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00:00 *Musique*
00:07 Les informés du matin, bonjour à tous avec votre rendez-vous de décryptage de l'information sur la radio France Info et la télévision le canal 27 de la TNT avec vous Renaud Nelly.
00:18 Bonjour Renaud. - Bonjour Jean-Rémy.
00:19 Et autour de la table avec nous Corinne Leïc, journaliste à l'Opinion.
00:22 - Bonjour.
00:23 Merci beaucoup Corinne d'être avec nous et à vos côtés Emmanuel Kessler, éditorialiste.
00:27 - Bonjour.
00:27 Merci beaucoup. On va parler ce matin du débat qui s'est déroulé hier soir sur BFM TV, qui était le premier débat important entre Bardella, Jordan Bardella et Valérie Ayé.
00:40 - Effectivement, un duel télévisé hier, premier débat attendu. Jordan Bardella était le 2e de liste du Rassemblement National qui plane en tête des sondages, en tête des sondages d'intention de vote assez nettement.
00:51 Et qui était donc opposé à Valérie Ayé, la chef de file de la majorité, tête de liste Renaissance.
00:57 Une opposition de style, une opposition de fond aussi entre d'un côté le candidat d'extrême droite qui veut faire de ces élections européennes du 9 juin un test national.
01:06 Et puis de l'autre côté son adversaire de la majorité qui elle, essaie plutôt de mettre l'accent sur les dossiers européens.
01:13 Je vous propose d'écouter par ordre d'apparition justement Jordan Bardella puis Valérie Ayé.
01:19 - Vous représentez dans ces élections européennes le bilan d'Emmanuel Macron sur le plan français comme sur le plan européen.
01:25 En tout cas c'est comme ça que vont le percevoir les Français lorsqu'ils iront voter le 9 juin prochain.
01:28 - Être dans l'opposition ne vous empêche pas de déposer des amendements, de porter la voix de votre groupe à la table des négociations.
01:34 C'est ce qu'on fait normalement quand on est député européen.
01:36 Soit vous voulez changer les choses efficacement, et dans ce cas-là vous venez négocier, soit vous préférez parader sur les plateaux télé.
01:44 - Alors est-ce que cette élection va être effectivement un test national ? Et on voit que pour l'instant cette stratégie sert Jordan Bardella
01:50 qui est donc à plus de 30% d'intention de vote dans les sondages.
01:53 Pourquoi évite-t-il peu ou prou les sujets européens ?
01:56 Et est-ce qu'à l'inverse Valérie Ayé, inconnue du grand public jusqu'à il y a quelques semaines,
02:00 peut essayer de résister voire éventuellement de combler en partie l'écart, lequel d'ailleurs des deux candidats a été le plus convaincant hier soir ?
02:09 - Corinne Laïc, journaliste à l'Opinion, vous avez donc regardé ce débat.
02:12 Est-ce qu'on peut dire qu'il y a un gagnant ou un perdant ?
02:14 - Alors si je venais de la planète Mars et que je découvre ce débat entre deux personnes dont je ne connais pas le passé politique et la situation actuelle,
02:23 je dirais que Jordan Bardella s'en tire mieux, beaucoup mieux, parce qu'il est à l'aise dans l'expression orale, sa parole est fluide,
02:29 et que Valérie Ayé a eu plus de problèmes à s'exprimer, y compris sur les sujets qu'elle est censée bien maîtriser techniquement.
02:36 Mais comme je suis terrienne, que je vis en France... - Comme vous venez de la planète L'Opinion...
02:41 - ...et qu'à l'Opinion, nous surveillons de très près les élections européennes, je dirais qu'elle s'est pas trop mal sortie de ce débat.
02:47 Elle n'a pas été écrabouillée, comme l'avait été une certaine Marine Le Pen le 3 mai 2017 par Emmanuel Macron.
02:55 Et donc elle a réussi à imposer quand même ses sujets. Elle a sorti quelques punchlines dont on voyait visiblement qu'elles avaient été bien préparées.
03:06 Donc elle a des progrès à faire en matière de théâtralité. Mais je trouve qu'elle n'a pas été écrabouillée.
