Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 12/06/2023

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 *Musique*
00:08 Les informés jusqu'à 9h30, ravi de vous retrouver.
00:10 Renaud Dely est à mes côtés, on parlera absolument, on parlera des déserts médicaux
00:15 dans quelques minutes à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi cette semaine à l'Assemblée Nationale.
00:19 J'ai le plaisir de vous présenter les informés du jour.
00:22 Pauline de Saint-Rémy, tout d'abord, chef du service politique de Politico.
00:25 - Bonjour.
00:25 - Et bienvenue à vos côtés Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction de l'Obs.
00:30 - Bonjour.
00:31 - Et bienvenue également. Faut-il, Renaud Dely, modifier les règles du droit d'asile
00:35 après le drame d'Annecy la semaine dernière ?
00:37 - Eh oui, une question qui survient dans l'actualité après ce drame à Annecy.
00:40 Rappelons que l'assaillant bénéficiait du statut de réfugié en Suède depuis une dizaine d'années
00:46 et qu'il avait fait depuis l'automne dernier une demande pour obtenir l'asile en France.
00:53 La réponse négative lui a été fournie au bout de six mois,
00:57 justement parce qu'il avait déjà un statut de réfugié en Suède.
01:02 Alors un migrant doit-il pouvoir toujours demander l'asile dans plusieurs pays d'Europe en même temps ?
01:08 La réponse ce matin sur l'antenne de France Info de Benoît Hamon,
01:11 ancien candidat socialiste à la présidentielle et désormais président de l'ONG Singa,
01:16 qui est une association d'inclusion économique qui vient en aide aux réfugiés.
01:20 - La question de l'asile est une question centrale justement dans la définition de ce qu'est cette civilisation européenne
01:28 si tant est que la Convention de Genève est encore du sens pour nous,
01:30 les droits de l'homme est encore du sens pour nous.
01:33 Nous ne regardons pas le détail du parcours d'un seul,
01:35 mais essayons de regarder si aujourd'hui la France et l'Europe prennent leur part.
01:40 En réalité pour ce qui est de la France, nous prenons bien moins,
01:43 ou nous, comment dire, nous engageons bien moins dans l'accueil que le font par exemple nos voisins allemands.
01:48 - Alors on est là sur les principes évidemment fondamentaux du droit d'asile,
01:52 mais au-delà de ces principes, il y a donc ces procédures qui interrogent le fait que la Saïdah Nancy,
01:57 qui bénéficiait de ce statut de réfugiée en Suède, avait demandé plusieurs demandes d'ailleurs en France,
02:01 mais aussi en Suisse et en Italie.
02:04 Est-ce que ce système de l'asile en Europe doit être réformé ?
02:09 - Pauline de Saint-Rémy ?
02:10 - Alors il faudra peut-être quand même commencer par rappeler quelque chose,
02:13 parce qu'évidemment ce fait divers, tragique est intervenu à un moment donné,
02:18 où on parle beaucoup d'immigration en France parce que le gouvernement est empêtré dans une réforme
02:22 qu'il n'arrive pas vraiment à faire, ne serait-ce que débattre au Parlement.
02:26 Mais il y a aussi au niveau européen en ce moment des discussions très importantes
02:29 qui touchent notamment au droit d'asile.
02:32 Et je trouve assez fascinant que dans les multiples, les nombreuses réactions des personnalités politiques
02:38 qu'on a depuis une semaine, qui étaient souvent dans l'émotion d'ailleurs,
02:43 on pourrait en reparler, mais très peu rappellent cela.
02:46 Il y a eu justement le 8 juin dernier, qui je crois était le jour de l'Annecy,
02:52 un accord au niveau européen entre les ministres de l'Intérieur sur la réforme de la politique migratoire.
02:59 Ça doit donner lieu d'ici quelques mois à une loi qui sera votée en principe au Parlement européen,
03:05 avant les élections européennes.
03:07 Donc vous pouvez imaginer toutes les tensions qu'il y a derrière ça.
