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Le mystérieux Docteur Godard :
Un médecin généraliste prend la mer avec ses deux enfants. Mais chez lui, on retrouve du sang, et sa femme a disparu. Ce qui ressemble à un accident devient un possible drame familial. Pendant plus de 13 ans, l’enquête va révéler une vérité terrifiante entre cavale, naufrage simulé et ossements en mer.

Qui a tué Gaëlle ? :
Orbec, petit village tranquille. Gaëlle, 21 ans, est retrouvée assassinée chez elle avec 66 coups de couteau. La scène est nettoyée, l’arme a disparu, et la porte n’a pas été forcée. Une mise en examen relance l’enquête, mais les doutes subsistent. L’un des plus grands mystères judiciaires de la région.

Le tueur à l'arbalète :
Claire est institutrice, mère de famille, aimée de tous. Son mari l’assassine de sang-froid à la hache et met le feu à leur maison pour masquer son crime. Ce père modèle, rongé par des pensées sombres, a tout planifié. Mais le procès dévoilera une double personnalité glaçante.

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Personnes
Transcription
00:00:00Bienvenue en Normandie, comme dans toutes les autres régions de France, il y a des crimes, des faits divers.
00:00:05Nous allons vous raconter ce soir trois d'entre eux.
00:00:19Tout commence en 1999, lorsque Yves Godard disparaît en mer, en voilier, avec ses deux enfants.
00:00:25Alors que les enquêteurs envisagent la thèse du naufrage, ils constatent que Marie-France, l'épouse du médecin, n'était pas à bord du voilier.
00:00:32Et elle a également disparu.
00:00:33Au domicile familial, de Tilly sur Seul, et dans la voiture du couple, les gendarmes retrouvent le sang de Marie-France.
00:00:40De quoi sérieusement pencher vers la piste criminelle.
00:00:43Mais les mois suivants, des indices troublants vont donner du fil à retordre aux gendarmes,
00:00:46qui n'auront de cesse de traquer ce médecin et de tenter de percer le secret de la disparition de toute cette famille.
00:00:52C'est des enfants qui ont disparu dans des conditions qui, à mon avis, sont tragiques.
00:00:58Et puis il y a des familles qui sont toujours dans le questionnement.
00:01:00Le 27 avril 2007, à Orbeck, les parents de Gaëlle s'inquiètent.
00:01:05Leur fille de 21 ans aurait dû les rejoindre dans la pâtisserie qu'ils tiennent, dans le village.
00:01:10Les heures passent, et la jeune femme ne réapparaît pas.
00:01:13Jusqu'à ce que son père retrouve le corps sans vie de sa fille à son domicile, maculé de sang.
00:01:19Sur place, les gendarmes vont être confrontés à une scène de crime d'une rare violence.
00:01:26Gaëlle a reçu des dizaines de coups de couteau, au cou, au torse et à la tête.
00:01:32Commence alors une enquête complexe et le combat de toute une famille pour savoir qui se cache derrière ce crime barbare.
00:01:40Qui en voulait à Gaëlle ?
00:01:42C'est une fille qui aimait pas les histoires.
00:01:44On vous la tue ?
00:01:46C'est là que vous comprenez pas, mais pourquoi ?
00:01:49Le 19 mai 2009, un incendie se déclare dans un pavillon de Louvier.
00:01:53Sur place, les pompiers découvrent le corps calciné de Claire.
00:01:56Cette institutrice de 36 ans a été massacrée à l'aide d'une arbalète et d'une vingtaine de coups de hache.
00:02:02Alors que les pompiers découvrent la scène d'horreur, au même moment, un homme se présente à la gendarmerie.
00:02:06Pierre-Guillaume est le compagnon de Claire et le père de ses deux enfants.
00:02:11Durant de longues minutes, il va livrer son projet macabre.
00:02:14Contre toute attente, il ira même jusqu'à regretter de ne pas avoir eu le temps d'achever son plan qui comptait d'autres victimes.
00:02:21L'espace de quelques secondes, elle sait que son mari est en train de lui donner la mort.
00:02:30Nous sommes au mois de septembre 1999, la rentrée des classes a sonné.
00:02:35Mais le docteur Godard, sa femme et ses deux enfants ont mystérieusement disparu.
00:02:40Commence alors une enquête incroyable qui va durer pendant plus de 13 ans avec des rebondissements plus surprenants les uns que les autres.
00:02:48C'est ce document que je vous propose tout de suite de regarder dans CRI.
00:02:51Dans l'histoire qui va suivre, vous allez découvrir une affaire hors normes qui a tenu en haleine toute une région pendant près de 13 ans.
00:03:12Une traque qui aura conduit les enquêteurs dans le monde entier et où la mère a joué un rôle inédit de délateur.
00:03:22C'est des enfants qui ont disparu dans des conditions qui, à mon avis, sont tragiques.
00:03:28Et puis qu'il y a des familles qui sont toujours dans le questionnement.
00:03:30Nous sommes à Tilly-sur-Seule, en Basse-Normandie, à une vingtaine de kilomètres de Caen.
00:03:46Détruit par les combats de l'été 44, le village a été reconstruit dans l'urgence.
00:03:50Sa singularité, Tilly-sur-Seule la doit à la Vierge Marie.
00:03:56Car à la fin du 19e siècle, la bourgade fut le théâtre de multiples apparitions, inexpliquées.
00:04:03En 99, la commune de Tilly-sur-Seule est une commune très calme, rurale, 1256 habitants de mémoire.
00:04:10C'est une commune qui n'a pas plus de faits divers que les autres.
00:04:14A la limite, on se sera ennuyé du manque d'activité dans la commune.
00:04:20Nous sommes le lundi 6 septembre 1999, une semaine après la rentrée des classes.
00:04:28Devant l'école Jacques Prévert, on se presse, car la cloche vient tout juste de sonner.
00:04:33Mais parmi les élèves, deux manquent à l'appel depuis déjà trois jours.
00:04:39Il s'agit de Marius Godard, 4 ans, et de Camille, sa grande sœur de 6 ans, qui vient de rentrer en CP.
00:04:45Personne n'était avisé d'une absence programmée des enfants pendant une semaine.
00:04:51Les enseignants se disent, bon, c'est peut-être des vacances d'été qui tardent.
00:04:56Une absence qui ne passe pas non plus inaperçue à 170 km de là, à Saint-Malo, en Bretagne.
00:05:04Depuis la veille, un homme attend le retour de son voilier, le Nick.
00:05:08Voilà cinq jours qu'il l'a loué à un plaisancier et ses deux enfants.
00:05:13Le plaisancier s'appelle Yves Godard et devrait déjà être rentré.
00:05:19Ce n'est pas quelque chose qui a inquiété tout d'abord le loueur parce que ça peut arriver que quelqu'un qui loue ne rentre pas obligatoirement le jour même, il rentre le lendemain.
00:05:26Là, il est étonné parce que les gens n'ont pas prévenu.
00:05:29Il n'avait aucune nouvelle, pas de coup de téléphone.
00:05:31Il n'y avait pas les moyens de communication qu'on a aujourd'hui.
00:05:33On est quand même 14 ans en arrière.
00:05:34À Saint-Malo, l'inquiétude monte.
00:05:38D'autant qu'un élément du bateau vient d'être repéré en pleine mer, à 65 km des côtes.
00:05:46Et on retrouve simplement une annexe d'un bateau de plaisance que des pêcheurs trouvent et signalent.
00:05:55À l'intérieur de l'annexe, les pêcheurs retrouvent un blouson et le chéquier d'un certain Yves Godard.
00:06:01C'est le plaisancier qui a loué le bateau il y a 5 jours avec ses 2 enfants, Camille et Marius.
00:06:09L'alerte est alors donnée auprès des gendarmes maritimes de Roscoff et de la section de recherche de Rennes.
00:06:16On est sur une disparition inquiétante.
00:06:22Peut-être un naufrage en mer, peut-être un accident en mer.
00:06:25Qu'est-il arrivé aux plaisanciers ?
00:06:28Pourquoi ne sont-ils pas de retour ?
00:06:30Ce sont les premières questions que vont se poser les enquêteurs.
00:06:35Et il y en aura des centaines d'autres.
00:06:37La première chose que les gendarmes redoutent, c'est le naufrage.
00:06:45Il n'y a pas de temps à perdre.
00:06:47Les recherches commencent.
00:06:49Et tandis que des avions survolent la côte, les bateaux de sauvetage prennent la mer.
00:06:54Une véritable course contre la montre s'engage pour retrouver Yves Godard et ses 2 enfants.
00:07:00Il y a beaucoup de choses de faites.
00:07:03On vérifie les appels au secours.
00:07:05Bien sûr, la météo.
00:07:06C'est là qu'on se rend compte que dans ces journées-là, quand même, la météo était particulièrement bonne.
00:07:10On fait des diffusions.
00:07:11Ils font des diffusions même jusqu'en Angleterre, sur les côtes sud de l'Angleterre.
00:07:16Les gendarmes font ensuite le tour des ports et interrogent également les plaisanciers.
00:07:21Parmi eux se trouve le maire de Thie-sur-Seul.
00:07:26Le même jour, à la même heure, j'étais à quelques encablures de lui.
00:07:28Puisque je naviguais entre Port-Bail et Jersey, et lui, il était à Saint-Malo, donc c'est vraiment très proche.
00:07:34Il faisait beau.
00:07:35Il n'y avait aucun risque de tempête, donc aucun risque de naufrage.
00:07:39D'autant qu'en cas de problème, les plaisanciers peuvent communiquer entre eux.
00:07:44La VHF est toujours branchée.
00:07:46On n'a entendu aucun appel au secours.
00:07:48Et puis, avec des journées si belles en mer, les accidents, c'est le coup de soleil.
00:07:53Face à cette première anomalie, les enquêteurs vont donc tenter de retracer l'emploi du temps de la famille et le parcours du bateau.
00:08:04Ils commencent tout d'abord par entendre le loueur.
00:08:08C'est le dernier à avoir vu Yves Godard.
00:08:10Sur cette première semaine de septembre, on ne sait pas grand-chose.
00:08:14On sait que, de mémoire, le 1er septembre, à 10h30, il arrive sur le quai de Saint-Malo,
00:08:22chez le loueur de ce bateau qu'il avait réservé une quinzaine de jours avant.
00:08:28Qu'il arrive en présence des deux seuls enfants du mois, le loueur ne voit pas de présence d'une quelconque femme.
00:08:34Le loueur a face à lui un homme calme, quoique peu l'aucasse.
00:08:40Les enfants, eux, jouent tranquillement sur le ponton.
00:08:44Il va faire le tour du propriétaire avec le loueur qui va venir lui mettre les clés de l'embarcation du bateau sur le quai des Sablons.
00:08:53Il a trouvé aussi très bon navigateur, puisqu'il a bien vu que les questions posées, c'était quelqu'un qui connaissait la voile,
00:08:58qui connaissait le bateau, qui connaissait le monde de la navigation de plaisance.
00:09:02Voilà, et quand il lui a posé la question pourquoi vous louez ce bateau, il lui a dit qu'il partait quelques jours faire une promenade dans la région, mais sans plus.
00:09:10Les deux hommes se séparent.
00:09:13Yves Godard va faire des achats avec ses enfants.
00:09:16Des sacs poubelles, du détachant, des bonbons et une bouteille de whisky.
00:09:20C'est peu pour cinq jours de croisière.
00:09:24Vers 15h, la famille prend la mer, direction l'ouest de la Bretagne.
00:09:29Le bateau est repéré par un douanier le lendemain, vers 19h, devant les Sables d'Or.
00:09:34Il voit ce voilier qui, pour lui, il n'a pas un comportement bizarre, mais les voiles sont affalées, il est au moteur, et l'annexe est donc accrochée derrière.
00:09:41Donc c'est quelque chose, il se dit, tiens, c'est bizarre, parce que bon, les conditions de météo étaient très bonnes, pourquoi est-ce qu'il n'est pas à la voile ?
00:09:47Voilà, bon, puis c'est un voilier qui s'approche, donc il se dit, ben, en rentrant, nous, on va le contrôler.
00:09:50Yves Godard explique au douanier qu'il est en vacances, avec ses enfants, qui se reposent dans l'habitacle.
00:09:57Il verra un enfant dormir sur une des petites bannettes, là, voilà, il ne verra pas le deuxième.
00:10:05Et voilà, et le docteur Godard va lui confirmer qu'il a loué ce bateau à monsieur Hirou.
00:10:10Le douanier connaissant monsieur Hirou, de toute façon, c'est son idée, il se dit, ben, je vérifierai de toute façon par radio, voilà, mais bon, il n'y a rien de spécial, il lui montre les papiers qu'il lui demande.
00:10:19Et ce qui est curieux, c'est que le douanier dira spontanément, ultérieurement, eh bien, je me suis vraiment posé la question de l'attitude de ce type-là,
00:10:27et il dira, je crois, à un collègue, un type qui aurait tué sa femme, qui viendrait de tuer sa femme, pourrait avoir la même attitude.
00:10:35D'autres diront avoir vu un père et ses enfants à l'embarcadère de Roscoff le 5 septembre.
00:10:42Les enquêteurs sont perdus. S'agit-il bien d'un naufrage ou d'une fuite de la famille ?
00:10:48À ce stade, toutes les hypothèses sont permises.
00:10:57Alors que les recherches en mer se poursuivent, les gendarmes vont tenter de joindre les proches des Godards.
00:11:03Peut-être qu'en Normandie, quelqu'un s'inquiète de cette disparition.
00:11:08On les rencontre, on essaie de voir s'ils étaient au courant de ce départ en mer,
00:11:12de ce qui est quand même très étonnant, puisque la rentrée scolaire a eu lieu.
00:11:16Grâce aux différents témoignages, les enquêteurs s'aperçoivent que la femme de Yves Godard,
00:11:21Marie-France, la mère de Camille et Marius, n'a pas pu embarquer avec eux.
00:11:26Elle déteste la voile.
00:11:28En outre, elle en aurait parlé à ses deux aînés, issus d'un premier mariage.
00:11:33Il est absolument constant que Marie-France n'avait aucune connaissance de ce projet de départ du 1er septembre en mer.
00:11:43Puisqu'elle avait des rendez-vous, elle avait régulièrement ses enfants d'un premier mariage au téléphone.
00:11:50Elle ne dit pas à ses enfants qui sont plus âgés que Marius et Camille,
00:11:55elle ne leur parle pas d'un voyage, d'une croisière, d'une promenade en mer avec son mari.
00:12:00Tout le monde tombe des nus.
00:12:03D'autant plus troublant qu'à Saint-Malo, personne ne l'a vu.
00:12:07Mais à leur domicile, à Tille sur Seul, personne ne répond.
00:12:11Les gendarmes décident donc de s'y rendre.
00:12:14Nous sommes le 7 septembre 1999, soit deux jours après que la disparition des Godards ait été signalée.
00:12:22Il y a les prémices d'une enquête judiciaire avec la brigade locale qui va aller taper à la porte de chez les Godards
00:12:32pour voir s'il y a âmes qui vivent et pénétrer à l'intérieur et pour constater en tous les cas que personne n'est revenu, que la maison est fermée.