03:12 - Emmanuel Kessler ? - Moi, je partage assez aussi cette... J'ai bien regardé le débat.
03:17 Et c'est vrai que le début a été assez poussif pour Valérie Ayé. On sentait effectivement une préparation qui faisait qu'elle avait des...
03:25 - Des éléments de langage à passer. - Des éléments de langage à passer, etc. Et puis plus le débat avançait, plus on la sentit à l'aise.
03:32 Et au fond, par rapport à l'enjeu qui était celui de ce débat, qui n'était pas de modifier l'équilibre global des rapports de force,
03:43 mais pour Valérie Ayé d'exister, de s'imposer et surtout d'aller essayer de repêcher – parce que je crois que c'est ça l'objectif pour elle –
03:52 une partie de l'électorat macroniste de centre-gauche qui part chez Raphaël Glucksmann, je pense qu'elle a réussi l'exercice.
04:00 Et en ça, elle a, à mon avis, plutôt remporté le débat, même si, évidemment, Bardella est beaucoup plus à l'aise dans l'exercice,
04:10 avec quand même au fur et à mesure du débat une forme d'agacement, une forme de tension de la part de Bardella,
04:18 qui, alors que Valérie Ayé était plus à l'aise et plus sereine, ce qui, je pense, fait qu'elle a quand même marqué des points,
04:24 parce qu'au fond, personne ne la connaissait, elle avait rien à perdre, donc elle a gagné du terrain.
04:28 – Voilà, merci pour ce premier décryptage, Emmanuel Kessler, Corinne Laïc.
04:31 On se retrouve dans un instant avec Renaud Delis, juste après le Fil info de 9h10 avec Claire Chicaglini.
04:37 [Générique]
04:39 – Marc Fesneau ne pense pas que ça coince, commentaire ce matin sur France Info du ministre de l'Agriculture
04:44 au sujet de la fin de la crise agricole, une fin qui devait être actée hier par la réunion à l'Elysée des syndicats des agriculteurs.
04:53 Nouvelle journée de mobilisation sur les campus en France par des étudiants pro-palestiniens.
04:58 À Lille, d'ores et déjà l'ESJ, l'école de journalisme est bloquée ce matin,
05:02 des CRS sont déployées sur place, à Sciences Po Paris, les principaux locaux resteront fermés.
05:08 Dernier jour pour s'inscrire sur les listes électorales et participer au scrutin européen du 9 juin.
05:14 Les retardataires devront se rendre en mairie, il n'est plus possible d'effectuer la démarche en ligne.
05:19 Aucun club français dans le dernier carré de la Ligue des champions de handball.
05:23 Les parisiens se sont inclinés de justesse face au FC Barcelone 31 à 32.
05:28 Défaite également de Montpellier sur le parquet de Kiel 30-31 à 21.
05:34 [Musique]
05:37 – France Info
05:38 [Musique]
05:40 – Les informés, Renaud Delis, Jean-Rémi Baudot.
05:43 [Musique]
05:45 – Retour sur le plateau des informés, les 9h sur France Info
05:48 avec Emmanuel Kessler, Corinne Laïc et Renaud Delis.
05:51 Renaud, je me tourne vers vous, on a eu un premier décryptage avec nos informés
05:54 sur la tonalité, un petit peu les rapports de force.
05:57 La question qui se pose c'est, hier soir il y avait donc ce débat Bardella-Eyer,
06:01 à qui les uns, ces deux-là, s'adressaient en réalité ?
06:05 – Je pense que c'est à chaque fois, c'est l'enjeu principal,
06:06 on peut avoir tendance d'ailleurs à l'oublier, de s'éjouter de téléviser.
06:10 Parce qu'évidemment, chacun des candidats convainc,
06:14 l'est déjà convaincu de son camp, si j'ai l'ose dire.
06:16 Donc Jordan Bardella, évidemment, il a convaincu ceux qui sont déjà décidés
06:19 à voter pour lui, il est soutenu avec ferveur par le Rassemblement National
06:24 et au-delà, et rappelons qu'il est nettement en tête dans les intentions de vote.
