- 03/12/2023
Le porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) était l'invité du "8h30 franceinfo" du dimanche 3 décembre 2023.
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00:00 Bonjour Mathieu Vallée.
00:02 Bonjour.
00:02 Un homme a été arrêté hier soir à Paris après avoir tué un touriste allemand à coup de couteau et après s'en être pris à deux autres personnes, notamment armées d'un marteau.
00:10 Son profil était déjà connu des services de police.
00:13 Quels sont les éléments que vous avez en votre possession ce matin sur cette affaire ?
00:18 D'abord, j'ai une pensée pour ce touriste allemand qui a été tué à coup de couteau par l'individu sur le pont Birkenheim, pas si loin d'ici.
00:24 Hier soir, après 21h15, on a eu une dame qui a appelé les services de police en voyant cette personne avec un couteau et en voyant un mouvement de foule.
00:31 Les policiers du 7e arrondissement et du 15e arrondissement sont arrivés rapidement.
00:36 Malheureusement, à leur arrivée, lorsqu'ils ont été chercher l'individu qui prenait la fuite, ils ont été menacés avec un marteau.
00:41 L'individu a crié auprès des policiers à la walk-bar.
00:43 Ils l'ont maîtrisé avec un taser, donc un pistolet à impulsion électrique.
00:46 Ils n'ont pas utilisé leur arme.
00:48 Et en fait, on a effectivement ce touriste allemand qui a été tué devant deux autres personnes de la société philippine qui l'accompagnaient.
00:54 On a eu aussi Avenue Kennedy, pas si loin d'ici également, deux personnes qui ont été blessées, mais dont leur vie n'ont pas été mis en danger par le marteau.
01:02 Et donc, on voit bien que cet individu qui fait partie de la GIA Odocerre, qui est connu des services de police, de la justice et du renseignement,
01:07 grâce à l'intervention des policiers, on a évité d'autres victimes, on a évité un mal-sang.
01:11 Et je veux rendre hommage aujourd'hui à l'action de mes collègues hier soir, qui, dès l'appel, sont arrivés sur place, ont été au contact de cet assaillant.
01:17 - C'est à peu près 10 minutes qu'ils sont arrivés ? - Tout à fait, ils sont arrivés très rapidement.
01:20 Et s'ils n'étaient pas intervenus rapidement, on aurait eu d'autres victimes, d'autres blessés, voire pire, peut-être d'autres personnes tuées.
01:25 Et c'est là où on voit que nos policiers sont courageux, font preuve d'abnégation.
01:28 Et face à l'islamisme radical, face au terrorisme, malheureusement, qui frappe notre pays depuis plus de 10 ans, on voit que nos collègues sont en première ligne.
01:34 - On va parler de la façon dont vous êtes formés aussi pour appréhender ce genre de profil.
01:38 Mais justement, le profil de l'assaillant. Écoutez Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, qui s'est rendu sur place hier soir.
01:45 - Il est connu des services de renseignement et de justice. Il a été condamné à notre connaissance à 4 ans de prison.
01:52 C'est l'information que j'ai au moment où je vous parle. Il les a effectués en 2016 parce qu'il avait déjà voulu passer à une action violente,
02:01 mais qu'il n'avait pas fait, puisqu'il avait été interpellé auparavant par la DGSI.
02:05 Et il est suivi par la DGSI comme personne ayant des troubles psychiatriques très importants.
02:11 Il était d'ailleurs sous traitement psychiatrique et neurologique.
02:15 - Il y a plusieurs choses qui se recoupent dans ce profil. C'est toute la complexité.
02:19 C'est qu'il y a à la fois des éléments de radicalisation et en même temps une fragilité psychologique.
02:24 Déjà sur la radicalisation, vous avez des éléments ?
02:27 - Oui, cet individu malheureusement fait partie de cette diadophère.
02:30 C'est-à-dire qu'on a d'ores et déjà constaté que sur Facebook, il avait en amie Larossi Abala.