03:09 - Accord qui prévoit un système de solidarité en Europe,
03:11 où chacun s'engage à accueillir des demandeurs d'asile,
03:15 et ceux qui ne le feraient pas verseraient de l'argent, 20 000 euros pour chaque réfugié non accueilli.
03:20 - En quelque sorte soutenir les pays qui sont le plus sujet à une pression migratoire.
03:24 Mais il y a aussi une mesure qui touche à l'accueil des réfugiés en Europe,
03:30 ou plutôt des demandeurs d'asile justement.
03:32 On trierait en quelque sorte les arrivants selon le pays d'où ils arrivent, selon...
03:37 Disons que si vous venez d'Afghanistan, vous avez beaucoup plus de chances
03:40 d'avoir une réponse positive que si vous venez d'Albanie par exemple,
03:43 c'est ce que disait une des ministres de l'Intérieur.
03:45 Donc on créerait plus de centres aux frontières européennes pour pouvoir trier,
03:49 pardon pour l'usage de ce terme, mais plus facilement les demandeurs d'asile,
03:52 parce qu'il y a eu de fait une augmentation de l'afflux, notamment en 2022,
03:56 et c'est toujours le cas en 2023.
03:58 Et on a tendance à totalement déconnecter les discussions en France
04:02 de ce qui se passe au niveau européen, alors que c'est évidemment déterminant,
04:05 et que vous avez par ailleurs les Républicains qui demandent une réforme constitutionnelle,
04:10 justement pour que la France puisse s'extraire.
04:11 Donc on mélange beaucoup de choses, le cas particulier d'Annecy,
04:14 le contexte français et l'Europe.
04:16 C'est probablement au niveau européen qu'on pourrait agir le plus directement
04:20 sur le traitement des demandeurs d'asile, même si la réforme telle que Gérald Darmanin
04:25 l'avait présentée au départ contenait aussi des mesures de simplification administrative
04:30 pour le traitement des demandes en France.
04:32 Sylvain Courage.
04:33 Oui, c'est tout à fait vrai.
04:33 Une partie des politiciens français réagissent en fonction d'un souverainisme
04:38 qui n'est pas efficace pour traiter la question des migrations,
04:42 et zappent complètement l'échelon européen.
04:45 La seule réponse qu'ils apportent, c'est "nous n'avons qu'à nous détacher finalement
04:49 des règles européennes, revenir à un cadre strictement national".
04:53 C'est évidemment totalement impossible.
04:55 Donc on voit bien à quel point le débat est empoisonné, il est faussé,
04:58 parce que personne ne tient compte de la complexité véritablement de ces affaires.
05:03 Le droit d'asile, c'est évidemment un droit fondamental, un droit de l'homme,
05:08 et les temps d'instruction sont longs.
05:10 Je veux dire, on ne peut pas traiter ces cas en quelques heures.
05:13 Donc à chaque fois, ce sont des mois qui s'écoulent,
05:15 des réfugiés qui restent sur le territoire,
05:19 et qui finalement, étant déboutés du droit d'asile,
05:22 restent aussi sur le territoire parce qu'on ne parvient pas
05:24 à les renvoyer dans leur pays d'origine.
05:26 Ça, c'est la vérité de ce qui se passe.
05:28 Ça demande une coordination internationale.
05:30 Ça demande une coordination entre les États européens et les pays de départ.
05:35 Donc tout ça, c'est plutôt de la diplomatie,
05:36 c'est plutôt des accords qu'il faudrait trouver.
05:38 Au lieu de ça, on a un débat extrêmement polémique et passionnel
05:42 qui réagit à un drame et donc qui est très mal posé.
05:47 Sylvain Courage de L'Obs, Pauline de Saint-Rémy du site Politico,
05:54 et Renaud Dely sont les informés du jour.
05:57 Il est 9h12. Le Fil info avec Sophie Echenne.
05:59 La dernière motion de censure de la NUB sera débattue cet après-midi à l'Assemblée,
06:04 déposée la semaine dernière pour dénoncer la façon dont le gouvernement
06:08 a traité le texte du groupe Liott qui visait à abroger la réforme des retraites.
