Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Maud Bregeon, députée EPR, était l'invitée politique de franceinfo soir, mercredi 25 juin 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00France Info Soir, l'invité, Paul Barcelone
00:05Bonsoir Maud Bréjon, député ensemble pour la République des Hauts-de-Seine, merci d'être avec nous en direct sur France Info.
00:11François Bayrou donnera demain après-midi à 17h une conférence de presse pour livrer le résultat de ces dernières discussions avec les partenaires sociaux,
00:19suite bien sûr à l'échec du conclave sur les retraites.
00:22Est-ce que ce soir vous nous dites qu'un accord est encore possible du côté de Matignon ou c'est un énième coup de poker du Premier ministre pour gagner du temps ?
00:29On verra ce qu'il en sera demain, peut-être un accord, mais j'ai envie de dire un accord à quel prix ?
00:34Et pour ma part je trouve qu'on prend le sujet à l'envers, dans le mauvais sens, depuis le départ.
00:38Pourquoi ?
00:39L'enjeu c'est pas comment travailler moins, l'enjeu c'est comment travailler plus et comment être plus nombreux à le faire.
00:44On peut débattre de beaucoup de choses, mais on ne peut pas débattre des mathématiques et on ne peut pas débattre de la démographie.
00:50Il y aura 15 milliards de déficits en 2035.
00:52Mais ça, ça a été acté, ces 64 ans, ça ne bougera pas.
00:55Et ça ne bougera pas encore heureux, ça ne bougera pas, mais au-delà de ça, un accord, ça risque de creuser davantage le déficit du système, tout dépend de ce qu'il y a dedans.
01:06Et ce que je voudrais rappeler très factuellement, c'est qu'il y aura 15 milliards d'euros de déficit en 2035, 30 milliards en 2045 et une démographie qui va nous exploser à la figure.
01:17Il y avait plus de 4 cotisants pour un retraité en 1960, il y en a un peu moins d'1,7 aujourd'hui.
01:24Et donc, je veux bien qu'on débatte éternellement de comment est-ce qu'on peut ajuster des réformes qui ont été déjà faites courageusement dans la douleur.
01:31Je pense qu'on prend le sujet à l'envers.
01:33Mais est-ce qu'il faut un accord demain quand même, malgré tout, ne serait-ce que pour enterriner ces 4 mois de concertation, de discussion et ce conclave qui avait permis à François Bayrou de sauver la face au mois de janvier au moment du vote du budget 2025 ?
01:45Il ne faut pas un accord à n'importe quel prix.
01:48Il faut un accord qui permette d'apporter du mieux aux salariés, mais sans dégrader un système qui est déjà en déficit et qui va l'être de plus en plus dans les années à venir.
02:00C'est notre responsabilité.
02:02Vous savez, on ne pourrait pas accepter un accord qui coûte plusieurs milliards uniquement, je me dis guillemets, pour éviter la censure des socialistes.
02:11Alors, sans attendre, justement, vous me tendez la perche sur la censure des socialistes, puisque le PS a annoncé dès hier déposer une motion de censure.
02:18C'est déjà la rupture de confiance avec eux.
02:20Je le rappelais à l'instant qu'ils ont sauvé la mise de François Bayrou en ne le censurant pas au mois de janvier sur le vote du budget 2025.
02:26C'est-à-dire qu'il n'y a déjà plus matière à travailler avec eux ?
02:29On verra ce qu'il en sera. Moi, j'espère qu'on pourra continuer à travailler avec les socialistes, notamment sur la question du budget qui arrivera dans les mois à venir.
02:36Au fond, si on se dit les choses, tout le monde est un peu dans un jeu de dupe depuis plusieurs mois.
02:41François Bayrou a posé des limites du conclave qui n'ont pas été comprises par tout le monde.
02:48Le parti socialiste a fait semblant d'entendre et de comprendre certaines lignes qui n'étaient pas exactement ce qu'avait dit le Premier ministre.