00:12:39Les gendarmes sont accompagnés de témoins.
00:12:43Il y a parmi eux le maire de la commune.
00:12:46On rentre dans la maison, on découvre une maison normale et puis on monte à l'étage.
00:12:52Au premier étage, il y a la chambre maritale, la chambre du couple Godard.
00:12:56Et là, ils s'aperçoivent qu'il y a des traces suspectes.
00:12:58Une trace de sang sur le lit d'environ 40 à 50 centimètres de diamètre.
00:13:08Et ce n'est pas tout.
00:13:09Il y a des projections encore plus flagrantes.
00:13:12Et puis sur le mur, quatre traces de sang qui ressemblent à des giclées de sang.
00:13:19Et dans la salle de bain, quelqu'un qui a nettoyé du sang au niveau du lavabo.
00:13:24Donc là, évidemment, on pense tout de suite qu'il s'est passé à malheur.
00:13:29Et c'est là que l'enquête commence.
00:13:32La banale affaire pour disparition inquiétante vient de basculer.
00:13:36Une cellule spéciale est créée avec une quarantaine de gendarmes.
00:13:42Et par suite des investigations au domicile, on retrouve assez rapidement,
00:13:46deux ou trois jours de mémoire après, le véhicule Volkswagen Combi
00:13:50sur le port de Saint-Malo, tout proche de l'amarrage du bateau loué,
00:13:56avec à nouveau des traces de sang dans le véhicule.
00:13:59Il n'y a pas le même type de projection qu'à l'intérieur de la maison.
00:14:03Ces traces infimes, elles seront sur des longerons, sur des longerons de portière,
00:14:06de mémoire et puis également sur le plancher.
00:14:09Mais elles existent bien.
00:14:10Les tics, les techniciens d'identification criminelle qui travaillent dessus vont les déceler rapidement.
00:14:16Des traces fraîches, sans doute du sang humain que l'on a tenté de nettoyer.
00:14:22Le sang est identifié comme étant le sang de Marie-France,
00:14:25le même que celui trouvé au domicile.
00:14:28C'est pour ça que là, rapidement, une ouverture d'information est faite ici,
00:14:31au tribunal de grande instance de Saint-Malo.
00:14:33Parce que bon, voilà, il y a du sang, une quantité quand même assez importante.
00:14:36On peut penser qu'il est arrivé quelque chose, notamment à Madame Godard.
00:14:41S'il est arrivé quelque chose à Marie-France,
00:14:44cela s'est forcément passé entre le coup de téléphone à sa fille aînée,
00:14:48le 31 août à 20h,
00:14:50et le lendemain matin à 8h45.
00:14:52Le moment où un voisin a vu le véhicule des Godards partir pour Saint-Malo.
00:15:00De nombreuses investigations ont été mises en œuvre,
00:15:03avec des fouilles d'une centaine de lieux,
00:15:08à une vingtaine de kilomètres autour du domicile,
00:15:12avec des recherches subaquatiques par des plongeurs de la gendarmerie, etc.
00:15:16Dans divers étangs, dans la petite rivière qui passe près de Tilly,
00:15:20ça n'a rien donné.
00:15:20L'enquête s'oriente alors vers la piste d'un drame familial.
00:15:25Yves Godard aurait-il fui avec ses enfants après avoir tué sa femme ?
00:15:30Et qu'aurait-il fait de son corps ?
00:15:33Les gendarmes vont tenter d'en savoir plus sur ce couple.
00:15:41Les enquêteurs penchent désormais pour la thèse du crime,
00:15:45et ils vont chercher à en savoir plus sur la personnalité d'Yves Godard.
00:15:49Pour Michel, l'un de ses amis, il n'a rien d'un meurtrier.
00:15:53Je me souviens le soir, lorsque nous étions autour d'une table,
00:15:56il était toujours avec son petit col indo-pakistanais,
00:16:00bel homme, belle prestance, très calme, vraiment d'un calme olympien.
00:16:06À 43 ans, c'est un médecin généraliste de ville et qui a pour réputation d'aller sur des terrains thérapeutiques audacieux.
00:16:16Les médecines parallèles l'attirent.
00:16:19Il n'hésite pas à associer magnétiseur et cartomancienne à sa pratique médicale.
00:16:24Lui est un très bon professionnel, même s'il a eu des problèmes,
00:16:30parce qu'il a des pratiques un petit peu originales, notamment en acupuncture.
00:16:35Il a même pris une interdiction d'ailleurs, une suspension d'activité au tout début, lors du dépôt de sa thèse.
00:16:41Mais il n'en demeure pas moins que c'est un bon praticien.
00:16:43Il est très respecté par ses patients, très apprécié par ses patients.
00:16:47Il a une patientèle importante.
00:16:50Yves Godard est déjà marié et père de deux enfants lorsqu'il rencontre Marie-France en 1991.
00:16:58Elle aussi a une vie de famille, mais l'un comme l'autre vont décider de tout plaquer pour se mettre en couple.
00:17:05Il est très attaché, très amoureux de son épouse.
00:17:09Au début, il y avait un amour fou entre eux.
00:17:11En 1993 et 1995, il donne naissance à Camille et Marius, dont Yves Godard s'occupe énormément.
00:17:21Lui semble comblé par cette vie de famille retrouvée.
00:17:25Marie-France, elle, semble s'ennuyer.
00:17:28Elle tenait de temps en temps le secrétariat du cabinet, de temps en temps, autrement elle s'occupait beaucoup d'elle.
00:17:32Mais rien ne permet, dans les personnalités de chacun, d'expliquer à posteriori ce qui aurait pu se passer.
00:17:41Les enquêteurs tentent alors d'en savoir plus sur la vie que menait le couple.
00:17:46Dans la maison de Thilly, ils récupèrent le journal intime de Marie-France.
00:17:50Depuis quelques mois, elle y consigne toutes ses pensées les plus intimes.
00:17:58Elle suivait un psy à l'époque avec lequel elle entretenait peut-être une relation amoureuse platonique.
00:18:05Parce qu'elle voulait partir avec lui et qu'elle voulait laisser tomber son mari pour refaire sa vie.
00:18:10Peut-être que monsieur a senti ce malaise arriver et qu'il sentait peut-être qu'il était en train à terme de perdre l'amour et la passion de son épouse.
00:18:20Et qu'il a perdu pied.
00:18:23C'est possible.
00:18:24Pourtant, personne dans l'entourage des Godards n'a entendu parler de séparation.
00:18:30Une autre piste se dessine alors.
00:18:32Celle de l'argent.
00:18:36L'été 1999, les Godards ne partent pas en vacances.
00:18:40Car comme ils le confient à leurs proches, ils n'en ont pas les moyens.
00:18:45Apparemment, ce qui est avéré, c'est qu'ils avaient des problèmes financiers.
00:18:47Surprenant, car Yves Godard est propriétaire de deux voitures, d'une maison et d'un appartement.
00:18:54Et ses revenus sont conséquents, près de 11 000 euros par mois.
00:18:58Des revenus nets, puisqu'il refuse de s'acquitter de ses charges depuis trois ans.
00:19:03Il refuse de payer ce qu'on appelle l'URSSAF.
00:19:05Il y avait un combat intellectuel du docteur Godard contre l'establishment social et fiscal.
00:19:13D'où l'intervention d'huissiers, d'où on va retrouver des procédures en cours.
00:19:17Mais il en faisait plus une question de principe qu'un paravent cachant une impossibilité de payer.
00:19:25Que fait-il de cet argent ?
00:19:26Et de celui qui l'emprunte aux banques, à sa famille et même à des patients.
00:19:31Des sommes estimées à 460 000 euros.
00:19:34La réponse pourrait se situer à l'étranger.
00:19:38C'est certain qu'il a dû penser à placer au maximum ses avoirs dans des comptes offshore, à droite et à gauche.
00:19:46Il avait préparé, oui, certainement financièrement, à départ.
00:19:49De toute façon, c'est clair.
00:19:52Effectivement, il y a bien des comptes à l'étranger.
00:19:55Mais vide.
00:19:56Plus l'enquête progresse et plus le mystère s'épaissit.
00:20:00Si Yves Godard a tué sa femme,
00:20:01rien ne permet d'en déterminer la raison.
00:20:05Et qu'a-t-il fait de ces enfants ?
00:20:07Auxquels il tient tant.
00:20:08À la gendarmerie de Rennes, les enquêteurs mettent la main sur des indices troublants.
00:20:22Quinze jours après la disparition du bateau,
00:20:25une brassière de survie est découverte en mer au large du cap de la Hague.
00:20:30Une semaine plus tard, un canot est repéré dans des rochers,
00:20:34cette fois de l'autre côté de la Manche.
00:20:37On va découvrir le radeau de survie.
00:20:41Et le radeau de survie, il est gonflé.
00:20:43Et le radeau de survie, on ne va pas le trouver côté français,
00:20:45il va avoir traversé la Manche et on va le retrouver au sud de l'Angleterre.
00:20:48On va découvrir aussi, plus tard, un sac,
00:20:53qui sera remonté, je crois, par un chalutier, le sac.
00:20:55Et dans le sac, il y a plein d'affaires qui appartiennent au Godard,
00:20:58aux couples et aux enfants.
00:20:59Il y a des vêtements, il y a les permis de conduire de Marie-France Le Graverand
00:21:03et de son époux, Yves Godard.
00:21:05Il y a des cartes vitales, je crois, il y a des cartes bleues.
00:21:09On va retrouver un chéquier aussi du couple.
00:21:11On va retrouver du rouge à lèvres, on va retrouver des clés.
00:21:14Le sac, il pèse plusieurs kilos, le sac.
00:21:16Des éléments repêchés bien loin les uns des autres
00:21:20et tous dans un état de conservation étonnant après ce séjour en mer.
00:21:26J'avais demandé des investigations particulières aux jeux d'instruction
00:21:30et fait une demande spécifique à cet égard d'une expertise maritime
00:21:34pour connaître du chef des courants et du chef des vents à cette époque-là
00:21:40s'il y avait une cohérence dans la découverte de ces objets.
00:21:43Et les conclusions ont été négatives de manière non équivoque.
00:21:48Donc il n'y a aucune cohérence entre les dates et les objets retrouvés.
00:21:53Les experts l'affirment, s'il avait coulé, le bateau aurait dû se disloquer
00:21:58et de nombreux débris flottants seraient remontés à la surface.
00:22:03Ça permet d'éliminer, surtout avec une mer très calme,
00:22:07un navigateur extrêmement doué, habitué, quasi professionnel
00:22:14qui était le docteur Godard, la thèse d'un naufrage subi, ce qui n'est pas possible.
00:22:21En revanche, ça accrédite l'hypothèse qui demeure d'actualité,
00:22:26je dis bien l'hypothèse, d'un naufrage simulé.
00:22:29Le docteur Godard serait donc toujours en vie.
00:22:34Une thèse d'autant plus probable que quelques semaines plus tard,
00:22:38il va être signalé ailleurs qu'en Bretagne.
00:22:41Les gendarmes vont être destinataires de domissives.
00:22:44Deux petits mots anonymes qui sont un peu comme sur un post-it.
00:22:47Écrites à la main, très facilement, très lisibles.
00:22:51Et le premier, de mémoire, dit, le docteur Godard, ce qui est troublant,
00:22:57est sur l'île, l'isle of Man, sauver Camille et Marius.
00:23:04Ces lettres sont anonymes.
00:23:07A défaut d'autres pistes, les gendarmes vont s'y fier.
00:23:10En octobre 1999, ils s'envolent pour l'île anglaise,
00:23:15connue pour être un paradis fiscal.
00:23:17On va avoir des témoignages dont certains sont assez troublants,
00:23:20mais qui sont uniquement sur des impressions visuelles.
00:23:23Et c'est là tout le problème.
00:23:25Car il n'y a aucune preuve formelle attestant de leur présence.
00:23:30Le 20 octobre, une seconde lettre de Corbeau arrive.
00:23:34Il est désormais aux îles Hébrides, à l'île Léouis,
00:23:38sauvé Marius et Camille.
00:23:40Et donc les enquêteurs vont foncer de Man, d'ailleurs, directement en Écosse.
00:23:45Ça ne va pas très bien se passer puisqu'ils vont être consignés à résidence
00:23:47et ils ne vont pas pouvoir remener les investigations, en tous les cas,
00:23:50aussi rapidement qu'ils le souhaitent, puisqu'ils dépendent de la loi britannique.
00:23:54Et pourtant, là encore, une dizaine de personnes assurent avoir vu les Godards
00:23:59quelques heures plus tôt.
00:24:01Peut-être même sont-ils toujours sur l'île Léouis,
00:24:04alors que les gendarmes en sont expulsés.
00:24:06Tout le monde était bien convaincu que si c'était bien le docteur Godard et ses enfants,
00:24:11on aurait pu éviter un drame.
00:24:15Reste encore l'espoir d'identifier ce corbeau, qui semble si bien informé.
00:24:21Sur les deux mots anonymes du corbeau, de nombreuses investigations ont été opérées
00:24:27et toute la famille, y compris mes propres clients,
00:24:30sont passées au prélèvement salivaire pour recherche d'ADN.
00:24:34Énormément de proches de la famille, et de monsieur, et de madame,
00:24:39des cousins, des tantes, des voisins, des amis, tout le monde y est passé.
00:24:43Et on n'a jamais identifié qui que ce soit qui pouvait être l'auteur de ces mots anonymes.
00:24:49Pour les enquêteurs, Yves Godard a cessé d'être un fantôme,
00:24:53pour devenir un vrai fugitif.
00:24:56Un fugitif que l'on voit partout.
00:25:00Après, il y a tous les gens qui vont dire avoir vu Yves Godard et les enfants
00:25:03partout dans le monde entier.
00:25:05Et là, après, vous êtes bien obligés de travailler sur ces pistes.
00:25:07Il y a eu la crête, il y a eu des gens même jusqu'en Chine.
00:25:11Godard, on l'a vu partout, mais il ne l'est nulle part.
00:25:14Alors, où Yves Godard peut-il bien se cacher ?
00:25:18Comment parvient-il à échapper aux gendarmes ?
00:25:21Ce sont les questions que l'on se pose au printemps 2000.
00:25:24Mais c'était sans compter sur de nouveaux rebondissements.
00:25:33Alors que les enquêteurs recherchent le fuyard et ses enfants,
00:25:36un coup de théâtre va les ramener à la case départ.
00:25:40Dans la nuit du 5 au 6 juin 2000,
00:25:42le coquillier, l'indomptable, fait une incroyable découverte
00:25:46dans la baie de Saint-Brieuc.
00:25:48Neuf mois après la disparition de la famille,
00:25:53c'est des chalutiers d'erquis qui font de la pêche à la coquille Saint-Jacques
00:25:57qui remontent dans leur filet un crâne.
00:26:00Un crâne qui est en bon état.
00:26:02Un crâne humain, a priori, en tous les cas.
00:26:04Et ce crâne, effectivement, sera bien sûr expertisé.
00:26:07Quelques jours plus tard, le laboratoire spécialisé en biologie moléculaire de Nantes
00:26:11donne son verdict.