06:27 La majorité, évidemment, elle fait corps derrière sa candidate Valérie Eyer.
06:32 Donc s'il faut essayer de voir, et ce qu'on oublie parfois
06:33 quand on regarde un duel télévisé, c'est à quelle frange de l'électorat
06:37 chacun des deux candidats s'adresse.
06:39 Jordan Bardella, derrière ces qualités oratoires de communicant
06:43 qui ont été évoquées, je pense que c'est évidemment le problème auquel il se heurtait.
06:48 D'abord parce que donc il est nettement en tête dans les sondages,
06:50 donc il a forcément plus à perdre.
06:52 C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il n'a pas manifesté
06:54 beaucoup d'enthousiasme jusque là pour participer au débat télévisé
06:57 ou pour répondre aux questions, y compris parfois aux questions des journalistes.
07:00 Et donc hier, ce n'était pas très clair.
07:02 C'est-à-dire qu'il s'adressait effectivement à son, à sa base
07:06 pour mobiliser, bien sûr, ses électeurs.
07:08 Mais me semble-t-il, c'était un discours extrêmement classique du RN
07:12 qui d'ailleurs réveillait et ressuscitait un certain nombre de fondamentaux
07:15 vraiment authentiquement lupénistes.
07:17 On sait d'ailleurs, par parenthèse, pour l'Histoire,
07:19 que Jordan Bardella a adhéré au Front National à l'époque,
07:22 non pas pour Marine Le Pen, mais pour Jean-Marie Le Pen.
07:24 Ça explique aussi d'ailleurs que parmi les éléments de langage
07:26 sortis par Valérie Reillet, elle a essayé de le piéger
07:28 sur l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen parce que c'est en fait
07:31 la véritable idole historique de l'engagement de Jordan Bardella.
07:33 - Et d'ailleurs, pour une fois, il n'a pas dit, il n'a pas démenti...
07:36 - Il n'a pas dit que Jean-Marie Le Pen était antisémite.
07:38 Il a dit que les propos qu'il avait tenus au moment du point de détail
07:41 pour les chambres à gaz étaient des propos éminemment antisémites.
07:44 Il n'a pas qualifié l'identité politique de Jean-Marie Le Pen lui-même.
07:49 Et donc Valérie Reillet, elle, à qui s'adressait-elle ?
07:51 Évidemment qu'elle ne s'adressait pas aux électeurs, me semble-t-il,
07:54 du RN, contrairement à ce qu'elle disait d'emblée,
07:56 d'ailleurs en disant qu'elle était là pour faire reculer le RN.
07:59 Elle cherchait, me semble-t-il, plutôt d'une part à mobiliser
08:03 le socle électoral de la majorité tenté par l'abstention
08:07 et probablement plus particulièrement les électeurs assez âgés, retraités, etc.
08:11 Ce qui explique, me semble-t-il, qu'elle en a fait effectivement beaucoup
08:14 sur le danger de l'extrême droite en ressuscitant le souvenir de Jean-Marie Le Pen
08:19 ou en évoquant aussi assez longuement les alliés du RN à Strasbourg,
08:23 à commencer par l'AFD, le parti d'extrême droite allemand,
08:26 et donc des alliés extrêmement encombrants, extrêmement gênants
08:29 quand on va passer au cribe de leur déclaration,
08:31 leur prise de position et le CV de leur dirigeant.
08:34 Et puis elle s'adressait aussi, effectivement,
08:36 je rejoins ce que disait Emmanuel Kessler,
08:38 je pense à une frange de l'électorat qui est tentée de lâcher la majorité
08:42 pour voter en faveur de Raphaël Glucksmann en particulier
08:44 parce que son souci, avant même Jordan Bardella,
08:47 je pense aujourd'hui à Valérie, c'est Raphaël Glucksmann qui la talonne.
08:50 Ce qui peut expliquer aussi qu'au début, sur les sujets,
08:53 par exemple sur la sécurité ou sur l'immigration,
08:56 Valérie a pris des positions assez centristes, voire de centre-gauche.
09:01 Elle n'a pas fait du Darmanin, pour résumer.
