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  • 26/01/2023
Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône, coordinateur de la France Insoumise, était jeudi 26 janvier l’invité du 8h30 franceinfo.

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Transcription
00:00 Après le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis annoncent à leur tour l'envoi de chars de combat en Ukraine.
00:05 Ils estiment que sans renforts militaires, Kiev ne pourra pas gagner la guerre. Est-ce qu'ils ont raison ?
00:10 En tout cas, ça c'est leur décision souveraine. La question qui nous est posée c'est est-ce que la France doit faire la même chose ou pas ?
00:16 La première question c'est est-ce qu'ils ont raison de le faire eux ? Et on en viendra si vous voulez venir à la France après.
00:21 Il ne m'appartient pas si vous voulez de commenter la politique extérieure et la politique militaire d'autres Etats.
00:27 Alors il faut tout faire pour que l'Ukraine gagne cette guerre ?
00:30 Justement, ça pose la question de quels sont les objectifs militaires et stratégiques que nous avons en Ukraine.
00:37 Est-ce que l'on pense que la victoire et la paix, elle sera le résultat d'une victoire militaire face à une puissance qui est une puissance nucléaire ?
00:44 Personnellement, je ne le crois pas.
00:46 C'est-à-dire que vous pensez que l'Ukraine ne pourra pas gagner et vous ne souhaitez pas qu'elle gagne ?
00:49 D'abord, ça voudrait dire qu'est-ce que ça veut dire gagner ? La première question ce serait ça.
00:54 Ça veut dire chasser les troupes russes du territoire ukrainien, c'est ça ?
00:58 Est-ce que la Russie, puissance militaire et puissance nucléaire, est capable d'accepter une défaite militaire ?
01:04 Je n'en suis pas certain. Ce n'est pas que je ne le souhaite pas.
01:06 C'est que je me pose cette question-là et je regarde notre responsabilité.
01:10 Je pense que notre responsabilité, c'est que bien évidemment, il faut aider les Ukrainiens à se défendre.
01:15 Mais il faut aussi travailler, continuer à travailler, une solution qui soit une solution diplomatique pour arriver à la paix dans les délais les plus rapides possibles.
01:22 Si vous dites sur l'aspect militaire, de toute façon, l'Ukraine n'y arrivera pas.
01:27 L'Ukraine n'arrivera pas à chasser l'armée russe de son territoire.
01:32 Honnêtement, ce sont des sujets difficiles, sensibles, donc je veux faire attention à ce que je dis.
01:36 Mais je ne suis pas en train de vous dire que l'Ukraine ne peut pas gagner.
01:39 Je suis en train de poser la question de savoir si on pense qu'une puissance nucléaire comme la Russie est prête à accepter une défaite militaire.
01:47 Je pense que c'est quand même une question qu'on peut se poser.
01:49 La position de la Russie, on ne la connaît pas, en tout cas, on ne sait pas ce qu'elle va advenir.
01:55 Mais vous dites que l'objectif, c'est que l'Ukraine, qu'on en finisse avec ce conflit.
02:02 Est-ce que la France doit envoyer des chars Leclerc à l'Ukraine pour l'aider à se défendre ?
02:07 Alors voilà, ça, c'est la vraie question.
02:08 Alors moi, j'ai plusieurs choses à dire sur ce sujet.
02:11 Premièrement, je pense que si on devait prendre une telle décision, on ne peut pas le faire sans un débat à l'Assemblée nationale,
02:17 parce que je pense que c'est une montée en puissance du niveau d'armement qu'on fournirait aux Ukrainiens,
02:22 qui nécessite un minimum un débat démocratique.
02:24 J'ai entendu le ministre Lecornu hier dire que ça pourrait être, que ce n'était pas tabou,
02:29 mais que ça pourrait être une forme de cadeau empoisonné, parce que c'est un peu technique,
02:33 mais les chars français, en l'occurrence, ne sont pas forcément adaptés,
02:37 et les troupes ukrainiennes ne sont pas forcément entraînées, et n'ont pas forcément les formations pour les utiliser.
02:41 L'Ukraine, a priori, ne demande pas les chars français, les chars Leclerc.
02:43 Donc, je ne suis pas certain que ce soit la bonne décision de le faire.
02:47 Et si on devait en arriver là, je pense que ça nécessiterait un débat démocratique à l'Assemblée nationale,
02:52 pour qu'on dispose des informations stratégiques, militaires,
02:56 qui nous permettent de pouvoir prendre une décision en connaissance de cause.