06:11 Mais peu de chance que cette motion soit adoptée.
06:13 A priori, les Républicains ne la voteront pas.
06:16 "J'ai faim, ma maman est morte", les premiers mots des 4 enfants
06:19 retrouvés dans la forêt amazonienne en Colombie après 40 jours d'errants,
06:23 seuls dans la jungle suite à leur accident d'avion.
06:26 Tous sont très amégris et déshydratés, mais sains et saufs.
06:29 De gros orages hier soir et des rues inondées en Ile-de-France,
06:33 à Dijon, dans le Vaucluse, à Toulouse également,
06:35 où les pompiers sont intervenus une soixantaine de fois en une heure.
06:39 Les orages doivent se poursuivre aujourd'hui un peu partout en France.
06:42 Et puis un nouveau forfait chez les Bleus avant les matchs de qualification à l'Euro 2024
06:46 contre Gibraltar puis la Grèce.
06:48 Le milieu de terrain, Adrien Rabiot, blessé au mollet droit,
06:51 il est remplacé par Boubacar Kamara.
06:53 [Musique]
07:04 – Est-ce qu'il faut, Renaud Delis, réformer le droit d'asile en Europe ?
07:07 – Probablement, il y a en tout cas des procédures qu'il faut changer
07:09 parce que j'entendais Elisabeth Born hier qui disait
07:12 qu'il ne fallait pas tirer d'un cas particulier,
07:14 en l'occurrence ce fait divers tragiques d'Ainsi,
07:16 forcément des enseignements et des règles,
07:19 justement toucher aux règles communes en vertu d'un cas particulier.
07:23 Je crois précisément que si, c'est-à-dire qu'il y a deux choses,
07:25 il faut distinguer deux choses, il faut distinguer effectivement
07:27 l'instrumentalisation politique par certains courants extrémistes
07:31 qui en rajoutent et qui font dans la démagogie électoraliste, bien sûr.
07:34 Mais en revanche, il y a aussi les questions légitimes, de bon sens,
07:38 que posent un certain nombre de dysfonctionnements de procédures
07:41 qu'on voit en l'occurrence à l'œuvre dans ce cas-là.
07:44 Ça ne signifie pas que pour autant le drame en question n'aurait pas eu lieu.
07:47 Donc il ne s'agit pas de tout lier,
07:49 parce qu'il y a évidemment l'étape psychiatrique de l'individu qui pose question.
07:52 Mais pour ce qui est des procédures européennes,
07:53 je pense qu'il y a un certain nombre de leçons à en tirer.
07:55 La question de bon sens que tout le monde se pose,
07:58 c'est pourquoi est-ce que quand un individu a un statut de réfugié
08:02 dans un pays membre de l'Union européenne,
08:04 un autre pays membre de l'Union européenne vers lequel il se tourne
08:08 pour formuler la même demande, a besoin de six mois pour constater,
08:12 puisque c'est le motif qui a été avancé pour le refus
08:15 de l'octroi de ce statut de réfugié en France à cet individu,
08:18 pourquoi est-ce qu'il a fallu six mois pour que deux pays membres
08:21 de l'Union européenne se transmettent cette information ?
08:23 C'est assez considérable.
08:24 Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas besoin de 15 jours simplement pour vérifier ça ?
08:28 Donc on voit bien qu'il y a un problème de coordination au niveau européen.
08:32 Évidemment Sylvain Courge a raison, il ne s'agit pas de tirer de ce drame
08:35 des leçons versant vers une forme de souverainisme,
08:38 de repli national.
08:39 Ça n'aurait pas de sens.
08:40 Si jamais les États membres de l'Union européenne
08:41 passent leur temps à se renvoyer les uns les autres,
08:43 les réfugiés, les demandeurs d'asile par-delà des frontières,
08:46 on ne résout rien.
