00:07Après les émeutes et les violences de samedi, en France se pose la question des peines.
00:11Hier, quatre jeunes hommes comparaissaient à Paris pour des violences contre policiers et gendarmes.
00:17Ils ont écopé de peine allant de deux à huit mois de prison avec sursis.
00:22Quelques mois de prison avec sursis pour s'en être pris à des policiers.
00:25L'un d'eux, par exemple, était venu avec des mortiers qu'il a jetés en direction de CRS.
00:29Est-ce que vous trouvez cela suffisant ?
00:32D'abord, il y a eu des incidents qui sont dramatiques, mais il y a surtout eu deux morts.
00:39C'est à bord à eux que je pense, c'est à leur famille, parce que ça c'est pas rien.
00:42On ne peut pas faire comme s'il n'y avait eu que de la casse.
00:46On va en parler, on va y revenir, mais il y a eu deux morts.
00:49Et normalement, après une fête, après une victoire, il ne peut pas y avoir ce genre de choses.
00:53Et ça, c'est pas acceptable.
00:54Qu'est-ce qu'on a vu ?
00:55On a vu des images déplorables, désolantes.
00:58une ville de Paris saccagée.
01:01On a vu des gens s'en prendre aux forces de l'ordre,
01:04des gens s'en prendre à des commerces,
01:06à des gens qui étaient là dans la rue et qui passaient normalement.
01:09Et puis, on a...
01:11Deux morts, vous dites, l'un des deux à Dax.
01:12On n'a pas de confirmation que c'était en lien avec la soirée.
01:14En tout cas, c'est ce qui nous avait été annoncé.
01:16Oui, après ça a évolué.
01:17En revanche, il y a eu aussi un jeune homme à Paris qui est mort à scooter percuté par la police.
01:20De toute façon, c'est trop.
01:21C'est trop, un mort, deux morts.
01:23Et même, il ne peut pas y avoir de blessés graves.
01:26Il ne peut pas y avoir ce genre de drame.
01:29Après une victoire, normalement, quand on gagne la Coupe des Champions,
01:32on se comporte bien et on n'a pas ça, on fait une fête.
01:35Évidemment, quelquefois, il y a beaucoup de monde dans les fêtes.
01:37Mais ça ne peut pas tourner au vinaigre ou mal tourner comme ça a tourné.
01:40Et ça ne peut pas donner le spectacle déplorable, déplorable d'un pays qui n'est pas capable de célébrer une fête.
01:48Mais qu'est-ce qu'on fait alors, Benoît Payon ?
01:50Est-ce que vous pensez que donner des peines avec sursis, par exemple, ça permettra d'éviter que ça recommande ?
01:54D'abord, je vous rappelle que dans ce pays, il y a des lois et qu'elles sont extrêmement dures.
01:59Les violences en bande organisée dans ce pays,
02:01elles sont punies de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende par le code pénal.
02:07On a eu un afflux de centaines de personnes qui ont été interpellées
02:11et qui ont été présentées soit à des magistrats, soit dans des commissariats.
02:16Et qu'est-ce qui s'est passé ?
02:17On s'est rendu compte que dans ce pays, évidemment, il n'y avait certainement pas assez de magistrats de permanence
02:21parce que ce pays manque cruellement de magistrats
02:24et qu'un magistrat ne peut pas juger à la chaîne une personne par minute.
02:28Ça n'existe pas.
02:29Il y a aussi des personnes qui ont été relâchées tout de suite parce qu'il y a faute de place dans les commissariats.
02:33Je l'ai connu moi-même à Marseille.
02:37J'ai connu moi-même le problème de gens qu'on interpellait et qu'on relâchait tout de suite.
02:41Et je ne peux pas l'accepter.
02:42Quelqu'un qui commet un délit doit être jugé en conséquence et doit être puni en conséquence.
02:47Donc moi, je suis pour l'application de la loi.
02:50Mais par l'application faite par celles et ceux dont c'est le métier.
02:54Ça n'est ni votre métier, ni mon métier.
02:56Il y a des magistrats dans ce pays qui doivent faire appliquer la loi.
02:59C'est ce qu'on leur demande.
02:59Donc pour vous, c'est plus une question de juge laxiste qu'une question de faiblesse du code pénal ?
03:03Pas du tout. Je pense qu'on ne s'est pas bien compris.
03:05Est-ce qu'il faut durcir le code pénal ? C'est ce que réclame Gérald Darmanin.