02:35 C'est ce terroriste en juin 2016 qui a manié en ville à tuer ce couple de policiers devant Mathieu, leur fils de 3 ans.
02:40 Jean-Baptiste Laval et Jessica Schneider.
02:41 Rappelez-vous, les mois dans le PX avaient évidemment créé encore plus chier les forces de l'ordre.
02:45 Ensuite, il avait échangé avec Adèle Carmich.
02:47 C'est l'un des deux assaillants en juillet 2016, donc un mois après, qui a tué le père Armel à Saint-Etienne-du-Rouvray.
02:53 Donc sur ces deux actes terroristes, on n'a pas pu relier une participation ou une complicité avec ce terroriste,
03:00 hier présumé qu'on a interpellé.
03:02 Mais en tout cas, on voit bien qu'il a évolué dans un système où effectivement, il était radicalisé,
03:07 où il avait des problèmes psychiatriques, où il avait été condamné d'ailleurs par la justice
03:11 lorsque les services de renseignement avaient réussi à l'empêcher de passer à l'acte à la défense en 2016
03:15 par des éléments qui avaient été réunis lors d'une enquête, ce qu'on appelle une association de malfaiteurs
03:19 en lien avec une entreprise terroriste.
03:20 Pour ça, il était fiché dans un fichier que les policiers ont du judiciaire des auteurs d'infractions terroristes,
03:25 qui permet en fait de l'obliger à pointer, de l'obliger à pointer donc à venir dans un commissariat ou une gendarmerie
03:30 et d'avoir des mesures de suivi.
03:31 D'ailleurs, aujourd'hui, c'est un vrai sujet.
03:33 Dans nos prisons, on a 417 terroristes islamistes qui ont été condamnés pour des faits,
03:38 soit de participation, soit de préparation, soit de commission d'actes terroristes.
03:42 On a également 550 détenus qui sont radicalisés de droit commun,
03:45 c'est-à-dire des gens qu'on arrête pour des vols, pour des agressions.
03:48 – Vous voulez dire qu'il était suivi, connu pour radicalisation ?
03:50 – C'est ça, c'est un sujet…
03:51 – Suivi, mais le suivi n'a pas empêché le passage ?
03:53 – Alors, en sortie de prison, il a fait ce qu'on appelle l'objet d'une mesure individuelle
03:56 de contrôle à l'administrative et de sûreté.
03:58 D'ailleurs, cet acronyme barbare, qu'est-ce qui se cache ?
03:59 C'est qu'on a obligé cette personne à venir dans les services de police pour pointer,
04:04 c'est-à-dire pour montrer qu'il était bien sur le terrain international
04:06 et qu'il suivait le contrôle auquel il était astreint.
04:08 Il avait aussi l'objet… – Régulièrement ?
04:10 – Tout à fait, c'est régulièrement.
04:11 Cette mesure permet aussi d'empêcher une personne de côtoyer des lieux, des personnes,
04:15 de l'obliger à rester à son domicile à certains moments ou à certains horaires,
04:18 selon que l'autorité médiacine l'intiquait dans cette arrêtée.
04:21 Donc on voit qu'aujourd'hui, on a des mesures existantes
04:23 et que malheureusement, elles n'empêchent pas de passer à l'acte.
04:26 Mais heureusement, effectivement, on a des services de renseignement,
04:29 notamment les services de renseignement intérieur de l'Essonne,
04:31 là où il habitait, qui le suivaient depuis sa sortie de prison,
04:34 tel que le protocole le prévoit pour ces personnes qui sont condamnées
04:37 pour des faits de préparation en lien avec le terrorisme.
04:39 – Mathieu Vallée, vous le disiez, les premiers éléments de l'enquête le montrent,
04:42 le lasaillant a donc prononcé les mots de Alaou Akbar pendant qu'il passait à l'acte.
04:46 Il a notamment dit que c'était aussi une manière pour lui de…
04:51 qu'il ne supportait plus de voir des musulmans mourir.
04:54 Il a parlé notamment de Gaza.