08:47 C'est évidemment au niveau européen qu'il faut faire fonctionner
08:50 des règles communes, mais des règles communes efficaces
08:52 dans des délais acceptables.
08:54 Ensuite il y a l'absence de fichiers communs,
08:57 de fichiers partagés par l'ensemble des membres de l'Union européenne
09:00 pour recenser les individus qui disposent d'un statut de réfugié,
09:03 qui aurait permis sans aucun doute de résoudre cette attente,
09:08 ce délai en tout cas plus rapidement.
09:10 On sait qu'il y a aussi certains États qui considèrent,
09:12 c'est un peu la tradition française,
09:13 que l'État justement est plutôt protecteur des libertés individuelles.
09:17 Sur le plan historique, c'est notre tradition.
09:19 À l'inverse, il y a beaucoup de pays, y compris en Europe,
09:22 qui ont peur dès lors que l'État dispose d'informations
09:25 sur les individus, que ce soit un moyen de pression ou d'oppression même.
09:29 C'est aussi ce qui explique la difficulté des pays européens
09:32 à se mettre d'accord sur la mise en place de divers fichiers
09:34 pour partager les informations.
09:36 Et juste un tout dernier point, il y a la question du nombre aussi.
09:39 C'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme d'embolie,
09:42 parce qu'il y a un envol des demandes d'asile en Europe,
09:44 en France et ailleurs, au sein de l'Union européenne,
09:48 qui complique justement la mise en œuvre rapide de ces procédures
09:54 et donc le fait d'obtenir des réponses rapides.
09:56 – Pauline de Saint-Rémy.
09:58 – Il y aurait encore beaucoup de choses à dire,
10:00 notamment sur la façon dont ce sujet est traité
10:05 par la classe politique française en ce moment.
10:07 Vous parliez des positions des extrémistes tout à l'heure, Renaud Delis.
10:11 Je crois que vous avez employé ce terme.
10:12 Ce que j'ai trouvé assez intéressant dans la séquence,
10:15 c'est le rapprochement entre le discours notamment des Républicains
10:18 et celui du Rassemblement national.
10:20 Il y a un article ce matin assez amusant, si je peux dire, dans le Figaro
10:24 sur la façon dont les députés d'URN regardent ce spectacle
10:29 avec une forme d'amusement et de satisfaction,
10:33 car ils n'ont pas grand-chose à dire.
10:35 C'est vrai que pour exister, les Républicains,
10:37 par la voix de leur président, notamment Éric Ciotti,
10:40 sont obligés de durcir leur discours très fortement
10:43 et d'être dans une forme de chantage vis-à-vis de l'exécutif,
10:45 dont je ne suis pas sûre qu'ils aboutissent vraiment.
10:48 Je ne suis pas sûre qu'ils aient beaucoup de réussite sur ce sujet.
10:50 – Que l'appel lancé notamment ce week-end…
10:52 – Ils agissent comme s'ils étaient en position de force,
10:55 parce que de fait, le gouvernement a besoin des voix des Républicains
10:59 s'il veut faire adopter une réforme un petit peu ambitieuse à l'Assemblée.
11:04 Ils se comportent du coup comme si, avec leurs 60 députés,
11:07 ils pouvaient faire plier l'exécutif.
11:09 Je ne suis pas sûre que ce soit aussi simple que ça,
11:11 parce que l'électorat des Républicains leur reproche d'être des beaux parleurs sur ce sujet,
11:15 de beaucoup parler quand ils sont en campagne,
11:17 de ne rien faire quand ils sont au pouvoir.
11:19 Et en quelque sorte, s'ils ne suivaient pas le gouvernement,
11:21 ils en feraient la preuve tout en n'étant pas au pouvoir.
11:23 – Un dernier mot, Sylvain Courage, et ensuite on passe aux déserts médicaux.
11:26 – Effectivement, une surenchère de la droite,
11:28 le gouvernement qui voudrait agir sur ce sujet
11:30 et qui cherche l'appui de la droite.
