- 05/03/2024
Autour de Bérengère Bonte, les informés débattent sur un thème spécial ce mardi 5 mars : le Super Tuesday, jour d'élection aux États-Unis.
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00:00 ...
00:03 -20h21, France Info,
00:05 les informés, Bérangère Monte.
00:08 -Bonsoir à tous. Trump contre Biden,
00:11 ça vous rappelle quelque chose ?
00:13 Les informés n'ont pas sombré dans une nostalgie de 2020,
00:17 mais il va sans doute falloir se faire à cette affiche
00:20 plus que probable de la présidentielle américaine
00:23 en novembre prochain.
00:24 Ca passe quand même par le Super Tuesday.
00:27 Primaire républicaine et démocrate dans 15 Etats,
00:30 ce sera l'unique sujet ce soir.
00:32 Peu de suspense sur l'issue de ce Super Mardi.
00:36 On va d'ailleurs essayer de comprendre pourquoi.
00:38 Pourquoi Trump est toujours là,
00:40 pourquoi Biden est toujours candidat à 81 ans,
00:44 ce que cela dit de la société américaine,
00:46 sans oublier les enjeux internationaux de ce scrutin.
00:50 Pour en débattre, beaucoup de monde autour de la table.
00:53 L'historien André Caspi,
00:55 que je salue, grand spécialiste des Etats-Unis
00:57 avec de nombreux ouvrages de référence,
01:00 notamment vos "Chroniques américaines"
01:02 à l'Observatoire, publié en 2022.
01:04 Dominique Simonet, écrivain et journaliste,
01:07 spécialiste des Etats-Unis,
01:09 coauteur avec Nicole Bacharan de "Les grands jours",
01:12 "Qui ont changé l'Amérique", chez Perrin.
01:14 Célia Belin, politologue à côté de vous,
01:17 spécialiste de la politique étrangère,
01:19 vous dirigez le bureau parisien d'un think tank
01:23 qui s'appelle ECFR, Conseil européen,
01:25 si on le traduit, pour les relations internationales.
01:29 Et puis, Cole Stangler,
01:30 vous êtes journaliste américain,
01:32 correspondant en France pour de nombreux médias,
01:35 "The Nation", "The Intercept",
01:37 "Jacobin" aussi, "New York Times", je crois.
01:40 On va débattre tous ensemble jusqu'à 21h.
01:43 Bonsoir et bienvenue à tous.
01:44 Je salue aussi aux Etats-Unis Sébastien Paour.
01:47 Bonsoir à vous, Sébastien.
01:49 -Bonsoir, Bérangère.
01:51 -Correspondant à la question
01:53 de France Info aux Etats-Unis.
01:56 Alors, ce Super Tuesday, sans suspense, disons-le,
01:59 est-ce que ça fait quand même la une ?
02:02 Et comment c'est couvert par les médias américains ?
02:05 -Oui, ils sont en direct, évidemment.
02:08 C'était un grand rendez-vous de la primaire américaine.
02:11 Tous les médias sont positionnés partout,
02:14 de la Californie jusqu'au Maine.
02:16 J'ai pas vu d'envoyé spécial en Alaska.
02:18 Il y a aussi une primaire aujourd'hui.
02:21 Les grandes télés, les grands journaux
02:23 sont évidemment en édition spéciale
02:25 ou vont l'être à partir du milieu de l'après-midi,
02:28 alors que les bureaux de vote fermeront en soirée.
02:31 On couvre cette élection.
02:33 C'est un grand rendez-vous de la démocratie américaine,
02:36 même si cette année, le suspense qu'on a d'habitude,
02:39 il n'est pas là.
02:40 Le sortant se représente.
02:42 En général, le parti derrière trace,
02:44 il n'y a pas de suspense.
02:45 De l'autre côté, côté parti républicain,
02:48 il devrait y avoir plus de suspense cette année,
02:51 car Trump écrase tout depuis le début de septembre.
02:54 - Sébastien, vous avez arpenté le pays.
02:56 Je ne sais pas combien de meetings
02:58 vous avez couverts, vous savez, vous ?
03:02 - Non, je n'ai pas compté, mais beaucoup, oui.
03:04 - Surtout côté républicain,
03:06 en particulier ceux de Donald Trump.
03:08 J'ai envie de vous demander
03:10 ce que vous retenez, globalement.
03:13 - Il y a clairement une base militante,
03:16 c'est celle-là qu'on voit dans les meetings de Donald Trump.
03:19 J'en étais en Iowa, dans New Hampshire,
03:21 en Caroline du Sud,
03:23 et puis auparavant, à d'autres occasions,
03:25 il y a une base militante
03:27 qui déplace au meeting de Donald Trump
03:29 ou de ses proches, d'ailleurs,
03:31 parce que la famille Trump est mobilisée,
03:33 en partie, en tout cas,
03:34 j'ai fait le meeting de Donald Trump Jr.,
03:36 l'adeptice du tantien président,
03:38 et donc les militants qui viennent dans ces réunions-là,
03:41 ce sont des militants de base complètement fanatisés,
03:44 ils viennent d'ailleurs assister à un show,
03:47 un one-man show,
03:48 un monsieur qui vient sur scène,
03:50 qui est un ancien président ou son fils,
03:52 qui prend le micro humain sans filtre
03:54 pendant une demi-heure, parfois une heure,
03:57 parfois une heure et demie, parfois deux heures,
03:59 c'est long, quand on a un compte-rendu
04:02 à la radio pour le lendemain,
04:03 et pendant une heure et demie ou une demi-heure,
04:06 Trump ou Donald Jr. leur raconte
04:08 tout et n'importe quoi,
04:09 dans tous les sens, sans filtre, les prend à partie,
04:12 comme s'ils faisaient un show humoristique.
04:15 Je me souviens que dans l'Iowa,
04:17 il faisait quand même plus de -30°C,
04:19 au-delà des -30°C,
04:20 mais c'était vraiment la température au thermomètre,
04:23 même si c'était en Fahrenheit,
04:25 et des gens attendaient dans le froid
04:27 devant une petite salle au sud de Des Moines,
04:30 notamment des jeunes gens,
04:31 une jeune femme notamment,
04:33 qui avait fait la comparaison lors de ce meeting
04:35 avec un concert de Taylor Swift.
04:37 Elle m'avait dit, là, j'ai Donald Trump
04:39 qui vient à côté de chez moi, c'est gratuit,
04:42 c'est un spectacle,
04:43 le Taylor Swift est gratuit.
04:45 La comparaison est tout à fait juste,
04:47 on vient à un spectacle
04:48 où l'artiste, en l'occurrence,
04:50 est un homme politique,
04:52 va faire un numéro, littéralement un numéro,
04:55 raconter des erreurs,
04:56 des tas de grosses hiapées aussi,
05:00 raconter que l'élection de 2020 a été volée,
05:02 raconter que Trump, que Biden,
05:05 le traité de Poubey, non,
05:06 traité son adversaire,
05:08 qui a eu lieu aussi, de cervelle de moineau,
05:10 bref, tout le monde va en prendre pour son compte,
05:13 on va être pris à partie,
05:14 et on vient au spectacle, au White Wing Show,
05:16 et cette base-là, très fanatisée,
05:18 très Trumpiste et fidèle,
05:20 elle votera Trump à tous les coups,
05:22 à tout prix, et continue de dire que 2020 a été volée.
05:24 C'est intéressant, on va en débattre avec nos invités.
05:27 Un mot, le meeting de Nikki Haley, c'est assez différent ?
05:31 Oui, d'abord, il y a beaucoup plus de cheveux gris,
05:33 la foule est beaucoup plus âgée,
05:36 plus diplômée aussi, plus modérée,
05:38 nettement plus modérée même.
05:40 Elle est aussi un peu moins enthousiaste,
05:43 parce que les sondages, les résultats de ses primaires,
05:46 pour l'instant, laissent Nikki Haley
05:47 assez loin derrière Donald Trump,
05:49 et elle pourrait même abandonner dès demain.
05:51 Et donc, dans les meetings de Nikki Haley,
05:54 même si la presse étrangère est très malvenue dans ses meetings,
05:58 globalement, c'est beaucoup plus calme,
06:01 et on a espéré un minima,
06:03 pour certains qui sont un peu plus lucides,
06:06 qu'elle sera potentiellement là,
06:08 soit pour un ticket,
06:09 si Trump la choisissait comme vice-présidente,
06:11 ce qui est très peu probable,
06:13 soit pour marquer le coup et prendre date pour 2028.
06:18 Merci beaucoup, Sébastien Paour,
06:20 correspondant permanent de France Info aux Etats-Unis.
06:24 On suivra avec vous sur l'antenne
06:26 et sur toutes les antennes de Radio France
06:28 les résultats de ce Super Suesday
06:29 et la suite de ce scrutin.