03:07Mais ça ne change absolument rien.
03:09Des peines de supprimer le sursis par exemple instaurer des peines planchées ?
03:12D'abord, on ne peut pas avoir deux poids, deux mesures.
03:15Selon le délit, on va mettre un sursis.
03:19Là, il n'y en aura pas.
03:21Moi, je crois que la loi doit être égale pour tous.
03:23Moi, je suis pour appliquer des sanctions lourdes et dures.
03:27Ma main ne tremble pas.
03:29Moi, quand on arrête quelqu'un qui a commis un délit, il doit être puni.
03:32Et puni de la manière la plus directe et la plus sévère possible
03:36en fonction de la réalité du délit qui est présenté à un magistrat.
03:41Et donc, ce n'est pas une question de magistrat.
03:43Et ne me faites surtout pas dire ça de magistrat laxiste.
03:46C'est parce que dans ce pays, j'imagine que le nombre de magistrats en permanence
03:49ou de permanence ce soir-là, c'était quoi en fait ?
03:52Cinq, six, sept ?
03:53Vous connaissez le nombre de magistrats des parquets ou du siège à Bobigny ou à Paris ?
03:59On est très en dessous de la réalité.
04:00Moi-même à Marseille, je suis dans une situation où quand un magistrat a face à lui
04:05quelqu'un qui est un trafiquant de cigarettes et qui est pris avec 15 paquets de contrebandes
04:10dans les poches ou qui a un couteau ou qui a mis un coup de couteau,
04:13qu'est-ce qui privilégie le magistrat Agatelanbray ?
04:15Il privilégie celui qui a mis un coup de couteau et il l'instruit.
04:19Et c'est vrai que celui qui a des cigarettes de contrebandes,
04:21il est en effet, il passe entre les mailles du filet.
04:24Et ça, c'est un problème.
04:26De quoi ? De moyens.
04:28Benoît Payan, la loi Paris-Lyon-Marseille a été massivement rejetée par le Sénat tout à l'heure
04:33après avoir été adoptée à l'Assemblée.
04:35Elle vise à modifier le mode de scrutin dans ces trois villes, Paris-Lyon-Marseille,
04:40où les électeurs ne votent pas directement pour leur maire.
04:42Ils votent d'abord pour des maires de secteur ou d'arrondissement.
04:44Qui désigne ensuite le maire central ?
04:47La droite y est hostile.
04:48L'immense majorité de la gauche aussi.
04:50Même dans le bloc central, on a des doutes.
04:52Mais vous, vous soutenez ce texte, Benoît Payan.
04:54Bon, d'abord, vous êtes une excellente journaliste.
04:57C'est vrai que vous êtes un homme de gauche.
04:57Je ne me permettrai pas de vous rectifier.
04:59Mais d'abord, c'est deux tiers, un tiers.
05:01Donc, on ne peut pas dire qu'on nous prédisait la catastrophe absolue avec un rejet total du Sénat.
05:08Les sénateurs sont un peu plus sages que ce que l'on pense.
05:12Les sénateurs ont considéré que le texte n'était pas excellent.
05:15Ce qui est vrai, le texte n'est pas excellent.
05:18Et il faut désormais l'améliorer.
05:20Je suis favorable à ce que la voix d'un Marseillais, la voix d'un Parisien ou la voix d'un Lyonnais,
05:26ce soit la même que celle d'un Niçois, d'un Toulousain ou d'un Lillois.
05:29Enfin, on vit dans un pays de fous.
05:31On marche sur la tête.
05:32On vit avec une loi qui a 43 ans et qui fait que le poids électoral, la voix d'un citoyen dans nos trois plus grandes villes,
05:40ce n'est pas la même que celle des autres villes.
05:43Mais personne ne sait ça, d'ailleurs.
05:45Personne n'est au courant de cette anomalie démocratique.
05:47Pour Anne Hidalgo, la maire de Paris qui est de gauche, c'est cette loi qui est une anomalie.
05:52Elle parle de bidouillage électoral en nom des municipales.
05:56Vous, vous dites non, c'est une bonne chose et il faut s'y attaquer.
05:59Moi, je crois que le droit commun, ce n'est pas du bidouillage.
06:02Dire que dans ces trois villes, on vote comme dans toutes les autres villes, c'est du bidouillage ?
06:07Pardonnez-moi, le droit commun, c'est du bidouillage ?
06:11Le droit français, c'est du bidouillage ?