11:32 Donc il va falloir trouver un compromis,
11:34 puisque, comme le disait Pauline,
11:36 les députés LR doivent démontrer qu'ils aboutissent à quelque chose,
11:41 et le gouvernement aussi, et il cherche en plus une suite au quinquennat.
11:46 Donc probablement dans le cœur de l'été,
11:48 il va y avoir des tractations autour de toutes ces questions,
11:50 et on peut imaginer qu'il y ait un texte de compromis.
11:53 Ensuite, la difficulté c'est de le faire adopter,
11:55 parce qu'une partie des élus Renaissance
11:58 n'a pas du tout l'intention de suivre la droite sur ce terrain.
12:02 – On change de sujet Renaud Delis,
12:04 on va parler à présent de la question des médecins,
12:06 du manque de médecins plus précisément,
12:07 puisqu'un texte arrive aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
12:10 une proposition de loi pour tenter de lutter
12:12 contre le phénomène des déserts médicaux.
12:14 – Une proposition de loi qui sera effectivement débattue ce soir,
12:16 en fin de journée, après le débat et le vote sur la motion de censure.
12:20 Une proposition de loi qui vise à répondre à ce lourd enjeu du quotidien,
12:23 les déserts médicaux qui touchent des millions de Français.
12:26 – Portée cette proposition de loi par le député Horizon de Seine-et-Marne,
12:29 Frédéric Valtoux, qui a d'ailleurs été longtemps
12:32 président de la Fédération hospitalière de France,
12:34 il n'entend pas lui toucher à la liberté d'installation des médecins,
12:37 mais il est prêt à aller jusqu'à la réquisition,
12:40 au dernier recours de spécialistes libéraux,
12:42 si personne ne est en mesure d'assurer la permanence de soins.
12:45 Bref, selon Frédéric Valtoux, pas d'obligation,
12:48 pas de contrainte, pour l'instant en tout cas,
12:50 mais plutôt des incitations.
12:52 Ce matin, Frédéric Valtoux, député Horizon, était l'invité de France Info.
12:56 – Pendant 5 à 10 ans, on vaillit des tensions et des situations
13:00 qui vont être encore plus difficiles d'accès aux soins
13:02 que celles que l'on connaît aujourd'hui.
13:04 Et donc, répartir différemment le peu de force médicale que nous avons
13:08 ne rendra aucun territoire riche en médecins.
13:11 Par contre, quand effectivement, dans une dizaine d'années,
13:14 nous, parce qu'on forme de plus en plus de jeunes,
13:17 et le temps qu'ils soient formés, on aura sans doute plus de professionnels
13:20 à installer dans le territoire.
13:22 – Alors, une dizaine d'années, c'est le délai à l'issue duquel
13:24 la réforme du numerus clausus, qui permet justement davantage
13:27 de formation de médecins, devrait porter ses fruits
13:29 et permettre qu'il y ait davantage de médecins formés en France.
13:32 D'ici là, donc, pas d'obligation, dit Frédéric Valtoux,
13:34 mais plutôt des incitations pour essayer, en quelque sorte,
13:37 de répartir la pénurie.
13:39 – Est-ce que ça peut fonctionner, Sylvain Courage ?
13:41 – Dans le principe, ça paraît logique, c'est même assez modéré, en fait,
13:45 de vouloir rendre les médecins responsables,
13:48 de l'accès aux soins sur un territoire,
13:50 de les associer, les différentes professions musicales,
13:53 tout ça, c'est du bon sens, et ça va dans le sens de la santé,
13:56 surtout la santé publique.
13:57 La difficulté, c'est que ça s'attaque à, vraiment, un tabou considérable
14:01 qui est la liberté des médecins libéraux.
14:04 En France, c'est vraiment sacré, ça fait déjà…
14:07 – C'est sacré, mais pas depuis la nuit des temps,
14:09 ça fait 20 ans que c'est sacré.
14:10 – Non, ça fait 20 ans que c'est sacré.
14:11 – Après une grève importante, d'ailleurs, des médecins,
14:13 ça a été supprimé en 2002 ou 2003, enfin, il y a 20 ans.