06:32 On va marquer une pause du temps du Fil-Info,
06:34 puisqu'il va être 20h10.
06:35 Emmanuel Langlois, et on débat ensemble après.
06:38 Une vingtaine de personnes cagoulées
06:40 a perturbé l'accès au lycée de Cachan,
06:42 dans le Val-de-Marne, ce matin.
06:43 Le groupe a mis le feu à des poubelles
06:45 avant d'envoyer des projectiles sur les forces de l'ordre.
06:48 Un mineur de 17 ans a été arrêté.
06:49 Le préfet de police, Laurent Nunez,
06:51 dénonce des faits intolérables.
06:53 Il annonce un renforcement de la sécurité
06:56 autour de l'établissement.
06:58 Des perquisitions menées aujourd'hui
07:00 à l'hôtel de ville de Paris
07:01 dans le cadre d'une enquête du parquet national financier
07:04 sur les conditions du voyage controversé d'Anne Hidalgo
07:08 en octobre dernier à Tahiti.
07:09 La maire de Paris se dit sereine et confiante
07:12 quant à l'issue des investigations.
07:15 En Égypte, les négociations entre le Hamas
07:17 et les médiateurs internationaux se poursuivent au cœur
07:20 dans l'espoir de parvenir, avant le Ramadan,
07:22 ce week-end, à une trêve dans la bande de Gaza,
07:25 après quasiment cinq mois de guerre
07:27 entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
07:30 Par ailleurs, des avions cargo américains
07:33 ont à nouveau largué plus de 36 000 repas à Gaza
07:35 lors d'une opération conjointe
07:38 menée avec la Jordanie.
07:39 Le président américain Joe Biden, lui,
07:41 met ce soir en garde contre une situation
07:44 potentiellement très dangereuse entre Israël
07:46 si les hostilités continuaient pendant le Ramadan,
07:49 qui commencera donc dimanche ou lundi prochain.
07:52 20h21, France Info, les informés, Bérangère Bonte.
08:02 Ce soir, de Dominique Simonnet, de l'historien André Caspi,
08:05 de la politologue Célia Belin et du journaliste américain
08:09 Cole Stengler.
08:10 J'ai envie de vous faire réagir tous sur ce qu'on a entendu.
08:13 Sébastien Paour nous a beaucoup parlé du show,
08:15 de cette politique qui se fait...
08:17 Est-ce que ça vous semble emblématique,
08:19 d'une certaine façon, de la façon dont la politique
08:22 se fait aujourd'hui, Dominique Simonnet ?
08:25 - Oui, en tout cas, de la façon dont Trump fait de la politique,
08:28 puisqu'effectivement, on parle de fanatisme,
08:30 mais il y a une partie des Américains
08:33 qui sont supporteurs fanatiques de Trump.
08:36 Ça fonctionne presque comme une secte.
08:38 Notre correspondant le disait très, très bien.
08:42 - On parle de gourou, même.
08:43 - Voilà, c'est ça, et même de messie,
08:45 pour un certain nombre d'électeurs évangéliques.
08:50 Il y a quelque chose qui relève de la foi.
08:54 Donc, quand on est à ce stade d'adhésion,
08:57 c'est plus vraiment de la politique.
08:58 Mais il faut dire que c'est le talent de Trump
09:01 qui a réussi à créer ce ciment de soutien.
09:06 A peu près 30 % des électeurs républicains, dit-on,
09:09 qui seraient dans ce soutien absolument féroce et fidèle.
09:15 - 30 % des Républicains ? - Oui, des électeurs.
09:18 - De l'électorat républicain. - Il faut dire aussi
09:21 qu'après, il y a autre chose.
09:23 Il y a tout ce qui relève des réseaux sociaux,
09:26 de la manière dont les informations sont diffusées.
09:29 Trump emploie des méthodes populistes,
09:31 comme tellement d'autres dans le monde,
09:33 comme Bolsonaro, etc.,
09:35 et donc, il fait passer un certain nombre d'idées
09:38 ou d'informations qui séduisent les plus sensibles,
09:43 les plus crédules, ou ceux qui se sentent mal à l'aise.
09:46 Je reviens du Michigan,
09:48 et j'ai discuté avec quelqu'un qui va voter Trump,
09:51 quelqu'un totalement respectable,
09:53 qui me disait que c'était un voyou, Trump,
09:55 mais on vit mieux avec lui, on est mieux avec lui,
09:58 il nous comprend. Voilà.
10:00 - Ca en dit, quand même.
10:02 Cole Stangler, Dominique Semeny m'a repris
10:05 quand j'ai dit "c'est la façon de faire de la politique".
10:07 Il me dit "c'est la façon de faire de la politique de Trump",
10:10 mais est-ce que c'est pour vous emblématique
10:13 d'une façon de faire de la politique,
10:15 de politique spectacle, qui prend le pas sur toute idéologie ?
10:18 - Je pense que Trump est connu pour ce genre de spectacle.
10:21 C'est ce qui a marché en 2016,
10:23 c'est ce qu'il a essayé de faire en 2020.
10:25 Il réessaye de faire ce même spectacle.
10:27 Il a fait un show, c'est pour ça qu'on va à des meetings de Trump.
10:31 Après, aux Etats-Unis, ce qu'il faut comprendre,
10:33 c'est que c'est un pays très polarisé aussi.
10:36 Et donc, on a à peu près un tiers de la population
10:40 qui va s'abstenir, qui ne va pas voter,
10:42 qui ne vote pas, qui ne s'intéresse pas à la politique.
10:45 Après, on a une partie du pays qui est très démocrate,
10:48 ensuite, on a une partie du pays qui est républicaine.
10:51 Et donc, malheureusement, on est dans un contexte
10:53 où on a des clivages qui sont tellement forts
10:56 qu'on aurait pu avoir un autre candidat républicain.
10:59 Sincèrement, si on regardait les sondages,
11:01 on serait à peu près au même niveau.
11:03 Trump continue à plaire à une certaine base républicaine
11:06 qui adore Trump, le personnage de Donald Trump,
11:09 mais en plus de ça, Trump, si on regarde les sondages,
11:12 il fait un bon score, parce que c'est le candidat républicain
11:15 en face du candidat démocrate.
11:17 Malheureusement, c'est pas plus compliqué que ça.
11:19 - André Caspi, le sentiment qu'on a, c'est qu'il fait du sur-Trump.
11:23 Plus que Trump d'il y a 4 ans et plus qu'il y a 8 ans.
11:26 - Je crois qu'il ne faut pas oublier
11:28 que Trump a d'abord été un homme de spectacle et de la télévision.
11:32 C'est-à-dire qu'au fond, c'est comme ça
11:35 qu'il a acquis une grande partie de sa célébrité avant 2016.
11:39 Et depuis 2020, évidemment,
11:41 il ne cesse pas de taper sur l'adversaire
11:45 avec tous les moyens du bord,
11:47 avec tous les propos plus ou moins justifiés.
11:50 - Et avec plus aucune retenue.
11:52 - Il fait le spectacle, il sait faire le spectacle.
11:56 Et si on compare le spectacle Trump avec le spectacle Biden,
12:01 il faut reconnaître que le spectacle Trump
12:04 est quand même nettement supérieur du point de vue du spectacle.
12:08 Je ne parle pas du contenu, mais je parle simplement du spectacle.
12:11 - C'est-à-dire vous, vous-même.
12:13 - Et quand on regarde le président Biden,
12:18 on a quand même le sentiment inverse.
12:22 C'est-à-dire qu'au fond, c'est un peu lent,
12:25 c'est un peu hésitant.
12:27 Ca n'est pas très présidentiel, à vrai dire.
12:31 Et aucun des deux ne me semble correspondre
12:34 à l'image que l'on peut se faire d'un président des Etats-Unis.
12:38 Trump, parce qu'il en fait trop,
12:39 et Biden, parce qu'il n'est pas en mesure d'en faire suffisamment.
12:43 - Ca veut dire qu'on ne peut pas gagner, Célia Belin,
12:45 cette élection si on n'en fait pas assez,
12:49 cette élection américaine ?
12:50 - Non, il n'y a que Trump qui est capable d'en faire trop,
12:54 comme ça, à la Trump, comme l'a rappelé André Caspi.
12:58 Donald Trump veut constamment mettre en scène sa propre célébrité.
13:03 D'ailleurs, il utilise certains des mots-clés
13:05 qu'il a fait connaître dans son émission,
13:08 qui a eu 14 saisons, je crois, qui s'appelait "The Apprentice",
13:11 où il jouait son propre rôle d'un businessman
13:13 qui prenait un apprenti.
13:15 Et quand ils étaient trop nuls, "You're fired", "Vous êtes virés".
13:18 Il dit ça à propos de Joe Biden l'autre jour dans son meeting.