09:03 Elle n'a pas fait du Darmanin, mais je pense que c'était
09:04 parce qu'elle cherchait à s'adresser à l'électorat tenté par Raphaël Glucksmann.
09:08 - Corine, est-ce que Valérie, on l'a entendu un tout petit peu
09:10 dans le sonore qu'on a diffusé tout à l'heure en disant
09:12 "voilà, il faut que vous n'avez pas suffisamment travaillé à Bruxelles".
09:17 Renaud nous a dit qu'effectivement, elle était aussi allée chercher
09:20 les contradictions du Rassemblement national avec certains de ses alliés
09:26 à Bruxelles, notamment l'AFD allemande.
09:28 Est-ce qu'elle a réussi son objectif de "démasquer"
09:31 un petit peu l'ERN sur ses contradictions ?
09:34 - Je pense que, comme le disait Renaud, elle ne parle qu'aux convaincus.
09:39 Alors peut-être qu'elle a réussi à convaincre l'électorat de Macron,
09:43 un petit peu hésitant à aller voter, un petit peu déçu
09:46 parce qu'a fait le président, à se mobiliser.
09:48 Mais je trouve que ce qui n'est pas suffisamment apparu au cours du débat,
09:52 c'est quelle Europe veut Jean-Marie Le Pen ?
09:55 Parce que la meilleure manière...
09:57 - Vous voulez dire Jordan Bardel ?
09:58 - Jordan Bardel !
09:59 - Fraxus !
10:02 - Quelle Europe veut Jordan Bardel ?
10:04 Parce que le débat a été très technique,
10:07 et il est parti de tous les acquis actuels de l'Europe,
10:10 ce qu'a fait l'Europe en matière de pacte vert,
10:13 en matière de pacte asile-immigration.
10:15 Mais on ne sait pas ce que ferait Jordan Bardel
10:18 si son parti, ou les gens qui sont coalisés avec lui à Bruxelles,
10:22 avaient la majorité.
10:23 Qu'est-ce qu'il ferait de l'Europe ?
10:24 Parce qu'il veut une Europe des nations,
10:26 qui est assez incompatible avec la construction européenne
10:29 telle qu'elle est aujourd'hui.
10:31 Et je pense qu'une manière de mobiliser l'électorat macroniste
10:34 est de montrer que plus le Front National sera fort et puissant,
10:38 le Rassemblement National, vous voyez que j'en reste à Le Pen...
10:42 - Faut reconnaître que ça se ressemble.
10:44 - Et plus ça peut mobiliser,
10:47 c'est ce qu'essaye de faire Emmanuel Macron d'ailleurs,
10:49 il essaye de mobiliser l'électorat sur le thème de la peur.
10:52 Certains lui reprochent de trop dramatiser la situation,
10:56 mais quand il ne cesse de répéter que l'Europe risque l'effacement,
10:59 c'est ce genre d'argument que je trouve qu'elle n'a pas assez utilisé
11:03 et porté dans ce débat.
11:05 - C'est un débat très partiel,
11:07 c'est un face-à-face dans une élection où il y a une pluralité de listes.
11:11 Donc je crois que maintenant il faut attendre,
11:13 il y en aura un prochain débat dimanche d'ailleurs avec les têtes de listes.
11:17 Et donc bon, ce match ne donne qu'une photographie
11:20 vraiment partielle des enjeux et des rapports de force.
11:22 Le véritable enjeu maintenant, c'est de savoir si,
11:25 puisqu'on a vu les courbes se rapprocher entre Raphaël Glucksmann et Valérie Ayé,
11:30 si Valérie Ayé parvient à éviter qu'elles ne se croisent
11:35 et que Raphaël Glucksmann passe devant.
11:37 Et ça, on va le savoir petit à petit.
11:39 Je pense que ce débat n'a pas bougé le rapport de force global
11:43 et le fait que Jordan Bardella conforte son camp, vous l'avez dit.
11:48 Voilà, pour celui qui est déjà convaincu de voter Bardella,
11:51 il va continuer à voter Bardella après ce débat.