00:26:13Et il s'avère que c'est bien un ADN féminin
00:26:15qui correspond à la branche maternelle de la famille Le Gravéran.
00:26:20Donc on en déduit que c'est le crâne de la petite Camille.
00:26:24Pour les proches des Godards,
00:26:26cette nouvelle fait l'effet d'une bombe.
00:26:29Car tout le monde était convaincu que les enfants étaient encore vivants.
00:26:33C'est la stupeur.
00:26:34Et on dirait que pendant quelques heures, quelques jours,
00:26:42beaucoup de Tillois étaient sans voix
00:26:44et portaient un deuil interne pour les enfants de la famille Godard.
00:26:50C'est un choc aussi pour les gendarmes.
00:26:53L'enquête connaît un vrai tournant.
00:26:55Pour les enquêteurs comme pour les magistrats,
00:26:5850% des gens pensaient que c'était criminel, 50% accidentel.
00:27:01C'est vrai que le crâne de Camille retrouvait en baie de Saint-Brieuc,
00:27:05près du petit Légion, un coup d'arrêt.
00:27:08La thèse de la fuite à l'étranger est à présent largement remise en cause.
00:27:14Les investigations reprennent donc depuis le début,
00:27:18sans grand succès,
00:27:19jusqu'à ce qu'un petit poussé s'invite dans l'histoire.
00:27:24En début d'année 2001,
00:27:28à 3 ou 4 mois ou 5 mois d'intervalle,
00:27:30des passants, des promeneurs,
00:27:32vont trouver des cartes professionnelles appartenant au docteur Godard.
00:27:37Elles vont être immédiatement analysées.
00:27:39Le labo ne va pas pouvoir se prononcer
00:27:43sur la durée effective de séjour dans l'eau de mer de ces cartes.
00:27:46En revanche, il va pouvoir indiquer
00:27:50qu'à l'évidence, elles n'ont pas séjourné
00:27:53pendant des mois, a fortiori pendant des années.
00:27:57Les cartes auraient donc été déposées récemment à cet endroit.
00:28:01Un indice qui mène les gendarmes à la recherche de nouveaux éléments
00:28:04a effectué de vastes fouilles sur la plage des Hébiens.
00:28:09Les gens qui nous ont mis les cartes se sont bien amusés de nous
00:28:13puisque 3 semaines après cette opération de ratissage et tout,
00:28:16ils nous en mettent une cinquième à l'époque, 3 semaines après.
00:28:20Quelqu'un se joue des gendarmes.
00:28:22S'agit-il de la même personne que le corbeau
00:28:25ou d'un autre informateur ?
00:28:27L'affaire Godard devient une énigme,
00:28:30mais elle n'a pas livré tous ces rebondissements.
00:28:33Le 13 septembre 2006,
00:28:357 ans après la disparition de la famille,
00:28:37un bateau remonte des restes humains
00:28:40qui gisaient en plein milieu de la Manche.
00:28:45On virait les filets normalement
00:28:47et on a trouvé le fémur et le tibia
00:28:52qui étaient pris dans les filets.
00:28:55On les a mis de côté.
00:28:56On a pensé tout de suite, on a rigolé en pensant à Godard.
00:28:59La mer est grande, mais finalement c'est tout petit.
00:29:02Une intuition rapidement confirmée par des analyses.
00:29:06De l'expertise qui a été diligentée,
00:29:09qu'un ADN cellulaire extrait d'un des deux os
00:29:15a été identifié comme étant celui du docteur Yves Godard.
00:29:22Cette découverte sonne le glas d'une traque
00:29:25qui aura duré quasiment 7 ans, jour pour jour.
00:29:29Il y a une grosse, grosse déception.
00:29:31Moi je sais que j'avais pris ça très mal au tout début
00:29:34parce que ça vous arrête dans beaucoup de choses.
00:29:39Mais c'est ainsi.
00:29:41Oui, tout ça pour ça.
00:29:44Avec un goût d'inachevé,
00:29:47on aurait envie lorsqu'on suit comme ça pas à pas
00:29:51l'évolution d'une telle enquête,
00:29:53on aurait envie de savoir.
00:29:54Et pourtant, jamais on ne saura ce qui s'est véritablement passé
00:29:58cette nuit du 31 août 1999
00:30:01dans le petit village de Tilly-sur-Seul
00:30:04et plus tard, au large de Saint-Malo.
00:30:07Jamais, on ne retrouvera le cadavre de Marius
00:30:10ni celui de Marie-France.
00:30:1313 ans après la disparition de la famille Godard,
00:30:16le procureur a finalement décidé
00:30:18de rendre un non-lieu.
00:30:19Mais alors que l'on croyait cette affaire classée,
00:30:26un énième coup de théâtre
00:30:27pourrait la remettre sur le devant de la scène.
00:30:30De nouveaux ossements
00:30:31viennent d'être retrouvés sur une plage bretonne.
00:30:34Il semble que l'affaire Godard
00:30:36n'est pas livrée.
00:30:38Tous ces secrets.
00:30:41Vous dire que ça me travaille tous les jours, oui.
00:30:43Vous dire que j'y repense tous les jours, oui.
00:30:45Je ne peux pas venir ici, à Saint-Malo,
00:30:47sans bien évidemment, sans y penser.
00:30:49Moi, je vais toujours au port des Bassablons, oui.
00:30:51Le E79, l'emplacement, oui, ça c'est sûr.
00:30:54Ouais.
00:30:56Parce que c'est des enfants qui ont disparu
00:30:58dans des conditions qui, à mon avis, sont tragiques.
00:31:01Et puis il y a des familles
00:31:02qui sont toujours dans le questionnement
00:31:03et qui n'auront peut-être jamais la réponse.
00:31:13Les équipes de crime sont donc toujours installées en Normandie
00:31:16pour vous raconter des faits divers,
00:31:17des faits divers qui se sont déroulés dans cette région.
00:31:20Et je vous propose tout de suite de regarder
00:31:21une histoire incroyable qui s'est déroulée non loin d'ici.
00:31:25Dans l'affaire qui va suivre,
00:31:42vous allez découvrir l'histoire tragique de Gaëlle,
00:31:45une jeune fille de 21 ans,
00:31:47mystérieusement assassinée chez elle,
00:31:49une nuit de printemps.
00:31:52Un meurtre d'une rare violence
00:31:53qui, sept ans plus tard,
00:31:55continue de hanter la population
00:31:57de tout un village.
00:32:01Qui en voulait à Gaëlle ?
00:32:03C'est une fuite.
00:32:04Qui aimait pas les histoires ?
00:32:06On vous la tue.
00:32:08C'est là que vous comprenez pas,
00:32:09mais pourquoi ?
00:32:11Nous sommes en Basse-Normandie,
00:32:19dans le petit village d'Orbec,
00:32:21à la frontière de l'Eure et du Calvados.
00:32:25Au milieu des ruelles pavées
00:32:26et des maisons à colombages,
00:32:28la vie s'écoule paisiblement
00:32:29pour les 2400 habitants
00:32:32de cette bourgade tranquille.
00:32:34Orbec, c'est la, moi je trouve,
00:32:39la plus jolie ville
00:32:40qu'on aille dans le coin.
00:32:42C'est très joli,
00:32:43il y a beaucoup de choses,
00:32:44des manoirs, des églises.
00:32:45Il y a un plaisir de vivre à Orbec.
00:32:48Souvent, les gens qui viennent d'arriver
00:32:49disent, à Orbec,
00:32:51c'est un petit peu froid,
00:32:53mais c'est pas froid très longtemps,
00:32:55on se plaît assez rapidement ici.
00:32:58Le 27 avril 2007,
00:33:01il est environ 18h30,
00:33:02lorsque Jean-Paul et Sylvie Fossé,
00:33:05les pâtissiers du village,
00:33:07commencent à s'inquiéter
00:33:08de ne pas voir arriver leur fille, Gaëlle.
00:33:11La veille, la jeune femme de 21 ans
00:33:13avait promis de passer les voir.
00:33:16Mais alors qu'elle devait être là
00:33:17vers 18h,
00:33:18les minutes passent
00:33:21et Gaëlle ne se montre pas.
00:33:24Au début de la soirée,
00:33:26je ne m'inquiétais pas trop,
00:33:27je disais, voilà, retard,
00:33:28ou elle fera les courses demain,
00:33:30mais...
00:33:31Plus ça a duré,
00:33:34je dis, bah...
00:33:36Oui, c'est pas normal,
00:33:37c'est pas dans son habitude.
00:33:38Même qu'elle serait pas venue à la maison,
00:33:40elle nous aurait téléphoné.
00:33:42Et donc, ils décident d'appeler,
00:33:44ils vont appeler plusieurs fois
00:33:44sur son portable,
00:33:46et elle répond pas.
00:33:47Donc sa mère dira, hein,
00:33:48qu'elle a appelé une trentaine,
00:33:50une quarantaine de fois.
00:33:51Alors que le portable de la jeune fille
00:33:53sonne inlassablement dans le vide,
00:33:56ses parents décident de téléphoner
00:33:57à son petit ami, Steven.
00:34:00Depuis quelques mois,
00:34:01le couple s'est installé
00:34:02à 5 km de là,
00:34:04dans le petit village
00:34:05de Saint-Germain-la-Campagne.
00:34:07Ce que va leur expliquer le jeune homme
00:34:09ne va pas du tout rassurer les fossés,
00:34:12car lui non plus
00:34:12n'a aucune nouvelle
00:34:14de Gaëlle.
00:34:15C'est là que vraiment,
00:34:17là, j'ai dit,
00:34:18il y a quelque chose
00:34:19qui va pas, quoi.
00:34:20Et donc son père,
00:34:21bon, naturellement très inquiet,
00:34:24décide d'aller sur place.
00:34:27Il est environ 22 heures,
00:34:29lorsque Jean-Paul Fossé,
00:34:31accompagné par deux amis
00:34:32de la famille,
00:34:33se garde devant le 15
00:34:35de la résidence du parc.
00:34:37À première vue,
00:34:38tout semble indiquer
00:34:38que Gaëlle passe la soirée
00:34:40chez elle.
00:34:41Sa voiture stationne
00:34:42sur le parking
00:34:43et les lumières de sa maison
00:34:45sont allumées.
00:34:47Le père décide néanmoins
00:34:48d'en avoir le cœur net
00:34:49et s'approche
00:34:50de la porte d'entrée.
00:34:52Il frappe,
00:34:54il sonne,
00:34:55pas de réponse.
00:34:56Et à ce moment-là,
00:34:58il entend le chien aboyer,
00:34:59ce qui est très bizarre,
00:35:01la lumière allumée
00:35:02et la télé à l'étage
00:35:03qui est restée aussi allumée.
00:35:05Et malgré son insistance,
00:35:07la porte reste close.
00:35:09Il est extrêmement inquiet,
00:35:11car il le sait,
00:35:11le silence de sa fille
00:35:13n'est pas normal.
00:35:16Alors,
00:35:17avec un double des clés,
00:35:18il décide d'entrer
00:35:19dans la maison.
00:35:21J'allume la lumière.
00:35:22Je dis,
00:35:23le chien est enfermé
00:35:24parce que je l'entendais
00:35:25aboyer,
00:35:27comment ça s'appelle,
00:35:28dans le cagibi.
00:35:28Je dis,
00:35:29le chien est enfermé
00:35:30dans le cagibi.
00:35:31Puis bon,
00:35:32dans la cuisine,
00:35:33on voyait qu'il y avait eu
00:35:33quelque chose
00:35:34qui n'allait pas.
00:35:36Après,
00:35:36on passe dans la salle salon.
00:35:39Puis c'est là
00:35:40que j'ai découvert Gaëlle.
00:35:42Le père de famille
00:35:43fait face
00:35:44à l'horreur absolue.
00:35:46Le corps de sa fille
00:35:47gît sans vie
00:35:48dans un coin
00:35:49de la pièce.
00:35:51Elle est couchée
00:35:51sur le dos,
00:35:52maculée de sang.
00:35:54Si tout semble indiquer
00:35:55qu'une scène violente
00:35:56a eu lieu
00:35:57dans cette maison,
00:35:58Jean-Paul Fossé,
00:35:59très perturbé,
00:36:00refuse
00:36:01de se rendre
00:36:02à l'évidence.
00:36:05Il est extrêmement
00:36:06choqué
00:36:07par ce qu'il voit.
00:36:07Dans un premier temps,
00:36:09il pense plutôt
00:36:09à un malaise
00:36:10ou à une chute.
00:36:13Je ne voyais pas
00:36:13Gaëlle morte.
00:36:16Je ne pouvais pas dire
00:36:17que ma fille
00:36:17avait été assassinée.
00:36:21Pour lui,
00:36:22à ce moment-là,
00:36:23cela ne fait aucun doute.
00:36:25Sa fille
00:36:25a été victime
00:36:26d'un accident domestique.
00:36:29Il est environ
00:36:2922h30,
00:36:30les gendarmes
00:36:31sont prévenus.
00:36:32Mais alors,
00:36:33qu'est-il arrivé à Gaëlle ?
00:36:35Comment la jeune fille
00:36:36de 21 ans
00:36:37est-elle morte ?
00:36:39Et que vont découvrir
00:36:40les forces de l'ordre ?
00:36:46Il est environ 23h
00:36:51lorsque les gendarmes
00:36:52de la compagnie
00:36:53de Bernay,
00:36:54accompagnés des pompiers,
00:36:56arrivent
00:36:56à la résidence du parc.
00:36:58En entrant dans la maison,
00:37:01ils sont très loin
00:37:01d'imaginer
00:37:02la tragédie
00:37:03qui s'est jouée
00:37:04entre ces murs.
00:37:07Ils ne vont pas forcément
00:37:08au début
00:37:09savoir tout de suite
00:37:11que c'est un crime
00:37:12et c'est en s'approchant
00:37:13du corps de Gaëlle
00:37:15que là, effectivement,
00:37:17ils vont commencer
00:37:17à comprendre.
00:37:18On est là devant
00:37:19une jeune femme
00:37:20qui est nue.
00:37:21Preuve qu'il y a eu
00:37:22des violences extrêmes
00:37:24pratiquées contre
00:37:25cette jeune femme.
00:37:26Très vite,
00:37:28les gendarmes
00:37:28se rendent compte
00:37:29qu'il ne s'agit pas
00:37:30d'un accident
00:37:30mais d'un meurtre.
00:37:33Le corps de Gaëlle
00:37:33est criblé
00:37:34de coups de couteau
00:37:35et si leur nombre
00:37:37est difficile
00:37:37à déterminer,
00:37:39une chose est sûre,
00:37:40il y en a des dizaines.
00:37:42Il y a eu
00:37:42un incroyable
00:37:43nombre de coups.
00:37:46Certains portaient
00:37:46dans le dos,
00:37:48d'autres dans le cou,
00:37:50d'autres au niveau
00:37:50de la tête,
00:37:51au niveau de la cage thoracique.
00:37:52Ça a été
00:37:53un véritable acharnement.
00:37:54Le périmètre
00:37:56est bouclé
00:37:56et les techniciens
00:37:58de la brigade
00:37:58d'identification criminelle
00:38:00commencent immédiatement
00:38:01leur travail.