13:22 "Je dirais à Joe, tu es viré."
13:26 Et donc, constamment, il joue sur le fil,
13:29 il rappelle aux Américains, "Vous me connaissez,
13:32 "c'est familier, c'est la télévision, c'était chez vous", etc.
13:35 Il y a cette grande proximité.
13:37 Mais il y a un deuxième élément qui m'a frappée,
13:39 là, en pensant à ce meeting de Donald Trump,
13:43 qui est entouré, finalement, uniquement de sa famille.
13:47 C'est que Donald Trump, en dehors de son clan,
13:50 donc très rapproché, son fils, et encore, pas les deux,
13:53 surtout Don Junior, éventuellement...
13:55 -Très présent dans les meetings. -Très présent.
13:58 Ses belles-filles qui ont des longs cheveux et des hauts talons.
14:01 En dehors de ça, en dehors de ce clan,
14:03 il n'y a personne autour de Donald Trump.
14:06 Le Parti républicain et Donald Trump, c'est Donald Trump tout seul.
14:09 Il y a plein de gens qui essayent de le conseiller,
14:12 de devenir son candidat à la vice-présidence.
14:15 Il y a plein de gens qui se mettent un peu...
14:17 Qui prêtent allégeance au futur chef Donald Trump.
14:20 Mais en revanche, c'est le Trump show tout seul.
14:23 En face, on a Joe Biden.
14:24 C'est pas vraiment le grand spectacle.
14:26 Je suis d'accord avec André Caspi.
14:28 En revanche, l'image de Biden, qui est arrivée en 2020,
14:32 c'est l'image de la coalition, de la diversité.
14:35 Il a Kamala Harris, son alter ego,
14:38 femme, diversité, noir, bisexuel, etc.
14:41 -On va en parler, mais il n'y a pas forcément...
14:44 -Toute cette coalition, crève pas l'écran,
14:46 c'est pas le grand spectacle,
14:48 mais on a vu qu'il a fait monter...
14:51 Enfin, qu'il a avec lui une...
14:53 une palanquée de démocratie.
14:56 Il n'est pas l'homme seul, comme l'est Donald Trump.
14:59 Tout passe par le Trump, le trumpisme.
15:02 Le Parti républicain n'a plus d'idées.
15:04 Le Parti républicain se confond maintenant avec Donald Trump.
15:09 De l'autre côté, on a Biden,
15:11 qui tient une large coalition avec toutes ses sensibilités différentes.
15:15 En ce moment, elle est plutôt en mauvaise passe,
15:18 cette coalition.
15:19 C'est vrai. C'est vraiment pas le bon moment pour Biden.
15:23 Mais ce sont deux images de l'Amérique assez antinomiques.
15:27 -Dans les prises de parole, on parlait du show,
15:30 mais jusque dans...
15:32 On va écouter la réaction qu'il a eue hier
15:34 à la décision de la Cour suprême,
15:37 qui rouvre la voie, finalement, à la voie judiciaire,
15:41 en tout cas pour l'instant, à une candidature de Donald Trump.
15:44 Même là, il y a une espèce de dérision,
15:47 même dans le caractère très formel
15:50 de tous ces drapeaux américains dont il est entouré.
15:53 Regardez et écoutez.
15:54 -Les juges de la Cour suprême ont travaillé longtemps.
15:57 Ils ont travaillé dur et, franchement,
16:00 ils ont travaillé très rapidement sur quelque chose
16:03 dont on parlera dans 100 ans et dans 200 ans
16:06 et c'est extrêmement important.
16:08 -Vous ne pouvez pas éliminer quelqu'un de la Cour
16:11 pour complaire à un adversaire.
16:13 -Eliminer quelqu'un de la Cour,
16:15 évidemment, on rappelle les neuf juges,
16:17 dont six sont acquis à la cause trumpiste,
16:21 trois qu'il a nommés lui-même, Dominique Simonnet.
16:24 C'est une surprise, ça,
16:27 cette issue judiciaire d'hier ?
16:31 -Non, vous savez, il y a un certain nombre
16:33 de commentateurs qui diraient que les juges sont impartiaux,
16:37 la Cour suprême est au-dessus de toute considération partisane.
16:42 On peut se poser la question.
16:45 Là, il y a eu deux décisions, en fait.
16:47 Deux décisions majeures qui jouent un rôle très important
16:51 pour la campagne. La première, c'est celle d'hier,
16:54 qui déboute la Cour suprême du Colorado,
16:56 qui voulait interdire les bulletins de Trump
17:02 au nom d'un amendement, le 14e amendement,
17:05 la section 3, qui dit que quelqu'un coupable de sédition
17:09 ne peut pas briguer un emploi fédéral.
17:12 -C'est pour tout ce qui s'était passé, l'assaut du Capitole.
17:15 -La Cour suprême a dit non, elle s'est pas prononcée sur le fond,
17:19 mais ce ne sont pas aux Etats de se prononcer.
17:21 Les bulletins de Trump doivent être dans toutes les primaires.
17:25 Une deuxième décision plus importante qu'elle a prise,
17:28 c'est de dire "nous allons nous saisir
17:30 "de la question de l'immunité présidentielle.
17:33 "Nous allons nous saisir et nous en parlerons au mois d'avril,
17:36 "et puis nous aurons des auditions au mois d'avril,
17:39 "et les procès, notre décision, pourraient intervenir
17:42 "au mois de juin." Ca veut dire quoi ?
17:45 Ca veut dire que tous les procès en cours, pas tous,
17:47 mais il y a quatre procès au pénal,
17:50 au moins trois de ces procès sont repoussés
17:52 en attendant cette décision. -Il peut intervenir quand ?
17:55 -Il devait intervenir certains en mars, d'autres au mois de mai.
17:59 Ca veut dire qu'ils vont attendre cette décision
18:02 pour savoir si les délits ou les crimes
18:04 qu'a commis le président au cours de son exercice
18:09 sont sujets ou pas à une immunité présidentielle.
18:14 Ca veut dire que, d'une certaine manière,
18:17 les procès qui s'accumulaient devant Trump
18:19 et qui pouvaient lui créer un problème...
18:21 -Ils disparaissent. -Ils ne disparaissent pas,
18:24 mais vont être repoussés, certainement après l'élection.
18:27 -C'est ce que dit Emmanuel Langlois.
18:29 -Loin des 600 000 spectateurs attendus,
18:32 la cérémonie d'ouverture des JO de Paris,
18:34 cet été, en accueillera 326 000, quasiment la moitié.
18:37 Chirag Dedamane, le ministre de l'Intérieur,
18:40 l'a annoncé lors d'une audition au Sénat.
18:42 Parmi eux, 222 000 spectateurs seront admis gratuitement,
18:46 mais uniquement sur invitation sur les quais hauts de la Seine.
18:50 L'espace aérien sera fermé durant toute la cérémonie
18:53 dans un rayon de 150 km autour de Paris.
18:57 Plus de 30 ans après la disparition de Lili Loger
19:00 dans l'orne Monique Olivier sera entendue lundi prochain
19:03 dans ce dossier au Pôle Colquez de Nanterre,
19:06 déjà condamné à deux reprises à la prison à perpétuité.
19:09 L'ex-épouse de Michel Fourniret est mise en examen depuis 2021
19:13 dans ce dossier pour complicité.
19:15 Le corps de Lili Loger, alors âgée de 29 ans,
19:18 n'a jamais été retrouvé.
19:19 Un groupuscule allemand d'extrême gauche
19:22 revendique un sabotage contre Tesla en Allemagne,
19:25 exigeant le constructeur américain de voitures électriques
19:28 à stopper sa production dans une usine près de Berlin.
19:31 Tesla estime le préjudice à plusieurs centaines de millions d'euros.
19:35 Fin du suspense.
19:36 Malgré les tensions récentes avec l'entraîneur Louis-Henriqué,
19:40 Kylian Mbappé est bien titulaire ce soir
19:42 avec le brassard de capitaine lors du huitième de finale
19:45 retour de la Ligue des champions de football.
19:48 Ce sera entre le PSG et la Real Sociedad.
19:50 Coup d'envoi du match à 21h.
19:53 -France Info.
19:54 -20h, 21h, France Info,
19:56 les informés, Bérangère Bonte.
19:58 -On parle de ce super QSD,
20:00 de cette probable affiche Trump-Biden
20:02 pour la présidentielle américaine de novembre
20:05 avec Dominique Simonnet, l'écrivain journaliste,
20:08 spécialiste des Etats-Unis, André Caspi, l'historien,
20:11 Célia Belin, la politologue
20:13 et le journaliste américain indépendant,
20:15 Cole Stengler.
20:16 Juste pour clore sur cet aspect judiciaire,
20:19 vous êtes d'accord sur le fait qu'il n'y aura probablement pas,
20:22 ou qu'il n'y aura pas, disons-le,
20:25 d'obstacles judiciaires d'ici novembre pour Donald Trump ?
