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  • 21/05/2025
Clémentine Autain, députée (NFP) de Seine-Saint-Denis, était l'invitée politique de franceinfo soir, mercredi 21 mai 2025.

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Transcription
00:00France Info Soir, l'invité, Agathe Lambret.
00:04Bonsoir Clémentine Autain.
00:05Bonsoir.
00:06Vous êtes députée écologiste et sociale de Seine-Saint-Denis après avoir quitté la France Insoumise l'année dernière.
00:11Vous publiez L'Avenir, c'est l'esprit public aux éditions du Seuil.
00:14Vous revenez de Cannes aussi où vous présentiez un film, on va y revenir.
00:18Mais d'abord ce matin a été présenté en Conseil de Défense un rapport sur l'islamisme politique et les frères musulmans.
00:24Un rapport qui décrit l'antrisme de ce qui est une nébuleuse en France, assez difficile à saisir.
00:29Mais comment les frères musulmans étendent leur influence, leur pouvoir en essayant d'intégrer ou d'influencer des écoles, des associations, des élus locaux aussi ?
00:39Parfois, le document pointe une mécanique qui vise à déstabiliser la République.
00:45Votre département, la Seine-Saint-Denis, est cité dans ce rapport.
00:49Concrètement, est-ce que vous avez constaté, vous, sur le terrain, cette influence des frères musulmans ?
00:54Ce que j'ai évidemment pu constater, c'est un intégrisme religieux, musulman, en tout cas qui se réclame de l'islam, un islam politique,
01:06qui grandit aussi sur le terrain des défaillances du public.
01:12Dès qu'il y a un vide, le mouvement arrive avec des solutions ?
01:15Les premiers qui m'ont alertée, en fait, sur cette forme d'intrusion, de volonté de recrutement,
01:23ce sont des musulmans qui s'inquiétaient pour, et des musulmanes en l'occurrence,
01:27qui s'inquiétaient pour leurs enfants, parce qu'il y avait dans une mosquée des prêches salafistes.
01:32Et donc, on voit bien comment, aujourd'hui, quand vous avez des cours d'arabe qui ne sont pas donnés dans l'école publique,
01:42eh bien, on peut les prendre dans des cours privés et avec, potentiellement, évidemment, des réseaux qui peuvent s'insérer là.
01:50Quand l'école, enfin, toutes les institutions, toutes les protections, toutes les solidarités s'effondrent,
01:57et c'est ce que je dénonce dans mon livre, alors vous laissez la place à des formes d'intégrisme,
02:03et c'est vrai en Seine-Saint-Denis, comme c'est vrai ailleurs.
02:06Et donc, il faudrait enseigner l'arabe ? Il y a des solutions, selon vous, concrètement ?
02:12Mais ce qu'il faut, c'est aussi que la jeunesse, elle ait une autre possibilité d'avenir,
02:18que la souffrance psychique, elle puisse connaître des soins qui, aujourd'hui, ne sont pas là.
02:25Donc, les solutions, à mon sens, ce n'est pas dans des lois qui s'empilent en permanence,
02:30qui sont répressives, sécuritaires, c'est de levier les moyens humains dans les filières de renseignement,
02:37avec des lois qui existent, et quand il y a un non-respect de la loi, de la loi de 1901,
02:44ou des lois de la République, pouvoir sanctionner.
02:47Et de l'autre côté, une capacité, et c'est pour moi très important,
02:51de l'État, des institutions publiques, à offrir une perspective,
02:56et à offrir concrètement les moyens de l'émancipation humaine,
03:00pour que des jeunes et des moins jeunes, qui peuvent être en souffrance, en déshérence,
03:05ne soient pas embrigadés.
03:06Est-ce qu'il faut faire attention à l'approche des municipales ?
03:09Le préfet des Hauts-de-Seine alerte sur ces élections,
03:12il dit que c'est un mouvement de vigilance et de vulnérabilité,
03:15parce que les réseaux islamistes ciblent cette échéance pour accélérer l'entrisme,
03:21en misant sur une minorité de maires qui pourraient se laisser influencer,
03:26pour attirer les faveurs de tel ou tel électorat.
03:30Oui, il peut toujours y avoir une délire.
03:32Mais honnêtement, moi ce qui m'inquiète, c'est que le contexte dans lequel ce rapport sort,
03:38y compris le débat que Gabriel Attal lance au même moment...
03:41Gabriel Attal qui propose d'interdire le voile dans l'espace public pour les mineurs de moins de 15 ans.
03:46Créer une ambiance générale qui n'est pas du tout de mature à faire reculer, en fait,
03:51ces formes intégristes.