06:14Non. Je crois que c'est cette loi d'exception qui est problématique et c'est à ça qu'il faut mettre fin.
06:19Et vous demandez donc à François Bayrou de faire en sorte que cette loi puisse continuer son chemin ?
06:23Mais elle va faire sa vie parce que la démocratie parlementaire dans ce pays fait que ça passe à l'Assemblée nationale, au Sénat.
06:30Et puis ensuite, il y a tout un processus législatif.
06:33On ne va pas rentrer dans le détail pour les auditeurs, ça risquerait franchement de peut-être les exaspérer.
06:38Mais il y a une commission mixte paritaire et ensuite peut-être une lecture à l'Assemblée nationale.
06:42Vous n'êtes plus adhérent du PS mais vous êtes resté proche du Parti Socialiste avec qui vous dirigez Marseille,
06:47notamment au sein d'une grande coalition de gauche. Quel regard vous portez sur leur congrès ? Le second tour aura lieu jeudi ?
06:54J'ai l'impression qu'il n'y a pas de majorité qui s'est dégagée.
06:57Et si j'ai quitté le Parti Socialiste, c'est certainement pas pour venir commenter ce qui s'y passe.
07:03Et encore moins pour m'occuper de congrès du Parti Socialiste, franchement.
07:07A peine 25 000 votants, Benoît Payan, des adhérents qui ont voté dans des boîtes à chaussures par endroit.
07:12C'est pour ça que vous n'y êtes plus ?
07:14Non, je n'y suis plus parce que je ne me sens plus libre.
07:20Et comme je vous l'avais dit, moi je suis maire de toutes les Marseillaises et de tous les Marseillais.
07:24Et je considère que maire de cette ville, je reste avec des idées qui sont les miennes.
07:29Et rien ne me fera changer, rien ne me fera varier.
07:33Mais je ne veux pas adhérer à un parti.
07:35En toile de fond de cette question du congrès du PS, il y a la question de la présidentielle de 2027.
07:42Ce qui se joue c'est la ligne du parti.
07:44D'un côté Nicolas Meyer-Rossignol, l'un des finalistes, plaide pour un candidat socialiste, social-démocrate, assumé à la présidentielle.
07:51Quand Olivier Faure, lui, veut un candidat de la gauche non-mélenchoniste, sans préciser qui, de Ruffin à Glucksmann, dit-il, quelle est votre ligne à vous ?
07:58Ça c'est une question de stratégie.
07:59Et moi j'ai toujours été favorable au rassemblement le plus large possible.
08:03Et j'ai toujours été favorable à ce qu'on consulte les gens.
08:07Mais ensuite on ne peut pas les obliger, on ne peut pas obliger un candidat à accepter une primaire.
08:11On voit d'abord que Raphaël Glucksmann a décliné en disant « je serai candidat ».
08:17Et donc il faut se poser la question, il faut que les chefs de parti, que ces responsables politiques, qui ont une responsabilité immense, et ils le savent, soient capables de s'entendre.
08:27Parce que sinon on aura un deuxième tour où une fois de plus, une fois de trop, la gauche ne sera pas présente.
08:34Et donc on devra une fois de plus choisir un candidat par défaut, c'est-à-dire éliminer le candidat du Rassemblement National.
08:41C'est la direction que ça prend aujourd'hui, vu que Raphaël Glucksmann a dit qu'il n'y participerait pas, Jean-Luc Mélenchon n'y participera pas non plus.
08:46Pardonnez-moi, ça ne veut pas dire, si Raphaël Glucksmann dit qu'il n'ira pas à la primaire, ça ne veut pas dire qu'il n'ira pas à la présidentielle, ni qu'il ne sera pas qualifié.
08:54Je vous dis juste que les chefs de parti, celles et ceux qui ont les destinées de la gauche en main, doivent être capables de se parler pour trouver la meilleure solution.
09:03C'est leur travail, ce n'est pas le mien.
09:04Moi je suis maire de Marseille, je n'ai pas l'ambition d'être président de la République ou chef de parti, je ne suis plus dans un parti.
09:10Je me suis mobilisé pour les élections législatives parce que j'ai senti le danger du Rassemblement National.
09:16Je me mobiliserai de la même manière si au moment des élections présidentielles, je sens qu'une femme ou un homme issu de ce parti peut devenir chef de l'État.
09:26Mais chacun son job.