20:28 Ca n'a pas l'air si clair.
20:30 -C'est dur à prévoir ce qu'on va faire
20:32 les différents tribunaux,
20:34 parce qu'il y a tellement de procès différents,
20:36 tellement de juges différents,
20:38 donc c'est dur à prévoir.
20:40 -Mais la décision de la Cour suprême,
20:42 tous les aléas, ce que expliquait Dominique Simonnet,
20:45 fait que...
20:47 -C'est un acteur de temporalité,
20:49 comme l'a rappelé Dominique Simonnet.
20:51 La décision de la Cour suprême de n'entendre qu'en avril
20:54 et de rendre sa décision conjointe a repoussé l'ensemble des procès.
20:58 Certains procès, celui de Géorgie,
21:00 avaient déjà du plomb dans l'aile et prenaient un an de plus.
21:04 Donc tout ça fait que le temps de la justice,
21:06 c'est pas le temps politique,
21:08 que les décisions seront prises au cours de l'année prochaine.
21:12 Les décisions du procureur fédéral,
21:14 si Donald Trump est élu,
21:16 il va s'en débarrasser, donc ces procès n'existeront pas.
21:19 Les deux autres, il va faire appel, ça va continuer.
21:22 La probabilité qu'il soit condamné avant l'élection,
21:25 elle est très faible, je crois.
21:27 -Bon. Ce super Tuesday, André Caspi,
21:30 pour vous, il y a un quelconque suspense ?
21:33 Il a quel intérêt ?
21:35 15 Etats sont concernés. -Oui.
21:37 -Donald Trump a déjà une avance confortable.
21:40 Évidemment, il faut recueillir
21:43 de nombreux délégués sur ces votes de ces prochaines heures.
21:48 C'est en cours.
21:49 Mais est-ce qu'il y a un suspense ?
21:51 -Il n'y a pas de suspense
21:53 en ce qui concerne le choix des candidats des deux grands partis.
21:57 Mais là où il y a sans doute un élément que l'on sous-estime,
22:02 c'est l'activité des partisans de Trump.
22:05 Et les partisans de Trump, actuellement,
22:07 sont en train de vérifier les listes électorales.
22:11 C'est-à-dire, au fond, d'éliminer le plus possible
22:14 ceux qui seraient susceptibles de voter pour Biden
22:19 ou de voter pour les démocrates.
22:21 Mais d'un autre côté, ce qu'on oublie,
22:23 parce qu'on focalise le débat
22:26 sur la bataille entre Trump et Biden,
22:30 mais il y a toute une série d'élections
22:33 qui ont lieu en même temps.
22:35 C'est-à-dire que le 5 novembre,
22:37 les Américains n'élisent pas que le président.
22:40 Ils vont élire 435 représentants,
22:42 ils vont élire 34 sénateurs,
22:44 ils vont élire des personnalités locales.
22:47 C'est-à-dire qu'au fond, c'est un grand changement.
22:50 Et tous les deux ans, cela se produit aux États-Unis.
22:53 C'est ça qui est très important.
22:54 Et c'est important également de savoir
22:57 comment chacun des États organise les élections.
23:00 Alors, on parle de Trump, on parle de Biden
23:03 parce que c'est spectaculaire,
23:04 mais dans la réalité des faits,
23:07 c'est autrement plus compliqué que ce que l'on dit.
23:10 Parce que, je le répète,
23:12 les élections sont faites à partir
23:15 de toute une série de dispositions qui varient d'un État à l'autre.
23:19 On ne vote pas en Oregon comme à New York,
23:22 on ne vote pas dans le Michigan comme dans l'Alabama.
23:25 C'est-à-dire qu'au fond, tout cela contribue
23:28 à créer la diversité de l'électorat américain
23:32 et en même temps, cela permet de montrer
23:35 la profonde division qui existe aux États-Unis
23:38 entre deux Amériques.
23:40 Je ne dis pas que c'est la guerre de sécession,
23:42 mais en tout état de cause,
23:44 on est dans une situation
23:46 où les États-Unis ont cessé d'être unis.
23:49 C'est cela qui est dangereux et qui va se manifester
23:53 dans les différentes consultations en novembre.
23:56 -Cole Senger, vous partagez. On est sur deux Amériques
23:59 qui ne se comprennent plus, ne se parlent plus,
24:02 ne s'entendent plus ?
24:04 -Il y a un niveau de polarisation qui est très élevé,
24:07 presque du jamais vu depuis la guerre de sécession,
24:10 peut-être depuis les années 70.
24:12 Mais il y a aussi un autre enjeu du côté démocrate.
24:15 Même si on sait très bien,
24:17 en parlant de ce super tousé des primaires,
24:19 que Biden va gagner les primaires,
24:21 il n'y aura pas de surprise.
24:23 Par contre, ce serait intéressant de voir
24:26 le nombre de votes blancs, côté démocrate.
24:29 On l'a vu la semaine dernière dans l'État du Michigan,
24:32 qui est essentiel pour Biden s'il veut maintenir la présidence.
24:37 On a vu qu'il y avait plus de 100 000 électeurs démocrates
24:41 qui sont allés aux urnes et qui ont préféré voter blanc
24:45 au lieu de voter pour Biden,
24:46 pour protester contre sa politique étrangère
24:49 en Israël et à Gaza.
24:51 -Parce qu'il y a une minorité musulmane.
24:54 -Le Michigan aussi, en plus d'être un État,
24:57 un swing state, un État clé,
24:59 c'est l'État où il y a le plus d'électeurs arabo-américains.
25:04 Énorme population issue de l'immigration en France,
25:08 dans la banlieue de Détroit.
25:10 Ces électeurs-là sont très en colère
25:13 contre la politique de Biden en Israël et à Gaza.
25:16 Et les électeurs, de manière générale,
25:18 si on regarde les sondages, les jeunes,
25:20 absolument essentiels pour Biden s'il veut maintenir la présidence,
25:25 les jeunes sont de plus en plus en colère,
25:28 en tout cas pas d'accord avec la politique de Biden.
25:31 -Qui mène actuellement.
25:33 -Il faudrait voir dans ces primaires
25:35 combien de votes blancs on va avoir dans un certain nombre d'États,
25:39 notamment le Minnesota.
25:40 -Le Michigan, vous disiez que vous y étiez assez récemment.
25:44 Ces 100 000 votes blancs, c'est quand même frappant.
25:47 -Il n'y a pas de vote blanc.
25:49 -Ils ont voté "un community".
25:52 C'est l'équivalent.
25:53 -Vous avez raison de le préciser.
25:55 -Ils ont décidé de ne pas voter pour Biden.
25:58 -Vous les appelleriez...
25:59 -Ce sont les abstentionnistes.
26:01 -Ce ne sont pas les abstentionnistes.
26:03 -Ce ne sont pas les abstentionnistes.
26:06 -Ce ne sont pas les abstentions.
26:08 -C'est une manière de protester.
26:11 -Sans engagement.
26:12 -Il faut... Voilà.
26:13 -Uncommitted.
26:14 -Uncommitted. Mais il faut se souvenir
26:17 que le vote...
26:18 L'État a basculé à 10 000 voix en 2016.
26:21 -Ca donne d'autant plus de force.
26:23 -A 10 000 voix en 2016 et à 150 000 voix en 2020.
26:28 Donc, 100 000 voix, c'est très important.
26:30 C'est un État-clé qui fait que...
26:33 -On peut retrouver ça dans d'autres États ?
26:35 -Oui, bien sûr.
26:36 -Liés au ras-le-bol que vous décriviez ?
26:39 -Notamment les États de cette région.
26:42 C'était la Pennsylvanie.
26:45 -Vous avez des États dans l'Ouest
26:47 qui sont également des États plus ou moins...
26:50 "non décidés", comme on dit.
26:53 C'est le cas de l'Arizona,
26:55 c'est le cas éventuellement d'États comme le Wyoming.
26:58 Ce sont des petits États...
27:00 Ce sont des États qui ne donnent pas beaucoup de grands électeurs.
27:03 Mais... -La Georgie, quand même.
27:05 -Mais quand même.
27:07 N'oubliez pas, par exemple,
27:08 que l'un des procès qui est mené contre Donald Trump,
27:12 c'est précisément parce que Trump avait appelé en Georgie
27:16 pour obtenir 11 000 voix de plus.
27:19 Et grâce à ces 11 000 voix de plus,
27:21 cela permettait, en somme, à Trump
27:23 d'être élu président des États-Unis.
27:25 Donc c'est extrêmement serré.
27:27 -C'est passionnant d'entrer dans le détail.
27:30 On continue nos échanges après le Point sur l'info.