03:54C'est-à-dire que quand du matin au soir, sur toutes les chaînes,
03:57on estime que le sujet principal, c'est celui-là,
04:01qu'on mélange les frères musulmans et le même jour la question du voile,
04:05c'est-à-dire dans un amalgame où la haine des musulmans,
04:08qui déferle très fortement aujourd'hui et qui est instrumentalisée
04:12et le cœur même du projet de l'extrême droite.
04:16Un projet de rejet, un projet qui va faire exploser plus encore la cohésion sociale.
04:22Eh bien, à ce moment-là, il y a quelque chose qui tourne par rond.
04:25Et que Gabriel Attal, qui fait partie d'un mouvement politique
04:28qui a été mis au pouvoir, fut un temps, je le rappelle,
04:33pour faire barrage à l'extrême droite,
04:35et que depuis maintenant un certain nombre d'années,
04:38leur grande idée géniale, c'est d'être dans le concours
04:40l'épine des idées extrêmes-droites et d'en ramener.
04:42Je dis que le contexte général est un contexte absolument insupportable.
04:47On l'entend, mais juste, vous êtes féministe.
04:50Qu'est-ce qui vous choque dans cette proposition de Gabriel Attal ?
04:53Il veut notamment créer un délit de contrainte
04:57pour les parents qui forcent leurs filles mineures à porter le voile.
05:01Vous pouvez l'entendre ?
05:03Alors, c'est au nom du féminisme ou au nom de la laïcité ?
05:06Déjà, c'est jamais clair sur le foulard.
05:08Est-ce que c'est l'un ou est-ce que c'est l'autre ?
05:10Si on parle d'émancipation des femmes,
05:14il y a beaucoup de sujets, vous savez,
05:15sur lesquels il va falloir qu'on se lève.
05:18Et cette obsession du voile, pour moi,
05:20c'est une instrumentalisation aussi du féminisme
05:24à les fins de courses à l'échalote
05:26avec ce poison.
05:29Poison vraiment terrifiant.
05:31Pendant un temps, c'était un poisonnant,
05:33mais maintenant, il s'accélère,
05:34qui consiste à ne réduire
05:37la question de l'émancipation des femmes
05:39quasiment qu'à la question du voile dans notre société.
05:42Il se trouve que le rapport pointe notamment
05:43le fait que les frères musulmans
05:45essayent aussi de peser
05:47sur la société
05:49en imposant leurs pratiques religieuses
05:52et qu'il y a de plus en plus
05:54de petites filles, parfois âgées de 5 à 6 ans,
05:56qui portent le voile.
05:57Mais pourquoi ?
05:57Pourquoi ?
05:59Elle le porte aussi de...
06:00Plus vous êtes dans un discours...
06:01Mais ce n'est pas la faute du gouvernement.
06:02Moi, je vous le dis, je l'ai remarqué,
06:03je le vois, je le vis peut-être en Seine-Saint-Denis.
06:06Plus il y a une crispation,
06:08plus on parle de ça du matin au soir,
06:11plus vous aurez des jeunes filles,
06:13des femmes qui auront envie de porter le voile.
06:14Vous voulez dire que c'est contre-productif
06:16que le gouvernement, en en parlant,
06:18en essayant de lutter contre,
06:19finalement, incite encore plus ?
06:21Je pense que son obsession doit être
06:23de chercher à créer du lien,
06:26de la cohésion
06:26et des réponses aux questions quotidiennes.
06:29Vous êtes d'accord avec Jean-Luc Mélenchon
06:30quand il dit que l'hymothophobie
06:32franchit un seuil, alors ?
06:33Oui, ça fait 6 minutes qu'on est là.
06:35On n'a pas parlé de Gaza.
06:36Et on va en parler.
06:37On n'a pas parlé de la loi Duplon
06:38qui va arriver
06:39et qui est un sujet quotidien,
06:41qui est une loi qui va réintroduire des pesticides.
06:44On ne parle pas de la loi fin de vie.
06:45Je sors de l'hémicycle,
06:46nous parlons de la loi fin de vie.
06:48Il y a l'agence bio dont les moyens
06:50sont en train d'être l'animés
06:52comme l'aide alimentaire.
06:54Et vous avez parlé tout à l'heure
06:56aux informations de NAFNAF
06:58qui est un sujet qui est très important
07:01parce qu'on a des plans sociaux dans tous les sens.
07:03Et là, ça fait 6 minutes
07:04qu'on parle du voile et des frères musulmans.
07:06Moi, je vous le dis,
07:07en plus, on est sur une chaîne de services publics,
07:09il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
07:11Si on ne veut pas de l'extrême droite,
07:13si on prétend lutter contre l'extrême droite,
07:15il faut arrêter du matin au soir
07:18d'être sur les sujets
07:19qui sont ceux de l'agenda de l'extrême droite.