14:16 – Oui, mais le problème, c'est que ces médecins libéraux
14:19 sont aussi dans un système collectif, dans une assurance sociale,
14:24 donc ils bénéficient un peu des avantages des deux systèmes,
14:27 et là, il y a une contradiction qu'il faudra finir par résoudre,
14:29 parce que si les médecins sont totalement libres,
14:32 les frais de santé sont aussi remboursés par la collectivité,
14:36 par la sécurité sociale, donc ils sont quand même redevables
14:39 à cette communauté, à cette collectivité.
14:42 Donc, il y a un problème philosophique à résoudre,
14:44 les médecins s'arqueboutent derrière leurs privilèges,
14:48 bon, ils font valoir qu'ils donnent déjà beaucoup
14:51 pendant leurs études à la collectivité,
14:54 en participant en tant qu'interne à la vie de l'hôpital,
14:57 surtout, ils s'appuient sur la liberté de prescrire
15:01 et la liberté de choix des citoyens,
15:04 qui doivent pouvoir choisir leur soignant.
15:07 Donc, c'est vraiment un débat qu'il faudrait avoir au fond,
15:10 je crains que ce député ne se casse les dents.
15:13 Pauline de Saint-Méry de...
15:15 - Vous avez décidément vu la vidéo.
15:17 - Je ne veux plus prononcer votre nom, on va faire comme ça.
15:20 Pauline de Saint-Rémy et Renaud d'Ely, vous restez avec nous.
15:24 Voici le Fil info de 9h21 avec, attention,
15:27 je vais bien le dire, Sophie Echene.
15:28 - Bien sûr.
15:29 - Le gouvernement veut encourager et accélérer
15:32 les rénovations énergétiques et débloque 300 millions
15:34 d'euros supplémentaires pour son dispositif MaPrimeRéneuve.
15:37 Dès l'année prochaine, l'accompagnement des ménages
15:39 les plus modestes sera entièrement pris en charge.
15:42 L'aide pour cette prestation passant de 1200 euros
15:45 actuellement à 2000 euros.
15:46 C'est une information au France Info.
15:48 Le groupe Casino dévoilera tout à l'heure la liste
15:50 des super et hyper marchés qu'il va vendre à Intermarché.
15:53 Il y en aura une centaine, principalement dans le nord,
15:56 le Grand Est et le Grand Ouest.
15:57 En tout, plus d'un millier de salariés sont concernés.
16:00 Après l'annonce des premières actions de contre-offensive,
16:03 l'Ukraine a revendiqué hier la reconquête de 3 villages
16:05 dans la région de Donetsk à l'Est.
16:07 Dans le Sud, les évacuations se poursuivent.
16:09 Une semaine après la destruction d'un barrage
16:11 qui a provoqué d'importantes inondations,
16:13 trois personnes ont été tuées par des tirs russes.
16:16 Et puis en tennis, Novak Djokovic récupère aujourd'hui
16:18 sa place de numéro 1 mondial,
16:20 au lendemain de sa victoire à Roland-Garros
16:22 contre Kasper Rude.
16:23 À 36 ans, le Serbe devient le premier homme
16:25 à remporter 23 titres en grand chelem.
16:40 Pauline de Saint-Rémy, est-ce qu'il faut aller plus loin
16:42 que la proposition de loi qui est débattue aujourd'hui
16:44 à l'Assemblée et imaginer obliger,
16:46 enfin interdire aux nouveaux médecins par exemple
16:48 de s'installer dans les zones où il y en a le plus ?
16:50 Écoutez, je ne vais pas vous donner mon avis personnel,
16:52 mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a au moins
16:54 200 députés à l'Assemblée qui considèrent
16:56 qu'il faut aller beaucoup plus loin.
16:57 Et c'est ça qui va être intéressant cet après-midi.