27:33 (Générique)
27:34 ---
27:39 Bonsoir, Edor Marguer. -Bonsoir, Bérangère.
27:42 Le Hamas prévient que la voie des négociations
27:45 ne sera pas ouverte indéfiniment.
27:47 Des discussions sont en cours avec Israël
27:50 sous l'égide de médiateurs comme le Qatar ou l'Egypte
27:53 pour obtenir un cessez-le-feu immédiat.
27:55 Joe Biden aux États-Unis demande au gouvernement israélien
27:59 de ne plus restreindre l'aide humanitaire
28:02 envoyée dans l'enclave palestinienne.
28:04 En vue du ramadan, le mois de jeûne
28:06 chez les musulmans qui débute dans 5 à 6 jours,
28:09 Israël autorisera l'accès à l'esplanade des mosquées
28:12 de Jérusalem, comme les années précédentes,
28:15 annonce le gouvernement israélien.
28:17 Des dizaines de milliers de fidèles
28:19 sont autorisés à entrer quotidiennement
28:22 dans l'esplanade. Le nombre sera revu
28:24 en fonction des critères de sécurité.
28:26 Tesla dit avoir perdu des centaines de millions d'euros
28:29 au préjudice estimé par le fabricant américain
28:32 de véhicules électriques suite à l'arrêt de son usine allemande
28:36 près de Berlin. Un groupe d'extrême-gauche
28:38 a revendiqué un sabotage, un incendie volontaire
28:41 qui a entraîné l'arrêt de la production
28:44 dans un communiqué. Le Fulcane Group E
28:46 dénonce le bilan écologique et social
28:48 de la seule usine Tesla en Europe.
28:51 Finalement, pour assister gratuitement
28:53 à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024,
28:57 222 000 personnes pourront en bénéficier
28:59 à condition d'être choisies, d'être invitées
29:02 par l'Etat, les collectivités publiques,
29:05 où le comité d'organisation et ses personnes
29:07 seront situées...
29:09 Pardon, installées sur les quais hauts de la Seine.
29:12 Les 104 000 autres spectateurs devront payer
29:15 pour être sur les quais bas.
29:17 Kylian Mbappé, titulaire avec le PSG en Ligue des Champions,
29:20 n'est pas assuré. Vu les derniers matchs avec le PSG
29:23 et son départ annoncé du club, les footballeurs parisiens
29:27 affrontent la Real Sociedad à San Sebastián en Espagne.
29:30 Coup d'envoi dans une demi-heure.
29:32 -France Info.
29:33 -20h, 21h, France Info,
29:37 les informés, Bérangère Monte.
29:40 -En compagnie ce soir d'André Caspi,
29:42 l'historien spécialiste des Etats-Unis,
29:45 Dominique Simonet, écrivain et journaliste,
29:47 spécialiste des Etats-Unis,
29:49 politologue et directrice du bureau parisien du think tank ECFR,
29:55 et Cole Stengler, journaliste américain indépendant en France,
29:58 qui écrit dans de nombreux médias américains.
30:03 On a parlé de Trump, je voudrais qu'on parle de Joe Biden,
30:06 du bilan avec lequel il arrive.
30:08 Il va faire ce gros discours sur l'Etat de l'Union,
30:11 c'est comme ça qu'on dit jeudi, c'est les Belins.
30:15 Avec quoi il arrive ? Avec un bilan qui n'est pas si mauvais ?
30:19 -Oui, tout le monde a beau jeu de le rappeler en ce moment,
30:22 les médias, peut-être les médias plus progressistes,
30:25 ou en tout cas, comme on appelle le mainstream,
30:28 sont étonnés de cette double réalité
30:31 qui est de très mauvais sondages pour Joe Biden,
30:33 mais un bilan macroéconomique qui est très bon,
30:36 y compris quand on compare d'où il est parti.
30:40 D'où il est parti, c'est la post-Covid,
30:43 une crise qui a plongé l'Amérique,
30:45 comme bien d'autres pays, dans une crise profonde.
30:48 Il a fallu redresser la barre.
30:50 Ensuite, à cause du paquet insufflé pour redresser l'économie,
30:54 une très forte inflation, qui est sous contrôle,
30:57 et des chiffres très bons sur le chômage,
30:59 l'emploi des jeunes,
31:01 sur des grandes lois qui ont été votées aussi,
31:05 d'infrastructures,
31:07 de relance des industries, y compris des industries vertes,
31:11 y compris dans des communautés appauvries,
31:14 des industriels...
31:15 -Tout ça de l'acteur impopulaire,
31:17 le côté républicain, devrait être satisfait ?
31:20 -Il devrait être satisfait,
31:22 mais ce qu'on constate aujourd'hui,
31:24 c'est un effet de nostalgie dont il se dit,
31:27 finalement, pour beaucoup,
31:28 et c'est pas que de la nostalgie mal placée,
31:31 ils se souviennent des années pré-Covid,
31:33 en se disant que ça se passait bien sous Trump,
31:36 et le monde avait l'air moins effrayant,
31:39 parce que ce qui s'est passé après, c'est la crise du Covid,
31:42 et ensuite, le Capitol,
31:44 et l'insurrection qui a fait peur aux Américains,
31:47 et n'en accuse peut-être pas que Trump.
31:50 C'est ensuite les deux guerres qu'il voit bien,
31:53 donc l'Ukraine et Israël,
31:56 et la montée en puissance de la Chine.
31:58 -La politique internationale de l'acteur américain
32:01 y est sensible ? -Ca fait un monde effrayant
32:04 où Joe Biden n'a pas l'air d'être en contrôle.
32:06 -C'est pas le sujet le plus important
32:09 en politique américaine, mais là, on voit clairement,
32:12 pour une certaine partie de l'électorat,
32:14 et notamment les jeunes,
32:16 quand ils voient ce qui se passe,
32:18 je pense qu'ils se sentent profondément dérangés.
32:21 Et il ne faut pas oublier quelque chose très important.
32:24 En 2020, quand Biden a mené campagne contre Donald Trump,
32:27 il a dit que cette campagne allait être une bataille
32:31 pour l'âme de la nation, pour l'âme des Etats-Unis.
32:34 C'est-à-dire que Donald Trump incarnait le pire des Etats-Unis,
32:37 le pouvoir grotesque, avec ses insultes, etc.
32:41 Biden allait nous rappeler qu'on était mieux que ça,
32:44 qu'on n'était pas ce qui est incarné par Donald Trump.
32:47 Je pense qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont grandi
32:50 sous la présidence de Trump, qui ont vu ça,
32:53 qui ont voté pour Biden, et qui regardent ce qui se passe
32:56 en Israël, à Gaza, et se demandent
32:58 "Mais on a vraiment voté pour ça ?
33:00 "Est-ce qu'on a voté pour continuer à donner de l'aide,
33:04 "à bombarder des gens ?"
33:06 Et donc, je pense que ça pose beaucoup de...
33:09 -Sur le sujet international,
33:10 il y a l'Ukraine qui n'est pas du tout dans la même situation,
33:14 et pour le coup, ça t'a porté à son crédit, me semble-t-il.
33:17 -C'est relatif.
33:18 Du point de vue des Américains, c'est pas un crédit.
33:21 -Il y a quand même un problème très important
33:24 qui n'a pas été évoqué, c'est le problème de l'immigration.
33:27 Et l'immigration, aujourd'hui, ça fait débat,
33:31 et un débat très violent,
33:33 entre le candidat Trump, qui insiste là-dessus
33:37 avec une force considérable,
33:39 et Biden, qui se défend en disant qu'il ne peut pas faire autrement.
33:43 Je vais vous donner un exemple.
33:44 Au mois de décembre 2023,
33:47 250 000 immigrants ont franchi la frontière
33:51 entre le Mexique et les Etats-Unis.
33:53 Ils viennent d'Amérique centrale, du Sud,
33:56 ils ont traversé des situations extrêmement pénibles.
34:01 C'est-à-dire qu'au fond, l'Amérique continue à être un phare pour eux,
34:05 et ils sont prêts, éventuellement,
34:08 à utiliser ce que l'on appelle les coyotes,
34:11 c'est-à-dire les passeurs professionnels
34:13 qui profitent de la situation pour gagner de l'argent
34:16 et pour charger les immigrants illégaux de drogue,
34:20 comme le fentanyl, par exemple.
34:22 Tout cela, en somme, constitue un des éléments importants
34:26 de la campagne électorale.
34:28 Je crois qu'il ne faut pas se limiter
34:30 aux excès de Trump ou aux faiblesses de Biden,
34:33 parce que Biden, c'est vrai, il a eu...
34:36 -C'est clairement un échec, pire, de Biden
34:40 et de Kamala Harris qui en était chargée.
34:42 -Biden a quand même réussi un certain nombre de choses.
34:45 Le chômage est à 3 %, c'est remarquable.