04:56 Est-ce que vous, en tant que membre des forces de l'ordre,
04:59 est-ce que vous voyez monter une forme de propagation de ces questions
05:07 de la guerre au Proche-Orient sur le territoire français ?
05:10 – D'abord, ça ne vous a pas échappé, l'augmentation exponentielle
05:14 des actes antisémites dans notre pays depuis le 7 octobre,
05:16 à la date de l'attaque par le Hamas sur le territoire israélien,
05:19 avec les victimes françaises, plus d'une quarantaine qui ont été,
05:23 malheureusement, commises sur le territoire israélien,
05:25 a entraîné une explosion des actes antisémites dans notre pays,
05:27 avec cette fameuse marche qui a eu lieu il y a quelques semaines à Paris
05:30 et dans toutes les villes de France pour soutenir la communauté juive.
05:33 Et effectivement, ce qui était le plus agréable est sûrement arrivé,
05:35 l'enquête le déterminera, mais après avoir été interpellé par les policiers,
05:39 il aurait déclaré ne pas pouvoir supporter de voir des musulmans assassinés,
05:43 tués dans le monde entier, notamment en Palestine,
05:45 par le conflit israélo-palestinien.
05:47 Donc effectivement, aujourd'hui, on a un risque que le conflit israélo-palestinien,
05:51 arme physiquement, et le couteau et le marteau de cette personne,
05:55 que l'enquête confirmera ou pas, dans l'attentat qu'il a commis,
05:59 puisque le Parc et la salle antiterroriste s'est saisi de l'affaire,
06:01 et c'est la brigade criminelle de Paris, de la police judiciaire de Paris,
06:03 qui est chargée des investigations, pour d'abord voir l'entourage de cet islamiste radical,
06:09 puisque c'est ce que fait à chaque fois nos collègues du renseignement
06:12 et de la police judiciaire, mais aussi pour retracer tous les faits,
06:15 voir s'il y a une complicité, et surtout déterminer,
06:17 alors à l'heure actuelle, il n'y a pas d'éléments qui nous permettent de le dire,
06:19 mais en tout cas, déterminer s'il peut y avoir d'autres passages à l'acte,
06:22 ou si effectivement, il a eu une préparation et des personnes qui l'ont aidé en amont
06:26 de l'acte qu'on a vu hier soir sur Paris.
06:27 Mathieu Vallée, on se retrouve dans un instant pour parler du syndicat indépendant
06:30 des commissaires de police, on se retrouve juste après le Fil info de Mathilde Romagnan,
06:33 à 8h39.
06:34 Le Parc et national antiterroriste saisi après une attaque au couteau hier soir à Paris,
06:40 près de la tour Eiffel.
06:41 Un touriste allemand a été tué et deux autres personnes blessées.
06:44 L'assaillant a été interpellé.
06:46 Il s'agit d'un Français, 26 ans, connu pour islamisme radical et souffrant de troubles psychiatriques.
06:52 Sept personnes ont été blessées et sont hospitalisées après l'incendie d'un immeuble
06:56 à Marseille cette nuit.
06:58 Ça s'est déclaré vers minuit dans le 4e arrondissement.
07:01 20 habitants ont été évacués.
07:03 L'immeuble s'est en partie effondré et l'incendie a été maîtrisé.
07:06 Un supporter nantais de 31 ans a été tué hier soir en marge du match Nantes-Nice,
07:11 rencontre de la Ligue 1 de football, avant la rencontre des supporters nantais
07:16 sans son prix à des VTC transportant des supporters niçois.
07:20 La fête donc gâchée à la Beaujoire hier soir alors que Nantes a battu Nice 1 à 0.
07:26 Lyon reste dernier du classement de Ligue 1 après sa défaite 3 buts à 2 à Lens.
07:30 A suivre aujourd'hui, le Havre, PSG, c'est à 13h.
07:35 *Musique*
07:38 France Info.
07:40 Le 8.30, France Info, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
07:44 - Toujours avec Mathieu Vallée, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.