02:56Et les syndicats ont, pour ceux qui ont bien voulu jouer le jeu, mené des discussions dans un contexte extrêmement difficile.
03:05Je crois qu'encore une fois, quand on voit les incendies qu'il y a à éteindre partout au niveau national,
03:10le besoin d'investissement sur la sécurité, sur les services publics, on parlera peut-être de santé tout à l'heure.
03:15Et de dépenses militaires, évidemment.
03:19On ne peut pas éternellement s'enfermer dans ce débat qui consiste à se demander comment est-ce qu'on va travailler moins et produire moins de richesses,
03:27alors que c'est tout l'inverse qu'il faudrait faire.
03:29Alors vous m'avez parlé d'un jeu de dupe, mais est-ce que vous n'êtes pas aussi victime, vous, dans le camp de François Bayrou, d'Emmanuel Macron, de ce jeu de dupe ?
03:36Sans les voix du Rassemblement National, impossible de renverser le gouvernement.
03:40Si l'URN ne vote pas cette motion de censure socialiste, le gouvernement ne sera pas renversé.
03:44Ça veut dire que vous dites merci à Marine Le Pen, qui manifestement ne compte pas voter cette motion de censure,
03:49et donc donner encore sa survie, en quelque sorte, au gouvernement.
03:54On a tous pris acte depuis des mois de ce qu'était l'Assemblée Nationale.
03:59Une voix vaut une voix, la voix d'un député vaut la voix d'un autre député.
04:02Aujourd'hui, il est factuel de dire que pour renverser un gouvernement,
04:06il faut additionner les voix de la gauche, du NFP ou de ce qu'était le NFP hier.
04:10Toute la gauche unie et du RN.
04:11Et avec le Rassemblement National.
04:14Partant de là, chacun prend ses responsabilités.
04:16Et moi, je ne dis merci à personne.
04:18Vous n'avez pas l'impression d'être dans la main du RN et de le placer, en tout cas,
04:21ou de placer Marine Le Pen en position d'arbitre, position qu'elle semble goûter ?
04:25Le gouvernement est dans la main de chacun des députés,
04:29des 577 députés qui composent l'Assemblée Nationale.
04:34François Bayrou, jusque dans votre camp, d'ailleurs, il est extrêmement critiqué,
04:37parfois moqué pour son immobilisme, son incapacité à décider.
04:41On verra demain, on en parlait, s'il trouve un accord après le conclave des retraites.
04:47Il doit partir ou pas, le Premier ministre ? Quitte à partir de lui-même ?
04:50Mais pour être remplacé par qui ? Pour faire quoi de mieux ?
04:55La situation politique, elle n'est pas due à François Bayrou.
04:58La situation politique, elle est due au résultat de la dissolution et au vote des Français,
05:02que je ne critique pas, mais qui résulte sur une Assemblée Nationale
05:06qui, aujourd'hui, est extrêmement fragmentée.
05:10Je pense qu'on devrait davantage se tourner vers les parlementaires
05:13et interroger notre capacité à dialoguer...
05:16Est-ce que ce n'est pas un problème, quand même, cet immobilisme ?
05:18J'entends qu'il n'y ait personne pour le remplacer.
05:20Sur des accords à minima.
05:22Posons la question, qui, aujourd'hui, veut vraiment avancer ?
05:25Les uns et les autres, y compris, parfois, au sein du Bloc central,
05:28s'enferment dans des postures politiques.
05:30Et on voit bien que le dialogue est extrêmement rugueux,
05:34extrêmement difficile, et qu'on n'arrive pas à avancer.
05:37Et cette difficulté qu'on a à l'Assemblée Nationale à avancer,
05:40ce n'est pas uniquement la responsabilité du Premier ministre.
05:43Même si on pourrait souhaiter, et moi je souhaiterais,
05:45qu'on aille plus loin sur un certain nombre de sujets,
05:47le Parlement a aussi une responsabilité.