34:48 Mais il y a là, d'autres aspects,
34:50 qui montrent que Biden peut être susceptible
34:55 d'être attaqué par les Républicains.
34:58 -Dominique Semenet ? -Il y a une perception
35:00 différente aussi quand on est citoyen américain.
35:03 Vous parliez de l'économie, les chiffres sont très bons,
35:07 mais ça se ressent pas forcément tout de suite.
35:09 Le prix de l'essence était très élevé,
35:13 il baisse doucement, mais on le ressent pas tout de suite.
35:16 Les salaires n'ont pas augmenté. Il y a une perception...
35:19 -L'emploi, ça... -Qui n'est pas celle...
35:21 L'effet de la macroéconomie ou des mesures
35:25 n'intervient pas tout de suite. Il y a un effet retard.
35:28 Sinon, sur l'immigration, c'est vrai que la situation
35:31 à la frontière mexicaine est dramatique.
35:34 Ce qui se passe là, c'est que quand même,
35:37 il y a une... Les Républicains trumpistes,
35:40 on en fait un enjeu pour toute la politique.
35:44 Il faut quand même rappeler que le Sénat a voté
35:47 un accord bipartisan pour l'aide à l'Ukraine,
35:50 avec des concessions, justement,
35:52 pour...
35:55 donner un certain nombre de mesures
36:00 sur la frontière,
36:02 parce que c'est la contrepartie que les Républicains exigent.
36:06 La Chambre le bloque.
36:08 En fait, il pourrait y avoir un accord bipartisan
36:11 pour ces aides à l'Ukraine,
36:13 mais c'est Donald Trump qui...
36:16 -Il est toujours là. -Il soussert de ses élus
36:18 et qui bloque...
36:20 Le thème n'est pas mis à l'ordre du jour.
36:23 On a actuellement quelqu'un qui n'a pas de mandat
36:26 et qui fait la pluie et le beau temps
36:28 et qui décide du sort de l'Ukraine.
36:30 -Combien de divisions ?
36:32 -Ils sont une quinzaine,
36:33 une petite vingtaine, à peu près, les trumpistes radicaux.
36:37 Mais ils bloquent les décisions.
36:39 -Y compris le président de la Chambre des représentants.
36:42 -Absolument.
36:43 -E.Belain ? -Y compris le président
36:46 de la Chambre des représentants,
36:47 parce qu'il y a une nouveauté depuis un an,
36:50 c'est qu'il suffit d'un élu de la Chambre des représentants
36:53 pour faire sauter le président, le speaker,
36:56 il suffit qu'il y ait un élu qui soit mécontent.
36:59 C'est déjà arrivé,
37:00 puisque Kevin McCarthy, qui était le précédent speaker,
37:03 a été remercié au bout d'un an,
37:06 puisque un élu, Matt Gaetz, élu de Floride,
37:08 était mécontent, un hyper-trumpiste,
37:10 de sa politique, qui jugeait trop molle
37:13 à l'égard des démocrates.
37:14 Et donc, là, Dominique Simonel disait très bien
37:17 qu'on a un paquet financier qui est censé financer
37:20 et l'Ukraine et Israël et la frontière,
37:24 et l'idée de mettre ce paquet ensemble,
37:26 c'était pour forcer la main des Républicains
37:28 en disant "Vous aimez bien les histoires de frontières
37:31 "et Israël, du coup, financez l'Ukraine."
37:34 Mais, comme l'a rappelé Dominique Simonel,
37:37 c'est bloqué aujourd'hui par Donald Trump,
37:40 qui n'y voit pas son intérêt,
37:41 parce que si cette question est résolue,
37:44 mais s'il y a des vrais efforts qui sont faits
37:46 par cette administration sur le sujet de la frontière,
37:49 il aura un meilleur bilan.
37:51 Donc, il a demandé à sa super minorité de bloquer,
37:55 et actuellement, elle bloque.
37:57 Et elle bloque, y compris sur des sujets importants
38:00 qui nous concernent directement en tant qu'Européens.
38:03 Donc, nos intérêts d'Européens sont attaqués directement.
38:06 À ce stade, on se demande...
38:08 Il y a des discussions pour essayer de contourner
38:11 le pouvoir du Speaker, mais il y a un risque
38:13 pour qu'il n'y ait pas de possibilité
38:16 de financer davantage l'Ukraine.
38:18 Pas d'aide militaire, pas d'aide économique.
38:20 -On poursuit ensuite cet échange passionnant.
38:23 20h41, Emmanuel Langlois.
38:24 -Pour la première fois depuis son instauration en 2020,
38:28 la cérémonie nationale d'hommage aux victimes de terrorisme
38:31 ne se tiendra pas à Paris cette année,
38:34 mais à Arras, à la ville meurtrie par l'assassinat
38:37 du professeur Dominique Bernard en octobre dernier.
38:40 Elle sera présidée par le Premier ministre Gabriel Attal
38:43 et se déroulera lundi prochain, le 11 mars.
38:46 Nicole Belloubet s'est rendue au lycée Ravel à Paris
38:49 pour soutenir le proviseur visé par des menaces de mort
38:52 après une altercation avec une élève
38:54 pour qu'elle enlève son voile.
38:56 La ministre de l'Education a déploré
38:58 des attaques inacceptables.
39:00 Le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken
39:03 lui appelle le Hamas à accepter un cessez-le-feu immédiat
39:06 avec Israël alors que des négociations
39:08 sont en cours au Caire, en Égypte,
39:10 entre le mouvement islamiste et des médiateurs internationaux,
39:14 dont le Qatar. La voie des négociations
39:17 est définiment avertie ce soir, les responsables du Hamas.
39:20 Aux Etats-Unis, Donald Trump entend bien être intronisé
39:23 dès ce soir comme le champion des Républicains
39:26 lors de la grande journée du Super Tuesday
39:28 au cours duquel 15 Etats organisent simultanément
39:31 leur primaire pour la présidentielle de novembre.
39:34 Aux Etats-Unis, l'ancien président pourrait
39:36 battre sa rivale Nikki Haley
39:38 et se consacrer à son nouveau duel face à Joe Biden.
39:42 ...
39:43 -France Info.
39:45 ...
39:46 -20h21, France Info,
39:49 les informés, Bérangère Bonte.
39:51 -On parle de ce Super Tuesday, de ce duel Trump-Biden
39:55 qui se profile pour la présidentielle américaine.
39:57 On est avec André Caspi, l'historien,
40:00 Célia Belin, la politologue, Dominique Simonnet,
40:02 l'écrivain et journaliste, et Cole Stengler,
40:05 correspondant en France pour de nombreux médias américains.
40:08 On n'a pas parlé d'âge.
40:10 81 pour Donald Trump, 70...
40:12 C'est l'inverse, 81 pour Joe Biden, 77 pour Donald Trump.
40:17 Est-ce que ce n'est pas son principal défaut à Joe Biden ?
40:21 On va écouter...
40:22 Ces derniers mois, il est plusieurs fois pris,
40:25 un mot pour un autre, faisant le bonheur ou le désespoir
40:28 des réseaux sociaux et des chaînes américaines.
40:31 Je vous propose d'écouter ça.
40:33 -Nous devons faire plus.
40:36 Les Etats-Unis feront plus.
40:39 Dans les prochains jours, nous allons nous joindre
40:42 à nos amis de Jordanie et d'autres,
40:44 en opérant des largages de nourriture et de biens
40:47 sur l'Ukraine et chercher à ouvrir d'autres voies
40:49 vers l'Ukraine, y compris via un corridor maritime.
40:52 Vous savez, juste après mon élection,
40:55 je me suis rendu à ce qu'on appelle une réunion du G7,
40:58 c'est-à-dire de tous les dirigeants de l'OTAN.
41:01 Je me suis assis et j'ai dit "L'Amérique est de retour".
41:05 Et Mitterrand, d'Allemagne, je veux dire de la France,
41:11 m'a regardé et il m'a dit "Vous savez,
41:14 "pour combien de temps vous êtes de retour ?"
41:17 -Voilà, donc l'Ukraine au lieu de Gaza,
41:21 Mitterrand, alors, qui est chancelier,
41:23 puis qui, ensuite, confond avec Emmanuel Macron,
41:26 et puis il y a eu d'autres exemples.
41:28 A noter que Donald Trump se moque allègrement de lui,
41:31 mais il a aussi ses absences, comme ce week-end,
41:35 où il confond le président actuel avec un lointain prédécesseur.
41:39 -Poutine a si peu de respect pour Obama
41:43 qu'il commence à lancer le mot "nucléaire".
41:47 -Voilà, Obama au lieu de Biden.
41:50 C'est le principal défaut de Joe Biden,
41:53 son âge, pour vous, Colstanger ?