07:21Et je le dis,
07:23j'ai de la colère,
07:24je vais le dire calmement,
07:26mais franchement,
07:26il faut que ça s'arrête.
07:28Et les journalistes,
07:30les rédactions ont une responsabilité.
07:33Parce que vous ne réglerez pas le problème
07:35en permanence,
07:37remettant 10 balles dans la machine
07:38sans qu'on s'en sorte.
07:40On parle absolument de tout sur cette radio.
07:42Et d'ailleurs,
07:43j'avais bien l'intention
07:44de vous interroger sur d'autres sujets,
07:45notamment sur Gaza.
07:48Paris va convoquer l'ambassadeur d'Israël
07:50après des tirs inacceptables,
07:51qualifiés de tirs de sommation
07:53par l'armée israélienne.
07:54Des tirs à l'adresse de diplomates,
07:56dont un Français qui était en visite
07:58en Cisjordanie.
07:59C'est une annonce de Jean-Noël Barraud,
08:00le ministre des Affaires étrangères.
08:02C'est trop tard, selon vous ?
08:03Enfin !
08:04Enfin !
08:05Enfin,
08:06le président de la République,
08:08le ministre,
08:10pose des mots,
08:12et là, en l'occurrence,
08:13un acte,
08:14mais c'est trop tard
08:16et c'est trop peu.
08:17Depuis très longtemps,
08:19il aurait fallu
08:19que des sanctions concrètes
08:21soient prises
08:22à l'égard de l'État d'Israël.
08:24Parce que vous savez,
08:25des sanctions sur le commerce,
08:28des sanctions aussi
08:28pour arrêter de vendre des armes.
08:30et il faut également
08:33prendre des mesures très concrètes
08:34pour l'aide humanitaire.
08:37Il y a un blocus.
08:37Qu'est-ce qui nous empêche
08:38de le braver ?
08:39Et de faire en sorte
08:40qu'on envoie à cette population
08:42qui est aujourd'hui affamée,
08:43qui n'a pas de médicaments,
08:45dont tout est détruit.
08:46Plus de 90% des bâtiments
08:48sont détruits.
08:48Mais concrètement,
08:49la France devrait forcer
08:50les barrages
08:50et imposer des camions ?
08:52On peut envoyer par avion.
08:55Oui, il faut.
08:55Il faut faire quelque chose.
08:56On ne peut pas laisser
08:57cette dynamique génocidaire
08:59se passer sans intervenir.
09:02Vous parlez de dynamique génocidaire.
09:04Oui, je parle de dynamique génocidaire
09:06et je n'ai pas dit tout de suite
09:09ces termes-là.
09:10J'ai été prudente.
09:11Ce n'est pas un terme
09:12que j'utilise à la légère.
09:14Mais quand on regarde
09:14les définitions
09:15dans le droit international
09:17et la situation aujourd'hui à Gaza,
09:19et je ne suis pas la seule à le faire,
09:21on voit bien qu'il y a
09:22une volonté d'extermination
09:25d'un peuple.
09:26D'un peuple.
09:27Ce n'est plus récupérer les otages,
09:29n'est absolument plus
09:30le sujet de Bénémini Netanyahou.
09:31Ce n'est pas été qualifié de génocide,
09:32en tout cas, pas officiellement.
09:33Risque génocidaire
09:34par les rapports internationaux,
09:35oui.
09:36C'est pourquoi je parle
09:36de dynamique génocidaire.
09:38Et je pense que c'est important
09:39de mesurer cette volonté
09:41d'anéantir le peuple palestinien.
09:45Les civils,
09:46les enfants,
09:48meurent
09:49chaque jour,
09:51non seulement parce qu'il peut y avoir
09:52des tirs directs,
09:54mais aussi parce qu'ils ne peuvent pas
09:55s'alimenter.
09:56Ils ont du mal à accéder à l'eau,
09:57les hôpitaux sont détruits,
09:59il n'y a plus de médicaments.
10:00Et on est là,
10:01qu'est-ce qu'on fait ?
10:02Donc,
10:02les mots sont importants
10:04et je suis notamment aussi
10:05en termes d'actes
10:06pour que la France reconnaisse
10:07enfin l'état de Palestine.
10:09C'est un geste
10:10qu'on aurait dû faire depuis longtemps.
10:11Emmanuel Macron a dit que la France
10:11pourrait le faire en juin
10:12à l'occasion d'un sommet.
10:13Mais vous voyez,
10:14le temps passe.