16:59 D'ailleurs, hier soir, parce qu'à Politico,
17:01 on a un peu travaillé sur ce sujet,
17:02 on a essayé de savoir, comme on le fait habituellement,
17:04 du côté de Matignon, du côté de l'Assemblée,
17:06 si les gens pensaient que cette proposition de loi
17:08 allait être adoptée et personne n'était capable
17:11 de nous répondre, ce qui est assez rare.
17:12 Généralement, les gens font quand même des pronostics
17:14 et qu'ils savent de quel côté la pièce va tomber.
17:16 Là, on n'en sait rien.
17:17 Pour une raison simple, c'est que c'est un sujet
17:19 qui intéresse tout le monde dans tous les partis,
17:23 en quelque sorte, et qui est très clivant,
17:25 y compris à l'intérieur des partis.
17:27 Et donc, la raison pour laquelle je vous dis
17:28 qu'il y a au moins 200 députés qui pensent
17:30 qu'il faut être beaucoup plus contraignant,
17:32 c'est qu'il y a une autre proposition de loi
17:34 qui est travaillée en ce moment à l'Assemblée nationale,
17:37 sur laquelle bossent aussi bien des députés
17:39 du Parti Socialiste, ou plus à gauche,
17:41 ou des députés de la majorité,
17:43 et qui considèrent non pas qu'il faille
17:44 contraindre les médecins à aller dans certains endroits,
17:47 mais empêcher les médecins, lorsqu'ils s'installent,
17:50 d'aller dans des zones qui sont déjà traites dans le stade.
17:52 - Tant qu'il n'y a pas un départ à la retraite
17:53 ou un déménagement.
17:54 Ce serait poste pour poste, comme on dit dans le fond,
17:56 pour Renaud Delis.
17:57 - Voilà, ce serait examiné par les agences régionales
17:58 de santé, ce serait une façon de répartir
18:00 un petit peu mieux sur le territoire.
18:01 Et j'étais amusée d'entendre Frédéric Vall'tou
18:03 tout à l'heure sur votre antenne,
18:04 parce qu'évidemment, quand vous l'interrogez sur ce sujet,
18:05 il dit "non, alors peut-être plus tard",
18:07 mais pour l'instant, c'est un petit peu trop tôt.
18:09 On sent que, évidemment,
18:10 parce que lui, il a bossé avec le gouvernement,
18:11 ils ne veulent pas fâcher les médecins
18:13 qui sont déjà un peu remontés à cause de négociations,
18:15 notamment sur le prix des consultations
18:17 des médecins libéraux.
18:18 Ils n'ont clairement pas envie d'avoir
18:20 de nouvelles manifestations, de nouvelles grèves
18:23 sur ce sujet, mais Frédéric Vall'tou,
18:25 il y a quelques semaines, et je peux en témoigner personnellement,
18:27 il défendait exactement cette proposition.
18:29 Oui, il a changé d'avis sur cette question, oui.
18:30 Et sans vouloir le pointer du doigt,
18:31 il a un petit peu retourné sa veste,
18:32 parce qu'il travaille avec Matignon
18:34 et avec un ministre de la Santé, François Braune,
18:36 lui-même médecin de profession, comme chacun sait,
18:38 qui est très timide sur ce sujet,
18:40 en tout cas au goût des députés.
18:42 Ça va être intéressant de voir leur rapport de force,
18:44 justement, s'ils arrivent à tordre le bras
18:45 un peu au gouvernement.
18:46 Renaud Delis, Esti Loincourant.
18:47 Oui, il faut bien comprendre pourquoi
18:48 est-ce que les députés s'emparent, effectivement,
18:50 de plus en plus nombreux de cette problématique,
18:52 et par-delà l'éclivage politique, vous le disiez à l'instant,
18:54 il y a plusieurs dizaines de députés Renaissance,
18:56 de députés de la majorité, qui seraient assez favorables,
18:58 qui sont favorables à la mise en œuvre de contraintes,
19:01 de mesures de coercition pour l'installation des médecins.
19:04 C'est parce que c'est un sujet qui touche
19:06 vraiment à la vie quotidienne des Français,
19:08 et c'est un sujet à propos duquel ils sont interpellés
19:10 dans leur permanence.
