00:06Vous êtes députée écologiste et sociale de Seine-Saint-Denis après avoir quitté la France Insoumise l'année dernière.
00:11Vous publiez L'Avenir, c'est l'esprit public aux éditions du Seuil.
00:14Vous revenez de Cannes aussi où vous présentiez un film, on va y revenir.
00:18Mais d'abord ce matin a été présenté en Conseil de Défense un rapport sur l'islamisme politique et les frères musulmans.
00:24Un rapport qui décrit l'antrisme de ce qui est une nébuleuse en France, assez difficile à saisir.
00:29Mais comment les frères musulmans étendent leur influence, leur pouvoir en essayant d'intégrer ou d'influencer des écoles, des associations, des élus locaux aussi ?
00:39Parfois, le document pointe une mécanique qui vise à déstabiliser la République.
00:45Votre département, la Seine-Saint-Denis, est cité dans ce rapport.
00:49Concrètement, est-ce que vous avez constaté, vous, sur le terrain, cette influence des frères musulmans ?
00:54Ce que j'ai évidemment pu constater, c'est un intégrisme religieux, musulman, en tout cas qui se réclame de l'islam, un islam politique,
01:06qui grandit aussi sur le terrain des défaillances du public.
01:12Dès qu'il y a un vide, le mouvement arrive avec des solutions ?
01:15Les premiers qui m'ont alertée, en fait, sur cette forme d'intrusion, de volonté de recrutement,
01:23ce sont des musulmans qui s'inquiétaient pour, et des musulmanes en l'occurrence,
01:27qui s'inquiétaient pour leurs enfants, parce qu'il y avait dans une mosquée des prêches salafistes.
01:32Et donc, on voit bien comment, aujourd'hui, quand vous avez des cours d'arabe qui ne sont pas donnés dans l'école publique,
01:42eh bien, on peut les prendre dans des cours privés et avec, potentiellement, évidemment, des réseaux qui peuvent s'insérer là.
01:50Quand l'école, enfin, toutes les institutions, toutes les protections, toutes les solidarités s'effondrent,
01:57et c'est ce que je dénonce dans mon livre, alors vous laissez la place à des formes d'intégrisme,
02:03et c'est vrai en Seine-Saint-Denis, comme c'est vrai ailleurs.
02:06Et donc, il faudrait enseigner l'arabe ? Il y a des solutions, selon vous, concrètement ?
02:12Mais ce qu'il faut, c'est aussi que la jeunesse, elle ait une autre possibilité d'avenir,
02:18que la souffrance psychique, elle puisse connaître des soins qui, aujourd'hui, ne sont pas là.
02:25Donc, les solutions, à mon sens, ce n'est pas dans des lois qui s'empilent en permanence,
02:30qui sont répressives, sécuritaires, c'est de levier les moyens humains dans les filières de renseignement,
02:37avec des lois qui existent, et quand il y a un non-respect de la loi, de la loi de 1901,
02:44ou des lois de la République, pouvoir sanctionner.
02:47Et de l'autre côté, une capacité, et c'est pour moi très important,
02:51de l'État, des institutions publiques, à offrir une perspective,
02:56et à offrir concrètement les moyens de l'émancipation humaine,
03:00pour que des jeunes et des moins jeunes, qui peuvent être en souffrance, en déshérence,
03:05ne soient pas embrigadés.
03:06Est-ce qu'il faut faire attention à l'approche des municipales ?
03:09Le préfet des Hauts-de-Seine alerte sur ces élections,
03:12il dit que c'est un mouvement de vigilance et de vulnérabilité,
03:15parce que les réseaux islamistes ciblent cette échéance pour accélérer l'entrisme,
03:21en misant sur une minorité de maires qui pourraient se laisser influencer,
03:26pour attirer les faveurs de tel ou tel électorat.
03:30Oui, il peut toujours y avoir une délire.
03:32Mais honnêtement, moi ce qui m'inquiète, c'est que le contexte dans lequel ce rapport sort,
03:38y compris le débat que Gabriel Attal lance au même moment...
03:41Gabriel Attal qui propose d'interdire le voile dans l'espace public pour les mineurs de moins de 15 ans.
03:46Créer une ambiance générale qui n'est pas du tout de mature à faire reculer, en fait,
03:51ces formes intégristes.
03:54C'est-à-dire que quand du matin au soir, sur toutes les chaînes,
03:57on estime que le sujet principal, c'est celui-là,
04:01qu'on mélange les frères musulmans et le même jour la question du voile,
04:05c'est-à-dire dans un amalgame où la haine des musulmans,
04:08qui déferle très fortement aujourd'hui et qui est instrumentalisée
04:12et le cœur même du projet de l'extrême droite.