07:47 On parlait à l'instant de la radicalisation de la Saïan.
07:50 Hier soir, il avait aussi, il était connu pour des fragilités, pour des troubles psychiatriques.
07:57 Il avait suivi un traitement tout au long de sa détention et à sa sortie de prison en 2020.
08:04 Une personne instable et radicalisée, ça c'est un profil, c'est le plus compliqué à appréhender pour les enquêteurs, pour les policiers ?
08:12 - Oui, une personne qui est radicalisée, qui plus est a préparé un attentat pour lequel il a été interpellé avant
08:18 avec des problèmes psychiatriques lourds.
08:19 Effectivement, c'est un cocktail explosif qui est très compliqué à détecter et à arrêter normalement pour les services de renseignement.
08:25 Néanmoins, ils ont réussi à le faire en 2016, avant, je le disais tout à l'heure,
08:29 l'attentat avorté de la défense sur lequel nos policiers, grâce à une enquête minutieuse et des éléments rassemblés,
08:34 ont permis de le présenter à la justice.
08:35 Et après, c'est le dernier, puis se rentre en voie de condamnation sur ce dernier.
08:39 Et il faut bien que nos compatriotes comprennent.
08:41 L'année dernière, on a 78 individus condamnés pour des infractions liées au terrorisme et d'islamisme radical
08:46 qui sont sortis de prison.
08:47 À chaque fois qu'on a une personne qui a été condamnée pour des faits, apologie du terrorisme,
08:51 association de malfaiteurs en lien avec l'entreprise terroriste qui est la condamnation de cet individu,
08:54 mais aussi des actes de commission ou préparation en lien avec les entreprises terroristes,
08:58 on voit qu'il y a un suivi en permanence entre l'administration pénitentiaire, le renseignement pénitentiaire,
09:03 les services de renseignement intérieur, la sécurité intérieure,
09:05 mais aussi les services du parquet national antiterroriste, dont je rappelle qu'il y a 16 magistrats spécialisés,
09:10 qui suivent ces personnes.
09:11 Et cette année, on va avoir à peu près pareil.
09:13 Depuis le début de l'année, 80 personnes qui sortent.
09:15 Et l'année prochaine, on va être dans les mêmes proportions.
09:17 – Est-ce qu'on a les moyens pour gérer ces sorties de prison ?
09:19 – C'est très difficile, effectivement, puisque non seulement il faut suivre ces personnes qui sortent de prison,
09:23 on le fait, le parquet national antiterroriste le fait,
09:25 avec des mesures que je vous ai évoquées tout à l'heure,
09:27 des mesures de contrôle administratif et de sûreté par l'autorité ministérielle,
09:30 – Mais ça ne suffit pas toujours.
09:31 – Aussi des suivis socio-judiciaires, mais ça ne suffit pas tout le temps,
09:34 surtout que ça se rajoute à toutes ces personnes qui sont aujourd'hui en liberté,
09:38 qui sont fichées S, qui sont fichées dans un traitement qu'on appelle le FSPRT,
09:41 en gros c'est le fichier qui permet de suivre les personnes dont on soupçonne qu'elles sont radicalisées,
09:46 et qui chaque semaine font l'objet d'une évaluation par le préfet
09:48 avec tous les services de renseignement et les partenaires.
09:50 Donc on voit qu'aujourd'hui on a finalement un traitement de masse,
09:54 un contention de masse aujourd'hui qui n'est plus d'exception
09:56 comme on l'a connu à l'époque avec le terrorisme islamiste,
09:58 et que ça devient un véritable défi pour nos services de renseignement,
10:01 soit d'intercepter ces individus avant qu'ils passent à l'acte,
10:04 soit de les suivre, qui lorsqu'on l'a vu à l'attentat d'Arras,
10:06 où Dominique Bernard ce professeur a été assassiné par ce terroriste islamiste,
10:10 ou malheureusement même la veille où les policiers avaient une intuition policière,
10:14 ça n'a pas suffi à pouvoir l'intercepter et l'empêcher de passer à l'acte
10:17 parce qu'on est dans un état de droit.