11:54 Au fond, c'était un peu une entrée en matière pour lui,
11:55 parce qu'il a refusé beaucoup de confrontations.
11:57 Maintenant, il va falloir qu'il s'y colle et qu'il se colle à des confrontations globales
12:00 qui sont d'ailleurs parfois difficilement lisibles,
12:02 parce que pour le coup, il y a trop de monde dans une élection européenne.
12:05 Mais le véritable enjeu aujourd'hui,
12:07 il est dans le rapport de force entre Valérie Ayé et Raphaël Glucksmann.
12:10 - Et après, on sait très bien qu'une élection, c'est toujours des dynamiques.
12:13 Et que pour l'instant, effectivement, la dynamique Glucksmann
12:14 est en train de grappiller l'électorat, une partie de l'électorat macroniste.
12:19 Je me tourne vers vous à nouveau, René Lédieu.
12:21 On va passer au deuxième débat avec ce projet de loi logement
12:24 qui va être présenté ce matin en Conseil des ministres.
12:28 La fin du logement social à vie. De quoi s'agit-il ?
12:30 - C'est effectivement l'intention du ministre délégué chargé du logement,
12:32 Guillaume Casbarian, qui porte ce texte présenté aujourd'hui, vous le disiez.
12:37 Un texte qui vise à remettre en cause ce qu'il appelle le logement social à vie
12:42 avec un certain nombre de dispositions,
12:44 notamment ce texte prévoit d'inclure des logements intermédiaires
12:48 dans le quota de logements sociaux qui est imposé aux communes par la loi SRU,
12:53 la loi solidarité renouvellement urbain.
12:55 Et puis d'autre part, d'imposer aux locataires de logements sociaux
12:59 de payer un surloyer dès lors que leur revenu augmente et dépasse
13:04 de seulement un euro et pas de 20%, comme c'est le cas dans l'élection actuelle.
13:08 Le plafond de ressources exigées pour disposer de ce logement social,
13:11 mais aussi d'intégrer d'ailleurs le patrimoine de ses locataires.
13:15 Dans cette définition, des associations se mobilisent contre ce texte,
13:19 dénoncent une chasse aux pauvres lancée par le gouvernement.
13:22 Un exemple précis que vous évoquiez ce matin,
13:24 d'ailleurs Jean-Rémi Baudot en recevant un invité,
13:26 à Paris, ce dispositif pourrait concerner un locataire
13:29 qui perçoit seul 3 700 euros net,
13:34 ou un couple avec deux enfants qui perçoit 8 700 euros net mensuel.
13:38 Alors, au vu de ces sommes, peut-on vraiment parler de chasse aux pauvres ?
13:42 Vous avez posé la question ce matin à Guillaume Eschelman,
13:45 qui est chargé de mission logement social à l'association CLCV.
13:49 Et voici sa réponse.
13:51 Sauf que le prix d'un loyer, pour avoir un logement adéquat
13:55 pour ce type de ménage, ce serait plus du double.
13:57 Donc, je veux bien qu'on fasse l'exemple des extrêmes,
14:02 même sachant qu'ils sont extrêmement minoritaires,
14:04 moins de 1% ont des ménages.
14:07 Mais le problème, c'est qu'il n'y a pas de construction,
14:09 parce que le gouvernement, depuis 2017,
14:10 n'a fait que détricoter tout ce qui fonctionnait dans la construction.
14:13 Alors, s'agit-il d'un projet de loi injuste socialement,
14:16 qui risque de créer ou de renforcer des ghettos de pauvres,
14:20 ou d'un texte qui peut s'avérer utile sur le plan économique
14:23 pour accroître l'offre de logements,
14:24 en particulier pour les classes moyennes qui peinent à se loger ?
14:27 Eh bien, les informés, je vous poserai la question dans un instant,
14:29 mais d'abord, il est l'heure du Fil-Info, il est 9h20,
14:31 vous êtes sur France Info.
14:32 Claire Chicaglini.
14:33 Avertissement électoral pour Richie Sunak.
14:37 Le parti travailliste britannique vient de remporter
14:39 une législative partielle dans le sud de l'Angleterre.
