Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page

Recommandations

  • 23/06/2025
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 23 juin 2025, la chanteuse et animatrice China Moses. Elle sera sur la scène du Nice Jazz Fest, le 23 juillet.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Chahina Moses. Bonjour Élodie. Alors quand on dit Chahina, on pense évidemment à MTV, MCM et Canal+,
00:06parce que vous avez été une grande présentatrice, mais en fait non. Vous êtes cette artiste à l'empreinte vocale,
00:12très marquée par le jazz, le swing, le blues, la soul, le funk, le R&B, ces musiques de l'âme qui transpirent autant
00:17qu'elles inspirent des histoires de vie, de partage, parfois triste mais souvent joyeuse, tant elles célèbrent l'espoir.
00:23Il faut dire qu'en tant que fille de la chanteuse de jazz et activiste Didi Bridgewater, de l'homme de théâtre et de cinéma,
00:28Gilbert Mosis, vous avez de qui tenir, votre enfance étant le théâtre de rencontres exceptionnel,
00:33de live mythique, jonchée de célébrations, des clades de rire. Votre voix est un doudou, Chahina, une caresse,
00:38un réconfort qui fait tellement de bien, c'est un apaisement quasiment immédiat. Le 3 octobre prochain
00:44va sortir votre nouvel album It's Complicated, avec 8 nouveaux titres, 8 nouveaux tableaux de vie et vous serez aussi
00:52le 23 juin au concert du New Morning à Paris le 24 juillet prochain, donc dans quelques jours au Nice Jazz
00:57Fest sur la scène du Théâtre de la Verdure à partir de 21h45. Alors oui, vous êtes américaine,
01:04mais vous parlez parfaitement le français et pour cause, parce que vous avez grandi en France.
01:08On s'en est rendu compte d'ailleurs très longtemps quand vous avez officié à Canal+.
01:12Vous avez un énorme attachement avec votre famille pour la France.
01:15Oui, c'est ma mère qui m'a instauré ça et puis mon père aussi, il a été à la Sorbonne et je pense que la France
01:24et Paris et la culture et la manière dont la culture est défendue ici, c'est quelque chose de très attachant
01:32pour les Noirs américains. L'Europe en général a été un endroit d'accueil pour les Noirs américains
01:40après la Première Guerre mondiale et ça c'est, disons qu'on s'est passé le mot, qu'il y avait un endroit
01:47sur cette planète où on pouvait être libre, où notre art et notre culture étaient respectées et aimées.
01:54C'est comme Josephine Baker quand elle était à Washington et qu'elle a parlé après, avant Martin Luther King
02:02quand il a fait son grand speech, I have a dream, Josephine Baker c'est la seule femme qui a parlé ce jour-là
02:09et elle a parlé de la France, elle a parlé d'un autre, elle a parlé de l'Europe, elle a parlé de cet autre endroit
02:17où on pouvait être accepté et je pense qu'il y a beaucoup d'artistes Noirs américains
02:22qui ont regardé la France comme une sorte d'étoile du Nord, en fait, d'acceptation.
02:27Parlons-en, parce que vous êtes au Nice Jazz Fest et effectivement, ce qui prime, même s'il y a beaucoup d'artistes
02:34qui ne sont pas dans cette dynamique-là ou dans cette tonalité-là, je pense notamment à Labo Mali
02:41avec Mathieu Chédid ou Foucha Tarton ou Santa, le jazz est très important dans votre vie.
02:50Je me posais la question de savoir si c'était une base d'exigence finalement, parce que c'est très exigeant le jazz.
02:55Ah c'est super, merci de l'avoir formulé, pour ça je vais te le piquer, Louis, elle le disait.
03:02C'est une forme d'exigence, le jazz, et c'est une base de construction.
03:08Le jazz, c'est avec la musique européenne classique, on a des règles et on les respecte, on ne les bouge pas.
03:16Le jazz, c'est on a des règles, on les respecte, on les apprend et après, on les brise.
03:22Et en brisant ces règles, en faisant le chemin de désapprendre, c'est là où le jazz te demande à te trouver qui tu es, toi.
03:32Donc c'est une autre manière de naviguer le monde et la niche jazz fest est construit comme ça.
03:40La plupart des artistes qui sont programmés au niche jazz fest ont un rapport au jazz,
03:44peut-être dans leur début, peut-être ils ont fait conservatoire, peut-être ils ont même joué dans des groupes de jazz.
03:52Mathieu Chedide connaît le jazz, je le sais, j'ai déjà jamais avec lui.
03:56Son père adore le jazz.
04:01Fatoumata Diarwara, elle a chanté avec ma mère, quand ma mère a fait un album au Mali,
04:07qui s'appelle Red Earth, qui est un des albums favoris de ma mère.
04:12Donc le jazz est partout.
04:15Le jazz est la base de construction de la musique pop, en fait.
04:21Comme le jazz a été basé sur aussi des standards des comédies musicales et aussi sur ces compositions de la communauté noire américaine,
04:35principalement, c'est quand même une musique issue de la communauté noire américaine.
04:41C'est la base de construction de toutes les figes pop.
04:44Donc en fait, tout est jazz, au final.
04:46C'est pour ça d'ailleurs que cet album qui arrive, il sortira le 3 octobre prochain.
04:51Moi, j'ai eu la chance de l'écouter, évidemment, parce que vous arriviez que j'avais besoin de l'entendre.