41:55 -Oui. En tout cas, si on regarde les sondages,
41:59 c'est clair, et il faut toujours faire attention
42:01 avec les sondages, et pas trop écouter les sondages,
42:04 mais quand on les regarde, c'est une évidence
42:06 que c'est le principal obstacle.
42:08 Encore une fois, dans un monde idéal,
42:10 ce ne serait pas comme ça, mais aujourd'hui, aux Etats-Unis,
42:14 pour gagner les élections, il faut savoir mobiliser ses électeurs.
42:17 C'est la seule chose qui compte
42:19 dans un pays si polarisé comme les Etats-Unis d'aujourd'hui.
42:23 Pour les électeurs démocrates,
42:25 les électeurs dont Biden a très besoin,
42:27 selon ces électeurs, l'âge est un obstacle.
42:30 J'ai vu, récemment, que la moitié des électeurs
42:33 pensent qu'il est trop vieux pour être président.
42:35 C'est quand même un énorme problème.
42:37 On discutait tout à l'heure, malheureusement,
42:40 on est arrivé dans un moment où je pense que Biden sera candidat.
42:44 Là, c'est un peu trop tard pour revenir.
42:47 Il aurait pu se retirer il y a quelques mois.
42:50 -Il aurait pu laisser la main à une femme, en l'occurrence,
42:54 qui est plus jeune qu'Amala Harris.
42:56 -Biden avait dit qu'il allait être un président de transition.
42:59 -Il avait dit qu'il passerait la main en cours de mandat.
43:02 -André Casimir ?
43:03 -La question de l'âge est irrémédiable.
43:06 Évidemment, les Etats-Unis ne sont plus autant de Kennedy,
43:09 qui avait été élu à 43 ans
43:11 et qui était le plus jeune président élu des Etats-Unis.
43:15 Alors, il y a eu aussi un président trop vieux.
43:18 C'était Reagan.
43:20 Il a été élu à 69 ans.
43:22 Il est élu à 72 ans.
43:25 Donc, ça veut dire que, là, on bat tous les records.
43:28 -Il y a une majorité d'Américains qui dit qu'on ne veut pas.
43:32 -C'est un travail des octogénaires.
43:34 On ne se rend pas compte que, finalement,
43:36 Trump n'a jamais que 4 ans de moins que Biden.
43:38 Seulement, il est autrement plus vif,
43:41 il est autrement plus dynamique, il a moins vieilli que Biden.
43:44 Biden, en effet, porte son âge
43:47 comme un poids dont il ne sait pas se débarrasser.
43:50 -Malgré les rapports médicaux qui se veulent optimistes,
43:53 il y en a encore eu un il y a quelques jours,
43:55 tout ça ne suffit pas à rassurer Célia Belin.
43:58 -Non, ça ne rassure pas,
44:01 parce qu'évidemment, ce qu'on voit, là, pour Joe Biden,
44:04 est inquiétant, déroutant, et puis il faut bien voir
44:08 que même si on a tendance à dire que Donald Trump
44:12 se trompe tout autant sur le nom de sa femme
44:14 ou sur le nom de Nicky Ellie, par exemple,
44:18 lui, il parle pendant 3 heures dans des meetings
44:21 où il dit n'importe quoi.
44:22 Il finit par dire n'importe quoi, ça, ça fonctionne.
44:25 Joe Biden est moins exposé, il ne fait pas campagne,
44:28 il parle dans le cadre de conférences de presse.
44:31 Donc, oui, c'est quand même assez inquiétant.
44:33 Mais ce qu'il y a derrière,
44:35 je pense que ça ne l'empêcherait pas de diriger.
44:39 Il dirige actuellement son pays avec pas mal de réussites.
44:42 Ca peut l'empêcher d'être élu.
44:45 Et ce que ça signifie aussi,
44:47 c'est un peu une problématique de manque de renouvellement
44:50 des générations, parce que là, Joe Biden était
44:53 le plus vieux président de l'histoire américaine,
44:56 s'il est réélu, ce sera de nouveau le plus vieux,
44:58 Donald Trump, s'il est élu,
45:00 c'est le deuxième plus vieux après Joe Biden.
45:03 Et en fait, on retrouve des personnes âgées,
45:07 comme ça, au Sénat, au Congrès.
45:11 Nancy Pelosi, il y a pas tellement longtemps,
45:13 là, il y a un speaker plus jeune,
45:15 mais il y a un problème de renouvellement.
45:17 -Est-ce que c'est tout simplement une logique
45:20 liée au fait que le sortant est forcément le candidat,
45:23 notamment aux Etats-Unis ?
45:25 Pourquoi cette absence de renouvellement,
45:27 d'André Caspi ?
45:28 -C'est-à-dire qu'au fond, j'imagine
45:30 qu'à l'intérieur du Parti démocrate,
45:32 personne n'a osé s'opposer au président
45:35 à partir du moment où le président dit "je suis candidat".
45:38 -Mais quand on a un candidat qui dépasse les 80 ans...
45:41 -S'il y avait quelqu'un parmi les démocrates
45:44 qui ose se présenter contre Biden,
45:47 ça voudrait dire qu'il fait une critique
45:49 contre le président.
45:51 Et ça, à l'intérieur d'un parti, c'est impensable.
45:54 -Je... Pardon.
45:55 Dominique Simonnet ?
45:56 -Il y a eu un calcul aussi de démocrate
45:58 qui est de Joe Biden,
46:01 que de dire "Joe Biden est celui qui peut être élu
46:04 "face à Donald Trump, celui qui a le plus de chance".
46:07 D'abord, parce qu'il est président, effectivement,
46:10 et il y a toujours un avantage au président.
46:13 Il n'y a pas de primaire dans ces cas-là,
46:15 parce que les primaires démocrates, elles ont lieu
46:18 en même temps que les républicaines,
46:20 mais c'est pour le principe.
46:22 -On l'a évoqué très bien.
46:23 -On se déchire pas au sein de son propre parti.
46:26 On est avantagé par rapport aux autres
46:28 qui arrivent tout cabosser à l'élection nationale.
46:31 Donc il y a plein d'avantages.
46:33 En plus, président, on est exposé aux médias,
46:36 on peut avoir la parole beaucoup plus facilement.
46:40 Donc il y a énormément d'avantages.
46:42 C'est pour ça que le choix a été fait.
46:44 Peut-être que ça a été une erreur des démocrates,
46:47 de ne pas préparer une nouvelle génération.
46:49 Cela dit, il y a Kamala Harris.
46:51 Là, ils sont en train de la pousser.
46:53 -On l'a vu ressurgir,
46:55 qui a pris position sur Gaza, par exemple.
46:57 C'est pour aller chercher le vote des femmes et des Noirs.
47:01 -Oui, c'est pour les regarder, chez les démocrates.
47:04 -Si Biden n'est pas candidat,
47:06 si Biden est écarté pour des raisons d'âge,
47:09 c'est naturellement la vice-présidente
47:12 qui devrait le remplacer.
47:14 Mais je pense que la réputation de Kamala Harris
47:17 n'est pas suffisante.
47:19 Elle n'a pas brillé particulièrement
47:21 pendant le mandat de Joe Biden.
47:23 Elle a été effacée. Elle a eu une mission.
47:26 La mission, c'était de régler le problème de l'immigration.
47:29 Bon, évidemment, elle ne l'a pas réglée.
47:31 Mais cela dit, Kamala Harris a aussi eu des qualités.
47:34 Mais ce qu'on peut dire,
47:36 c'est qu'elle ne les a pas particulièrement exposées.
47:39 -Moi, je suis pas...
47:40 -Dominique Simonnet, on vous confie l'info.
47:43 -Ce que dit André, c'est pas une faible femme.
47:46 Elle était une procureure de l'Etat de Californie
47:49 extrêmement forte.
47:51 Elle a des convictions.
47:53 -Mais pas suffisamment pour le lui installer.
47:55 -Il y a des origines qui conviennent.
47:57 -Oui, bien sûr. Mais je pense qu'en même temps...
48:00 -C'est la machine qui écrase tout.
48:02 -Le rôle du vice-président, c'est d'être dans l'ombre du président.
48:06 Elle a joué un rôle au Sénat,
48:08 car elle avait une voix prépondérante.
48:10 Moi, je suis assez réservé.
48:12 Elle peut très bien se réaliser.
48:14 On sait jamais ce qui peut se passer avec elle.
48:17 -Faire élire Biden et pour le coup qu'elle prenne le...
48:20 -Ce sera dans la Constitution.
48:22 -Si Biden avait un pépin, c'est elle qui prend la suite.
48:25 -FILINFO, 20h51, Emmanuelle Langlois.
48:28 -Gérard Depardieu visé par une nouvelle enquête
48:30 après la plainte d'une décoratrice de cinéma.
