ne sont pas présents,
01:25:22soins palliatifs,
01:25:23est-ce qu'on est mal organisé?
01:25:25Ou s'il n'y a pas une,
01:25:27j'appellerais ça un certain
01:25:28engouement sociétal
01:25:30pour une façon de mourir
01:25:32qu'on a peine à circonscrire,
01:25:35mais on le voit
01:25:37de temps à autre
01:25:38et comme on disait tantôt,
01:25:42pour les commissaires,
01:25:43pour les gens
01:25:43qui sont sur des comités
01:25:44de révision,
01:25:46avec le temps,
01:25:47ça devient très pénible
01:25:49de réviser
01:25:51ces déclarations
01:25:53qui sont transmises,
01:25:55d'entrer en contact
01:25:56non seulement
01:25:57avec des statistiques,
01:25:58mais avec des histoires
01:25:59de vie
01:26:00de gens
01:26:01qui,
01:26:03au fil des ans,
01:26:04ont eu des soins palliatifs,
01:26:05ont eu de l'immunothérapie,
01:26:07de la chimiothérapie,
01:26:09de la radiothérapie,
01:26:10qui se sont battus,
01:26:12mais qui en sont rendus
01:26:13à un point
01:26:14
01:26:14il n'y a pas
01:26:16pour eux
01:26:18d'issue.
01:26:20Et je reviens encore,
01:26:21et ça,
01:26:21ça me perturbe beaucoup,
01:26:23la spécialisation
01:26:24dans l'aide médicale
01:26:26à mourir
01:26:26où des médecins
01:26:28délaissent une pratique
01:26:29pour s'en aller
01:26:30exclusivement
01:26:31dans l'aide médicale
01:26:32à mourir
01:26:33où on a créé
01:26:34dans un établissement
01:26:35un service
01:26:36d'aide médicale
01:26:37à mourir.
01:26:38Mais qu'est-ce qu'on peut offrir
01:26:40si toute notre vie
01:26:41on a été
01:26:41un médecin administratif
01:26:44et là,
01:26:45on a une formation
01:26:46en aide médicale
01:26:47à mourir,
01:26:48que peut-on offrir
01:26:49à la personne?
01:26:51Et quand on voit
01:26:52les délais
01:26:52entre les demandes
01:26:53et les administrations,
01:26:56le peu d'entretiens
01:26:57qui ont cours,
01:26:59des euthanasies
01:27:00en l'espace
01:27:01d'un délai
01:27:03de zéro jour,
01:27:04deux jours,
01:27:05cinq jours,
01:27:06moi,
01:27:07avec le temps,
01:27:08je me pose
01:27:08des questions
01:27:09sur où en est-on
01:27:10rendu?
01:27:12Et il faut
01:27:12se poser la question.
01:27:14Et je reviens
01:27:15sur le fait
01:27:15que,
01:27:17et en France,
01:27:18et en Angleterre
01:27:20ou au Royaume-Uni,
01:27:21on a opté
01:27:22pour un système
01:27:23axé sur,
01:27:25on n'aime pas
01:27:26le terme,
01:27:26mais une aide
01:27:27au suicide,
01:27:28un accompagnement
01:27:29de la personne
01:27:30dans sa fin de vie
01:27:32ou en Angleterre,
01:27:35l'assistance au suicide,
01:27:37ce sont des régimes
01:27:38qui sont tellement différents.
01:27:40Voilà pour cette audition
01:27:42d'experts étrangers
01:27:43au sujet de la fin de vie
01:27:44et des soins palliatifs.
01:27:45Les sénateurs
01:27:46vont continuer
01:27:47leurs auditions
01:27:47avant d'examiner
01:27:48dans le détail
01:27:49les deux propositions
01:27:50de loi
01:27:50à partir
01:27:51du mois d'octobre.
01:27:53Et si le sujet
01:27:54de la fin de vie
01:27:54et des soins palliatifs
01:27:55vous intéresse,
01:27:56je vous donne rendez-vous
01:27:56sur notre site internet
01:27:58où vous trouverez
01:27:59plein d'articles
01:28:00à ce sujet-là.
01:28:01Très bonne journée
01:28:02sur les chaînes parlementaires.
01:28:03Sous-titrage Société Radio-Canada

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