04:56Son titre en français, c'est « C'est compliqué ».
04:58Et pour autant, quand on écoute le premier titre, « It's okay, I'm not alone »,
05:01on se rend compte que ce n'est pas tant compliqué que ça, finalement.
05:05Il est empli d'espoir, cet album.
05:07C'est une façon de dire « Oui, mais tout est OK ».
05:09C'est juste qu'il faut faire un point sur les chemins qu'on emprunte et de ce qu'on cherche.
05:14On a l'impression que vous êtes à l'aube de trouver définitivement une belle sérénité.
05:18Est-ce que vous êtes bienveillante avec vous, Shaina ?
05:20Maintenant, oui.
05:21Maintenant, pendant très longtemps, je ne l'étais pas.
05:24Pourquoi ?
05:25Je me suis retrouvée à la télé par hasard.
05:32Ce n'était pas quelque chose que je rêvais de faire.
05:34Au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma carrière, c'était assez violent de grandir.
05:41C'est déjà dur de se trouver en tant qu'adulte, mais de se voir à l'écran.
05:47Et d'être…
05:49Ton image devient une sorte d'image 2D.
05:54Et les gens, ils ne voient que toi par rapport à l'écran.
05:58Et on te…
06:00Après, c'est vraiment un petit problème, quoi.
06:02Mais c'était mon métier pendant 13 ans.
06:04Donc, je vivais dans un monde où on me démantelait bout par bout.
06:10On me reprochait des choses.
06:11Je n'avais pas…
06:13Ce n'était pas un endroit dans lequel je m'épanouis.
06:17Je ne pouvais pas m'épanouir en tant qu'être humain.
06:20Il y a des gens qui arrivent très bien à le faire.
06:23Moi, je n'étais pas…
06:24Ça va, je passe à l'écran, mais je n'étais pas quelqu'un…
06:29Ce n'était pas ma passion, en fait.
06:31C'est un métier, c'est un beau métier.
06:34Et c'est un savoir-faire.
06:35Mais c'est un talent que j'ai, allez, on va dire, à 65%.
06:41Et que l'autre côté, de me chercher en tant qu'artiste, c'était très difficile.
06:49Ces textes, c'est ça aussi qui sont très forts.
06:51C'est qu'ils viennent du cœur, ils viennent des tripes.
06:53C'est qu'ils vous racontent, c'est qu'ils représentent vos yeux.
06:56Oui, le premier morceau, « It's OK », j'appelle ça mon ode à la bienveillance.
07:03C'est aussi « self-accountability ».
07:04Je ne sais pas du tout comment traduire ça en français.
07:08D'avoir le…
07:10D'être sûre, être honnête avec soi-même, avec toutes les erreurs qu'on a faites,
07:17toutes les bonnes choses, le bon, le mauvais et l'inavouable.
07:21D'être à l'aise avec ça, de faire le point.
07:25C'était important pour moi de marquer ce pas-là.
07:27Je pense que je ne suis absolument pas la seule femme au-dessus de 40 ans qui n'a pas d'enfant,
07:33qui se regarde dans la glace et qui se dit « Peut-être ma vie ne s'est pas passée comme je l'avais prévu ».
07:40Et il faut accepter ça pour pouvoir avancer, avoir la sérénité.
07:44Il y a pas mal de fantômes dans cet album à qui vous rendez hommage,
07:49qui ont un lien finalement avec le présent,
07:52parce que quand on n'arrête jamais de penser à eux, ils finissent toujours par rester parmi nous.
07:57Je pense à Marvin Gaye, à Roberta Flack, des grands grands noms.
08:02Je pense aussi à votre maman qui est présente et qui est toujours avec nous.
08:05C'est ça cet album ?
08:07C'est un hommage ?
08:08C'est un regard sur la vie ?
08:09C'est un regard sur ce qu'on nous a laissé ?
08:12J'ai essayé de faire un disque qui était ma vision de mon héritage et de ma culture.
08:21Elle est vaste.
08:22La culture noir-américaine est beaucoup plus vaste musicalement qu'on peut l'imaginer.
08:28On sépare toujours les genres, mais tous ces genres font partie d'une même culture.
08:32On sépare le jazz, le blues, le rock, le R&B, la house.
08:36Tout ça fait partie de la culture noir-américaine.
08:38Donc, elle est vaste.
08:39Donc, c'est un peu ma thèse de ce que j'ai appris dans ma vie et musicalement.
08:45Et ce que ces artistes-là, Roberta Flack, Patrice Russian qui est encore là,
08:49ma mère, Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Sly Stone qui vient de nous quitter,
08:54tous ces gens-là, Aretha Franklin nous ont appris des choses absolument magistrales.
08:59Et la première chose qu'ils ont appris, c'est la résilience.
09:03Et comment, en faisant partie d'un peuple qui, pendant très longtemps, n'avait pas des droits
09:13à réussir à faire quelque chose de beauté, à nous tracer une route,
09:17c'est un peu comme un GPS de vie, quoi.
09:20Et c'est pour ça que j'ai fait un album qui n'est pas long.
09:22Et que j'ai fait un album que, pendant assez longtemps, il sera disponible pour les gens qui me suivent.
09:30En fait, s'ils veulent l'avoir, l'album, il sera disponible.
09:33Je le fais en physique.
09:35Il sort le 3 octobre en physique.
09:37Il ne sera pas sur les DSP en entier.
09:41Il y aura des morceaux, les morceaux que j'aurais réussi à clipper,
09:44que j'aurais trouvé l'argent pour faire des visuels.
09:46Je veux faire de la musique avec l'intention.
09:49Et ce n'est pas que je pense que les plateformes sont mauvaises.
09:54C'est juste que j'ai fait de la musique avec intention.
09:58Et j'aimerais que les gens prennent l'espace et le temps pour l'écouter avec intention.

Recommandations