05:49C'est dans ce contexte politique, électrique,
05:52on le voit bien, rugueux, disiez-vous à l'instant,
05:54que l'OTAN a enterré cet après-midi
05:56le principe pour les alliés d'augmenter les dépenses de défense,
06:00les dépenses militaires, jusqu'à 5% du PIB à horizon 2035.
06:04Je faisais le calcul, cela reviendrait à faire passer
06:06le budget militaire à hauteur de 100 ou 110 milliards d'euros pour la France.
06:10D'abord, avant de parler des conséquences budgétaires,
06:12mais est-ce que ce n'est pas trop ambitieux, quand même,
06:14voire démesuré, alors qu'il faut se serrer la ceinture,
06:18qu'on n'a pas le début du commencement d'une feuille de route
06:20du budget pour François Bayrou ?
06:22Démesuré lorsqu'on voit les enjeux et les risques
06:25qui pèsent sur la France et l'Europe,
06:27au regard de la situation au Moyen-Orient,
06:28au regard de la situation en Ukraine,
06:30au regard des bouleversements du monde,
06:32je ne crois pas.
06:34Donc c'est d'abord justifié par les guerres ?
06:35Et ce n'est pas trop ambitieux,
06:38c'est au contraire absolument nécessaire.
06:40Et le président de la République
06:42n'a pas commencé à tenir ce discours hier.
06:44On a en huit ans doublé le budget de la Défense.
06:47Avec la loi de programmation militaire.
06:48Et Sébastien Lecornu a redit maintes et maintes fois,
06:51et notamment ces derniers mois,
06:52la nécessité d'augmenter encore la marche.
06:54Seulement où vous trouvez l'argent ?
06:56Et voilà, où est le delta disponible ?
06:59Ça nécessite des soins courageux.
07:00Comment est-ce qu'on réduit les dépenses
07:02pour augmenter certains investissements dans la Défense ?
07:04Mais je ne le redis pas que.
07:05Il y a la question des services publics
07:06qui est aussi extrêmement importante pour nos compatriotes.
07:10Et aujourd'hui, on voit bien qu'on a du mal
07:13à faire un certain nombre de choix.
07:15On parlera peut-être tout à l'heure
07:16des dépenses de santé qui sont en explosion
07:18et qui conviendraient de maîtriser bien plus que ce qu'on ne fait.
07:21Le gouvernement a annoncé qu'il y aurait une baisse d'1,7 milliard ?
07:24Bien plus que ce qu'on ne fait aujourd'hui
07:25des dépenses du train de vie de l'État.
07:26Et donc ça, c'est une discussion qu'on doit avoir sur le budget.
07:29Et aujourd'hui, la responsabilité du gouvernement,
07:32c'est de présenter sa vision globale en matière budgétaire
07:36plutôt que d'émettre dans l'atmosphère
07:38des idées d'augmentation d'impôts ou d'augmentation de taxes
07:41auxquelles on se trouve forcé de répondre devant les médias
07:45sans avoir une vision large et globale
07:48de l'ambition qui est portée à moyen et long terme.
07:51Sur les dépenses de santé, il faut accepter de taper
07:54dans ce portefeuille-là, quitte à rebasculer des crédits
07:57sur la Défense, par exemple.
07:59C'est possible, ça ?
07:59En tout cas, on a un déficit de l'assurance maladie
08:02qui est évalué à 16 milliards d'euros pour cette année.
08:05Et la Caisse nationale de l'assurance maladie
08:07qui a rendu un rapport absolument édifiant
08:09évalue ce déficit à 41 milliards d'euros en 2030.
08:1341 milliards en 2030, c'est demain.
08:17Ça doit nous interroger, si ce n'est nous affoler.
08:19Donc il y a urgence, il y a urgence
08:21à endiguer ce dérapage.
08:23Catherine Vautrin a fait un certain nombre de propositions
08:25avec 1,7 milliard d'euros d'économie.
08:28L'assurance maladie en fait d'autres.