00:38:03Le sol de la maison
00:38:04est jonché
00:38:05de morceaux de verre
00:38:07et des meubles
00:38:07entravent le passage.
00:38:11Tout indique
00:38:11qu'une dispute
00:38:12violente
00:38:13a eu lieu.
00:38:14Mais l'arme
00:38:19du crime
00:38:19reste introuvable.
00:38:22On va faire
00:38:23des prélèvements
00:38:23sur les verres,
00:38:24sur la vaisselle,
00:38:25sur les mégots
00:38:26de cigarettes.
00:38:27Sur le pantalon
00:38:28de jogging
00:38:29de Gaël,
00:38:30on va identifier
00:38:30cette tâche.
00:38:32Donc cette tâche
00:38:33va être relevée.
00:38:36Les objets saisis
00:38:37sont envoyés
00:38:38au laboratoire
00:38:39d'analyse.
00:38:40Mais un détail,
00:38:41en apparence
00:38:42minime,
00:38:43va frapper
00:38:43les enquêteurs.
00:38:45La pièce
00:38:45est imprégnée
00:38:46d'une forte odeur
00:38:47de détergent.
00:38:49Et pour cause,
00:38:50l'agresseur
00:38:51a pris soin
00:38:52de nettoyer
00:38:52les lieux.
00:38:54Le fait que
00:38:55la scène de crime
00:38:56ait été nettoyée,
00:38:57ça laisse à penser
00:38:59que le ou les auteurs
00:39:01savaient
00:39:02qu'ils avaient
00:39:03le temps,
00:39:03finalement.
00:39:04Tout porte à croire
00:39:05que l'agresseur
00:39:06de Gaël
00:39:07connaissait son emploi
00:39:08du temps
00:39:09et savait
00:39:09qu'elle serait seule
00:39:11cette nuit-là.
00:39:12Mais ce n'est pas tout.
00:39:14La porte était fermée
00:39:15à clé,
00:39:15il n'y a aucune trace
00:39:16d'effraction,
00:39:17donc a priori,
00:39:18la porte a été ouverte
00:39:19volontairement.
00:39:20Manifestement,
00:39:21on n'est pas venus
00:39:21pour voler des choses
00:39:22parce que rien n'a disparu.
00:39:24Gaëlle
00:39:25était une jeune femme
00:39:26prudente.
00:39:27Jamais,
00:39:28elle n'aurait ouvert
00:39:29la porte à un inconnu.
00:39:31Les enquêteurs
00:39:32écartent donc rapidement
00:39:33la piste du rôdeur.
00:39:35Et au vu
00:39:35des premières constatations,
00:39:37l'auteur de ce crime
00:39:38pourrait bien être
00:39:39une connaissance
00:39:40de la jeune fille.
00:39:41Une thèse
00:39:42qu'un dernier élément
00:39:44va venir accréditer.
00:39:47Ils ont pris soin
00:39:49d'écarter
00:39:52le rottweiler
00:39:53du couple
00:39:54qui a été
00:39:56enfermé
00:39:56dans le Kajibi.
00:39:58Alors,
00:39:58est-ce qu'ils le connaissaient
00:39:59ou pas ?
00:39:59Toujours est-il
00:40:00que les voisins
00:40:01n'ont pas entendu
00:40:01d'aboiement.
00:40:03Et alors que
00:40:03les techniciens
00:40:04d'investigation criminelle
00:40:06procèdent aux dernières
00:40:07vérifications
00:40:08sur la scène de crime,
00:40:09les villageois
00:40:10comprennent qu'un drame
00:40:12vient de se jouer
00:40:13dans la maison
00:40:13de leur voisine.
00:40:15Face à cette étrange
00:40:16agitation,
00:40:17les premières rumeurs
00:40:18commencent à circuler.
00:40:21Les gens regardent
00:40:22à travers le rideau.
00:40:25On sent qu'effectivement,
00:40:26il s'est passé
00:40:27quelque chose de grave.
00:40:28Et du coup,
00:40:29les rumeurs
00:40:29les plus folles
00:40:30circulent.
00:40:31on parle par exemple
00:40:33qu'elle se serait fait
00:40:33manger par son chien.
00:40:35Enfin voilà,
00:40:35on atteint
00:40:36des choses
00:40:37totalement incroyables.
00:40:39En l'espace
00:40:40de quelques heures,
00:40:41la nouvelle
00:40:42de la mort de Gaël
00:40:43s'est répandue
00:40:43comme une traînée
00:40:44de poudre.
00:40:45Pourtant,
00:40:46personne,
00:40:47pas même ses parents,
00:40:48n'a compris
00:40:49qu'il s'agissait
00:40:50d'un meurtre.
00:40:51Alors,
00:40:52comment ce village
00:40:53tranquille
00:40:53a-t-il pu être
00:40:54le théâtre
00:40:55d'un crime
00:40:56aussi horrible ?
00:40:58Et qui pouvait bien
00:40:59en vouloir ?
00:41:01à la jeune fille.
00:41:09L'affaire
00:41:11est confiée
00:41:11à la section
00:41:12de recherche
00:41:12de Rouen,
00:41:14assistée par les gendarmes
00:41:15de la brigade
00:41:16de Bernay.
00:41:17Ce sont eux
00:41:18qui ont la lourde tâche
00:41:19de convoquer
00:41:20les proches de Gaël
00:41:21pour leur annoncer
00:41:22la terrible vérité.
00:41:25Et donc,
00:41:25on va vous dire
00:41:25une chose incroyable
00:41:27que votre fille
00:41:28a été assassinée.
00:41:29qui en voulait
00:41:36à Gaël ?
00:41:37Vous dites
00:41:37que c'est une fille
00:41:38qui n'aimait pas
00:41:40les histoires,
00:41:41qui arrondissait
00:41:42toujours les angles,
00:41:43toujours pour...
00:41:45On vous la tue ?
00:41:47C'est là
00:41:48que vous ne comprenez pas.
00:41:49On dit
00:41:49mais pourquoi ?
00:41:50Et ce que livre
00:41:53la famille de Gaël
00:41:54de sa personnalité
00:41:55ne cadre pas
00:41:56avec le meurtre barbare
00:41:58dont elle a été victime.
00:42:00C'est le portrait
00:42:01d'une jeune fille
00:42:02exemplaire
00:42:03qui se dessine.
00:42:07Gaël,
00:42:07c'est une très belle jeune fille,
00:42:10très naturelle.
00:42:11Je pense qu'elle ne soupçonnait
00:42:12même pas d'ailleurs
00:42:13les qualités
00:42:13qu'elle avait
00:42:14physiquement
00:42:14ou intellectuellement
00:42:15d'ailleurs.
00:42:16Elle était gaie,
00:42:18elle était très sociale,
00:42:20très très très.
00:42:20Elle parlait à tout le monde,
00:42:22elle avait beaucoup d'amis.
00:42:23Il fallait toujours
00:42:23qu'elle bouge,
00:42:25elle attirait
00:42:25beaucoup les regards.
00:42:28Gaël est étudiante
00:42:30en ressources humaines
00:42:31et depuis trois ans,
00:42:33son cœur est pris
00:42:33par Steven,
00:42:35un autre jeune du village.
00:42:37Le couple semble
00:42:38très amoureux
00:42:39et vient d'emménager
00:42:40ensemble.
00:42:42D'après Jennifer,
00:42:44la cousine du jeune homme,
00:42:45c'était le début
00:42:46d'une nouvelle vie.
00:42:48C'est vrai que
00:42:48Steven,
00:42:49dès qu'il a entamé
00:42:50sa relation avec Gaël,
00:42:52il s'est posé.
00:42:52On a bien vu
00:42:53qu'il a trouvé
00:42:54la femme qui lui convenait.
00:42:56Elle était très heureuse
00:42:57et une semaine
00:42:59avant le drame,
00:43:00elle me dit
00:43:00pour l'année prochaine
00:43:01je te ferai un bébé
00:43:02parce qu'avec Steven
00:43:03c'est pour la vie.
00:43:05Un couple
00:43:05unanimement décrit
00:43:07comme harmonieux.
00:43:08Mais comme pour
00:43:09chaque enquête criminelle,
00:43:10les gendarmes
00:43:11vont vérifier de près
00:43:12l'emploi du temps
00:43:13du jeune homme
00:43:14absent la nuit du drame.
00:43:17On n'exclut rien
00:43:19et donc on se renseigne
00:43:21y compris
00:43:21du côté du compagnon
00:43:23de Gaël Fossé.
00:43:26Il peut avoir
00:43:26une déception amoureuse
00:43:27dont les autres
00:43:27ne seraient pas prévenus,
00:43:29il peut y avoir n'importe quoi.
00:43:30Son petit ami
00:43:30est rapidement mis hors de cause
00:43:32puisque au moment,
00:43:33le soir du drame,
00:43:34il se trouve à Saint-Etienne
00:43:35en déplacement
00:43:36pour un déplacement professionnel.
00:43:38L'alibi de Steven
00:43:40est vérifié.
00:43:41Plusieurs témoins
00:43:42l'ont aperçu
00:43:43dans la région stéphanoise
00:43:44la nuit de la mort
00:43:45de Gaël.
00:43:47Les gendarmes
00:43:48décident alors
00:43:48d'élargir
00:43:49leur champ d'investigation.
00:43:52Il y a vraiment
00:43:52un travail colossal
00:43:53des gendarmes
00:43:54effectué par les gendarmes.
00:43:56Voilà,
00:43:56donc ils vont vraiment
00:43:57ratisser large
00:43:58le voisinage de Gaël,
00:44:01ses proches,
00:44:02sa famille,
00:44:02ses parents
00:44:03vont être entendus.
00:44:04Les gendarmes
00:44:06vont interroger
00:44:07des dizaines
00:44:08de personnes.
00:44:09Mais voilà,
00:44:10aucune information
00:44:11utile
00:44:11ne ressort
00:44:12de ces auditions.
00:44:14A la grande surprise
00:44:15des enquêteurs,
00:44:16tous les voisins
00:44:17affirment
00:44:17n'avoir rien entendu.
00:44:19Des gens ont forcément
00:44:24entendu du bruit
00:44:25cette nuit-là.
00:44:26Les logements
00:44:27sont très proches
00:44:28les uns des autres
00:44:28et il n'y a rien
00:44:29qui ressort
00:44:30dans l'enquête
00:44:31de voisinage.
00:44:31Donc c'est très étonnant.
00:44:33Il y a vraie peur
00:44:34des gens de représailles.
00:44:36Il y a la thèse
00:44:36du rôdeur
00:44:38qui traîne toujours.
00:44:39Donc ça,
00:44:39les gens ont peur
00:44:40que cette personne
00:44:42revienne.
00:44:45A Saint-Germain,
00:44:46la campagne,
00:44:47au fil des jours,
00:44:48une véritable psychose
00:44:50s'installe.
00:44:51Les rues se vident,
00:44:53l'ambiance
00:44:53se fait de plus en plus
00:44:54pesante
00:44:55et le meurtre de Gaëlle
00:44:57alimente
00:44:58toutes les conversations.
00:45:00Si bien
00:45:00que le 7 mai,
00:45:02le maire
00:45:02décide d'organiser
00:45:04une réunion publique
00:45:05pour rassurer
00:45:06sa population.
00:45:08Une soixantaine
00:45:09de personnes
00:45:10à peu près
00:45:10dans la salle.
00:45:11L'ambiance
00:45:12est aussi particulière.
00:45:13On se regarde
00:45:13de travers.
00:45:15Le maire
00:45:17prend la parole.
00:45:18explique
00:45:19ce qu'il sait.
00:45:20Mais le problème,
00:45:21c'est qu'effectivement,
00:45:21il ne peut pas dire
00:45:22grand-chose
00:45:22parce que l'assassin
00:45:23est peut-être
00:45:24tout simplement
00:45:24dans la salle.
00:45:26Des investigations
00:45:27qui stagnent
00:45:28et une population
00:45:29qui s'enfonce
00:45:30dans la peur.
00:45:32La région d'Orbeck
00:45:32ne sait pas encore
00:45:34qu'elle est en train
00:45:34de vivre
00:45:35l'un des épisodes
00:45:36les plus marquants
00:45:37de son histoire.
00:45:39Un meurtrier
00:45:40arpent-il les rues
00:45:41du petit village
00:45:42tranquille ?
00:45:44Comment l'enquête
00:45:45va-t-elle basculer ?
00:45:48En l'absence
00:45:54de pistes tangibles,
00:45:55les enquêteurs
00:45:56attendent beaucoup
00:45:57des résultats
00:45:58de l'autopsie
00:45:58du corps de Gaël.
00:46:01Dans le rapport
00:46:01dévoilé au mois de mai,
00:46:03le médecin légiste
00:46:04évalue
00:46:04leur approximative
00:46:06de son décès
00:46:07à environ
00:46:0824 heures
00:46:09avant sa découverte.
00:46:14Elle aurait été tuée
00:46:15entre 22h30
00:46:17et le reste
00:46:21de la nuit
00:46:21du jeudi
00:46:23au vendredi.
00:46:25Le rapport
00:46:26fait état
00:46:27d'un véritable
00:46:28acharnement.
00:46:31Gaël
00:46:31a reçu
00:46:3266 coups
00:46:34de couteau.
00:46:36Et alors que son corps
00:46:37a été découvert
00:46:38à moitié dénudé,
00:46:40aucune agression
00:46:41sexuelle
00:46:42n'est constatée.
00:46:45Cette autopsie
00:46:45permet à présent
00:46:47d'élaborer
00:46:47un scénario
00:46:48partiel
00:46:48de la nuit
00:46:49du 26
00:46:50au 27 avril
00:46:512007.
00:46:54En fin de soirée,
00:46:55Gaël,
00:46:56seule chez elle,
00:46:58aurait ouvert
00:46:58la porte
00:46:59à son agresseur.
00:47:02Elle peut être
00:47:03menacée
00:47:03par quelqu'un
00:47:04qui a un couteau,
00:47:04qui la contraint
00:47:05à se déshabiller,
00:47:06qui envisage peut-être
00:47:06une relation sexuelle.
00:47:08La personne
00:47:09lui échappe.
00:47:09On peut craindre
00:47:10à ce moment-là,
00:47:11je ne sais pas,
00:47:11qu'elle aille vers la porte,
00:47:12qu'elle essaie d'ouvrir,
00:47:13qu'elle essaie de s'enfuir,
00:47:13qu'elle essaie de libérer le chien.
00:47:15Pour les gendarmes,
00:47:16c'est en tournant le dos
00:47:17à son meurtrier
00:47:18que Gaël
00:47:19aurait reçu
00:47:20le premier coup
00:47:21de couteau.
00:47:24Et c'est ce premier assaut
00:47:25qui va tout faire basculer.
00:47:28Eh bien là,
00:47:29on ne fait plus machine arrière,
00:47:30et puis on en donne trois,
00:47:30et puis on en donne quatre,
00:47:31et puis la personne tombe,
00:47:32et puis on est pris de folie
00:47:34devant ce qu'on a accompli,
00:47:34devant ce à quoi
00:47:35on n'est pas parvenu éventuellement,
00:47:36et puis les coups de couteau
00:47:37s'enchaînent,
00:47:37se multiplient.
