Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 24/06/2025
Le député PS Jérôme Guedj était l'invité politique de franceinfo soir, mardi 24 juin 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonsoir Jérôme Guedj, député socialiste de l'Essonne, merci d'être avec nous sur France Info.
00:05L'EPS, votre parti va déposer une motion de censure contre François Bayrou après l'échec du conclave sur les retraites.
00:12La nuit dernière, on pose les règles du jeu, Jérôme Guedj, le Rassemblement National ne compte pas voter cette motion de censure.
00:18Ça revient à dire que c'est un coup d'épée dans l'eau, un baroud d'honneur ou un tour de piste ?
00:23C'est jamais un baroud d'honneur quand on est cohérent et qu'on essaye d'être constant par rapport à la démarche qu'on a engagée,
00:29qui était audacieuse, risquée au mois de janvier.
00:32Moi, je n'ai pas eu la négociation honteuse avec le gouvernement.
00:35On ne censure pas le gouvernement Bayrou.
00:36On avait dit on ne censure pas le gouvernement Bayrou, c'était la négociation avec des éléments sur les budgets
00:43et avec, et c'était ce que nous avions arraché, le fait de remettre au cœur du débat politique la question des retraites
00:50parce qu'elle est un sujet qui demeure un sujet de préoccupation pour nos concitoyens,
00:54parce qu'elle a été adoptée sans vote, c'est une crise démocratique.
00:57Par 49.3 ?
00:59Par 49.3 et parce que, surtout, ces effets étaient d'emblée, et on l'avait moins montré,
01:04moi je m'étais évertué à disséquer, à décortiquer le contenu de cette loi
01:09avec des effets d'injustice et d'inégalité qui étaient massifs, majeurs,
01:13notamment pour les femmes et pour les situations des carrières hachées.
01:19Et puis avec cette injustice de cette mesure uniforme, sans discernement,
01:23de prolonger la durée au travail de 62 à 64 ans.
01:26Et puis, on est constant, moi j'ai, en juillet 2024, comme beaucoup, été élus en disant que nous souhaitions abroger cette réforme.
01:33Et donc, quand on a un engagement du Premier ministre,
01:36pris devant la représentation nationale dans son discours de politique générale au mois de janvier,
01:40confirmé par écrit dans un courrier au président du groupe socialiste, Boris Vallaud,
01:44en disant « Quoi qu'il advienne, le Parlement aura le dernier mot pour débattre, sans aucun tabou,
01:49y compris de l'âge légal, qu'il y ait accord ou pas accord par les partenaires sociaux. »
01:52– Ce n'est pas tout à fait ça. François Bayrou avait dit « Il faut qu'il y ait un accord, sinon ce sera la réforme de 2023.
01:58Ce sera la réforme borne. »
01:59J'entends que vous l'avez combattue, mais c'est celle-là qui s'applique.
02:01Les règles du jeu étaient claires au départ.
02:02– Non, justement, c'est là qu'il y a eu un peu l'embrouillamini habituel avec François Bayrou,
02:07mais dans son discours de politique générale, quand il dit « Quoi qu'il advienne, je le cite,
02:12le Parlement aura le dernier mot, qu'il y ait accord ou pas accord. »
02:16Et c'est après, en effet, qu'il y a eu ce jeu de dupes, puisqu'une fois que le conclave a été lancé,
02:20on a eu un François Bayrou qui a donné son sentiment à titre personnel en disant « Hors de question de revenir. »
02:25Ça, c'était une sorte de droit de veto qu'il donnait au MEDEF, qui d'ailleurs s'en est saisi.
02:29Et moi, j'en veux au MEDEF d'avoir fait capoter largement cette négociation.
02:34Et donc, pour répondre à votre question, ce n'est pas un barou d'honneur,
02:37c'est une cohérence et une conséquence directe d'un républicain sincère qui a joué le jeu d'une négociation.
02:44Il y a une parole donnée qui a été trahie.
02:46Et pardonnez-moi l'expression, moi, je n'aime pas être fait qu'au cul.