14:42 Ce scrutin intervient à quelques mois d'élections
14:45 qui auront lieu dans tout le pays,
14:46 et qui s'annonce d'ores et déjà à haut risque
14:48 pour le Premier ministre conservateur.
14:50 Joe Biden est sorti de son silence hier.
14:52 Le président américain a appelé au retour de l'ordre dans les universités.
14:56 Première prise de parole sur la mobilisation des étudiants
14:59 en faveur de la Palestine.
15:00 Mouvement qui secoue les campus outre-Atlantique depuis deux semaines.
15:04 Auparavant, Donald Trump avait accusé son concurrent démocrate d'inaction,
15:07 évoquant « des tarés de la gauche radicale ».
15:10 Jusqu'à 30 kilomètres supplémentaires
15:12 pour se rendre à un rendez-vous médical.
15:14 France Info dévoile ce matin les modalités du covoiturage,
15:17 version taxi sanitaire ou ambulance,
15:19 mesure adoptée à l'automne pour que la sécurité sociale fasse des économies.
15:24 Ces transports sanitaires lui avaient coûté en 2022 6 milliards d'euros.
15:28 Une bonne nouvelle pour les éleveurs de canards, poulets et autres volailles.
15:31 Le risque de grippe aviaire est désormais négligeable.
15:35 Un arrêté a été publié dimanche au journal officiel.
15:38 Il abaisse le niveau de risque jusque-là considéré comme modéré.
15:42 [Générique]
15:44 France Info
15:46 Les informés, Renaud Delis, Jean-Rémi Baudot
15:51 [Générique]
15:53 Les informés, troisième et dernière partie avec Corinne Leïc, journaliste à l'Opinion,
15:58 et Emmanuel Kessler, éditorialiste.
16:00 On parlait avec Renaud Delis il y a un instant de ce projet de loi présenté ce matin
16:03 qui vise à réformer l'accession au logement social.
16:08 Emmanuel Kessler, le but du gouvernement c'est quoi ?
16:11 C'est d'inciter davantage de locataires à partir en réalité,
16:14 de créer de la mobilité, de la rotation.
16:16 Mais ça c'est difficile.
16:17 Oui, parce que ces dernières années on avait ce qu'on appelle un taux de rotation,
16:20 c'est-à-dire le nombre de gens qui habitent dans le logement social et qui partent,
16:23 qui était il y a quelques années, il était à un peu plus de 10%, pas loin de 11, il est tombé à 8.
16:27 Donc on a un vrai sujet d'un marché qui est complètement figé.
16:30 Ça veut dire que quand on a le logement social, on ne le quitte pas.
16:32 Vous l'avez dit, il y a plus de 2 millions de personnes qui attendent un logement social.
16:35 Donc il faut faire quelque chose.
16:37 Et il y a effectivement des gens, ce n'est pas les plus nombreux,
16:39 qui dépassent les plafonds et pourtant ils restent.
16:42 Donc le gouvernement a raison de faire bouger les lignes.
16:46 D'ailleurs la Cour des comptes l'avait préconisé dans un rapport assez récent.
16:49 Parce que si vous voulez, la politique du logement en France,
16:52 elle mobilise 38 milliards d'euros au total, si on prend toutes les aides.
16:56 38 milliards d'euros.
16:58 On est dans une équation de dépenses publiques et dans une équation d'efficacité, d'efficience.
17:03 Est-ce que ça marche cette politique ?
17:05 Il faut regarder sur le capot.
17:06 Or ce parc social, il est trop figé.
17:09 Il empêche des gens qui devraient pouvoir y accéder, d'y accéder.
17:12 Et on a des situations qui ne sont pas normales.
17:14 Et effectivement, vous avez eu raison de souligner
17:16 que quand un couple est à plus de 8000 euros à Paris,
17:19 quand même, on peut se poser la question.
17:21 Donc on a des gens en face qui ne veulent rien bouger.
17:24 Mais on a un système qui ne marche pas.
17:26 Et donc le gouvernement est fondé à faire bouger les lignes.
17:30 Même si on aura peut-être l'occasion d'en reparler.