00:47:39Alors là,
00:47:39c'est encore un autre coup
00:47:40sur la tête,
00:47:41en me disant,
00:47:42bah,
00:47:44pourquoi l'acharnement ?
00:47:47Quelques jours plus tard,
00:47:50un témoignage va faire avancer
00:47:51l'enquête.
00:47:53Une voisine raconte aux gendarmes
00:47:55que cette nuit-là,
00:47:56elle a vu un homme
00:47:57faire des allées et venues
00:47:59autour du domicile de Gaël.
00:48:02L'homme qui a été vu par le témoin
00:48:04est un voisin proche de Gaël.
00:48:09Cet homme,
00:48:10nous l'appellerons Thomas.
00:48:12Grâce à cette déclaration providentielle,
00:48:14les gendarmes décident alors
00:48:15de le placer en garde à vue
00:48:17avec trois personnes
00:48:18de son entourage.
00:48:21On va décider,
00:48:22fin mai 2007,
00:48:23de placer plusieurs personnes
00:48:24en garde à vue,
00:48:25en fait,
00:48:25quatre personnes.
00:48:27Ces quatre personnes sont entendues.
00:48:28À cette occasion,
00:48:29d'ailleurs,
00:48:29on prend leur ADN,
00:48:32ce qui permettra
00:48:32des comparaisons ensuite.
00:48:35Pendant cette garde à vue,
00:48:36le fameux Thomas
00:48:37va faire des déclarations
00:48:39pour le moins déconcertantes.
00:48:42Il va dire
00:48:43qu'il ne connaît pas Gaël.
00:48:45Donc c'est très troublant
00:48:48parce qu'ils se connaissent
00:48:49en fait très bien.
00:48:51Ils ont été à l'école ensemble
00:48:52jusqu'au collège,
00:48:53ils prenaient le quart ensemble,
00:48:54ils se connaissent très bien.
00:48:56Et puis,
00:48:57ce voisin-là
00:48:58est un ami
00:48:59du compagnon de Gaël.
00:49:01Et donc,
00:49:01il venait régulièrement
00:49:02les week-ends
00:49:04jouer à la console
00:49:05et fumer
00:49:06et fumer
00:49:07donc avec le compagnon
00:49:08de Gaël.
00:49:09Les gendarmes
00:49:11s'interrogent.
00:49:13Pourquoi mentir
00:49:14s'il n'a rien
00:49:15à se reprocher ?
00:49:17Mais voilà,
00:49:17Thomas
00:49:18nie toute implication
00:49:19dans le meurtre,
00:49:20tout comme
00:49:21les trois autres auditionnés.
00:49:22Et les personnes
00:49:28sont remises en liberté
00:49:29parce qu'on considère
00:49:30qu'à ce stade
00:49:30on n'a pas suffisamment
00:49:31d'éléments
00:49:31en dépit des questions
00:49:32qu'on se pose
00:49:33notamment à l'égard
00:49:34du dénommé tôt.
00:49:37Les enquêteurs
00:49:38ont la sensation
00:49:39d'avoir affaire
00:49:40à un suspect sérieux
00:49:41mais ils n'ont
00:49:42aucune preuve matérielle
00:49:43contre lui.
00:49:45Alors ces mensonges
00:49:45sont-ils
00:49:46la preuve
00:49:47qu'il cache
00:49:48une terrible vérité ?
00:49:49Est-il impliqué
00:49:51dans la mort
00:49:52de Gaëlle ?
00:49:55Les gendarmes
00:50:02vont attendre
00:50:03longtemps
00:50:04l'élément
00:50:05qui viendra
00:50:06confondre Thomas.
00:50:08Au début
00:50:09du mois d'octobre 2007
00:50:10alors que Gaëlle
00:50:12est morte
00:50:12depuis presque six mois
00:50:13les analyses
00:50:15sur les tâches
00:50:16du jogging
00:50:17retrouvées
00:50:17sur la scène
00:50:18de crime
00:50:18vont enfin parler.
00:50:21et on va trouver
00:50:23des ADN
00:50:23en mélange
00:50:24sur une tâche
00:50:26qui en fait
00:50:27est une tâche
00:50:28de spermatozoïde.
00:50:29On a l'ADN
00:50:29de Steven Heer
00:50:31en mélange
00:50:31avec celui
00:50:31de Gaëlle Fossé
00:50:32celui d'une troisième
00:50:33personne
00:50:33voire
00:50:34une quatrième.
00:50:36L'enquête
00:50:37vient de vivre
00:50:38un tournant.
00:50:40Gaëlle
00:50:40aurait donc pu être
00:50:41victime
00:50:42de plusieurs agresseurs.
00:50:44Et ce n'est pas tout.
00:50:45Les gendarmes
00:50:46comparent
00:50:46ces deux ADN
00:50:47inconnus
00:50:48avec ceux
00:50:49relevés
00:50:49pendant les gardes à vue.
00:50:50l'un d'entre eux
00:50:51est compatible
00:50:52avec celui
00:50:53de Thomas.
00:50:55On a un ADN
00:50:56compatible
00:50:56avec le sien
00:50:57qui se trouve
00:50:58sur une tâche
00:50:59a priori
00:51:01avec du liquide
00:51:01spermatique
00:51:02à une place
00:51:04étonnante
00:51:05au niveau
00:51:05de la fesse
00:51:06d'un
00:51:07vêtement
00:51:09qui ne sert
00:51:10à Gaëlle Fossé
00:51:12que dans la plus
00:51:13stricte intimité.
00:51:14Pour les enquêteurs
00:51:15cette trace ADN
00:51:17est la preuve
00:51:17qui leur manquait.
00:51:18Et un dernier élément
00:51:19joue contre Thomas.
00:51:21Il vient d'être placé
00:51:22en détention provisoire
00:51:23dans le cadre
00:51:24d'une autre affaire
00:51:25d'agression sexuelle
00:51:26aux circonstances
00:51:28pour le moins troublantes.
00:51:30Il se trouve
00:51:31qu'il est déjà incarcéré
00:51:32pour une affaire
00:51:33d'agression sexuelle,
00:51:34une affaire assez sordide
00:51:35qui a été jugée
00:51:37plus tard
00:51:38au tribunal de Lisieux
00:51:38où en fait
00:51:40il s'est rendu
00:51:40au domicile
00:51:41d'une adolescente
00:51:42de 16 ans
00:51:43en fracturant
00:51:44la porte-fenêtre.
00:51:47Il s'est glissé
00:51:47sous les draps.
00:51:50Si la jeune fille
00:51:51agressée
00:51:52n'a pas été violée,
00:51:53Thomas s'est introduit
00:51:54chez elle
00:51:55alors qu'il la savait
00:51:56seule,
00:51:57tout comme Gaëlle.
00:51:58Pour les gendarmes,
00:51:59il semble avoir
00:52:00le profil
00:52:01d'un prédateur.
00:52:02Début octobre 2007,
00:52:04l'homme
00:52:04est de nouveau placé
00:52:06en garde à vue.
00:52:07Il ne va pas pouvoir
00:52:10expliquer la présence
00:52:11de son ADN
00:52:12sur le pantalon
00:52:13de la victime.
00:52:15On va lui demander
00:52:16s'il n'a pas eu
00:52:18une relation,
00:52:19un rapport sexuel
00:52:20avec la victime
00:52:21et là,
00:52:22il va nier,
00:52:23enfin,
00:52:23il nie toute implication
00:52:24dans ce crime
00:52:25mais il va quand même
00:52:26être mis en examen
00:52:28écroué
00:52:30et placé
00:52:31donc en détention
00:52:32provisoire.
00:52:33Commence alors
00:52:34une enquête
00:52:35de personnalité
00:52:36pour déterminer
00:52:37le profil
00:52:38de celui
00:52:38qui est dorénavant
00:52:39le suspect numéro 1
00:52:41dans cette affaire
00:52:42de meurtre.
00:52:44C'est un jeune
00:52:45qui est né
00:52:46à Orbeck aussi
00:52:47comme Gaëlle
00:52:48donc il se connaissait
00:52:50ils ont été
00:52:51ils ont fréquenté
00:52:52les mêmes écoles.
00:52:53Ce qu'on sait de lui
00:52:53c'est que c'était quelqu'un
00:52:54qui aimait bien
00:52:55faire la fête
00:52:56qui traînait
00:52:57assez tard le soir
00:52:59voilà
00:53:00et bon
00:53:00il enchaînait
00:53:01des petits boulots
00:53:02en intérim aussi.
00:53:03C'est peut-être pas
00:53:04le modèle
00:53:05du petit jeune
00:53:06qui réussira
00:53:07plus tard
00:53:07mais c'est pas forcément
00:53:09un délinquant
00:53:11en puissance
00:53:11en tout cas
00:53:12à l'époque des faits.
00:53:13Si Thomas n'est pas
00:53:14un modèle de vertu
00:53:15cela ne fait pas
00:53:16de lui un meurtrier
00:53:17d'autant
00:53:18qu'il continue
00:53:19à clamer
00:53:20son innocence.
00:53:23Incarcéré
00:53:23à la maison d'arrêt
00:53:24d'Evreux
00:53:24il va être soumis
00:53:26à une expertise
00:53:27psychiatrique.
00:53:28Ce qu'il en ressort
00:53:32c'est qu'il ne souffre
00:53:34d'aucune pathologie
00:53:35mentale
00:53:36mais voilà
00:53:37on se rend compte
00:53:38qu'il a une personnalité
00:53:40assez compliquée
00:53:42avec les femmes
00:53:43il n'y a rien de plus
00:53:44ce qui fait
00:53:45là encore
00:53:45pas de lui
00:53:46un coupable
00:53:48un assassin.
00:53:49Pour les parents
00:53:50de la jeune fille
00:53:51cette mise en examen
00:53:53sonne
00:53:53comme une délivrance.
00:53:55On s'est dit
00:53:58ouf
00:53:58enfin
00:53:59c'est parce que
00:54:00c'est pas de la joie
00:54:01c'est vraiment
00:54:02du soulagement
00:54:02enfin quelqu'un
00:54:03va payer
00:54:04pour ce qui lui a été fait.
00:54:05On se dit
00:54:05il va peut-être
00:54:06être jugé
00:54:07il va peut-être
00:54:09penser aux saveux
00:54:10je sais pas
00:54:11on se disait
00:54:12toujours ça quoi.
00:54:13On est toujours
00:54:14dans notre chagrin
00:54:15de dire de toute façon
00:54:15ça ne nous rendra pas
00:54:16notre fille
00:54:16mais au moins
00:54:17quelqu'un paye
00:54:18parce qu'elle avait
00:54:19rien fait
00:54:20elle ne méritait pas ça
00:54:21donc quelqu'un
00:54:22est en prison
00:54:23pour ça.
00:54:23Les proches de Gaël
00:54:25attendent maintenant
00:54:26des aveux
00:54:27de la part de Thomas
00:54:28mais l'homme
00:54:29continue de nier
00:54:31tous espèrent
00:54:32un procès rapide
00:54:33et un coupable
00:54:34en prison
00:54:35mais Thomas
00:54:36est-il vraiment
00:54:37le meurtrier de Gaël ?
00:54:40Comprendra-t-on
00:54:40enfin
00:54:41pourquoi
00:54:42la jeune fille
00:54:43est morte ?