02:49Voilà, et donc, à un moment donné, il y a une sanction qui était connue de la part de François Bayrou,
02:56qui est le seul outil démocratique dont nous disposons, qui est celui de la motion de censure.
03:00Donc, vous êtes les dindons de la farce de l'histoire.
03:02Vous m'avez dit « embrouillamini », « jeu de dupe » et « cocu de l'histoire ».
03:05Vous savez, alors, dindons de la farce, c'est quand vous faites confiance à quelqu'un
03:10et que vous jouez sincèrement le jeu de la négociation,
03:14et qu'à la fin, vous vous retrouvez gros gens comme devant.
03:18Alors, vous pouvez dire, on est les dindons de la farce,
03:21mais on est aussi ceux qui ne regardent pas leurs chaussures et qui usent...
03:26À l'époque, on aurait pu censurer François Bayrou.
03:28Il est rentré dans une logique de négociation avec un engagement de revenir devant le Parlement.
03:34Moi, je vais vous dire une chose, je ne suis pas un censurophile, comment dire...
03:38Oui, mais vous ne lui laissez même pas sa chance aujourd'hui.
03:40Simplement, aujourd'hui, François Bayrou a repris des négociations.
03:43Dès ce matin, à 7h, il a dit « je reconvoque les partenaires sociaux qui ont joué le jeu du conclave ».
03:47Il les refait venir à Matignon, il les revoit aujourd'hui.
03:49Vous ne lui laissez même pas sa chance.
03:51Ça se trouve, il vous propose un texte dans quelques jours.
03:52C'était très simple pour François Bayrou, cet après-midi,
03:55à la question précise et ciselée de mon président de groupe, Boris Vallot,
03:59de dire « oui, je vous confirme, quoi qu'il advienne,
04:02soit dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
04:05que nous allons rouvrir largement la question des retraites
04:09au regard des injustices qu'eux-mêmes reconnaissent,
04:12au regard des avancées qui avaient pu être identifiées par les partenaires sociaux,
04:16mais aussi de la possibilité de remettre la question des 62 ans sur la table.
04:22Donc, à un moment donné, on ne peut pas jouer une sorte de « en même temps »,
04:26une sorte de « gloubi-boulga » dans lequel on essaye toujours de gagner du temps.
04:30Donc, on pose cet acte, et derrière ça, il y aura de toute façon le vote de cette motion de censure,
04:38qu'elle soit votée ou qu'elle soit pas votée, c'est pas qu'un coup de semence.
04:41C'est pour faire peur à François Bayrou ?
04:43Moi, je ne cherche pas à faire peur ou pas à faire peur,
04:45je cherche à répondre aux préoccupations de nos concitoyens.
04:48Donc, sur la question des retraites, la démocratie parlementaire avait été bafouée,
04:52on avait réussi à remettre en première ligne la démocratie sociale,
04:56mais avec une clause de revoyure de la démocratie parlementaire.
04:58Et il a l'air de s'asseoir dessus.
04:59Donc, à un moment donné, qu'est-ce que vous voulez ?
05:01Si on n'avait rien fait, alors là, vous nous auriez dit « vous vous couchez lamentablement ».
05:05Vous êtes revenu à la raison, a même dit Jean-Luc Mélenchon.
05:07Oui, mais alors ça, je m'en fiche des commentaires de Jean-Luc Mélenchon,
05:09parce qu'un jour, il tape sur les socialistes qui ne sont pas assez ceux-ci,
05:13et puis un jour, il laisse entendre que nous nous alignons sur sa possession.
05:16Ce sera une motion de censure déposée par les députés socialistes,
05:19avec des mots « socialistes », et avec aussi ce respect de, en tous les cas,
05:25cette exigence du respect de la parole donnée.
05:27Moi, je vous l'ai dit, je suis un républicain, j'essaye.
05:30Quand on fait une négociation, on a pris un risque, nous, socialistes.
05:32Moi, j'étais en première ligne, j'ai négocié des heures et des heures.