04:16Un projet de rejet, un projet qui va faire exploser plus encore la cohésion sociale.
04:22Eh bien, à ce moment-là, il y a quelque chose qui tourne par rond.
04:25Et que Gabriel Attal, qui fait partie d'un mouvement politique
04:28qui a été mis au pouvoir, fut un temps, je le rappelle,
04:33pour faire barrage à l'extrême droite,
04:35et que depuis maintenant un certain nombre d'années,
04:38leur grande idée géniale, c'est d'être dans le concours
04:40l'épine des idées extrêmes-droites et d'en ramener.
04:42Je dis que le contexte général est un contexte absolument insupportable.
04:47On l'entend, mais juste, vous êtes féministe.
04:50Qu'est-ce qui vous choque dans cette proposition de Gabriel Attal ?
04:53Il veut notamment créer un délit de contrainte
04:57pour les parents qui forcent leurs filles mineures à porter le voile.
05:01Vous pouvez l'entendre ?
05:03Alors, c'est au nom du féminisme ou au nom de la laïcité ?
05:06Déjà, c'est jamais clair sur le foulard.
05:08Est-ce que c'est l'un ou est-ce que c'est l'autre ?
05:10Si on parle d'émancipation des femmes,
05:14il y a beaucoup de sujets, vous savez,
05:15sur lesquels il va falloir qu'on se lève.
05:18Et cette obsession du voile, pour moi,
05:20c'est une instrumentalisation aussi du féminisme
05:24à les fins de courses à l'échalote
05:26avec ce poison.
05:29Poison vraiment terrifiant.
05:31Pendant un temps, c'était un poisonnant,
05:33mais maintenant, il s'accélère,
05:34qui consiste à ne réduire
05:37la question de l'émancipation des femmes
05:39quasiment qu'à la question du voile dans notre société.
05:42Il se trouve que le rapport pointe notamment
05:43le fait que les frères musulmans
05:45essayent aussi de peser
05:47sur la société
05:49en imposant leurs pratiques religieuses
05:52et qu'il y a de plus en plus
05:54de petites filles, parfois âgées de 5 à 6 ans,
05:56qui portent le voile.
05:57Mais pourquoi ?
05:57Pourquoi ?
05:59Elle le porte aussi de...
06:00Plus vous êtes dans un discours...
06:01Mais ce n'est pas la faute du gouvernement.
06:02Moi, je vous le dis, je l'ai remarqué,
06:03je le vois, je le vis peut-être en Seine-Saint-Denis.
06:06Plus il y a une crispation,
06:08plus on parle de ça du matin au soir,
06:11plus vous aurez des jeunes filles,
06:13des femmes qui auront envie de porter le voile.
06:14Vous voulez dire que c'est contre-productif
06:16que le gouvernement, en en parlant,
06:18en essayant de lutter contre,
06:19finalement, incite encore plus ?
06:21Je pense que son obsession doit être
06:23de chercher à créer du lien,
06:26de la cohésion
06:26et des réponses aux questions quotidiennes.
06:29Vous êtes d'accord avec Jean-Luc Mélenchon
06:30quand il dit que l'hymothophobie
06:32franchit un seuil, alors ?
06:33Oui, ça fait 6 minutes qu'on est là.
06:35On n'a pas parlé de Gaza.
06:36Et on va en parler.
06:37On n'a pas parlé de la loi Duplon
06:38qui va arriver
06:39et qui est un sujet quotidien,
06:41qui est une loi qui va réintroduire des pesticides.
06:44On ne parle pas de la loi fin de vie.
06:45Je sors de l'hémicycle,
06:46nous parlons de la loi fin de vie.
06:48Il y a l'agence bio dont les moyens
06:50sont en train d'être l'animés
06:52comme l'aide alimentaire.
06:54Et vous avez parlé tout à l'heure
06:56aux informations de NAFNAF
06:58qui est un sujet qui est très important
07:01parce qu'on a des plans sociaux dans tous les sens.
07:03Et là, ça fait 6 minutes
07:04qu'on parle du voile et des frères musulmans.
07:06Moi, je vous le dis,
07:07en plus, on est sur une chaîne de services publics,
07:09il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
07:11Si on ne veut pas de l'extrême droite,
07:13si on prétend lutter contre l'extrême droite,
07:15il faut arrêter du matin au soir
07:18d'être sur les sujets
07:19qui sont ceux de l'agenda de l'extrême droite.