48:33 Elle accuse l'acteur de l'avoir agressé sexuellement
48:36 lors du tournage du film "Les volets verts" de Jean Becker.
48:39 C'est la 3e enquête visant le comédien, âgé de 75 ans.
48:43 À temps de travail égal,
48:44 les femmes salariées dans le secteur privé
48:47 gagnaient en moyenne 14,9 % de moins que les hommes en 2022.
48:50 C'est une étude de l'INSEE qui le montre
48:53 à quelques jours de la Journée internationale
48:55 des droits des femmes, le 8 mars prochain.
48:58 Le gouvernement veut inciter les crèches
49:00 à augmenter de 150 euros net par mois le salaire de leur personnel.
49:04 Une hausse qui sera financée pour les deux tiers
49:07 par la branche famille de la Sécurité sociale,
49:09 annoncent les ministères concernés.
49:12 Enfin, elle était éloignée des cours depuis un an et demi.
49:15 Simona Alep a hâte de revenir.
49:17 Le tribunal arbitral du sport a réduit
49:20 de quatre ans à neuf mois,
49:21 car elle a purgé la suspension de la championne roumaine,
49:24 ex numéro 1 mondial,
49:26 pour deux infractions à la réglementation antidopage.
49:29 Elle avait été contrôlée positive à un produit interdit
49:32 lors de l'US Open 2022.
49:34 ...
49:35 -France Info.
49:37 ...
49:38 -20h21, France Info, les informés, Bérangère Bonte.
49:43 -On continue notre échange sur ce Super Tuesday
49:46 et sur ce vote final.
49:49 On va peut-être utiliser les dernières minutes
49:52 qui nous restent, mesdames, messieurs,
49:54 sur ce vote final du mois de novembre.
49:56 On va dire qu'affiche Biden, Trump,
49:59 qu'est-ce qui peut faire basculer cette élection ?
50:02 Célia Belin, pour commencer.
50:04 -La campagne générale n'a pas commencé.
50:06 Là, on est encore dans la campagne des primaires,
50:09 aussi surprenant que ce soit.
50:11 Elle va peut-être commencer demain.
50:13 Elle n'a pas commencé dans le sens où les démocrates
50:16 ne se sont pas encore mobilisés.
50:18 C'est un enchaînement de très mauvais chiffres.
50:21 Il faut vraiment qu'il y ait, du côté des démocrates,
50:24 une réconciliation avec l'idée que ce sera Joe Biden.
50:27 Je pense que c'est en train d'advenir.
50:29 Progressivement, ça va être le cas.
50:32 Tout le monde est bien.
50:33 Et puis, on va passer au moment où il faut pouvoir vendre ce bilan,
50:38 aussi imparfait soit-il, y compris sur l'immigration.
50:41 D'accord, il est imparfait, mais il y a des choses à vendre
50:45 sur les Alliés, sur la résistance face à la Russie,
50:48 peut-être potentiellement sur Gaza,
50:50 le jour où enfin il y aurait abstention d'un cessez-le-feu,
50:54 et sur les chiffres macroéconomiques.
50:56 Là, il faut dérouler le tapis de la réélection.
51:00 Mais ça va être très, très, très difficile.
51:02 Je pense qu'on est face à un vote très serré
51:05 que Joe Biden peut perdre.
51:07 -Les chiffres sont où, Dominique Simonet ?
51:09 -On a un vantage pour Trump,
51:11 à 2 ou 3 points, selon les sondages.
51:13 -C'est léger, oui.
51:15 -Oui, mais bon, on est à 8 mois des élections,
51:17 donc c'est très...
51:19 C'est impossible de dire, d'autant plus qu'on le rappelait
51:22 tout à l'heure, c'est pas une élection
51:24 au suffrage national avec un pourcentage.
51:27 Il y a une petite étape d'un seul coup basculer,
51:30 à quelques voix près, quelques dizaines...
51:32 -Cette élection se joue sur quoi ?
51:34 -Elle se joue, je crois, sur la capacité de Biden
51:37 à montrer qu'il peut montrer la réalité
51:42 de ce que serait l'Amérique nouvelle de Trump,
51:46 à savoir... -Par défaut, donc.
51:48 Ne votez pas pour lui. -Oui.
51:50 Je crois que la campagne est en train de s'orienter là-dessus.
51:53 Regardez, Trump est en train de menacer la démocratie,
51:57 et donc on risque d'avoir un sérieux problème là-dessus.
52:00 Mais ça fait...
52:01 Hors contexte international,
52:04 qui peut aussi changer un certain nombre de choses,
52:07 je suis pas sûr qu'Israël...
52:10 -C'est-à-dire Israël-Gaza ?
52:12 -Oui, Israël, ça joue un rôle en ce moment,
52:15 mais il va se passer tellement de choses en 8 mois.
52:18 On est très, très loin de...
52:20 En revanche, la position générale des deux candidats
52:24 sur la manière de réagir à cette géopolitique en feu,
52:27 avec tous ces conflits potentiels, face à la Russie, aussi,
52:31 c'est très important, parce qu'il y a une divergence fondamentale
52:34 entre Joe Biden et Trump,
52:37 qui a une sympathie évidente pour Vladimir Poutine.
52:41 Ça peut aussi jouer si la Russie continue à être aussi menaçante
52:45 et si les choses évoluent pour le pire en Europe.
52:49 -Colson Jarre ?
52:50 -Je pense aussi...
52:52 Aujourd'hui, les démocrates misent sur le fait,
52:55 même si ça peut paraître étonnant,
52:57 qu'une majorité des électeurs américains
53:00 n'ont pas encore compris
53:01 le fait que Donald Trump va être candidat.
53:04 -Oui, c'est vrai.
53:05 -Ca peut paraître étonnant,
53:07 mais ils se disent que quand les électeurs vont se rendre compte
53:10 qu'il y aura de nouveau Trump en face du président,
53:13 ils vont se "réveiller" et se mobiliser.
53:16 C'est le calcul en cours chez le Parti démocrate.
53:19 -Et le moule à femme.
53:20 -Ce que je voulais dire aussi,
53:22 c'est que j'ai peur que ce président Biden
53:25 va ressembler à notre président américain,
53:27 très connu, Lyndon B. Johnson,
53:29 qui avait une présidence avec plein de réformes très populaires,
53:34 l'assurance médicale, les réformes pour les droits civiques
53:38 pour les Noirs américains,
53:40 mais dominée de plus en plus par cette question de Vietnam,
53:43 qui domine sa présidence,
53:45 il est associé avec la guerre au Vietnam.
53:47 J'ai peur que ce soit le même cas pour Biden.
53:50 -André Caspi ?
53:51 -Ca m'est extrêmement difficile de prévoir l'avenir.
53:55 -Sur quoi ça se joue ?
53:57 -En tant qu'historien, j'ai l'habitude de prévoir le passé.
54:01 Mais ce que je peux vous dire,
54:03 c'est qu'en effet, comme on l'a dit jusqu'à maintenant,
54:06 c'est extrêmement difficile de définir d'une manière précise
54:10 ce qui va se passer d'ici le mois de novembre.
54:13 Il peut se passer tellement de choses...
54:15 -A l'administration internationale,
54:17 à la fois sur l'Ukraine et sur Gaza ?
54:20 -Je crois qu'on a oublié quelque chose.
54:22 Il y a aussi des candidats en dehors de Biden et de Trump.
54:26 Et ces candidats ne seront pas élus, ça, c'est certain.
54:30 Mais ils prendront des voix.
54:32 Et je pense en particulier à ce candidat écologiste
54:37 et en même temps partisan de toutes sortes de complots,
54:42 qui est Robert Kennedy Jr.,
54:44 qui joue sur son nom,
54:46 mais qui, évidemment, n'a aucune chance
54:49 d'être président des Etats-Unis,
54:51 mais qui a, en somme, les moyens d'empêcher quelqu'un de l'être.
54:55 Et il semblerait que Robert Kennedy se rapproche de Donald Trump.
55:01 -André Caspi, je rappelle votre dernier ouvrage
55:04 paru mais chronique américaine, c'est à l'Observatoire.
55:07 C'est "L'IA Belin, des démocrates en Amérique
55:10 "lors des choix face à Trump", c'est chez Fayard.
55:13 Dominique Simonnet avec Nicole Bacharan,
55:15 "Les grands jours qui ont changé l'Amérique",
55:18 c'est aux éditions Perrin et Colstengler.
55:20 On vous lit dans toute une série de médias américains.
55:25 Vous m'avez aussi dit "Paris is not dead".
55:28 C'est sur la France, c'est publié, c'est un éditeur américain.
55:32 Merci infiniment.
55:33 Merci à tous d'avoir participé à cette édition spéciale des Informés.
55:37 Demain, les Informés seront là à 9h avec Célia Brackley
55:40 et Renaud Daly. A 20h. Bonne soirée.
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