19:11 Le président lui-même en avait parlé.
19:13 Absolument, et dans leur permanence,
19:16 sur le terrain, dans leur circonscription.
19:18 Donc c'est aussi, d'abord, c'est un vrai sujet de préoccupation,
19:21 c'est aussi un moyen pour ces élus de garder un peu le contact
19:24 et de répondre aux préoccupations de leurs électeurs.
19:26 Et c'est pour ça que cette demande monte au sein de l'Assemblée,
19:31 encore une fois, au-delà même des clivages partisans,
19:34 et que l'argument trouvé par Frédéric Valtout
19:36 pour repousser un petit peu l'échéance
19:39 n'est pas totalement illégitime.
19:41 C'est vrai que de toute façon, ce seraient aujourd'hui
19:43 des mesures de coercition, façon simplement
19:45 de répartir la pénurie, même si on sait
19:47 qu'il y a des régions en France qui sont particulièrement bien dotées,
19:49 en grande partie le littoral atlantique,
19:51 et plus particulièrement la région PACA,
19:53 le littoral méditerranéen, évidemment,
19:55 et notamment, alors après il faut regarder,
19:57 selon les spécialités, mais il y a un certain nombre
19:59 de spécialités qui sont absentes d'une écrasante partie
20:02 du territoire, alors qu'elles sont très bien représentées
20:05 dans ces régions-là.
20:06 Mais le problème, quand même, global, c'est d'abord
20:08 de former davantage de médecins.
20:10 Ensuite, je pense qu'au regard de la situation
20:12 qui n'a fait que s'aggraver ces dernières années,
20:14 les déserts médicaux, les inégalités d'accès aux soins
20:17 sont devenues un problème considérable
20:19 et qui ne fait que s'aggraver,
20:21 et qui touche des millions de Français,
20:23 je pense que l'État, à un moment ou à un autre,
20:25 devra se convaincre de passer à des mesures
20:27 plus coercitives, mais on le voit effectivement
20:29 aujourd'hui, comme le disait Pauline de Saint-Rémy
20:31 tout à l'heure, c'est qu'en grande partie,
20:33 mais c'est son nom, je vous ai assuré.
20:35 Pauline de Saint-Rémy avait raison de dire
20:37 qu'effectivement, le gouvernement est quand même
20:40 en grande partie dans la main des lobbies
20:42 des médecins libéraux.
20:43 Sylvain Courage.
20:44 Oui, c'est vrai, Pauline de Saint-Rémy avait raison
20:46 Arrêtez !
20:47 de souligner que le ministre François Braun
20:50 est très timide, parce que voilà,
20:52 il est quand même, c'est un ancien syndicaliste,
20:54 il a représenté ses pairs,
20:57 et donc voilà, il est plutôt dans la défense
21:00 de la corporation, et probablement,
21:03 il faudra peut-être attendre un changement de ministre
21:05 pour vraiment avancer sur ce sujet,
21:07 ce qui est une possibilité.
21:09 Mais ça, on en reparlera peut-être
21:10 dans les jours qui viennent avec vous,
21:11 Pauline de Saint-Rémy, ou avec vous,
21:13 Sylvain Courage.
21:14 Qu'est-ce qu'on trouve sur la newsletter
21:15 de Politico ce matin ?
21:16 Justement, oui, Playbook Paris,
21:17 je vous recommande de vous abonner, c'est gratuit,
21:19 on parle notamment de cette proposition de loi
21:21 sur les déserts médicaux,
21:22 on rentre un peu dans la technique.
21:23 Ça tombe bien, la vie est bien faite,
21:24 la lune de l'Aube cette semaine,
21:25 Sylvain Courage, le réarmement du monde,
21:27 l'escalade militaire des grandes puissances,
21:30 le retour des informés, ce soir, 20h,
21:32 avec l'ami Jean-François Aquilide.
21:33 D'ici là, belle journée à tous.
21:35 ♪ ♪ ♪

Recommandations