00:54:45La défense de Thomas
00:54:51s'organise
00:54:52et demande
00:54:53de nouvelles analyses
00:54:54sur les traces ADN
00:54:56retrouvées
00:54:57sur le jogging
00:54:58de Gaël
00:54:58une stratégie
00:55:00qui va s'avérer payante
00:55:01Il apparaît en réalité
00:55:03que
00:55:03sur l'expertise ADN
00:55:05qui a été faite
00:55:06les choses sont peut-être
00:55:08plus compliquées
00:55:08qu'on ne l'avait d'abord envisagé
00:55:10c'est-à-dire
00:55:10que se posera la question
00:55:10de savoir
00:55:11si l'ADN
00:55:12qu'on a trouvé
00:55:13est un ADN
00:55:14qui se trouvait
00:55:15dans la partie intérieure
00:55:16du pantalon de jogging
00:55:17ou dans la partie extérieure
00:55:18s'il est à l'extérieur
00:55:19on imagine
00:55:20que peut-être
00:55:20ça peut être
00:55:21un très malheureux hasard
00:55:24Il pourrait donc s'agir
00:55:26d'un simple ADN
00:55:27de contact
00:55:28En effet
00:55:29le jeune garçon
00:55:30venait souvent
00:55:31chez le couple
00:55:31La présence de son ADN
00:55:33à l'extérieur du jogging
00:55:35ne serait donc pas
00:55:36la preuve
00:55:37de sa culpabilité
00:55:38Pour la première fois
00:55:40dans cette affaire
00:55:41le doute
00:55:42va lui être favorable
00:55:43Donc ça fait 19 mois
00:55:45que Thomas
00:55:46est en détention provisoire
00:55:48Voilà
00:55:49donc c'est
00:55:50pour son avocat
00:55:51ça paraît inconcevable
00:55:52donc il va obtenir
00:55:54finalement
00:55:54sa mise sous contrôle judiciaire
00:55:56en mai 2009
00:55:57Ça veut dire
00:55:58il reste mis en examen
00:55:59pour assassinat
00:56:00il reste le principal suspect
00:56:01mais il est libre
00:56:02Thomas
00:56:07décide alors
00:56:09de changer de vie
00:56:10Il quitte la région d'Orbec
00:56:12pour s'installer
00:56:13dans le sud de la France
00:56:14Mais pour les proches
00:56:16de Gaël
00:56:17sa remise en liberté
00:56:18deux ans après la mort
00:56:19de la jeune femme
00:56:20est extrêmement difficile
00:56:22à admettre
00:56:24C'est très mal vécu
00:56:27notamment par la famille
00:56:28évidemment
00:56:29qui ne comprend pas
00:56:31pour elle
00:56:33où on allait tout droit
00:56:34vers un procès
00:56:34Avec le dossier
00:56:36qu'il a
00:56:36ils l'ont libéré
00:56:37C'est l'horreur
00:56:41bah
00:56:41vous êtes impuissant
00:56:43il libéré
00:56:45il libéré
00:56:46Et les mauvaises surprises
00:56:49ne vont pas s'arrêter là
00:56:51pour les parents de Gaël
00:56:52A la fin de l'année 2010
00:56:54la mise en place
00:56:56de la réforme
00:56:56de la carte judiciaire
00:56:57fait fermer
00:56:58le tribunal de Bernay
00:57:00en charge du dossier
00:57:01depuis le début
00:57:02Donc le dossier
00:57:04est transféré
00:57:05à Évreux
00:57:06manifestement
00:57:08dans un état
00:57:09assez déplorable
00:57:10un peu sans dessus dessous
00:57:13en gros
00:57:13il faut repartir de zéro
00:57:14Mais au parquet d'Évreux
00:57:18en deux ans
00:57:19ce ne sont pas moins
00:57:20de six juges d'instruction
00:57:22qui se succèdent
00:57:23sur ce dossier
00:57:24sans grand résultat
00:57:26si bien qu'au mois
00:57:27de décembre 2013
00:57:28la famille faussée
00:57:30excédée par la lenteur judiciaire
00:57:32et terrifiée
00:57:33par l'idée d'un non-lieu
00:57:34décide
00:57:35de médiatiser l'affaire
00:57:37Ils ont contacté
00:57:42les journaux locaux
00:57:44les radios nationales
00:57:45les chaînes de télévision
00:57:47parce qu'ils se sont confrontés
00:57:49à un système
00:57:50à une justice
00:57:51qu'ils ne connaissaient pas
00:57:52ils n'ont jamais eu
00:57:54affaire à la justice
00:57:55ils se retrouvent
00:57:56face à un système
00:57:58où le secret
00:58:00est très important
00:58:02dans une enquête
00:58:02mais le problème
00:58:03c'est qu'ils ont besoin
00:58:04d'informations
00:58:04Les parents de Gaël
00:58:06toujours restés très pudiques
00:58:08se sont à présent
00:58:09lancés dans un véritable combat
00:58:11Avec l'aide d'une amie
00:58:13de leur fille
00:58:13ils créent une page internet
00:58:15en hommage
00:58:16à Gaël
00:58:17Le résultat est au-delà
00:58:19de leurs espérances
00:58:20en un mois à peine
00:58:22ils recueillent
00:58:23près de 1500 soutiens
00:58:24Ça permettait aussi
00:58:28de tous se retrouver
00:58:29au même endroit
00:58:29pour parler de Gaël
00:58:31des anecdotes sur elle
00:58:32la faire revivre
00:58:33un petit peu
00:58:34à travers nos mots
00:58:34finalement
00:58:35et puis pour montrer
00:58:36à la justice
00:58:37qu'on est là
00:58:38qu'on y croit encore
00:58:39qu'on souhaite
00:58:41que les choses bougent
00:58:42Et on a vu plein de soutien
00:58:43alors j'avoue
00:58:44que là ça nous a
00:58:45fait du bien
00:58:46et on s'est dit
00:58:47on n'est pas tout seul
00:58:49Sept ans après le drame
00:58:54malgré des centaines
00:58:56d'auditions
00:58:56un énorme travail
00:58:58de terrain
00:58:58et la mise en examen
00:59:00d'un suspect
00:59:00le meurtre
00:59:02de Gaël Fossé
00:59:03reste l'un des plus
00:59:04grands mystères judiciaires
00:59:06de Basse-Normandie
00:59:07C'est une affaire
00:59:10qui sur le papier
00:59:11a l'air simple
00:59:11C'est un crime
00:59:12qui s'est passé en soirée
00:59:14dans un lotissement
00:59:15qui n'est pas non plus isolé
00:59:17il y a des voisins
00:59:18mais il y a encore
00:59:20énormément de zones d'ombre
00:59:22dessus
00:59:22On est sept ans après
00:59:24on ne sait toujours pas
00:59:25qui a tué
00:59:25pourquoi
00:59:26et on ne sait pas
00:59:28combien de personnes
00:59:28ont réagi ce soir-là
00:59:30Dans la région d'Orbec
00:59:37personne n'a oublié Gaël
00:59:39cette jolie fille
00:59:41de 21 ans
00:59:41promise
00:59:42à un bel avenir
00:59:44pour que sa mort
00:59:45ne reste pas impunie
00:59:47ses proches
00:59:48se battent chaque jour
00:59:49pour que l'enquête
00:59:50reste ouverte
00:59:51car tous espèrent
00:59:52découvrir
00:59:53la vérité
00:59:54pour enfin
00:59:56recommencer à vivre
00:59:57Pour nous ça s'est arrêté
01:00:02il y a six ans et demi
01:00:03les seules joies
01:00:05notre fils
01:00:06notre petit-fils
01:00:07ça c'est notre
01:00:08rayon de soleil
01:00:09mais on ne vit pas
01:00:10on ne sort plus
01:00:11en plus
01:00:12elle nous manque
01:00:13sans arrêt
01:00:13plein de choses
01:00:15qui pourraient se faire
01:00:16toutes les mariages
01:00:17les baptêmes
01:00:18les faits de famille
01:00:19se font sans elle
01:00:20je sais bien
01:00:21qu'on ne peut pas mettre
01:00:22tout le monde en prison
01:00:23mais là c'est un crime
01:00:25c'est pire que tout
01:00:27et je pense qu'on doit
01:00:30tout faire
01:00:31et ils doivent tout faire
01:00:33pour que quelqu'un paye
01:00:35que ce soit pour Gaëlle
01:00:36ou pour toute autre jeune fille
01:00:38ou jeune homme
01:00:39qui est tué
01:00:40Crime installé en Normandie
01:00:47avec cette histoire
01:00:48qui s'est déroulée
01:00:48le 19 mai 2009
01:00:50aux abords
01:00:51de Louvier
01:00:51un homme
01:00:52aperçoit de la fumée
01:00:53qui se dégage
01:00:54d'un pavillon
01:00:54il prévient alors
01:00:55les pompiers
01:00:56qui vont découvrir
01:00:57le corps d'une jeune femme
01:00:58claire
01:00:59qui est institutrice
01:01:00c'est ce document
01:01:01que je vous propose
01:01:01tout de suite
01:01:02de regarder
01:01:02dans Crime
01:01:17dans l'affaire qui va suivre
01:01:19vous allez découvrir comment
01:01:21un père de famille
01:01:22apprécié de tous
01:01:23va faire voler en éclat
01:01:25sa vie
01:01:25en se rendant coupable
01:01:26d'un terrible crime
01:01:27un crime
01:01:29aussi sanglant
01:01:30qu'imprévisible
01:01:30qui plongera
01:01:32toute une région
01:01:33dans l'indignation
01:01:34et l'incompréhension
01:01:35l'espace de quelques secondes
01:01:41elle sait
01:01:42que son mari
01:01:43est en train
01:01:44de lui donner la mort
01:01:44Louvier
01:01:52une petite bourgade
01:01:54normande
01:01:55de 19 000 habitants
01:01:56située dans l'heure
01:01:58à mi-chemin
01:01:59entre la ville
01:01:59et la campagne
01:02:00Louvier est particulièrement
01:02:02prisé des familles
01:02:03en quête
01:02:04d'un cadre de vie
01:02:05idéal
01:02:06Louvier est une ville
01:02:09où on peut se promener
01:02:10dans la rue
01:02:11à toute heure du jour
01:02:12et de la nuit
01:02:13sans inquiétude
01:02:14les relations de voisinage
01:02:16sont courtoises
01:02:17bien entendu
01:02:19c'est pas le paradis
01:02:21mais en tout cas
01:02:23il n'y a
01:02:23à Louvier
01:02:24pas un taux de délinquance
01:02:26susceptible
01:02:26d'inquiéter les gens
01:02:28pourtant
01:02:29en ce mois
01:02:30de mai 2009
01:02:31un des habitants
01:02:32du village voisin
01:02:33que nous appellerons
01:02:34Henri
01:02:35va être témoin
01:02:36d'une scène
01:02:37inhabituelle
01:02:38à quelques pas
01:02:39de son propre domicile
01:02:40j'étais en train
01:02:42de dîner
01:02:44dans ma cuisine
01:02:44et je vois
01:02:46j'ai vu
01:02:47des volubles
01:02:47de fumée
01:02:48bossée
01:02:48et arrivé au coin
01:02:49de ma maison
01:02:50j'ai découvert
01:02:51que la maison
01:02:52de mon voisin
01:02:53bollait
01:02:53donc je suis revenu
01:02:55et j'ai appelé
01:02:56tout de suite
01:02:56les pompiers
01:02:57immédiatement alerté
01:02:59les pompiers
01:03:00de la caserne
01:03:01de Louvier-Val-de-Reuil
01:03:02comprennent
01:03:03l'urgence
01:03:03de la situation
01:03:04quelques kilomètres
01:03:06seulement
01:03:06séparent leur caserne
01:03:07de la maison
01:03:08en proie aux flammes
01:03:09en attendant leur arrivée
01:03:14Henri
01:03:15terrorisé à l'idée
01:03:16que ses voisins
01:03:17soient piégés
01:03:18à l'intérieur
01:03:19de leur maison
01:03:20tente d'intervenir
01:03:21je m'approche
01:03:23de la fenêtre
01:03:25d'où sortait
01:03:25vraiment le feu
01:03:26j'entendais
01:03:27des carreaux exploser
01:03:28et la chaleur
01:03:30était à un tel point
01:03:31que j'ai dû reculer
01:03:32et retourner sur la rue
01:03:34parce qu'il était impossible
01:03:34de rester entre les deux maisons
01:03:36sur place
01:03:37les pompiers
01:03:38qui savent
01:03:39grâce à Henri
01:03:40qu'à 7h de la matinée
01:03:41la maison est habitée
01:03:42parviennent enfin
01:03:44à maîtriser l'incendie
01:03:45après de longues minutes
01:03:47ils pénètrent
01:03:48dans la demeure
01:03:49ils découvrent alors
01:03:50un intérieur
01:03:51complètement calciné
01:03:53et craignent le pire
01:03:55ils s'introduisent
01:03:57à l'intérieur de la maison
01:03:58et assez rapidement
01:03:59ils tombent sur
01:04:00le foyer principal
01:04:01du feu
01:04:02qui est donc
01:04:03dans la chambre à coucher
01:04:04et dans la chambre à coucher
01:04:05au bout d'un moment
01:04:06ils se rendent compte
01:04:06qu'en effet
01:04:07il y a un corps
01:04:07ce corps sans vie
01:04:09c'est celui d'une femme
01:04:11qui gît
01:04:11dans une des chambres
01:04:12de la maison
01:04:13au pied d'un lit
01:04:14alors la victime
01:04:16est-elle
01:04:17la propriétaire des lieux
01:04:18comment cette femme
01:04:20s'est-elle retrouvée
01:04:21prise au piège
01:04:22par les flammes
01:04:23non loin de Louvier
01:04:31le corps d'une femme
01:04:33vient d'être découvert
01:04:34dans les décombres
01:04:35d'une maison
01:04:35ravagée par les flammes
01:04:37au même moment
01:04:38à quelques kilomètres
01:04:40de là
01:04:40un homme
01:04:41à gare
01:04:42pousse les portes
01:04:43de la gendarmerie
01:04:44de la petite bourgade
01:04:45il a une déclaration
01:04:47effroyable
01:04:48à faire
01:04:49la première chose
01:04:53qu'il vient dire
01:04:54quand il vient sonner
01:04:55à la gendarmerie
01:04:56c'est
01:04:57je viens de tuer ma femme
01:04:58je viens de mettre
01:04:59le feu à la maison
01:05:00un homme
01:05:03qui se constitue
01:05:04prisonnier
01:05:05et qui affirme
01:05:06avoir tué sa femme
01:05:07quelques heures plus tôt
01:05:08de mémoire de gendarme
01:05:10on n'avait jamais vu ça
01:05:12à Louvier
01:05:13les gendarmes
01:05:14sont extrêmement surpris
01:05:16de le voir
01:05:17débarquer ce jour-là
01:05:19et dire
01:05:19voilà
01:05:20j'ai tué ma femme
01:05:21et je viens me livrer
01:05:22à la gendarmerie
01:05:23ils ne savent pas
01:05:24ce qui vient de se passer
01:05:25et c'est lui
01:05:25qui explique
01:05:26devant des gendarmes
01:05:28médusés
01:05:28et s'ils sont stupéfaits
01:05:31c'est précisément
01:05:32parce que cet homme
01:05:33est loin d'être
01:05:34un inconnu
01:05:34nous le nommerons
01:05:36Pierre Guillaume
01:05:37c'est une figure
01:05:39incontournable
01:05:40de Louvier
01:05:41tout le monde connaît
01:05:44Pierre Guillaume
01:05:46en ville
01:05:47c'est le moniteur
01:05:49d'auto-école
01:05:49alors
01:05:50voilà
01:05:51tout le monde le connaît
01:05:52tout le monde sait qui c'est
01:05:53il est apprécié
01:05:53de ses salariés
01:05:54il est apprécié
01:05:55de ses élèves
01:05:56il est apprécié
01:05:57par les examinateurs
01:05:58c'est un homme sérieux
01:05:59qui aime son travail
01:06:01et qui n'a pas
01:06:03de côté agressif
01:06:06vis-à-vis des gens
01:06:08Pierre Guillaume
01:06:10est alors immédiatement
01:06:11conduit sur les lieux du crime
01:06:13les gendarmes
01:06:14découvrent avec effroi
01:06:16qu'ils disaient vrai
01:06:17la maison brûlée
01:06:18est bien la sienne