17:33 Ce n'est pas le seul problème de la politique du logement.
17:36 Non, bien évidemment.
17:37 Avec une chute de la construction, etc.
17:40 Une chute sans précédent, avec moins de 300 000 mis en chantier depuis un an.
17:43 Pour revenir à ce logement social,
17:45 l'idée c'est donc d'accélérer cette rotation du logement social.
17:49 Les associations, dont CLCV que j'avais ce matin à l'antenne,
17:53 crient à la chasse aux pauvres.
17:56 C'est évidemment excessif et injustifié.
18:00 Cela dit, ça pose quand même un problème.
18:03 Qui est que le logement social,
18:05 si on le réserve aux pauvres,
18:07 et si on met les pauvres avec les pauvres,
18:08 on va à l'encontre de l'objectif de mixité sociale.
18:11 Et un des arguments des gens qui veulent rester dans leur logement social,
18:14 c'est de dire "on est là pour justement montrer qu'il y a un brassage des populations
18:18 dans le logement social, qui n'est pas seulement réservé aux très pauvres".
18:21 Mais est-ce que ce n'est pas ça justement que le gouvernement dit
18:24 "on va rajouter de l'intermédiaire dans ces programmes".
18:27 C'est un objectif, et il est un petit peu contradictoire,
18:30 avec la volonté de faire partir les gens qui sont arrivés à un certain seuil de revenus.
18:35 Mais au-delà, je pense que le gouvernement est face à une situation
18:38 qui est une situation de pénurie,
18:39 et qu'il applique au logement les mêmes recettes qu'il applique aux médecins.
18:42 On a un problème indépassable en matière de médecine,
18:45 c'est qu'on manque de médecins.
18:46 Et pour avoir des heures médicales en plus,
18:48 on mobilise les infirmières, les pharmaciens, les assistants auprès des médecins.
18:52 Et là c'est pareil, on mobilise les mètres carrés qu'on peut mobiliser.
18:55 Je pense que sur le plan du signal social,
18:58 c'est bien de dire aux gens "vous ne pouvez pas bénéficier d'un avantage à vie",
19:02 mais en même temps, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt
19:06 d'une crise du logement qui est très grave et qui dure depuis plusieurs années.
19:09 On ne peut pas dire non plus, si on pousse les gens qui sont au-dessus du plafond à partir,
19:13 qu'on va empêcher la mixité à l'intérieur du logement.
19:17 Parce que ceux qui sont juste en dessous, c'est aussi des petites classes moyennes.
19:21 Renaud Nelly, c'est un symbole en fait ce qu'il veut faire ?
19:23 Oui, je pense que c'est exactement ce que disait Corinne Leïc,
19:25 le principal enjeu, et notamment la faille de steak.
19:27 C'est-à-dire qu'il n'y a pas à pousser des cris d'orfraie et tout de suite d'indignation morale
19:31 en disant "le gouvernement déclenche une chasse aux pauvres, c'est caricatural et c'est faux".
19:35 Parce qu'effectivement, dès lors que des gens sont au-dessus du plafond de ressources nécessaires,
19:39 à fort chérir s'ils disposent d'un patrimoine,
19:41 ce qui est le cas qui a été évoqué aussi par le ministre,
19:44 il y a des cas où des gens qui ont effectivement un plafond de ressources déjà supérieur,
19:48 des ressources supérieures au plafond nécessaire et qui de surcroît héritent par exemple,
19:52 pourquoi pas d'une révision secondaire, et qui peuvent quand même rester potentiellement aujourd'hui.
19:57 Mais dans ce cas-là, ils seront obligés de partir.
19:59 Désormais, avec ce texte, ils seront obligés de partir puisque le patrimoine entre en ligne de compte.
20:03 Mais là où il ne faut pas se leurrer, c'est que ces cas-là, d'un point de vue arithmétique,
20:07 ils sont quand même relativement marginaux.
20:09 Ils sont même marginaux au regard de la crise du logement.