10:18 Et par ailleurs il y a aussi une faiblesse du suivi psychiatrique en France.
10:22 Marc Trévidi, l'ancien juge antiterroriste, disait sur France Info
10:26 que c'était le parent pauvre du parent pauvre du parent pauvre de la médecine.
10:29 Donc on a à la fois des renseignements qui ne sont pas en nombre suffisant,
10:33 et en même temps un suivi psychiatrique qui est défaillant.
10:36 Mais de toute façon même pour les personnes,
10:38 moi je suis commissaire de police et on est amené parfois à faire des hospitalisations d'office
10:42 pour les personnes qu'on nous signale comme ayant des problèmes psychiatriques graves
10:44 et présentant un danger pour elles-mêmes et pour autrui,
10:47 on voit bien que ces personnes, lorsqu'on a tous les éléments pour les présenter à la médecine
10:50 et les faire interner pour les protéger d'elles-mêmes et des autres,
10:53 effectivement on voit qu'on n'a pas assez de lits, on n'a pas assez d'infirmiers,
10:56 on n'a pas assez de médecins, on n'a pas assez de structures spécialisées dans notre pays
10:59 pour accueillir toutes les personnes qui devraient être suivies
11:01 avec un traitement et un suivi digne de ce nom.
11:04 D'ailleurs souvent elles ressortent au bout de 2, 3 jours, au bout de quelques jours,
11:07 parce qu'il n'y a pas assez de place et qu'il faut libérer de la place
11:09 pour les personnes suivantes qui doivent être intégrées dans ces structures.
11:11 - Et comment vous êtes formés pour appréhender ces profils-là, vous les policiers ?
11:15 - D'abord aujourd'hui, on a depuis, malheureusement, il a fallu les attentats de 2015
11:20 et notamment du Bataclan, le 13 novembre 2015, à Terrace et du Stade de France
11:24 pour qu'on ait ce qu'on appelle des formations aux tueries de masse et aux périples meurtriers,
11:28 c'est-à-dire que les policiers aujourd'hui ont des formations
11:31 pour pouvoir faire face à ces individus qui passent à l'acte,
11:33 alors majoritairement depuis 5 ans au couteau,
11:36 là où avant on avait l'habitude qu'ils utilisaient des armes de guerre,
11:38 notamment des Kalachnikovs lors des attentats de 2015,
11:40 et surtout, je le redis, on a notamment des brigades anticriminalités aujourd'hui
11:44 qui sont présentes dans chaque agglomération, dans chaque ville où la police a la compétence,
11:48 qui permettent avec des armes de guerre, qui permettent avec des formations,
11:51 qui permettent avec leur habilitation de pouvoir faire face à des terroristes,
11:54 et je rappelle que par exemple la France Insoumise veut les supprimer
11:56 et que si demain on supprime ces brigades de proximité,
11:59 ces brigades anticriminalités qui connaissent leurs délinquances, leurs territoires,
12:02 les habitants, mais aussi les procès qui sont spécifiques à l'intervention face à un terroriste,
12:06 on sera mis en danger, en difficulté,
12:08 parce que le temps que le RAID ou le GIGN interviennent,
12:11 parfois une minute, c'est plusieurs vies qui sont gagnées,
12:13 et je veux de coups leur rendre hommage,
12:15 parce que ces policiers et ces gendarmes font un travail extraordinaire
12:18 et qu'ils font face au pire et peuvent y laisser leur vie pour protéger votre vie,
12:21 la nôtre et celle de tous nos compatriotes qui peuvent être mis en danger lors de ces attentats.
12:25 - Mathieu Vallée, hier soir cet attentat, cette attaque s'est déroulée
12:27 quasiment au pied de la Tour Eiffel, c'est évidemment le symbole de Paris
12:31 qui est touché, au-delà évidemment du drame qui a tué un touriste allemand.