01:06:20et c'est clair
01:06:21sa femme
01:06:22qui gît sur le sol
01:06:23et visiblement
01:06:25il lui a fait endurer
01:06:26un véritable calvaire
01:06:28elle porte
01:06:30sur les mains
01:06:31des traces
01:06:33qui signent
01:06:34une position de défense
01:06:36c'est à dire
01:06:37qu'à un moment donné
01:06:37et l'expert médico-légal
01:06:39est très formel
01:06:41par rapport à cela
01:06:42elle a fait face
01:06:43à son agresseur
01:06:45elle s'est défendue
01:06:48à tel point
01:06:49qu'elle en a subi
01:06:50des lésions
01:06:50sur les mains
01:06:51il y a deux doigts
01:06:52qui sont quasiment
01:06:53intégralement sectionnés
01:06:55c'est dire la violence
01:06:56la violence des coups
01:06:57qui ont été portés
01:06:58au total
01:06:59Claire présente
01:07:00une vingtaine
01:07:01de plaies béantes
01:07:02des blessures
01:07:03provoquées par un objet
01:07:04tranchant
01:07:05et contondant
01:07:06les enquêteurs
01:07:07ne tardent d'ailleurs pas
01:07:09à retrouver
01:07:09à proximité du corps
01:07:11une tête de hache
01:07:13et comble de l'horreur
01:07:14les débris calcinés
01:07:16d'une arme
01:07:16qui ressemble en tout point
01:07:18à une arbalète
01:07:20la première réaction
01:07:23est une réaction
01:07:24d'incrédulité
01:07:26ensuite bien sûr
01:07:28une réaction
01:07:28d'horreur
01:07:30devant la nature
01:07:31des faits rapportés
01:07:32un crime de cette sauvagerie
01:07:34c'est quelque chose
01:07:36de tout à fait
01:07:36inconnu
01:07:37dans l'histoire locale
01:07:39placé en garde à vue
01:07:41après ses aveux morbides
01:07:43Pierre Guillaume
01:07:44va devoir expliquer son geste
01:07:46pourquoi
01:07:47s'en est-il pris
01:07:48aussi violemment
01:07:49à sa femme
01:07:50que s'est-il réellement passé
01:07:52dans cette maison
01:07:53d'ordinaire si tranquille
01:07:55la nuit
01:07:56du 19 mai
01:07:572009
01:07:58dans les locaux
01:08:07de la gendarmerie
01:08:07de Louvier
01:08:08Pierre Guillaume
01:08:09raconte
01:08:10par le menu
01:08:11le drame
01:08:12qui vient de se jouer
01:08:13dans sa maison familiale
01:08:15la veille de son terrible
01:08:17passage à l'acte
01:08:18sa femme
01:08:19Claire
01:08:20s'était rendue
01:08:21comme à son habitude
01:08:22à son cours de chant
01:08:23en vue de préparer
01:08:24un grand concert
01:08:26toute la chorale
01:08:28se retrouve au grand forum
01:08:29pour la répétition générale
01:08:31et donc Claire
01:08:32est là
01:08:33avec nous
01:08:34participe
01:08:35à cette répétition
01:08:36ça se passe
01:08:37dans la joie
01:08:37dans la bonne humeur
01:08:38on rigole
01:08:39on chante
01:08:40personne ne soupçonne
01:08:42que quelque chose
01:08:43de dramatique
01:08:44se prépare
01:08:44une fois les répétitions
01:08:46terminées
01:08:47Claire rentre
01:08:48chez elle
01:08:49et retrouve son mari
01:08:51et ses enfants
01:08:52âgés de 3 et 5 ans
01:08:53plus tard
01:08:55dans la soirée
01:08:56elle se couche
01:08:57tranquillement
01:08:58sans imaginer
01:08:59une seule seconde
01:09:00qu'elle vit
01:09:01ces derniers instants
01:09:02vers 4h du matin
01:09:05Pierre Guillaume
01:09:06qui dort auprès
01:09:07de sa compagne
01:09:07se lève
01:09:09et met à exécution
01:09:10son plan
01:09:11machiavélique
01:09:13il sort
01:09:14de la chambre
01:09:16du couple
01:09:16il se rend
01:09:17au sous-sol
01:09:18de la maison
01:09:19se saisit
01:09:21de l'arbalète
01:09:22pendant de longues minutes
01:09:25l'homme
01:09:25déterminé
01:09:26attend patiemment
01:09:28le bon moment
01:09:28pour charger son arme
01:09:30et appuyer
01:09:32sur la détente
01:09:33il tire
01:09:34un carreau
01:09:36d'arbalète
01:09:37probablement
01:09:38donc dans le
01:09:39apparemment
01:09:39dans le cou
01:09:40de sa femme
01:09:42première chose
01:09:43assez incroyable
01:09:43ça ne la tue pas
01:09:45il va simplement
01:09:45blesser légèrement
01:09:48Claire
01:09:49qui va se réveiller
01:09:51sous le coup
01:09:53évidemment
01:09:53d'une douleur
01:09:54importante
01:09:56subitement
01:09:58sorti
01:09:58de son sommeil
01:09:59Claire
01:10:00ne réalise pas
01:10:01que son propre mari
01:10:02vient de tenter
01:10:03de l'assassiner
01:10:04sonner
01:10:05c'est tout naturellement
01:10:07qu'elle l'appelle
01:10:08la LED
01:10:08il va dans le réfrigérateur
01:10:12pour prendre des glaçons
01:10:13pour les mettre
01:10:14sur sa tête
01:10:15pour qu'elle ne souffre pas
01:10:16et en même temps
01:10:17qu'il va chercher
01:10:18ses glaçons
01:10:18pour lui appliquer
01:10:19sur la tête
01:10:20il va chercher une hache
01:10:21et il assène
01:10:22à ce moment là
01:10:23une vingtaine
01:10:23de coups de hache
01:10:24à sa femme
01:10:25torse
01:10:26dos
01:10:27tête
01:10:28aux enquêteurs
01:10:30Pierre Guillaume raconte
01:10:31que durant de longues minutes
01:10:33il s'acharne
01:10:34sur sa femme
01:10:34il ne s'arrêtera
01:10:36selon ses propres mots
01:10:38que lorsqu'elle cessera
01:10:39de bouger
01:10:40Claire est victime
01:10:42d'un coup
01:10:44de la lame
01:10:45de la hache
01:10:46qui va
01:10:46fracturer
01:10:49sa voûte crânienne
01:10:50et qui va
01:10:51emporter la mort
01:10:52presque instantanément
01:10:54mais avant
01:10:55que ce coup
01:10:56soit porté
01:10:56elle est face
01:10:58à son agresseur
01:10:59et incontestablement
01:11:00elle comprend
01:11:01ce qui est en train
01:11:01de se passer
01:11:02l'espace de quelques secondes
01:11:05elle sait
01:11:05que son mari
01:11:06est en train
01:11:07de lui donner la mort
01:11:08une fois sa macabre
01:11:11entreprise terminée
01:11:12Pierre Guillaume
01:11:13prend une douche
01:11:14car l'homme
01:11:15ne veut pas effrayer
01:11:16ses enfants
01:11:16qui dorment
01:11:17paisiblement
01:11:18à l'étage
01:11:19et auquel il réserve
01:11:21le même sort
01:11:22il monte à l'étage
01:11:25il écoute
01:11:26les enfants dormir
01:11:27et puis finalement
01:11:28il ne passe pas à l'acte
01:11:29devant le constat
01:11:31des souffrances
01:11:31infliger
01:11:32à Claire
01:11:33il va faire le choix
01:11:34d'arrêter son projet
01:11:36mortifère
01:11:37et
01:11:38ensuite
01:11:40de mettre en place
01:11:41un scénario
01:11:42tout à fait différent
01:11:43conscient de l'atrocité
01:11:45de son crime
01:11:46Pierre Guillaume
01:11:47choisira finalement
01:11:48d'épargner
01:11:50ses enfants
01:11:51il redescend
01:11:52il va mettre
01:11:54un peu d'ordre
01:11:55de façon à ce que
01:11:56les enfants ne se rendent
01:11:57compte de rien
01:11:57il va aller réveiller
01:11:59les enfants
01:11:59il va leur préparer
01:12:01leur petit déjeuner
01:12:01il les emmène à l'école
01:12:03il va lui-même
01:12:05passer à son travail
01:12:07à son auto-école
01:12:08dire qu'il ne viendra pas
01:12:09travailler ce jour-là
01:12:10parce qu'il a
01:12:11un peu mal à la tête
01:12:13et ensuite
01:12:14il revient
01:12:15chez lui
01:12:16pour une mise en scène
01:12:18assez macabre
01:12:20de retour chez lui
01:12:23Pierre Guillaume
01:12:24enveloppe le corps
01:12:25de sa femme
01:12:25avec une couverture
01:12:27la suite de son récit
01:12:29glace le sang
01:12:31et là il va commencer
01:12:34un travail
01:12:35qui va consister
01:12:35à faire disparaître
01:12:37toutes les traces
01:12:38de l'assassinat
01:12:40et puis il va surtout
01:12:42asperger
01:12:43toute la maison
01:12:44de combustible
01:12:46on découvrira ensuite
01:12:47que c'était du fuel
01:12:48il va également
01:12:50recouvrir le corps
01:12:51de Claire
01:12:52avec un certain nombre
01:12:53de documents
01:12:53qui proviennent
01:12:55de son auto-école
01:12:55et il va ensuite
01:12:58mettre le feu
01:12:59à la maison
01:13:00alors que sa maison brûle
01:13:03avec à l'intérieur
01:13:04le corps de son épouse
01:13:06Pierre Guillaume
01:13:07prend son véhicule
01:13:08fait le tour
01:13:09du pâté de maison
01:13:10et s'installe dans un champ
01:13:12pour assister
01:13:14à ce spectacle
01:13:15des plus morbides
01:13:16il regarde
01:13:18sa maison en flammes
01:13:21il voit les pompiers
01:13:21arriver
01:13:22il voit les pompiers
01:13:23éteindre son incendie
01:13:25encore une fois
01:13:25c'est pas le scénario
01:13:26qu'il avait imaginé
01:13:27et constatant
01:13:28que les pompiers
01:13:29arrivent
01:13:29il en déduit
01:13:31évidemment logiquement
01:13:32que l'incendie
01:13:33va s'arrêter
01:13:34que tout ne disparaîtra
01:13:35pas dans les flammes
01:13:36et que donc
01:13:37on va retrouver
01:13:38évidemment les traces
01:13:39de ce qui s'est passé
01:13:40au premier chef
01:13:41le corps
01:13:41de Claire
01:13:42et motif pris
01:13:44de tout cela
01:13:45il va se rendre
01:13:46à la gendarmerie
01:13:47les enquêteurs
01:13:49savent désormais
01:13:50ce qui s'est passé
01:13:51dans la nuit
01:13:52du 19 mai 2009
01:13:53reste à savoir
01:13:55pourquoi ce père
01:13:56de famille
01:13:56de 39 ans
01:13:58s'est rendu coupable
01:13:59d'un crime
01:14:00d'une telle barbarie
01:14:01un crime
01:14:02que rien
01:14:03ni personne
01:14:04n'a vu venir
01:14:05alors
01:14:05quel est le terrible secret
01:14:07que cache cet homme
01:14:09en apparence
01:14:10sans histoire
01:14:12à Louvier
01:14:19quelques heures
01:14:20ont suffi
01:14:21pour que la nouvelle
01:14:22de la mort de Claire
01:14:23se répande
01:14:24dans cette petite ville
01:14:26de 19 000 habitants
01:14:27la barbarie
01:14:29de son meurtre
01:14:29provoque
01:14:30une véritable
01:14:31honte de choc
01:14:32on se demande
01:14:35si on est
01:14:36dans un autre monde
01:14:37quoi
01:14:37est-ce que l'on est
01:14:39parachuté
01:14:40dans un autre monde
01:14:40ou quoi
01:14:41on ne comprend pas
01:14:42c'est pas possible
01:14:43de voir un couple
01:14:45comme ça
01:14:45et en arriver de là
01:14:46quoi
01:14:46qu'est-ce que
01:14:48c'est hallucinant
01:14:51quoi
01:14:51et pour cause
01:14:53commerçants
01:14:54voisins
01:14:55habitants de Louvier
01:14:56et des environs
01:14:57tous
01:14:57ont entendu parler
01:14:59de l'instructeur
01:15:00d'auto-école
01:15:00et de sa femme
01:15:01un couple
01:15:02un couple
01:15:03exemplaire
01:15:04il s'était installé
01:15:05dans la petite commune
01:15:06en décembre 2002
01:15:07et jouissait
01:15:09d'une excellente
01:15:10réputation
01:15:11c'est un couple
01:15:13qui fonctionne bien
01:15:14c'est une famille
01:15:15qui fonctionne bien
01:15:16c'est un homme
01:15:17qui est doux
01:15:18agréable
01:15:19c'est un garçon gentil
01:15:20il a fait tout bien
01:15:22il travaille
01:15:23il est travailleur
01:15:24c'est pas quelqu'un
01:15:27qui s'est battu
01:15:27en permanence
01:15:28avec les uns
01:15:29et les autres
01:15:29il a pas de quasi judiciaire
01:15:31il a les soucis
01:15:32de monsieur tout le monde
01:15:32il a la vie
01:15:33de monsieur tout le monde
01:15:34il a la famille
01:15:35de monsieur tout le monde
01:15:36il vit dans la ville
01:15:37de monsieur tout le monde
01:15:38et cet homme
01:15:39est en réalité
01:15:40le premier amour
01:15:41de Claire
01:15:42la jeune femme
01:15:43n'a que 14 ans
01:15:44lorsqu'elle rencontre
01:15:45celui
01:15:46qui deviendra
01:15:47son compagnon
01:15:48après 8 années
01:15:49de vie commune
01:15:50le couple voit arriver
01:15:51son premier
01:15:52puis un second enfant
01:15:53mère épanouie
01:15:55Claire l'est tout autant
01:15:57dans sa vie professionnelle
01:15:58Claire est une institutrice
01:16:03dans une école de Louvier
01:16:06très connue
01:16:08très appréciée
01:16:09par son rôle
01:16:09donc on se promène en ville
01:16:12on croise Claire
01:16:12facilement
01:16:14en dehors de la chorale
01:16:15ou du travail
01:16:16face à cette vie
01:16:19en apparence
01:16:20sans faille
01:16:20les enquêteurs
01:16:21sont démunis
01:16:22alors en garde à vue
01:16:24pour expliquer
01:16:25son terrible geste
01:16:26Pierre Guillaume invoque
01:16:27une descente aux enfers
01:16:29il raconte
01:16:30que depuis plusieurs semaines
01:16:32son auto-école
01:16:33à laquelle il tenait
01:16:34rencontrait
01:16:35de sérieuses difficultés
01:16:37l'homme
01:16:38parle même
01:16:39d'une dette
01:16:39de près de 20 000 euros
01:16:41il a tenté
01:16:46de fournir
01:16:46des explications
01:16:47rationnelles
01:16:48à son geste
01:16:49il a dit
01:16:49voilà
01:16:49mon auto-école
01:16:50était en train
01:16:51de mal fonctionner
01:16:52donc Claire
01:16:53allait me quitter
01:16:54c'était la catastrophe
01:16:55il fallait que je la tue
01:16:56problème
01:16:57après avoir mené
01:16:58de longues investigations
01:17:00les enquêteurs
01:17:01vont s'apercevoir
01:17:02que la santé financière
01:17:03de l'entreprise
01:17:04de Pierre Guillaume
01:17:05n'était pas si alarmante
01:17:07qu'il le prétendait
01:17:08on va découvrir
01:17:12en réalité
01:17:12que oui
01:17:13il y avait
01:17:13quelques difficultés financières
01:17:14que bien entendu
01:17:15il y avait
01:17:15de la négligence
01:17:16dans la manière
01:17:17avec laquelle
01:17:17il gérait ses affaires
01:17:19mais certainement
01:17:20pas au point
01:17:20ni d'envisager
01:17:22une faillite
01:17:22ni de licencier
01:17:23son personnel
01:17:24ni de mettre
01:17:25un terme
01:17:26à son activité
01:17:27il faisait en sorte
01:17:28finalement
01:17:28de se mettre