05:34D'ailleurs, à ce moment-là, le Jean-Luc Mélenchon et tous les autres,
05:36ils nous tapaient dessus à bras raccourcis, en disant « ce sont des traîtres, des sociotraitres, etc. »
05:41On avait pris nos responsabilités,
05:43et François Bayrou, malheureusement, n'a pas assuré le répondant nécessaire.
05:48Bon, je voudrais qu'on vous entende dans un instant sur la situation internationale,
05:51ce qui se joue ce soir encore entre l'Iran, Israël, les États-Unis,
05:55Donald Trump qui est en vol, en route vers l'Europe.
05:58D'ailleurs, les Pays-Bas et le sommet de l'OTAN.
06:00D'abord, cette motion de censure, dans ce contexte international,
06:03dont on va parler dans un instant, est-ce qu'elle est vraiment raisonnable ?
06:06Et responsable ?
06:07J'entends parfaitement l'argument, et moi je suis très sensible au fait de dire
06:11qu'il y a des choses très graves dans le quotidien de nos concitoyens
06:14et des inquiétudes sur la scène internationale.
06:17Mais on ne va pas arrêter la politique nationale pour faire de crises internationales.
06:22C'est le moment d'ouvrir une crise politique en renversant le Premier ministre.
06:25Mais alors, je vais renverser la charge de la preuve.
06:28A fortiori, dans un moment de cette nature,
06:30le gouvernement doit être encore plus responsable,
06:33encore plus ouvert à la discussion, à la négociation.
06:36Moi, je suis, la politique, pour moi, ce n'est pas un gros mot que de construire des compromis.
06:41Dans la tripartition politique actuelle de la vie politique française,
06:45personne ne peut avoir raison tout seul.
06:47Et quand François Béroux lui-même, grand chantre justement du compromis et de la négociation,
06:51à la fin nous dit, mais non, on ne touche à rien.
06:55Vous savez, le seul argument qui nous rétorque, c'est de dire
06:57je ne veux pas qu'on dégrade l'équilibre à reconstruire des retraites.
07:03Moi, je suis lucide.
07:04Bien sûr qu'il y a un déséquilibre de la branche retraite,
07:06et bien sûr que nous sommes capables de formuler des propositions raisonnables,
07:11constructives, progressives, pour équilibrer ce régime de retraite
07:14dans les cinq ou dix années à venir,
07:17parce que l'urgence, elle n'est pas demain matin.
07:19Elle n'est pas dans le budget 2026.
07:21C'est plus d'ailleurs les problèmes en termes de sécurité sociale,
07:24d'assurance maladie, qui plongent le déficit de la sécurité sociale,
07:27que la question des retraites.
07:28Donc nous, on est responsables.
07:30On l'a été depuis le début.
07:31Mais si en face de nous, il y a des gens qui nous disent comme c'est le cas,
07:33on ne touche pas, par exemple, aux fondamentaux de la politique économique,
07:37et qu'on ne met pas à contribution les plus hauts revenus,
07:40les exonérations de cotisations sociales, dont une grande partie est utile,
07:43mais une partie est probablement sinon détournée,
07:47mais des effets d'aubaine pour les entreprises,
07:49on peut dégager des ressources.
07:50Si on demande des efforts, alors il faut les demander à tout le monde,
07:52et notamment à ceux qui peuvent se le permettre.
07:55Exodecotise, exemption, niche sociale,
07:58hauts revenus, patrimoine, on a des moyens de financer.
08:00On peut aussi faire des mesures de maîtrise de la dépense.
08:04Moi, je suis responsable.
08:05Mais en face de nous, on a des gens qui nous disent
08:07« Ah non, on ne touche pas au bilan de la politique économique d'Emmanuel Macron. »
08:10Ça, ce n'est pas possible.
08:11Bon, l'une des images fortes du jour sur la scène internationale,
08:14et je voudrais aussi vous entendre là-dessus,
08:16c'est le coup de ce monstre, Donald Trump qui a de nouveau haussé le ton
08:19annonçant la nuit dernière un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël,
08:23avant finalement de dire qu'Israël doit se calmer.
08:26Israël et l'Iran s'accusent mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu quand même.