12:37 On est à quelques mois des Jeux Olympiques et évidemment on ne peut pas ne pas penser
12:41 à ce contexte et à la question de la sécurité et de la sécurisation des Jeux Olympiques.
12:46 Tout à l'heure le maire du 15ème arrondissement rappelait que Bir Hakeim,
12:49 où s'est passée l'attaque hier soir, est dans le périmètre
12:52 qui sera sécurisé au moment des Jeux Olympiques,
12:54 ça veut dire que ça va devenir très compliqué en réalité d'être aussi finement protégé ?
13:00 - D'abord ce pont, souvent moi j'y passe puisque j'habite pas très loin,
13:03 et on voit qu'il y a des jeunes mariés, on voit qu'il y a des touristes,
13:05 comme c'était le cas hier soir, qui font des photos.
13:07 - C'est un lieu très populaire mais ça n'est pas un lieu qui est connu pour être dangereux.
13:09 - Tout à fait, et puis qui est très prisé des touristes pour faire des photos
13:12 avec la Tour Eiffel en arrière-plan qui est la vitrine de la France.
13:14 Et vous avez raison de dire que, sans trop cadéro,
13:16 dans le schéma qui est prévu initialement pour l'instant pour les Jeux Olympiques,
13:20 ça sera le point d'orgue de la cérémonie devant l'événement le plus suivi au monde
13:23 sur les télévisions et dans tous les médias.
13:25 Et c'est pour ça que ça sera une zone très sécurisée,
13:27 on aura les délégations étrangères du monde entier, on aura le chef de l'État,
13:30 on aura nos autorités, on aura nos sportifs, nos délégations sportives.
13:33 Donc c'est vrai que ce lieu emblématique de la capitale, comme le Trocadéro,
13:37 mais comme par exemple Montmartre ou comme par exemple les Champs-Élysées,
13:40 seront mis à l'honneur et c'est tout autant un défi, un challenge
13:44 pour les services de renseignement, les services de police et de gendarmerie
13:46 qui seront mobilisés de permettre que ce fête...
13:47 - Est-ce qu'on a les moyens de sécuriser les Jeux Olympiques ?
13:49 - Tout à fait, alors on y discute aujourd'hui avec notre ministère de tutelle,
13:52 le ministère de l'Intérieur, il va y avoir des policiers et des gendarmes
13:54 qui ne prendront pas de congés durant plusieurs semaines
13:56 pour assurer la sécurité des événements.
13:58 On va avoir beaucoup de renforts qui viennent de province
14:00 pour sécuriser l'événement, sans parler des forces mobiles,
14:03 les CRS, les gendarmes mobiles, plus la sécurité privée,
14:05 voire les militaires qui donneront tous leur concours
14:08 pour permettre de faire cet événement une belle réussite
14:10 parce que c'est l'image de la France dans le monde entier.
14:13 Et là, malheureusement, on voit qu'hier soir, on a des touristes
14:15 qui pour prendre des photos, qui pour visiter la capitale,
14:17 qui pour aller dans ces lieux emblématiques,
14:19 ont malheureusement y laissé la vie et ça donne toujours une mauvaise image de notre pays.
14:22 Et ça fait toujours peur, notamment aux touristes chinois
14:24 ou à tous ces pays qui viennent dans cette première destination touristique au monde
14:28 de pouvoir en fait se faire plaisir et faire l'honneur de notre pays.
14:31 - Mais juste un dernier mot par rapport à ça.
14:32 On peut mettre le nombre de policiers qu'on veut, le nombre de sentinelles qu'on veut,
14:36 à partir du moment où quelqu'un de plus ou moins déséquilibré,
14:39 de radicalisé, décide de sortir un couteau de son sac, c'est extrêmement compliqué.
14:42 Donc en fait, la question, c'est est-ce qu'on est en capacité d'intervenir très rapidement ?
14:46 - Oui, tout à fait, on a une capacité d'intervenir rapidement.
14:48 Mais votre question m'appelle à une réponse importante que je vais vous dire.