08:31Je regarde quelques chiffres.
08:33Les arrêts maladie ont augmenté de 25% en nombre de jours indemnisés
08:37depuis 2019, ce qui représente une augmentation en coûts de 40%.
08:41C'est absolument colossal.
08:43Les infections de longue durée.
08:4415 millions de personnes qui bénéficient de ce dispositif aujourd'hui.
08:4820% de la population contre 8% en Allemagne.
08:51On a aussi le droit de s'interroger...
08:51Donc ça veut dire qu'il y a des abus ?
08:52On a aussi le droit de s'interroger sur le cadre aujourd'hui des renversements.
08:57Mais c'est quoi ? C'est trop flexible, trop laxiste ?
08:59Ou il y a des abus et des gens qui profitent du système ?
09:01Qu'est-ce que vous dites ?
09:02Il y a indéniablement des abus.
09:03Il y a peut-être des pratiques issues du corps médical qui aujourd'hui vont trop loin.
09:08Il y a peut-être des dispositifs de remboursement qui embrassent trop large.
09:11Là où il faudrait cibler davantage.
09:14Et probablement une réflexion sur les infections de longue durée à mener.
09:18Sur la part qui doit être portée par l'assurance maladie qui est aujourd'hui de 100%.
09:23Et la part qui devrait peut-être être portée par les complémentaires santé et par les mutuelles.
09:27Voilà.
09:28Et ça, c'est des débats qu'on n'arrive plus à avoir sereinement.
09:32Alors que, je le redis, le déficit est en train de s'envoler.
09:36Et on sait bien qu'au regard de la démographie, on va devoir soigner et continuer.
09:40Et c'était évident et bien normal, nos aînés qui vont être de plus en plus nombreux.
09:44Tout à l'heure, on parlait de l'effort militaire.
09:46Et un petit peu plus tôt dans l'interview, de la question de la réforme des retraites.
09:49Est-ce que vous trouvez que c'est décorrélé de couper les cheveux en quatre,
09:52de se batailler sur cette question de la réforme des retraites,
09:56à l'heure où il se passe ce sommet de l'OTAN,
09:59ce cessez-le-feu qui ce soir semble tenir entre l'Iran et Israël ?
10:02Est-ce qu'on n'est pas là quand même sur deux sujets totalement antagonistes
10:06et qui peuvent surprendre quand même ?
10:08En tout cas, quand on voit le besoin d'investissement dans la défense,
10:11quand on voit le besoin d'investissement dans la sécurité, dans l'hôpital, dans l'école,
10:16se poser la question de comment est-ce qu'on pourrait détricoter la réforme Borne,
10:20éventuellement revenir sur les 64 ans comme certains le demandent ?
10:23Je crois que c'est nager à contre-courant, je crois que c'est mentir aux Français
10:26et je crois que c'est aller à l'encontre des intérêts de nos concitoyens
10:31et des intérêts du pays à moyen et long terme.
10:33Juste un tout dernier mot pour terminer.
10:35Ce soir, l'Assemblée nationale débattra 50-1, débat sans vote,
10:39de la situation internationale.
10:41Ce débat n'a aucune prise sur ce qui se passe aujourd'hui
10:45puisque vote sans conséquence, pas de vote, débat sans conséquence.
10:49Est-ce que ça signe pas quand même l'affaiblissement de la France en deux mots pour terminer ?
10:52Non, c'est un débat à ce qu'on appelle 50-1 à la demande du président de la République,
10:56je crois plébiscité aussi par les parlementaires
10:59et c'est une bonne chose qu'on puisse échanger sur ces sujets-là au sein de l'Assemblée nationale.
11:03Maintenant, chacun comprend bien que ça reste la prérogative première du président de la République.
11:08Et ça commencera à 21h30. Merci beaucoup, Maud Bréjon, député ensemble pour la République des Hauts-de-Seine.
11:13Merci Paul Barcelone, on se retrouve à 20h pour les informés.

Recommandations