20:11 C'est quand même le problème, c'est qu'effectivement, le gouvernement gère la pénurie,
20:15 et encore une fois, sans faire preuve d'une injustice flagrante ou scandaleuse,
20:21 mais que le véritable problème, c'est de relancer la construction
20:24 de façon à ce qu'effectivement, ces 2 millions de personnes qui attendent un logement social
20:28 puissent finir par y accéder.
20:30 Ces mesures-là n'y suffiront pas évidemment.
20:31 Et il y a un autre problème dans ce texte, me semble-t-il,
20:33 c'est la disposition qui consiste à redonner beaucoup plus de pouvoir au maire
20:37 dans l'attribution des logements sociaux.
20:39 Alors ça, les associations disent, c'est la porte ouverte au clientélisme.
20:42 Ça, d'un point de vue, on l'a connu par le passé, dans les années 80 et 90,
20:46 ça a suscité un certain nombre de scandales.
20:48 - La barrière, la chambre des rires, notamment.
20:51 - Autant, je pense que le fait que les maires aient peut-être davantage de pouvoir,
20:54 notamment en matière de construction, pour relancer la construction,
20:57 et peut-être d'ailleurs une simplification administrative,
20:59 ça me paraîtrait assez sain, parce qu'il y a un problème de construction de logements neufs.
21:03 Autant l'attribution des logements sociaux,
21:05 on sait que c'est un pouvoir dont certains maires peuvent user
21:07 de façon effectivement extrêmement clientéliste d'une part,
21:09 et d'autre part, il peut aussi y avoir un autre problème dans les mairies
21:11 gérées par l'extrême droite, parce que ça peut être aussi l'occasion
21:14 de mettre en oeuvre une politique discriminatoire,
21:17 dite de préférence nationale, quand on comprend le camionneur du Havre.
21:19 - C'est vrai que depuis quelques années, on n'avait plus cette difficulté,
21:21 ces scandales sur l'attribution des logements, on n'en avait plus,
21:23 et que là, il y a un petit risque, et au fond, vous le dites Renaud,
21:26 le gouvernement confond deux choses, la question de l'attribution des logements
21:30 et la question de la décentralisation de la politique du logement.
21:33 C'est vrai que les maires qui sont au plus près du terrain
21:36 sont les mieux placés pour voir comment construire, inciter à la construction,
21:40 inciter aussi, et là il faut que l'État s'y mette,
21:43 il faut qu'il y ait des bailleurs privés qui laissent leurs logements vides,
21:45 à les mettre sur le marché avec des loyers raisonnables,
21:48 ça il faut le décentraliser au niveau.
21:50 Mais en revanche, l'attribution, on a fait des progrès en matière de transparence,
21:54 de justice dans l'attribution, et là il ne faudrait vraiment pas revenir en arrière.
21:57 - Je voudrais juste revenir sur un point, on parlait du patrimoine,
22:00 pour l'instant, il n'y a pas de décret, on ne sait pas où serait placé le curseur,
22:04 on parle de biens équivalents, à peu près dans la même zone,
22:07 a priori la résidence secondaire ne serait pas forcément dans le package,
22:10 mais en tout cas, il y a des choses...
22:12 - Le curseur de loi, il est présent au Conseil des ministres,
22:14 il sera d'abord présenté, discuté au Sénat, puis à l'Assemblée nationale à la rentrée,
22:17 donc on ne connaît pas les détails précis, mais il est question de croisement des fichiers
22:21 avec ceux du fisc pour déterminer les personnes qui détiennent d'autres résidences.
22:25 - Merci beaucoup Corinne Maïc pour la précision.
22:27 Journaliste à l'opinion, à vos côtés c'était Emmanuel Kestler,
22:29 merci beaucoup éditorialiste, merci à tous les deux d'avoir été nos informés du jour,
22:32 avec René Delieu, vous souhaitez une bonne journée Renaud ?
22:35 - Mais vous aussi Jean-Rémi, merci à vous Jean-Rémi d'être là.
22:37 - Et peut-être un bon anniversaire ?
22:38 - Non, non pas du tout. - Voilà qui est dit, merci beaucoup à tous.
22:42 Les informés reviennent ce soir à 20h avec Agathe Lambret.
22:45 [Musique]