14:52 C'est qu'aujourd'hui, l'arme la plus utilisée par les terroristes islamistes depuis cinq ans,
14:57 c'est le couteau, c'est la première arme utilisée aujourd'hui.
14:59 Dominique Bernard à Arras avait été assassinée par un couteau.
15:02 Là, on voit que c'est également un couteau et un marteau qui ont été utilisés.
15:05 Et ce qui est difficile, et c'est ce que je veux dire parce qu'on ne le dit pas souvent,
15:08 c'est que autant par exemple pour les dealers ou les trafics de stupéfiants,
15:11 on ne peut pas passer de guetteur dans un hall d'immeuble
15:13 pour annoncer la présence de la police à chef d'un gros point de vente.
15:16 Par contre, vous pouvez être interpellé, incarcéré pour de l'apologie du terrorisme
15:19 ou pour des faits de préparation à un acte terroriste.
15:21 Et puis en ressortant, vous pouvez tout de suite perpéter un acte terroriste,
15:24 ce qui fait que vous basculez, si j'ose dire, d'un acte préparatoire
15:27 ou d'un acte où vous faites la publicité du terrorisme à directement un acte criminel.
15:31 Et c'est bien la difficulté aujourd'hui, c'est qu'on a des gens qui passent du jour au lendemain à l'acte,
15:35 comme il y a des gens qui ne passeront jamais du jour au lendemain à l'acte.
15:38 Et c'est vraiment un défi important et colossal pour nos services de renseignement.
15:41 – Et on voit qu'on est dans un contexte d'alerte urgence attentat
15:45 et que ça n'a pas empêché ce passage à l'acte hier soir, cette soir.
15:49 – Ça ne l'a pas empêché mais ça a permis rapidement que nos policiers interviennent sur le terrain.
15:53 Mais le risque zéro, effectivement, n'existe pas.
15:55 Et le gros défi sécuritaire qui va se poser pour les Jeux Olympiques,
15:59 c'est effectivement permettre de faire que la fête se passe bien.
16:02 Mais surtout que si on a une personne qui va le passer à l'acte,
16:04 on puisse rapidement l'appréhender avant par nos services de renseignement.
16:07 Et si ça n'a pas été le cas, de pouvoir l'intercepter, la neutraliser
16:10 lorsque elle passe à l'acte sur des scènes qui vont être importantes.
16:13 Parce qu'il y a Paris, mais vous avez aussi toute l'île de France et même Marseille,
16:16 Lille et d'autres villes en France qui vont accueillir des épreuves des Jeux Olympiques.
16:19 – Juste d'un mot, qu'est-ce qui va se passer maintenant ?
16:21 La garde à vue de l'assaillant a commencé.
16:24 C'est une garde à vue qui va durer 4 jours parce que c'est un contexte terroriste ?
16:27 – Oui, c'est une course contre la montre.
16:29 De toute façon, en matière criminelle et en matière terroriste,
16:31 il y aura forcément l'ouverture d'une information judiciaire
16:33 par les magistrats spécialisés du pôle antiterroriste de Paris.
16:36 Et donc là, le premier temps, c'est de faire un criblage,
16:39 c'est de faire une analyse de l'environnement familial, sociétal, social de l'individu,
16:43 de pouvoir éventuellement faire des ramifications, notamment avec l'étranger,
16:47 puisqu'on voit qu'il y a eu une revendication de cet individu
16:49 par une vidéo qu'il a enregistrée avant l'acte,
16:51 en tout cas dans les heures ou les jours qui ont précédé l'acte.
16:53 Et tout ça, les enquêteurs, pendant ces 4 jours,
16:55 vont essayer de rassembler le maximum d'éléments
16:57 qui seront ensuite continués dans une instruction,
16:59 sous l'égide d'un juge d'instruction.
17:00 – Merci beaucoup Mathieu Vallée, porte-parole du syndicat indépendant
17:03 des commissaires de la police.
17:03 Merci d'être venu ce matin sur France Info.
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