09:27Et en même temps vous refusez de trancher entre Nicolas Maillard-Rossignol et Olivier Faure ?
09:31Voilà, vous avez tout compris.
09:32Vous ne voulez pas vous mouiller ?
09:33Non, c'est juste que ça ne m'intéresse pas trop en fait.
09:36Une question, Benoît Payan, sur le budget.
09:38François Bayrou assure dans le Figaro qu'il ne se dérobera pas aujourd'hui.
09:41Dans son viseur, notamment pour trouver les dizaines de milliards d'euros d'économies, les collectivités territoriales.
09:48Est-ce que vous pouvez faire des économies ?
09:50Là on a déjà fait les frais.
09:52Quels frais ?
09:54Des économies, des budgets qui nous étaient déjà présentés.
09:59Nous, on nous demande à peu près 50 millions d'euros d'économies.
10:03C'est à peu près ce qu'on nous demande.
10:04Alors, 50 millions d'euros pour que les auditeurs de France Info...
10:07Aux municipalités ?
10:08Pour la ville de Marseille, je parle.
10:09Que pour moi, que pour la ville de Marseille.
10:1050 millions d'euros, ça correspond, c'est ce qui était à peu près dans le budget Barnier.
10:17J'attends de voir ce que François Bayrou nous propose.
10:2050 millions d'euros, ça correspondait à l'intégralité du budget de la police municipale,
10:24de tout le fonctionnement de la police municipale,
10:26et à l'intégralité des repas de cantine des 60 000 Marseillais qui mangent tous les jours,
10:33des petites Marseillaises et Marseillais qui mangent tous les jours à la cantine.
10:36Alors, qu'est-ce que je dois choisir, moi ?
10:37Vous ne pouvez pas prendre un peu dans chaque dépense ?
10:41Vous voulez que j'enlève un peu des policiers municipaux, que je ne fasse plus manger les gamins ?
10:45Enfin, on marche sur la tête, en fait.
10:47Moi, je suis à l'équilibre.
10:48Nous, les villes, quelles qu'elles soient d'ailleurs, elles sont gérées à l'équilibre.
10:52Je n'ai pas le droit d'avoir un budget en déficit.
10:55Donc, elles sont toutes bien gérées.
10:56Donc, vous refusez de faire des économies supplémentaires ?
10:57Ce n'est pas que je refuse de faire des économies supplémentaires.
10:59On fait déjà des économies.
11:01J'ai réduit la dette de ma ville de 400 millions d'euros.
11:04Donc, ce n'est pas à moi qu'il faut dire de faire des économies.
11:08Je suis capable, moi, de réduire les budgets tout en ne réduisant pas les politiques publiques.
11:13Je crois que l'État doit lui aussi trouver les moyens de faire des économies d'échelle.
11:18Mais on ne peut pas taper toujours sur les bons élèves.
11:21Dernière question.
11:22Un nouveau pochoir attribué à l'artiste Banksy a été découvert vendredi sur la façade d'un immeuble à Marseille.
11:28C'est un très beau phare.
11:30Ça faisait depuis longtemps qu'on n'avait pas vu d'œuvres dévoilées de Banksy.
11:35Il y a aussi le New York Times qui a fait de la pub pour Marseille, qui donne les bonnes adresses.
11:40J'ai envie de vous dire, ça fait du bien qu'on parle de Marseille aussi pour ses bons côtés.
11:44Ça fait du bien.
11:45Surtout que quand on se rend compte de ce qu'est cette ville et quand on y va, on est très loin d'épensif de ce que certains peuvent raconter.
11:51D'abord, on est très fiers que Banksy ait fait ça.
11:53C'est une œuvre magnifique.
11:54On est aussi très fiers que le New York Times considère que c'est une des plus belles destinations touristiques.
11:59Vous savez, il y a, pour l'année qui arrive, une prévision de 5 millions de touristes.
12:05Donc, quand on voit cette ville, quand on la découvre et quand on y va, on s'aperçoit qu'elle est juste merveilleuse et qu'elle est juste magnifique.
12:11Elle est tellement loin de ce que certains peuvent en raconter.
12:14Une dernière question, est-ce que vous avez pris des dispositions pour protéger le Banksy parce qu'il a déjà été tagué ?
12:20La copropriété a plutôt envie de le faire et puis s'ils veulent le faire, je les aiderai.
12:25Merci beaucoup Benoît Payan, maire de Marseille, d'avoir répondu aux questions de France Info.