10:15Le temps passe
10:15et je pense que
10:17la voix de la France
10:18qui a longtemps été
10:19porteuse
10:20de la justice
10:21pour une paix
10:23au Proche-Orient,
10:24elle,
10:24mon avis,
10:25n'est absolument pas
10:26aujourd'hui à niveau
10:27de la gravité
10:28de ce qui se passe.
10:30On vous entend,
10:31Clémentine Autain.
10:32Un autre sujet
10:33à gauche,
10:34François Ruffin,
10:35votre ex-camarade
10:36à la France Insoumise,
10:37plaide pour une grande primaire.
10:38Toujours mon camarade.
10:39Toujours votre camarade.
10:40En tout cas,
10:41au sein de LFI,
10:42c'est un ex.
10:43Il a déjà le calendrier
10:44des candidatures
10:45en avril 2026
10:46et un vote à l'automne.
10:47Il a le format,
10:48une élection à deux tours
10:49sur le modèle
10:50de la présidentielle.
10:51Il a aussi l'objectif
10:51de 2 à 3 millions de votants.
10:53Vous aviez dit
10:54que vous seriez candidate
10:55dans un dispositif d'union.
10:57Je suppose que vous allez
10:58donc participer
10:59à cette grande primaire ?
11:00Je suis favorable,
11:01comme François Ruffin,
11:03à ce que nous ayons
11:03une candidature unique,
11:06je l'espère,
11:06à minima commune
11:08des forces de gauche
11:08et écologistes.
11:10Nous avons un rendez-vous
11:11le 2 juillet
11:12qui a été fixé
11:13par Lucie Casté,
11:14auquel un certain nombre
11:15de personnalités
11:16et de forces politiques
11:17ont répondu présent.
11:20Moi-même avec
11:20le mouvement La Prêt,
11:21Génération,
11:22François Ruffin,
11:23Marine Thondelier
11:23avec les écologistes,
11:25Olivier Faure
11:25pour la direction actuelle
11:27du Parti Socialiste
11:28et nous attendons encore
11:29la réponse
11:30du Parti Communiste français
11:31et je l'espère
11:32celle de la France Insoumise
11:34même si pour l'instant
11:35de ce côté-là
11:36la porte est particulièrement
11:37fermée,
11:37ce que je regrette.
11:38Vous n'espérez pas
11:38la candidature de Jean-Luc Mélenchon
11:39à cette primaire ?
11:41J'espère que tout le monde
11:42soit dans cette primaire.
11:43Si, si, j'espère.
11:43Jean-Luc Mélenchon,
11:44ton prix, vous l'appelez
11:45à vous rejoindre.
11:45Non, mais j'appelle
11:46à ce que nous ayons
11:47une candidature commune
11:48des gauches
11:49et des écologistes.
11:50On l'a vu dans un sondage récemment.
11:51Il faut un minimum
11:52de valeurs communes, non ?
11:53Parce que François Ruffin
11:54parle d'une primaire
11:55de Hollande à Poutou,
11:56ce sont ses mots,
11:57ou de Poutou à Hollande.
11:59Sérieusement,
11:59est-ce qu'il ne faut pas
12:00un minimum
12:01de valeurs partagées ?
12:03Bien sûr qu'il le faut
12:04et d'ailleurs je constate
12:05que l'année dernière
12:05pour le nouveau Fonds Populaire
12:07nous avons réussi
12:08à nous entendre
12:08sur 600 propositions communes.
12:11Alors on peut
12:12les approfondir,
12:14les actualiser,
12:15rediscuter certains points,
12:16mais il me semble que
12:17le socle,
12:18la base sur laquelle
12:20nous nous sommes entendus
12:21est assez forte,
12:22fédératrice
12:23et elle doit nous propulser.
12:26Quand on regarde
12:27l'état du pays,
12:29je ne sais pas comment
12:29les uns et les autres
12:31peuvent se projeter
12:31sans cette union.
12:33Toutes les enquêtes
12:34d'opinion le montrent,
12:35si nous sommes rassemblés,
12:36nous avons toutes nos chances
12:37pour être au second tour
12:38de l'élection présidentielle
12:40qui vient
12:40et ensuite nous devrons
12:42encore convaincre
12:42pour gagner.
12:43Donc moi ma bataille,
12:44elle est en effet
12:45pour qu'on ait cette candidature
12:47et que nous décidions
12:48collectivement
12:49quel est le moyen
12:50de désignation
12:51de celui ou celle
12:52qui portera
12:54nos couleurs
12:55et moi je pense
12:56que cette personnalité
12:57sera au cœur de la gauche.
12:59C'est ça qui permettra
13:00de gagner.
13:01Merci beaucoup Clémentine Autain,
13:03députée écologiste et sociale
13:04de Seine-Saint-Denis
13:05d'avoir répondu
13:06aux questions de France Info.

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