01:17:29dans une situation
01:17:30de danger économique
01:17:34donc il était en train
01:17:35de planter
01:17:36son auto-école
01:17:37mais alors
01:17:38pourquoi Pierre Guillaume
01:17:40aurait-il organisé
01:17:41sa propre faillite
01:17:42et à qui
01:17:43aurait-elle profité
01:17:44des questions
01:17:46auxquelles
01:17:46les enquêteurs
01:17:47vont tenter
01:17:47de répondre
01:17:48en multipliant
01:17:49les auditions
01:17:50en vain
01:17:51on a
01:17:56une absence
01:17:57complète
01:17:57de mobile
01:17:58on a cherché
01:17:59partout
01:18:00on est allé chercher
01:18:01chez ses clients
01:18:02savoir s'il n'y avait
01:18:03pas une liaison
01:18:04si sa femme
01:18:04n'avait pas une liaison
01:18:05s'il n'y avait pas
01:18:06des problèmes particuliers
01:18:07qui pourraient justifier
01:18:08rien
01:18:09et on trouve rien
01:18:10et même les enquêteurs
01:18:11qui restent
01:18:11avec un gros point
01:18:12d'interrogation
01:18:13disent sincèrement
01:18:14on n'a rien
01:18:14il n'a pas de raison
01:18:16raisonnable
01:18:18raison rationnelle
01:18:19ou même raison folle
01:18:21de tuer son épouse
01:18:23et ses enfants
01:18:23très souvent
01:18:24dans les meurtres conjugaux
01:18:26on a la jalousie
01:18:27on a le sentiment
01:18:28d'infériorité
01:18:29le sentiment
01:18:29d'être dominé
01:18:30contre lequel
01:18:30on se révolte
01:18:31ou on a
01:18:33des troubles
01:18:35dans le genre
01:18:36alcoolisme
01:18:37violence habituelle
01:18:38etc
01:18:38là pas du tout
01:18:39adultère
01:18:41problème financier
01:18:42routine
01:18:43les enquêteurs
01:18:44ont exploré
01:18:45toutes les pistes
01:18:46mais personne
01:18:47pas même
01:18:48Pierre Guillaume
01:18:49ne semble être capable
01:18:50de trouver
01:18:51la moindre explication
01:18:52au terrible meurtre
01:18:53de Claire
01:18:54reste
01:18:55une ultime piste
01:18:57le passé
01:18:58de Pierre Guillaume
01:18:59les gendarmes
01:19:01y trouveront-ils
01:19:01enfin
01:19:02les éléments
01:19:03de réponse
01:19:03qu'ils cherchent
01:19:05depuis si longtemps
01:19:06à Louvier
01:19:14les enquêteurs
01:19:15sont dans l'impasse
01:19:16aucun élément
01:19:18ne permet
01:19:19d'expliquer
01:19:19le mobile
01:19:20de Pierre Guillaume
01:19:21pourtant
01:19:22pendant sa détention
01:19:23provisoire
01:19:24l'homme
01:19:25va parler
01:19:25et va tenir
01:19:26des propos
01:19:27plus qu'inquiétants
01:19:29petit à petit
01:19:31l'enquête
01:19:32va révéler
01:19:33les scénarii
01:19:37les plus divers
01:19:38et quelque chose
01:19:40encore une fois
01:19:41qui se joue
01:19:42dans la tête
01:19:43de Pierre Guillaume
01:19:44depuis des années
01:19:45et qui va
01:19:46se révéler
01:19:48ce jour-là
01:19:49avec ce passage
01:19:50à l'acte
01:19:50extrêmement violent
01:19:52la seule explication
01:19:54elle est
01:19:54à l'intérieur
01:19:55de sa boîte crânienne
01:19:56à mon sens
01:19:57elle est d'ordre psychiatrique
01:19:58Pierre Guillaume
01:20:00évoque des pensées
01:20:02morbides
01:20:02et suicidaires
01:20:04qui le hantent
01:20:05depuis son plus jeune âge
01:20:06auparavant
01:20:07il n'en avait
01:20:08jamais parlé
01:20:10ça a commencé
01:20:11chez lui
01:20:11à 17-18 ans
01:20:13il a continué
01:20:14à vivre avec ça
01:20:15sans jamais résoudre
01:20:16ce malaise
01:20:17donc les autres
01:20:18le trouvent bien
01:20:19le trouvent gentil
01:20:20le trouvent amoureux
01:20:21c'est un bon père
01:20:22de famille
01:20:23et lui
01:20:24à l'intérieur de lui
01:20:25il se dit
01:20:25je ne suis pas du tout
01:20:26comme ça
01:20:26en fait
01:20:27je suis quelque chose
01:20:29d'un peu monstrueux
01:20:30j'ai envie de tuer
01:20:31tout le monde
01:20:32j'ai envie de me suicider
01:20:33donc il vit
01:20:35comme une dépression
01:20:36interne
01:20:37et cette dépression
01:20:38ne sort pas
01:20:40à l'extérieur
01:20:41donc on ne la voit pas
01:20:43une grave
01:20:44et profonde dépression
01:20:46qui va mener
01:20:47Pierre Guillaume
01:20:48à construire
01:20:48au fil des années
01:20:50une double personnalité
01:20:51que personne
01:20:52n'avait jamais décelée
01:20:54il a toujours vécu
01:20:56en permanence
01:20:57sur deux plans différents
01:20:58le plan concret
01:21:01relationnel
01:21:02amical
01:21:02amoureux
01:21:03où tout se passe bien
01:21:05et puis
01:21:06c'est comme si
01:21:07à l'intérieur de lui
01:21:08il y a une autre personne
01:21:10en lui
01:21:10il y a cette espèce
01:21:11de monstre
01:21:12qui s'est développé
01:21:14qui a pris la force
01:21:16de l'ampleur
01:21:17qui l'a obsédé
01:21:18qui l'a envahi
01:21:19et puis le monstre
01:21:20a fini par l'emporter
01:21:21sur la personne
01:21:24que tout le monde
01:21:24connaissait
01:21:25selon lui
01:21:26ce double
01:21:28serait donc
01:21:28une espèce
01:21:29de démon
01:21:30dont il ne parviendrait
01:21:31pas à se débarrasser
01:21:32pire
01:21:33ce personnage diabolique
01:21:35aurait même pris
01:21:36le contrôle
01:21:36de sa vie
01:21:37au point de le pousser
01:21:39à assassiner
01:21:40sa femme
01:21:40ça va être une partie
01:21:42de sa ligne de défense
01:21:43d'expliquer
01:21:45que en réalité
01:21:45c'est pas lui
01:21:47qui a commis
01:21:48les faits
01:21:49c'est pas lui
01:21:49qui décide
01:21:50de mettre le feu
01:21:50c'est pas lui
01:21:51qui utilise
01:21:51l'arbalète
01:21:52c'est quelqu'un d'autre
01:21:53qui est lui
01:21:55mais qui n'est pas lui
01:21:56et que lui
01:21:56le vrai
01:21:57le vrai
01:21:58Pierre Guillaume
01:21:59ne fait qu'être
01:22:00le spectateur
01:22:01de ce que commet
01:22:03de ce que commet
01:22:03cet autre lui-même
01:22:05qui est là
01:22:05ce qu'on peut se demander
01:22:06et ce que je me demande
01:22:08c'est comment
01:22:09personne n'a vu ça
01:22:10ce serait donc
01:22:12le gentil
01:22:13Pierre Guillaume
01:22:14qui aurait agi
01:22:16sous les ordres
01:22:17du Pierre Guillaume
01:22:18maléfique
01:22:19il va aller acheter
01:22:21cette arbalète
01:22:22il va faire des essais
01:22:23avec l'arbalète
01:22:24sur un casque
01:22:25de ski
01:22:25pour voir si en effet
01:22:27ça pénètre bien
01:22:28le casque
01:22:29donne potentiellement
01:22:30la boîte crânienne
01:22:31pour éviter de faire peur
01:22:32on va retrouver
01:22:33une boîte
01:22:37de chocolat en poudre
01:22:39transpercée
01:22:42par des carreaux
01:22:43d'arbalète
01:22:43parce qu'il s'est entraîné
01:22:45à utiliser
01:22:46cette arme
01:22:48pour les enquêteurs
01:22:49Pierre Guillaume
01:22:50ment
01:22:51il a tout simplement
01:22:52prémédité le meurtre
01:22:54de sa femme
01:22:55une préméditation
01:22:56incompatible
01:22:57avec l'acte d'un homme
01:22:59qui se dit atteint
01:23:00d'une maladie mentale
01:23:02ce luxe de détails
01:23:06cet entraînement
01:23:08qui est le sien
01:23:08pour être sûr
01:23:09en réalité
01:23:10d'arriver
01:23:11à ses fins
01:23:12colle très très mal
01:23:14avec une bouffée délirante
01:23:16ou avec un passage à l'acte
01:23:18sous l'emprise
01:23:18d'un trouble
01:23:19neuropsychique
01:23:20alors
01:23:22Pierre Guillaume
01:23:23a-t-il délibérément
01:23:24inventé un personnage
01:23:26diabolique
01:23:27dont il aurait été victime
01:23:28pour expliquer son geste
01:23:30était-il en pleine possession
01:23:32de ses moyens
01:23:33lors du meurtre
01:23:33de sa femme
01:23:34c'est ce que le procès
01:23:36à venir
01:23:36va devoir
01:23:38déterminer
01:23:393 ans après
01:23:48le terrible meurtre
01:23:49de Claire
01:23:50le procès
01:23:51de Pierre Guillaume
01:23:51s'ouvre
01:23:52à la cour d'assises
01:23:54d'Evreux
01:23:55tout le monde
01:23:56veut voir celui
01:23:57qui a tué sa femme
01:23:58à coups de hache
01:23:59et d'arbalète
01:24:00la nuit du 19 mai
01:24:012009
01:24:03s'il y a un mot
01:24:08c'est l'incompréhension
01:24:09personne ne comprend
01:24:11pourquoi
01:24:12ce monsieur
01:24:14qui est venu
01:24:15manger le dimanche
01:24:16en famille
01:24:17qui avait une vie normale
01:24:19qui était plutôt
01:24:22quelqu'un de sympathique
01:24:23pourquoi
01:24:25pourquoi ça s'est
01:24:26pourquoi ça s'est passé
01:24:27comme ça
01:24:27dans le box des accusés
01:24:29c'est un Pierre Guillaume
01:24:30abruti
01:24:31par son traitement médical
01:24:32qui se présente
01:24:34car depuis son terrible crime
01:24:36il a déjà séjourné
01:24:38à 3 reprises
01:24:39en hôpital psychiatrique
01:24:41les rares mots
01:24:43qu'il prononce
01:24:44sonnent
01:24:45comme des aveux
01:24:46de culpabilité
01:24:47de ses premières phrases
01:24:50vont à sa famille
01:24:51aux parents
01:24:52de sa femme
01:24:53ses beaux parents
01:24:53je crois qu'il dit
01:24:54Claire
01:24:56pourra plus
01:24:57elle aura plus
01:24:58de moments heureux
01:24:59elle pourra plus profiter
01:25:00de moments heureux
01:25:02avec nous
01:25:02et je suis désolé
01:25:03je voulais pas ça
01:25:04il n'a aucun mot
01:25:06de haine
01:25:06à l'égard de son épouse
01:25:07il ne lui reproche rien
01:25:09c'est comme si
01:25:11elle était quelqu'un
01:25:12de parfaitement abstrait
01:25:13alors c'est très
01:25:14c'est très dur
01:25:15de dire ça
01:25:16pour les victimes
01:25:17pour la famille
01:25:18mais il a tué
01:25:20cette femme
01:25:20sans aucune raison
01:25:21de la tuer
01:25:22tout au long
01:25:24de son procès
01:25:25Pierre Guillaume
01:25:26ne cesse d'invoquer
01:25:27cette force démoniaque
01:25:28qui le hante
01:25:29depuis son adolescence
01:25:30mais dans la cour
01:25:33personne ne croit
01:25:34ni ne comprend
01:25:35sa double personnalité
01:25:37là il y a quelque chose
01:25:39une logique
01:25:40qui nous échappe
01:25:40me semble-t-il
01:25:41entièrement
01:25:41comment est-ce que
01:25:42l'on peut expliquer
01:25:43qu'une personne
01:25:44soit obsédée
01:25:45par la mort
01:25:46de la personne
01:25:46qu'il aime le plus
01:25:47qu'il y pense
01:25:49en permanence
01:25:50qu'il l'après-midi
01:25:51depuis des années
01:25:52qu'il finisse
01:25:53par passer à l'acte
01:25:54tout ça
01:25:54pour la protéger
01:25:55malgré les nombreux
01:25:58témoignages
01:25:59c'est le statu quo
01:26:00le président de la cour
01:26:01décide alors
01:26:02de s'en remettre
01:26:03aux seules personnes
01:26:04capables
01:26:05à ce stade
01:26:06de faire la lumière
01:26:07sur le mobile
01:26:08du crime
01:26:08les experts psychiatres
01:26:11le premier collège
01:26:13d'experts
01:26:14va dire
01:26:15qu'il y a
01:26:16un syndrome dissociatif
01:26:18va reprendre
01:26:19en réalité
01:26:19ce qu'explique
01:26:20Pierre Guillaume
01:26:21c'est-à-dire
01:26:22qu'il est spectateur
01:26:23de son propre comportement
01:26:24et pour les premiers experts
01:26:26ça signe
01:26:27une pathologie
01:26:29de type
01:26:29schizophrénique
01:26:30c'est-à-dire
01:26:32qu'on a affaire
01:26:32à un sujet
01:26:33qui n'est pas responsable
01:26:34de ses actes
01:26:35parce qu'il n'est pas
01:26:35l'acteur
01:26:36des actes
01:26:37qu'il commet
01:26:37le second collège
01:26:40affirme que
01:26:41le discernement
01:26:42de Pierre Guillaume
01:26:43n'était pas aboli
01:26:44au moment des faits
01:26:46c'est un troisième collège
01:26:47qui va trancher
01:26:48il conclut
01:26:49que l'homme
01:26:49était en pleine possession
01:26:51de ses moyens
01:26:51lorsqu'il a sauvagement
01:26:53abattu sa femme
01:26:54il est donc condamné
01:26:56à 14 ans
01:26:58de réclusion criminelle
01:27:00on a tous
01:27:03presque que des questions
01:27:05à l'issue
01:27:06de ce verdict
01:27:0714 ans
01:27:08de réclusion criminelle
01:27:09c'est effectivement
01:27:10un verdict
01:27:11en demi-tente
01:27:12on se dit
01:27:12sur quoi
01:27:13est-ce qu'ils se sont basés
01:27:15pour rendre ce jugement
01:27:17probablement
01:27:18sur la sauvagerie
01:27:19de l'acte
01:27:20malgré la relative
01:27:22clémence
01:27:22de sa peine
01:27:23Pierre Guillaume
01:27:24a décidé de faire appel
01:27:25il espère
01:27:27lors d'un second procès
01:27:28à venir
01:27:29que l'altération
01:27:30de son discernement
01:27:31soit reconnue
01:27:32et par là même
01:27:33son irresponsabilité
01:27:35pénale
01:27:36en attendant
01:27:40cette seconde épreuve
01:27:42la famille de Claire
01:27:43vit
01:27:44dans le souvenir
01:27:45de cette femme
01:27:45à qui tout souriait
01:27:47et tente
01:27:48malgré l'horreur
01:27:50de donner à ses enfants
01:27:51une vie paisible
01:27:53ils ont
01:27:55deux petits enfants
01:27:56qui sont là
01:27:58qui grandissent
01:27:59sans leur mère
01:27:59avec une mère
01:28:00qui a été massacrée
01:28:01massacrée par leur père
01:28:03avec un père
01:28:04qui est enfermé
01:28:06entre quatre murs
01:28:07et qui n'est pas raisonnable
01:28:09c'est quelque chose
01:28:13dont on ne peut pas se remettre
01:28:14mais on ne peut pas se remettre
01:28:16mais on ne peut pas se remettre
01:28:17mais on ne peut pas se remettre
01:28:18mais on ne peut pas se remettre
01:28:19et on ne peut pas se remettre
01:28:20et on ne peut pas se remettre
01:28:21et on ne peut pas se remettre
01:28:22et on ne peut pas se remettre
01:28:23et on ne peut pas se remettre
01:28:24et on ne peut pas se remettre
01:28:25et on ne peut pas se remettre

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