08:31Est-ce que ce soir, vous ne donnez pas le point à Donald Trump,
08:33le président américain ?
08:35Est-ce qu'il n'est pas le faiseur de paix et le grand vainqueur quand même de cette histoire ?
08:39Alors, je ne vais pas faire un parallèle audacieux.
08:41Tout à l'heure, je vous disais que je n'avais pas envie de commenter
08:43chacune des foucades de Jean-Luc Mélenchon.
08:47De la même manière, Donald Trump...
08:49Simplement, c'est stratégique ce qui se passe par rapport aux commentaires de Jean-Luc Mélenchon.
08:52Je comprends parfaitement.
08:53Je vous disais, c'est qu'on a dans les deux cas des acteurs
08:56dont l'imprévisibilité et la volatilité des prises de position
09:00et le maniement de la provocation sont quand même des traits communs.
09:05Mais j'arrête là la comparaison.
09:07Ce qui est important, c'est que les armes cessent.
09:10Il y a une guerre et moi, je veux qu'elles s'arrêtent.
09:14Partout, dans tous les sens, toutes les frappes ?
09:16Que toutes les frappes s'arrêtent.
09:17Désescalade, vous reprenez les mêmes mots qu'Emmanuel Macron de ce point.
09:20Je reprends les mots de la diplomatie française
09:21et je reprends les mots de tous ceux qui sont attachés,
09:23un, au droit international et deux, à la recherche de la paix.
09:27Et moi, je ne crois pas que quelque guerre que ce soit
09:29puisse, dans sa perpétuation permanente,
09:33aboutir à une solution pacifique.
09:36Il y avait un but de guerre qui a été affiché par Israël,
09:39une intervention...
09:39C'était de renverser le régime des Mollahs en Iran.
09:41Ils ne sont pas parvenus.
09:42C'est là qu'il y a eu pluralité des buts de guerre.
09:46Si c'était de neutraliser la menace que constituait
09:49la proximité du programme nucléaire et de son aboutissement,
09:54les Américains ont appuyé Israël dans cette démarche.
09:59C'est toujours délicat de se dire que tout ça se fait en violation
10:02du droit international, qu'il y a des frappes préventives,
10:05mais il y a aussi des principes de réelle politique.
10:07Maintenant, moi, je le dis, on s'arrête.
10:09Voilà, on s'arrête.
10:11L'idée de renverser les Mollahs par une guerre,
10:13je considère que ce n'est pas la bonne solution.
10:16Il doit y avoir ce peuple iranien que nous accompagnons,
10:20que nous soutenons.
10:20Il peut y avoir des sanctions qui continuent sur le régime des Mollahs,
10:25des sanctions de nature économique.
10:26Il faut aider le peuple iranien à renverser le régime des Mollahs ou pas ?
10:28On a tous manifesté pour Femmes, Vie, Liberté.
10:31On a tous pointé le caractère déstabilisateur depuis des décennies
10:36de ce régime-là, de ce régime théocratique,
10:39de ces proxys, qu'il s'agisse des Houthis,
10:41qu'il s'agisse du Hezbollah, qu'il s'agisse évidemment du Hamas,
10:44qu'il s'agisse des milices en Irak.
10:46Je veux dire, ce n'est pas un facteur de stabilité.
10:49Mais pour autant, il ne faudrait pas que la déstabilisation
10:51de l'ensemble de l'Iran provoque là aussi
10:54une déstabilisation du Moyen-Orient.
10:55Donc c'est quelque chose qui se manie avec tact et mesure.
10:59Voilà, moi je préfère aller dans cette voie-là,
11:03donc que les armes cessent,
11:05que l'Iran cesse de tirer des missiles sur Israël,
11:08qu'Israël cesse ses attaques sur l'Iran,
11:12et puis qu'à un moment donné,
11:13on puisse contrôler ce programme nucléaire,
11:16dont j'espère quand même qu'il a été sérieusement
11:18amoché par les jours que nous venons de vivre.
11:22Merci beaucoup Jérôme Gage, député PS de l'ESAN.
11:25Merci à vous.

Recommandations