02:58 La position de la France insoumise, aujourd'hui, elle n'est pas fixée ?
03:02 Non. Pour une raison simple, ce n'est pas que je ne veux pas vous répondre,
03:05 c'est que, je vous disais tout à l'heure, c'est une question qui est une question compliquée,
03:08 et ça nécessite d'avoir un certain nombre d'informations,
03:10 qui sont des informations qui ne sont pas révélées au grand public aujourd'hui.
03:13 Donc, il est légitime qu'on puisse dire, avant de pouvoir prendre une décision sur ce sujet,
03:18 il faut qu'on puisse avoir un débat à l'Assemblée nationale.
03:20 Est-ce que le départ des Russes d'Ukraine est une condition pour la paix ?
03:23 Ah ben ça, c'est évident. Les deux conditions, de mon point de vue, pour la paix,
03:28 c'est le maintien, la garantie ou le retour à l'intégrité territoriale ukrainienne.
03:34 Y compris la Crimée ?
03:36 Ben ça, c'est une question compliquée, parce qu'il y avait un processus,
03:39 il y avait un accord qui avait été passé, c'était les accords de Minsk,
03:42 qui posaient un certain nombre de conditions sur la Crimée.
03:46 Il y avait une feuille de route, en quelque sorte, pour sortir de ce conflit.
03:50 Je pense que tout ça doit forcément être renégocié.
03:53 Mais la condition, c'est l'intégrité territoriale ukrainienne,
03:56 et des conditions collectives de la sécurité pour chacun.
04:01 C'est ça qui doit être discuté, c'est ça qui doit être au cœur des négociations pour la paix.
04:05 Aujourd'hui, le président Zelensky demande aussi des missiles de longue portée, des avions de combat.
04:10 Jean-Luc Mélenchon, depuis le début de la guerre, dit "il ne faut pas envoyer d'armes aux Ukrainiens".
04:14 Ce n'est pas tout à fait ce qu'il a dit.
04:16 Si vous étiez au pouvoir, vous lui enverriez des armes à l'Ukraine ?
04:23 Ce que je crois a dit Jean-Luc Mélenchon,
04:25 premièrement, c'est que ce sont des questions qui ne nécessitent pas forcément d'en faire une publicité,
04:30 de donner toutes les informations sur ce qu'on va livrer et ce qu'on ne va pas livrer,
04:34 tout simplement parce qu'il faut garantir la sécurité de nos approvisionnements.
04:37 Donc il faut faire un petit peu attention avec ce sujet.
04:40 Deuxièmement, c'est illusoire de considérer que la solution à ce conflit, à cette guerre, ne soit que militaire.
04:48 Je pense que c'est une erreur de faire ça.
04:50 Et il faut faire attention aux effets d'annonce.
04:51 Parce qu'on peut venir sur des plateaux de télé et dire "il faut livrer des chars",
04:54 "la France doit livrer des chars",
04:56 mais si ce sont des chars qui sont un boulet pour les troupes ukrainiennes
04:59 parce qu'elles ne sont pas en capacité de les utiliser, elles sont mal formées,
05:02 on fait un effet d'annonce mais qui n'a aucun résultat concret sur le terrain d'un point de vue opérationnel.
05:06 Il faut, Manuel Bompard, dialoguer avec Vladimir Poutine aujourd'hui ?
05:10 Obligatoirement.
05:12 Si vous voulez arriver à la paix, vous êtes obligé de discuter avec la personne avec qui vous voulez conclure la paix.
05:19 Sinon, c'est impossible d'aller.
05:20 Avec quelle préalable ?
05:21 Ce qu'on a fixé ici, je pense.
05:23 Donc le retrait, d'abord les Russes doivent se retirer.
05:25 C'est une condition de mon point de vue.
05:27 Moi, je ne suis pas à la manœuvre de ces négociations diplomatiques.
05:29 Et donc, comme les Russes aujourd'hui ne se retirent pas, il ne faut pas qu'il y ait de dialogue pour l'instant ?
05:32 Non, non, non.
05:33 Est-ce qu'il y a une condition préalable ?
05:36 Non, mais il faut qu'il y ait un dialogue sans préalable.
05:40 Mais ce dialogue ne pourra aboutir sur une solution de paix acceptée par tous
05:45 que si cette solution contient le retrait des troupes russes du territoire ukrainien.

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